Missionnaire du continent numérique

Pour le missionnaire du web, le meilleur communicant reste le Christ.

Le continent sur lequel évolue ce missionnaire hors norme est… numérique. Cofondateur de l’association Lights in the Dark, Jean-Baptiste Maillard veut évangéliser internet. Pour cela, il prend la communication religieuse sur le web à bras de corps. Une conversion…à triple sens.

Par Myriam Bettens
Photos : Jean-Claude Gadmer

Qu’est-ce que l’évangélisation du « continent numérique » implique concrètement ?
Cela implique d’aller à la rencontre des personnes qui vont sur Internet en mettant en contact des e-missionnaires et les internautes. Ce n’est pas seulement être présent sur le web, mais à l’écoute des aspirations, questions et préoccupations de ceux qui sont loin de l’Eglise, de la foi et même de Dieu. D’ailleurs, les papes ont toujours parlé de l’importance d’utiliser les nouvelles technologies pour annoncer que nous sommes aimés de Dieu.

Elle est également source d’une triple conversion…
En effet, il y a les conversions à proprement parler, mais aussi celles des e-missionnaires que nous sommes. Sans un cœur brûlant d’amour pour Dieu, pas d’évangélisation. Impossible de transmettre l’essence de ce que nous n’avons pas nous-mêmes expérimenté. Nous avons mis en place une plateforme pour les personnes dépendantes à la pornographie. Ce n’est pas un sujet dont nous avons spontanément envie de parler. Nous devons donc nous « convertir » à plus de compassion et d’écoute pour ces personnes. L’évangélisation se trouve aussi sur ces terrains-là. Outre cela, il y a aussi une conversion à la culture du numérique à mener. Les mots ont une importance et le « jargon catho » est à oublier !

Pourquoi avoir choisi spécifiquement ce terrain de mission ?
J’ai commencé à évangéliser sur Internet avec l’avènement du numérique, en 1994. Je me suis vite rendu compte que les gens étaient intéressés par Dieu. Ils avaient plein de questions. Internet pour atteindre les gens fonctionnait ! Pourtant, j’étais loin d’imaginer qu’un jour, je monterai avec d’autres amis, une mission à part entière pour investir ce continent numérique et envoyer des e-missionnaires.

Aujourd’hui nous avons des « communicants » dans tous les domaines. Savons-nous pour autant mieux communiquer ?
Non ! Le meilleur communicant que nous n’ayons jamais eu, c’était le Christ. Tant que nous ne sommes pas à l’école de Jésus, on ne communique pas encore assez bien. Comme on le voit avec la Samaritaine, à qui Il commence par demander à boire, Il est toujours dans la posture de Celui à qui on peut apporter quelque chose et non le contraire. Jésus était à l’écoute des questions et préoccupations des gens. On doit s’en inspirer non pas pour devenir des pros de la communication, mais pour rejoindre l’autre dans ce qu’il est et vit.

On pense souvent que l’évangélisation via le numérique est plutôt l’apanage des évangéliques, à tort ?
C’est vrai qu’ils avaient, et ont peut-être encore, une grande longueur d’avance sur nous. Ils ont toujours eu comme principe de garder la rencontre au cœur d’internet et on ne parle pas de rencontre virtuelle. Lorsque j’ai commencé à m’intéresser à l’évangélisation sur Internet, en 2011, je m’étais rendu dans les bureaux de TopChrétien, en région parisienne [un précurseur dans l’évangélisation sur internet, ndlr.]. Ils m’avaient expliqué qu’ils travaillaient avec 400 églises partenaires, cela afin de rediriger les personnes rencontrées virtuellement vers des chrétiens de communautés locales. L’Eglise dit depuis plus de vingt ans que la rencontre doit être au cœur de tout processus d’évangélisation, mais c’est aux chrétiens de mettre cela en œuvre. De ce côté, les évangéliques nous interpellent et cela doit nous encourager à aller de l’avant !

Vous avez le code du Li-Fi ?

Le Li-Fi (ou Light Fidelity) est une technologie de communication sans fil reposant sur l’utilisation de la lumière visible pour coder et transmettre des données. 

L’association Lights in the Dark repose sur la lumière de l’Evangile pour décoder et transmettre un message de Vie. Fondée en 2015, elle trouve son nom dans la prophétie d’Isaïe (9, 3) : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. » Ses e-missionnaires sont une présence qui « écoute, dialogue, encourage » (cf. pape François) à travers un chat mutualisé à des plateformes thématiques. Quant à son cofondateur, Jean-Baptiste Maillard, il est marié, père de trois enfants et également coauteur du livre Evangéliser sur Internet, mode d’emploi (EDB 2019).

Vitrail de la vie de saint Joseph, Adrien Mastrangelo, église Saint-Hyppolite, Grand-Saconnex (Genève)

Adrien Mastrangelo propose quatre scènes de la vie de Joseph : la nativité, la fuite en Egypte, son mariage et son rêve.

Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer

Si saint Joseph prend une place importante dans le temps de Noël, habitant toutes nos crèches et marquant de sa présence le récit de la nativité, il est aussi celui dont on ne sait pas grand-chose. Tout au plus, savons-nous qu’il est de la descendance du Roi David, que c’est un homme bon et qu’il est charpentier. 

Adrien Mastrangelo propose quatre scènes de sa vie : le mariage de Marie et Joseph, le rêve de Joseph, la nativité et la fuite en Egypte. 

L’Evangile nous dit que Marie avait été accordée en mariage à Joseph (Matthieu 1, 18). La coutume voulait qu’après la promesse, les jeunes femmes vivent encore un an chez leurs parents avant de rejoindre leur époux. En bas à gauche du vitrail, l’artiste a choisi de mettre cette promesse en image. Marie est représentée la main droite levée, en signe d’acceptation. C’est elle qui semble prendre la main de Joseph.

« Or, avant qu’ils aient habité ensemble, elle se trouva enceinte par l’action de l’Esprit Saint » (1, 18) poursuit l’évangéliste. Joseph choisit de répudier Marie en secret. Décision étonnante puisque seule une répudiation publique pourrait le libérer des liens du mariage. Sur le vitrail, Joseph semble bien accablé (partie en bas à droite). L’ange s’approche, lui touchant délicatement le genou de la main gauche et indiquant le ciel de la droite : « Ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint. » (1, 20)

En haut à gauche se trouve la nativité. Les représentations plus anciennes – notamment médiévales – ont tendance à mettre Joseph à l’écart, dans une position de protection. Ici, l’époux de Marie est un « père comme les autres », penché sur le berceau de l’enfant qui vient de naître. Point de bergers ni de mages, la scène est familiale et intime.

La dernière scène est celle de la fuite en Egypte. Joseph ne parle pas dans l’Evangile, mais il a des songes et à chaque fois, il écoute et agit en conséquence. Bâton en main, Joseph guide la famille vers la sécurité. On ressent une forme de détermination dans la façon dont l’artiste l’a représenté.

Le nombre 40

Par Pierre Guillemin | Photo : DR

Dans l’Ancien et le Nouveau Testament, le nombre 40 est souvent associé à des périodes de test, de préparation ou de transformation. Par exemple, il a plu pendant 40 jours et 40 nuits lors du Déluge et Jésus a jeûné pendant 40 jours dans le désert. 

Mais pourquoi 40 ? Y a-t-il une signification à ce nombre ? 

On serait tenté d’interpréter ce nombre 40 en utilisant les codes de la numérologie telle que pratiquée actuellement. Mais ce serait une erreur : le zéro, au moment où, selon les archéologues et historiens, commence l’écriture de la Bible (l’Ancien Testament) sous le règne du roi Josias (640-609 avant Jésus-Christ), ne fait pas partie des connaissances mathématiques de l’époque (il sera introduit au VIIIe siècle par les mathématiciens indiens et sera utilisé en Europe à partir du XIVe siècle – voir L’Essentiel janvier 2023). 

Cependant, en hébreu, les lettres ont une valeur numérique et peuvent être utilisées pour compter. Elles ont aussi une symbolique particulière que les exégèses de la kabbale savent interpréter. 

Le nombre 40 correspond à la lettre Mem. Le symbolisme de Mem est l’Eau ou la Mère. 

Mem évoque le changement, les cycles de la mort (la symbolique des mouvements de l’eau, par exemple, comme le perpétuel mouvement de sac et de ressac de l’eau sur une plage) et de la renaissance (d’où la symbolique de la mère). 

Active ou passive

L’eau est une matière instable, changeante, ressemblant en cela à l’âme humaine. L’eau peut être active ou passive, destructrice ou au contraire porteuse de vie. Solide (emprisonnée par la matière), liquide (libre) ou gazeuse (spiritualisée), elle peut donc aussi bien être attirée vers le bas, c’est-à-dire vers la matière (l’ego, les instincts naturels, l’inconscient), que vers le haut (l’esprit supérieur). 

L’eau peut aussi évoquer la source, la femme qui donne vie, pourvoit, nourrit, aime ses enfants. Le nombre 40 ou son équivalent, la lettre Mem, c’est donc la Nature ou le « Tout » qui est régi par la loi d’Amour, puisque tout dans l’Univers est lié et solidaire.

Le nombre 40 constitue cet appel à retourner à la source, aux eaux matricielles qui diffusent partout la vie et le progrès par-delà la mort, afin de nous redécouvrir comme les enfants de l’Univers créé par Dieu.

La médaille de saint Benoît

« La piété populaire est un trésor pour l’Eglise », affirme le pape François. L’Essentiel décrypte cette année ce qui se cache derrière les principales médailles que nous portons. Regard sur la médaille de saint Benoît, qui remonte au Moyen-Age et est utilisée pour se protéger des embuches des démons.

Par Pascal Ortelli | Photos : DR

Prière à l’Enfant-Jésus

Avec la fête du saint Nom de Jésus et la fête de l’Epiphanie que nous célébrons au début de ce mois de janvier, l’Eglise nous invite à nous tourner vers l’Enfant-Jésus, à le contempler dans la crèche ou en les bras de sa sainte Mère, Marie, et à lui présenter nos hommages avec les Rois Mages.
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Etre à contre-courant… signe du temps ?

Par Fabienne Gigon, représentante de l’évêque à Genève | Photo : DR

Chère Lectrice, cher Lecteur, 

Il n’y a que les poissons morts qui vont dans le sens du courant.

Ce proverbe chinois, tel que je l’ai retenu, était à choix comme thème de dissertations lors de mon collège. Il fait corps avec moi depuis. Nul souvenir des arguments de mes thèse et antithèse de l’époque… pourtant l’interpellation demeure. Comment être « un vivant » dans notre monde ?

Je pense à ce passage énigmatique de l’évangile de Luc où Jésus « passant au milieu d’eux, allait son chemin » (Lc 4, 30). Il va littéralement à contre-courant de cette foule voulant le jeter en bas d’un escarpement. Quand et comment le Seigneur nous invite-t-il à l’imiter ?

Toujours dans l’association d’idées émerge cette injonction de la constitution pastorale Gaudium et Spes (« Joie et espoir », 1965, art. 4) « l’Eglise a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Evangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre, d’une manière adaptée, à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques. » Le discernement des signes des temps est demandé par Jésus lui-même (Mt 16, 2-3 ; Lc 12, 54-57) et les évangiles nous montrent le caractère subversif de la Bonne nouvelle, de la Parole de Dieu. 

En écho encore, cette formule de la célébration eucharistique juste avant la communion, prononcée par l’assemblée et le prêtre : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole, et je serai guéri ». Elles reprennent les paroles du soldat de l’évangile de Matthieu (Mt 8, 5-11) : l’humilité et la confiance de ce centurion romain ne sont-elles pas un exemple de contre-courant total ? Comment cette parole offerte par la liturgie, dimanche après dimanche, jour après jour, peut-elle nous fortifier à oser un contre-courant en examinant les signes du temps ?

En ce début d’année, je demande au Seigneur, pour son Eglise, le discernement, afin de participer à la lecture du temps présent et aller par les voies qu’Il souhaite, sans crainte de ne pas se conformer à « l’air du temps ». Je sollicite la grâce de sa Parole pour guérir tout ce qui empêche d’en être des témoins vivants et d’annoncer sa présence, son royaume déjà de ce monde.

Puisse-t-Il, en cette année qui s’ouvre devant nous, nous bénir et nous faire don de ses grâces afin de poser nos pas dans ceux du Christ qui nous précède. 

Meilleurs vœux pour vos proches et vous !

En librairie – janvier 2024

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Le management… selon Jésus
Florian Mantione – Hervé Ponsot

Qui a dit que, dans l’Evangile, il n’était question que de religion ? Incroyable mais vrai, c’est également un excellent manuel de management ! Voici le livre qu’il nous fallait pour réconcilier l’attaché-case avec l’encensoir, l’homme d’affaires et le prêtre. Le livre qui nous fait comprendre, à la relecture de la vie de Jésus, son rôle de leader et l’efficacité de son discours et de sa stratégie pour convertir le monde.

Editions du Cerf

Acheter pour 15.00 CHF

Ces idées chrétiennes qui ont bouleversé le monde
Jean-François Chemain

La vieille Europe, la chrétienté, est-elle en train de mourir après avoir rempli sa mission d’ensemencer le monde du christianisme ? On peut s’interroger sur la nécessité d’un tel pessimisme. L’Occident se trouve désormais au banc des accusés. A l’extérieur, on conteste son hégémonie, invoquant des griefs présents et passés. A l’intérieur, les uns, surenchérissant sur le monde, exigent qu’il fasse repentance de ce qu’il a été – conquérant, dominateur, homogénéisateur… tandis que d’autres, nostalgiques de la « chrétienté », lui font grief de ce qu’il ne serait plus assez « chrétien ». A l’heure du doute, Jean-François Chemain livre ici une réflexion puissante et originale sur les apports civilisationnels du christianisme et la légitimité de leur devenir.

Editions Artège

Acheter pour 30.90 CHF

Madeleine Delbrêl
Elisabeth de Lambilly

Madeleine Delbrêl, née dans une famille peu croyante, perd la foi à 15 ans. Elle rencontrera à nouveau le Christ grâce à des amis chrétiens et, à 20 ans, est « éblouie par Dieu », lors d’un passage en l’église Saint-Dominique de Paris. Sa conversion la pousse à s’engager dans le scoutisme puis à travailler comme assistante sociale auprès des plus pauvres, annonçant la Bonne Nouvelle de l’Evangile dans les banlieues rouges de la capitale. Avec des amies, elle fonde une communauté qui s’attache à rencontrer les gens où ils vivent, devenir leur ami, les recevoir chez soi, s’entraider. Une biographie qui se lit comme un roman, pour nourrir l’âme des jeunes et moins jeunes.

Editions Emmanuel Jeunesse

Acheter pour 19.40 CHF

Les plus beaux Récits de la Bible
Katleen Long Bostrom

Ce n’est pas toujours aisé d’initier les enfants à la Bible. Ce livre est l’outil idéal, car il narre, à l’aide d’une langue simple et de magnifiques images, 17 histoires fameuses tirées de l’Ancien et du Nouveau Testament.

Editions Bayard Soleil

Acheter pour 27.80 CHF

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Une individualité catho-compatible

Marie-Laure Durand était invitée à Genève dans le cadre de la formation des agents pastoraux de l’ECR.

Aujourd’hui, le concept de gouvernance fait débat, aussi au sein de l’Eglise. Récemment de passage à Genève, la théologienne Marie-Laure Durand a proposé quelques pistes pour repenser la gouvernance en Eglise, à la lumière de la Bible, lors d’une conférence organisée par l’Eglise catholique à Genève (ECR). 

Marie-Laure Durand.

Texte et photos par Myriam Bettens

Depuis une cinquantaine d’années, la société a évolué d’une masse homogène vers une communauté d’individus. Cette émancipation change radicalement la dynamique du pouvoir et la façon de l’exercer. Elle soulève également de nombreuses questions et pose de nombreux défis à ceux qui étaient communément considérés comme la hiérarchie. A ce propos, Marie-Laure Durand souligne l’importance de la prise en compte des singularités de chaque individu pour « faire communauté ». Elle rappelle encore la « catho-compatibilité » de cette compréhension de l’individuation en revenant à la Bible. 

« La singularité est un processus anthropologiquement biblique, car il n’y a de révélation que dans une situation particulière de préoccupations ». Autrement dit, il n’y a de révélation dans la Bible qu’à partir de la singularité. « Lorsque les gens acceptent d’avoir leurs problèmes, leurs questionnements identitaires, alors la révélation peut avoir lieu. C’est parce que Moïse ne sait pas s’il est juif ou égyptien que Dieu se révèle à lui ». L’enseignante à l’Institut catholique de la Méditerranée (Marseille) estime qu’il n’y a aucune raison d’avoir peur de cette singularité, « au contraire il faut s’appuyer dessus. La participation n’est jamais en contradiction avec la synodalité. Ce que l’Eglise a mis en mouvement n’est qu’un retour à la Tradition ». La théologienne a tenté de rassurer son auditoire sur la possibilité, malgré tout délicate, de gouverner des individus. Néanmoins, un changement de paradigme s’impose où la gouvernance ne serait plus un rapport de force entre imposant et subissant, mais l’adhésion entre un proposant et un acceptant. La construction de décisions demandera, certes, plus de temps et de patience, mais ouvrira une porte où l’opposition entre singularité et vivre-ensemble n’aurait plus lieu d’être. 

Toutefois, un participant à la conférence s’étonne des propositions de l’oratrice. « Les pistes que vous proposez sont déjà connues depuis le pape Léon XIII dans le Rerum Novarum. Pourquoi sont-elles restées confinées à un cercle très restreint ? ». Celle-ci répond que l’Eglise a fait des choix en préférant insister sur la Doctrine morale aux dépens de la Doctrine sociale, car « ces questions-là doivent être sous-tendues par des mises en œuvre pratiques en termes de gouvernance. Or, ce que l’on vivait dans la pratique risquait de contredire les concepts. » Face à ce constat, la théologienne propose de sortir d’un mode de pensée où transcendantalité rime encore trop souvent avec gouvernance, pour se tourner vers une vraie prise en compte de la communauté dans une manière de gouverner plus horizontale.

Le roi déçu… et déchu

Dans Le roi déçu : l’exercice compliqué de la gouvernance (Cerf, 2021), Marie-Laure Durand relit la parabole matthéenne de l’invitation à la noce (Mt 22, 1-14). Dans cette version, le roi veut fêter le mariage de son fils, or il ne se contente pas de lancer les invitations, mais force des inconnus à participer aux festivités et envoie même ses troupes exécuter les invités récalcitrants. L’auteure propose dans ce petit ouvrage (83 p.) une relecture de cette parabole sur le plan de la gouvernance des organisations et les dégâts causés par un exercice trop vertical du pouvoir. Celui-ci ne laissant aucunement la possibilité de s’exprimer librement et brise, de fait, tous les liens de confiance.

A la lumière du Christ, être chacun-e une étoile qui guide et éclaire les autres

« Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui» (Mt 2, 2), dirent les mages en arrivant chez le roi Hérode le Grand. Or, s’ils ont vu l’étoile c’est parce qu’ils se sont mis en quête active du moindre signe dans le ciel qu’ils avaient l’habitude de scruter.
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«Mon aîné voulait devenir pape»

A travers cette nouvelle rubrique, partons à la rencontre des femmes et des hommes laïques engagés dans les diverses paroisses de Suisse romande. Fabienne Bingler, secrétaire/comptable de la paroisse francophone du Sacré-Cœur de Bâle, ouvre le chemin.

Par Nicolas Maury | Photo : DR

Quand on lui demande quelle est sa fonction, Fabienne Bingler répond du tac au tac : « Je ne fais pas seulement le secrétariat et la compta, mais m’occupe de plein de choses : l’ouverture de l’église, le rangement de la sacristie. Même la Putzfrau ! » Pour preuve, à l’heure de l’interview, elle bataille avec un chauffage récalcitrant…

L’emploi de la langue de Goethe ne doit rien au hasard. Son employeur est la Paroisse française du Sacré-Cœur de Bâle, qui compte près de 400 fidèles et trouve son origine dans l’exode de population de 1871 : « Souvent, des jeunes venus à Bâle pour échapper à l’enrôlement dans l’armée prussienne. Il y avait aussi des cheminots alsaciens, ainsi que des Jurassiens et des Valaisans voulant un enseignement religieux dans leur langue. »

Parfaitement bilingue, Fabienne se rappelle très bien la manière dont elle a été embauchée. « C’était deux ans après la naissance de mon premier garçon. Je cherchais un job et j’ai postulé. Etre catholique était un prérequis. Mais ce qui a fait la différence c’est ma souplesse professionnelle. » 

Avouant volontiers être croyante, son métier est, pour elle, un reflet de sa foi en Dieu. « J’ai essayé de la transmettre à mes enfants. Ma mère et moi leur apprenions à prier. Comme je travaillais pour la paroisse, nous allions peut-être un peu plus souvent à la messe que les autres. A l’époque, mon aîné voulait devenir pape. A l’école, quand il dessinait, il mettait des croix partout. Quand la maitresse lui a demandé pourquoi, il a expliqué que c’est parce que je travaillais dans une église. »

La Française d’origine ne dément pas avoir un caractère bien trempé. « Il faut parfois avoir de la patience avec les paroissiens qui pensent que, vu que nous travaillons pour l’Eglise, nous devons être là en permanence. Mon mari n’est pas ravi quand, le dimanche matin, nous sommes dérangés par un téléphone impromptu. Mais j’essaye d’être de bonne humeur et de montrer mes bons côtés. Même mon curé en est souvent étonné (rire) ! »

Fabienne Bingler, 55 ans, secrétaire et aide-comptable depuis mars 2006 à la paroisse française du Sacré-Cœur de Bâle. Maman de deux garçons de 19 et 13 ans.

Retrouvez l’ensemble des textes et des vidéos de la rubrique sur le site : https://presse.saint-augustin.ch/ecclesioscope/

Changer de culture?

Chaque mois, L’Essentiel propose à un ou une représentant(e) d’un diocèse suisse de s’exprimer sur un sujet
de son choix. Mgr Alain de Raemy, administrateur apostolique du diocèse de Lugano, est l’auteur de cette carte blanche.

Par Mgr Alain de Raemy, administrateur apostolique du diocèse de Lugano et Évêque auxiliaire du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg | Photos : DR

Changer de culture ? C’est la revendication maintes fois entendue suite à la révélation de trop nombreux abus et de leur trop fréquente mauvaise gestion dans l’Eglise.

Nous savons combien la culture évolue à travers les siècles.

En Europe, les questions sexuelles ne sont plus abordées aujourd’hui comme il y a 50 ans. L’autorité des parents n’est plus exercée comme à l’époque de nos grands-parents. 

Mais nous savons aussi combien les cultures sont diverses dans l’Eglise. Un jeune catholique vietnamien n’a pas les mêmes rapports avec ses parents qu’un jeune Suisse allemand. Une religieuse camerounaise ne vit pas l’autorité dans sa congrégation de la même façon qu’une religieuse en France. 

Nous serons toujours les femmes et les hommes de notre temps, marqués par ce temps. 

Certaines caractéristiques culturelles facilitent et stimulent même l’exercice des vertus évangéliques. D’autres rendent leur pratique plus difficile, voire héroïque !

Trop souvent, les chrétiens se sont adaptés, ma foi, aux conditionnements de leur milieu. Les moyens utilisés ou les formes de pensée n’ont pas toujours été passés au crible de l’Evangile.

S’il y a un changement constant à opérer dans l’Eglise, c’est bien celui que demande l’Evangile. Nous n’avons pas à suivre les modes de ce temps, mais l’Evangile de tout temps, à temps et à contre-temps.

Que le Christ qui n’est pas de ce monde nous guide en ce monde. Il est notre seule boussole. Fixons les yeux sur Lui. Et partout où c’est nécessaire, changeons nos cultures avec Lui.

S’il y a un changement constant à opérer dans l’Eglise, c’est bien celui que demande l’Evangile.

Cheyres: messe d’engagement des premiers communiants

Samedi 4 novembre, en l’église de Cheyres, sous le regard de Notre-Dame de Grâce, une trentaine de premiers communiants de la communauté et de celles des alentours, ont vécu une belle célébration d’envoi, présidée par l’abbé André Helle, assisté de Marianne Berset, responsable de la catéchèse paroissiale, et Gérard Dévaud, animateur pastoral, répondant pour la communauté.
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Mosaïques des quatre évangélistes prises à la Basilique de Lisieux

Texte et photos par Véronique Denis 

Nous connaissons bien les noms des quatre évangélistes : Matthieu, Marc, Luc et Jean. Tous racontent à leur manière les paroles et les actions de Jésus durant sa vie publique. 

Les différences entre ces quatre évangiles sont dues au fait que chaque auteur avait des intentions particulières et s’adressait à un public précis.

Marc n’évoque pas du tout la naissance de Jésus. Les premiers mots de son Evangile nous font aller droit au but : « Commencement de l’Evangile de Jésus Christ, Fils de Dieu. »1 D’entrée, Marc nous convoque à accueillir la Parole comme une Bonne Nouvelle.

L’Evangile de Jean est le plus tardif (écrit dans les années 90-100). L’objectif de Jean n’est pas de décrire les événements de la vie du Christ, mais d’en faire une réflexion sur ce qu’il a compris de la vie de Celui qu’il a contemplé à la Croix et à la Résurrection. C’est pour cela que le 4e Evangile évoque des grands discours (sur le pain de Vie, sur la vie et la résurrection, sur la glorification du Fils, etc.) et ouvre son évangile par le Prologue qui est en fait une méditation sur la personne de Jésus, le Verbe de Dieu fait chair. 

Arrêtons-nous maintenant aux évangiles de Matthieu et de Luc qui évoquent la nativité, mais avec deux perspectives bien différentes. 

Luc, médecin, est sensible à l’humanité de Jésus qui se fait proche des petits, des humbles, des malades, des femmes, des veuves et des enfants. En plus, Luc est aussi historien : il veut insérer Jésus dans l’histoire humaine. C’est pour cela qu’il situe la naissance de Jésus dans le temps en évoquant le recensement décrété par César Auguste, à l’époque du gouverneur Quirinius en Syrie.2 En plus, il prépare la venue de Jésus sur la terre des hommes en évoquant l’Annonce de l’Ange Gabriel à la jeune fille, Marie, promise en mariage à Joseph. Ensuite, Luc détaille la naissance Jésus, la visite des bergers.

Matthieu est juif et il écrit son évangile pour des juifs convertis au christianisme. Son évangile est rempli de citations des prophètes, des écrits de l’Ancienne Alliance. L’intention de Matthieu est donc d’insérer Jésus dans l’Histoire du Peuple d’Israël. Il ouvre son évangile en citant toutes les généalogies d’Abraham à Joseph. D’autre part, Matthieu met l’accent sur les péripéties qui ont marqué la naissance de Jésus (visite des mages, fuite en Egypte) en accordant une importance plus grande à Joseph qu’à Marie.

Quatre récits, quatre regards différents sur la vie du Christ à accueillir pour nous laisser transformer par cette Parole qui est une Parole vivante qui ouvre un avenir, une espérance. Que la Parole de Dieu nous accompagne et donne du sens à notre vie.

1 De la Traduction Œcuménique de la Bible : Mc 1, 1. 
2 Cf. Lc 2, 1-2. 

Jeux, jeunes et humour – décembre 2023

Par Marie-Claude Follonier

Question jeune

Pourquoi dire de Marie qu’elle est l’Immaculée Conception ?
Comme un fruit anticipé du pardon accordé par Jésus sur la croix, nous croyons que Marie, du fait qu’elle a enfanté le Sauveur, a été préservée du péché originel dès sa naissance. C’est par ce nom qu’elle s’est fait connaitre à Bernadette Soubirous lorsqu’elle lui est apparue à Lourdes en 1858, soit quatre ans après que le pape a proclamé, sous forme de dogme, cette vérité de foi comme incontestable.

par Pascal Ortelli

Humour

Un dimanche avant la messe, un paroissien croise M. le Curé et s’aperçoit qu’il a un pansement sur la joue. Le desservant lui explique que pendant qu’il se rasait, il s’était concentré sur l’homélie qu’il allait prononcer et qu’il n’avait pu éviter de se couper. Après la messe, le même paroissien va trouver le curé dans la sacristie. « Si je peux Un dimanche matin, à l’heure de commencer la messe, M. le Curé s’aperçoit qu’il y a un seul fidèle. Il s’avance vers lui et propose de supprimer la messe et d’avancer l’apéro. Le paroissien, qui était un paysan, lui rétorqua que même s’il n’avait qu’une vache à la maison, il lui donnait à manger. Le curé, furieux, lui servit une liturgie qui dura plus d’une heure avec homélie, credo chanté et j’en passe. Le paroissien le remercia et se permit une petite remarque : « M. le Curé, quand je n’ai qu’une vache à la maison, je ne lui donne pas à manger tout le char de foin ! »

par Calixte Dubosson

Au cœur de la nuit du monde

Texte et photo par Marion Perraudin

Au cœur de la nuit du monde,
Entre frénésie et course folle,
Eclairé de fausses lumières,
Dans le silence d’une humble crèche,
L’Enfant Dieu nous offre sa Lumière.
Fragile flamme éclairant notre chemin,
Pour ouvrir notre cœur à son amour
et en devenir témoin

Au cœur de la nuit du monde,
Entre frénésie et course folle,
Au milieu de cris et de fausses clameurs,
Dans le silence d’une humble crèche,
L’Enfant Dieu nous offre sa joie
Douce force qui transfigure notre vie,
Pour offrir le sourire de Dieu à notre prochain.

Au cœur de la nuit du monde,
Entre frénésie et course folle,
Dans l’hypocrisie de promesses de paix
Dans le silence d’une humble crèche,
L’Enfant Dieu nous offre sa paix
Celle qui permet le pardon véritable,
Et qui dévoile le visage du frère comme l’enfant bien aimé de Dieu.

Au cœur de la nuit du monde,
Entre frénésie et course folle,
Faisant miroiter des illusions sans lendemain
Dans le silence d’une humble crèche,
L’Enfant Dieu nous offre son espérance,
Il nous ouvre les portes du royaume de son Père.
Celles de la félicité de la vie éternelle auprès de Lui.

Au cœur des nuits de notre monde,
Entre frénésie et course folle,
A l’aube d’une nouvelle année,
Laissons l’Enfant Dieu s’incarner 
dans tous nos aujourd’hui,
Et nous offrir le plus beau des cadeaux,
Celui de notre identité profonde d’enfant de Dieu.

Rencontre avec… l’abbé André, notre «vicaire dominical»

« Vicaire dominical » ! Il est peut-être le seul à porter ce titre dans tout le diocèse LGF ! L’abbé André Helle est, depuis la rentrée pastorale de septembre, « vicaire dominical » dans notre paroisse. Rencontre avec un prêtre engagé.
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