Par François-Xavier Amherdt
Photo : CiricCertes, la pastorale dite « spécialisée » – mais chaque pastorale n’a-t-elle pas un objectif et des destinataires spécifiques ? – ne peut pas « promettre » aux personnes atteintes de différents handicaps que le Seigneur va toutes les guérir « miraculeusement ». La dimension physique des guérisons demeure exceptionnelle ; elle peut advenir dans un lieu de pèlerinage ou par l’intercession d’un(e) saint(e). Le sacrement des malades y fait d’ailleurs explicitement allusion.
Reste que les miracles de l’Evangile, dont celui du sourd s’exprimant difficilement, propre à Marc (7, 31-37), sont narrés comme offrant les signes du Royaume déjà présent en la personne du Christ. Et la Parole de Dieu, accueillie dès notre baptême lors de l’Ephata (en araméen, « ouvre-toi », la formule utilisée par Jésus pour supprimer la surdité et le bégaiement de l’homme), par les signes de croix sur les yeux, les oreilles, la bouche, le front, les épaules et le cœur, continue encore aujourd’hui de nous délivrer des maux qui nous affectent tous et toutes.
Lorsque nous refaisons ce triple geste au moment de la proclamation de la Bonne Nouvelle dans les diverses liturgies, nous pouvons tous sans exception
(re)demander au Père, du fond de notre être : « Viens travailler les sens de nos corps et de nos âmes, que nous puissions accueillir ton œuvre en vérité ; viens nous arracher à nos paralysies, nos aveuglements et nos enfermements, qui que nous soyons. »
C’est pour cela d’ailleurs que la catéchèse spécialisée aime tant recourir aux démarches et rituels symboliques. Les personnes handicapées sont souvent bien moins sourdes, aveugles ou boiteuses que ceux que le monde considère comme « bien portants ». Et elles proclament l’œuvre de l’Esprit avec ô combien plus de force que beaucoup d’entre nous, qui ne sommes guère des « disciples missionnaires ». Le pape François ne s’y trompe pas : en toute occasion, il prend dans ses bras des enfants, des jeunes, des adultes souffrant de handicap pour signifier l’étreinte du Père céleste et leur redire : « Ouvre-toi. »
Par Thierry Fouet, ordonné prêtre le 10 octobre 1992La croissance est l’un des besoins les plus urgents… l’arbre perce la terre, la larve se transforme en papillon, l’enfant devient adolescent.
On se doit de grandir et de répondre à ses besoins changeants, si l’on veut se sentir pleinement vivant. Les gens les plus heureux sont ceux qui ont le courage de croître et de prendre des risques pour vivre en fonction de leurs valeurs.
Et même si rire, c’est risquer d’être ridicule, pleurer, c’est risquer d’avoir l’air sentimental, tendre la main vers l’autre, c’est risquer l’engagement, exprimer ses sentiments, c’est risquer de révéler sa véritable nature, aimer c’est risquer de ne pas être aimé en retour, vivre c’est risquer la mort, espérer c’est risquer l’échec… ON SE DOIT DE RISQUER.
Car le plus grand danger est de ne pas prendre de risque.
La personne qui ne risque rien, ne fait rien, n’a rien… elle évite peut-être la souffrance et le chagrin, mais elle ne peut ni vivre ni croître. Enchaînée par ses certitudes, elle en est l’esclave et elle a perdu sa liberté.
Seule une personne qui prend des risques est libre.
Il y a déjà 25 ans, j’ai osé, au nom du Christ, le risque d’être prêtre. Après ce temps d’expérience, de cheminement, veuillez trouver ici l’expression de ma joie profonde, sincère d’être prêtre : jubilation que rien ne pourra m’enlever. Prêtre c’est risquer d’accompagner les hommes avec l’onction de Dieu. Puisse ce chemin continuer le plus longtemps possible avec vous, avec LUI. Merci.
Par Thierry Schelling
Photo : CiricDu 10 au 12 juin 2016, dans le cadre du Jubilé de la Miséricorde, les personnes malades et handicapées avaient été conviées par le pape François pour un temps fort. Et ses paroles le furent tout autant ; la citation est longue mais lourde de réalisme : « On considère qu’une personne […] portant un handicap ne peut pas être heureuse, parce qu’elle est incapable de mener le style de vie imposé par la culture du plaisir et du divertissement. A cette époque où un certain soin du corps est devenu un mythe de masse et donc une affaire économique, ce qui est imparfait doit être masqué, parce que cela porte atteinte au bonheur et à la sérénité des privilégiés et met en crise le modèle dominant. Il vaut mieux maintenir ces personnes séparées, dans une ‘‘enceinte’’ – peut-être dorée – ou dans les ‘‘réserves’’ du piétisme et de l’assistantialisme, afin qu’elles n’entravent pas le rythme du faux bien-être. Dans certains cas, on soutient même qu’il vaut mieux s’en débarrasser le plus tôt possible, parce qu’elles deviennent un poids économique insoutenable en un temps de crise. »
Salve d’applaudissements sur la place Saint-Pierre, car le Pape dénonce le maquillage du bien portant hypocrite que notre monde veut nous vendre au profit de la vie vraie, limitée certes – et parfois gravement –, mais toujours incommensurablement digne, parce qu’humaine, justement !
Et de conclure : « C’est notre capacité d’aimer qui nous rendra heureux, et seulement cela ! » Avec un critère de discernement bien utile : « La manière dont nous vivons la maladie et le handicap est un indice de l’amour que nous sommes disposés à offrir. La manière dont nous affrontons la souffrance et la limitation est un critère de notre liberté de donner sens aux expériences de la vie, même lorsqu’elles nous semblent absurdes et imméritées. »
Hors texte, il avait ajouté que les paroisses qui fermeraient leurs portes aux handicapés…devraient être closes pour crime de lèse-humanité ! A bon entendeur…
«Ce qui manque dans les villes, c’est l’écoute. Passer des petits moments ensemble, entrecoupés de belles paroles. Souvent, lorsque j’arrive aux Tables, je suis fatiguée, j’ai de la peine à me concentrer. Puis, petit à petit, je parviens à me rassembler. Alors je me sens mieux.»
Par Nicole Andreetta
Dessin de SoniaLes Tables ainsi évoquées par Sonia sont des rendez-vous hebdomadaires qui ont pour cadre des cafés-restaurants du canton de Genève. L’Association Co’errance est à l’origine de cette démarche. Son intention est de proposer à toute personne isolée, fragile psychiquement, en situation précaire… un moment de rencontre où l’on partage, en toute convivialité, une boisson ou un repas. Il s’agit également d’offrir une présence pour se soutenir mutuellement et partager le poids et les difficultés de la vie quotidienne au-delà des cloisonnements sociaux.
Des animateurs bénévoles, expérimentés dans le domaine de la santé psychique, assurent la permanence. Chacun, quels que soient son âge, son statut social ou sa motivation, est le bienvenu.
« Cette manière de se rencontrer permet à chacun d’avancer à son propre rythme. C’est un moment bienfaisant dans une société en pleine mutation où il faut progresser sans cesse pour ne pas être largué », explique Béatrice Louis, l’une des initiatrices des Tables.
Ce soir-là, dans un café du centre-ville de Genève, silence et bribes de conversation se succèdent. Tout à coup, Garam se lance et parle de ses vacances dans le Jura. Garam n’est pas un grand causeur, il s’exprime avec parcimonie. Alors tout le monde l’écoute avec attention. Ce moment de sa vie qu’il prend le temps de partager devient important pour chacun. Puis Garam se tait. Il ne reprendra plus la parole. Mais la discussion est lancée. A la fin, Sonia conclura : « C’est ça la bonne vie, la belle vie, la vraie vie ! C’est pourquoi je continue à venir. J’ai besoin des autres pour m’enraciner dans cette atmosphère de Co’errance ! »
Co’errance propose encore un atelier-théâtre, des soirées-jeux, des balades le dimanche… différentes activités pour aider à trouver du sens dans une vie pleine d’errance.
Par Claude Jenny et Sœur Franziska Huber de la Librairie Saint-Augustin, Saint-Maurice
Des livres
«Comment supporter patiemment les personnes qui nous dérangent»
Un petit livre qui connaît un joli succès et qui est destiné à nous « apprendre à avoir de la patience avec les autres comme Dieu en a avec nous » ! Supporter avec patience étant l’une des œuvres de miséricorde dont devrait s’acquitter chaque chrétien, l’auteur, Christian Albini, puise des clefs dans l’Ecriture sainte pour nous aider à supporter ceux que nous n’arrivons pas à aimer. Un livre utile !
Editions des Béatitudes, Petits traités spirituels. 65 pages.
La spiritualité de Maurice Zundel, décédé en 1975, ne perd en rien de sa pertinence et continue de susciter un large intérêt. France-Marie Chauvelot propose une anthologie originale basée sur l’œuvre orale du prêtre suisse en apportant de multiples éléments, en grande partie inédits, qui ouvrent des « fenêtres sur la vie de l’homme avec Dieu », écrit l’abbé Marc Donzé, président de la fondation Maurice Zundel, qui a signé la préface.
La théologienne alsacienne protestante Marion Muller-Colard, devenue très médiatique grâce à son dernier ouvrage sur « L’Intranquillité », propose les commentaires de l’Evangile qu’elle a rédigés durant trois ans pour le journal « Réforme ». Une auteure qui signe une lecture très personnelle de l’Evangile.
Le film de Renaud Fely et Arnaud Louvet raconte le combat mené par François d’Assise et ses frères pour aider les pauvres, au grand dam d’une Eglise de l’époque qui ne voulait pas de ce nouvel ordre religieux du Poverello. Ce film, peu goûté par la critique à sa sortie cet été, est désormais disponible en DVD.
Le troisième opus d’un en-semble choral, les DAC (Dei Amoris Cantores), qui évangélisent par une musique conçue pour toucher les cœurs en profondeur. Des voix superbes, des compositions originales. Du pur chant polyphonique dans toute sa grandeur.
Par Vincent Lafargue Photo: DRUne chose est de penser la question de la mort assistée dans un bureau, un code de lois civiles ou de droit canonique à la main. Une autre est d’être confronté sur le terrain aux réactions des proches, notamment des enfants.
Après la mort de son grand-père, décédé grâce aux « bons soins » d’Exit, un petit garçon m’interpelle et me dit : « Tu sais, grand-papa, il ne m’aimait plus. Il a voulu mourir. »
J’avoue avoir cherché mes mots… n’avoir pas trouvé… et avoir pleuré avec lui. Cet enfant avait parfaitement conscience de ce qui s’était passé : son grand-père s’était donné la mort. Comme chaque personne confrontée à un suicide – mais sans les armes que les adultes déploient pour supporter leur chagrin – il se trouvait face à une foule de questions, une foule de « Pourquoi ? » qui tournaient dans son esprit et auxquels aucun accompagnateur d’Exit n’est venu l’aider à répondre. Cet enfant mettra des années à guérir de ce deuil.
Je ne juge pas les personnes qui estiment souffrir à un point tel que la vie leur devient insupportable. Je leur demande simplement de mettre dans la balance la souffrance de leurs proches – et notamment celle des enfants – après leur suicide. RIEN, à mon humble avis, ne justifie d’infliger des années de souffrance à un enfant. Rien.
Par Pierre MoserEn 2017, nous aurons le plaisir de vivre notre deuxième rentrée sous le signe de la musique. Rappelez-vous, l’année dernière nous avons découvert les modifications que le facteur d’orgues Kuhn avait apportées à notre cher instrument durant l’été. Nous avons également profité de cette année pour procéder aux derniers réglages nécessaires pour bénéficier pleinement de ces modifications.
Cette fois nous y sommes. Nous pouvons maintenant organiser l’inauguration officielle de cette nouvelle version de l’orgue. Pour ce faire nous allons mettre sur pied un grand concert le dimanche 24 septembre 2017 à 18h. Ce concert sera suivie d’un apéritif et
les représentants des principaux sponsors seront présents. A ce titre, il est peut-être bon de rappeler le montant que ces sponsors ont engagé dans cette rénovation : Fr. 171’000.– ; bravo et merci.
Concernant le programme des concerts traditionnels de l’automne, vous en saurez plus dans notre prochain numéro ou en restant à l’écoute des différentes communications de notre paroisse.
Nous vous attendons donc nombreux à notre grand concert inaugural du 24 septembre 2017. Un disque compact destiné à marquer cet évènement vous sera proposé à la sortie.
Maman, médecin-adjointe au CHUV et femme engagée dans sa foi, Bérengère Rozier semble avoir une vie trépidante. Pourtant, lorsque vous la rencontrez, c’est une femme calme qui affiche une grande paix intérieure.
Propos recueillis par Véronique Benz Photo : DR8h30 mercredi matin, je retrouve Bérengère Rozier à la sortie de la messe à Renens. Comme elle travaille à 80%, le mercredi est son jour de respiration. « Mercredi matin, je commence par participer à l’Eucharistie. J’aime ces célébrations de semaine où nous avons du temps pour nous recueillir. Je consacre la journée à des activités avec les enfants, je prends du temps pour moi, je suis à la maison. »
Le reste de la semaine, la vie de Bérengère est rythmée par sa famille et son travail. « Le matin j’accompagne mes enfants à l’école. J’arrive au CHUV entre 8h et 8h30. Mon quotidien s’écoule entre consultations, enseignements, formations et management. » Une journée qui est généralement ponctuée par les appels téléphoniques de ses enfants. Le soir, elle rentre chez elle entre 18h30 et 19h15. « Tout de suite ma vie de maman reprend le dessus : faire les devoirs avec les enfants, préparer les repas, ranger la maison, etc. »
Bérengère Rozier avoue avoir toujours eu des engagements au sein de l’Eglise. « Enfant, j’aimais lire à la messe, j’ai également été choriste. Durant mon adolescence, j’ai eu la chance de participer à des rencontres organisées par la communauté de l’Emmanuel. Puis j’ai rencontré des aumôniers dominicains à la faculté de médecine de Montpellier. J’ai commencé alors un cheminement spirituel. J’avais beaucoup de questions. On vit des choses pas forcément faciles, il faut savoir mettre des limites à son engagement de médecin. »
Impliquée dans sa paroisse
Arrivée en Suisse, Bérengère a tout de suite pris contact avec la communauté paroissiale où elle habitait. « J’ai assez vite senti que j’étais bien à Renens. J’ai accompagné mes enfants durant leur parcours catéchétique, mais j’avais le désir de m’engager davantage, alors j’ai été voir le prêtre et je lui ai demandé s’il avait besoin de moi. » Le prêtre lui a proposé de former un groupe de lecture d’Evangile. « Nous avons commencé par lire l’Evangile en faisant des liens avec notre quotidien. Il me semblait que cette manière était très intellectuelle. J’ai alors suggéré des images pour porter notre discussion. Après avoir réfléchi sur l’exégèse du texte, avec le support de photos nous échangeons dans des domaines plus émotionnels. » A côté de cela, Bérengère fait également partie d’un groupe de révision de vie.
Bérengère essaie de mettre de la cohérence dans sa vie de femme, de mère et de médecin. « Etre cohérente entre sa vie de foi, sa vie personnelle et sa vie professionnelle n’est pas simple tous les jours », reconnaît-elle. « Lorsque du jour au lendemain mon mari est parti, cela m’a fait un énorme choc, mais cela m’a permis de mettre de la cohérence dans ma vie. Il y a un but et il y a un chemin avec ses difficultés. De nombreux soutiens existent. J’ai appris à demander de l’aide. Nous pouvons faire de multiples choix et nous pouvons arriver à vivre ces choix. » Bérengère admet qu’assumer ses choix, c’est également assumer les critiques des gens. « Il faut se libérer de certaines règles qui ne sont pas les nôtres, que nous n’avons pas choisies. Tout ce qui nous fait du mal, il faut apprendre à le laisser de côté. »
Art et foi
« Ces dernières années, j’ai recherché dans mes rencontres la spiritualité chez les personnes afin de pouvoir en discuter et la partager. J’ai des amis bouddhistes, animistes, évangéliques. Les gens ont besoin de connexion spirituelle. » Dans la vie de foi de Bérengère, l’art contemporain tient une grande place. « Je suis touchée par l’émotion de certains artistes. Dès que je le peux, je vais voir des expositions d’œuvres contemporaines. Avec mon travail je voyage souvent. Lors de ces déplacements, je prends toujours du temps pour aller admirer des œuvres d’art. Je ressens un bien-être à travers leur contemplation. Un bien-être que j’éprouve également lors d’une méditation ou d’une adoration. C’est cette émotion que j’essaie de retrouver dans toutes ces expériences. »
« Ce que vous faites aux plus petits, c’est à moi que vous le faites. » Cette phrase a beaucoup fait réfléchir Berengère. « J’ai envie de voir en chaque
être humain le visage du Christ. Tout comme les gens peuvent voir en moi le Christ. Regarder les personnes avec les yeux du Christ et voir le Christ dans chacun. » C’est ainsi que Bérengère essaie de travailler avec ses patients. « Je les accueille avec beaucoup de respect et de confiance. Au fur et à mesure des rencontres je vois que certains patients sont connectés au niveau spirituel. Certains me disent « je prie pour vous » et d’autres me parlent de leur spiritualité. » Le médecin allopathe trouve essentielle cette unité entre soins et spiritualité.
Biographie
Bérengère Rozier est d’origine française. Elle vit dans notre pays depuis 11 ans. Divorcée, elle est maman de 3 enfants. Médecin-adjointe au CHUV à 80%, elle est spécialisée en rhumatologie, ostéoporose et maladies rares des os.
Grâce aux dons récoltés lors des ventes organisées par le groupe missionnaire les 22 et 23 avril, nous pouvons apporter une aide précieuse aux Sœurs de la Charité en Haïti et à l’école de la Divine Miséricorde en Ouganda.
Par Martine Debluë Photo: Regina KuratleEn Haïti, le programme de distribution de lait et de médicaments reste fondamental ! Frédéric Boppe, un jeune paroissien de Saint-Robert, est resté quelques semaines avec les sœurs. Il nous a donné un témoignage bouleversant sur leur travail avec les enfants et les malades. Elles parcourent de nombreux kilomètres à pied, aidées d’un âne, pour apporter aux habitants du lait et des médicaments.
Voici ce que Frédéric nous a dit après l’ouragan d’octobre dernier : « La situation est terrible. Les maisons des sœurs à Port-au-Prince et dans le nord de l’île ne sont pas trop touchées, contrairement au sud, où les routes et les maisons ont été partiellement emportées par les eaux et le vent. A Meyer, vingt maisons ont été détruites, de nombreux troupeaux ont été retrouvés morts et les cultures sont saccagées à 80%. Les sœurs vont bien, mais c’est dur. Elles sont si contentes que vous puissiez continuer à les aider ! ».
Haïti : la joie des enfants Nous avons aussi un contact direct avec Sœur Lila. Elle nous a écrit : « Je veux partager avec vous la joie des enfants de Meyer. La semaine dernière, nous leur avons donné du lait en y ajoutant un peu de sucre et du chocolat. Nous avons passé un contrat avec les Petits Frères de sainte Thérèse pour le pain. On donne du lait deux fois par semaine, les jours de marché. Le premier jour, les enfants étaient si contents ! Les plus petits sont rentrés à la maison en criant : ’ Mami yo te bay nou let nan lekol la! ak gwo pain ! ’. Quelle joie ! Nous avons commencé à distribuer du lait aux malades et aux petits enfants. Merci beaucoup d’aider nos pauvres ! ».
Le groupe missionnaire désire continuer à aider les Sœurs de la Charité, qui s’occupent de quinze villages (5’000 habitants). Elles sont l’unique présence religieuse sur place.
Sœur Lila nous écrit : « Je me fais aujourd’hui la voix de nos sœurs et surtout la voix de nos enfants, jeunes adultes, vieillards et malades. Merci pour votre sens du partage. Vous êtes infatigables et très sensibles dans ce monde qui est si fermé sur lui-même. Vous êtes présents là où nous attend le Seigneur ! C’est avec nos mains et les vôtres que nous touchons le Seigneur souffrant. Notre cœur bat avec le vôtre dès qu’il faut répondre aux besoins, si nombreux ici. Et nous le faisons même si parfois nos nuits sont écourtées ».
Ouganda : une nouvelle salle d’examens En Ouganda, l’école de la Divine Miséricorde de Kyotera a toujours besoin de notre aide. A cette école très pauvre où les enfants paient souvent leurs frais de scolarité avec des haricots, et qui est le seul cadre de vie de plusieurs orphelins du sida, nous avons notamment fourni des sanitaires, une pompe à eau, du matériel scolaire et sportif, des médicaments, des moustiquaires, des lits et des bureaux. Le financement de la construction d’une salle a permis à l’école de garder son statut de centre d’examens.
Kathleen Monney, une jeune de notre paroisse, a visité les lieux. Elle témoigne: « Grâce à votre soutien, le niveau d’éducation s’est élevé. Certains élèves ont même pu accéder aux études supérieures ». Julie, directrice de l’école et amie de Françoise Belmont, nous a écrit : « Merci pour tout ce que vous faites pour nous aider à avancer. Grâce à vous, les élèves qui passaient les examens fédéraux ont pu le faire dans notre nouvelle salle sans avoir eu besoin de parcourir des kilomètres. Que Dieu vous bénisse ! ».
L’école a un projet assez important de construction de dortoirs. Julie nous a
écrit : « Nous allons bien et nous nous battons pour scolariser de plus en plus d’élèves. Mais la nuit, je suis seule pour surveiller l’école et les alentours ne sont pas très sûrs malgré la barrière qui existe grâce à vous. J’aimerais construire quatre chambres pour que certains professeurs puissent rester sur place et m’aider. J’ai déjà acheté les briques : c’est un bon début ! Merci pour votre aide précieuse et que Dieu vous bénisse ! ».
Le groupe missionnaire a une réelle envie de continuer à s’investir pour cette école afin de créer une vraie dynamique et pour que les paroissiens se sentent plus concernés. Il pourrait aussi y avoir des échanges personnalisés entre les élèves et les servants de messe, qui sait ?
Par Thierry Schelling Photo : La Vie Dans son message aux malades pour l’année 2015, François rappelle la valeur de son accompagnement, avec réalisme : « un service […] fatigant et pénible » s’il se prolonge dans le temps. Mais « avec une foi vive, nous demandons à l’Esprit Saint de nous donner la grâce de comprendre la valeur de l’accompagnement, si souvent silencieux, qui nous conduit à consacrer du temps à ces sœurs et à ces frères qui, grâce à notre proximité et à notre affection, se sentent davantage aimés et réconfortés ». Il parle de ministère.
D’où sa pensée précise sur le thème de la fin de vie : « Quel grand mensonge se dissimule derrière certaines expressions qui insistent tellement sur la “qualité de la vie”, pour inciter à croire que les vies gravement atteintes par la maladie ne seraient pas dignes d’être vécues ! » C’est le fruit d’une foi tiède qui oublie le sens de paroles telles que « c’est à moi que vous l’avez fait » dans le célèbre texte matthéen (cf. Mt 25). Notre style de vie frénétique, hâtif, accéléré nous ferait « désapprécier » la valeur de perdre, mais plus justement dit, de prendre son temps auprès d’un souffrant : on y expérimente et exerce tout à la fois les qualités de « la gratuité, de l’acte de prendre soin, de se charger de l’autre… », détaille-t-il.
François conclut en rappelant que le commandement d’amour qui caractérise notre foi est double : la sortie de soi vers Dieu, et son corollaire, « la sortie de soi vers le prochain » qu’on résume sous le vocable de « charité » ou « miséricorde » envers autrui. Or, assure-t-il, « la charité a besoin de temps » pour se déployer, comme on a besoin de temps pour accompagner un agonisant.
Il met cela en pratique en janvier 2016 en visitant des patients en état végétatif et des pensionnaires d’un EMS, dans la banlieue romaine. Le communiqué du Saint-Siège est sans appel : « Face à la culture du déchet, le Pape a voulu montrer la grande importance et le prix qu’il accorde aux personnes âgées, aux grands-parents, et la valeur et la dignité de la vie dans toute situation. »
A noter qu’il a réformé (novembre 2016) l’Académie pour la vie – organisme romain pour la réflexion et la recherche sur la vie et sa sauvegarde – en insistant sur l’aspect pastoral et pratique des « théories » sur la vie, le mariage, les soins, la maladie, la souffrance. Et en y incluant notamment une nouvelle catégorie de membres : de jeunes chercheurs de moins de 35 ans pour ouvrir l’Académie sur de nouvelles idées…
Midi tapant. Au 3e étage, 14, avenue de la Gare à Sion, les convives s’installent autour des tables. Le repas peut commencer. Un repas simple, sain et équilibré proposé sous le signe de l’amitié et de la fraternité. Les conversations vont bon train.
Peines, joies, difficultés, grands et petits soucis… tout est bon à partager !
Créé il y a vingt ans par Sœur Marie-Ernest, infirmière en psychiatrie retraitée, l’Accueil Hôtel-Dieu reçoit entre 9h et 16h, chaque jour de la semaine, une quarantaine de personnes. Joëlle Carron, animatrice pastorale, et Marie-Jeanne Mukorugomwa, entourent l’équipe de bénévoles indispensables au fonctionnement du lieu.
La frontière entre les personnes qui accueillent et celles qui sont accueillies est ténue.
Chacun a quelque chose à donner, chacun peut recevoir.
Enseignant retraité, Marc est bénévole depuis deux ans et demi. Il aide à la préparation du repas et assure le service : « Je croise régulièrement des habitués de l’Hôtel-Dieu en ville. Auparavant, je ne voyais pas cette partie de la population. Venir ici m’a ouvert les yeux ! »
Une dame âgée vient régulièrement à l’Accueil Hôtel-Dieu pour manger. Elle trouve ce qui est proposé meilleur que les repas livrés à domicile. Ici, elle rencontre du monde. C’est sa sortie de la journée.
Guadaloupe est une habituée des lieux. De ses doigts de couturière habile elle a, pour le bonheur de tous, confectionné les personnages de la crèche de Noël l’an passé.
Comme le souligne Joëlle : « Dans le respect de la liberté de chacun, nous fonctionnons un peu comme une famille élargie. Le lien premier qui nous relie est un lien fraternel. Un lien qui nous amène, pour un moment, à cheminer ensemble, à nous faire grandir, à nous mettre debout… »
Un service diocésain de la diaconie
Le 16 juin 2017, Mgr Lovey, évêque de Sion, a officiellement inauguré le Service diocésain de la diaconie en mandatant six membres de l’Eglise dont Joëlle Carron. « Il ne faut pas se dédouaner du souci du plus pauvre. Si les chrétiens n’ont pas le monopole de l’attention aux frères souffrants, celle-ci fait véritablement partie de la mission de l’Eglise », dit Mgr Jean-Marie Lovey.
Dé•connexion Re•connexion Une spiritualité chrétienne du numérique ?
Le père Ludovic Frère, qui reçoit les pèlerins à Notre-Dame de Laus, livre une réflexion sur la manière d’intégrer le numérique dans la vie spirituelle. Smartphones, tablettes et autres bidules connectés nous relient magnifiquement aux autres et sont de nouveaux outils d’évangélisation. Mais ils présentent aussi des dangers! Le chrétien doit donc savoir trier. Conseils d’un théologien pour utiliser le numérique.
La grande pédagogue Maria Montessori pouvait bien l’affirmer, elle qui a passé sa vie à étudier le développement de l’enfant et à prôner un enseignement qui le considère dans son ensemble. Elle a ouvert la voie à une école où l’enfant apprend autrement. Et avec plaisir !
Editions Desclée de Brouwer, sortie début septembre
Acheter pour 31.40 CHFComment être chrétien dans un monde qui ne l’est plus Le pari bénédictin
Comment les chrétiens peuvent-ils faire face à un environnement de plus en plus hostile à la pensée chrétienne? Selon le journaliste américain Rod Dreher, auteur de cet essai, les chrétiens doivent tout simplement s’inspirer du modèle de saint Benoît «pour bâtir des communautés ouvertes, engagées et solidaires au milieu du monde». La traduction d’un livre très lu outre-Atlantique.
L’automne, temps idéal pour marcher! Donc peut-être pour recourir à ce guide de la journaliste Gaële de La Brosse qui nous fait découvrir de multiples autres chemins que celui de Compostelle, menant vers un sanctuaire ou permettant de cheminer sur les traces d’un saint. Une trentaine d’itinéraires dans l’Hexagone pour se mettre en route !
La Procure et le magazine «Panorama» ont décerné le Prix du Livre de spiritualité 2017 à la théologienne protestante Marion Muller-Colard pour son dernier livre, «L’intranquillité», que nous avions présenté dans cette rubrique.
Ouvrages disponibles notamment dans les librairies Saint-Augustin de Saint-Maurice (avenue de la Gare, tél. +41 24 486 05 50, librairievs@staugustin.ch) ou de Fribourg (rue de Lausanne 88, +41 26 322 36 82, librairiefr@staugustin.ch)
Propos recueillis par Vincent Lafargue
Photo : DRT’es-qui? Justyna Lotocka, 39 ans, théologienne, originaire de Pologne, habitant Lausanne.
Tu t’engages où? Je m’engage en aumônerie auprès des jeunes de l’Université de Lausanne. 50% de mon poste d’aumônerie est au service de l’UNIL-EPFL, 50% au service de gymnases.
Justyna, l’Eglise de demain sera… ? … en renouvellement constant, accueillante à l’image de l’icône de la Trinité.
Quels sont les défis de l’aumônerie de l’UNIL ? Le but de l’aumônerie est évidemment de répondre aux jeunes, à TOUS les jeunes quelle que soit leur religion, leur spiritualité. Un de nos rôles est de veiller à la paix entre les peuples sur le campus, à la promouvoir. Nous organisons donc diverses activités, expositions, célébrations, prières de Taizé, soirées d’échange autour de thèmes spirituels pour que chacun puisse s’exprimer et que le partage entre religions soit une réalité entre nous. Nous emmenons aussi des jeunes pour expérimenter le bénévolat à travers l’une des œuvres de la fondation Mère Sofia, la soupe populaire de Lausanne. C’est l’occasion pour des universitaires de se confronter à la vie des plus pauvres. Des excursions sont aussi organisées (marche dans le désert, montée au Grand-Saint-Bernard, visites touristiques…).
Qu’est-ce que le public de l’université a de particulier pour une aumônière ? Ce sont des personnes de passage. L’accueil a une très grande importance du coup, et les liens qui peuvent se nouer entre elles aussi. Etre créatrice de liens me plaît beaucoup : lorsque je vois que des jeunes venus du monde entier se rencontrent à l’aumônerie et échangent leurs coordonnées, se découvrent moins seuls, alors c’est une grande joie. Parfois aussi, des jeunes qui ont quitté l’université reprennent contact avec moi une ou deux années plus tard et c’est très agréable de voir ce lien qui continue entre eux et Dieu.
Une anecdote ? Ce jeune qui se rit des personnes « croyantes non pratiquantes » car il est exactement l’inverse : il se dit agnostique mais participe aux prières de Taizé et va régulièrement à Taizé lui-même : « Moi je suis pratiquant mais pas croyant ! » dit-il. Il est à l’image de ce que nous pouvons proposer ici : beaucoup de jeunes sont en profonde recherche spirituelle, en recherche de Dieu, de valeurs. Ils ne sont pas forcément liés, dans leur identité, à une tradition ou une religion, mais ils cheminent. Dieu agit à sa manière dans le cœur de chacun… et ces jeunes sont formidables !
Par Pierre Moser Photo: www.saint-joseph.chNon, non, restez encore un instant avec moi, ceci n’est pas une énième annonce du départ de notre vicaire épiscopal vers d’autres fonctions. Cette page je la voudrais plutôt comme une réflexion sur ce que nous, paroissiens et équipe pastorale, pouvons apporter de plus à notre communauté.
Pour m’aider dans cette tâche, j’ai fait appel à notre nouveau curé de paroisse, Marc-Louis Passera, avec une pensée des plus profondes : le temps lui-même ne fait rien, mais il nous permet de faire.
Première piste intéressante, la présence Un conseil de communauté ou de paroisse ne sont pas des événements formels dans lesquels on peut être représenté pour la bonne forme. Ce sont, pour notre curé, des temps forts de décision : si l’on veut participer aux décisions, comment le faire sans y participer ? De même, il paraît important à Marc d’être un maximum présent lors de funérailles, de baptêmes et de mariages. Rien de plus gratifiant que de revoir le dimanche, des personnes croisées lors de sépultures de proches.
Deuxième piste à considérer, l’évangélisation Les Eaux-Vives sont un quartier populaire, pour une grande partie d’origine italienne. Or la paroisse Saint-Joseph n’est pas très présente dans ces environnements. Une plus grande proximité est un des chantiers que l’abbé Marc a grande envie d’initier. Rassurons ici tout de suite les habitués, ce qui fonctionne et qui a été bien pensé
par d’autres n’a aucune raison d’être remis en cause. Comme Jésus l’a dit en son temps, ce ne sont pas les bien portants qui ont besoin d’un médecin. Avec cependant une nuance de taille : l’abbé Marc compte beaucoup sur les bien portants pour
l’aider à soigner.
Troisième piste de réflexion, l’organisation Depuis bientôt deux mois, nous entendons parler tous les jours de 25 %, 75 %, 100 %. Pour Marc, ce ne sont que des chiffres. Certes nous serons trois prêtres (Thierry, Marc et frère Claude) et un assistant pastoral (François) avec des taux d’engagement divers. Certes tous n’auront pas la même disponibilité. Mais il serait maladroit de les considérer comme des « auxiliaires ». Chacun d’eux aura une mission bien précise auprès de la communauté et non pas un taux d’activité. Certains auront peut-être entendu parler d’une divergence d’opinion concernant les titres des différents prêtres au sein de notre unité pastorale. Pour faire court, notre évêque avait décidé de ne nommer qu’un seul curé par unité pastorale, les autres étant nommés prêtres auxiliaires. L’abbé Marc pense qu’il s’agit d’un problème de fond et s’en explique : un auxiliaire n’est rien d’autre qu’un remplaçant qui vient célébrer la messe et repart ensuite ; ce n’est pas en anticipant le manque de prêtres que l’on va le prévenir ; il ne faut pas organiser aujourd’hui nos paroisses comme le fait la France dans des zones très déchristianisées, car la prêtrise, la paroisse et la communauté deviennent totalement désincarnées.
L’équipe pastorale, le conseil de communauté ainsi que votre serviteur vous invitent à réfléchir sur votre apport à cette communauté qui nous est chère et vous souhaite une bonne rentrée.
Chaque année le 1er août est l’occasion, pour les Eglises de Suisse, d’adresser aux habitants de notre pays un message d’espérance. Un message marqué cette année par deux anniversaires: les 500 ans de la Réforme et les 600 ans de la naissance de Nicolas de Flue, patron de la Confédération.
Ces deux événements, qui à première vue semblent ne pas être liés, couvrent pourtant cette période charnière de l’histoire du monde occidental qui nous a fait passer d’un Moyen Âge féodal à une Renaissance assoiffée de renouveau et de liberté.
En y regardant de plus près, sans l’artisan de paix que fut frère Nicolas et sans l’héritage qu’il nous a laissé, notre pays aurait sombré dans le chaos de conflits religieux et politiques qui auraient mis en danger son équilibre et sa continuité. La jeune Confédération ne comptait alors que huit cantons dont la cohésion était fort fragile.
Qui donc est Nicolas de Flue pour avoir l’exceptionnel privilège d’être considéré comme le père de la patrie, le saint patron et le protecteur de la Confédération ?
La Suisse n’aime ni les figures de proue ni les héros. Pourquoi ? Notre pays a la particularité de ne pas avoir un unique pouvoir central ou un chef d’Etat. La responsabilité de son existence et de son bien-être repose entièrement sur l’engagement communautaire de son peuple. L’absence, dans nos livres d’histoire, de héros qui auraient accompli par la force des hauts faits se comprend alors. Car en vérité, les héros de ce pays sont tous ses citoyens qui, au long de son histoire, ont mis en avant une inébranlable volonté de maintenir la paix. Bien sûr, il y a eu des conflits, mais avec cette particularité tout helvétique d’être des conflits éclairs. Car l’important restait le maintien de la paix.
Qui donc était Nicolas de Flue ? Ne sachant ni lire et ni écrire, il a grandi dans une ferme et travaillé la terre: il n’était pas différent de ses concitoyens. Il fut conseiller communal, juge et magistrat. Homme de grande piété, il mettait toute sa confiance en Dieu. Pour lui, Dieu était synonyme de paix ! Et c’est parce qu’il recherchait la paix que certaines de ses décisions pouvaient être déconcertantes pour l’époque. En tant que juge lors d’une médiation entre le peuple de la ville de Stans et le couvent d’Engelberg, il se prononça pour le droit du peuple à élire le curé. Bien qu’inattendue, cette décision maintint la paix.
Etait-ce de l’héroïsme que de quitter sa famille pour se retirer du monde et se consacrer à la prière ? Ce ne fut une décision ni facile ni unilatérale. Il fallut du temps à sa femme Dorothée, à ses enfants et à ses parents pour comprendre sa démarche; mais sa famille le soutint totalement. A 50 ans, il se retira à l’une des extrémités de sa propriété agricole.
Sa réputation de droiture, son engagement pour la paix et la miséricorde qu’il mettait dans ses conseils finirent par dépasser nos frontières. De partout on venait le consulter.
Il soulignait l’importance de nous écouter les uns les autres aussi attentivement et respectueusement que si nous écoutions Dieu lui-même ; et la nécessité de tendre la main, de faire le premier pas, de revêtir nos rapports d’humilité, car un bien suscite toujours un bien.
Frère Nicolas patron de notre pays ? Oui, car son héroïsme ne repose pas dans quelque chose qu’il se serait approprié, mais dans ce qu’il a donné, dans son infatigable engagement pour la paix, dans l’enseignement de la droiture et dans la vérité de la justice. La paix demande un effort constant : elle n’est pas un processus définitivement acquis ni achevé; elle interpelle chaque génération, chaque citoyen, chacun de nous. Nous savons à quel point elle est fragile.
C’est une difficile mission que de maintenir la paix : cela demande un engagement, une coresponsabilité et surtout un courage humble. Frère Nicolas, père de la patrie, saint patron de notre pays, symbolise cet héroïsme dont la continuité se trouve en chacun de nous.
Saint Nicolas a mis toute sa confiance en Dieu. Il était convaincu de sa présence en chacun. Notre Constitution commence par : « Au nom de Dieu tout-puissant ». Faisons nôtres ces paroles, soyons des artisans de paix, soyons les héros de son maintien afin de continuer à vivre libres et indépendants, dans le respect de chacun, pour pouvoir offrir cette paix à ceux qui la recherchent désespérément.
Seigneur, protège notre pays, protège la paix, protège-nous.
Par Pascal Bovet
Photo : Jean-Claude Gadmer La vallée connaissait les rochers et les forêts ; c’étaient les matériaux pour la construction des maisons.
Le XXe siècle a « inventé » le béton : il a remonté la vallée de la Dixence et produit le fameux barrage-poids de béton.
Plus bas, à Hérémence, quand le besoin d’une nouvelle église s’est fait sentir, le béton s’est imposé.
Ainsi aujourd’hui, dans la vallée, avec un dessin plus élaboré qu’un barrage, se dresse l’église d’Hérémence au milieu du village.
De la montagne, on y retrouve les faces ciselées, découpées, creusées… c’est le paysage de la région.
Du barrage, même puissance du béton qu’on n’a pas économisé ; il faut du solide, qui résiste au temps, On attend cette qualité du barrage et de l’église : qui des deux durera plus longtemps ?
Le barrage est là-haut, seul. L’église est au milieu du village et couvre de l’ombre de sa masse les maisons traditionnelles en bois, brunies par le soleil des ans, blotties à ses pieds, comme les poussins sous la poule ou les brebis autour du berger : sécurité, confiance, ralliement.
L’église est jeune d’un demi-siècle, le village est « de toujours » : belle rencontre des âges !
Coiffée de la croix, elle porte haut dans le ciel du Val d’Hérens le signe d’une présence chrétienne.
Une autre visite nous conduirait à découvrir la vie plus intime de cette église.
Architecte : Walter Föderer, Zurich, église consacrée en 1971.
Choisir le thème de la fin de vie, c’est traiter du moment le plus sensible de la vie de chaque être. Pour le chrétien, ce devrait être une étape sereine, vécue dans la foi et l’accompagnement de l’Eglise. Mais dans une société davantage imprégnée de choix individualistes, et avec un vent favorable pour le suicide assisté, le sujet se complexifie. Petit vade-mecum de questions qui taraudent les esprits et auxquelles l’Eglise doit répondre.
Par Claude jenny
Photos : Ciric, DRRésumons ce que l’Eglise dit aujourd’hui sur ce thème si délicat de la fin de vie.
Suicide assisté : c’est non
L’Eglise dit clairement son opposition au suicide assisté (lire la rubrique « Bible » de l’abbé Amherdt en page VI). Le pape l’a dit aussi : on ne tue pas la vie ! On doit accompagner la fin de vie (lire l’article « Theo » de l’abbé Schelling en page VIII) : « Je ne peux pas concevoir le suicide assisté », disait Mgr Jean-Marie Lovey en réponse à une religieuse valaisanne qui prône publiquement le contraire. « L’Eglise prend fait et cause pour la vie avec le respect et la dignité totale de l’être humain quel que soit son état. En contribuant à banaliser la mort et le suicide des personnes, on donne un signal contraire », explique l’évêque du diocèse de Sion 1. « Le suicide assisté est un acte gravement contraire à la loi divine. C’est un homicide contre soi-même », lâche l’abbé Jean-Michel Moix, vicaire à Champéry. Une voix discordante existe, celle d’un prêtre belge, l’abbé Gabriel Ringlet, qui s’exprime régulièrement en Suisse romande. Il a publié un livre sur le sujet 2.
La Conférence des évêques suisses (CES) a mandaté sa commission d’éthique pour travailler à la rédaction de directives que les évêques devraient étudier durant leur session d’automne. Le nouveau président de cette commission, François-Xavier Putallaz, a accepté de s’exprimer à titre personnel. Pour ce professeur de philosophie à l’Université de Fribourg, « c’est inacceptable, car un suicide est toujours un drame. Le fait qu’il intervienne avec Exit n’y change rien. « C’est une violence contre soi-même, contre Dieu, et surtout contre les autres », ajoute-t-il. « La vie est un don qu’il ne nous appartient pas de supprimer », corrobore l’abbé Pierre-Yves Maillard, vicaire général du diocèse de Sion. Il y voit un enjeu de société. « Chaque personne, quel que soit son âge ou son état, doit se sentir utile, valorisée. Jusqu’à la fin », ajoute l’abbé Maillard.
1 « Nouvelliste », 25.2.2016 2 « Vous me coucherez nu
sur la terre nue », Albin Michel, 2015
Soins palliatifs : c’est oui
Les soins palliatifs aident à soulager la douleur physique.
Si l’Eglise condamne le suicide assisté, elle dit oui aux soins palliatifs. « Car ce n’est pas supprimer la vie. C’est soulager la souffrance pour permettre de consentir à la mort. C’est éthiquement tout différent », explique François-Xavier Putallaz. L’évêque de Sion estime aussi que « ce n’est pas la même chose de donner une substance à quelqu’un pour apaiser ses souffrances ou lui donner une boisson létale qui entraînera la mort. Le but de la sédation est de maîtriser la douleur et la souffrance, pas de donner la mort. » 1
Le but des soins palliatifs étant d’éviter la souffrance physique, encore faut-il que l’accompagnement de la personne souffrante ou en fin de vie soit de qualité. C’est là que se situe le véritable enjeu.
Lorsqu’une personne entre dans un EMS, c’est pour y vivre la dernière étape de sa vie. « C’est notre mission de lui offrir un accompagnement global qui soit rempli de compétences », dit Philippe Genoud, directeur de la Maison Saint-Sylve, à Vex. « Nous avons sensibilisé tous nos collaborateurs à cette mission. Pour qu’ils comprennent que c’est aussi une humanité qui vient à eux. Et qu’il importe de donner sens à ce qu’ils font », explique-t-il.
« Notre rôle est d’offrir la meilleure alternative au suicide assisté, donc un accompagnement de qualité, y compris au moyen des soins palliatifs. Nous arrivons à de bons plans de soins. Tout le personnel a été sensibilisé et formé à cet accompagnement de fin de vie qui implique évidemment des soins médicaux, mais aussi une démarche empathique, une écoute active, une démarche altruiste », commente le directeur de Saint-Sylve. Une question s’impose : tous les EMS garantissent-ils en termes de compétences cet accompagnement de qualité ? D’où l’importance de la formation. « Toute l’équipe de la pastorale de la santé va suivre une formation sur ce thème », annonce François Vallat, responsable de la pastorale de la santé pour l’Eglise fribourgeoise.
1 « Nouvelliste », 25.2.2016
Accompagner avec Exit : c’est oui
Accompagner aussi bien que faire se peut.
L’Eglise doit-elle accompagner une personne qui a recours à Exit ? « L’Eglise doit accompagner toute personne en fin de vie. C’est un geste d’amour, d’infinie tendresse. Donc le prêtre ou l’agent pastoral doit accompagner, et même jusqu’au bout, jusqu’à la frontière s’il en a la force. Mais il doit être d’une intransigeance absolue par rapport à l’acte », explique le professeur Putallaz. « Je dirais à la personne : comme chrétien, je ne peux pas approuver votre geste. Mais, si vous le souhaitez, je reste disponible pour continuer d’échanger avec vous, pour vous accompagner », explique Bernadette Lopez, aumônière à l’Hôpital de Morges. « Bien sûr qu’il faut accompagner. Mais c’est au choix du prêtre ou de l’agent pastoral de savoir jusqu’où il peut aller », estime l’abbé Pascal Desthieux, vicaire épiscopal pour le canton de Genève.
Célébration : c’est oui
Tout catholique qui décède a droit à une cérémonie funèbre. Y compris les personnes qui se suicident. Donc aussi celles qui recourent à Exit. Les avis sont quasi unanimes : le prêtre doit accepter. Les exceptions sont rares. « Comment il parlera du départ de la personne durant son homélie lui appartient : c’est à lui de sentir comment dire les choses au mieux », selon l’abbé Pascal Desthieux. « Il faut dire la vérité, ne rien cacher », estime le professeur Putallaz.
Onction des malades: c’est selon…
Tout catholique malade ou dont la fin de vie approche peut recevoir l’onction des malades. Le prêtre peut-il donner ce sacrement à une personne qui recourt à Exit ? « En principe, si la personne a la ferme intention de mettre fin à ses jours, je dis non, car l’onction des malades est un sacrement de la vie, de la guérison. On ne peut pas en même temps demander l’aide de Dieu pour vivre et vouloir se donner la mort », estime l’abbé Pierre-Yves Maillard, qui précise toutefois qu’il peut en aller autrement pour une personne inscrite à Exit et qui demanderait le sacrement sans lien immédiat avec le passage à l’acte, et que le discernement est parfois délicat. « Je ne peux pas donner l’absolution à une personne qui n’a pas de repentir pour ses péchés ou pour l’intention qu’elle a de recourir à Exit. Et je ne peux conférer l’onction des malades puisque ce sacrement procure aussi le pardon des péchés. », dit quant à lui l’abbé Jean-Michel Moix.
« Il faut introduire là la notion de temporalité et bien distinguer toutes les situations. Notamment le moment où le sacrement est demandé », commente le professeur Putallaz. Pour l’abbé Vincent Lafargue, curé d’Evolène, « on ne sait jamais si la personne ne va pas changer d’avis et renoncer au dernier moment. Je peux dire à une personne qui va partir avec Exit : je vous donne l’onction pour que Dieu change votre cœur », dit-il joliment.
L’abbé Pascal Desthieux ne souhaite pas qu’il y ait une directive sur ce point car « je ne peux pas exclure de donner le sacrement. Tout dépend du cheminement de cette personne et du moment où elle manifeste ce désir ». « Il faut distinguer chaque cas. Laisser la liberté à la conscience du prêtre », conclut Cathy Espy-Ruf.
Exit recrute fort
La présence d’Exit n’est pas nouvelle. Cette organisation nationale – la plus active en Suisse romande – affiche 125 000 adhérents, dont 24 225 en Suisse romande. Elle a donné la potion létale à 216 personnes en 2016 en Romandie. « Cessons de faire grand cas de quelques cas ! » dit Cathy Espy-Ruf, responsable de la pastorale de la santé pour l’Eglise catholique de Genève. A la veille de l’été, un courant alémanique s’est manifesté au sein d’Exit visant à élargir ses critères d’inter-vention. Aujourd’hui, il faut souffrir d’un mal incurable ou de « polypathologies invalidantes liées à l’âge ». Demain, il suffira peut-être simplement d’avoir sa capacité de discernement pour le demander. Court-on au dérapage incontrôlé ?
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