Communiquer l’espérance

Par Dominique-Anne PuenzieuxmediensonntagGrâce aux nouvelles technologies, nous pouvons partager instantanément l’information et la diffuser largement. Qu’elle soit bonne ou mauvaise, vraie ou fausse. Le pape François, dans son message annuel, à l’occasion de la 51e Journée mondiale des communications sociales, rappelle à tous les communicants qu’ils sont responsables de ce qu’ils diffusent et les invite à communiquer l’espérance et la confiance en notre temps.

Quel beau programme ! A nous, journalistes ou rédacteurs d’un jour, de « briser le cercle vicieux de l’anxiété et d’endiguer la spirale de la peur ». Sans tomber dans un « optimisme naïf », naturellement. Laissons de la place pour les beaux récits et les témoignages encourageants de chrétiens engagés et bien dans leurs baskets.

Dans nos paroisses se vivent tous les jours de bonnes nouvelles ! « Le Royaume de Dieu est déjà parmi nous, comme une graine cachée à un regard superficiel
et dont la croissance se fait en silence », nous rappelle le Pape. A nous de les mettre en évidence dans L’Essentiel, Votre magazine paroissial, sur nos blogs, nos pages Facebook ou nos murs Instagram. Afin de partir confiants à la rencontre du plus grand nombre et d’offrir un vaste horizon à l’Esprit.

Les JMJ à Nyon : enthousiasme et bonne humeur

Les jeunes de La Côte ont accueilli, dimanche 5 mars, les JMJ de Suisse romande. Une journée riche en émotions sur le thème « Le Puissant fit pour moi des merveilles » (Luc 1, 49). Et une expérience positive.

Par Stéphane Ernst
Photo: Stéphane Ernst, DRUn dimanche particulier que ce 5 mars, qui a vu 230 jeunes francophones (des cantons de Vaud, du Valais, de Genève, de Fribourg, de Neuchâtel, du Jura et de Berne) prendre possession des salles paroissiales de la Colombière pour vivre les JMJ romandes. Le thème de cette année, « Le Puissant fit pour moi des merveilles » (Lc 1,49), a été distribué à chaque participant sous forme de bracelet pour la journée.

Car les JMJ ne se déroulent pas seulement tous les trois ou quatre ans à l’autre bout de la planète avec trois millions de jeunes du monde entier : c’est aussi, une année, une journée régionale et l’année d’après une journée nationale. Les éditions 2017 à 2019 vont explorer des thématiques mariales proposées par le pape François.

Ainsi, après les JMJ de Cracovie en 2016, et avant Panama en 2019, il y aura à Fribourg en 2018 les JMJ suisses. Mille jeunes catholiques romands, suisses allemands et tessinois réfléchiront au thème « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu » (Lc 1, 30).

Une idée née à Cracovie
Preuve que les bonnes idées germent parfois aux moments les plus étonnants et de manière spontanée, l’idée de recevoir les JMJ de Suisse romande 2017 à Nyon a été émise à la sortie du bus au retour de Cracovie l’an passé. Nous avons profité du dynamisme et de la motivation des quelques jeunes Nyonnais présents.

Une équipe de choc s’est constituée. Elle s’est réunie pendant plusieurs mois pour préparer une journée qui s’annonçait inoubliable aux niveaux ambiance, organisation et qualité. Une équipe dont il a été dit dans les retours reçus qu’elle était « hyper organisée, motivée et professionnelle ». Samedi 4 mars, la veille du grand jour, elle était sur place dès 17 heures et jusque tard dans la nuit pour régler les derniers détails, accueillir l’équipe technique du concert, préparer les douze salles pour les ateliers du lendemain, réfléchir, couper, coller (informatiquement et avec du vrai papier et des vrais ciseaux), nettoyer, déplacer les tables, les chaises, …

Faits pour de grandes choses
Dimanche 5 mars, jour J, 8 heures 30 : les premiers bus arrivent, l’équipe d’accueil est prête pour orienter le flot de JMJistes, les aider à s’inscrire à deux des douze ateliers et leur permettre de déjeuner pour bien se lancer dans la journée !

La suite de la matinée se déroule entre des temps de louange animés par Genève et une conférence donnée par le Père Johann, de la communauté Saint-Jean. Il a invité les jeunes à réfléchir, en lien avec la thématique de la journée, sur les capacités et les dons que Dieu leur a donnés; il les a exhortés à se dépasser, à réfléchir hors des cadres habituels et à constater leurs qualités : « Vous êtes faits pour de grandes choses ».

Après un repas tiré du sac et une danse sur le parvis en souvenir de Cracovie, chaque participant a pu rejoindre deux ateliers. Au choix : Vierge pèlerine, vocations, témoignage sur Saint-Jacques-de-Compostelle, prière de Taizé, rock and roll, présentation du journalisme catholique, café-débat sur la foi avec Mgr Alain de Raemy, évêque auxiliaire du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, réfugiés, temps biblique, atelier créatif, présentation et prière du chapelet, présentation de l’Ordre de Malte. Après-midi riche et variée suivie d’un goûter bienvenu.

Dire Dieu en musique
Attendu avec impatience, le concert de Grégory Turpin, chanteur chrétien pop français, a permis de chanter, de battre des mains et de se tourner vers Dieu en musique. Les mélodies et les textes, entraînants et engageants, ont aidé les jeunes à poser des notes et des mots sur ce qu’ils vivent. Grégory a livré un témoignage poignant sur son passé et dit comment Dieu l’a littéralement remis en route.

La messe des jeunes mensuelle, ouverte aux paroissiens, a été célébrée avec tous les participants à cette magnifique journée. C’est devant une église comble que l’abbé Giraud Pindi, curé modérateur de l’unité pastorale (UP) Nyon-Terre Sainte, a accueilli Mgr de Raemy, l’évêque des jeunes, et les prêtres présents. Resteront gravées dans le cœur de chacun la musique, la communion et l’action de grâce pour les moments de partage et de charité vécus tout au long de la journée.

Merci Seigneur d’avoir permis cette journée. Merci à tous ceux qui l’ont rendue possible : l’UP, les organisateurs et les participants. Soyez bénis au nom du Seigneur Jésus.

Entre action et peurs

PAR ALESSANDRA ARLETTAZ
PHOTO 1 : ServizioFotograficoOR/CPP/CIRICEntre peurs et foi chrétienne, nous sommes aujourd’hui partagés entre deux grandes tendances en ce qui concerne l’accueil des migrants en Europe. D’un côté, le message du pape François 2, qui, face à « la tragédie de dizaines de milliers de réfugiés qui fuient la mort à cause de la guerre et de la faim », nous exhorte à ne pas seulement répondre « patience » ou « courage », mais à montrer l’exemple et exprimer « la proximité de l’Evangile », concrètement. Le grand Rabbin de France tient un discours analogue 3 : «La France, terre d’asile et d’accueil, la France, berceau des droits de l’homme ne peut fermer les yeux sur ces femmes et ces hommes qui échouent aux portes de nos frontières, avec pour seul espoir, celui de vivre.» Ces appels ont eu un succès inespéré rien que dans notre canton.

Malgré cela nous avons la deuxième face de l’accueil réservé à ces personnes. Il suffit d’aller faire un tour sur les quais de la gare de Viège ou de Brig, où, tous les jours, des personnes qui ont le visage éteint par tous les sacrifices déjà réalisés et qui se font renvoyer en Italie, notamment des mineurs non accompagnés, comme j’ai eu la tristesse de le voir en rentrant en train par ce chemin. Même si cela signifie aller pleinement à l’encontre de la charte des droits de l’homme et de l’enfant que la Suisse a ratifiée, nous fermons nos frontières par peur, car les seules choses que connaissent les gens sur les musulmans sont ce que disent les médias sur Daech, et la population associe « Musulmans » à « violence ».

N’oublions pas que nous sommes, nous aussi, un peuple de migrants (Argentine, Brésil,…). Nos ancêtres ont aussi été sujets à la xénophobie et au rejet. Nous étions, en plus, des migrants économiques, fuyant la famine… Nous sommes arrivés avec nos grands sabots dans ces pays, prenant le risque de traverser l’océan, en sachant avoir de grandes chances de ne plus voir les membres de notre famille restée au pays.

Pour conclure, je me demande, et déjà pour moi-même, qu’est-ce que je fais concrètement face à cette situation ? Suis-je spectateur, acteur… Comment agir au mieux ? Je sens que même nous, les « chrétiens » qui prônons la charité, l’amour,… sommes près de l’explosion. Nous sommes divisés entre agir et aider ou être freinés par la peur. Comment aller vers celui qui a peur et lui dire de ne pas avoir peur… Je ne peux que lui conseiller d’aller, par exemple, aux mayens de Chamoson, à l’auberge du « Temps de Vivre », où il sera servi et accueilli par des migrants en insertion, qui reçoivent là une formation, afin qu’ils se sentent bien chez nous, qu’ils ne soient pas toujours sur la défensive, qu’ils intègrent nos « traditions ». A partir de là un lien devient possible et chacun peut recevoir la richesse
de l’autre.

Ce n’est pas un message fataliste, mais un cri du cœur afin que nous soyons toujours conscients de cette situation et que notre Foi soit plus forte que nos Craintes.

Vraiment merci à tous ces gens qui se mettent à la hauteur de l’Autre qui a tant souffert…

1 Article « La crise des migrants au cœur du pontificat du pape François » du 15.04.2016, www.la-croix.com
2 Article « Les leaders religieux appellent les fidèles à la solidarité avec les réfugiés » du 06.09.2015, www.francetvinfo.fr
3 Ibid.

La Réforme, cinq siècles d’histoire

Deuxième partie – La Réforme en Suisse

Après m’être attardée sur des personnalités qui ont joué un rôle dans l’origine de la Réforme et influencé Martin Luther sans avoir toujours été reconnues à leur juste valeur, dans cette deuxième partie, je m’attache aux figures d’Ulrich Zwingli et Pierre Viret, qui ont posé les fondations de la Réforme en Suisse. Cette deuxième partie comprend deux volets. Voici le premier.

Par Fabiola Gavillet Vollenweider
Photos : DRSi notre pays est à juste titre qualifié de petit, son histoire est d’une telle complexité qu’elle pourrait décourager les amateurs les plus férus d’histoire. Difficulté supplémentaire : contrairement à la plupart des pays, la Suisse n’aime pas les figures de proue ou les héros, locaux ou étrangers (hormis Guillaume Tell qui, lui, tient plus de la légende). Aussi, pour trouver de la documentation sur ces femmes et ces hommes d’exception qui ont participé à la construction de notre pays, il faut souvent aller chercher au-delà de nos frontières, dans les archives des pays qui à ce moment-là partageaient avec nous un segment d’histoire commune.

La Suisse au début du XVIe siècle

On ne parlait pas vraiment de Suisse au XVIe siècle, mais de Confédérés fonctionnant en un système d’alliances fermées où se distinguaient des cantons et des territoires alliés dont les finalités politiques et économiques étaient différentes. Cet ensemble se composait de treize cantons, six cantons sans ville importante (Uri, Unterwald, Schwytz, Glaris, Zoug et Appenzell) et sept cantons / villes territoires (Zurich, Lucerne, Berne, Bâle, Fribourg, Soleure et Schaffhouse) ; quinze alliés souverains dont Saint-Gall, Genève, Neuchâtel, le Valais et les Grisons ; des baillages communs comme l’Argovie, la Thurgovie et le Tessin.

Les Confédérés forment un ensemble qui n’a pas de lien constitutionnel unique ou commun. Berne, Fribourg et Zurich montent en puissance depuis la fin du 15e siècle. Les Confédérés sortent victorieux des guerres les opposant au duché de Bourgogne. En 1499, ils obtiennent leur indépendance vis-à-vis de l’Empire de Charles Quint. En 1516, ils signent le traité de paix perpétuelle avec la France (toujours en vigueur). En 1526, Genève signe l’Alliance ou la Combourgeoisie de Berne-Fribourg-Genève.

La Savoie se détournant de la France pour s’allier à Charles Quint, Berne, alliée de la France, n’a plus besoin de ménager le duc Charles II de Savoie. En 1536, les Bernois occupent un territoire recouvrant l’actuel canton de Vaud, une partie du Chablais et le Pays de Gex. Ils mènent une campagne éclair pour porter assistance à leur alliée, Genève, contre le duc de Savoie.

La Suisse en 1515.
La Suisse en 1515.
La Suisse en 1536.
La Suisse en 1536.

Premiers signes de la Réforme

Lorsqu’on parle de la Réforme en Suisse, on à tendance à penser tout de suite à  Guillaume Farel, Jean Calvin et Genève. Pourtant, l’arrivée de ce dernier dans la cité du bout du lac ne tient qu’au hasard d’une route barrée par la guerre qui a modifié son itinéraire. Banni de Bâle en 1536, il se rend à Paris pour régler quelques affaires familiales avant de gagner Strasbourg, où il a l’intention de poursuivre ses études. A ce moment-là, il a déjà pris connaissance des écrits de Luther et élaboré sa propre doctrine.

A Genève, un certain Guillaume Farel l’exhorte à rester et lui demande de l’aider à asseoir la nouvelle Foi dans la cité. Il va même jusqu’à menacer Calvin. Effaré, ce dernier craint une nouvelle persécution et répond positivement à la requête de Farel. Mais bien avant cela, la Réforme avait été introduite à Zurich par un certain Ulrich Zwingli en 1524, puis à Berne dès 1528. Petit retour dans le temps.

Qui était Ulrich Zwingli ?

Ulrich Zwingli.
Ulrich Zwingli.

Ulrich Zwingli (1484-1531) est issu d’une famille de paysans aisés. Après une formation humaniste à Vienne, Berne et Bâle, il est ordonné prêtre à Glaris en 1506. Grand admirateur d’Erasme, il traduit la Bible en allemand: ce sera la toute première édition à proposer tout l’Ancien Testament dans cette langue.

Lors des guerres du Piémont, Zwingli accompagne un contingent de 150 mercenaires suisses en tant qu’aumônier. Son engagement auprès des milices ainsi que les victoires de ces soldats décident le pape Jules II à lui allouer une rente annuelle de 50 pièces d’or en reconnaissance des services rendus. Malheureusement, la chance tourne : à la bataille de Marignan, en 1515, plus de 20’000 soldats confédérés sont massacrés. Zwingli quitte l’aumônerie militaire.

Après un passage à l’abbaye d’Einsiedeln en tant qu’aumônier, il rencontre Erasme  l’année suivante. Cette rencontre marque profondément sa sensibilité humaniste. Il est nommé prêtre à Zurich. Son besoin d’un retour à la pureté originelle de l’Evangile le pousse à ne plus prêcher chaque dimanche les passages de la Bible envoyés par Rome, mais à suivre le texte biblique tel qu’il se présente. Pour Zwingli, les Ecritures sont le fondement de la foi.

Il écrit 67 thèses qu’il défend devant les autorités de la ville. Elles se laissent convaincre de la justesse de la nouvelle Foi, y voyant un moyen d’asseoir leur affranchissement politique et spirituel vis-à-vis de Rome. Zwingli est nommé prédicateur à la cathédrale de Zurich.

Malheureusement, l’enthousiasme du retour aux sources s’accompagne de débordements et d’exactions. La messe est abolie, les images et les statues détruites, la musique et le chant interdits pendant les célébrations. Dès 1524, tout nouveau-né doit être baptisé dans la nouvelle Foi sinon sa famille, dans un premier temps, se voit exilée de Zurich ; dans un deuxième temps, la punition peut aller jusqu’à l’emprisonnement et la condamnation à mort par noyade. Une première scission donne naissance aux anabaptistes qui veulent que seuls les vrais croyants soient baptisés, limitant ainsi ce sacrement aux adultes. Sur décision des autorités, leur chef de file, Félix Manz, est exécuté par noyade dans la Limmat. Zwingli ne semble pas avoir participé activement à cette dérive, mais il fera par la suite preuve d’intransigeance.

Il instaure l’obligation, pour les prédicateurs (pasteurs), de participer à des séances d’étude des Ecritures en latin, grec et hébreu cinq jours par semaine ; dans la deuxième partie de la rencontre, des laïcs sont accueillis pour une étude de la Bible traduite en allemand ; la fin de la rencontre réunit pasteurs et laïcs pour une méditation et une prière d’intercession. Nous sommes en 1525. Rome mettra un peu plus de quatre siècles, lors du concile Vatican II, à rendre ainsi la Bible accessible à tous.

Pourquoi cette intolérance ?

La Réforme, en Suisse comme ailleurs,  n’a pas été l’affaire d’un seul individu, car ainsi elle n’aurait probablement pas eu d’avenir ; mais bien du pouvoir en place. Au premier abord, on pense être en présence d’un élan humaniste et d’une volonté sincère de retrouver la pureté des Ecritures face à une Eglise éloignée de ses fondements. Mais il s’avère que ce sont surtout les pouvoirs politiques locaux aspirant à une indépendance vis-à-vis de Rome ou de l’Empire qui saisissent l’opportunité de cette réforme religieuse. Elle devient un outil de rébellion qui leur permet de prendre en main la vie spirituelle et civile des citoyens. Les autorités instituent leurs propres Eglises. Les couvents et les monastères sont sécularisés et leurs biens  affectés à des oeuvres de charité gérées par l’Etat. Les fonctions qu’assurait l’Eglise sont reprises par l’Etat.

La nouvelle Foi adoptée à Zurich, que deviennent les relations de la ville avec les cantons catholiques ? Zwingli demande simplement que la prédication selon la nouvelle Foi soit tolérée dans tous les territoires confédérés et alliés, croyant sincèrement que la force de la Parole fera le reste. Cela peut sembler naïf dans un tel contexte. La réaction des cantons catholiques face à cette évangélisation dans la nouvelle Foi ne se fait pas attendre. L’assassinat d’un prédicateur dans le canton de Schwytz déclenche un premier conflit ouvert qui est traité par voie diplomatique. Un deuxième conflit éclate, à Kappel en 1531 : Zwingli et les Zurichois essuient une défaite. Zwingli perd la vie ainsi que vingt autres pasteurs.

Malgré quelques conflits déclarés, aucun canton n’a essayé d’imposer la Réforme ou le catholicisme à un autre par la force. On a affaire à une réaction de défense, non d’agression. Lorsque « l’ingérence » ne peut se régler diplomatiquement, alors on déclenche une intervention armée. Les Confédérés savent qu’un conflit armé interne les affaiblirait face aux menaces externes et mettrait en danger leur toute jeune indépendance vis-à-vis du Saint-Empire, obtenue en 1499.

Zwingli a-t-il rencontré Luther ?

Oui, en 1529, lors du Colloque de Marbourg, qui réunissait les principales figures de la Réforme. Mais Zwingli s’en éloigna rapidement. Leur pierre d’achoppement? Ils ne s’accordaient pas sur la présence réelle du Christ dans le pain et le vin. Pour Luther, le pain et le vin de la cène contiennent la présence du Christ alors que pour Zwingli, le Christ n’est présent spirituellement que grâce à l’action de l’Esprit Saint dans le cœur des croyants. Selon lui, la présence du Christ est exprimée par l’acte des croyants participant à la cène et non par une présence dans les espèces.

Après que Zurich eut adopté la Réforme, ce fut au tour de Berne d’y adhérer. Zwingli en fut également le mentor. Mais l’adhésion de Berne sera lourde de conséquences pour le Pays de Vaud.

Les Prix Nobel de la paix

Par Olivier Roduit
Infographie: Régine Bindé

Le Prix Nobel de la paix récompense « la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix ». Huit personnalités religieuses ont reçu ce prestigieux prix.

En librairie – mai 2017

Par Claude Jenny, avec Sœur Franzisca Huber, libraire à la Librairie St-Augustin de St-Maurice

A lire

la-source-que-je-cherche«La Source que je cherche»

Après « Aimer sans dévorer » et « Oser la bienveillance », Lytta Basset vient de publier « La Source que je cherche». Dans ce nouvel essai, qui exige une lecture attentive, la théologienne vaudoise renverse pas mal d’idées reçues sur la perception du divin, en livrant son propre parcours, semé de surprises. Elle narre plusieurs rencontres lumineuses avec le divin mais dit aussi que sa quête est son pain quotidien.

« La Source que je cherche », éditions Albin Michel, 300 pages, février 2017.

 

au_bord_du-mystere«Au bord du mystère»

Une nouvelle bouffée d’oxygène que nous livre Timothy Radcliffe. Le célèbre dominicain invite les catholiques à sortir de leurs chapelles pour proclamer l’Evangile dans toute sa fraîcheur, en renonçant aux sermons défraîchis pour offrir une spiritualité joyeuse.

« Au bord du mystère – croire en temps d’incertitude », éditons du Cerf, 200 pages, mars 2017

 

fatima« Les grandes heures de Fatima »

Un pavé d’un auteur plein de ferveur pour Notre-Dame de Fatima, célèbre lieu de pèlerinage où le pape François se rendra à la mi-mai. Pour le centenaire des apparitions, cet auteur livre une somme d’explications autour de ce mystère. Un livre d’historien truffé de références.

« Les grandes heures de FatimaDu pape Benoît XV à François – Le centenaire : 1916-2017 », Editions du Parvis, 700 pages, décembre 2016

A voir

13e_jourLe film « Le 13e jour »

Sur Fatima, à signaler également la sortie en DVD du film « Le 13e jour », documentaire qui a reçu à sa sortie de nombreuses distinctions et qui narre le récit déroutant des multiples apparitions de la Vierge à Fatima.

« Le 13e jour », film de Ian et Dominic Higgins, sorti en 2016, 85 minutes.

A écouter

pianetta« Pianetta » d’I Muvrini

Un bijou de CD signé par le groupe corse I Muvrini qui a une nouvelle fois fait salle comble lors de son récent passage en Romandie. Avec « Pianetta », il nous livre seize chansons qui s’adressent en priorité aux enfants.  Un hymne à la planète dans toute la fidélité du message de fraternité de Jean-François Bernardini. Un CD à faire écouter à toutes les jeunes oreilles !

« Pianetta », I Muvrini, seize titres inédits dans un super livre-album, 2016.

Infos

Ouvrages disponibles notamment dans les librairies Saint-Augustin de Saint-Maurice (avenue de la Gare, tél. 024 486 05 50, librairievs@staugustin.ch) ou de Fribourg (rue de Lausanne 88, 026 322 36 82, librairiefr@staugustin.ch)

La violence et l’Eglise

Texte et illustration par Agnès Ançay2_fleurfusilQuand ces deux mots sont apposés l’un à l’autre, notre premier réflexe est de les croire antagonistes. Et pourtant, en y réfléchissant, nous pouvons trouver de multiples exemples de violences au sein même de l’Eglise. Dans l’Ancien Testament, tout d’abord, la morale et la façon d’aborder les conflits semblent des encouragements aux réponses violentes de tous types. Mais ceci fait partie d’une autre époque, nous dirons-nous, ou culturellement et historiquement, ces réponses semblent normales.

De nos jours, avec l’exhortation du Christ à aimer son prochain comme soi-même, nous imaginons le chrétien comme un être bienveillant qui prend soin des personnes autour de lui. Nous imaginons la violence, contre eux, contre nous, et surtout chez les autres.

Pourtant, après un examen de conscience minutieux, nous trouvons la violence à l’intérieur même de notre cœur. Quand je critique mon voisin de banc après la messe, quand je commente les activités du curé ou d’un autre qui ne semblent pas être ce qu’elles devraient, quand pour une raison d’ego, je crois que mon avis sur ma manière de vivre la foi, la vie, est meilleure que les autres.

Saint Matthieu (7, 1-5) nous le rappelle : « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez. Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? Ou comment peux-tu dire à ton frère : Laisse-moi ôter une paille de ton œil, toi qui as une poutre dans le tien ? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l’œil de ton frère. »

Avant de nous préoccuper de ce que fait l’autre de mal ou à quel moment il reste inactif par rapport aux besoins des autres, faisons notre propre chemin dans notre conscience et demandons-nous comment faire mieux chaque jour. Petit pas par petit pas afin de suivre au mieux l’exemple du Christ et devenir un modèle plutôt qu’un juge.

L’amour rend service

Poursuivant sa méditation de l’Hymne à la charité (1 Co 13), le pape François invite à un amour qui rend service. Une belle attitude mariale pour le joli mois de mai !

Par Bertrand Georges
Photo: pixabay.com

 Pour le Pape, l’amour n’est pas une attitude passive mais se traduit par une activité, une réaction dynamique et créative face aux autres. C’est pourquoi la charité est serviable. 1

Il faut bien le dire, le service n’a pas vraiment la cote. On préfère être servi. Pourtant, dans la Bible, servir est un honneur. Le Seigneur nomme « mon serviteur » celui qu’Il appelle à collaborer à son dessein. Jésus dit de lui-même qu’il « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie ». 2

François insiste sur le fait « que l’amour n’est pas seulement un sentiment, mais qu’il doit se comprendre dans le sens du verbe « aimer » en hébreu : « faire le bien ».[…] Il peut montrer ainsi toute sa fécondité, et il nous permet d’expérimenter le bonheur de donner, sans mesurer, gratuitement, pour le seul plaisir de donner et de servir ». 3

Travailler fait partie de la condition humaine et coûte parfois. La question est de savoir dans quel état d’esprit nous réalisons notre travail. Avec amour ou seulement par contrainte ? Que ce soit dans les tâches de la vie domestique, professionnelle, ou même dans nos engagements, on fait parfois les choses parce qu’on est obligé de les faire, dans une attitude plus servile que servante. Tout en faisant de son mieux pour le bien de tous, le chrétien est appelé à travailler dans un esprit de service. Il entre ainsi dans une autre dimension de son agir, dans une charité effective. Accomplir son travail pour Dieu et pour les autres, c’est peut-être cela, le service.

Qui, mieux que Marie, l’humble servante du Seigneur a aimé ainsi ? En ce mois de mai, elle veut nous conduire sur les chemins joyeux du service.

1 Cf. Amoris Laetitia (AL) no 93
2 Mc 10, 43
3 AL no 94
Qu’est-ce que vous faites ? demande un homme à des ouvriers affairés sur un chantier.

– J’entasse des pierres, dit le premier.

– Je monte un mur, dit le deuxième.

– Je bâtis une cathédrale, dit le troisième.

Même travail, regards différents. Ça ne change rien mais ça change tout !

Pascal Ortelli

Propos recueillis par Vincent Lafargue
Photo: Pierre PistolettiT’es-qui?
Pascal Ortelli, 29 ans, marié à Mélanie, futur papa, habitant Fribourg.
Tu t’engages où?
J’enseigne la religion à l’école secondaire Sainte-Ursule de Fribourg et je coordonne la plateforme « Dignité et Développement », tout en terminant un master en théologie morale.
Pascal, pour toi, l’Eglise de demain sera… ?
Comme aujourd’hui, l’Epouse du Christ ! Une Eglise où l’action pastorale recueille vraiment le meilleur de chacun, sans activismes stériles, ni excès de réunionites…

Qu’est-ce que cette plateforme «Dignité et Développement»?
Un processus voulu par Mgr Morerod ; un horizon d’analyse, de prospective, de formation et de discernement des enjeux sociétaux à la lumière de l’enseignement social chrétien. Dans un esprit œcuménique de subsidiarité, l’idée est de faire interagir les multiples diaconies d’abord entre elles et avec les balises de sagesse, contenues dans des textes comme Laudato Si’.

A l’école Sainte-Ursule, quelle est ta mission ?
En témoin reconnaissant de l’Evangile, je rends compte de ma foi à des adolescents. Aujourd’hui, il me paraît essentiel de dispenser un enseignement religieux cohérent et confessant, qui articule harmonieusement la foi et la raison, sans les opposer, à partir de l’Ecriture sainte. Je suis frappé de la soif de vie et d’absolu qui habite mes élèves. Si au bout du chemin, ils perçoivent Dieu un peu comme la réponse ultime et décisive à leur quête de bonheur, alors ma mission n’aura pas été vaine…

Quel fut le dernier beau moment vécu avec eux ?
Notre retraite de trois jours avec les 11H à l’hospice du Simplon. Nous avons fait sept heures de marche, gravi un sommet et célébré dans la nature. Personne n’a râlé ! La montagne me parle par son silence, sa rudesse et son absolu. Face à elle, soit tu es vrai, soit tu meurs. Pour moi, toute spiritualité qui se respecte, passe par les pieds. Mes bla-bla brossés en classe ont ainsi un créneau pour prendre chair, dans l’audace et l’adoration…

Pour aller plus loin

Le site internet de l’école Sainte-Ursule : www.ecole.ste-ursule.org

Le site internet de la plateforme Dignité et Développement : www.dignitedeveloppement.ch

Pascal est aussi sur Facebook

Notre-Dame de l’Assomption

Par Pascal Bovet
Photo : Jean-Claude Gadmer
L’Eglise Notre-Dame du Valentin est consacrée à Notre-Dame de l’Assomption. Rien d’étonnant donc à donner ce nom à l’église que les catholiques de Lausanne ont construite au XIXe siècle.

Et au XXe siècle, ils l’ont enrichie. Des travaux imposants ont été faits dans les années 1930 sous la conduite de l’architecte Fernand Dumas. Lui-même a fait appel
à un artiste à la mode, Gino Severini.

C’est lui qui a créé la fresque qui habille le chœur, en s’inspirant d’une église de Rome : une couronne de disciples (les apôtres et évangélistes), répartis de chaque côté de la Vierge majestueuse. Elle est le centre et domine une scène de crucifixion.Elle porte tendrement l’enfant à hauteur de son visage, comme pour le montrer au monde. Certains soupçonnent l’artiste d’avoir donné à l’enfant les traits d’un personnage historique qui a marqué les années 30 à 45…

Mais le plus étonnant est le choix de la couleur verte pour le vêtement de Notre-Dame. Inhabituel !

Vert comme l’espérance ?

On peut opter pour l’espérance devant le monde de l’époque représenté autour du Marie : Rome et ses bâtiments civils et religieux, mais aussi Lausanne, avec sa cathédrale, et Mgr Besson présentant la maquette de la basilique. Des anges « cosmonautes » remplissent le ciel de leurs ailes déployées.

Témoigner en terre jurassienne

Une délégation du comité romand de Vie et Foi a témoigné de sa joie de cheminer dans le cadre de ce mouvement lors des célébrations du dimanche des laïcs, les 4 et 5 février, dans l’unité pastorale des Franches-Montagnes (JU). Un temps tissé de rencontres et de découvertes.

Par Christel Charles, Jacqueline Sager et Hélène Lasser
Photo : DRCe dimanche des laïcs 2017 avait une résonance toute particulière pour la délégation du comité romand de Vie et Foi composée de Christine Arizanov, présidente ; Marie-Hélène Carron, vice-présidente ; Christel Charles, Jacqueline Sager, Hélène Lasser et Pascal Tornay, aumônier. Nous nous sommes courageusement invités dans les Franches-Montagnes et nous y avons été reçus à bras ouverts. Cette démarche d’évangélisation qui nous semblait osée nous a demandé une certaine audace ! Merci à notre aumônier, Pascal Tornay, qui avait tracé le chemin en prenant contact au préalable avec ses nombreuses connaissances sur place.

Une atmosphère fraternelle
Il y a d’abord eu une rencontre avec l’abbé Jean-Jacques Theurillat, vicaire épiscopal pour le Jura pastoral, qui nous a accordé un long entretien et une belle écoute. S’il soutient notre démarche, il nous a fait comprendre que toutes les régions du Jura pastoral n’étaient pas prêtes à entrer dans un nouveau projet parce qu’elles investissent déjà beaucoup d’énergie ailleurs et que trop de projets tue les projets ! Il nous a invités à travailler sur l’identité du mouvement: en tant que mouvement chrétien, que peut-il offrir de spécifique aux gens dans le paysage actuel ? Nous avons pris conscience que nous devions mieux définir les contours et le contenu de notre « offre » pour qu’elle soit véritablement perçue comme pertinente aujourd’hui.

A Lajoux, dans une petite région appelée La Courtine, au-dessus de Glovelier, une belle surprise préparée par nos amis Roland Miserez et son épouse Danielle nous attendait: autour d’une grande table, une vingtaine de personnes étaient réunies pour témoigner de leurs engagements, de ce qui leur tenait à cœur. Nous avons vécu là un échange fraternel très intéressant et très fort qui n’était pas sans nous rappeler l’atmosphère de nos réunions.

Une belle aventure
Le diacre Didier Berret, répondant de l’unité pastorale des Franches-Montagnes, nous a proposé, en lieu et place de l’homélie, de présenter le mouvement et de faire résonner nos paroles avec l’évangile du jour. Nous avons, en témoignant, pris le pouls des communautés rassemblées le samedi soir à Saignelégier, au Noirmont et aux Breuleux et de celles réunies le dimanche matin aux Genevez, aux Pommerats, à Saint-Brais et aux Bois. Quelle aventure !

Plein de bons moments ont jalonné notre escapade. Nous n’oublierons pas le repas du samedi soir, pris dans la gaieté, et le déjeuner familial du lendemain matin, à la cure de Saignelégier, un peu précipité par l’horaire des messes… Hélène, originaire de Mervelier et la dernière arrivée dans l’équipe Vie et Foi de Nyon-Gland, nous accompagnait. Sa présence, sa connaissance du pays, sa facilité de contact et la pertinence de ses conseils ont facilité nos relations. On était bien ensemble.

Faire route ensemble
Nous avons présenté le mouvement dans le cadre de l’homélie aux messes du samedi et du dimanche. De deux manières différentes: une saynète jouée à deux qui a remporté un joli succès ; et une présentation plus explicite à trois voix.

« Nous sommes chez vous avec d’autres, en ce dimanche des laïcs dans les Franches-Montagnes, pour témoigner de notre joie de cheminer dans le cadre du mouvement Vie et Foi et pour vous donner envie d’y participer, avons-nous expliqué. Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus exhorte ses amis à être le sel de la terre et la lumière du monde pour que leur amitié soit savoureuse, d’une saveur qui ne peut venir que de lui, et pour que la foi qui les anime soit une balise sur la route d’autres personnes. Nous vous invitons à goûter cette parole de Jésus et à lui donner une suite concrète dans votre vie. »

« Dans un monde marqué par l’individualisme et le repli sur soi, l’incitation à une plus grande ouverture pour une meilleure connaissance de l’autre est source d’enrichissement et nous apporte beaucoup. Avez-vous envie de rassembler quelques amis et de faire route ensemble ?, avons-nous lancé. Quoi qu’il en soit, dans l’immédiat venez nous rejoindre à la fin de la célébration pour partager le verre de l’amitié ! »

Belle expérience, beaux souvenirs ! Merci de tout cœur à tous les artisans de cette réussite et tout particulièrement à nos amis jurassiens qui nous ont épaulés et coachés avec efficacité et beaucoup de gentillesse.

L’étape suivante est d’ores et déjà agendée: une rencontre avec nos amis proches samedi 29 avril à Saignelégier pour accompagner ce que nous avons apprivoisé là-bas.

Le mouvement Vie et Foi

Mouvement d’Action catholique, Vie et Foi propose de trouver en équipe une manière de vivre les réalités quotidiennes à la lumière de l’Evangile en s’appuyant sur le principe « voir, comprendre, agir ». Il est membre de la Communauté romande de l’apostolat des laïcs (CRAL) qui regroupe 23 mouvements laïcs présents en Suisse romande.

La paroisse de Nyon compte actuellement une équipe Vie et Foi. Essentiellement féminine, elle est issue de la fusion récente des équipes de Gland et de Nyon. Elle se réunit une fois par mois le mercredi après-midi. Elle est accompagnée par un aumônier, l’abbé Francis Polla.

Le comité romand élabore un thème de réflexion commun à toutes les équipes et diffuse cinq fois par an la revue « Vie et Foi ». Le thème 2016-2017 s’intitule « Respect de la vie dans le cadre du progrès technique, médical et alimentaire ».

Renseignements :

Christel Charles, chemin du Jura 1, 1270 Trélex, 022 369 19 60. Courriel : christel.west@bluewin.ch

Jacqueline Sager, rue des Fontaines 56, 1274 Signy, 022 361 56 20. Courriel : jacqueline.sager@bluewin.ch

Agnès Schilliger, Falaise 36, 1196 Gland, 022 366 39 25. Courriel : pschilliger@sunrise.ch

La violence dans les Psaumes

Par François-Xavier Amherdt
Photo : DR
Il peut paraître étonnant, voire extrêmement dérangeant, que la Parole de Dieu nous invite à demander au Seigneur, dans notre prière des Psaumes, qu’il s’en prenne à nos ennemis. Les éditeurs de la Prière du temps présent ne s’y sont pas trompés : ils mettent pudiquement entre crochets (dans la version en quatre volumes) ou suppriment (dans celle en un seul volume) les versets apparemment problématiques.

Ainsi, les déportés chantent au cœur de leur exil (Psaume 137[136]) : « Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion ; aux peupliers d’alentour, nous avions pendu nos harpes », car ils ne se sentent plus le cœur à entonner un cantique. Ils finissent d’ailleurs leur plainte par ce cri extrêmement violent : « Fille de Babel, qui doit périr, heureux qui te revaudra les maux que tu nous as valus, heureux qui saisira et brisera tes petits contre le roc ! » (Versets 8-9)

Choquante, terrible, terrorisante invocation ! La Bible manie-t-elle, malgré le divin visage de miséricorde, le langage de la vengeance ? Le problème est complexe et demeure mystérieux. Sans doute de tels passages, pas totalement absents non plus dans le Nouveau Testament, visent-ils à « exorciser » la violence qui, de fait, se tapit au fond de chacun(e) de nous. Les « Psaumes d’imprécation », comme on les appelle, nous amènent d’une part à reconnaître ces zones d’ombre de notre inconscient, dont personne n’est exempt, et qui ont vite fait de ressurgir à la surface avec une frénésie inconcevable, au volant ou au stade.

D’autre part, ils nous donnent l’occasion, lorsque nous les prononçons, d’extérioriser le mal qui gît en nos profondeurs et ainsi de le surmonter, en le confiant au Maître du monde. Enfin, lorsque dans des invocations au Messie comme le Psaume 110(109), prévu pour les vêpres de tous les dimanches, nous chantons : « A ta droite Seigneur, le Messie abat les rois au jour de sa colère ; il fait justice des nations, entassant des cadavres, il abat des têtes sur l’immensité de la terre » (versets 5-6), c’est une manière d’exprimer notre foi en la maîtrise de l’histoire par notre Dieu. Malgré les apparences, les puissants et les dictateurs n’auront pas le dernier mot. C’est l’amour et la vie qui finalement l’emporteront.

L’Eglise et la violence en prison

TEXTE ET PHOTO PAR JEFF ROUXUne personne détenue est souvent une personne en souffrance. Elle souffre de son histoire, parfois chaotique et violente, et elle souffre de l’enfermement.

Arrachée à son quotidien, une personne détenue en prison préventive passe 23/24h enfermée seule dans sa cellule. Elle est coupée de toute relation extérieure durant tout le temps de l’enquête. Il n’est pas rare qu’elle perde son travail, son logement, qu’elle doive divorcer et qu’elle perde la garde de ses enfants. Elle s’endette. Elle se désocialise et perd la considération de ses proches. En un mot, sa vie s’écroule.

Comme aumônier, lorsqu’elle me parle de son chemin, j’entends souvent une histoire de manque d’amour et de violence. Que de violence reçue avant de commettre soi-même un acte violent ! Que d’humiliation ! La violence est une prison pour les auteurs comme pour les victimes. Elle défigure et l’un et l’autre. Elle détruit les cœurs et les relations en profondeur. Le mystère de la violence est insaisissable et terrifiant.

Dans ce climat de mauvaises nouvelles, l’aumônier rend visite aux personnes détenues avec la foi de l’Eglise. S’il y a un mystère du mal et de la violence, il y a surtout un mystère d’Amour et de résurrection. La violence t’a tué, l’Amour te ressuscitera !

Pour cela, l’aumônier apporte un nouveau regard sur la personne détenue. Elle l’envisage. C’est-à-dire qu’elle voit en elle une personne, une créature aimée et voulue par Dieu. Il y a en chaque être humain une étincelle de Dieu, et ce regard doit aller jusqu’à cette étincelle.

L’aumônier apporte une nouvelle écoute. Non pas une écoute qui cherche à accuser, mais une écoute qui accueille l’autre dans sa misère et sa vulnérabilité, une écoute qui réconcilie la personne détenue avec sa propre histoire.

L’aumônier est également une présence. Il est présence d’Eglise dans ce milieu particulier. Et cette présence se veut aimante. Seul l’amour libère de la violence, seule la miséricorde donne de renaître et de recommencer, de se relever, d’être libéré. Seul l’amour est vainqueur de ce mystère du mal et de la violence.

Enfin, l’aumônier espère contre toute désespérance. Là où la personne détenue n’y croit plus, il ose croire aux possibles. Il ose croire que la personne va quitter un mode de vie violent et redevenir auteur de sa vie. Il ose croire que des chemins de bonheur sont à venir ; le bonheur d’être des pécheurs pardonnés.

Il n’est pas rare de voir ce mystère d’Amour à l’œuvre. Quel bouleversement de voir Dieu présent et à l’œuvre dans nos prisons.

Le Pape et la violence

Par Thierry Schelling
Photo : DR
« C’est du dedans, du cœur de l’homme que sortent (toutes sortes de maux). » (Mc 7, 23) Le Christ ne s’y est pas trompé : voulant apporter la paix, c’est le glaive qu’il tendit (cf. Mt 10, 34)… et qui a été brandi en son nom ! Et gare à qui résiste : « Veux-tu que nous commandions le feu du ciel pour qu’il les consume ? » (Lc 9, 54), n’hésiteront pas à dire les apôtres d’hier… et d’aujourd’hui ! Parce qu’elle est au cœur de nos cultures, la religion se sert du meilleur comme du pire dans l’être humain. Et peut donc aussi conduire à la violence 1… en toute bonne foi ! En tout cas, elle va chercher à la canaliser : en l’apaisant, par les sacrifices d’animaux, et parfois d’humains 2, en la jugulant, en développant le concept de guerre juste, ou en l’excitant comme dans le djihadisme – et pas seulement islamique !

Le pape François renchérit : « Je crois qu’il y a presque toujours dans toutes les religions un petit groupe de fondamentalistes. Nous en avons… » Et d’élargir le débat : « Je vois tous les jours tellement de violence en feuilletant les journaux, même en Italie : celui qui tue sa fiancée, tel autre sa belle-mère et ce sont des catholiques baptisés ! » 3 A quoi sert donc la foi chrétienne dans ce cas ?

Oui, le Christ a renversé la vapeur : « Bienheureux si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on vous calomnie à cause de moi. » (Mt 5, 12) Ou encore : « Œil pour œil, dent pour dent ? Non, moi je vous dis : aimez vos ennemis et priez pour eux. » (Mt 5, 43-44) Tendre l’autre joue ? Que dire aux victimes, souvent des minorités : femmes, Noirs, gays, enfants, handicapés, albinos… ? Travailler en amont, sûrement.

Dixit le pape François : « Nous sommes en temps de guerre, éclatée, mais de guerre mondiale, et tout a commencé dans le cœur de l’homme. Pourquoi parle-t-on si fort dans la rue, en famille, dès qu’on n’est pas d’accord ? A cause de la frénésie de la vie, on n’a plus le temps pour le dialogue ! » 4

Un poncif, le dialogue ? Non, la seule arme constructive de ce monde ! Relire Ecclesiam suam, de Paul VI : « Dieu est dialogue… l’Eglise est dialogue… » Et moi ?

1 Cf. T. Römer, Dieu obscur. Cruauté, sexe et violence dans l’Ancien Testament, Essais bibliques 27, nouvelle édition augmentée, Genève, Labor et Fides, 2009.
2 Qu’on pense au concept de bouc émissaire, explicité par Paul Ricœur.
3 Propos rapportés lors de son entrevue avec les journalistes de retour des JMJ de Pologne, août 2016.
4 Propos libres lors de sa visite à l’Université Roma-Tre, samedi 7 février 2017 (soulignés par l’auteur).

Les jeunes et la foi

Par Giraud Pindi, Curé modérateur de l’UP Nyon-Terre Sainte
Photo: DR
Les mois de mai et de juin sont des moments extraordinaires de foi pour la jeunesse de notre unité pastorale, car près de 200 jeunes vivent, durant cette période, les sacrements du pardon, de l’eucharistie et de la confirmation. Je reprends ici quelques pensées fortes du pape François. Elles figurent dans le message qu’il a adressé aux jeunes le 27 février pour la 32e Journée mondiale de la jeunesse du 9 avril, dimanche des Rameaux, intitulée « Le Puissant fit pour moi des merveilles ».

« Notre temps n’a pas besoin de «  jeunes-divans  ». » A l’exemple de Marie qui très jeune s’est mise en marche pour aller trouver sa cousine Elisabeth et lui apporter son aide sans s’enfermer chez elle et s’installer sur son divan (Lc 1, 36-39), il faut marcher non seulement en faisant mémoire du passé, mais aussi en ayant du courage dans le présent et de l’espérance pour l’avenir. La vie n’est pas un vagabondage, mais un pèlerinage qui peut nous aider à mûrir et à approfondir notre vocation, soutenus dans nos incertitudes et nos souffrances par la confiance en Dieu.

« Etre jeune ne veut pas dire être déconnecté du passé. » L’histoire de chacun s’insère dans un cheminement communautaire qui le précède. L’expérience authentique de l’Eglise n’est pas un flashmob où on se donne rendez-vous pour réaliser une performance avant de reprendre chacun son chemin. L’Eglise a une longue tradition dans laquelle notre propre histoire a sa place.

Certains jeunes cherchent à reconfigurer les souvenirs douloureux du passé comme pour les archiver dans un nuage virtuel, mais il faut savoir qu’il n’y a pas de saint sans passé ni de pécheur sans avenir. Jésus peut transformer nos blessures passées en d’authentiques perles, comme la perle qui naît de la blessure de l’huître. Notre histoire n’est pas un « reality show » de quelques minutes se déroulant sur un écran au jour le jour sans projet. Il ne faut pas se laisser égarer par cette fausse image de la réalité, mais être protagoniste de sa propre histoire et décider de son avenir.

« Rester connecté en suivant l’exemple de Marie » (Lc 2, 19-51) : s’arrêter quelques minutes à la fin de chaque journée pour remercier Dieu pour les beaux moments et exprimer des sentiments de pardon et de confiance pour les moments difficiles.

Merci à vous, les jeunes. Je prie pour votre parcours de foi. Dieu vous bénisse !

L’Orient, foyer chrétien en péril

Par Com
Photo: LDD

Noor Solidarity est une association suisse qui soutient les victimes des conflits, les minorités et les chrétiens en Orient. Sa mission se porte sur l’aide humanitaire, le développement social et la sensibilisation par l’information.

Les réfugiés d’Irak en Jordanie vivent dans une situation désastreuse depuis plus de deux ans : « J’ai à ma charge une famille avec cinq enfants et une personne âgée très malade qui ne peut plus marcher. N’ayant pas le droit de travailler, je ne peux supporter nos dépenses. Nous avons besoin de toujours plus d’aide. » (Boutros, réfugié de Qaraqosh à Amman)

Ces familles ne vivent pas dans les camps, elles sont dans des appartements dispersés dans Amman. A l’écart de l’action des grandes organisations internationales.

Depuis sa création en mai 2016, Noor Solidarity a répondu à cet appel. De l’aide en direct a déjà été apporté à 937 familles lors de deux missions en août puis décembre 2016.

Dans le cadre du programme Primum Vivere, l’aide apportée se décline selon les besoins du moment et les communautés. Cela peut être des coupons de nourriture qui permettent à une famille d’environ cinq personnes de tenir trois semaines. Des coupons pour du lait et des couches pour les enfants de moins de trois ans avec un montant équivalent à un mois d’approvisionnement pour chaque enfant. Des coupons de fioul pour aider les familles à chauffer les appartements, parfois insalubres, lors de l’hiver jordanien. Primum Vivere sous-entend une réponse à des besoins de base urgents et cela peut être des chauffages, des couvertures, des habits….

Noor Solidarity travaille également au développement social des jeunes générations et des femmes. Pour cela une sortie éducative a été organisée en décembre dernier pour permettre à  un groupe d’enfants de sortir de leur quotidien et découvrir un espace ludo-éducatif le temps d’une journée. Cela en attendant de pouvoir développer des projets plus ambitieux dans l’éducation, la formation et l’artisanat.

Lors de ses missions, Noor Solidarity s’attache à toujours donner l’aide en main propre aux familles et en étroite coordination avec les responsables communautaires. Cette proximité avec les familles permet d’obtenir une vision précise de la situation et de mieux comprendre leur histoire et leurs épreuves. Afin de sensibiliser l’opinion, Noor Solidarity retransmet ces témoignages et expériences lors de nombreuses conférences.

L’une de ces conférences aura lieu à la paroisse Saint-Joseph le mercredi 7 juin à 19h30 sur le thème : « L’Orient, foyer chrétien en péril. »

Inscriptions sur le site : www.noorsolidarity.com

Parole et violence

Des centaines de « Espèce de *** », ou « Grosse *** » proférés par WhatsApp, sur Facebook et autre Instagram. Et c’est le suicide d’Emilie, Marion, Bethany, adolescentes et victimes de harcèlement par leurs coreligionnaires. « T’es c.. ! » à sa meilleure amie est affectueux, à sa professeure, injurieux, et à sa mère plus qu’insolant. La violence des mots engendre des maux parfois irrévocables. Même le Pape, à Milan, samedi 25 mars, a demandé aux quatre-vingt mille confirmands : mai più bullismo ! Plus de bullying (harcèlement) d’aucune sorte… 

Par Thierry Schelling
Photos: DR, Ciric
La violence exprimée
Le propre de l’humain, parler, est, comme le dit Salomon, une arme : « La mort et la vie sont au pouvoir de la langue. » (Pr 18, 21) Un adage très actuel : qu’on pense au point Godwin 1, à la télé-réalité 2, au harcèlement à l’école, dans le couple, dans la rue 3… Violence du verbe. Qui souvent précède celle des coups.

Le Centre d’accueil Malley-Prairie écoute les victimes de violences conjugales, et démontre que l’antidote est… la parole. Paradoxalement. Celle qui anéantissait a besoin d’être relâchée par la victime : mettre ses mots4  pour littéralement contredire l’effet mortifère de leur déchaînement par le bourreau. En somme, redonner sens – c’est-à-dire contenu et direction – à sa dignité, par l’expression verbale. Pour reprendre confiance en soi. Comme à l’association Violence Que faire ? qui travaille en amont à la prévention 5.

Mgr Morerod en discussion avec l’une des victimes des religieux de l’Institut Marini, à Montet / FR.
Mgr Morerod en discussion avec l’une des victimes des religieux de l’Institut Marini, à Montet / FR.

Et dans l’Eglise aussi (et enfin !) : Mgr Charles Morerod rend public, le 26 janvier dernier, le rapport sur les enfants placés à l’Institut Marini de Montet 6. Le prélat salue le courage des victimes à parler, alors qu’on le leur avait interdit jadis, et ce de façon traumatisante. Et l’évêque de conclure : « Essayons par tous les moyens de prévenir [ces actes] autant que possible, et s’ils se produisent, d’en parler. » Prévention et expression.

Même attitude sur le terrain : « Je suis comme un catalyseur », confie Jean de Dieu Rudacogora, coordinateur de la diaconie dans l’Ouest lausannois. « Ma présence sur la place du Marché de Renens est à la fois provocante et apaisante pour les gens qui la squattent. S’ils voient en moi l’institution Eglise, alors d’aucuns parfois m’agressent verbalement : « Qu’est-ce que tu fous là ? » Mais un thé chaud à la main, je ne leur offre rien que ma présence. Et ils me remercient, du coup. Et je suis toujours agent pastoral ! »

Une autre « arme » privilégiée par les chrétiens est cette parole, parfois cri, parfois murmure, qui s’élève vers Dieu : la prière. L’ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) en a fait son modus procedendi : « Parce qu’elle exclut la haine, la prière fait barrage au déni, à la spirale de la vengeance, à l’oubli », écrit Angela Stival, coanimatrice du groupe œcuménique ACAT à Chavannes-près-Renens. Incluant l’intercession pour les bourreaux autant que pour les victimes, elle évite le clivage et ramène à l’essentiel : « Tous créés à l’image de Dieu, tous ayant la même dignité qui trouve son origine en son créateur. » Et de conclure : « Prier ensemble donne un témoignage crédible à notre suivance du Christ, qui a, ne l’oublions pas, commandé l’amour des ennemis ! »

Parler, prévenir, prier, c’est donc agir non violemment et chrétiennement : « La non-violence, c’est choisir d’aimer, c’est devenir l’égal/e de toute personne. Dieu a voulu cela par Son Incarnation. Et c’est passer au crible chacune de mes décisions en vue d’aimer », résume Sœur Bibianne Cattin, auteure de Pour que la vie l’emporte7 où elle confie les dix dernières années de sa vie missionnaire à panser (et penser !) les femmes victimes de viol selon la méthode IFHIM.8

1 Probabilité qu’une discussion qui dure et s’échauffe finisse par mentionner les nazis ou Adolf Hitler.
2 L’émission « You’re fired ! » par exemple.
3 Sujets d’au moins un Temps Présent par trimestre !
4 www.ciao.ch par exemple.
5 www.violencequefaire.ch
6 Cf. J. Berset, cath.ch du 26 janvier 2016.
7 Editions Carte Blanche, 2017.
8 www.ifhim.ca

Violence silencieuse

Mais « il y a aussi une forme de violence silencieuse que l’on qualifie parfois de structurelle », explique Jean-Claude Huot, responsable de POMET 9 dans l’Ouest lausannois. « Elle est le fait de structures et de comportements qui oppriment et excluent certaines catégories de la population. Le cercle vicieux qui pérennise la prostitution, la traite des femmes ou des enfants, le mobbying, la pédophilie, l’homophobie, la ségrégation raciale, est aussi possible parce qu’on se tait. » Et de rappeler : « Toute institution court le risque de se rigidifier et d’exclure ou d’opprimer. Mais là aussi résident les forces de résistance, et la capacité de résilience. »10

Dès lors, il est juste de lutter contre la violence, mais par des paroles et des actes non violents qui respectent la dignité de l’autre et qui promeuvent le seul moyen constructif de changement : le dialogue. « Et l’art du compromis », ajoute Jean-Claude Huot. « Ne pas oublier que le conflit fait partie de la vie, qu’il n’est pas à évacuer mais à transformer. Il réclame l’attitude pédagogique du dialogue entre les parties adverses. En démocratie, l’adversaire politique n’est pas un ennemi mais un partenaire de débat ! »

9 Pastorale œcuménique dans le monde du travail.
10 Cf. le travail du Ceras des Jésuites de la Province de France. www.ceras-projet

Violence légitime?

L’Eglise a d’ailleurs considéré une forme de violence comme acceptable dans certains cas bien précis : en dernier recours, face à une injustice objective et interminable ! En 1968, un document est adopté par le CELAM 11 qui exige « des transformations globales, audacieuses, urgentes » sur le continent sud-américain, concluant que cette urgence nourrit une « tentation de la violence compréhensible » de la part d’un peuple abusé pendant trop longtemps.12 Depuis, c’est l’Eglise tout entière qui a recueilli cette expérience et ces réflexions, dans ses grands textes du magistère que sont Gaudium et Spes ou Evangelii nuntiandi et, plus systématiquement, dans son Compendium de la Doctrine sociale de l’Eglise.

« La violence est un mensonge car elle va à l’encontre de la vérité de notre foi, de la vérité de notre humanité. »13 Y renoncer peut avoir avoir un prix : celui de sa vie ! Car la non-violence de Gandhi, Martin Luther King ou Oscar Romero, dans leur constance à dénoncer et à protester, leur a valu… d’être assassinés ! La parole faite chère, le verbe fait chair…

11 Conférence des évêques latino-américains.
12 Informations résumées à partir de M. Löwy, Religion, politique et violence : le cas de la théologie de la libération, éd. Hazan, 1995, pp. 195-204 (consulté dans www.cairns.info le 11 février 2017).
13 N496 in : Compendium de la Doctrine sociale de l’Eglise, Conseil pontifical Justice et Paix, 2005.

20479928Selon Hannah Arendt (philosophe, 1906-1975), exprimer de la violence, sous toutes ses formes, c’est refuser de penser ! Or penser nous rend humains ; exprimer la violence envers autrui ou soi-même, c’est agir en sous-humain. Voilà en substance l’argument puissant de cette fameuse politologue et journaliste allemande. Elle rend légitime l’urgence de la prévention et d’une éducation au dialogue, et insiste sur l’obligation pour les victimes de parler, tôt ou tard.14 « La violence commence là où la parole s’arrête. »

14 Voir le film Hannah Arendt, par M. von Trotta, sorti en 2012.

Par le baptême de renaissance, Dieu nous donne son Nom

Par Frédéric Monnin et François Perroset
Photo: Frank Dölle
Chaque année réserve à nos communautés son lot de surprises, et 2017 sera pour nos deux unités pastorales riche en souvenirs, notamment s’agissant des baptêmes d’enfants en âge de scolarité ou d’adultes. Ainsi, parmi d’autres, voici quelques témoignages glanés çà et là dans les groupes de catéchumènes.

UP Champel/Eaux-Vives (FP)
Dans nos paroisses de Sainte-Thérèse et de Saint-Joseph, nous accompagnons actuellement six enfants entre 9 et 15 ans qui vont recevoir le baptême. Après avoir vécu l’entrée en catéchuménat, ils ont participé à une journée cantonale à Troinex, au cours de laquelle ils ont vécu l’étape de l’Appel décisif.

Kinza, baptisée le dimanche de Pâques à Sainte-Thérèse, aime « découvrir Jésus lors des rencontres de catéchisme ». En effet cette jeune fille de 9 ans vient avec joie et enthousiasme retrouver ses amis du caté le mercredi. Tandis que Leïla et sa grande sœur Saïda, qui aura 15 ans, ont découvert Jésus grâce à leur maman. Ce qu’elles apprécient en Jésus c’est « sa douceur et son amour ». Elles ont été baptisées ensemble lors de la Vigile pascale à Saint-Joseph, en même temps qu’un petit bébé.

Anusha, elle, prend son temps. Elle a vécu l’entrée en catéchuménat en automne 2015, et recevra le baptême en septembre prochain en France. Cette jeune fille, indienne d’origine, découvre « Jésus et Marie en priant à la maison » et aussi « en participant au cours de caté à Saint-Joseph ».

Juan et Pablo, sont deux jeunes frères de 9 et 11 ans. Ils ont demandé à recevoir le baptême suite à des rencontres avec des amis qui ont été baptisés. Bien entourés et accompagnés de leurs parents, les garçons « aiment découvrir Jésus dans la Bible et apprendre à l’aimer en aimant ses parents ». Ils seront baptisés au cours de l’été, car leurs parrains et marraines viennent de loin.

UP Seymaz (FM)
L’UP Seymaz a vécu des fêtes pascales riches en baptêmes, puisque pas moins de 16 baptêmes ont été célébrés (un petit enfant, neuf enfants en âge de scolarité et six adultes). Prises en vrac, les motivations semblent profondes chez les adultes qui demandent le baptême.

Ainsi Fabrice : « Je sens une présence, et un appel qui me conduit à vouloir être l’ami de Jésus… Je désire recevoir les deux plus beaux sacrements : le baptême et le mariage. » Ou encore Floriane : « Depuis que je découvre Jésus, ma vie a profondément changé. » Et Frank : « Faire baptiser mes enfants selon la foi catholique s’imposera comme une évidence. Faire le même choix pour moi-même m’a demandé du temps, et aussi un peu de courage. »

Retraite paroissiale avec le Père Stan Rougier

Du samedi 3 au lundi 5 juin, le Père Stan Rougier sera présent au sein des paroisses de notre unité pastorale pour donner un cycle de conférences sur le thème de « Dieu amour : que fais-tu contre la souffrance des hommes ? »

Le Père Stan Rougier est prêtre du diocèse d’Evry-Corbeil (Essonne) en France. Né le 23 juin 1930 dans les Pyrénées-Atlantiques, il grandit dans le Pays basque. Educateur puis infirmier, il suivra sa formation au séminaire de Versailles et sera ordonné prêtre le 18 décembre 1960. Aumônier de lycée et de scouts, il devient chroniqueur pour plusieurs journaux (La Croix, Panorama,…) et prédicateur à la télévision ainsi qu’à la radio (France culture, le Jour du Seigneur). Il donne de nombreuses conférences, anime des retraites et accompagne des pèlerinages. Il est auteur de nombreux ouvrages. Il donnera une retraite de six conférences.

1. Samedi 3 juin, 10h, à Saint-Joseph
« La souffrance fait partie de la condition de l’homme libre et responsable. »

2. Samedi 3 juin, 16h30, à Sainte-Thérèse, suivie de la messe paroissiale à 18h
« Quand Jésus s’émerveille, Les béatitudes. »

3. Dimanche 4 juin, 9h30, à Saint-Joseph, suivie de la messe paroissiale à 11h
Les deux « rendez-vous » de la souffrance.

4. Dimanche 4 juin, 17h, à Sainte-Thérèse
« La souffrance peut devenir le terreau d’une grande fécondité. »

5. Lundi 5 juin, 10h, à Saint-Joseph
« La souffrance, chemin pris par le Christ. »

6. Lundi 5 juin, 14h, à Sainte-Thérèse
« Appelés à combattre le mal qui écrase nos frères. »

La prison et ses mots

L’aumônerie œcuménique des prisons accompagne un groupe de bénévoles qui rendent régulièrement visite aux personnes détenues à Champ-Dollon, à La Brenaz et à Curabilis. Les bénéficiaires sont souvent des personnes qui n’ont pas de famille ou d’autres connaissances ici à Genève. Ainsi, dans ces «oasis de miséricorde» – pour utiliser une image chère à notre pape François – se tissent des rencontres pétries d’humanité,  au bord de ces puits où il nous est donné de partager nos respectives soifs. Francine nous livre ici son témoignage.

Par Francine Bouchet, Visiteuse bénévole
Photos : DREt le Roi leur répondra : « Amen, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Matthieu 25, 40-41)

Au désert, derrière le mur de l’enceinte l’oasis, comme une promesse, attend le voyageur fatigué.

Derrière le mur de la prison, c’est la souffrance qui attend le visiteur. Elle transpire dans les couloirs qu’ils soient vétustes ou fraîchement construits. Il s’agira de la cueillir, de la respirer, de l’accueillir.

La souffrance est bien là dans la petite salle qui précède le parloir. Ici se prépare la rencontre dans le cœur de chacun : celui d’une mère, d’un père, d’un frère ou d’une amoureuse. Les enfants sont souvent agités pressentant l’importance du moment qui suivra.

Puis, les serrures claquent et les portes s’ouvrent. Il faudra patienter encore un peu avant d’apercevoir les détenus.

Pas précipités, visages radieux, étreintes fortes, le temps de la visite a commencé. Le temps suspendu de la souffrance.

Les regards, les sourires, les mains qui s’effleurent, les mots qui dévalent sont les signes du partage.

Ecoute Israël…

Le lien avec mon prisonnier est comme posé sur la petite table qui nous sépare. Un lien sans enjeu puisque nous ne nous connaissons pas, que nous n’avons pas d’histoire commune. Un lien complètement libre qui se construit au fil des visites.

La visiteuse que je suis reçoit un chapelet de mots qui concernent la vie au quotidien, les conflits, le souvenir de la famille, l’inquiétude du jugement… Je tente d’attraper au vol la patience, la confiance, l’espérance.

Sur le chemin du retour, mes pensées se décantent doucement. Il reste le meilleur, le cadeau que je viens de recevoir de Celui qui veille sur chaque instant de ces rencontres.
« Seigneur, des abysses de l’enfer de Champ-Dollon, tu m’as tendu une torche. Je l’ai saisie pour éclairer le chemin qui mène à toi. Notre rencontre, délicieuse par ta grâce, me vivifie et me fortifie dans ton amour. Puisse cette lumière guider d’autres pas, éclairer d’autres doutes à Champ-Dollon.
Ton amour nous porte et nous transporte hors de toute nuit, hors de tout enfer. Dieu de lumière et d’amour remplis ce lieu de ta généreuse présence. Amen. »

(Prière d’une personne détenue à Champ- préparée et lue à l’occasion du Chemin de Joie – mai 2015.)

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