Engagées

«Un barbu grisonnant à la grosse voix!» répond Alicia, 7 ans, à la question: «Dieu, c’est qui pour toi?» Héritage de siècles de phallocratie judéo-chrétienne, et ce n’est ni Augustin ni Thomas d’Aquin qui nous contrediraient! Et pourtant, Dieu créa la femme. Certes. Mais pour la chrétienne, la croyante, la théologienne, la canoniste, voire la servante de messe, quelle place en Eglise aujourd’hui?

Par Thierry Schelling
Photos : Jean-Claude Gadmer, Ldd
Oui, il y a amélioration depuis le Concile Vatican II. 1 Et il convient d’affirmer haut et fort que « historiquement, c’est dans le christianisme que s’est accomplie une véritable égalité spirituelle entre les hommes et les femmes, base d’une véritable égalité sociale », 2 grâce aux principes du mariage : absolue égalité des deux oui et des deux libertés de choix. Mais le pape François a reconnu encore récemment (2016) que « l’histoire porte les marques des excès des cultures patriarcales où la femme était considérée de seconde classe » 3, rappel tonitruant contre le machisme encore latent.

1 Même si elles n’y furent que 24 auditrices pour les deux sessions de 1964 et 1965.
2 L’entretien avec L. Scaraffia de B. Révillion, dans : Prier no 388, janvier-février 2017, p. 21.
3 Amoris Laetitia no 54.

Quelle égalité pratique ?

La Déclaration universelle des droits humains, et nous avec, reconnaissons aux deux sexes des droits égaux et inaliénables, « fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde ». D’où la difficulté grandissante de devoir s’accommoder dans l’Eglise de ce qui s’apparente à un traitement unfair de la femme. Oui, mouvements féministes catholiques, monographies sur les abbesses, diaconesses 4 et autres béguines, proclamation de Thérèse d’Avila ou Catherine de Sienne comme docteurs (doctoresses ?) de l’Eglise, commission d’étude du diaconat féminin voulue par le pape François ou théorie du genre ponctuent l’actualité, et des femmes sont nommées chancelière d’évêché, adjointe de vicaire épiscopal, rectrice d’instituts académiques et pontificaux, vice-porte-parole du Saint-Siège, directrice des Musées du Vatican. Mais à l’ère des cheffes du FMI, des fondées de pouvoir, des premières ministres et présidentes d’Etats, l’institution ecclésiale n’éluderait-elle pas le vrai sujet – la femme catholique en position de décision – à force de mettre en avant le concept de « rôles complémentaires », de magnifier la maternité, et à multiples reprises 5 de sublimer le génie féminin ?

4 A. Jajé, Diaconesses. Les femmes dans l’Eglise syriaque, Domuni Press, Paris, 2016.
5 En 1995 avec la Lettre aux femmes, en 2015 dans Evangelii gaudium (nn. 103-104).

Peut mieux faire !

« Un peu beaucoup d’encens pour moi », me confie une amie croyante pratiquante mais plus que désillusionnée sur le catholicisme : « Quand la seule réponse à l’ordination des femmes est un non possumus, aujourd’hui, au XXIe siècle, ce n’est plus tenable ni crédible. Il y a d’autres résistances inavouées ou inavouables à l’œuvre dans cet immobilisme obscurantiste. Comment des célibataires mâles peuvent-ils avoir une opinion éclairée sur la femme, l’amour, la famille, la sexualité ? » Le verdict est sévère, tout comme celui de Lucetta Scaraffia, historienne invitée au Synode sur la famille en 2015 : « L’approche (des prélats) souvent assez cérébrale […] m’a semblé coupée du réel. Je me suis dit que, décidément, il manquait une parole de femme dans cette assemblée d’hommes ! » 6 Rosetta Tomaselli-Carbonara, agente pastorale à la Missione cattolica Losanna-Renens, renchérit: « Le temps n’est pas encore venu d’un traitement égalitaire dans l’Eglise. Je ne me sens nullement reconnue ni pour mon travail ni pour mes paroles par l’institution, qui s’intéresse aux chiffres comme une usine de production, alors que j’appelle mon travail une vocation. Et je n’entre pas dans ce jeu-là. Ce qui m’intéresse et me gratifie, ce sont les personnes rencontrées sur ma route, leur sourire, leur regard, leur Grazie ! » Pas d’angélisme, même dans la vie religieuse féminine, nous assure sœur Claire, une cheffe d’entreprise (voir le livre qui lui est consacré 7) chez les Sœurs de Saint-Augustin à Saint-Maurice : « L’esprit de ma formation de religieuse n’était pas à l’émancipation mais au renoncement. » Même si elle reconnaît qu’avec le temps, l’atmosphère a changé.

6 L’entretien de Bertand Révillion, idem, p. 18.
7 O. Toublan, Religieuse et chef d’entreprise, Saint-Augustin, 2015.

Pas si mâle !

Myriam Stocker, membre du Conseil épiscopal du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, explique : « Il a fallu un certain temps pour que ma parole soit prise en compte », soit par les autres membres, tous hommes et majoritairement clercs. « Toutefois, au fil des séances et des sujets à traiter, (ils) ont commencé à respecter mes avis parfois bien différents des leurs, à apprécier que mes réflexions nous orientent vers d’autres points de vue lors de certaines décisions à prendre, à accepter que la femme que j’étais puisse apporter parfois un témoignage qui bouscule ! » Et de conclure : « L’idéal serait que nous y soyons plusieurs femmes : alors que nous y sommes plutôt nombreuses la plupart des décisions d’Eglise continuent à être prises sans les femmes. » Son ministère d’accompagnement d’équipes et de groupes de travail l’a mise en contact avec d’autres engagées avec lesquelles elle a créé un réseau pour toute consœur intéressée à les rejoindre !

Pia Zimmerli, secrétaire de catéchèse à Renens, raconte : « Je ne me suis jamais sentie mise à l’écart ni posé la question si j’avais vraiment ma place. Pour moi, c’était clair que oui. » Célébrant des funérailles depuis 2012, elle constate : « Etre femme, laïque et veuve dans ce genre de ministère nous donne plus de liberté pour montrer notre compassion. On est crédible en quelque sorte. » Même si porter une aube fait encore cligner les yeux d’aucuns. Un bémol cependant : « Comme j’aimerais que tous les prêtres disent hommes et femmes, et frères et sœurs dans la liturgie… »

Astrid Belperroud, coordinatrice en catéchèse pour l’Unité pastorale Renens-Bussigny, se sent « intimement convoquée, impliquée, appelée » en Eglise, « non pas d’abord en tant que femme, mais comme baptisée ». Tout comme Florence Delachaux, à la fois Marthe (secrétaire et seule membre femme du Conseil de paroisse) et Marie (catéchèse et funérailles), qui résume : « J’ai toujours eu à l’esprit la réalisation de ma mission indépendamment de mon sexe. » Certaines, même, très librement, comme Nicole Andreetta à l’AGORA de Genève : « Au moment de mon envoi, l’évêque m’a dit : «  Tu devras obéir au Christ, pas à l’Eglise !  » Cela m’a rassurée en tant que femme et laïque et même pas mal libérée du carcan hiérarchique. Jésus n’a pas dit seulement «  Faites ceci en mémoire de moi  » ! Cherchons une autre partie de son héritage à vivre et
à transmettre. » Mission, ministère, vocation, l’Eglise est et sera toujours (au moins) un mot féminin. Et est bien plus déjà !

Quels engagements ?

Il y a, dans le fond comme pour les hommes – à une exception près : par l’ordination –, divers modes d’engagement pour la baptisée en Eglise : le plus répandu est le bénévolat, de la catéchèse à la solidarité, de la sacristie à l’autel, de Vie montante aux visites de malades ; la bénévole peut se former et s’instruire de façon plus poussée (AOT, Siloé, etc.), pour elle-même et pour son ministère ; puis il y a celles qui décident, après discernement en famille et avec les autorités compétentes, de se former sur plusieurs années (IFM…) pour être engagées sur mandat épiscopal comme agentes pastorales, au même titre qu’un prêtre quant au service rendu à une communauté.

Et il y a la consécration à vie, les religieuses (moniales, missionnaires, vierges…) qui sanctifient le corps tout entier en complément de l’indispensable apostolat au féminin.

Loris Follonier

Propos recueillis par Vincent Lafargue
Photo: LDD

T’es-qui?
Loris Follonier, 21 ans, d’Uvrier (VS).Tu t’engages où?
Je suis actuellement à la Garde suisse pontificale à Rome.
En paroisse, je me suis engagé tour à tour comme servant d’autel, lecteur, auxiliaire de l’eucharistie, j’ai été responsable de ces groupes, chanteur en paroisse aussi, et je suis actuellement responsable de la page Facebook de l’Eglise « couleur jeunes » de Sion.

Loris, pour toi, l’Eglise de demain sera… ?
Plus jeune et plus sincère. J’entends par là qu’avec le renouvellement des chrétiens, les nouveaux chrétiens défendront davantage les valeurs de l’Evangile et oseront davantage défendre un certain nombre de valeurs (la vie, le mariage, etc.).

Que fais-tu à la Garde suisse pontificale ?
Je suis arrivé à Rome fin octobre 2016. Après un mois de formation dans une école de police au Tessin, je suis maintenant en service, je prêterai serment le 6 mai.

Quelles sont tes découvertes ?
Ce qui m’a particulièrement marqué après mes longs mois d’armée en Suisse, c’est la merveilleuse entente ici à Rome entre Alémaniques et Romands, une ambiance qu’on ne retrouve pas dans l’Armée suisse. Par ailleurs, pouvoir travailler tous les jours à proximité de nombreux cardinaux et du pape François est une immense chance. J’ai déjà eu l’occasion de serrer la main du Pape à plusieurs reprises et on le voit assez régulièrement.

Ta foi change-t-elle grâce à tout cela ?
Le fait de pouvoir participer à de nombreux événements en lien avec l’Eglise est très important. Cela renforce et confirme pleinement ma foi.

Tu gères la page Facebook des jeunes de Sion. Internet ne représente-t-il pas un danger pour l’Eglise ?
Je trouve que le danger serait, pour l’Eglise, de ne pas être présente sur internet et de laisser place à une désinformation qui lui serait dommageable.

Tu as déjà beaucoup travaillé en Eglise en Valais. C’est rare à ton âge, non ?
J’ai un immense plaisir à côtoyer ceux qui partagent la même foi que moi et cela m’apporte une grande énergie… après, je n’ai toujours fait que ce qui semblait être à ma portée tout en représentant chaque fois un défi.

Quel sera ton prochain défi ?
Ce sera, en rentrant de mon service ici à Rome, d’essayer d’apporter aux jeunes quelque chose d’encore plus vivant en termes d’approfondissement de leur foi. Ça vaut vraiment la peine de s’engager en Eglise ! Et pour ce qui est de la Garde, j’aimerais leur dire combien c’est précieux de pouvoir vivre quelque temps au service du Saint-Père : nous seuls, Suisses, avons cette chance, il faut en profiter !

Pour aller plus loin

Le site internet de la Garde suisse pontificale : www.guardiasvizzera.va

Sur Facebook : www.facebook.com/pages/Garde-suisse-pontificale 

Aussi sur Facebook : www.facebook.com/Eglise-Couleur-jeunes-de-Sion

L’éternel… féminin

Texte et photo par Dominique Marie

Interrogation lancée via la manchette d’un journal genevois de février 2017.
Interrogation lancée via la manchette d’un journal genevois de février 2017.

Arrêtons-nous un instant sur l’éternel… féminin et portons le regard sur cette affiche « Comment battre Dieu en compétence ? » prise dans les rues de Genève à votre intention, car une réponse possible m’est apparue : en étant femme, pardieu !

Choquant, provoquant, voire hors sujet ?
Les femmes ont le mieux compris l’enseignement de Jésus. Serait-ce parce qu’il les traitait sur un pied d’égalité ? Pourtant, on constate misogynie et androcentrisme au sein de l’Eglise, où la femme est, au mieux, une aide de l’homme (GEN 2, 18).

Le lot des femmes est-il cantonné au « Kinder-Kirche-Küche » ? La femme est plurielle, polyvalente, femme multi-facettes : sainte, sorcière, tentatrice, divinité, passeuse de message, parfois transgressive, mais surtout femme hologramme, car largement en deçà de son potentiel, qu’elle vit en prose comme M. Jourdain.

Les femmes devraient avoir voix au chapitre 1, dans une égalité prônée par les Evangiles, le droit d’être entendu étant l’un des droits… de l’homme (art. 10). Pourtant en 2016, c’est sur une chaise du fond qu’une « auditrice » a pu prendre place au Synode, juste tolérée ; attitude dénoncée par cette « féministe du Vatican », dans son ouvrage 2. Qui s’intéresse aux questions féminines en Eglise ? 95 % des chercheurs sont des femmes qui seront lues par… des femmes 3.

« Infiniment reine parce qu’infiniment servante » disait Charles Péguy. Pourtant pas servile, mais appelée à un but suprême. Prenons Marie : « d’elle dépend l’acceptation du dessein de Dieu » (LC1 46-55). « Ce que femme veut » versus la « toute puissance ». « [Marie] refuse d’être l’employée de l’Histoire ou le pion domestique […] à la solde de quelque force mystérieuse et subtilement contraignante » 4. Pour l’auteur, le rôle de Marie ne s’arrête pas à la mort de Jésus, mais « provoque au contraire la persévérance, […] l’ouverture avec un acharnement sans violence contre lequel se « brisent les dents des impies »[…] » 5 : il faut re-susciter [sic] des voies d’avenir pour l’Eglise.

Sans vouloir rivaliser avec Dieu, les femmes ont une place à prendre – les religieuses représentent 80% des consacrés – 2 : « […] sans les femmes, l’Eglise ne peut pas penser l’avenir car elles n’acceptent plus de la soutenir, de la servir sans être écoutées » 2.

Gageons que l’ouverture du pape François leur offre cette opportunité.

 

1 Au Moyen-Age, le chapitre était une assemblée tenue par des religieux au sein d’un monastère, ou d’un ordre : http://originedesmots.blogspot.ch/2014/11/avoir-voixdroit-au-chapitre.html) + règle de saint François.
2 Lucetta Scaraffia. Du dernier rang : Les femmes et l’Eglise. Salvator, 2016.
3 Marie-Andrée Roy. Les femmes, le féminisme et la religion. Université Laval, 2001.
4 Yves Louyot. Marie, la femme qui a dit non. Viviers, 2003, p. 90.
5 Yves Louyot. Marie, la femme qui a dit non. Viviers, 2003, p. 92.

Tous égaux

Par Véronique Benz
Photo : Jean-Claude GadmerDès ma jeunesse, je me suis engagée bénévolement au sein de l’Eglise catholique. Adulte j’ai choisi d’y travailler professionnellement comme journaliste. Ma place en tant que femme au sein de l’Eglise ne m’a jamais posé de problème. Elle est celle de tout baptisé. En tant que femme, je ne me suis jamais sentie inférieure à un homme ou à un prêtre. Chacun avec sa vocation spécifique, avec ses qualités respectives et diverses, nous œuvrons tous à la même mission : celle du Christ.

Homme et femme partagent la même dignité humaine et la même grâce baptismale. On n’est pas un être moins humain parce que l’on est une femme, et l’on n’est pas plus fille de Dieu que l’on est fils de Dieu. Dans le cœur de Dieu, nous sommes tous uniques et infiniment aimés. Quels que soient notre sexe, nos dons, notre fonction, notre position sociale, notre richesse, notre nationalité, nos péchés, notre état de vie… nous sommes tous égaux. C’est dans le cœur de Dieu que se trouve la véritable égalité entre les êtres humains, puisque nous avons tous été créés à l’image de notre Créateur !

A chacun de nous de faire de cette égalité une harmonie.

Temps pascal

Par Thierry Schelling
Photo : Jean-Claude Gadmer
En un sens, on peut résumer liturgiquement le christianisme à… Pâques ! La Résurrection du Christ est le moteur, le cadre, la raison, le sujet de toute liturgie, et ce pour quoi l’Eglise – et les Eglises – existent. Chaque dimanche est Pâques, comme chaque eucharistie : dans un EMS, une famille, une cathédrale ou un temple, à midi ou à minuit. On y chante, célèbre et proclame encore et toujours sa foi en Christ relevé d’entre les morts. Mais une telle concentration nécessite une dynamique pédagogique à format humain, c’est-à-dire étalée dans le temps et l’espace, car tels nous sommes créés, êtres historiques limités à un lieu et à une période.

Du coup, Pâques, c’est aussi l’Ascension et la Pentecôte, qui riment peut-être plus avec congé et printemps qu’avec la Résurrection autrement ! Tout comme l’Incarnation qui est célébrée sous trois formes : le 25 décembre (la Nativité), à l’Epiphanie et au Baptême du Christ, et de même pour la Résurrection : à la Vigile (et le dimanche de Pâques), à l’Ascension et à la Pentecôte. Les deux sommets de la religion chrétienne déroulés en trois temps chacun.

Incarnation et Résurrection sont équitablement préparées par un temps de mise en route, Avent et Carême : quatre à cinq semaines conduisant à l’éclatement de joie qu’est la naissance (Gloria !) et la sortie du tombeau (Alléluia !). Et elles sont prolongées par le temps de Noël et le temps pascal, cadencés par les deux autres célébrations sur le même thème.

Le Dieu de Jésus-Christ, en devenant homme, a épousé la nécessité du temps et de l’espace pour se faire connaître, et reconnaître, par les générations successives de ses disciples : d’où la bonne idée de « triner » les deux fêtes essentielles du christianisme, de s’y préparer et de les prolonger dans la durée. Afin d’optimiser les occasions de rencontres, de conversions, de sanctifications. Et de joies !

En fait, nous avons quelque cent-vingt jours (Avent, temps de Noël, Carême et temps pascal mis bout à bout) par an pour vivre plus intensément le double mystère de notre religion. Un tiers de l’année. Pour éclairer et guider tout à la fois les deux autres tiers ?

Faire ou ne pas faire confiance?

Par l’᾿Abbé Pascal Desthieux
Photo : DRVendredi soir, je suis accueilli très fraternellement par la communauté juive libérale, au nom des catholiques genevois, à la prière du Chabbat. Puis, au cours du repas, un convive, un brin provocateur – on m᾿avait averti – lance : « Le secret du bonheur, c᾿est de ne pas faire confiance ! » Etonnement autour de la table. Je ne peux m᾿empêcher de répondre que j᾿aurais dit exactement le contraire. « Mais peut-être n᾿avons-nous pas la même signification du mot confiance ? » Il s᾿explique : « J᾿ai horreur que l᾿on me dise : « Je vous fais confiance », car alors, je suis redevable à celui qui met sa confiance en moi, cela le déresponsabilise et en plus il risque d᾿être déçu. » Certes, avoir confiance, c᾿est prendre un risque. Mais allons-nous vivre dans la méfiance pour être heureux ?

Je suis convaincu que la foi nous établit sur un chemin de confiance. Les lectures bibliques du dimanche suivant nous rappelaient justement que nous pouvons faire pleinement confiance à Dieu qui ne nous abandonne jamais (cf. Is 49, 14-15). Il est notre rocher, notre salut, notre refuge, nous pouvons compter sur lui en tous temps (cf. Ps 61). Dans l᾿Evangile, Jésus invite ses disciples à ne pas se faire de soucis pour la nourriture et les vêtements : « Cherchez d᾿abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît. » (Mt 6, 33)

Vivre dans la confiance, c᾿est avancer plus librement dans la vie, sans inquiétude. Si vous connaissez ce chant de Taizé, je vous invite à le fredonner avec moi : « Fiez-vous en Lui, ne craignez pas. La paix de Dieu gardera vos cœurs. »

Bonne Montée vers Pâques, dans la confiance !

Les femmes de nos UP

Textes et photos par François Perroset et Pierre Moser[thb_image image= »1601″]Amandine, May-Line et Marie, vous avez entre 21 ans et 27 ans et vous accompagnez le groupe des confirmands des paroisses de l᾿UP. Quelle joie vous apporte cet engagement ?
Pour Amandine, qui a déjà fait de nombreux camps et aussi du caté, la joie de son engagement c᾿est « de voir des jeunes grandir dans la foi et se l᾿approprier ». En d᾿autres termes, c᾿est « être témoin de l᾿œuvre de Dieu en eux ». Marie, qui est aussi responsable scout, nous partage que « la foi est intime à chacun ». Aussi pour elle sa joie se trouve « dans le partage à suivre ces jeunes à la confirmation ». Pour Marie, accompagner les jeunes et échanger avec eux est formateur et cela lui permet de « poser de jolies pierres sur son édifice ». Cette idée rejoint aussi celle de May-Line, car pour elle « chaque rencontre avec les jeunes est aussi une rencontre avec sa foi et elle ». Pour conclure May-Line nous dit : « J᾿aime le fait que nous soyons, à notre échelle, une petite partie de l᾿Eglise d᾿aujourd᾿hui. »

marianneMarianne, maman de deux garçons, vous terminez votre parcours de formation à l᾿Atelier œcuménique de Théologie (AOT) ici à Genève. Vous êtes aussi catéchiste dans notre paroisse de Saint-Joseph. Quelle joie vous apporte cet engagement ?
Je découvre une joie au terme de l᾿année de catéchisme en remarquant l᾿attachement aux enfants et à ce que nous partageons ensemble. Je termine les 2 ans de formation à l᾿AOT : un lieu de nourriture, « le bonbon de la semaine ». Cela me donne un regard d᾿espoir sur l᾿avenir de l᾿Eglise. C᾿est une joie de découvrir le potentiel de renaissance en se retrouvant dans l᾿amour du Seigneur.

Alix, maman de quatre filles, vous êtes la coordinatrice de catéchèse à Saint-
Joseph et participez ainsi à l᾿équipe pastorale élargie. Quelle joie vous apporte cet engagement ?
Ce qui me rend heureuse dans mon engagement en tant que catéchiste, c᾿est de réussir à transmettre la Parole de Jésus aux enfants, c᾿est de les « éveiller à la foi » et de leur faire découvrir les merveilles de Dieu à travers différents témoignages, messes animées, textes bibliques et retraites. J᾿ai parfois des enfants turbulents mais je ne me décourage pas car je sais qu᾿une petite graine est semée en eux et, quand on retrouve par exemple quelques années plus tard un jeune qui veut faire sa confirmation, on ressent une vraie joie d᾿avoir été un maillon de la chaîne.

dianaDiana, maman de deux enfants, vous venez de terminer les procédures d᾿adoption de ces deux bouts de chou. Vous êtes aussi secrétaire dans notre paroisse de Sainte-Thérèse. Quelles joies vous apportent ces engagements ?
La joie qui m᾿a permis de croire à nouveau dans l᾿Eglise, après une période d᾿incertitudes et de doutes. Cet engagement en tant que secrétaire paroissiale, ainsi que l᾿issue positive de notre démarche d᾿adoption ont été pour moi des signes qui m᾿ont redonné confiance, à la fois dans les institutions et dans mon entourage professionnel.

maristaneMaristane, maman de deux grands enfants, vous avez accompli votre première année de catéchiste à Sainte-Thérèse. Quelles sont les joies que vous ont apportées ces nombreuses années de participation aux activités de l᾿Eglise genevoise ?
La joie de servir Dieu et son Eglise. Une période assez difficile de ma vie face à la maladie, m᾿a poussée encore plus loin dans le besoin d᾿évangéliser aussi au-delà de mon cercle familial. Cette volonté me permet également de participer à divers groupes de prières, tout en conservant un respect fondamental de la tradition, qui, j᾿en suis convaincue, est la racine de notre Eglise.

Les femmes qui vont au tombeau

Par Karin  Ducret
Photo: Ldd
Au terme des récits évangéliques dramatiques de la Passion et de la mort de Jésus, tout semble fini ! C᾿est à ce moment précisément qu᾿apparaissent les femmes ! Alors que les Douze ont fui, elles sont là ! Elles ont suivi Jésus de la Galilée jusqu᾿aux heures terribles du Golgotha. « Les hommes sont restés enfermés dans le Cénacle. Les femmes, au contraire, à l᾿aube du jour qui suit le sabbat, sont allées au tombeau », avait disserté le pape François, « elles ne sont pas restées prisonnières de la peur et de la douleur, mais aux premières lueurs de l᾿aube, elles sont sorties, portant dans les mains leurs parfums et avec le cœur oint d᾿amour ». (Homélie pour vigile pascale, 4 avril 2015)

L᾿évangéliste Jean met en évidence Marie de Magdala dans son récit, celle que Thomas d᾿Aquin a appelée « Apôtre des Apôtres » car il lui fut confié d᾿annoncer aux disciples la Résurrection du Seigneur, celle qui, par décret du pape François le 22 juin 2016, est désormais fêtée par l᾿Eglise entière le 22 juillet.

Marie ne reconnaît pas tout de suite le Christ au tombeau et elle essaie de le toucher, ce qui lui vaut la réplique « Ne me retiens pas ! » (Jn 20, 17). Elle annoncera aux Apôtres que le Christ ressuscité ne renonce en rien à sa nature d᾿homme, mais Lui offre et nous offre un Amour infini.  Comme le souligne Mgr Arthur Roche, de la Congrégation du culte divin, dans l᾿Osservatore Romano, la nouvelle fête met en avant « l᾿exemple de vraie et authentique évangélisatrice » que représente Marie de Magdala. La décision s᾿inscrit dans le contexte ecclésial actuel, qui demande de réfléchir plus profondément sur la dignité de la femme, sur la nouvelle évangélisation et sur la grandeur du mystère de la miséricorde divine. Saint Jean-Paul II avait déjà mis en évidence la fonction particulière de Marie de Magdala comme premier témoin de la Résurrection, et première messagère qui a annoncé aux apôtres la résurrection du Seigneur (cf. Mulieris dignitatem, no 16). Cette importance continue aujourd᾿hui dans l᾿Eglise – comme le manifeste l᾿engagement actuel pour une nouvelle évangélisation – qui veut accueillir, sans aucune distinction, hommes et femmes de toute race, peuple, langue et nation (cf. Ap 5, 9), pour leur annoncer la bonne nouvelle de l᾿Evangile du Christ […] Marie Madeleine est un exemple d᾿évangélisatrice vraie et authentique, c᾿est-à-dire, une évangéliste qui annonce le joyeux message central de Pâques.

 

J᾿ai vu le Seigneur, et voilà ce qu᾿il m᾿a dit.
(Jn 20, 18)

La garde pontificale à Sainte-Thérèse

Ah, le prestige de l᾿uniforme. Eh bien, nos paroissiens ont été servis dimanche 5 mars 2017 et les anciens gardes l᾿ont bien senti par le chaleureux accueil qui leur a été réservé par la communauté. En effet, ce jour-là, s᾿est tenue à Sainte-Thérèse l᾿assemblée générale des anciens gardes suisses de la section Lemania (Genève, Vaud et Bas-Valais). Leur présence à Champel ce dimanche mérite que l᾿on s᾿attarde sur leur histoire. Fondée en 1506 par le pape Jules II, qui fit appel aux mercenaires les plus renommés de l᾿époque, les Suisses. A cette époque, où il était normal d᾿être mercenaire, le noyau central des Alpes hébergeait un peuple de guerriers. Les premiers cantons suisses, avec environ 500᾿000 habitants, étant donné les conditions économiques précaires de l᾿époque, constituaient un pays surpeuplé. La pauvreté était grande et il ne restait donc qu᾿à émigrer et, le plus souvent, ces guerriers devenaient mercenaires.

Ce dimanche donc, une trentaine d᾿anciens gardes suisses assistait à la messe dite par l᾿abbé Thierry Fouet. Quatre d᾿entre eux étaient revêtus de l᾿uniforme traditionnel, dont un porte-drapeau. Comme à l᾿accoutumée, les textes habituels du deuxième dimanche de Carême étaient lus, seule la prière traditionnelle a été rajoutée à la liturgie. Cette prière rappelle le serment prêté lors de l᾿assermentation de nouveaux gardes : « Je jure de servir fidèlement, loyalement et de bonne foi, le Souverain pontife régnant, François, et ses légitimes successeurs ; de me dévouer pour eux de toutes mes forces, sacrifiant, si nécessaire, ma vie pour leur défense. J᾿assume les mêmes devoirs vis-à-vis du Collège des cardinaux durant la vacance du Siège apostolique. Je promets, en outre, au Commandant et aux autres supérieurs, respect, fidélité et obéissance. Je le jure, aussi vrai que Dieu et nos saints Patrons m᾿assistent. »

Une superbe profession de foi, qui pourrait, pourquoi pas, inspirer nos jeunes en quête d᾿absolu. A noter que nous avons déjà deux beaux exemples d᾿anciens gardes rien que dans notre paroisse : Gauthier Porot-Terme et Alain Miserez. A noter également que le plus jeune des anciens gardes suisses était, il y a encore un mois, sous les drapeaux au Vatican.

La Passion selon Marc – Une passion après Auschwitz

Création mondiale de Michaël Levinas pour les 500 ans de la Réforme 13 avril, cathédrale Saint-Pierre, Genève

La création mondiale de « La Passion selon Marc. Une passion après Auschwitz » aura lieu le mercredi 12 avril, à l’église Saint-François à Lausanne. Elle sera reprise le Jeudi saint 13 avril à la cathédrale Saint-Pierre, à Genève et le Vendredi saint 14 avril à la cathédrale Saint-Nicolas de Fribourg.

La création de la Passion selon Marc sera accompagnée d’un volume collectif publié aux Editions Beauchesne. Ce livre présentera les enjeux historiques, théologiques, philosophiques et artistiques du projet. Sous la direction de Pierre Gisel et Jean-Marc Tétaz, il réunira les textes des meilleurs spécialistes tels que Danielle Cohen-Levinas, John E. Jackson, Daniel Krochmalnik, Corinna Combet, Marc Faessler, Pierre-Olivier Léchot ou encore Christoph Wolff.

« La Passion selon Marc. Une passion après Auschwitz » reprend le texte intégral de l’évangile selon Marc, en l’occurrence les chapitres 14 et 15. Le récit de l’Evangile sera encadré par deux sections qui le placent dans la perspective de la Shoah. Une section introductive, en hébreu et en araméen, commencera par le Kaddish, chanté par les voix d’hommes du chœur accompagné par l’orchestre et l’orgue. Elle continuera par la prière pour les morts « El maleh Rachamim » et s’achèvera par la lecture de noms des victimes de la Shoah, dits par l’évangéliste sur fond de murmure orchestral et de psalmodie chantée par le chœur mixte. La section conclusive sera formée de poèmes de Paul Celan, qui commencera par « Espenbaum » : le fils pleure sa mère qui n’aura jamais de cheveux blancs.  Celan est un rescapé (alors que toute sa famille a été assassinée dans les camps nazis). Ses poèmes sont sans conteste l’expression poétique la plus forte qu’a trouvée la mémoire de la Shoah.

La Passion selon Marc de Michaël Levinas sera créée par l’Orchestre de chambre de Lausanne et l’Ensemble Vocal de Lausanne. Reconnu internationalement dans les domaines de la création et l’interprétation, le double profil de pianiste et de compositeur confère à Michaël Levinas une singularité très remarquée au sein de la vie musicale française et internationale.

Les cloches

Par Pascal Bovet
Photo : Jean-Claude Gadmer

Eglise de Cottens (FR) avec clocher ouvert, inauguré en 1956.
Eglise de Cottens (FR) avec clocher ouvert, inauguré en 1956.

Ce n’est certes pas le principal élément d’une église, mais bien le plus bruyant. La mise en place des cloches se fait en dernier dans une construction et il arrive que, si les sous viennent à manquer, les cloches patientent.

Quand l’église est au milieu du village, les cloches prennent tout leur sens: marquer l’avancement du temps et cadrer certaines activités. Elles appellent à la prière matin, midi et soir, par la sonnerie de l’angélus.

Elles convoquent la communauté au rassemblement pour les offices, autrefois multiples, le dimanche.

Dans certaines communes, elles annoncent encore la fin du travail le samedi soir… alors que les usines ont fermé leurs portes depuis 24 heures…

Les cloches annoncent ou soulignent des évènements comme les décès, mariages ou baptêmes. Avant l’arrivée des sirènes, elles donnaient l’alerte en cas d’incendie, et, à certains endroits, la dernière sonnerie signifie le couvre-feu.

Perchées en un endroit inaccessible au public, elles font mémoire silencieusement de leur origine inscrite dans le bronze et ternie par le temps.

« Moi, Catherine, je sonne les heures heureuses. Mon parrain est François Duriaux, bienfaiteur de la paroisse, et ma marraine est Joséphine Marchon, dite aux-Blancs. Je suis montée en ce lieu dans la liesse de la paroisse conduite par le révérend curé Camille Cosandey en ce jour de Pentecôte, 2 juin 1865. Paix à ceux qui entendent ma voix ! »

Les moyens techniques modernes ont enlevé un des aspects utilitaires des cloches ; il ne leur reste souvent que la fonction liée aux offices. Le charme de leur sonnerie n’est plus apprécié avec la même unanimité.

Jeux et activités

Par Agnès Ançay

Pour vivre ce temps de Carême et en découvrir ou redécouvrir le sens, voici quelques jeux* ou activités proposés. Bon temps de Carême à chacun.

*Tirés des sites : www.idees-cate.com, www.eveil-foi.netQu’est-ce que le Carême ?
Complète ce texte avec les mots suivants: volonté, quarante, Amour, mercredi, cœur, cendres, Cendres, vie, revenir, mains, transformer, front.

Le Carême commence le____________ des ______________.

Le Carême dure _____________ jours.

Le premier jour de Carême nous recevons des____________ sur notre ___________ ou dans nos _______________. Cette cendre dit que notre _________ est parfois triste, grise et éloignée de l’Amour divin. Mais notre présence est signe de notre  ____________ de changer de vie. Nous désirons ____________ à Dieu avec toute la force de notre_____________. Le temps du Carême est un temps pour se laisser ___________ par l’____________ de Dieu.

Réponses jeu qu’est-ce que le Carême ?

Le Carême commence le mercredi des Cendres.

Le Carême dure quarante jours.

Le premier jour de Carême nous recevons des cendres sur notre front ou dans nos mains. Cette cendre dit que notre vie est parfois triste, grise et éloignée de l’Amour divin. Mais notre présence est signe de notre volonté de changer de vie. Nous désirons revenir à Dieu avec toute la force de notre cœur. Le temps du Carême est un temps pour se laisser transformer par l’Amour de Dieu.[thb_image image= »1336″]

En librairie – mars 2017

Par Claude Jenny, avec Sœur Gabriela Enasoae, libraire à la Librairie Saint-Augustin de Saint-Maurice

Un CD

cd_athanasiades« Les bis » de Georges Athanasiadès

Ce CD est presque un miracle ! Immobilisé de longs mois par la maladie, le célèbre chanoine organiste agaunois a tant voulu rejouer sur « son » orgue de l’abbaye qu’il y est parvenu. Le talent étant acquis, il n’y a qu’à se laisser charmer par cette sélection des grandes œuvres qu’il a choisies de rejouer. Superbe !

Des livres

« Tu as couvert ma honte »

Religieuse dominicaine, médecin dans une prison française, Anne Lécu a reçu le Prix du livre de spiritualité Panorama/La Procure 2016 pour son dernier ouvrage « Tu as couvert ma honte ». Un livre sur la honte ? Non, répond-elle, « mais sur la délicatesse de Dieu qui la recouvre. Mon propos est de tourner notre regard vers Dieu et de le détourner de ce qui nous rabaisse ».

 

« Eglise et immigration : le grand malaise »

Sous-titre : « Le Pape et le suicide de la civilisation chrétienne. » Le livre qui dérange, de Laurent Dandrieu, tiraillé comme de nombreux chrétiens entre les paroles « portes ouvertes » de François et le besoin de protéger son identité. Ou comment concilier ouverture  et défense de la civilisation européenne. Un livre qui interpelle au bon moment.

la-priere_ok« La prière dans tous ses états »

Vous aimeriez prier, mais vous ne savez pas ! Vous priez, mais vous aimeriez prier mieux ! L’abbé Joël Pralong publie un de ces petits livres qui font mouche. Avec « La prière dans tous ses états – initiation pour tous », il raconte le parcours d’un jeune de 25 ans.

« La vérité sort de la bouche des enfants… »

… mais pas seulement ! Le dessinateur Guézou vient une nouvelle fois nous titiller, avec son dernier album,
à travers des propos d’enfants joliment illustrés qui viennent nous rappeler des vérités… pas si enfantines que ça !

Infos

Ouvrages disponibles notamment dans les librairies Saint-Augustin de Saint-Maurice (avenue de la Gare, tél. 024 486 05 50, librairievs@staugustin.ch) ou de Fribourg (rue de Lausanne 88, 026 322 36 82, librairiefr@staugustin.ch)

Hommage à Frida Rohrbach

La joie de vivre et le plaisir de rendre service.

Les paroissiens de Saint Robert ont été nombreux à dire au revoir à Frida Rohrbach jeudi 26 janvier 2017. «Réjouissons-nous avec elle qui entre au paradis» nous a dit l’abbé Emilien qui a célébré la messe des funérailles avec le Père Marc. Une cérémonie comme l’avait souhaitée Frida dans ses dernières volontés, «simple, pas triste mais sereine» avec ce chant à la fin de la messe: Trouver dans ma vie Ta présence, tenir une lampe allumée, choisir d’habiter la confiance, aimer et se savoir aimé. Elle avait souhaité aussi «Qu’on ne parle pas de mes épreuves et de mes échecs, j’en ai eu comme tout le monde, mais plutôt de ma joie de vivre et de mon plaisir à rendre service».

Par Françoise de Courten
Photo: Walter HauserNée dans le Haut-Valais en 1921, Frida était une personne courageuse et joyeuse qui a marqué la paroisse. Toujours à vélo, elle se rendait par tous les temps, de jour comme de nuit, jusqu’à 88 ans, à Saint Robert. Membre du conseil pastoral et du groupe liturgique, elle était présente lors de tous les événements, grands ou petits, qui ont jalonné la vie des paroissiens. Des plus jeunes aux plus anciens, nous avons tous apprécié ses talents de fine cuisinière. Les « coquins » de Frida, c’était Noël dans les cœurs !

Les quinze prêtres du décanat savouraient avec grand plaisir le repas que Frida leur offrait chaque année le jeudi saint, dans l’esprit de l’Evangile (« Je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir » Mathieu 20-27), sa manière à elle de les remercier pour leur engagement au service de l’Eglise.

Elle participait aussi aux rencontres de l’association « Foi et Lumière » réunissant des jeunes handicapés et leurs familles pour partager l’amitié, prier ensemble, fêter et célébrer la vie.

Pendant les 65 années qu’elle a consacrées à la paroisse, « sa famille spirituelle », elle nous a donné l’exemple d’une foi solide et authentique : une leçon de vie.

Pour se souvenir de Frida, le mieux est encore de lui laisser la parole. Lors de la Journée des laïcs en février 2000, elle nous avait donné ce témoignage :

Pour moi l’âge de la retraite est un temps béni que je vis à 100 à l’heure avec la fougue de mes 20 ans. Il y a encore plein de choses à faire et le temps file inexorablement. Mais j’ai une santé à toute épreuve, des enfants et des petits-enfants. Ils sont ma continuité et ma joie.

Je suis membre d’une paroisse où il fait bon participer et s’engager avec des paroissiens jeunes ou moins jeunes, que j’aime et qui me le rendent bien.

J’ai le temps. C’est si agréable à dire quand on vous demande une présence, une participation ou un service. Eh bien, moi, j’ai 24 heures chaque jour. J’ai le temps de faire partie de l’un ou l’autre groupe de la paroisse, j’ai le temps pour un service par-ci par-là. J’ai le temps pour l’imprévu qui se présente et aussi le temps pour le Seigneur. Ce temps nous manque si souvent pendant les années actives. Comme le Seigneur est patient, il est parfois le dernier servi.

Maintenant, j’ai le temps de participer aux célébrations et aux prières communautaires. J’ai le temps pour la prière individuelle et la prière silencieuse qui est peut-être la plus belle quand on écoute parler le Seigneur.

Quand on a la foi, la santé, qu’on aime et qu’on est aimé, la vie ne peut être que belle. Je remercie le Seigneur pour tout ce qui embellit et enrichit l’automne de ma vie. Chaque jour je m’émerveille d’être là à faire un pas à la rencontre du Père.

Après la retraite active viendra le temps de lâcher prise. Je le sais, c’est incontournable. Je suis optimiste. Je crois qu’il y aura encore quelque chose à faire pour ceux qui ont la sagesse de lâcher prise, de laisser s’en aller les rêves inachevés. Pour ceux qui ont été contraints par la maladie et les infirmités de l’âge, et pour ceux qui voient se pointer ce spectre à l’horizon, comme pour les plus faibles et les plus fragiles, il restera quelque chose à faire sur les sentiers du Seigneur. Je me souviens de ma mère qui à 92 ans disait : « Je ne peux plus prier, je perds toujours le fil. » Un jeune prêtre lui a répondu alors avec conviction : « Ne vous fatiguez plus avec ces paroles. Reposez-vous sur le cœur de Jésus et tenez-Lui compagnie en silence. »

C’est la plus belle prière et ça c’est à la portée de tous. On ne peut pas se rapprocher plus du seuil pour faciliter le dernier pas.

Frida Rohrbach – février 2000

«Vivre l’Evangile et agir ensemble»

Remise du «Label œcumenica» lors d’un événement musical et festif

Le 23 mars 2016, le comité de la Communauté de travail des Eglises chrétiennes de Suisse (CTEC.CH) a octroyé le «Label œcuménique» à deux projets en Suisse romande1. Ce label, certifiant un œcuménisme exemplaire, sera remis le 1er avril aux «Rencontres œcuméniques de Carême» de la région franco-suisse entre Arve et Lac et à « L’aumônerie œcuménique des prisons » de Genève lors d’un événement œcuménique festif et musical à la Salle communale de Chêne-Bougeries2.

Par Karin Ducret, pour le comité d’organisation des «Rencontres œcuménique de Carême»oecumenicaOecumenica est un label de qualité national attribué pour distinguer et mettre en évidence des projets par rapport à l’œcuménisme. Il met aussi en évidence les lignes directrices de la Charta œcumenica3 signée par les principales Eglises de Suisse. Le label encourage enfin les Eglises à poursuivre le chemin de l’unité, car malgré les différences issues des traditions, des actions communes sont possibles !

« Rencontres œcuméniques de Carême » : le temps de Carême ancré dans la réalité. Depuis 1976 les paroisses catholiques, protestantes et évangéliques de la région franco-suisse entre Arve et Lac organisent deux soirées-conférences sur des thèmes spirituels ou sociologiques, animées alternativement par des théologien-ne-s, sociologues, auteur-e-s protestants et catholiques, et une troisième rencontre proposant une célébration, une table ronde ou un événement culturel. Les thèmes relèvent de la société, des religions, de la foi, de l’économie, de la politique.

« L’aumônerie œcuménique des prisons » de Genève : l’action est principalement portée par les Eglises catholique romaine, protestante, catholique chrétienne, avec en appoint l’Eglise orthodoxe roumaine,  l’Armée du Salut et les Adventistes. Avec la devise « privé de liberté… mais libre d’être écouté », les aumôniers offrent quotidiennement un espace d’écoute, de prière et d’accompagnement spirituel, en plus de messes et cultes en alternance, chaque dimanche, ainsi que des célébrations œcuméniques aux grandes occasions. Les aumôniers offrent une présence humaine aux détenus.

 

1 Informations tirées de l’article « relation d’aide – débat de société » par Christiane Faschon, secrétaire générale de la CTEC dans http://www.agck.ch/fr/accueil/349-relation-d-aide-debat-de-societe
2 Evénement œcuménique festif et musical avec le chœur gospel Singing Friends ainsi que Michel & Sophie Tirabosco à la salle communale de Chêne-Bougeries. Route de Vallon 1, tram 12 arrêt Grange-Falquet. Parking sur place
3 http://www.ceceurope.org/wp-content/uploads/2015/07/Charta_Oecumenica_FR.pdf[thb_image image= »1490″]

Tous disciples d’Emmaüs

Par Geneviève de Simone-CornetNous cheminons vers Pâques, la fête du passage. Passage de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière, du doute à la foi. Longue route que ces quarante jours du carême qui nous liment, nous érodent, nous taillent pour que nous devenions toujours plus semblables à Jésus. A Noël, il s’est mis en chemin d’humanité avec nous pour vivre au plus près nos joies et nos détresses, nos questions et nos espoirs. Durant ce carême, il est au désert avec nous. Jour après jour. Viendra la Semaine sainte, la grande semaine : là, il nous précédera pour frayer le passage à la lumière dans toutes les obscurités du monde. Et les nôtres. Lent travail, à recommencer sans cesse, jusqu’à la fin du monde.

N’est-ce pas le sens du récit des disciples d’Emmaüs, ces deux hommes rejoints à l’improviste par un inconnu ? Ils quittent Jérusalem ruminant leur déception – qu’attendre encore de ce Jésus qui s’est laissé condamner et crucifier ? Un Messie ? Allons donc ! –, bien décidés à rentrer chez eux, à reprendre leurs habitudes. « Ils avaient rebouché le trou / à l’intérieur d’eux-mêmes », écrit le poète Jean-Pierre Lemaire. Finis l’ouverture, l’attente, le risque ! Morte l’espérance ! Comme ce Jésus qui leur avait promis monts et merveilles…

Seulement, ils sont en route. Et il y a cet inconnu… Intéressante, tout de même, sa façon de les questionner. Et de leur parler des Ecritures alors que le soir tombe : il trouve « des mots comme des lampes », dit le moine poète Gilles Baudry. Alors, poursuit Jean-Pierre Lemaire, « quelque chose en eux remua profondément ». A l’auberge, il disparaît. Non sans avoir, cheminant puis demeurant avec eux, élargi leur vie : « Ils s’aperçurent qu’en eux-mêmes le trou était ouvert ».

Alors, oui, ils peuvent repartir vers Jérusalem. Il s’est passé quelque chose. De l’ordre de l’intime. Le Sauveur est venu habiter leur terre intérieure pour la libérer. C’est là qu’il travaille, et son Royaume est au-dedans. Les disciples d’Emmaüs c’est moi, c’est toi, c’est nous. C’est tant de nos contemporains enfermés dans la nuit du doute, de la peur, de la souffrance. Tous rejoints par un Dieu qui fait route et demeure avec eux. Alors, quand nous fêterons Pâques, ne l’oublions pas : le passage que le Christ est venu inaugurer est offert à tout homme; et la route d’Emmaüs fait de nous des disciples. Si nous le laissons déboucher le trou.

Sens biblique de la bénédiction

Texte et photo par Bruno Sartoretti

Icône de la protection de Jérusalem, Jérusalem.
Icône de la protection de Jérusalem, Jérusalem.

La bénédiction n’évoque souvent que les formes les plus superficielles de la religion, formules marmonnées, pratiques, vides de sens auxquelles on tient d’autant plus qu’on a moins de foi. Pourtant, le dernier geste visible du Christ sur la terre, celui qu’il laisse à son Eglise et qu’a fixé l’art chrétien de Byzance et des cathédrales, est sa bénédiction (Lc 24, 50ss). La bénédiction est un don qui touche à la vie et à son mystère, et c’est un don exprimé par la parole et par son mystère. La bénédiction est parole autant que don, diction autant que bien (grec : eu-logia, latin : bene-dictio, français : éloge ou bénédiction) parce que le bien qu’elle apporte n’est pas un objet précis, un don défini, parce qu’il n’est pas de la zone de l’avoir mais de l’être, parce qu’il ne relève pas de l’action de l’homme mais de la création de Dieu. Bénir, c’est dire le don créateur et vivifiant, soit avant qu’il se produise, sous la forme d’une prière, soit après coup, sous la forme de l’action de grâces.

La bénédiction étant à la fois chose donnée, don de quelque chose et formulation de ce don, trois mots l’expriment : le substantif beraka, le verbe barék, l’adjectif barûk.

– Bénédiction (beraka) : Même en son sens le plus profane, le plus matériel, celui de « cadeau », le mot comporte une nuance très sensible de rencontre humaine. Les présents offerts par Abigaïl à David (1S 25, 14-27), par David aux gens de Juda (81S 30, 26-31), par Naaman guéri à Elisée (2R 5, 15) par Jacob à Esaü (Gn 33, 11) sont tous destinés à sceller une union ou une réconciliation. Mais les emplois de loin les plus fréquents du mot sont en contexte religieux : même pour désigner les richesses les plus matérielles, si le mot de bénédiction est choisi, c’est pour les faire monter à Dieu et à sa générosité (Pr 10, 6-22 ; Si 33, 17), ou encore à l’estime des gens de bien (Pr 11, 11 ; 28, 20 ; Si 2, 8). La bénédiction évoque l’image d’une saine prospérité, mais aussi de la générosité envers les malheureux (Si 7, 32 ; Pr 11, 26) et toujours de la bienveillance de Dieu.

– Bénir (barék) : Le verbe comporte une gamme d’emplois très étendue, depuis le salut banal adressé à l’inconnu sur la route (2R 4, 29) ou les formules habituelles de courtoisie (Gn 45, 7-10 ; 1S 13, 10) jusqu’aux dons les plus hauts de la faveur divine. Celui qui bénit est le plus souvent Dieu, et sa bénédiction fait toujours jaillir la vie (Ps 65, 11 ; Gn 24, 35 ; Jb 1, 10). Aussi seuls les êtres vivants sont susceptibles de la recevoir ; les objets inanimés sont consacrés au service de Dieu et sanctifiés par sa présence, mais non pas bénis.

– Béni (barûk) : Le participe barûk est, de tous les mots de bénédiction, le plus fort. Il constitue le centre de la formule typique de bénédiction israélite ; « Béni soit… » Ni simple constatation, ni pur souhait, plus enthousiaste encore que la béatitude, cette formule jaillit comme un cri devant un personnage en qui Dieu vient de révéler sa puissance et sa générosité, et qu’il a choisi « entre tous » : Yaël, « entre les femmes de la tente » (Jg 5, 24) ; Israël, « entre les nations » (Dt 33, 24) ; Marie, « entre les femmes » (Lc 1, 42). Aussi fréquente et aussi spontanée que le cri : « Béni N… ! », la formule parallèle : « Béni Dieu ! » jaillit également du saisissement éprouvé devant un geste où Dieu vient de révéler sa puissance. Elle souligne moins l’ampleur du geste que son merveilleux à-propos, son caractère de signe. A nouveau, la bénédiction est une réaction de l’homme à la révélation de Dieu (Gn 14, 20 ; Gn 24, 27 ; Ex 18, 10 ; Rt 4, 14). La bénédiction est toujours confession publique de la puissance divine et action de grâces pour sa générosité.

Saint Joseph, qui es-tu?

En ce mois de mars, regardons qui est saint Joseph. Homme silencieux, discret et humble de l’Evangile; il est à la fois un époux, un père, un artisan et un saint. C’est avec ces qualificatifs que nous souhaitons vous présenter saint Joseph.

Par François Perrosetdsc_3709Un homme : bien que qu’il soit silencieux, le personnage de Joseph est mentionné à dix-neuf reprises dans l’Evangile. Il ne parle pas, mais il agit, il fait ce que l’ange lui prescrit. En effet « ce premier il fit devient le commencement du chemin de Joseph »1. C’est un homme, dans toute sa masculinité, issu de la lignée de David (cf Lc 3, 23-38 ; Mt 1, 1-17). Si nous pensons au texte de la Genèse, Dieu a créé l’homme et la femme, c’est-à-dire qu’il y a une différence sexuelle. Jean-Paul II a écrit « l’homme (adam) créé du limon du sol est défini comme homme (is = mâle) seulement après la création de la première femme »2. Cela signifie que Adam a besoin du vis-à-vis d’Eve pour pouvoir se définir comme un homme masculin. De même Joseph a besoin de Marie pour être un homme viril.

Un époux : le mariage de Marie et Joseph ne nous est pas raconté dans la Bible. Nous savons que l’un et l’autre étaient promis en mariage. (cf. Mt 1). Il s’agit d’une première partie du mariage – des fiançailles. Car dans le peuple hébreu le mariage se concluait en deux étapes « on célébrait d’abord le mariage légal (vrai mariage) et c’est seulement après un certain temps que l’époux faisait venir l’épouse chez lui »3. Aussi « C’est dans ce laps de temps que Marie se trouve enceinte »4. A propos de Marie et Joseph, Jean-Paul II a écrit « voici qu’au seuil du Nouveau Testament comme à l’entrée de l’Ancien se dresse un couple. Mais, tandis que celui d’Adam et Eve fut la source du mal qui a déferlé sur le monde, celui de Joseph et de Marie est le sommet d’où la sainteté se répand sur toute la terre »5.

Un père : Joseph est le père putatif, c’est-à-dire qu’il devient le père adoptif de Jésus. Lors du songe, Joseph a la mission de donner le prénom de Jésus à l’enfant (cf. Mt 1, 25). Ainsi « en nommant l’enfant, rôle réservé au père, il l’adoptera »6. Rappelons nous que « saint Joseph a été appelé par Dieu à servir directement la personne et la mission de Jésus en exerçant sa paternité c’est bien de cette manière qu’il coopère dans la plénitude du temps au grand mystère de la Rédemption […] »7. Joseph est donc le père terrestre de Jésus, qui va l’accompagner dans sa croissance et son éducation. C’est lui qui se fera du souci lorsque Jésus, âgé de 12 ans, restera au temple de Jérusalem.

Un artisan : toute l’enfance et la croissance de Jésus ne nous sont pas racontées. Jean-Paul II a écrit : « une des expressions quotidienne de cet amour dans la vie de famille de Nazareth est le travail »8. Bien qu’il soit issu de la noble lignée de David, Joseph exerce l’humble métier de charpentier, un artisan au sens du mot grec « tekton ». Le travail – manuel ou intellectuel – permet « la sanctification de la vie quotidienne, à laquelle chacun doit s’efforcer en fonction de son état […] »9. Lors de la fête de Saint-Joseph travailleur, nous demandons à Dieu : « tu veux que l’homme par son travail te rende gloire en continuant ton œuvre […] »10. Ainsi notre travail doit permettre de glorifier Dieu.

Un saint : Joseph, un homme mais aussi un saint. Lors de la fête des Saints, à la messe nous disons : « Dans leur vie, tu nous procures un modèle, dans la communion avec eux, une famille et dans leur intercession, un appui »11. Joseph est aussi un modèle de prière. Jean-Paul II le décrit comme « un homme ouvert à l´écoute de Dieu dans la prière ». Aussi ne manquons pas d’invoquer saint Joseph dans notre prière, en particulière pour le travail, la famille et la vie de couple.

 

1 Jean-Paul II, Redemptoris custom
2 Jean-Paul II, A l’image de Dieu homme et femme, Cerf, 1980, p. 42
3 Jean-Paul II, Redemptoris custos, n° 17
4 Les Evangiles : textes et commentaires, Alain MARCHADOUR, Bayard, 2001.
5 Jean-Paul II, Redemptoris custos, n° 7
6 Les Evangiles : textes et commentaires, Alain MARCHADOUR, Bayard, 2001.
7 Jean-Paul II, Redemptoris custos, n° 4
8 Jean-Paul II, redemptoris custos, n° 22
9 Jean-Paul II, redemptoris custos, n° 22
10 Missel romain, Fête de Saint Joseph travailleur.
11 Missel romain, préface des saints.

Samedi 21 janvier 2017: célébration œcuménique de la semaine de l’unité des chrétiens

Par Michel Pannatier
Photos : Philippe EsseivaCette fois-ci, c’est Saint-Cergue qui accueillait dans sa chapelle Sainte Madeleine ses frères et sœurs de la communauté réformée.

Une quarantaine de fidèles, autant de réformés que de catholiques, ont entouré les dynamiques diacres Magali Borgeaud (communauté réformée) et Eric Moneron (communauté catholique). La célébration s’est déroulée dans une très bonne ambiance. Au début, en guise de bienvenue, tout le monde s’est salué. Un mur de 12 briques, représentant autant d’obstacles sur le chemin de la Foi, a été bâti pour être ensuite démantelé et transformé en une croix, symbole d’espoir. La célébration s’est achevée par un apéritif qui a permis de partager un moment convivial et informel.

Bénir

Par Thierry Schelling
Photo : DR
Bénir un malade, un enfant, un chapelet, un bâtiment, voire un champs, c’est lui vouloir du bien. Benedicere, dire du bien. Voilà quelque chose d’universel. Toutes les religions, en bénissant, veulent attirer la protection céleste sur le destinataire ; et toutes mettent à disposition des objets bénis : amulettes, rameaux, crucifix, Madones, images, vignettes.

Les gestes et formules des bénédictions sont des plus instructifs sur la Weltanschauung de la religion. Et c’est le corps humain qui est l’exécuteur universel de la bénédiction. D’ailleurs, toutes utilisent les mains pour bénir. Qui est une façon de disposer et d’« ordrer » êtres et choses les uns par rapport aux autres : il y a un aspect « cosmétique », embellissant, à bénir les animaux, les quatre points cardinaux, les eaux, les montagnes… Bénir, c’est tout bien faire pour une plus grande protection : un croyant, qu’il soit restaurateur napolitain, commerçant chinois, motard valaisan, ou un foyer en difficultés financière ou personnelle, un mourant ou des amoureux souvent demandent une bénédiction. Avec, parfois, une propension à l’exagération : ici, seul le clergé peut bénir; là, seul ce gri-gri portera bonheur.

Toutes les religions délimitent par des bénédictions l’espace – entre sacré et profane – et le temps propice à celles-là : le temps pascal, Ramadan, le matin… Ainsi, les religions répètent à la fois la largesse de Dieu sur le monde, et notre nécessité à se disposer pour recevoir Sa bénédiction : par la foi en Dieu qui est ultimement bon. En ce sens, il y a au moins une condition pour une « vraie » bénédiction : l’intention avec laquelle elle est demandée et pratiquée.

La bénédiction, praticable par tous ? Presque ; il y a des « experts », prêtres, chamans et autres moines, mais dans presque toutes les religions, toute personne bien intentionnée peut bénir sans autre une autre personne, tant il est vrai que ce sont les vivants qui sont à bénir, même lorsqu’ils présentent des objets aux mains du « bénisseur »… ou de la bénisseuse. Oui, bénir est une activité pour les deux sexes ! Bien des traditions religieuses ont la femme bénissant la terre, l’humanité, le monde : chamane iroquoise, Vierge de Fátima, Lakshmi ou Athéna… Et spécifiquement la mère. La bénédiction est féminine et matricielle.

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