«Dans la vie comme dans la mort»

Par François-Xavier Amherdt
Photo : Ciric
« Dans la vie comme dans la mort, nous appartenons au Seigneur » (Romains 14, 8b). Ces paroles fortes de l’Epître aux Romains, placées dans le contexte de l’exhortation de Paul en faveur de la charité envers les personnes « faibles » et vulnérables, expliquent pourquoi l’Eglise catholique continue de privilégier les soins palliatifs face à l’accompagnement au suicide et à l’euthanasie. Il faut bien sûr tout faire pour atténuer ou évacuer la souffrance, y compris si cela peut hâter quelque peu la fin de l’existence. Mais il convient de nous en remettre « naturellement », sans aucun « acharnement disproportionné », à la volonté de Dieu, qui donne et accueille la vie. « En effet, nul d’entre nous ne vit pour soi-même, comme nul ne meurt pour soi-même. Si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur, et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur », affirme Paul dans la plus grande de ses lettres (Romains 14, 7-8a).

Pour l’apôtre des nations, cela signifie que notre vie ne nous appartient pas : nous sommes appelés à respecter infiniment la dignité de l’ensemble de nos frères et sœurs fragiles, notamment les personnes mourantes, atteintes de différentes pathologies handicapantes ou marquées par le grand âge. Qui sommes-nous pour perdre toute considération à l’égard de notre prochain malade, et décréter que son existence n’a plus de sens ? Souvent la demande de suicide assisté ou d’euthanasie provient du regard qui est porté par les proches. Et lorsque la personne « fatiguée de la vie » est entourée d’amour, précise le personnel soignant engagé dans les unités de soins palliatifs, voilà que cette requête tombe la plupart du temps.

« Car le Christ est mort et revenu à la vie pour être le Seigneur des morts et des vivants. Mais toi, pourquoi juger ton frère ? Et toi, pourquoi mépriser ton frère ? », ajoute Paul. Cela vaut à la fois pour le respect de la dignité de chaque être, comme d’ailleurs pour le non-jugement envers ceux qui décident d’en finir avec leur vie. Qui sommes-nous pour nous permettre de juger quiconque ?

Une Eglise malade du confort

Par Giraud Pindi, curé modérateur de l’UP Nyon-Terre SainteAvons-nous déjà oublié ces mots du pape François : « Je préfère une Eglise accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins plutôt qu’une Eglise malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités » (« La joie de l’Evangile » no 49) ? Dans le même ordre d’idées, il dénonçait « la maladie de l’autoréférentialité », dont un des symptômes est « le repli sur soi » comme expression du « narcissisme qui conduit à la mondanité spirituelle », et le « cléricalisme sophistiqué ».

Réformer les structures, les habitudes, les styles, les horaires et le langage peut se révéler un véritable chemin de croix face à des agents pastoraux et une communauté qui refusent de se mettre en « constante attitude de sortie » (no 27) et qui, par peur des initiatives, s’enferment dans le confortable critère du « on a toujours fait ainsi » (no 33). La peur de changer des façons de faire séculaires nous enferme dans des structures qui nous assurent une fausse protection et dans des normes qui nous transforment en juges implacables (no 49).

Au début d’une année pastorale, une communauté paroissiale doit faire son bilan pour voir comment elle vit la conversion pastorale et s’engage à sortir de son confort. Les prêtres, les agents pastoraux, les bénévoles et toutes les personnes engagées doivent se demander s’ils sont malades de l’enfermement, se retranchent dans des sécurités illusoires, s’entêtent dans des habitudes séculaires jusqu’à étouffer les initiatives nouvelles. Ou alors s’ils sont prêts à se salir les mains comme le Samaritain qui a fait un détour pour secourir le blessé abandonné sur le bord de la route ; à se mouiller comme le Christ qui est descendu dans le Jourdain avec les pécheurs ; à s’épuiser comme le Cyrénéen qui a changé de route pour soulager le condamné du poids de sa croix.

L’enfermement et la fermeture, le refus de prendre des initiatives parce qu’« on a toujours fait ainsi » ne sont jamais un signe de l’Esprit Saint. Autrement Jésus n’aurait pas dit : « Il vous a toujours été dit… Eh bien, moi je vous dis… » (Mt 5). Dans le grand défi de conduire une communauté à la conversion pastorale, le pasteur peut parfois vivre une vraie montée au Calvaire. Mais qui sait, au pied de sa croix, un centurion dira peut-être : « Cet homme était un homme juste ».

Ethique et fin de vie…

Par frère Michel Fontaine, opL’expression « fin de vie » reste aujourd’hui difficile à caractériser, tant dans le milieu des soins que dans celui qui cherche à définir ce qu’est la vie. Un nouveau-né atteint d’une maladie grave, incurable, est reconnu « en fin de vie » au même titre qu’une personne âgée qui, progressivement, perd ses forces, ses capacités, et attend plus ou moins sereinement la « fin de sa vie », autrement dit la mort… mais aussi comme cet accidenté de la route dans un service de soins intensifs dont le pronostic vital est hautement engagé…

Certes, nous sommes là devant des réalités qui touchent les limites de l’existence humaine. Devant ces situations extrêmes, que faut-il alors mobiliser d’essentiel, pour qu’un débat éthique s’installe ? Car le débat n’a de sens que s’il y a un dilemme, une tension entre différents avis, entre différentes visions, mais… différentes visions de quoi ? Simplement (si l’on peut dire) de ce qu’est un être humain… d’où vient sa dignité, quel est le sens de son existence… Le philosophe Lévinas disait que « l’éthique est une optique spirituelle »…

Alors, Comment nous situons-nous par rapport à l’être humain, à la finalité de la vie ? Notre titre « Ethique et fin de vie » n’a de sens que si l’on entre dans le débat sur ce que c’est que vivre, et pourquoi.

C’est ici que nous sommes probablement convoqués, chacune et chacun à sa manière, croyants ou non croyants, à ne pas rester des observateurs passifs mais à entrer dans le débat. J’ai le sentiment que nous ne savons plus débattre rationnellement ! N’ayons pas peur de la complexité. Elle honore le Créateur et nous entrons ainsi davantage dans le mystère de l’être humain… dans le mystère de la vie.

Bienvenue à l’abbé Jean Geng

«Etre prêtre, c’est aller vers les autres»: c’est cet esprit qui anime l’abbé Jean Geng Yongxin, que nous accueillons dans notre unité pastorale (UP) cet automne. Si ce Chinois s’est bien intégré chez nous, c’est au prix d’un grand effort de volonté. Il a évoqué avec nous les étapes d’une vie tissée de défis.

Texte et photo par Geneviève de Simone-CornetEn ce vendredi soir de juillet, en plein Montreux Jazz Festival, pas facile de reconnaître l’abbé Jean Geng dans la foule que déverse sans discontinuer la gare de Montreux. Nous étions convenus de nous rencontrer « à la gare ». Après quelques minutes d’hésitation, j’aborde le seul Chinois que j’ai aperçu : « C’est moi », me lance-t-il, jovial et détendu. Il me confiera plus tard : « Ce n’est pas l’habit qui me fait prêtre, mais la profondeur du cœur ».

Nous nous installons à la terrasse d’un café en face de la gare, en plein passage. Mais lui n’en a cure : « J’aime être proche des gens, me plonger dans le monde tel qu’il est. Aujourd’hui, puisqu’ils ne viennent presque plus nous trouver, nous les prêtres, c’est à nous d’aller vers eux. Le pape François le dit bien: sortez, allez jusqu’aux périphéries. »

De l’économie à la théologie
Sortir : le mot résume bien la trajectoire de l’abbé Jean. Sortir de son pays, sortir de soi pour apprendre des autres et s’intégrer. Né le 1er décembre 1970 près de Pékin d’un père ouvrier, puis directeur d’une usine de vêtements et d’une mère enseignante, il étudie l’économie à l’université. S’il est élevé par sa grand-mère maternelle, veuve et catholique – « j’ai reçu une éducation stricte: elle priait le chapelet, participait aux célébrations » –, lui ne pratique pas. « Les églises étant fermées, il n’y avait pas de messes. Les catholiques se retrouvaient dans les maisons des uns et des autres pour prier. Quant à la catéchèse, elle était donnée en famille. »

La route de Jean a croisé celles de quelques prêtres chinois qui ont été des modèles : « J’ai voulu devenir comme eux, calme et profond ». Parmi eux son oncle Vincent, en ministère dans le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, qui l’a baptisé pendant un de ses voyages en Chine, en 1980. « Pendant mes études à l’Université de Pékin, j’ai commencé à m’interroger sur la mort, à réfléchir au sens de la vie. Et à cheminer vers le sacerdoce. »

Un long apprentissage
Après deux ans de séminaire, Jean quitte son pays. Il est accueilli en septembre 1993 à Genève par Mgr Amédée Grab, alors évêque auxiliaire, et la communauté Saint-Jean. C’est le début d’un long apprentissage. Il gagne Fribourg : il loge chez les cordeliers, fait l’Ecole de la foi et apprend le français. Enfin, en 1996, il entre au séminaire et commence ses études de théologie. De ses années de formation, il retient surtout les encouragements de Mgr Pierre Mamie : « Cherche le Christ chez les autres et garde un cœur humble ». Et de Mgr Bernard Genoud, qui l’ordonne prêtre le 26 juin 2006 à Montreux.

Nommé vicaire sur l’UP Riviera-Pays d’Enhaut (paroisses de Montreux, Villeneuve, Clarens et Château-d’Oex), il s’intègre petit à petit: « La pastorale, la catéchèse, mais aussi la culture et la société : tout était différent. Je revenais sur terre ». Bien vite il prend ses marques grâce aux curés Michel Pillonel et Gilles Gachoud, mais aussi par ses nombreuses rencontres : « J’aime parler avec les personnes âgées, ce sont des sages ».

La rencontre est essentielle
Pour Jean, « être prêtre, c’est aller vers les autres. Aujourd’hui, il faut rejoindre les gens là où ils vivent, les jeunes en particulier. Si je reste dans mon église, ils ne viendront pas. C’est à moi à faire le premier pas. La rencontre est essentielle : elle permet de faire connaissance dans le respect, d’aider l’autre à prendre conscience de sa valeur. C’est seulement alors qu’on peut aller plus loin, aborder les questions spirituelles ». Car « la première qualité pastorale est l’écoute, qui fait du bien. Une écoute sans jugement, sans préjugés ». Et puis, qu’on arrête de mettre le prêtre sur un piédestal, cela l’agace : « On est tous les mêmes, alors pas de hiérarchie entre nous, car le pouvoir, c’est le diable. Chacun sa place, bien sûr : lorsque je célèbre, je suis ministre du sacré, et je le fais avec un profond respect. »

Aujourd’hui, Jean rend grâce à Dieu pour le chemin parcouru : « Il faut traverser la nuit pour accueillir l’aurore ». Et il se réjouit de rejoindre notre UP : « C’est un nouveau défi. Mais je n’ai pas peur de l’inconnu. Et je désire rencontrer les paroissiens ».

Notre saint patron: saint Michel archange

Saint Michel archange est depuis 1970 le patron de notre chapelle, qui accueille depuis 2005 une icône écrite par Jost Freuler. Ainsi, en septembre, la communauté marque l’événement, d’autant plus que saint Michel est fêté le 29 du mois avec les archanges Gabriel et Raphaël.

Par Sylvie Humbert
Photo: Evelyne Pintado 

L’icône écrite par Jost Freuler a été installée dans la chapelle.
L’icône écrite par Jost Freuler a été installée dans la chapelle.

En ouverture, un bref historique de notre chapelle. Pour l’esquisser, je me suis appuyée sur deux sources : « Begnins à rebrousse-temps » de Gabrielle Sénéchaux et « Notes sur l’église de Begnins » de François Gervaix parues dans la Revue historique vaudoise.

En 1370, une chapelle est construite dans le village par le noble Peyronnet Mestral de Begnins sous le vocable de Saint-Michel. Elle est située au nord de ce qui est désormais le temple protestant. Cette chapelle ayant été abandonnée par les seigneurs de Cottens, la commune en fait murer l’ouverture. Elle tombe sans doute en ruine puisqu’un plan du commissaire Gignillat datant de 1702 et conservé aux archives cantonales représente le temple sans la chapelle Saint-Michel. C’est peut-être pour cette raison que lors de la construction de la chapelle catholique, en 1969, et de son inauguration, le 17 mai 1970, saint Michel archange est choisi comme patron.

Faire place à Dieu
En 2005 Jost Freuler, un paroissien, offre à la communauté une icône de saint Michel écrite de sa main. Le 2 octobre, nous organisions une grande fête en l’honneur du saint patron de la chapelle. Depuis, chaque année au mois de septembre, nous marquons l’événement, de façon plus modeste toutefois !

Ce qui devrait nous interpeller, c’est la signification du nom Michel : « Qui est comme Dieu ? ». Question qu’il a dû poser au prince des anges, qui voulait prendre la place de Dieu et qu’il a combattu victorieusement. Question qu’il nous pose à nous aussi. Quand nous cherchons à tout maîtriser, savoir, comprendre. Quand nous décidons de ce qui est juste ou injuste. Quand nous pensons pouvoir nous passer de Dieu en organisant nos vies de telle façon que nous lui laissons la portion congrue. Ne faisant appel à lui que quand les choses ne se passent pas comme nous l’avions prévu. Pensons à Job qui, après avoir tout perdu sauf la vie et retourné longuement la question du pourquoi, finit par confesser que Dieu est Dieu, mais certainement pas un comptable. (Lisez à ce propos le magnifique livre de la pasteure Marion Muller-Collard intitulé « L’autre Dieu. La plainte, la menace et la grâce » aux Editions Labor et Fides.)

Un archange, selon la tradition, a la charge d’une communauté, d’un pays, d’une grande quantité de gens. Il n’est pas, comme un ange, protecteur d’une seule personne. Peut-être que sous sa protection, notre communauté pourra grandir si ce n’est en nombre, du moins en sagesse. Car même si notre époque ne semble pas propice aux Eglises, elles demeurent essentielles à la propagation de la foi. Nous ne nous battons pas seuls : l’archange saint Michel est avec nous !

Les servants de messe à Paray-le-Monial

Les servants de messe de l’unité pastorale Nyon-Terre Sainte seront à Paray-le-Monial, en Bourgogne, du samedi 7 au mardi 10 octobre. Un programme varié attend les participants.

Par Corinne Parodi
Photo : DR, Geneviève de Simone-CornetTous les trois ans, les responsables des servants de messe de notre unité pastorale proposent un pèlerinage aux jeunes. Après Rome, Lourdes et Einsiedeln, c’est la petite ville de Paray-le-Monial, en Bourgogne, qui accueillera un groupe d’une cinquantaine de personnes: les servants de messe, leurs responsables et quelques parents.

Paray-le-Monial est la ville du cœur de Jésus. Elle est un des rares endroits au monde où il est apparu. A plusieurs reprises, vers 1675, il s’est manifesté à une religieuse, sainte Marguerite Marie Alacoque : « Voici ce cœur qui a tant aimé les hommes jusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart qu’ingratitude. Je ferai de toi un instrument pour attirer des cœurs à mon amour ».

Visites ludiques, jeux de piste, parcours Vita, bricolages, témoignages et rencontres feront de ces quatre jours un moment fort de la vie de foi de nos servants !

Rencontres festives
Rejoindre le groupe des servants de messe, c’est aussi participer à d’autres rencontres festives tout au long de l’année :

vendredi 17 novembre : soirée photos et repas à 18h30 à Nyon pour les familles des servants ayant participé au voyage à Paray-le-Monial.

Week-end des 16-17 décembre : atelier biscuits et chocolat à Founex.

Week-end des Rameaux, 24-25 mars 2018 : atelier floral à Founex.

Samedi 23 juin 2018 : sortie accrobranche à Saint-George, puis messe à Nyon à 18h.

Envie de rejoindre l’équipe des servants de messe?

Nyon, Begnins, Crassier :
Corinne Parodi, 077 442 54 60corparodi@yahoo.co.uk

Gland :
Mariann Horvath, 079 368 34 84, mariann.horvath@bluewin.ch

Founex :
François Grillon, 022 960 52 62, frgrillon@bluewin.ch ou Jeanne-Marie de la Barre, jeannemarie.delabarre@yahoo.de 

Saint-Cergue :
Céline Vernet, 078 621 82 19, celinevernet@yahoo.com

Les 60 ans de sacerdoce de l’abbé Claude Almeras

Propos recueillis par Karin Ducret
Photo : Karin Ducret
L’abbé Claude Almeras a eu l’immense bonheur de célébrer les 60 ans de son sacerdoce le 1er juillet 2017. Les paroissiens et paroissiennes de Chêne-Thônex, où Claude Almeras a été curé de 1983 à 2005, ont eu la joie de fêter leur ancien curé le 25 juin. Le 1er juillet l’abbé Almeras a célébré la messe de grâce dans l’intimité de sa famille et ses amies et amis.

Claude Almeras est né à Lausanne en 1930 et a été baptisé à l’église du Sacré-Cœur d’Ouchy, où il a eu le privilège de rencontrer Maurice Zundel plus tard. Au moment de son ordination en 1957, l’Eglise est très hiérarchisée, la messe célébrée en latin. Le IIe Concile du Vatican est donc un moment très important dans sa vie ! L’Eglise entame alors sa profonde transformation, notamment avec la messe face au peuple et dite en français !

 

«Le ciel est en nous, et chacun y est une étoile.»
Maurice Zundel

 

L’abbé Almeras commence son ministère à Saint-Antoine-de-Padoue à Genève. A ce moment il est aussi nommé aumônier militaire – service qu’il accomplit jusqu’à ses 65 ans. Puis il part à la paroisse Notre-Dame-Immaculée à Nyon, puis à la paroisse Saint-Martin à Onex, où il crée la nouvelle l’église Saint-Marc. Enfin, l’abbé  Almeras arrive à Thônex le 1er septembre 1983, où il devient curé de la paroisse Saint-Pierre, tandis que l’abbé Georges Seren est curé de celle de Saint-François de Sales à Chêne-Bourg. En 1990 l’abbé Seren demande à être relevé de ses responsabilités de curé et il devient prêtre auxiliaire jusqu’à sa retraite en 2003. L’abbé Almeras devient donc de facto le curé unique de la paroisse « Chêne-Thônex » dont la réunification est officialisée le 1er juin 2006. Pendant plusieurs années il est également archiprêtre et président du conseil des archiprêtres. La restauration de 1987 à 1988 de l’église de Thônex, datant sous sa forme actuelle de 1707, est un moment mémorable dans la vie de la paroisse. Les fouilles archéologiques entreprises en même temps par le Service cantonal d’archéologie dégagent notamment un groupe de tombes témoignant d’une première utilisation funéraire datant entre 525 et 695 de notre ère !

Dans sa paroisse, la plus grande joie de l’abbé Claude Almeras est de rencontrer les gens, d’être là pour eux par la Parole et les Sacrements et par sa présence dans leur vie de tous les jours. Une relation extraordinaire le lie aux jeunes de la paroisse. Par ailleurs, pour améliorer la communication entre ses paroissiennes et paroissiens, il crée la « feuille dominicale ».

« Assister en 60 ans à un monde qui change et une Eglise qui se transforme est une expérience phénoménale ! Ma grande question est : que va devenir l’Eglise ? »  nous confie l’abbé Almeras et il ajoute : « Mais je crois profondément en L’Esprit Saint qui est là et qui veille… »

L’amour ne jalouse pas

Poursuivant sa méditation sur l’Hymne à la charité (1 Co 13) 1, le pape François nous invite à nous libérer de la jalousie. Alors que l’envie nous porte à nous centrer sur nous-même, l’amour vrai conduit à se réjouir du succès des autres.

Par Bertrand Georges
Photo : DR
A qui n’est-il jamais arrivé de se sentir un peu mal à l’aise en raison du succès des autres, ou de ne pas pouvoir s’en réjouir ? Pour le pape François, l’amour vrai, qui nous invite à regarder les personnes avec le regard de Dieu, nous aide à ne pas sentir le succès d’autrui comme une menace et nous libère du goût amer de l’envie. Cet amour, dit-il, « accepte que chacun ait des dons différents. Il permet donc de découvrir son propre chemin pour être heureux, permettant que les autres trouvent le leur ».

Ne pas jalouser, donc… Pourtant le Pape nous donne une autre indication éclairante lorsqu’il dit que l’amour « est ce qui me porte à m’opposer à l’injustice qui consiste en ce que certains ont trop et que d’autres n’ont rien ». Dans ce sens, je pense que la jalousie peut également être un signal qui révèle un besoin de justice et de reconnaissance. L’enfant agacé par son frère à qui tout réussit est-il simplement envieux, ou manifeste-t-il un manque de confiance en lui, un besoin d’être valorisé, un désir d’équité ? Les parents sauront être attentifs à aider leurs enfants à se réjouir du bonheur des autres tout en valorisant chacun dans ses richesses propres.

Et dans le couple ? Qu’en est-il de cette jalousie nourrie par un désir de possession exclusive qui revêt le visage de l’inquiétude, de la peur, parfois du soupçon ?  N’est-il pas normal d’être jaloux lorsqu’on aime ? « Il y a dans la jalousie plus d’amour-propre que d’amour », disait La Rochefoucauld. Ces excès de possessivité témoignent de l’amour de soi plus que de l’autre.

Ceci dit, montrer trop d’intérêt à d’autres personnes peut créer chez le conjoint un sentiment d’insécurité qui engendre la méfiance. Et il n’est pas très agréable non plus de se sentir toujours suspecté. La confiance mutuelle et les sentiments exprimés, qui dispensent de quêter ailleurs son besoin d’être aimé ou reconnu, sont des chemins pour un amour libéré de la jalousie.

1 Cf. Amoris Laetitia, pp. 95-96.

Voulez-vous participer à la vie de la paroisse?

Messes en famille : une animation simple et des activités proposées aux enfants font retentir la Parole de Dieu dans une tonalité joyeuse. Les messes en famille seront célébrées les samedis 14 octobre, 25 novembre, le dimanche 24 décembre à 17h pour fêter Noël, ainsi que les samedis 27 janvier, 24 mars, 21 avril et 2 juin à 18h à l’église Saint-François de Sales, Chêne. Contact : Sabrina Faraone, 078 922 40 49

Groupe des Aînés et chrétiens retraités (MCR) : réunions mensuelles dès le 10 octobre, puis les deuxièmes mardis de chaque mois à la salle Saint-François, Chêne. Rejoignez-nous à 14h15 pour le Mouvement des chrétiens retraités (MCR) et à 15h30 pour la célébration de la messe. Contacts : Mmes Charlotte Croce, 022 349 81 35 et M.-Claire Chenu, 022 347 0 63 ; pour les personnes ayant des difficultés à se déplacer, contactez Evi Hairer, 022 349 70 31.

Groupe biblique œcuménique de Chêne-Thônex :  l’étude de textes bibliques ouvre la voie à un partage qui nous permet de regarder notre actualité et nos vies à la lumière de la Parole de Dieu. Le groupe se retrouve chaque premier mercredi du mois à 20h à partir du 4 octobre à la salle Saint-François à Chêne. Contact : secrétariat de la paroisse, 022 348 59 42.

Evangile à la maison : rencontres d’un petit groupe à Thônex qui partage l’Evangile de Marc, l’actualisant par leurs observations et réflexions. Vous êtes cordialement invité-e à vous joindre à nous – nous commençons le jeudi 21 septembre à 19h. Infos : karin.ducret@bluewin.ch, tél. 022 320 60 40.

Le Groupe œcuménique Tiers-Monde des paroisses catholique et protestante Chêne-Thônex a été lancé il y a plus de 35 ans. Après de nombreuses actions dans le passé le groupe continue aujourd’hui encore ses réflexions sur les problèmes des pays en voie de développement et élabore sa traditionnelle « Action de Noël ». Contact : Martine Gros, 022 348 73 81.

La Fête paroissiale (kermesse), c’est la réalité de notre communauté qui se manifeste par la fête. C’est un comité qui tout au long de l’année la prépare. La prochaine « Fête paroissiale » aura lieu en novembre 2017. Contact : Francine Winiger, 022 349 60 73.

Ecole de l’Action : vous êtes dans un chemin de Foi, jeunes, ou moins jeunes… mais vous vous sentez un peu seul dans cette démarche – il vous serait précieux de pouvoir en parler avec d’autres, réfléchir ensemble à la lumière de l’Evangile : Comment agir dans ce monde ? Agir, c’est vivre, aimer, s’épanouir… Contacts : Monique et Jean-Pierre Tschalèr, 022 348 78 14 ; jp.tschaler@bluewin.ch ; mo.tschaler@gmail.com

La Chorale de Chêne-Thônex est actuellement en réorganisation et en attente d’un organiste, agréé par les conseils, disponible pour des répétitions afin de combler son désir de refaire chanter l’assemblée paroissiale. Contact : 022 750 19 65.

Prière du rosaire : dès le 4 septembre tous les lundis à 16h30, récitation du Chapelet à la Chapelle Saint-François de Sales (Chêne). Informations : Jeanine Mesot, 022 348 62 53.

L’adoration eucharistique : dès le 8 septembre tous les vendredis de 15h à 18h30 à l’église Saint-Pierre. Informations : Jeanine Mesot, 022 348 62 53.

Prière œcuménique : dès le lundi, 11 septembre à 18h, au Centre paroissial protestant de Chêne-Thônex, rue de Genève 77. Informations : Monique Degourmois, 022 348 16 38.

Chapeaux, voile, cheveux

Par Dominique Marie
Photo : « Le Nouvelliste » du 13 mai 2017 © Albert Nyfeler, Médiathèque Valais – MartignyEnfant, avec l’une ou l’autre copine, un de nos passe-temps du moment consistait à saluer un vieux monsieur du quartier, toujours bien mis, avec canne et chapeau : fort courtoisement, il nous répondait immanquablement en soulevant son couvre-chef ; était-il dupe de nos jeux de gamines d’alors ?

Gamine toujours, lors de vacances en Italie, les visites de chapelle ou d’églises étaient toujours empreintes d’une certaine solennité: je revois encore ma mère : jamais les épaules nues, bien que nous étions en vacances, mais surtout toujours nantie d’une petite mantille pour l’occasion. Et la messe du dimanche ? Le curé du lieu officiait, sans s’offusquer des enfants qui « courataient » dans l’allée centrale : endimanchés, ils étaient pourtant bien plus petits que moi. Petites robes et nœud dans les cheveux, pour les bambines, mais surtout, ce qui me revient en mémoire, ce sont les petits garçons en short bleu marine ou noir, chemise blanche et nœud papillon – crois-je me souvenir – chaussettes blanches et sandales fermées, noires vernies s’il vous plaît !!! (Ça j’en suis sûre.)

Pas besoin d’aller si loin (sinon dans le temps). Une photo bien de chez nous est très édifiante sur la belle tenue et prestance d’alors, puisqu’elle date de 1915. Non seulement les mamans, mais aussi les enfants, y compris les nourrissons, étaient coiffés (aucun homme ne figure sur ce document).

Dans notre histoire personnelle (même revisitée), il y a eu notre Guillaume Tell refusant de se découvrir devant le bailli Gessler… ; ou, il y a moins de 100 ans de cela, l’exhibition en place publique, de femmes, le crâne rasé, car s’étant soumises à l’ennemi.

Vieillissante désormais, je suis quelque peu offusquée par des marraines prononçant un engagement de baptême dans nos églises, vêtues comme pour la plage ou par des mariages qui se font en jeans. Doit-on déplorer ce relâchement général ? Autres temps, autres mœurs. Des touristes en short et nus pieds qui visitent les lieux de cultes expriment-ils à leur manière leur conception de la foi ?

Saint-Maurice! Tout le monde descend!

PAR PIERRE-GEORGES PRODUIT
PHOTOS : ANDREA MORESINO ET FRANZ MÜLLER

L’une des chapelles du Ranft.
L’une des chapelles du Ranft.

Nicolas de Flüe écrit à un dominicain en 1469 : « Lorsque j’étais un jeune homme, je pris une épouse et j’étais puissant au tribunal et au Conseil, ainsi que dans les affaires d’Etat de ma patrie. Cependant je n’ai pas souvenir d’avoir favorisé quelqu’un, de telle sorte que je me serais écarté du chemin de la justice. Devant tous les hommes, je louais et j’appréciais la race des rois et des prêtres, c’est-à-dire les prêtres du Christ, de telle sorte qu’il me semblait voir un envoyé de Dieu dès que je voyais un prêtre. Ce n’est que de cette façon, je pense, que j’en vins à éprouver un tel respect et une telle vénération pour le Saint Sacrement du Corps et du Sang de Jésus-Christ. »

Ces propos, Nicolas les tient deux ans après avoir quitté sa famille, son exploitation de paysan de montagne et ses fonctions politiques et militaires dans le canton d’Obwald. Né en 1417, à 50 ans, il quitte tout après des années de questions et de prières. Il quitte non pas parce qu’il veut, mais parce qu’il le doit.

Dans le registre paroissial de Sachseln de 1488, on lit ceci : « Il apparaît aussi que frère Nicolas aurait dit plus d’une fois que Dieu lui avait accordé entre autres trois grandes grâces : la première était qu’il obtint de sa femme et de ses enfants la permission de se consacrer à sa vie d’ermite, la deuxième qu’il n’éprouvât jamais le besoin de se détourner de ce mode de vie et de revenir auprès de sa femme et de ses enfants, la troisième qu’il put vivre sans manger et sans boire. »

En 2017, 600 ans après la naissance de Nicolas, 70 ans après sa canonisation par Pie XII, il apparaît heureusement de plus en plus qu’on doit relier en permanence Nicolas à son épouse Dorothée. Peut-être n’a-t-on pas, en son temps, prêté assez attention à cette phrase du discours de Pie XII le lendemain de la canonisation : « De son union de vingt ans avec Dorothée Wyss, il forma une famille florissante avec dix enfants. Aujourd’hui, à cette heure solennelle, le nom de son épouse mérite d’être cité aussi. A travers le renoncement volontaire à son époux, un renoncement qui ne lui fut pas facile, et à travers son attitude sensible et véritablement chrétienne durant les années de séparation, elle a œuvré afin de vous offrir le sauveur de la patrie et le saint. » Nous avons tendance à replacer les saints dans les temps où ils ont vécu. C’est bien et nécessaire d’un côté, mais c’est faux aussi. Les saints sont des vivants, des vivants maintenant. Quand nous prions Marie ne dit-on pas : prie pour nous maintenant ? Nicolas et Dorothée prient maintenant pour notre pays, nos familles et le monde entier. Que demandent-ils ? Dieu le sait ! Ses pensées ne sont pas nos pensées, mais peut-être nous sera-t-il possible de le savoir un peu si nous nous intéressons à la vie de frère Nicolas, si nous pèlerinons de temps en temps avec lui vers le Ranft… Nicolas aimait par-dessus tout la paix, « la paix qui est toujours en Dieu ». Le cardinal Charles Journet a écrit dans son livre : Saint Nicolas de Flüe : « Pourquoi la Suisse en plein milieu de deux guerres d’une violence extrême, incertaine de son avenir le plus proche, a-t-elle été épargnée, la première fois pendant quatre ans, la deuxième pendant six ? Nous n’étions ni plus intelligents, ni mieux armés, ni d’aucune autre manière meilleurs que tant d’autres peuples, qui, l’un après l’autre, ont été engloutis par la fournaise. Nous n’en saurons la vraie raison que lors de la révélation au Dernier Jour. »

Une journaliste tessinoise, Kathrin Benz, descendante de Nicolas par sa maman obwaldienne, a écrit un livre très intéressant et bien documenté sur son ancêtre à l’occasion du 600e anniversaire de sa naissance. J’aimerais m’arrêter juste sur son titre : « Der Aussteiger » ! Vous souvenez-vous de l’époque où les contrôleurs CFF traversaient les wagons en annonçant chaque gare ? Quand arrivait Saint-Maurice, ils annonçaient souvent, surtout en fin de journée : « Saint-Maurice, alles aussteigen ! Saint-Maurice, tout le monde descend ! » Et il fallait changer de train… pour aller plus loin. Eh bien, Nicolas, un jour, est descendu du train ! Qui n’a pas parfois envie, aujourd’hui, de descendre du train ? Nicolas, en ce sens, est bien de notre temps et pour notre temps. S’intéresser à lui, c’est s’intéresser à nous. Il est plus proche de nous que nous-même dirait saint Augustin. « Et quiconque aura quitté maison, frères, sœurs, père, mère, enfants ou champs, à cause de mon Nom, recevra le centuple et aura en partage la vie éternelle. » (Mt 19-29) Nicolas fait donc ses adieux, prend une autre voie et part pour l’Alsace. Il ne reviendra plus, pense-t-il. A peine arrivé à Liestal le voilà poussé par un paysan à retourner sur ses pas. Il a tout quitté… et il se retrouve quelques jours après dans la gorge du Ranft, à quelques centaines de mètres de sa maison ! Il a tout quitté pour Dieu seul… et il retrouve tout et tous, mais autrement, dans un autre train, sur une autre voie, à un autre niveau, dans un autre esprit. Il voulait la solitude, il l’a dans la cellule et la chapelle que ses compatriotes lui construisent deux ans après son retour. Pour le faire, il fallait qu’ils soient convaincus de sa sainteté ces confédérés méfiants, rugueux, fiers… et parfois assez attachés à l’argent ! La solitude bien sûr et pourtant que de visiteurs venus chercher auprès de lui conseils, consolation, guérison, réconciliation. Il a tout quitté pour Dieu et voilà qu’il l’a fait pour nous aussi. En effet, parlerait-on de Nicolas de Flüe aujourd’hui s’il n’était pas descendu du train et dans les gorges du Ranft il y a 600 ans ?

Finissons ce papier, qui se trouve être le dernier que j’écrirai pour notre petit journal, par un extrait de la prière du pape saint Jean-Paul II, le 14 juin 1984 devant le tombeau de frère Nicolas à Sachseln : « Par frère Nicolas et sa femme en odeur de sainteté, laisse-nous (Seigneur) reconnaître de plus en plus que la vraie réconciliation et la paix durable ne peuvent venir que de Toi. C’est pourquoi nous nous ouvrons à l’Esprit, en Te priant ensemble instamment pour la paix dans nos cœurs et la paix dans le monde, avec les paroles même du saint : Mon Seigneur et mon Dieu, ôte de moi tout ce qui m’éloigne de Toi. Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi tout ce qui me rapproche de toi. Mon Seigneur et mon Dieu, détache-moi de moi-même pour me donner tout à Toi. »

Hommage à notre directeur Yvon Luisier

PAR PASCAL CRETTENAND
PHOTO: JEAN-PIERRE GUILLERMINCher Yvon,

Tu étais un directeur très apprécié… Tu étais un chef de chœur chevronné… Tu étais surtout une personne qui savait cultiver l’amitié. Pour notre ami Yvon, le chant, c’était sa passion.

Souvent, il aimait à le dire, le chant, c’est la voix du cœur.

Une personne qui chante laisse parler son cœur. Compositeur, harmonisateur, arrangeur, musicien, Yvon a tenu la baguette de notre chorale pendant plus de dix ans.

Douze années durant lesquelles « La Thérésia » a connu, sous sa houlette, de nombreuses activités villageoises mais aussi des animations qui sortaient de l’ordinaire. Il faisait sienne la devise qui dit : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir ! »

Toujours partant, toujours disponible, il avait du plaisir à faire plaisir et à donner un peu de chaleur aux personnes qui étaient dans la peine. C’est ainsi que notre chorale participa à des animations dans les homes et dans les hôpitaux.

Je vous livre une petite anecdote qui montre qu’Yvon était un battant. Malgré ses ennuis de santé, il ne pouvait refuser les sollicitations de ses amis et c’est avec un courage exemplaire et un désir de bien faire qu’il n’a pas rechigné à faire deux années consécutives la grimpette à pied des 49 virages pour diriger la messe à l’alpage d’Eindzon.

« Plus c’est haut, plus c’est beau, disait-il. Les voix sont meilleures et les sons parviennent plus vite jusqu’au Très-Haut. » Il se réjouissait de répéter cet exploit cet été encore avec ses copains-amis du CopTuor, groupe qu’il a créé pour les médiévales de Saillon.

Dernièrement encore, Yvon rayonnait, ses yeux étincelaient, son visage respirait la joie de vivre lorsqu’il me faisait part des projets pour notre chorale. Si Yvon vivait intensément le moment présent, il regardait attentivement vers le futur.

Avec philosophie, il aimait à dire qu’une chorale qui n’a pas de projets est une société qui se meurt. Des projets, pour nous, il en avait… Une grande manifestation qui lui tenait à cœur, après les deux magnifiques représentations des théâtres musicaux « De la Pierre à l’Erable » et de « Bienvenue à Bedjuiland », c’était la troisième édition qui se préparait gentiment mais sûrement en coulisses.

Les apparences sont parfois trompeuses… Sous son aspect un peu bohème, on le pensait souvent ailleurs, mais en réalité, il était à la recherche du meilleur…

Très soucieux, il faisait preuve d’une grande sensibilité et en aucun cas, il n’aurait voulu blesser quiconque.

Yvon était très humble. Lorsqu’on le complimentait pour les prestations des chorales qu’il dirigeait, il disait simplement : « Ils chantent bien les miens. Le mérite et les éloges leur reviennent. »

Yvon, tu vas nous manquer… Malgré la peine et les chagrins qui nous étreignent, nous savons que tu nous demandes d’avancer.

… Ce que tu as chanté, en d’autres jaillira…

… Ce que tu as semé, en d’autres germera…

Nous sommes dans l’espérance que là-haut avec les anges, tu harmoniseras pour nous des mélodies célestes. Au nom de tous les chœurs qu’Yvon a dirigés : les chœurs d’enfants, les chœurs d’adultes. Au nom de tes amis-copains du CopTuor. Au nom des Thérésiennes et des Thérésiens que tu as chéris et qui t’ont beaucoup aimé, nous exprimons toute notre sympathie et présentons à ta famille ainsi qu’à tes proches nos sincères condoléances.

Adieu Yvon…

Tu es maintenant à Dieu…

Sois heureux.

Ré-vélation et dé-voilement

Par François-Xavier Amherdt
Photo : CIRIC
« Rien n’est voilé qui ne sera révélé, rien de caché qui ne sera connu. Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le au grand jour ; et ce que vous entendez dans le creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits. » (Matthieu 10, 26b-27)

En Jésus-Christ, Dieu se « ré-vèle » à tous sans exception, surtout aux humbles et aux petits. Les deux termes ré-vélation et dé-voilement signifient « enlever le voile ». Ce qui jusqu’alors était réservé à un peuple et à une élite, voilà qu’avec le Fils de Dieu qui a pris chair humaine, tous peuvent y avoir accès. « Père, je te bénis d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits. » (Matthieu 11, 25)

Le mystère du projet divin, « enveloppé de silence » depuis des siècles (Romains 16, 25), s’est ainsi manifesté au grand jour : Dieu veut tout récapituler en son Fils et offrir à tous les êtres le salut (Ephésiens 1, 9-10), autant aux juifs qu’aux païens et à l’ensemble des nations. A la mort du Christ sur la croix, le voile du sanctuaire qui séparait le peuple du Saint des saints dans le temple de Jérusalem se déchire en deux, de haut en bas (Matthieu 27, 51). Désormais, l’accès au Père est libre et possible sans retenue, sans peur ni dissimulation.

Le mystère du face-à-face
Alors que Moïse avait dû revêtir un voile sur son visage en descendant du Sinaï, où il avait pu contempler la gloire du Seigneur, de peur que les fils d’Israël en soient éblouis, c’est le visage découvert que nous pouvons désormais lire la Parole, à l’exemple de Paul, ministre de l’Alliance nouvelle (2 Corinthiens 3, 4-17). Et c’est la face dévoilée et le « chapeau bas » que nous reflétons la gloire du Christ. « Nous tous qui, le visage dévoilé, contemplons comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image (du Christ), allant de gloire en gloire, comme de par le Seigneur qui est Esprit. » (2 Corinthiens 3, 18)

Plus besoin donc de voile ni de couvre-chef, ni pour les hommes, ni pour les femmes. Nous sommes conduits au mystère du face-à-face : Apocalypse, c’est-à-dire Révélation.

Colombière: Une paroisse dynamique et sereine

L’assemblée de la paroisse catholique de Nyon s’est tenue mardi 9 mai dans une salle sous l’église de la Colombière. Les communautés sont vivantes, les finances saines, le nouveau bulletin sur les rails avec à la clé un nouveau projet lié aux réseaux sociaux. Si la brocante s’essouffle, le projet de construction de la nouvelle église de Gland avance de façon réjouissante.

Par Geneviève de Simone-Cornet
Photo: DRUne quarantaine de paroissiens avaient rejoint la Colombière pour cette assemblée conduite par le président de paroisse Gilles Vallat. Dans son rapport, il a souligné le foisonnement des activités menées par les cinq communautés constituant la paroisse. Côté travaux, l’accent a été mis cette année sur le contrôle et la mise en conformité de toutes les installations électriques des bâtiments paroissiaux. Le projecteur et l’écran des salles 2 et 3 sous l’église ont été remplacés ainsi que la machine à laver la vaisselle de la buvette. Une table de mixage a été installée pour compléter la sono de l’église. Et une icône réalisée par l’abbé Robert Akoury, actif quelques années sur notre unité pastorale (UP), a été placée dans la chapelle de l’église.

Gilles Vallat a rappelé que le Conseil de paroisse est représenté au sein du groupe de pilotage du projet de nouvelle église à Gland, mis à l’enquête en février ; et l’existence d’un Conseil de gestion chargé de régler financièrement les activités pastorales communes aux paroisses de Nyon et Founex. Tout en constatant que « la situation matérielle des communautés est saine et leur permet de soutenir solidement leurs projets pastoraux et de partage », il a remercié, au nom du Conseil de paroisse, l’Equipe pastorale et les bénévoles engagés.

Puis il a présenté les comptes : « De très bons résultats, meilleurs qu’espérés, une situation extrêmement saine ». Ils ont été approuvés à l’unanimité. Après avoir été gérés pendant deux ans par une fiduciaire, ils ont été repris par la secrétaire comptable de l’UP, Marie-Josée Desarzens.

Une année de la famille

Le curé modérateur, l’abbé Giraud Pindi, a ensuite évoqué la situation pastorale de la paroisse. En ouverture, il a rappelé les principaux événements ayant jalonné l’année pastorale, qui a débuté le 4 septembre 2016 par la traditionnelle fête à Bonmont, « un bon moment spirituel, une réussite liturgique et un excellent temps de convivialité (apéro, repas) avec les témoignages des communautés sur le thème de l’Année de la miséricorde et de nos jeunes sur leur expérience aux JMJ de Cracovie 2016 ».

L’année pastorale 2016-1017 a été placée sous le thème de la famille, a relevé l’abbé Pindi. Il a mis en exergue plusieurs initiatives prises sur l’ensemble de l’UP pour appuyer ce thème: des exemplaires de l’exhortation apostolique du pape François sur l’amour dans la famille, « Amoris laetitia », ont été offerts aux conseillers de paroisse et de communauté ainsi qu’aux responsables de la catéchèse ; des icônes de la Sainte Famille ont été bénies et posées dans nos églises et chapelles avec la prière aux familles; samedi 25 mars, la communauté de Gland a organisé un temps de contes et de musique pour les familles à la Colombière sur le thème « Ces mots qui tissent » avec Anita et Thierry Lenoir – d’autres sont en préparation ; mercredi 3 mai, Alain Viret, du Service formation et accompagnement (SEFA) de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud, a donné une conférence sur « Amoris laetita ».

L’abbé Pindi a souligné la « grande vitalité de la catéchèse sur notre UP » en dépit de la difficulté croissante de trouver des gens qui s’engagent. En 2016 ont été célébrés sur l’UP 111 baptêmes, 132 premières communions, 75 confirmations, 31 mariages et 79 cérémonies de funérailles. De l’éveil à la foi à la confirmation, près de 600 enfants suivent la catéchèse cette année. Le curé modérateur a remercié les coordinatrices, les formateurs et tous les bénévoles engagés en catéchèse.

Les JMJ à Nyon

Il a souligné le travail qui se fait tout au long de l’année avec les autres Eglises et communautés de la région : « Nous entretenons de bons rapports avec les pasteurs des autres Eglises. Il y a près de 35 pasteurs et diacres et 21 communautés non catholiques sur l’ensemble de l’UP ».

L’abbé Pindi a rappelé les visites de son évêque, Mgr Daniel Nlandu, du diocèse de Matadi, en République démocratique du Congo, du 4 au 12 octobre 2016 ; de l’évêque diocésain, Mgr Charles Morerod, et de son auxiliaire, Mgr Alain de Raemy, pour les messes des jeunes mensuelles ; enfin, de l’abbé Christophe Godel, vicaire épiscopal pour le canton de Vaud. Il s’est félicité de la tenue des JMJ de Suisse romande dimanche 5 mars à la Colombière: la manifestation a rassemblé près de 230 jeunes et 11 prêtres autour de Mgr Alain de Raemy pour un temps de louange, de partage et d’amitié clôturé par l’eucharistie à l’église. « Un grand merci au groupe des jeunes de Nyon pour l’organisation. »

Il a déploré les départs du Père Emilien et d’Isabelle Carrel. Le Père Emilien se voit attribuer une nouvelle affectation après quinze ans de ministère à Nyon ; il sera remplacé. Isabelle Carrel, présidente du Conseil de l’unité pastorale (CUP) et du Conseil de communauté de la Colombière, a changé de domicile ; elle a été remplacée à ce dernier poste par Dominique Perruchoud. En conclusion, l’abbé Pindi a remercié l’Equipe pastorale (EP) et les laïcs engagés au sein des différentes communautés. Sans oublier les secrétaires et le concierge, Carlos Azevedo, qui prendra sa retraite en décembre : « L’EP a une relation spéciale avec notre concierge, car c’est lui qui prépare nos repas. Il arrive à la retraite. Sa présence sereine, discrète et courtoise et son savoir-faire en cuisine nous manqueront beaucoup. Je lui transmets ici les vifs remerciements de l’EP. »

En ce qui concerne le personnel laïc, Claire Gabriel, secrétaire du Conseil de paroisse, a rappelé que Marie-Josée Desarzens, secrétaire comptable de l’UP, reprend les comptes de la paroisse et qu’il faut chercher un nouveau concierge.

Sur les réseaux sociaux

Ont suivi différents rapports : bulletin de paroisse, brocante, kermesse, Tchad Missions Nyon, communautés de Begnins, Crassier, Gland, Saint-Cergue et Nyon. A relever pour la Colombière : du 7 au 11 août au collège de Grand-Champ à Gland auront lieu les Crazy Games, organisés par les Eglises de La Côte. Ce sont cinq jours de joutes sportives, de jeux de réflexion et de découverte biblique proposés aux enfants de 7 à 14 ans.

Le bulletin de paroisse est devenu, depuis son édition de septembre-octobre 2016,
L’Essentiel, Votre magazine paroissial : un nouveau titre, un nouveau graphisme, plus moderne et aéré, mais un contenu inchangé. Si le bulletin s’autofinance encore malgré un nombre d’abonnés en baisse régulière depuis quelques années – un peu plus de mille actuellement –, une réflexion en profondeur va être menée pour évaluer sa pertinence et préparer l’avenir. En outre, la paroisse va se lancer cette année dans un nouveau projet pour accroître sa présence sur les réseaux sociaux: elle va préparer des contenus que Saint-Augustin diffusera sur un blog, Facebook, un compte Instagram et par le biais d’une newsletter. Un groupe de travail va se constituer pour y réfléchir.

Un projet qui prend forme

Le projet de construction de la nouvelle église de Gland a été mis à l’enquête. Il fait face à des oppositions qui sont actuellement étudiées. On espère obtenir le permis de construire cette année et commencer les travaux l’an prochain. Les paroissiens présents ont pu se faire une idée concrète du projet à l’aide de quelques diapositives : réjouissant ! La recherche de fonds se poursuit sous l’impulsion d’un comité de pilotage : actuellement, sur les 4 millions que coûte l’église, il en manque encore 2,5 millions. Les montants récoltés proviennent des communes de Gland, Vich et Coinsins, des fonds propres de la communauté, de donateurs privés et institutionnels, communes, associations, fondations, entreprises.

Enfin, la brocante aura encore lieu cette année, dans les salles de la Colombière, les 10, 11 et 12 novembre. La dernière ? Pour le comité actuel en tout cas, qui ne souhaite pas poursuivre l’aventure. Si, en dépit des nombreuses démarches déjà effectuées, personne ne s’annonce pour reprendre le flambeau, ce sera effectivement la dernière brocante.

Le Conseil de paroisse a été reconduit dans sa composition actuelle pour un mandat de trois ans et un nouveau vérificateur des comptes nommé, Monsieur Biaggio d’Aiello, en remplacement de Monsieur Marc Vianin, démissionnaire.

Dans les divers, Jean-Paul Charles a demandé à l’EP d’étudier l’opportunité d’organiser une assemblée pastorale – annuelle ou tous les deux ans. Elle réunirait « tous les paroissiens qui souhaitent prendre connaissance de la bouche même des instances « dirigeantes » par exemple : des grandes lignes de la pastorale paroissiale : bilan et perspectives, de l’état de la paroisse et de ses mouvements, des principales satisfactions et difficultés du clergé ou des responsables paroissiaux, des lignes directrices concernant l’information, l’œcuménisme, la vie paroissiale,… ». Aux instances concernées d’y réfléchir.

Une collation a été offerte par la paroisse à la buvette à l’issue de l’assemblée.AG Paroisse de Founex 29 mars 2017: Un bel éventail d’activités
AG Communauté de Saint-Cergue le 29 avril 2017

Chapelle du Sacré-Cœur à Posieux

Par Pascal Bovet
Photo: Jean-Claude Gadmer
Paris a son Panthéon où reposent avec honneurs nationaux les personnes marquantes de l’histoire moderne de la France. Le canton de Fribourg a son petit panthéon où sont honorés les artisans de la vie politique et économique du canton.

Suite aux chauds « frottements » entre radicaux et conservateurs qui se disputaient le pouvoir au XIXe siècle, et en mémoire d’une fameuse journée qui avait rassemblé les forces conservatrices à Posieux (1852), aux portes de Fribourg, il fut donc décidé (1884)  d’édifier un mémorial : une chapelle dédiée au Sacré-Cœur.

Mais la construction ne commença qu’en 1911 et la bénédiction marquant la fin des travaux n’eut lieu qu’en 1924. Des peintures, plus tardives encore, mettent en évidence les artisans de la gloire fribourgeoise du moment : côté gauche, sous le signe de l’épée, l’autorité religieuse avec l’évêque Mgr Besson, l’abbé Joseph Bovet, chantre du pays. aux côtés d’un bien humble prévôt, et côté droit, les autorités politiques, dont José Python, l’homme d’Etat lié à la création de l’Université.

Epoque de cohésion
Cette chapelle commémorative et politique porte la marque de son temps : celle d’une république chrétienne, fondée sur une cohésion entre le politique, le religieux, le culturel, l’artisanat et l’armée. Un tout qui fait corps, sous la bannière de la foi au Sacré- Cœur.

Comme toute institution hu­maine, cette œuvre est marquée par le temps et réclame un rafraîchissement qui est à l’orde du jour.

Architecte : Alphonse Andrey
Décoration : Oscar Cattano

En vacances avec Dieu

Par Geneviève de Simone-Cornet
Photo: Jean-Claude GadmerNous voici au seuil de l’été et pour beaucoup s’ouvre un temps de vacances et de repos. Nous laissons derrière nous une année scolaire et pastorale scandée par le travail, les horaires à respecter, les rendez-vous à honorer. Une course contre la montre qui a marqué nos esprits et nos corps. Et nous voilà, comptes faits et bilans dressés, devant un temps synonyme de liberté. Comme au bord d’un lac à l’eau bienfaisante.

A nous d’y plonger pour nous régénérer. Sans précipitation. Goûtant la densité de l’instant, la chaleur du soleil sur la peau, la fraîcheur de la brise dans nos cheveux, la caresse de l’eau sur notre corps. L’été en roue libre, en espaces déployés – beaucoup d’entre nous vont parcourir des kilomètres pour rejoindre des amis à l’autre bout de la planète, s’emplir les yeux et les oreilles de rumeurs et de paysages neufs, expérimenter de nouvelles sensations. Ici ou ailleurs, l’été aura goût de liberté et de plénitude.

Que nous choisissions la mer ou la montagne, nos pas croiseront des cathédrales, des églises, des chapelles. Admirons l’architecture, les vitraux, les statues et arrêtons-nous un instant, entrons, recueillons-nous : Dieu nous y attend. La route de nos vacances passera aussi par des rencontres, de nouveaux visages, des aventures inattendues : sachons y reconnaître des signes de Dieu, notre plus sûr compagnon de route. Sur les sentiers pentus des Alpes, sur une plage de Bretagne, dans une ville chargée d’histoire et de culture, il marche avec nous.

Et puis, nombreux sont les pèlerinages, à pied ou à vélo, diverses les retraites proposées tout au long de l’été : autant d’occasions de vivre des expériences fortes avec d’autres chrétiens, de faire le point avant la reprise, de prendre le temps de la prière, de donner toute sa place au silence. Et si nous quittions nos activités habituelles pour mieux rencontrer Dieu ? Si nous osions lui ouvrir toute grande la porte de notre cœur ? Si nous prenions quelques jours pour lui en vivant au rythme de la prière de moines, de moniales ? Enfin, pourquoi, comme nous le propose le pape François, ne pas emporter une bible dans nos bagages « pour ne pas manquer une bonne lecture » ?

L’été est un temps privilégié pour rencontrer Dieu : il nous rejoint sur tous les chemins de nos vacances. C’est d’abord à l’intérieur qu’il nous attend, pour parler à notre cœur. Ne manquons pas ses rendez-vous, haltes bienfaisantes pour reprendre souffle sur nos routes d’humanité.

Bonnes vacances à chacun sous le regard de Dieu !

Voile et liberté

Par Nicole Andreetta
Photo : Ciric« Au collège, il y a des filles qui portent un foulard, ça fait classe ! » Cette remarque de notre fille souligne le côté positif de la diversité, ainsi que l’enrichissement qu’elle pourrait engendrer.

Sa grand-mère, en revanche, ressent le port du voile comme une régression, voire un danger. C’est en luttant et en s’affirmant que les femmes de sa génération ont obtenu le droit de vote en 1971. Difficile dans ces circonstances d’associer liberté et foulard.

Mon arrière-grand-mère, paysanne d’origine piémontaise, portait quotidiennement un fichu noué sur la nuque. Elle le faisait par tradition et commodité.

Il y a moins de cinquante ans, dans certaines régions catholiques, les femmes se rendaient à la messe la tête recouverte d’une mantille. C’était un signe de respect pour un lieu consacré.

Il ne fait aucun doute que le port du voile imposé par la force est une atteinte aux droits humains ainsi qu’à la liberté des femmes. Il en va peut-être autrement lorsqu’il procède d’une démarche personnelle.

Quatre femmes de Suisse romande, deux chrétiennes et deux musulmanes, ont accepté de partager les raisons qui les ont conduites à se couvrir la tête. Leurs motivations nous ont interpellés. Nous nous sommes interrogés sur les origines de cette pratique. Nous avons cherché à comprendre son évolution jusqu’à nos jours.

Voile et cheveux: au cœur du symbole

Le voile signifie bien davantage qu’une simple pièce de vêtement. Il peut protéger, envelopper, séparer, délimiter, dissimuler… Symbole lié au mystère, il traverse allégrement les siècles. A la fois jeteur de ponts ou obstacle infranchissable, il poursuit son influence dans l’espace profane (public) comme l’espace sacré (privé).

Par Nicole Andreetta
Photos: Ciric, DR
Dans les temps antiques, on associait la chevelure féminine à la magie sexuelle. Les cheveux étaient séduisants, et donc dangereux.

Une loi assyrienne (XIe siècle avant Jésus-Christ) recommande aux femmes mariées, aux veuves… de ne pas laisser leur tête sans voile… Le voile de la femme mariée marque une limite entre le mari et les autres hommes.

Moïse et le prophète Muhammad se voilent à proximité de Dieu, par crainte et respect pour son mystère insondable. Dans la tradition judaïque, le talith (châle de prière recouvrant la tête) permet aux pratiquants d’entrer dans un espace consacré à la prière.
A la mort de Jésus, le voile qui séparait le Saint des saints se déchire. Dieu est alors dévoilé.

Selon saint Paul, l’homme, image et gloire de Dieu, n’a pas besoin de se couvrir la tête pour prier. En revanche, la femme, subordonnée à son mari, en a l’obligation 1. Cette pratique a été abolie en 1983 par le pape Jean-Paul II.

En prenant le voile, les moniales signifient une vie consacrée au Christ, l’humilité face à Dieu et le renoncement à un attribut de beauté.

Le Coran recommande aux femmes du Prophète de se voiler lorsqu’elles sortent afin de ne pas être importunées 2. Ailleurs, il enjoint les femmes à se couvrir et observer un comportement modeste 3. Le voile agit ainsi comme une protection 4 qui permet de franchir les limites de la maison, c’est-à-dire celles entre hommes et femmes.

Le tournant des Lumières
Les Lumières marquent une rupture entre Orient et Occident. Les sciences développent des techniques qui permettent de « voir » la « vérité ». La pensée rationnelle vise la maîtrise et le contrôle de l’insaisissable. Le religieux est ramené à la sphère privée.

La démocratie prône la liberté, l’égalité, la transparence, valeurs qui s’accommodent mal avec le port du voile dans l’espace public.

1 1 Co 11, 2-16
2 XXXIII, 59
3 XXIV, 31
4 C’est la signification du mot hidjab

Echos et résonances : quatre femmes vivant en Suisse romande témoignent de leur démarche personnelle

Kadriye, 37 ans, travaille dans un EMS
Lorsque j’étais jeune, en Turquie, je ne portais pas le voile. Je l’ai mis après le mariage. Dans ma belle-famille, toutes les femmes le portaient. Cela faisait partie du contexte social dans lequel je vivais et j’y ai trouvé du sens.
Je vis en Suisse depuis huit ans et je suis séparée de mon mari. Je dois construire l’avenir de mes enfants. Il m’a fallu trouver un emploi stable qui me permette d’obtenir une autorisation de séjour. J’ai compris qu’il fallait renoncer au voile. Cela m’a fait mal au cœur. Pendant quelque temps, je ne me sentais pas à l’aise.
Maintenant, je travaille et je suis en paix. J’ai donné la priorité à la vie. C’est aussi une manière d’être proche de Dieu, comme la prière.

Je n’ai jamais porté le voile dans l’idée de marquer une différence. Mais, je sentais que, dans le bus, on hésitait parfois à s’asseoir à côté de moi. Cela n’arrive plus maintenant.

Je souhaite que l’on respecte les femmes qui portent le voile car on ne sait pas ce qu’il y a au fond de leur cœur.

Subhan, 26 ans, prépare son brevet d’avocate
Je suis née en Irak, mais j’ai passé toute mon enfance en Valais. J’ai mis le voile à 13 ans dans le respect de mes principes religieux.

Maintenant, j’ai compris pourquoi je le porte. Dans le Coran,  il signifie la modestie. C’est pourquoi je prends la liberté de le mettre.

Quoiqu’on dise, même en Occident, la société est patriarcale. La femme est toujours considérée comme un objet. Il n’y a qu’à regarder les publicités dans la rue. Je refuse d’être vue juste sur mon apparence physique. En même temps je préférerais être davantage anonyme, car pour moi le voile est une pratique religieuse liée à ma foi, non un symbole. Mais nous vivons en Suisse et parce que des musulmanes le portent, le voile est devenu, ici, le symbole de l’islam.

Jusqu’à présent j’ai refusé les jobs où je devais enlever le voile. Je ne sais pas si cela sera toujours possible…

Sœur Catherine, 70 ans, sœur de Saint-Augustin
Notre congrégation a été fondée en 1906. Les sœurs portaient une longue robe noire, leurs cheveux étaient rassemblés en chignon.

En 1964, après le Concile Vatican II, il fut enjoint aux ordres religieux de réfléchir à la manière de revenir « aux sources ». C’est à ce moment, qu’ensemble, nous avons décidé de porter le voile. Cela permettait de mettre en avant le vœu de pauvreté en évitant des frais inutiles et des comparaisons futiles.

Dans le train, j’ai parfois l’impression que l’on m’évite. Mais il arrive aussi que l’on me cherche pour me parler ou poser des questions.

Sœur Béatrice, 66 ans, sœur de Ste-Ursule, Fribourg et Genève
Dans notre congrégation, nous avons depuis quelques années la possibilité de porter ou non le costume.

J’ai choisi de porter le costume, par conséquent, je porte également le voile. C’est ma manière de témoigner de mon engagement au service de Dieu et des autres.

J’ai longtemps travaillé à Fribourg, dans un collège. Je me suis toujours trouvée à l’aise. En revanche, pour les sœurs travaillant dans le milieu social, le costume n’était pas toujours recommandé.

Maintenant retraitée, je vis à Genève avec trois sœurs qui ont choisi l’habit civil. En déménageant, j’avais décidé que selon mes engagements, je demanderais de porter l’habit civil.

Je participe à l’animation liturgique à la prison de Champ-Dollon. Je m’attendais, conformément aux lois genevoises 5, à devoir enlever mon voile et ma croix. Personne ne m’a interpellée dans ce sens – et bien des gardiens me saluent par « ma sœur ».

Un jour par semaine, je fais de la marche. Je porte alors des jeans, c’est plus adapté !

5 La législation genevoise actuellement en vigueur et celle qui est encore en projet tendent à limiter la port de signes religieux ostentatoires.Conclusion
Le port du voile brouille les cartes quant à la place de la femme et du religieux dans notre société.

Les personnes qui nous ont fait présent de leur témoignage soulignent la cohérence de leur choix en lien avec des valeurs que nous reconnaissons et ne font pas de ce choix une pratique figée.

S’intéresser davantage à l’histoire, aux racines, au cheminement de l’autre
permettrait d’élargir un débat par trop polarisé.

Ouvrage de référence :
Voile, corps et pudeur. Approches historiques et anthropologiques. Labor et Fides 2015

La chevelure de Marie-Madeleine

marie_madeleine_ecouisDans l’iconographie du Moyen Age, la figure de Marie-Madeleine réunit Marie de Béthanie, Marie de Magdala et la femme au parfum.

Avec sa longue chevelure qui couvre sa nudité de pénitente, Marie-Madeleine personnifie la pécheresse repentante. Ses pieds nus rappellent sa vie antérieure, ses mains jointes indiquent que le pardon de Dieu s’obtient par la prière.

Plus tard, elle symbolisera, pour les protestants, la grâce de celle qui est choisie. Pour les catholiques, ardents défenseurs de la confession, elle demeurera une pénitente.

Sculpture en pierre (1311-1313) qui se trouve dans la collégiale Notre-Dame à Ecouis (Eure).

Le voile de l’homme

Dans le monde méditerranéen et proche-oriental le correspondant masculin du voile se nomme turban. Son origine remonte à la Perse antique. Dans la culture arabe et chez les sultans ottomans, le turban devait faire deux fois la taille et être plus large que les épaules.

Il pouvait ainsi servir de linceul au cas où la mort surviendrait à l’improviste. De nos jours, appelé keffieh, il est devenu l’emblème de la résistance palestinienne. Les Touaregs portent un turban composé de deux parties, celle protégeant la tête et le front et celle masquant la bouche et les narines (parties malodorantes, considérées comme honteuses). Les sikhs pratiquants enroulent leurs cheveux, qu’ils ne doivent pas couper, dans un turban.

Coiffures ecclésiastiques

Par Olivier Roduit
Infographie: Régine Bindé
Jadis, quand ils étaient au chœur pour l’office ou quand ils célébraient la messe, les prêtres portaient la barrette, terme désignant une toque carrée, munie de trois ou de quatre cornes – venant de l’italien « barretta », chapeau (cf. béret).

A la ville, les ecclésiastiques portaient un chapeau rond à large bord, qui, bien qu’appelé « romain », venait de la France du XIXe siècle.

Jusqu’au XIIe siècle les clercs portaient des habits longs, semblables à ceux des laïcs de même condition. Pour lutter contre les excentricités vestimentaires de certains, l’Eglise allait imposer des lois excluant les riches étoffes et les couleurs voyantes. Ces dernières trouvèrent alors refuge dans l’ornementation des barrettes et des chapeaux ecclésiastiques.

Ces mesures tendront à rendre l’Eglise visible dans la société et à y affirmer son pouvoir. Chez les moniales – mais il en allait déjà ainsi dans la Bible et dans toute la culture méditerranéenne et proche-orientale – l’imposition du voile symbolisait la soumission de la femme à son époux, le Christ en l’occurrence.

De plus, sous leur voile, les religieuses portaient la guimpe, morceau de toile qui couvrait la tête, le cou et les épaules et encadrait le visage. Il s’agissait par là de cacher son intimité, de neutraliser toute initiative de type sexuel. Au XIXe siècle, en France, les femmes des classes aisées se devaient de cacher leur chevelure en public.

N’oubliez pas de faire le plein!

Faire le plein, ça prend peu de temps et ça permet de rouler loin. Nos familles aussi ont besoin de carburant intérieur.

Par Bertrand Georges
Photo: Pixabay
On raconte l’histoire d’un couple affairé au milieu des cartons de déménagement. En plus du stress inhérent à cette situation, leur enfant devenait de plus en plus pénible. Les tentatives de le calmer par les cris n’ayant donné aucun résultat, les parents décidèrent de laisser leur occupation pour jouer quelques instants avec lui en étant vraiment disponibles. En peu de temps, le calme était revenu et les parents purent continuer leur tâche. Nos proches ont parfois besoin de ressentir que nous les aimons et c’est ce qui se produit lorsque nous leur accordons une vraie attention. Pour le Dr Ross Campbell, psychologue, cette manière de faire permet de remplir le réservoir émotionnel de l’enfant. Cela peut se faire par le contact physique, un regard qui rassure, une attention concentrée, et cela contribue à ce que l’enfant se sache et se sente aimé, condition essentielle à son bonheur.

Disponibilité à nos proches
De même en vacances. Nous en attendons de la détente et nous y éprouvons parfois du stress, produit en partie par le fait que nous sommes accaparés par les attentes des autres. Dans ce cas, n’est-il pas plus profitable de leur accorder une vraie disponibilité plutôt que de nous refuser, et d’engendrer ainsi un état de tension ? L’amour se dit de bien des manières, mais donner de son temps manifeste vraiment à l’autre qu’il est important pour nous. On l’aura compris, il ne s’agit pas d’une technique à utiliser de manière calculatrice : « je lui donne 15 minutes pour qu’ensuite il me fiche la paix », mais d’une attitude vraie, sincère. Cette disponibilité à nos proches comble leur besoin d’être aimés et remplit leur réservoir émotionnel. Et le nôtre aussi ! Car nous l’avons tous expérimenté, « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir ». 1

Enfin, plein ultime et sublime, les vacances nous offrent un peu plus de temps pour puiser à la Source. « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. »2

Alors, n’oublions pas de faire le plein, et vive les vacances !

1 Act 20, 35
2 Jn 4, 10

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