La chapelle de Maradona et les veaux d’or

Pour certains, le but irrégulier de Maradona a vraiment été marqué avec « la main de Dieu ».

Par François-Xavier Amherdt | Photo : DR

Il n’y a pas besoin de chercher très loin dans notre société contemporaine pour y découvrir des idoles érigées en espèces de divinités : pensons à la chapelle élevée en Argentine en l’honneur de Diego Maradona, comme si son fameux but irrégulier avait été vraiment marqué avec la « main de Dieu », quand nous voyons dans quelle déchéance il a fini sa vie. Il en va de même pour les stars de la pop musique, tels Michael Jackson, Prince ou tant d’autres, dont les fans ne peuvent qu’être déçus de l’aboutissement de la trajectoire. 

Le veau d’or

Le phénomène de l’idolâtrie, exemplifié dans les Ecritures par l’épisode du veau d’or fondu par le peuple d’Israël et fêté à la place du Seigneur libérateur d’Egypte (Exode 32), était si présent chez les membres de la nation élue que le premier commandement du Décalogue lui est dédié : « Israël, tu n’auras pas d’autres dieux que moi. Tu ne te feras aucune image sculptée. Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux et tu ne les serviras pas. » (Exode 20, 3-5a) C’est pourtant ce que fait la nation sainte : la tentation est tellement grande de pouvoir disposer de divinités à notre image, de réussir ainsi à mettre la main sur elles afin de recevoir leurs bonnes grâces, à coup de sacrifices destinés à les amadouer ! 

Idoles d’hier et d’aujourd’hui

Avec certains dictateurs actuels, on a l’impression qu’il convient de trouver le moyen d’abord de flatter leur ego, de telle sorte qu’on puisse ensuite tout obtenir d’eux… Israël était entouré de tribus pratiquant des cultes aux faux dieux que la Bible appelle les « baals » (terme qui signifie « maître » en hébreu) et dont elles pensaient gagner les faveurs de façon à bénéficier de la fécondité de la terre.

Ce qui caractérise les idoles d’autrefois comme d’aujourd’hui, c’est qu’elles exigent de notre part un total attachement à elles, si bien que ce n’est qu’en acceptant une pareille aliénation que nous croyons parvenir à nos fins. Avant de nous rendre compte que tout cela n’était que du vent. Seul le Dieu Père de Jésus-Christ mérite d’être « adoré ». Pour le reste, si nous allons au-delà de l’estime raisonnable, nous risquons de nous retrouver « Gros-Jean comme devant ».


A bas l’idole!

Par Thierry Schelling | Photo : unsplash

C’était en 2018, lorsque le pape François a décortiqué le thème de l’idolâtrie en commentant le Premier commandement du Décalogue. Stimulant de le relire.

« Un Dieu, c’est ce qui est au centre de sa vie, dont dépend ce que l’on fait et ce que l’on pense ; une idole, en revanche, est une « divinisation de ce qui n’est pas Dieu », une « vision » qui confine à l’obsession, une « projection de soi-même dans des objets ou des projets ». Voilà en substance une définition claire. Pour la paraphraser, l’idolâtrie, c’est une vie faussée à côté de la vraie vie : « Les idoles promettent la vie, mais en réalité, elles l’enlèvent. Le véritable Dieu ne demande pas la vie, mais la donne, l’offre. » »

La prière contre le tarot !

Et de lister des exemples : la carrière au prix d’une vie de famille épanouie ; le culte outrancier de la beauté du corps qui réclame des sacrifices inouïs – de beaux ongles plutôt que d’acheter des fruits – ; la renommée enflée par les réseaux sociaux qui n’ont ni foi ni loi en l’humain, mais uniquement aux nombres de like ; la cartomancie dans un parc de Buenos Aires (où il était évêque) et les lignes de la main lues par des charlatans (François ne mâche pas ses mots !), sans parler de l’argent, du profit ou de la drogue.

Qui est mon Dieu ?

François continuait : « Qui est ton dieu, dans le fond ? » Et de ne proposer qu’une alternative : « Est-ce l’amour Un et Trine, ou mon image, mon succès personnel ? » L’opposé de l’idolâtrie, c’est l’amour : de Dieu, du prochain et de soi. A ne pas confondre avec l’idolâtrie de Dieu, de l’autre et de soi ! Et il continuait : « L’attachement à une idée ou à un objet nous rend aveugles à l’amour, nous pousse à renier ceux qui nous sont chers. » 

Qui est mon idole ?

Et le Pape de renchérir encore une fois : « Quelle est mon idole ? » Il faut donc reconnaître qu’une part d’« attachement désordonné » habite chaque humain qui vit et se construit. Ce n’est pas utile de se morfondre en regrets, mais bien plus utile de mettre un nom sur « notre » idole et de s’en débarrasser. Comment ? « Attrape-la, et jette-la par la fenêtre », concluait le Pape !


Une Eglise de visages qui révèlent le Seigneur

Maria Teresa Gonzàlez-Quevedo a été proclamée vénérable par Jean-Paul II en 1983.

Chaque mois, L’Essentiel propose à un ou une représentant(e) d’un diocèse suisse de s’exprimer sur un sujet de son choix. Mari Carmen Avil, représentante de l’évêque pour la prévention, du diocèse de LGF, est l’auteure de cette carte blanche.

Par Mari Carmen Avila, représentante de l’évêque pour la prévention du diocèse de LGF
Photos  : DR

« Ma Mère, que celui qui me regarde te voie » est une phrase attribuée à María Teresa González-Quevedo, dite Teresita, jeune religieuse espagnole née en 1930 et proclamée vénérable par Jean-Paul II en 1983. Depuis mon plus jeune âge, cette expression m’interpelle profondément. Je l’ai adoptée comme prière, en l’adressant aussi à Jésus, à qui je répète souvent ce désir de mon cœur. Jésus répond à Philippe : « Celui qui m’a vu a vu le Père. » (Jn 14, 9) Si Jésus peut dire cela, alors nous aussi, en tant que disciples, sommes appelés à refléter Dieu dans nos vies. Cela change tout dans notre mission pastorale.

Dans mon rôle de représentante de notre évêque pour la prévention, je rencontre de nombreuses personnes. Cette phrase me revient souvent à l’esprit, surtout face à ceux qui vivent le drame de la solitude intérieure, conséquence d’un repli sur soi. Elle me rappelle que nous sommes tous confrontés à une tension fondamentale : appelés à être des icônes, nous risquons de devenir des idoles.

Notre vocation, en tant qu’enfants de Dieu, est d’être des icônes qui ouvrent à la transcendance, qui invitent à regarder plus haut, à découvrir la joie d’être profondément aimés. Mais nous trahissons cette vocation lorsque nos blessures, nos ambitions ou notre histoire prennent le devant de la scène, reléguant Dieu à l’arrière-plan. Cette trahison, parfois subtile, peut conduire à des abus – de pouvoir, de conscience, ou sexuels – qui trouvent souvent leur origine dans une perte de la dimension iconique du ministère.

Notre Eglise est appelée à changer de culture : il n’y a ni supérieurs ni inférieurs, seulement des frères et sœurs en quête de Dieu. Mon plus grand souhait est que ceux qui nous regardent voient une communauté unie autour d’un seul Seigneur, désireuse de le révéler au monde.

Jeunes, humour et mot de la Bible – novembre 2025

Par Marie-Claude Follonier

Mot de la Bible

Baisser les bras

Cette expression qui signifie renoncer, se décourager, nous vient du Livre de l’Exode (chapitre 17, 8-16). Les Amalécites attaquent le peuple d’Israël et semblent gagner la partie lorsque Moïse baisse les bras. Finalement, les troupes d’Amaleq sont vaincues lorsque Aaron et Hour soutiennent Moïse et l’aident à maintenir ses bras levés. Ce récit serait à l’origine de l’ordalie de la croix, cette forme de procès appelée aussi « jugement de Dieu », qui aurait été instituée par Charlemagne. Elle consistait à placer les accusés en forme de croix, ligotés à un poteau et condamnés à tenir le plus longtemps possible les bras tendus à l’horizontale. Le premier à baisser les bras était considéré comme le coupable et condamné. Le roi Louis le Pieux interdit cette épreuve au début du IXe siècle, la jugeant offensante au regard de la passion du Christ.

Par Véronique Benz

Humour

Deux vieux garçons peu habitués à voyager visitent Londres et décident de prendre les fameux bus rouges à deux étages. Ils se mettent en bas et soudain, l’un d’eux décide d’aller voir en haut, par curiosité. Quelques instants plus tard, il revient et dit à son copain : « On a bien fait de se mettre en bas : en haut, il n’y a pas de chauffeur ! »

Par Calixte Dubosson

Débiteur du Malin

Le père Jean-Christophe Thibaut est un ancien luciférien converti.

Pendule, médiumnité, magie… L’ésotérisme fascine et sa pratique attire de plus en plus d’adeptes. Le père Jean-Christophe Thibaut a lui-même été séduit par ces trompeuses lumières. Ancien luciférien converti, il est aujourd’hui investi dans l’accueil et l’accompagnement des personnes ayant eu recours à des pratiques occultes. 

Par Myriam Bettens | Photos : DR

Aujourd’hui on a tendance à imputer toutes les manifestations démoniaques à des troubles mentaux. Comment discerne-t-on la nature maléfique (ou non) de ces phénomènes ?
Nous sommes dans un domaine proche de celui de la psychologie, la vie spirituelle reposant aussi sur la vie psychique des individus. L’Eglise s’est donc donné  un certain nombre de critères de discernement. La plainte doit être précise et, après avoir éliminé les causes naturelles, les phénomènes décrits doivent sortir de l’ordinaire. Les « manifestations » doivent avoir un début clairement identifié. Il y a toujours un événement déclencheur qu’il faut repérer, tels que tirage de cartes, magnétisme, mais aussi une retraite spirituelle ou un événement spirituel fort. Le dernier critère concerne le déséquilibre émotionnel que cela crée, comme la peur ou l’impossibilité de prier.

Le Démon a parfois bon dos lorsqu’il s’agit d’expliquer des événements que l’on ne comprend pas…
On a du mal aujourd’hui à reconnaître sa propre responsabilité dans les événements qui adviennent. On cherche un coupable, en se demandant ce qu’on a fait au bon Dieu ou au Diable pour vivre cela. Toutefois, le prêtre est bien souvent la dernière personne que l’on vient voir, car il y a toujours cette hantise d’être pris pour un fou, jugé, voire moqué, alors que la parole reste la première forme d’exorcisme en formulant le trouble que l’on vit.

En parlant d’exorcisme, ces ministères de délivrance n’ont pas si bonne presse et tendent à disparaître. Est-ce à dire que l’Eglise elle-même s’emploierait à rationaliser ces manifestations ?
Je crois au contraire que c’est un ministère en plein développement ou plutôt redéveloppement. Simplement parce que les demandes sont nombreuses et qu’il faut pouvoir les prendre en compte. Cela nécessite d’être formé, de ne pas avoir de tabous sur ces sujets-là et de reconnaître que ce monde invisible existe réellement. Sur ce dernier point, la position de l’Eglise n’a jamais varié. Néanmoins, l’apport de la psychologie nous aide à bien discerner ce qui relève effectivement du spirituel. D’où l’importance d’être entouré et d’avoir des relais dans d’autres spécialités sans minimiser la réalité de ces phénomènes.

La Bible et l’Eglise ont toujours mis en garde contre la tentation des pratiques occultes et, vous ne cessez de le rappeler, elles ont un prix…
Les pratiques occultes rendent débiteurs, car elles finissent toujours par lier la personne dans sa liberté. Lorsqu’on cherche à obtenir quelque chose dans le cadre du spiritisme, de la sorcellerie, du chamanisme, de la voyance, de la médiumnité ou encore du secret, les esprits du monde invisible vont intervenir dans nos vies, au point d’en prendre le contrôle. On abdique tout ce qui est de l’ordre de notre libre arbitre en laissant des forces extérieures nous diriger.

Lorsqu’on devient débiteur, comment fait-on pour solder sa créance ? D’ailleurs, peut-on vraiment s’en débarrasser ?
La bonne nouvelle, c’est que oui ! On invite premièrement la personne à une démarche de vérité pour mettre en lumière ce qui a été fait, sciemment ou de bonne foi. Le sacrement de réconciliation, des actes de renonciation et les prières de délivrance sont les autres instruments de libération que l’Eglise nous donne. Or, nous sommes dans une époque de mentalité magique où toutes les réponses doivent être rapides. Les gens veulent une petite prière qui n’implique pas trop et sans effets secondaires, alors que tout l’enjeu est de se mettre en chemin.

Bio express

Le père Jean-Christophe Thibaut (65 ans) est prêtre de paroisse dans le diocèse de Metz, aumônier d’un centre hospitalier en Moselle et historien des religions. Il se consacre depuis plus de trente ans à l’étude des phénomènes ésotériques et des thérapies alternatives. Il est d’ailleurs l’auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet. Avec le soutien de son évêque qui l’encourage dans ce ministère, depuis son ordination en 1992, il sillonne la France, parfois les pays voisins, pour aller à la rencontre des paroissiens lors de conférences, « le défi étant d’expliquer l’enjeu spirituel qu’il y a derrière ces pratiques sans que les personnes se sentent accusées ou jugées ».

Le prêtre de paroisse dans le diocèse de Metz est l’auteur de plusieurs ouvrages.

Vitraux de Claude Sandoz, église Saint-Martin, Torny-le-Petit (Fribourg)

Les vitraux racontent des épisodes de la vie de saint Martin de Tours selon La Légende dorée.

Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer

L’église de Torny-le-Petit est un joli édifice assez typique de ce qui était construit au dix-neuvième siècle. Elle se situe sur l’ancienne route romaine qui reliait Vevey et Avenches et il est probable qu’un lieu de culte se trouvait déjà à cet endroit pendant l’Antiquité.

Ce qui est plus inattendu, c’est l’explosion de couleurs attendant le visiteur qui pousse la porte. Les huit baies que l’on doit à Claude Sandoz sont une invitation au voyage. L’artiste suisse est connu pour s’inspirer de ses expéditions en Asie. Il dit de lui-même que la principale qualité de son œuvre est « la vibration sonore de la couleur ».

Les vitraux racontent des épisodes de la vie de saint Martin de Tours selon La Légende dorée. Si vous êtes sur place, prenez le temps de faire le tour et de repérer tout ce qui évoque le Japon. Vous y trouverez des personnages issus du théâtre nô, des dessins inspirés des estampes…

Concentrons-nous sur l’œuvre de ce mois. Si le bas de la baie est très exotique, les motifs végétaux de la partie haute rappellent les lampes Tiffany. Il y a quelque chose de presque art nouveau. La construction en symétrie axiale est caractéristique de certaines des œuvres de l’artiste.

La thématique est « la charité de saint Martin ». C’est la scène la plus célèbre de la vie du saint : rencontrant un homme quasiment nu en plein hiver, il est pris de pitié. Il partage alors son manteau pour en offrir la partie qui lui appartenait en propre. 

Sandoz a choisi de représenter le saint comme dédoublé. A notre gauche, le légionnaire romain, casque sur la tête, brandit son épée, à notre droite, coiffé d’un nimbe (une auréole), il abaisse son arme pour partager son vêtement. Entre les mains du pauvre (en bas à droite), l’étoffe prend un aspect de fleur. La dualité figurée par l’artiste peut évoquer deux aspects de la personnalité de Martin : extérieurement, c’est un militaire qui doit obéissance à l’Empereur ; intérieurement, c’est un chrétien qui se laisse toucher par la souffrance des pauvres et qui donne tout ce qu’il peut.



« Etre présente pour les autres et pour Dieu »

« A l’âge de 15 ans, j’ai suivi à la télévision les JMJ de Rio de Janeiro au Brésil. En voyant ces jeunes qui partageaient la même foi et le même désir de prier et louer le Seigneur, je me suis dit : un jour tu y participeras. » Lucie Mosquera a vécu les JMJ à Lisbonne et à Rome. Jeune femme passionnée par son métier d’enseignante, elle a la foi vive et contagieuse.

Par Véronique Benz
Photos : DR

Lucie souhaitait ardemment participer aux JMJ, mais elle était trop jeune pour aller à Cracovie (en 2016). Sa situation professionnelle ne lui permit pas d’aller à Panama (en 2019). Elle se décide  pour celles de Lisbonne (en 2023). Cependant, sur Vevey, à l’époque, il n’y avait pas de groupe de jeunes. Qu’à cela ne tienne, elle  fonde son propre groupe : Tallma. « J’ai été servante de messe dans l’UP de Vevey pendant plus de dix ans. Par conséquent, j’ai contacté tous mes anciens amis servants de messe pour créer le groupe. Au départ, nous n’étions que six, mais au final nous sommes parties à huit à Lisbonne. » 

Après les JMJ de Lisbonne, le groupe désire vivre le jubilé des jeunes, à Rome. Lucie avait également envie d’aller voir son frère, qui est garde suisse. 

« Lors du jubilé à Rome, je me suis rendu compte que, par des gestes quotidiens, je peux être présente pour les autres et pour Dieu. Construire sa foi, ce n’est pas forcément prier trois fois par jour ! » Lucie a été marquée par la fraternité et la force de la prière. « Nous nous sommes tout de suite liés d’amitié, malgré le fait que nous ne nous connaissions pas. J’ai pu développer des liens amicaux avec des jeunes qui n’ont pas le même âge, qui n’ont pas le même cheminement de foi. Je trouve cela très beau, car nous nous apportons mutuellement quelque chose. »

Le moment culminant de ce jubilé des jeunes a été pour Lucie la veillée de prière à Tor Vergata. « Nous étions plus d’un million de jeunes dans le silence à adorer le Saint-Sacrement. De plus, nous voyions sur les écrans le Pape à genoux comme nous en train d’adorer. Je ne sais comment l’expliquer, mais j’étais remplie de l’Esprit Saint, d’amour. » Lucie avoue que dans ce temps intense d’émotion, des larmes de joie et de tristesse ont inondé son visage. 

Les souvenirs des JMJ emplissent le cœur de Lucie. « J’étais très heureuse lorsqu’un participant m’a dit : « merci Lucie, grâce à toi j’ai pu vivre pleinement ma semaine et j’ai pu me réconcilier avec le Seigneur. » » 

Le pèlerinage à Rome a apporté à Lucie une paix intérieure. Depuis son retour, elle  prend chaque jour quelques minutes pour confier au Seigneur sa journée. 

A Rome, lors du jubilé des jeunes, le groupe TALLMA et le groupe Théoapéro.

Un souvenir marquant de votre enfance
En 2013, alors que nous attendions un nouveau Pape, je participais à un cours de Caté-Art. Le prêtre avait son ordinateur. Il nous a montré la place Saint-Pierre et nous a expliqué l’élection d’un Pape. Nous avons attendu que la fumée blanche sorte de la cheminée, puis nous sommes restés pour voir apparaître le pape François. Evidemment, nous n’avons pas vu passer le temps et j’ai oublié d’avertir ma maman. Elle est arrivée, une heure et demie plus tard, désespérée après m’avoir cherchée dans tout Vevey. Moi et tous les autres, nous étions simplement heureux, en train de regarder l’élection du Pape. 

Votre moment préféré de la journée ou de la semaine
Le week-end, je suis contente de pouvoir passer du temps en famille avec mes amis et d’aller à l’église. J’aime aussi le début de la semaine parce que je suis heureuse de retrouver mes élèves en classe. 

Votre principal trait de caractère
La persévérance.

Un livre que vous avez beaucoup aimé
Le livre du pape François sur la jeunesse : « Dieu est jeune. »

Une personne qui vous inspire
Ma maman qui nous a indiqué le chemin vers le Seigneur. Elle ne nous a jamais forcés à aller à l’église, mais avec amour, elle nous a toujours montré la persévérance.

Votre prière préférée ou une citation biblique qui vous anime
J’aime particulièrement le récit de la Pentecôte. Quand j’ai dû faire ma confirmation, je vivais une année difficile. J’étais très énervée contre tout le monde, moi-même et Dieu. Je n’étais pas sûre de la faire. J’ai été bouleversée lors d’un week-end à Prier témoigner. Au moment de l’adoration du Saint Sacrement, j’ai été remplie d’une paix intérieure. Le Seigneur m’a dit : « Je t’ai entendue, je suis là ». Je suis restée un long moment à pleurer, mais un mois après, je faisais ma confirmation. 

Lucie Mosquera

• Lucie Mosquera, d’origine espagnole et suisse, a toujours vécu à Vevey.

• Elle a 26 ans et est enseignante primaire sur le canton de Vaud. 

• Elle aime sa famille, son frère, sa sœur, ses amis et la vie. 

• Elle fait du sauvetage bénévolement sur le Léman.

• Elle fait partie du groupe de jeune Tallma.

Les nuages

Par Pierre Guillemin | Photo : unsplash

Dans le Nouveau et l’Ancien Testament, les nuages ou les nuées sont bien plus que des phénomènes météorologiques : ils sont les signes de la présence divine. Lors du baptême du Christ, une voix se fait entendre « du sein de la nuée » (Matthieu 17 : 5). Moïse, lui aussi, rencontre Dieu dans une nuée épaisse. Dans l’Apocalypse, Jésus revient « sur les nuées du ciel » (Apocalypse 1 : 7). Le nuage devient alors promesse, retour, accomplissement.

Physiquement, nous voyons les nuages dans le ciel, nous leur donnons des noms afin d’en distinguer les caractéristiques : cirrus, stratus, cumulus, par exemple. Mais comment se forment-ils ? Quelques éléments de physique nous aident à comprendre le phénomène.

Une masse d’air ne peut contenir qu’une certaine quantité de vapeur d’eau, qui dépend de la température. Plus l’air est chaud, plus il peut être chargé en vapeur d’eau. Lorsqu’une masse d’air chaud saturée en vapeur d’eau se refroidit, une partie de l’eau qu’elle contient sous forme gazeuse va se condenser et former des gouttelettes.

Dans l’atmosphère, les nuages se forment donc par refroidissement d’une masse d’air humide. Ce refroidissement est provoqué soit par contact avec une surface plus froide (les sols, les montagnes, les océans) soit par soulèvement dans l’atmosphère. En prenant de l’altitude, une masse d’air voit en effet sa pression diminuer, ce qui la refroidit (pour un volume donné, la pression d’un gaz est proportionnelle à la température). Ainsi, les phénomènes de condensation et de congélation de la vapeur d’eau apparaissent au fur et à mesure que la température de l’atmosphère baisse. Or, condensation et congélation dégagent de l’énergie : environ 600 calories pour 1 gramme d’eau condensée et 80 calories pour la congélation. L’énergie dégagée lors d’un orage de deux heures est alors voisine de celle d’une bombe atomique de 20 kilotonnes (Hiroshima 15 kilotonnes). C’est phénoménal ! D’où le lien avec le divin.

Les nuages sont mouvants, changeants, insaisissables et demandent à être regardés avec attention, voire médités ou mis en musique (Nuages – Django Reinhardt). Le ciel nuageux devient alors une page où s’écrit l’attente, l’espérance, la foi.

En librairie – novembre 2025

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Dieu crève l’écran
Jean-Alexandre de Garidel

La révolution numérique a transformé nos existences de l’extérieur, mais elle a également des conséquences sur notre vie intérieure. Sans un engagement sérieux à prendre soin de notre intériorité, nos existences risquent de se dissoudre dans ce « monde liquide ». Pour mener une vie sensée, nous devons retrouver le sens de ce qui est vraiment urgent : notre relation à Dieu. Nous pourrons alors intégrer les écrans et internet à leur juste place. A travers des thèmes comme le rapport au temps et à l’espace, intériorité, images et sons, place du corps, sens des limites, évangélisation, l’auteur nous rend attentifs aux dangers du numérique. Dieu crève l’écran quand nous lui laissons sa vraie place dans notre vie, échappant ainsi à l’idolâtrie numérique.

Editions du Carmel

Acheter pour 32.80 CHF

L’IA, ange ou démon
Laurence Devillers

Les puissances de l’invisible sont de retour. L’IA promet de faire advenir l’homme augmenté et de soigner les malades, de se substituer aux vivants et de faire parler les défunts. Jusqu’à vaincre la mort elle-même ? Professeure en intelligence artificielle à la Sorbonne, spécialiste reconnue internationalement, Laurence Devillers présente les défis, explique les menaces et nous ouvre aux enjeux intellectuels et spirituels d’une force en passe de redéfinir les frontières du réel. Elle fait la part des progrès et des risques. Et nous dit quel sera le monde de demain.

Editions Cerf

Acheter pour 33 CHF

Mes très chères saintes
Dix femmes inspirantes

Natasha St-Pier

« Il y a quelques années, nous dit Natasha St-Pier, je remarquai, gravés sur l’autel d’une église, une dizaine de noms de saintes. Cette place inattendue faite aux femmes m’avait émue et questionnée. Pourquoi ces figures sont-elles une source intarissable d’inspiration ? En y réfléchissant, j’ai réalisé qu’elles étaient dotées de qualités que je n’avais pas et qu’elles me poussaient à devenir une meilleure version de moi-même. Thérèse de Lisieux, Jeanne d’Arc, Thérèse-Bénédicte de la Croix, Hildegarde von Bingen, Gianna Beretta Molla, Catherine de Sienne, Mère Teresa, Teresa d’Ávila, sainte Geneviève, la Vierge Marie. Découvrir ces dix femmes, c’est peut-être se donner l’envie de suivre leurs traces. Ce livre, modestement, vous y invite. »

Editions du Rocher

Acheter pour 30.90 CHF

10 conseils d’une maman pour vivre la messe 
Claire de Féligonde

Dans ce petit livre, une maman souvent débordée et distraite à la messe, livre à toutes les mamans ses secrets pour vivre, chaque dimanche, une véritable rencontre avec le Seigneur. Ces secrets, simples, concrets et accessibles, permettront à chacune de trouver comment prier ou écouter une homélie, même avec des enfants bruyants ou des soucis dans la tête.

Editions Mame

Acheter pour 16.20 CHF

Pour commander

Une jeune nous raconte…

Par Diane Nguyen | Photos : DR

La retraite Kairos a été ma première retraite spirituelle et je ne regrette pas du tout de l’avoir vécue. Pendant trois jours, j’ai pu entendre de beaux témoignages et apprendre de nouveaux chants qui m’ont beaucoup marquée. Durant cette retraite, j’ai appris que chaque personne avait sa propre manière de vivre sa foi et qu’importe les difficultés que ces personnes ont eues, Dieu a toujours été à leurs côtés pour les aider à les surmonter. Merci à tous les animateurs et animatrices qui nous ont accompagnés à cette retraite Kairos et partagé leurs témoignages. De très beaux souvenirs qui resteront gravés dans ma mémoire.

Retraite au Simplon : j’ai beaucoup aimé les lieux. Ça a été une belle découverte pour moi car je n’y avais jamais été auparavant. Pendant trois jours, nous avons pu faire des activités sympas tous ensemble, tisser de nouveaux liens d’amitié et partager ce que nous savons de Dieu, ce qui nous a rapprochés de Lui. A l’intérieur de l’hospice, je me suis sentie chez moi. Le décor était chaleureux ainsi que les personnes qui y séjournaient. Je remercie toutes les personnes qui ont participé à l’organisation et qui nous ont accompagnés durant cette belle retraite spirituelle. Grâce à eux, j’ai pu faire de belles rencontres et passer d’excellents moments.

Diane et 23 autres jeunes de la Région ont été confirmés le samedi 4 octobre par notre évêque Charles, invité ensuite à partager un repas chez les Aloysius. Entre Inde, Singapour et… Veyrier !

Stars de demain

Les jeunes ne veulent pas d’un amour au rabais, mais face au foisonnement d’informations, comment trouver des repères lorsqu’il s’agit d’affectivité et de sexualité ? Le parcours TeenSTAR, d’inspiration chrétienne, leur propose d’aborder toutes ces questions sans tabou, afin de les aider à poser des choix libres et responsables.

Par Myriam Bettens 
Photos : Pixabay, captures Youtube

« Pour accomplir sa propre vocation, il est nécessaire de développer, de faire pousser et grandir tout ce que l’on est. Il ne s’agit pas de s’inventer, de se créer spontanément à partir de rien, mais de se découvrir soi-même à la lumière de Dieu et de faire fleurir son propre être […] pour la gloire de Dieu et le bien des autres. » Dans l’exhortation, Christus Vivit, le pape François s’adressait à la jeune génération en l’invitant à entrer dans la découverte de soi et des autres. Cela afin de mieux s’aimer pour pouvoir véritablement… aimer.

Inévitablement, des questions surgissent lorsqu’on parle de ce que signifie concrètement « aimer » et d’autant plus lorsque la personne est en pleine construction. Le parcours pédagogique TeenSTAR [Teenager Sexuality Teaching in the context of Adult Responsibility, ndlr.] part des interrogations des adolescents pour leur permettre d’accéder à un discours authentique sur l’amour. Malgré la pression ambiante, « les jeunes veulent vivre un grand amour et ne veulent pas d’amour au rabais. Ils constatent que celui-ci a besoin de se construire pour s’épanouir dans la confiance », affirme l’association TeenSTAR suisse. Discerner la limite entre amitié et amour, résister à la pornographie ou encore savoir dire « non » dans le cadre de relations affectives sont quelques-unes des questions abordées par cette pédagogie mise au point en 1980 par la religieuse et gynécologue américaine Hanna Klaus. Le programme a essaimé dans le monde entier et existe aujourd’hui dans plus de 40 pays. En Suisse, il existe depuis 1996 sous la forme d’une association à but non lucratif.

Concrètement, le parcours TeenSTAR est constitué de temps d’échange en petits groupes, non mixtes et par tranche d’âge, ce qui permet « des échanges en toute liberté ». Les jeunes sont accueillis « là où ils en sont, avec leur histoire. Accompagnés dans leurs réflexions, avec bienveillance et dans un souci de confidentialité ». Par cette démarche, les animateurs ont à cœur de favoriser le dialogue des jeunes avec leurs parents, souvent démunis face à ces questions. Ceux-ci restant toutefois leurs premiers éducateurs, ils sont invités à s’impliquer par deux échanges prévus durant le parcours, car pour l’association « TeenSTAR complète l’éducation sexuelle dans le cadre familial et ne se substitue pas à celle-ci. Plus les parents réalisent le rôle prépondérant qui leur incombe dans cette tâche, mieux le programme peut les soutenir. »

« Développer cette vision globale de la sexualité avec les jeunes est une forme d’épanouissement personnel » et au cœur de l’esprit TeenStar toutes les dimensions de la personne sont prises en considération, autant physiques, intellectuelles, sociales, affectives que spirituelles. « En tenant compte de ces cinq aspects de la personne et en les ajustant les uns aux autres, le jeune est amené à unifier sa vie. » A Genève, le parcours s’adresse aux adolescents de treize à quinze ans et se compose d’une quinzaine d’ateliers d’une durée de septante-cinq minutes chacun à intervalle de quinze jours. Les adolescents « s’engagent, à l’issue des deux premiers ateliers, qui sont à l’essai, à suivre le parcours dans son intégralité ». Cela permet ainsi « de creuser vraiment les sujets de l’affectivité et de la sexualité. De se forger une opinion, tout en éveillant son sens critique, afin de pouvoir poser des choix libres pour sa vie ».

MFAM, c’est reparti!

Par Thierry Schelling 
Photo : Laurent Ciesielski

Avec la célébration à Puplinge le samedi 27 septembre, enfants, parents, catéchistes et communauté, autour du Père Karol et animés par la chorale malgache, ont ouvert la saison de la catéchèse avec tact et finesse par cette MFAM ; comprendre Messe en FAMille. Les chants chrétiens de Madagascar se prêtent par leur douceur à la célébration soft du Dieu fait homme. Un bel apéritif garni attendait les convives pour la « messe après la messe »… Les prochaines MFAM auront lieu le samedi 24 janvier à Saint-François pour fêter la Patronale de l’église de Chêne, et le samedi 2 mai à Chêne également pour la clôture de l’année pastorale et catéchèse (mais on n’y est pas encore !).

Depuis le banc du fond

Vis-à-vis de celles et ceux que j’ai rencontrés pour alimenter cette rubrique et que je remercie chaleureusement, le moment semble venu de rédiger un petit témoignage personnel…

Par François Riondel 
Linographie : Raphael Beffa

Que de bons souvenirs de mon enfance de jeune catholique. Je revois des séquences de cette période, comme ma première communion, une journée mémorable et joyeuse ou, dans un registre moins sérieux, mes fous rires d’enfant de chœur, quand l’encensoir suralimenté par nos grands frères farceurs enfumait tout le chœur de l’église, ou encore lorsque le gros orteil de notre prêtre d’alors, chaussé de sandales, s’échappait d’un trou de sa chaussette en pleine homélie !

Comme tout le monde, j’ai grandi. J’ai poursuivi ma pratique religieuse, sans me poser trop de questions. J’ai vécu la joie du mariage, celle du baptême de mes enfants et des autres sacrements qu’ils reçurent. Et puis, la trentaine bien sonnée, une grosse crise de foi (sans « e ») m’est tombée dessus : que faisaient ces prêtres entre nous et le Seigneur, pourquoi l’Eglise maintenait-elle ses fidèles dans une position passive, voire servile, en regard de notre spiritualité, pourquoi imposer ces « rituels » souvent dépassés et d’un autre temps ? Je décidais donc de poursuivre mon chemin seul et ailleurs. Je me suis alors intéressé à d’autres formes de « spiritualités » bien plus séduisantes et, au fil de formations et stages, me suis adonné à la pratique chamanique. Je ne suis pas capable de dire si c’est le Malin qui m’a poussé à ça, pour m’égarer autant que possible, ou si c’était peut-être une voie orchestrée par notre Seigneur pour que j’avance un peu… ? Toujours est-il que plusieurs années dans ce milieu m’ont permis, outre l’acquisition d’un certain savoir, des rencontres enrichissantes et des expériences aussi intéressantes que risquées : notamment des rencontres d’esprits et d’entités, certaines se présentant comme des « guides ». On apprenait aussi à éviter des contacts malfaisants, mais ceux qu’on recherchait étaient-ils aussi inoffensifs qu’il nous semblait ? Et puis il y avait une dimension flatteuse : faire quelque chose d’exceptionnel, aller sur des terrains un peu magiques où tout le monde n’a pas accès, vivre des expériences très fortes puis pouvoir les partager avec d’autres « initiés ».

Puis j’ai eu progressivement l’impression que je m’engluais dans cette forme de spiritualité que je ressentais de plus en plus stérile, voire dangereuse, comme si, croyant maîtriser, j’étais manipulé. Ce malaise m’a finalement conduit à tout « plaquer ». Dès cet instant, mon cœur pouvait recevoir autre chose, mais quoi ?

La réponse à cette question ne s’est pas fait longtemps attendre. En automne 2020, alors que je me baladais dans le village de Choulex, j’ai senti nettement deux doigts qui m’ont attrapé par le lobe de l’oreille droite et m’ont tiré à l’intérieur de l’église. Comme par hasard… un prêtre était là, m’offrant un accueil chaleureux et un très bel échange. Tous mes griefs envers notre religion se sont alors rapidement dissipés. Je comprenais clairement le magnifique rôle du prêtre, la position spirituelle active des pratiquants, la beauté de notre Eglise et la richesse de la Bible, source inépuisable de notre développement spirituel. Quelle joie de pouvoir reprendre cette pratique religieuse qui me révèle peu à peu le sens profond de ma vie.

Merci Seigneur de m’avoir guidé et permis de revenir à Toi. Je t’aime du fond du Cœur.

Le recyclage des idoles

Par Nicolas Maury
Photo : Jean-Claude Gadmer

Une querelle divise les premiers chrétiens : peut-on manger les viandes immolées aux idoles ? Une part brûle pour les dieux, une autre nourrit les prêtres, le reste se retrouve sur le marché. Acheter un steak, c’est risquer de communier, malgré soi, à un rite païen. Faut-il refuser et se marginaliser, ou accepter et passer pour idolâtre ? Paul tranche : l’idole n’a aucun pouvoir, mais mieux vaut ménager les consciences fragiles. 

Des siècles plus tard, Nietzsche proclame le « crépuscule des idoles ». Mais en creusant la tombe du divin, il laisse le regard, trop humain, plonger dans l’abime.

Et nous ? Nous croyons avoir enterré les idoles, mais n’ont-elles pas simplement changé d’adresse ? Les temples antiques se sont mués en stades. 

Quand L’Equipe titre « Dieu est mort » au lendemain du décès de Maradona, preuve est faite que les idoles ne meurent jamais. Elles se recyclent. D’ailleurs, l’évangile du foot avait déjà couronné son nouveau Messi.

Le pèlerinage de Jésus (Luc 2, 41-52)

Jésus enseignant au Temple.

Par François-Xavier Amherdt | Photo : DR

En bons juifs fidèles aux prescriptions de la Loi, Marie et Joseph honorent la tradition du pèlerinage à Jérusalem pour la solennité de la Pâque. Ces pèlerinages annuels étaient au nombre de trois, avec celui de la Pentecôte et celui de la fête des Tentes. Lorsqu’il parvient à l’âge de la « maturité religieuse » pour leur peuple, soit douze ans, ils y emmènent Jésus, afin qu’il s’associe à la caravane des parents et connaissances dans cette démarche de vénération du Très-Haut.

Intelligence stupéfiante

La liberté dont le Christ adolescent bénéficie est pour nous désarçonnante. Il échappe à la garde de sa mère et de son père adoptif qui, pendant une journée, le croient noyé dans la foule des pèlerins.

Ce n’est qu’au troisième jour, indication hautement symbolique, qu’ils le retrouvent, plongé dans des discussions avec les représentants de l’Ancienne Alliance. Il fait preuve alors d’une intelligence stupéfiante, nourrie par l’Esprit de son Père, et il surprend profondément tous ceux qui l’entendent.

Cette escapade et ce déplacement dans le Temple anticipent l’exode du Fils de Dieu vers celui qui l’a envoyé et aux affaires duquel il doit d’ores et déjà s’adonner. Il plante une première écharde dans le cœur de Marie qui lui fait des reproches, remplie d’émotion et d’angoisse. Sa mère sera encore là lorsqu’une nouvelle épée sera enfoncée dans son être, au Golgotha. La mort sur la croix ouvre au voyage définitif vers le Seigneur par la Résurrection d’entre les morts.

Vers la patrie divine

C’est ainsi que l’ensemble de nos pèlerinages signifient notre cheminement vers la maison céleste. Notre demeure ici-bas n’est pas définitive. Nous avons une patrie divine vers laquelle nous passons petit à petit (Hébreux 11, 16). Chaque déplacement en un lieu saint, à Rome, à Saint-Jacques-de-Compostelle ou à Lourdes, préfigure notre route vers la Jérusalem d’en-haut, vers les cieux nouveaux et la terre nouvelle (Apocalypse 21-22). 

Nous y retrouverons dans l’Esprit la Sainte Famille de Nazareth, les saints dans la communion desquels nous nous avançons, nos défunts et nos compagnons actuels de marche. La Trinité nous ouvrira ses bras de tendresse et nous prendra dans sa circulation d’amour.


En chemin

Par Thierry Schelling | Photo : Vatican media

Pèlerinage
Marchant dans les pas de François, Léon a continué l’année jubilaire en présidant les diverses messes de jubilés : des Eglises catholiques orientales, des familles, des mouvements d’Eglise, du Saint-Siège, des sportifs… Reprenant tel quel le programme établi par son prédécesseur et le Dicastère pour l’Evangélisation (première section), Papa Prevost invite à devenir témoins de l’espérance, renforçant l’unité entre croyantes et croyants – un thème propre à ce début de pontificat, l’unité.

Politique
En recevant les ambassadeurs africains venus en pèlerinage à Rome, il a expliqué, sans note et en anglais, que pour lui, un pèlerinage est l’occasion de vivre ensemble un chemin commun et de découvrir que « notre foi ne se célèbre pas seulement le dimanche ou en pèlerinage », mais chaque jour – et qu’une démarche jubilaire doit nourrir ce témoignage du quotidien.

Promesse
Dans le cadre – un peu oublié ! – des 1700 ans du Credo des chrétiens, partagé par toutes les Eglises officielles, un voyage à Nicée envisagé encore sous François est en train de se finaliser, pour que Léon, Bartholomée (patriarche de Constantinople) et les instances des Eglises protestantes et orthodoxes orientales se retrouvent pour célébrer la foi chrétienne – confiance en un Dieu qui se fait pèlerin de paix et d’unité dans ce monde dans chaque cheminante et cheminant, à Rome ou ailleurs…

Lire une monnaie ancienne 

Chaque mois, L’Essentiel propose à un ou une représentant(e) d’un diocèse suisse de s’exprimer sur un sujet de son choix. Mgr Jean-Pierre Voutaz, prévôt du Grand-Saint-Bernard, est l’auteur de cette carte blanche. 

Par Mgr Jean-Pierre Voutaz, prévôt du Grand-Saint-Bernard
Photos : DR

Il y a une dizaine d’années, à la fin d’une retraite silencieuse, nous nous sommes présentés en spécifiant un engagement. Presque tous les participants ont partagé un bénévolat ecclésial. J’ai signalé faire partie d’une association numismatique, de passionnés de monnaies, étant étonné que peu de personnes parlent d’engagement social ou d’une passion qui fait venir de l’air, de l’équilibre dans sa vie. Une parole de saint Vincent de Lérins, mort vers 450, m’inspire. Il disait que pour lui, chrétien, rien de ce qui concerne l’humanité ne doit lui être étranger (nihil humani a me alienum puto). Cela signifie que dans chaque engagement, chaque passion, nous atteignons quelque chose d’universel, de vrai, qui nous construit, nous réjouit et nous rapproche des autres. Je vous présente la joie que j’ai eue en 2020 d’avoir participé à l’identification précise d’une petite monnaie déposée au col du Grand-Saint-Bernard il y a bien longtemps.

Nous sommes sous l’empereur Anastase qui régnait à Constantinople de 491 à 518. Le tiers de sous en or de 13,3 mm de diamètre lui était attribué parce que son profil et sa légende se voient à l’avers de cette monnaie. L’autre côté de la monnaie, le revers, présente une victoire qui marche à droite et sa légende contient des fautes de latin. Au lieu du traditionnel VICTORIA AUGUSTORUM, signifiant la victoire des augustes, nous lisons VICTORIA ACOSTRUM. Après quelques recherches, il s’avère que cette pièce d’or a été frappée à Lyon, sous Gondebaud, roi des Burgondes, entre 500 et 508. Ce roi est le père de saint Sigismond, fondateur de l’abbaye de Saint-Maurice en 515. Nous sommes à l’époque de l’installation de ces tribus dans nos régions, englobant la Bourgogne, la Savoie et les régions allant de Genève au Bas-Valais. Les Burgondes se mettent au latin et peinent à le prononcer. Pour le mot Augustorum, les augustes, la diphtongue « AU » devient « A », le « G » devient un « C »… Cette petite monnaie nous introduit à l’histoire de nos patois et de notre foi : prodigieux !

Jeunes, humour et mot de la Bible – octobre 2025

Par Marie-Claude Follonier

Mot de la Bible

Age canonique

Si aujourd’hui l’expression âge canonique désigne effectivement une personne d’un âge assez avancé, cela n’a pas toujours été le cas. A l’origine, l’âge canonique est en effet l’âge requis par le droit canon pour l’exercice de certaines fonctions et en particulier l’âge minimum à partir duquel une femme peut entrer au service d’un ecclésiastique, à savoir quarante ans. Autrefois, l’espérance de vie était moindre. Quarante ans représentaient un âge déjà respectable et l’on estimait qu’une femme de cet âge offrait moins de tentations et pouvait être digne de confiance. Avec le temps, le sens de l’expression a dépassé le cadre religieux et s’est élargi à toute la société, y compris aux hommes.

Par Véronique Benz

Humour

Un homme accompagné d’un enfant entre chez le coiffeur. L’homme se met en premier sur le fauteuil. Quand c’est terminé, il dit au coiffeur : 
– Pendant que vous coupez les cheveux au petit, j’ai une course à faire. Ensuite je reviens vous payer pour moi et pour lui. 
– C’est d’accord, à tout à l’heure. 

Comme l’homme tarde à revenir, le coiffeur demande à l’enfant : 
– Eh bien, mon petit, quand est-ce que ton père revient te chercher ?

L’enfant répond alors : 
– Ce n’est pas mon père, c’est un Monsieur qui s’est adressé à moi dans la rue et il m’a dit : « Viens avec moi petit, on va se faire couper les cheveux gratuitement ! »

Par Calixte Dubosson

Monnayer l’éthique

Thomas Wallimann-Sasaki dirige l’instiut ethik22 et préside la Commission Justice et Paix de la Conférence des évêques suisses.

Depuis cette année, l’institut d’éthique sociale ethik22 ne touche plus de subventions de l’Eglise. Entre centralisation de la réflexion éthique au sein de commissions ecclésiales et économicité, l’institut zurichois travaille sur un nouveau modèle économique, qui ne trahisse pas ses valeurs. Entretien avec Thomas Wallimann-Sasaki.

Pour le théologien, les gens interprètent trop l’éthique comme une voix moralisatrice.

Par Myriam Bettens | Photos : Jean-Claude Gadmer

Depuis le début de l’année, vous devez vous passer des subventions de l’Eglise. Cela s’apparente-t-il à un désaveu de votre travail ?
Oui et non… Il y a toujours eu le souhait de centraliser le travail d’éthique sociale. Mais en Suisse, l’Eglise, c’est comme en politique, il faut composer avec la pluralité. Or, la population, comme les fidèles, sont toujours sur la réserve lorsqu’il s’agit de trop centraliser. De ce point de vue, je reste convaincu qu’il est bon d’avoir des institutions comme Justice et Paix représentant la voix officielle de l’Eglise, mais aussi des organes indépendants comme le mien, qui portent la voix du peuple et jouent un rôle différent des commissions purement ecclésiales.

Est-ce une manière de sous-entendre que le travail de réflexion éthique ne peut pas être mené à bien par des partenaires laïcs ?
Pas du tout. Je parlerais plutôt d’une tendance de type New Church Management à la mode, qui prône l’optimisation. Derrière cette idée, il y a la compréhension que la centralisation coûte moins cher et demeure plus efficace. Alors qu’objectivement, les postes d’ethik22 « perdus » n’ont pas été remplacés !

Paradoxalement, les gens d’Eglise n’ont apparemment pas idée de la manière dont la doctrine sociale de l’Eglise peut être efficace…
En effet, lorsqu’il s’agit de comprendre la société et le rôle que l’Eglise peut y jouer, nous faisons face à un vrai manque. D’une part, elle ne possède pas les outils pour discuter et analyser les problématiques éthiques et d’autre part, elle se sent pressée de dire quelque chose sans pour autant disposer du langage pour traduire sa pensée. Pourtant, je connais de nombreux prêtres et théologiens formés en éthique, mais leurs compétences ne sont pas exploitées…

A leur décharge, le travail de réflexion éthique, notamment sous l’angle chrétien, est peu perceptible pour le public…
Oui, les gens interprètent malheureusement trop souvent l’éthique comme étant une voix moralisante. Toutefois, ils perçoivent aussi ce sentiment qu’ils ont, surtout dans l’estomac, lorsqu’ils sont face à un dilemme éthique. Les entrailles savent « dire » si ce que l’on s’apprête à faire est en phase avec nos valeurs ou pas. L’éthique en soi, n’est que l’outil servant à mettre en forme le processus de pensée que l’on ressent déjà sans pouvoir l’expliquer.

En même temps, le processus de réflexion éthique est de plus en plus sollicité et souhaité par la société civile. Est-il facile de monnayer des « services éthiques » ?
L’essence de l’éthique sociale chrétienne est d’être critique et toutes les entreprises n’apprécient pas cela, même de manière constructive (rires).En outre, certaines firmes utilisent l’éthique à des fins marketing et préfèrent économiser sur le « non-nécessaire » dans les temps d’insécurité actuels. Toutefois, s’adjoindre un partenaire pour discuter les défis et décisions délicates qu’impliquent le monde du business et le leadership rend les entreprises plus enracinées dans ses valeurs, car l’éthique offre un réel espace pour repenser les structures sur lesquelles on bâtit.

Dilemmes éthiques sous la loupe

ethik22 est un institut d’éthique sociale créé en 2017 sous l’impulsion du Mouvement suisse des travailleurs catholiques (KAB). Les prestations de l’association s’articulent autour de plusieurs axes : les recommandations lors de votations fédérales, la formation avec des conférences et des ateliers, une émission de radio hebdomadaire et un service de consultations. Ce dernier conseille des entités, en majorité non ecclésiastiques, sur la meilleure manière d’intégrer leurs valeurs dans l’élaboration de chartes éthiques. L’institut a notamment collaboré avec le Tribunal fédéral dans ce sens. Plus d’informations : ethik22.ch

Bio express

Thomas Wallimann-Sasaki est théologien. Il a obtenu son doctorat à Lucerne en 1999. Depuis cette même année, il dirige l’Institut social du KAB, devenu ethik22. Il enseigne aussi l’éthique à la Haute école de Lucerne et à la KV Business School de Zurich. En 2014, il a été élu au Conseil cantonal de Nidwald et président de la Commission Justice et Paix de la Conférence des évêques suisses.

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