La Bible est claire!

Parole humaine et divine, la Bible fait autorité en matière de foi et de pratique. Mais, soyons honnêtes, nous ne débordons pas d’enthousiasme lorsqu’il s’agit d’aborder certains passages « difficiles » des Ecritures. Qu’ils soient inaudibles, décapants, dérangeants, le frère Pierre de Marolles a proposé un cycle de conférences pour « affronter » ce type de textes.

La Bible est un monde à explorer.

Par Myriam Bettens
Photos : Jean-Claude Gadmer

Qu’entend-on par « textes difficiles » ?
J’ai dû me poser cette question suite à la demande d’un paroissien d’étudier les « textes difficiles » de la Bible. Voulait-il parler des textes dont l’exégèse est plus « technique », que les spécialistes de la Bible ont l’habitude de traiter ? Il m’a semblé qu’il s’agissait plutôt des passages choquants dont on a du mal à reconnaître comme parole de Dieu, car leur lecture remet en question notre compréhension de Dieu et notre foi. 

Qu’est-ce que ces difficultés produisent sur la lecture (ou la non-lecture) du texte ?
Justement, la tendance serait de ne pas lire ces passages-là pour ne pas les affronter, car on a du mal à y voir une parole de Dieu. Il y a aussi cette tentation de dire que ce Dieu qui demande de massacrer la population de certaines villes, commande de mettre à mort les adultères ou s’énerve, n’est pas le Dieu de Jésus, mais celui de l’Ancien Testament. Or, Jésus lui-même n’a jamais renié la moindre ligne de cette loi. Bien plus, il se revendique de ce Dieu-là comme étant son père. On ne peut pas simplement se limiter aux passages sympas de la Bible, parce que les autres nous dérangent.

Où se situent généralement les obstacles ?
Beaucoup de ces textes expriment une forme de violence dont on peut trouver l’origine en Dieu. Il y a donc véritablement une question d’image de Dieu. Ces passages présentent un visage de Dieu qui n’est pas celui que nous croyions connaître. Il y a aussi des questions de contextes, au sens où nos mentalités modernes et très égalitaires ne sont plus à l’aise avec certains discours. 

Calvin affirmait que la Bible est claire. Ses contradicteurs lui rétorquaient que si l’Ecriture était si claire, pourquoi passer tant de temps à la commenter…
Justement, en préparant ces conférences, je ne voulais pas tomber dans le travers du professeur qui explique pourquoi, en fin de compte, ces textes ne sont pas si difficiles à comprendre. Il était plutôt question de reconnaitre leurs difficultés, le fait qu’ils peuvent être choquants, tout en montrant que d’autres avant nous se sont battus avec ces texte et qu’ils ont trouvé cela fécond. Parcourir l’histoire de la réception est, à mon sens, une manière intéressante d’aborder ces passages. Cette méthode ne cherche pas à établir « la » seule bonne explication du texte, mais elle explore les différentes « stratégies » qui ont été élaborées au cours des siècles pour mieux comprendre ces textes.

Quelles sont les clés pour aborder les passages difficiles, avec le bon esprit ?
A l’école des Pères de l’Eglise, ce qui me semble être une belle clé, pour nous chrétiens, c’est de faire des ponts entre l’un ou l’autre texte de l’Ecriture. Les passages difficiles sont souvent repris ailleurs dans la Bible. En d’autres termes, cela signifie que si un texte est difficile, il nous faut persévérer et lire davantage, car la Bible est un monde à explorer ! 

Personne ne lit la Bible d’une manière neutre. Nous l’abordons avec les notions qui nous habitent. Est-ce que la lecture du texte peut évoluer… avec le lecteur ?
J’irai même plus loin, une lecture neutre de la Bible serait extrêmement triste ! Non seulement, j’espère que la lecture de la Bible transforme la vie de ceux qui la lisent, mais comme le dit le philosophe Paul Ricœur, le texte n’existe pas en dehors de sa Communauté interprétative qui le transmet. Donc chaque lecteur de la Bible fait, d’une certaine manière, grandir la Bible.

Bio express

Né à Versailles en 1987, Pierre de Marolles a obtenu un master en théologie à l’Université de Fribourg. Il a été ordonné prêtre en 2017. Depuis 2019, Frère Pierre a entamé une thèse de doctorat sur le livre de l’Apocalypse en cotutelle entre l’Université de Genève et l’Université catholique de Louvain-la-Neuve en Belgique. Il est aujourd’hui prieur du couvent des dominicains de Genève.

La rencontre 

Par Marie Pellet | Photo : DR

Un vaste sujet, qui me fascine et qui n’est pas si éloigné de notre unicité humaine. 

J’ai eu l’occasion de lire récemment quelques écrits du pape François dans sa dernière lettre encyclique de 2024. Il explique que l’intelligence, l’âme et le cœur forment l’unité de l’homme. 

Il écrit : « C’est ainsi que nous voyons depuis l’antiquité l’importance de considérer l’être humain non pas comme une somme de diverses facultés, mais comme un ensemble âme-corps avec un centre unificateur qui donne à tout ce que vit la personne un sens et une orientation. »

Aujourd’hui nous vivons à l’ère de l’Intelligence Artificielle où Intelligence, Rationalité et Logique sont mises en avant, mais qui peuvent aussi être dissociées de l’âme et du cœur. L’IA ne pourra pas décrire ce qui se passe dans notre cœur. Nous accordons de l’importance à l’intelligence mais devons redécouvrir l’importance du cœur. 

Aller à la rencontre de l’autre, que ce soit au travers de ses écrits, de ses faits et gestes, de ses paroles et de ses regards; toutes ces marques d’authenticité reflètent l’âme et le cœur. 

La rencontre se produit lorsqu’on se dévoile et ouvre son cœur à l’autre afin de donner la clarté de notre être et de notre essence. Nous ne cachons rien à personne mais ouvrons notre cœur à l’autre en vérité. Même dans des rencontres qui ne durent que quelques minutes, je pense qu’il faut montrer qui on est vraiment. Ces quelques minutes sont tout aussi essentielles. 

Prenons l’exemple de Jésus dont la vie était nourrie de rencontres avec les gens. Elles duraient soit plusieurs années (par exemple avec ses disciples) soit quelques minutes (par exemple avec un passant). Mais chacune était un moment de vérité, de part et d’autre des échanges. 

En somme, je pense qu’une rencontre doit ou devrait être un moment de paix intérieure. 

Le pape François invite à « redécouvrir le cœur comme lieu de la vérité intérieure et de la rencontre authentique avec soi-même, les autres et Dieu. Le cœur permet d’unifier une existence morcelée et d’échapper au narcissisme et à l’individualisme ».

Ce thème de la rencontre me fascine. J’ai de fait créé un groupe de rencontres pour célibataires chrétiens de 30 à 45 ans, qui se rencontrent à la paroisse Saint-Joseph. Avec l’accompagnement du curé Thierry Schelling, nous échangeons autour de la Parole de Dieu et de la convivialité.

Vitrail de saint Nicolas de Flüe, Alexandre Cingria, Basilique Notre-Dame de Lausanne

Dans la partie centrale du vitrail, le saint est entouré d’hommes aux atours médiévaux.

Par Amandine Beffa | Photo: Jean-Claude Gadmer

Le vitrail réalisé par Alexandre Cingria, pour ce qui était alors l’église Notre-Dame de l’Assomption, est composé de sept parties. Il présente des aspects de la vie de saint Nicolas de Flüe.

Avant son appel, Nicolas était marié et père de famille. Cette première partie de sa vie est symbolisée par la zone située en bas à gauche de la rose. La ferme représentée dans les tons rouges évoque la maison familiale du saint. Comme en réponse, en bas à droite, se trouve la chapelle de l’ermitage. Il n’est pas anecdotique que Cingria ait choisi de faire figurer ces deux lieux, Flüe et le Ranft. En effet, ces deux maisons font partie d’une même mission confiée par Dieu à Nicolas.

Dans la partie centrale du vitrail, le saint est entouré d’hommes aux atours médiévaux. Le personnage à droite, coiffé d’un chapeau à la plume imposante, semble prêt à dégainer son épée. Nicolas se tient les mains élevées, comme pour appeler au calme ou pour prier. L’épisode rappelle la Diète de Stans en 1481. Intervenant par courrier, le saint avait alors permis d’éviter une guerre entre les confédérés.

Les parties en haut à gauche et en haut à droite évoquent des scènes contemporaines à la période de création de l’œuvre. Le vitrail date de 1941. Cingria a représenté des militaires ainsi que la population, tous en prière, tournés vers Nicolas de Flüe. Dans le contexte de la Seconde Guerre Mondiale, tous se tournent vers le saint pour qu’il intercède pour la paix. 

Tout en haut du vitrail, le Christ est représenté en gloire, couronné. Une épée et un casque médiéval (à droite) ainsi qu’un crâne et un fusil sont représentés. 

Tout en bas, la dépouille de Nicolas est déposée dans une châsse. Juste au-dessous est inscrit en latin : « ALTARE NICOLA DE FLU PATRIAE PATRIS », autel du Bienheureux Nicolas de Flüe, patron de la patrie (il n’a été canonisé qu’en 1947). Le saint est aujourd’hui patron principal de la Suisse.

Dans le rétro!

Par Thierry Schelling | Photos : DR

« Du monde dans les églises ! », s’étonnent des journalistes, tant le Mercredi des Cendres qu’aux Rameaux ou même à Pâques ! Et chacun y va de son analyse… Bien sûr que cette affluence contredit leur ritournelle sempiternelle : « Les églises se vident », et ce, depuis…des décennies ! Il semblerait donc que non. Du moins cette année…

C’est louper le « comment ça marche » de la foi chrétienne que de s’époumonner dans un sens ou dans un autre : plus de monde dans les églises et les temples a de multiples raisons qui s’entrecroisent. Ce n’est pas juste ce que diront les « modernistes » ou les « traditionnalistes ». Ce n’est pas juste des causes mathématiques, sociologiques, existentielles. Ce n’est pas non plus parce que tel ou tel curé sait y faire (attention à ne pas devenir gourou !). C’est un peu de tout cela mais… et Dieu dans tout ça ?

Pour accompagner nombre d’adultes qui demandent le baptême (et souvent communion et confirmation avec), je suis enthousiaste de voir la variété des parcours de ces appelé.e.s : pas un pareil à l’autre ; leur tranche d’âge est à peu près leur seul point commun. On ne peut du coup plus les « ranger » dans des tiroirs : « Toi, tu feras deux ans de préparation ! » Non. Ce n’est plus le modèle scolaire qui détermine la catéchèse désormais : finies les « leçons de catéchisme », bye bye les catéchistes « maîtresses d’école » (avec discipline, quiz et récompense !), adieu les « examens d’aptitude » qu’étaient, souvent, les retraites… Certes, derrière tout ça, il y avait le souci légitime que les concerné.e.s soient prêt.e.s. Et l’évolution d’un enfant est différente en la matière que celle d’un adulte… Quoique.

Mais à la question : que signifie être prêt ?, souvent, la réponse est de l’ordre du savoir. Parce qu’ils savent faire le signe de croix, parce qu’ils savent le Notre Père… Mais alors, pour reprendre les Actes des Apôtres, à l’épisode de l’eunuque éthiopien qui, lisant Isaïe (même pas un Evangile…), rencontrant un témoin – l’apôtre Philippe – et échangeant avec lui qui lui explique deux-trois trucs, une fois ce « savoir minimum » assuré, que s’est-il passé ? Deux ans d’attente ? Non. « Il y a de l’eau, puis-je être baptisé ? – Et Philippe le baptisa. » Point barre. C’est probablement APRÈS la réception du sacrement que l’eunuque est devenu témoin et donc a continué à nourrir sa foi – parce que Dieu Lui aussi s’était désormais engagé ad vitam æternam, de par le sacrement reçu, auprès de ce cheminant… Dieu a agi de Son côté aussi car après le baptême, la soif a été encore plus grande mais désormais, la source était en lui !

Nous sommes à un changement d’époque dans la manière de catéchiser, pour ne pas dire d’évangéliser. En cela, et feu le pape François et notre évêque Charles Morerod le répètent exponentiellement. Il n’y a qu’à lire les « Orientations diocésaines » de Lausanne-Genève-Fribourg pour se rendre compte du virage que nous prenons. Et ce, grâce à une écoute et un accueil des cheminants eux-mêmes, une attention à qui demande un sacrement qui respecte son cadre de vie, son rythme de vie, ses disponibilités de temps et mentales – tout comme fait Dieu, justement !

Peut-être que ce début d’année 2025 accentue le désir d’aller de l’avant vers l’appartenance à une communauté clairement définie – l’Eglise catholique-romaine, l’Eglise protestante de Genève… Mais pas que. Dieu appelle toute l’année et pas en septembre pour commencer les programmes modelés sur l’année scolaire ; Dieu appelle chacune et chacun là où elle ou il se trouve en chemin. Dans l’Evangile, les disciples d’Emmaüs cheminaient tout dépités, une femme prise en flagrant adultère se retrouve à la croisée des chemins de vie ou de mort, les disciples sont envoyés deux par deux « sans sac, ni sandale, ni bourse, ni manteau », à la merci de la générosité du tout-venant… et chacun, chacune, expérimente à un moment donné le Christ source de vie, de résurrection, de joie ! Oui, les appels de Dieu sont aussi variés que les parcours de vie sont variés et aussi nombreux que les étoiles du ciel… 

Et Dieu peut connaître chaque personne au plus intime d’elle-même, de lui-même, et y susciter un désir. Et peut-être devenons-nous plus attentifs à entendre et accueillir cette diversité, désormais selon un procédé « à la carte » – rencontre en tête-à-tête – et cadencé par de grands rassemblements réguliers qui peaufinent littéralement le chemin de Dieu vers l’Homme et de l’Homme vers Dieu. 

Vingt ans de catéchèse ou quarante ans de presbytérat ne font pas de la catéchiste ou du prêtre une personne plus prête à recevoir le Corps du Christ – ce serait tomber dans l’élitisme de la secte ! Ou alors la pratique anesthésie l’incroyable : Dieu se met à nos pieds pour être aimé ; Dieu se met à mon service pour me faire grandir – c’est le sens du lavement des pieds du Jeudi saint.

Car c’est aussi de cela qu’il s’agit : ces foules dans nos lieux de culte, certes, sont bigarrées… Il y a les habitués qui ne distinguent peut-être plus trop leur gauche de leur droite et pratiquent, tout simplement (mais ont-ils tous encore la foi ?) ; il y a des « réflexifs » : oh, Noël et Pâques, on y va, c’est teeeeeeeellement important pour notre famille (et le reste de l’année, soit 363 jours ?) ; il y a des anxieux : la fin du monde, le péché originel, Trump, Poutine, ma voisine Fatima… ; et il y a les « mystiques », celles et ceux qui, initiés aux mystères de l’Amour de Dieu en Jésus par l’Esprit, révèlent à autrui ce qui se vit dans leur intime et leur vie publique. En fait, Dieu appelle vraiment tout à chacun.e dans son quotidien tel qu’il est et là où la personne se trouve ; à nous les témoins de l’Evangile de les rejoindre dans leur chariot (cf. histoire de l’eunuque éthiopien des Actes) pour nous aussi nous laisser évangéliser !

Nikola Tesla (1856-1943)

Par Pierre Guillemin | Photo : DR

A la fin du XIXe siècle, l’électricité était considérée comme un « jus occulte » qui « coulait comme par magie ». Ses utilisations restaient très limitées et seules de très grandes bobines étaient utilisées à l’époque pour produire du courant continu alimenté par des batteries.

Trois scientifiques se distinguent alors dans leurs recherches autour du phénomène électrique. Thomas Edison, Guglielmo Marconi et Nikola Tesla. Ce dernier, bien que n’ayant pas achevé ses études d’ingénieur (ce qui lui vaudra de nombreuses critiques de la part de la communauté scientifique), se distingue par ses intuitions géniales (qui conduiront au dépôt de plus de 300 brevets) comme la mise en œuvre du courant alternatif ou la transmission sans fil.

Elevé dans la religion chrétienne orthodoxe, Nikola Tesla attribue ses idées géniales à la puissance de l’Esprit. Il dit : « Le don de force mentale vient de Dieu, de l’Etre divin, et lorsque nous accordons notre esprit à cette vérité, nous sommes en harmonie avec cette Grande Puissance. Ma mère m’a appris à chercher toute la vérité dans la Bible. » Gravement atteint par le choléra dans son enfance, il déclare : « Je suis convaincu que mon sauvetage n’était pas un hasard, mais l’œuvre d’une puissance divine. L’effort d’un inventeur est essentiellement salvateur. Qu’il rassemble des forces, améliore des appareils ou crée de nouvelles commodités, cela contribue à la sécurité de notre existence. »

Ainsi, l’œuvre de Nikola Tesla s’inscrit dans une longue quête de la compréhension de l’énergie de l’univers qu’il attribue aux phénomènes électriques et électromagnétiques. Il fonctionne suivant ses intuitions générant critiques, rejets, jalousie jusqu’à le décrire de savant fou. Les critiques ne sont pas toujours infondées : Nikola Tesla n’était pas d’accord avec la démarche scientifique consistant à représenter les expériences scientifiques et les théories associées par des modèles mathématiques. Nikola Tesla, bien qu’il appréciât sincèrement son travail, n’était pas convaincu par la théorie de la relativité d’Einstein. Pourtant, ce même Einstein dira de lui, en réponse à la question qui lui était posée : « Qu’est-ce que ça fait d’être l’homme le plus intelligent de la planète ? », « Je ne sais pas.
Il faut le demander à Nikola Tesla ! »

Nikola Tesla est un mystique scientifique cherchant les moyens de comprendre l’Univers et la Création par la maîtrise de l’énergie. Son œuvre, incroyablement féconde, fait écho à Maurice Zundel déclarant : « Des techniques raffinées, aux mains de savants de premier ordre, ouvrirent la voie aux plus étonnantes découvertes et firent germer les hypothèses les plus imprévues. »

Sous les pavés… la vie!

Fruit de l’impulsion donnée par le jubilé du cinquantenaire de l’Atelier Œcuménique de Théologie (AOT). Le livre Changer de regards. Balises Œcuméniques, d’Anne Deshusses-Raemy, propose de fixer son regard sur la vie qui demeure, malgré les pierres d’achoppement au dialogue œcuménique. Entretien.

Par Myriam Bettens | Photos : Mathias Deshusses

« Arrêtons de nous dire : C’est fichu ! », lance d’emblée Anne Deshusses-Raemy lorsqu’on aborde avec elle les motivations qui l’ont poussée à l’écriture du livre : Changer de regards. Balises Œcuméniques (Ed. Saint-Augustin et Ouvertures). L’ouvrage, disponible depuis la mi-mai en librairies est le fruit d’une réflexion menée avec l’équipe enseignante de l’Atelier Œcuménique de Théologie (AOT), à l’occasion du jubilé (2023) de l’association. « Nous ne voulions pas nous complaire dans l’autosatisfaction de ce qui avait été fait ces cinquante dernières années ». Malgré « l’élan extraordinaire impulsé par Vatican II, les gens s’essoufflent et pointent l’immobilisme apparent de l’œcuménisme aujourd’hui ». 

Des pistes pour construire ensemble

Car, en effet, des pierres d’achoppement au dialogue œcuménique subsistent « que seules les institutions peuvent résoudre ». Le livre choisit d’en nommer quatre : l’Eucharistie, la question des ministères, la place des femmes et les débats éthiques concernant, entre autres, le début de la vie, la sexualité ou encore le mariage. 

Toutefois, le souhait premier de l’ouvrage n’est pas de faire un état des lieux de l’œcuménisme actuel, mais bien de « donner des balises, afin d’ouvrir des perspectives en vue de continuer à construire ensemble tout en confrontant les points de vue ». Ces pistes de réflexion s’articulent toutes autour de verbes et donc d’actions « réalistes et réalisables ». Anne Deshusses-Raemy parle, notamment, de « dépasser l’idolâtrie, car l’Eglise, le livre Bible et les institutions peuvent devenir des idoles », ou encore de « s’atteler à travailler ensemble sur une vraie anthropologie chrétienne ». 

De la vie à faire fructifier

Pour illustrer son propos, elle désigne la photo de couverture du livre. « On y voit un chemin avec des rails qui conduisent quelque part, les cailloux du ballast de ces voies de chemin de fer et un coquelicot qui pousse là, au milieu de toute cette aridité. Arrêtons de ne regarder que les pierres, mais attardons-nous plutôt sur la vie qui pousse. C’est cette vie-là que nous devons faire fructifier. » Comme un clin d’œil supplémentaire, Anne Deshusses-Raemy cite la Trinité. « Il n’y a pas plus différent que le Père, le Fils et l’Esprit. Pourtant, il n’y a pas plus uni qu’eux ! »

Partir au vent

Dès la rentrée 2025, l’Atelier Œcuménique de Théologie (AOT) proposera une nouvelle formule de formation flexible et progressive. L’AOT offrira désormais une formation par modules permettant à chacun de construire son propre parcours de formation, selon ses disponibilités, compétences et centres d’intérêt. Les modalités de formation changent, mais l’ADN de l’AOT demeure ! La formation conservera toujours son caractère œcuménique et la dynamique participative et interactive des sessions est également maintenue. Chacun pourra composer son propre parcours, en déterminer le rythme et la durée. Au menu, du contenu pour découvrir la Bible et son histoire, la théologie, l’œcuménisme ou encore des modules sur les enjeux éthiques ou la sensibilisation au dialogue interreligieux. Des travaux de recherche individuels, notamment dans le cadre des ateliers, permettront aux participants d’affiner un intérêt ou une intuition personnelle. 

Plus d’informations et inscriptions sur aotge.ch

La communication et l’événementiel dans l’Eglise

« Il faut faire l’expérience de Dieu. Certaines personnes la font en allant à la messe, tandis que d’autres ont besoin d’un événement, d’une adoration ou d’un pèlerinage. C’est pour cela que je me mets au service de l’Eglise », souligne Yves Crettaz, créateur de l’Agence Imani.

Par Véronique Benz | Photos : DR

Assis à une table, son sac à dos et sa casquette à côté de lui sur le banc, Yves Crettaz est décontracté. Il sirote un thé tout en parlant à bâtons rompus de l’Eglise et de la communication. 

Le jeune homme de 30 ans aime le sport, mais surtout l’Eglise. « Je m’intéresse à tout ce qui touche à l’avenir de l’Eglise dans la société actuelle : la jeunesse, les nouvelles technologies et l’événementiel », avoue Yves Crettaz. Après avoir fait plusieurs expériences comme journaliste notamment dans le milieu de l’Eglise (RTS religion, KTO et les messes à Canal 9), il accomplit son stage de journaliste RP à Rhône FM.

« J’ai aimé mon travail de journaliste, mais ce que j’apprécie le plus c’est la communication en général, les réseaux sociaux, l’événementiel et le marketing. Je suis un peu touche-à-tout », reconnaît Yves. Estimant que la communication et l’événementiel fait parfois défaut dans l’Eglise, Yves Crettaz quitte son job et fonde l’Agence Imani. « Il y a beaucoup de belles choses qui se font, il y a le public cible, mais il manque parfois un organisateur au milieu qui fait le lien entre les deux. » Un des buts de l’agence Imani est de faire le lien entre les activités et le public. « C’est élaborer des événements, proposer quelque chose en ligne sur les réseaux, faire un flyer, etc. »

Imani signifie « foi » en swahili, langue africaine. « J’ai choisi ce nom pour mon agence, car la foi en Afrique est extrêmement vivante, dynamique et joyeuse. » Le jeune entrepreneur constate qu’il y a énormément d’événements en Eglise et qu’il faut les communiquer. « Dans l’Eglise nous avons le plus beau des produits, le Christ, mais nous ne savons pas toujours le vendre. »

Pour Yves Crettaz les plus grands défis sont les difficultés de relations humaines qu’il y a au sein de l’Eglise. « Dans certaines paroisses il y a beaucoup de conflits de ressources humaines. Parfois nous pensons plus à critiquer le prêtre, l’agent pastoral ou la grand-maman qui chante de manière décalée plutôt que d’accueillir la joie de l’Evangile. »

Cependant, Yves Crettaz croit en l’avenir des paroisses et de l’Eglise. « Il y a un énorme potentiel de développement et un large retour à la spiritualité », relève-t-il. Il soutient que l’Eglise catholique doit être présente pour réagir à ces demandes. « L’Eglise a des réponses, mais il faut les rendre audibles. » 

Yves Crettaz a participé à trois JMJ. « Les JMJ à Madrid ont sans doute été pour moi un événement déclencheur. J’y ai découvert l’importance de la communication, du rassemblement et de la joie ! Mon engagement donne du sens à mon travail et à ma foi ! » 

L’Agence Imani

Basée en Valais, Imani est destinée aux paroisses et organisations catholiques de Suisse romande. Elle est spécialisée dans le domaine de la communication, de l’événementiel et de l’innovation.
Plus d’infos sur agenceimani.ch
Instagram : instagram.com/agence.imani

Un souvenir marquant de votre enfance
Les temps de prière avec papa et maman le soir. Mes parents nous ont éduqués dans la foi catholique tout en nous laissant libres. 

Votre moment préféré de la journée
Le soir lorsque je rentre à la maison, que je retrouve mon épouse et que nous nous racontons nos journées autour du souper.

Votre principal trait de caractère
Je suis quelqu’un d’entreprenant. Je n’ai pas peur. Lorsque j’ai décidé de quitter mon boulot pour lancer mon entreprise, je n’ai pas réfléchi longtemps. Je me suis dit vas-y lance-toi !

Votre livre préféré
Je ne suis pas un grand lecteur. En ce moment un livre me passionne : « l’Eglise a besoin de créatifs », d’Amarù Cazenave.

Une personne qui vous inspire
Mon évêque, Mgr Lovey. J’ai eu l’occasion de le côtoyer et j’ai découvert une bonne et sainte personne. Il porte la charge du diocèse et recherche la vérité dans tout ce qu’il fait.

Une citation biblique qui vous anime
Le thème des JMJ 2013 à Rio de Janeiro : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples.  C’est un peu le leitmotiv d’Imani.

Yves Crettaz

• Yves est né en 1995. Il est originaire du Val d’Anniviers.

• Il fait une école de commerce, puis travaille aux service marketing & communication du Nouvelliste. 

• Il suit une formation de journaliste à Rhône FM et devient journaliste RP.

• En 2024, il lance l’Agence Imani, spécialisée en événementiel et en communication.

• Marié, il vit à Bramois.

L’infini de Dieu, l’infini de l’homme

Par Claude Amstutz | Photo: paroisse Sainte-Thérèse

Le célibat et le mariage ne cessent d’alimenter des discussions animées au cours des siècles. Si, pour saint Augustin (354-430) le mariage est bon en lui-même ; ce qui est mal dans le mariage, c’est uniquement ce qui vient de la concupiscence, il est affirmé au Concile de Trente (1543-1565) que le célibat et la virginité sont supérieurs au mariage. 

Au fil des temps la perception religieuse a – Dieu merci – évolué, sans oublier, bien tardivement, qu’être célibataire, prêtre ou laïc, est un don de la Grâce, comme l’est l’appel au mariage. Et Jésus Lui-même n’a pas exigé de tous ses disciples le renoncement radical à la vie de famille, bien qu’il ait exigé de tous la première place dans leur cœur.

Ces deux états de vie nous persuadent que, avec Dieu premier servi, le célibat ainsi que la vie à deux, choisis ou non, sont un engagement qui peut conduire à l’épanouissement le plus jubilatoire qui soit sur terre, prédisposé par la patience et la bonté. 

Certes, l’homme seul peut éprouver parfois douloureusement la solitude sous toutes ses formes, mais sa disponibilité, grande, ne lui permet-elle pas aussi de se consacrer davantage à des amitiés rares, services et projets en milieu professionnel ou associatif, voire au cœur de l’Eglise ?

Dans le mariage, au contraire, le souci du conjoint ou de la conjointe, des enfants de surcroît, ne peut-il exposer en certaines circonstances, au manque de temps pour soi, s’ajoutant à d’autres engagements ou contraintes du travail et de la vie dite ordinaire ? 

Que ce soit exprimé dans un état comme en l’autre, si nous dépassons les fragilités qui façonnent toute existence, le point commun est bien celui de la rencontre, sous le regard bienveillant de Dieu, en amour ou en amitié : relation qui porte le sceau de l’empathie, de la sincérité, de la confiance, du discernement et – mais oui ! – de l’humour.

Habités par l’amour infini de Jésus, ne découvrons-nous pas en chaque attachement, l’infini de l’autre ou des autres ? Et une vie entière suffit-elle à surprendre, tout au long des années qui se succèdent, une pièce surajoutée du puzzle intime de nos élus, capable de nous émerveiller, de nous faire grandir ?

Un ami, c’est comme un gardien de l’amour, un gardien de l’âme elle-même : il saura garder les secrets par un silence à toute épreuve. Il saura supporter et soigner en moi ce qu’il verra de défectueux. Il se réjouira de ma joie comme il s’attristera de ma peine parce qu’il considérera comme sien tout ce qui me concerne. (saint Aelred de Rievaulx)

En librairie – mai 2025

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Comme la voix des océans
Rémi-Michel – Marin-Lamellet

Le frère Rémi-Michel nous propose la sobriété et la délicatesse pour entrer en amitié avec Dieu : il suffit de penser, regarder, écouter, croire, vouloir et tomber. Six verbes de l’Ecriture sainte. Six verbes élémentaires pour s’approcher de Dieu. Oui, il est toujours possible, dans l’écoute et la simplicité, de Le rejoindre et de se laisser rejoindre par Lui.
Sa voix était comme la voix des océans, dit l’Apocalypse. Dieu parle et son verbe revêt bien des formes inattendues pour toucher le cœur des hommes.
Un livre de profonde spiritualité qui murmure à l’oreille comme un coquillage marin.

Editions du Cerf

Acheter pour 22.80 CHF

Maman voudrait que je croie en Dieu
Adrien Candiard

Dur d’avoir 15 ans. Guillaume en veut aux adultes. A sa mère qui l’a forcé à partir tout le week-end en retraite de confirmation dans un couvent de sœurs loin de tout, et qui veut toujours décider pour lui. Mais c’est encore avec Dieu que Guillaume a le plus de problèmes. Croire en lui ? Mais pourquoi ? Comment ? D’ailleurs existe-t-il ? Avec l’acuité spirituelle qu’on lui connaît et le talent de romancier qu’on lui découvre ici, Adrien Candiard nous fait plonger dans l’univers de la jeunesse, de sa quête intransigeante de vérité et de liberté. Un livre pour tous les âges car il est toujours temps de retrouver la flamme de l’adolescence.

Editions du Cerf

Acheter pour 21.80 CHF

Lettre aux mamans
Bénédicte Delelis

« Si toute la littérature chrétienne regorge d’écrits de religieuses qui ont narré comment elles trouvaient Dieu au cloître, même en ramassant une épingle, il est bien moins souvent raconté comment on le rencontre en mettant des enfants au monde, en les élevant et les chérissant. » C’est le défi que relève Bénédicte Delelis dans ce texte personnel, émouvant et drôle. Elle propose aux mamans de reconnaître ce qui se joue profondément dans leur maternité, même aux instants les plus banals : une expérience de Dieu, une école particulière de foi, d’espérance et d’amour.

Editions Mame

Acheter pour 19.20 CHF

L’épopée de la Sainte Tunique du Christ
Ducoudray – Guillebon

La Sainte Tunique du Christ est dans l’Evangile selon saint Jean (19, 23-24) ! : « Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en firent quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique ; c’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas. Alors ils se dirent entre eux : « Ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui l’aura. » » Conservée par les disciples du Christ, cette relique de la Passion arrive à Constantinople, puis à Argenteuil en l’an 800. Depuis, elle a traversé l’histoire de France. Une véritable épopée historique, religieuse et archéologique que nous raconte cette BD.

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Kairos!

Les jeunes de Genève peuvent participer, pendant les vacances d’octobre, à 3 jours en forme de « mini-JMJ » dans un espace en France voisine, au rythme des chants, des prières, des ateliers, des soirées jeun’s, de la messe, tout ça organisé par des jeunes pour des jeunes et chapeauté par la Pastorale Jeunesse de l’ECR. 

L’un des nôtres, Lorin, a été retenu comme animateur pour le prochain KAIROS en octobre 2025, reflet qui va à l’essentiel !

Ce week-end Kairos fut riche en émotion. C’est un devoir de m’investir au service de mon prochain durant cette retraite. Cette communauté de Kaïros m’a ouvert l’esprit à la réflexion : « Une vraie famille n’est pas toujours les liens du sang mais les liens du cœur. » Ce chemin m’a confirmé la présence de l’Esprit Saint tout au long de notre route de jeune chrétien.

Propositions pour une société plurielle

Par Fabienne Gigon, représentante de l’évêque à Genève | Photo : DR

Chère Lectrice, cher Lecteur, 

Lors de la table ronde de la Session diocésaine du 14 février dernier, sur le thème « Osons le changement », l’intervention de la Pasteure Laurence Bohnenblust-Pidoux a retenu toute mon attention. Elle nous a présenté le processus visant la transition de 86 à 25 paroisses, d’ici à 2029, de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud.

Ancrant son propos dans « la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17, 28), elle a rappelé que proclamer l’Evangile dans le temps présent est l’ADN des réformés. Pourtant, la Pasteure constate trop souvent un confort dans un entre-soi, de groupes de la même classe sociale, bien souvent « bourgeoise-moyenne sympathique ». Ainsi, un ancrage dans le réel est nécessaire (cf. Bonhoeffer) avec des points d’attention pour guider le changement :

1. Pleurer : faire des deuils, notamment d’une église qui n’a jamais existé. Oser dire : on ne le fait plus, non pas parce que ce n’est pas important, mais parce qu’on met les forces ailleurs.

2. Ecouter : on est très forts à penser savoir ce que souhaite l’autre. L’important est d’entendre les raisons de celle/celui qui ne vient pas, et la parole de celle/celui qui vient. 

3. Prier-discerner : les uns avec les autres et avec Dieu, identifier les défis à retenir. On ne peut pas être partout, ni se complaire dans la posture « je ne peux rien faire ».

4. Essayer : ne pas attendre que tout soit parfait, pensé dans les moindres détails, pour y aller. Oser échouer pour réussir. Selon la méthode de la recherche-action : poser quelques éléments, puis « bonifier », corriger, améliorer, cheminer ensemble.

5. Se réjouir : de ce qui existe et des actions posées, de toutes les étapes, car « les étapes, c’est la vie ! » Regarder positivement : dire ce qui plaît dans l’idée de l’autre, plutôt que détecter les défauts. 

Le projet présenté favorisera des Ecclésioles, en agrandissant des communautés d’une part, et en permettant de diversifier les communautés d’autre part, notamment par centre d’intérêt (Bible, Gospel, famille, etc.). La société est plurielle, nos propositions doivent l’être également. Il y a déjà eu des explorations ; il s’agit de revenir auprès de celles et ceux qui sont restés en arrière, afin d’avancer ensemble. Dans l’idée de ne pas recréer un entre-soi, les Ecclésioles se réuniraient au sein d’une paroisse favorisant les liens. Ces propos devraient nous intéresser, nous qui sommes aussi en changement, comme l’a rappelé notre évêque, Mgr Charles Morerod. 

Dans une volonté d’ouverture et de rencontre, à l’opposé de l’entre-soi, réjouissons-nous ce mois-ci tout particulièrement de la Nuit des Eglises ce 23 mai (voir programme avec le QR-CODE ci-dessous): plus de 50 événements sont proposés dans les églises et temples du canton, une nouveauté pour Genève ! Nous avons hâte de vous rencontrer à cette occasion, et pourquoi pas avec vos amis et voisins ?

Programme de la Nuit des Eglises ce 23 mai.

Il est dix foi(s)

Cette année, les Rendez-vous Cinéma IL EST UNE FOI de l’Eglise catholique romaine de Genève fêtent dix ans d’existence. Pour célébrer cet anniversaire, le festival invite les spectateurs à explorer le thème de la beauté, du 30 avril au 4 mai, aux Cinémas du Grütli.

Andrej Tarkovski rendra hommage à son père lors d’un spectacle multimodal unique en son genre.

Par Myriam Bettens | Photos : DR

« La beauté comme principe de vie exclut toute utilisation de celle-ci comme outil de tromperie ou de domination. Car ceci est la laideur même, le mal », écrit François Cheng dans Cinq méditations sur la Beauté. Beauté et vérité sont donc intimement liées et contiennent, en germe, un chemin spirituel authentique. Elle renvoie donc autant à une réalité physique qu’à un ailleurs qui la transcende. Or, les réflexions sur la beauté peuvent sembler un exercice difficile à accomplir, car la dimension subjective passe pour être la règle.

Les Rendez-vous Cinéma IL EST UNE FOI de l’Eglise catholique romaine à Genève tenteront de l’explorer dans sa dimension physique, mais aussi immatérielle, afin de mieux comprendre les défis liés à sa quête. « La question est cruciale, tant la beauté est liée avec le désir et le goût de vivre. »

La beauté comme principe de vie

« Dans un monde où le beau est souvent réduit à l’aspect esthétique, à la surface et à l’apparence, la 10e édition des Rendez-vous Cinéma de l’ECR braque le projecteur sur l’expérience spirituelle qui jaillit de la rencontre avec la Beauté. » Vingt films et dix débats au programme de cette 10e édition, déclinés sous plusieurs angles afin de mieux saisir comment s’incarne le concept souvent abstrait de beauté.

Une première escale mènera dans le monde de l’art, « véhicule par excellence de l’absolu », où il sera question de retranscription du sacré à travers la peinture d’icônes, de poésie ou encore de musique pouvant mener à la transcendance. Le parcours se poursuivra au travers de la beauté qui se révèle dans la nature avec la thématique du réenchantement du monde, à la capacité à être touché par l’harmonie et la simplicité du quotidien, en passant par le bouleversement occasionné par la rencontre solennelle avec le cycle de la vie et de la mort. D’autres expressions, parfois surprenantes, de la beauté sont à découvrir durant ce festival.

Un contenu éthique profond

La clôture de cette édition anniversaire se tiendra, le dimanche 4 mai, au Conservatoire de musique de Genève avec un spectacle multimodal d’Andrej Tarkovsky « d’un contenu éthique profond ». Ce concert rendra hommage à son père, le cinéaste russe Andreï Tarkovsky. La performance du Duo Gazzana alternera entre lectures, avec l’acteur Samuel Labarthe comme récitant, et pièces musicales inspirées des films du metteur en scène disparu. Des projections vidéo comprenant des scènes des films Andreï Tarkovsky ainsi que des images inédites et des documents issus des archives familiales
feront partie intégrante de la représentation.

La beauté s’affiche

L’affiche de cette 10e édition a choisi l’artichaut pour représenter la beauté intérieure, « comme le cœur d’un artichaut. Elle demande d’aller au-delà des premières impressions pour découvrir ce qui se cache sous la surface ». Représenté en porcelaine blanche pour ajouter une dimension de pureté et de finesse, le rebord des feuilles est souligné d’un liseré doré pour rappeler l’art du kintsugi japonais. Cette technique consiste à réparer les pièces en céramique brisées en appliquant de l’or sur les cassures de l’objet. Cet art illustre que « la fragilité et les cicatrices font partie de l’histoire d’un objet » et que « la beauté ne réside pas seulement dans la perfection ». Plus d’informations sur ilestunefoi.ch

Depuis le banc du fond

Aujourd’hui, une paroissienne nous ouvre son cœur et nous offre son témoignage. Merci Claudine!

Propos recueillis par François Riondel 
Photo : DR

« Guide-moi sur les chemins de ta verité » (Ps 24)

Oui, Seigneur, avec toi je choisis de marcher au désert de ces 40 jours de Carême pour te rencontrer au plus intime de moi-même et y découvrir, à la Lumière de ton Esprit, de quelle manière nouvelle tu veux me faire vivre avec toi, le « Car-Aime » de chaque jour dès le matin de Pâques.
40 jours au désert de nos chemins de Carême une fois l’an… Oui, mais… nos années de vie sont aussi parfois traversées par de longs déserts, à l’image des
« 40 ans au désert des Hébreux ». En partage, en voici l’un d’eux qu’il m’a été demandé de traverser, dans le silence de Dieu, pour renaître à la Vie, et fêter « ma » Pâque au sortir du désert.

D’un « pourquoi », à un « pour quoi »

A peine sortie de l’adolescence (je porte depuis peu le titre de senior), alors que je venais de franchir la porte de l’église au terme de la messe de sépulture de papa, il m’a été dit une parole que je n’oublierai jamais : « Oh que Dieu doit t’aimer pour te reprendre ton papa ! »

Ce fut un « tournant » dans ma vie et le premier jour d’un long chemin pour tenter de comprendre comment il pouvait en être ainsi. 

Il y avait bien dans mon « éducation religieuse » une coloration dite « janséniste » pour « Dieu-Père », mais dans mon cœur, une certitude reçue : son Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, Lui n’était et ne pouvait être qu’Amour. Alors pourquoi « Dieu Père »… qui m’a-t-on dit m’aimait… avait-il voulu me reprendre papa ?

Si tel était bien le cas, alors je ne poursuivrais pas ce chemin de foi ! Mais si ce que je vivais au plus profond de moi était Vérité, alors je demandais à Jésus de me le montrer et… je l’avoue : de me le prouver, pour tenter de survivre à ce tsunami de détresse / tristesse venu frapper notre famille. Vous l’aurez compris, il ne m’était plus possible d’entendre : « Dieu notre Père. »

Seul Jésus-Christ était une Vérité audible pour moi et, dans ma vie, pouvait être un chemin de survie.

Jour après jour, petite pierre après petite pierre déposée sur ma route, notre Seigneur m’a répondu avec une infinie délicatesse – patience habillée de tendresse – me présentant des « êtres de lumière », principalement trois prêtres répondant chacun au prénom de Jean, qui ont su m’accompagner à l’image et au nom de Jésus. L’un deux ne m’a-t-il pas dit au début de ma recherche : pendant 3 ans de vie publique, Jésus a « tourné en rond » autour d’un lac (périmètre restreint), mais sans jamais croiser quelqu’un sans le Regarder ET l’Aimer dans son unicité. Je n’ai jamais oublié !

Notre Seigneur n’a jamais lâché ma main, marchant à mon rythme à mes côtés, sans oublier de me porter peut-être plus souvent qu’à mon tour. Avec le plus précieux des cadeaux : oui aujourd’hui c’est en Vérité que je peux dire « Abba, Père » !

Pour tenter de vivre dans Sa Vérité qui n’est qu’Amour… 

Dans l’infiniment petit de mon quotidien, je tente de « juste aimer », mais là, c’est encore à partir « de moi » ; alors je demande à notre Seigneur « d’aimer juste », c’est-à-dire de passer par Lui, par son Cœur pour le laisser rejoindre et aimer ceux qu’Il me donne au hasard de mes pas, mettant à sa disposition simplement mes yeux, mes mains, mes oreilles… 

Mère Teresa nous dit que ce n’est pas ce que l’on fait qui compte, mais bien la dose d’amour que nous y mettons, à l’image d’ailleurs de Thérèse de Lisieux qui ramassait, avec amour, même une toute petite aiguille.

Et à l’aube du matin de Pâques…

Parvenus au terme de nos 40 jours de Carême, nous recevrons chacun / e comme Marie-Madeleine, le privilège et la grâce, de nous entendre appelés / es par notre prénom. Avant qu’il en soit ainsi, au jour de notre « Entrée dans la Vie », où notre Seigneur nous tendra les bras et nous accueillera en prononçant notre prénom avec une infinie tendresse.

Dire «oui» plutôt que «non»

Par Pierre Guillemin
Photo : DR

Le wokisme désigne le fait d’être conscient des questions de justice sociale, raciale et environnementale et de les dénoncer.

On serait donc tenté de voir dans le wokisme une prolongation de la foi chrétienne qui appelle à l’amour du prochain sans distinction. Pourtant, des divergences sont bien présentes : les thèmes du genre, du mariage, de l’avortement, des traditions et donc du dogme et des règles qui régissent la vie chrétienne, de la justice et de la place de la rédemption et du pardon, et l’universalité de la foi chrétienne face aux luttes de pouvoir de minorités sont des éléments forts d’opposition entre christianisme et wokisme.

Surtout, la foi chrétienne nous invite à dire « oui » plutôt qu’à dire « non », elle nous pousse à ouvrir les bras plutôt qu’à les refermer. Ainsi, c’est certainement là la grande divergence, la tendance systématique qui caractérise le wokisme dans sa quête de justice finit par fermer les portes du dialogue nécessaire à l’amour de son prochain. 

N’oublions pas que la foi chrétienne n’est pas aveugle à l’injustice. Grégoire de Nysse (335-395) déclarait : « Si Dieu n’asservit pas ce qui est libre, qui peut établir au-dessus de Dieu sa propre domination ? »

Le crépuscule des dieux

Woke, voilà un terme en vogue ! Utilisé à toutes les sauces, on ne parvient toutefois pas si bien à le définir, si ce n’est qu’il a une connotation plutôt péjorative. A bien y regarder, il ressemble étrangement à un puritanisme… sans théologie.

Par Myriam Bettens | Photos : AdobeStock, Unsplash, DR

Force est de constater que si ce mot n’est pas celui de l’année, il est au moins celui de ces dernières années. Le terme woke désigne en anglais le fait d’être éveillé, conscient et en alerte face aux inégalités. Plus que toute autre occurrence issue du vocabulaire identitaire, ce terme décrit bien les affrontements politiques et culturels entre une gauche « progressiste » et une droite « conservatrice ». Outre l’aspect politique patent que ce terme revêt, les détracteurs de la « culture woke » – à la fois pour dénoncer et mettre en garde contre son importation sous nos cieux – ont tendance à recourir au lexique religieux dans leur critique. De la simple comparaison jusqu’à, parfois, l’assimilation.

La paresse intellectuelle comme vertu

L’utilisation de l’analogie religieuse comme outil d’analyse de faits sociaux dans le registre des sciences humaines et sociales n’est pas nouvelle. Déjà en 1941, le philosophe et sociologue français Raymond Aron proposait l’expression de « religion séculière »1. Mais on peut se demander si, ici, l’analogie religieuse est propre à nous aider à saisir le phénomène du wokisme en lui-même. Or, dans un essai sur les limites de l’analogie religieuse2, la sociologue française Nathalie Heinich pointait le risque d’un tel procédé, qui, « par un effet d’aspiration, tire vers « le religieux » tout ce qui, de près ou de loin, y ressemble, sans que ne soit jamais discutée la pertinence d’une telle assimilation ».

Pour reprendre ses termes, « l’effet d’aspiration » produit une certaine paresse intellectuelle. Dans ce cas précis, le wokisme n’est plus analysé pour lui-même, mais uniquement par le prisme du religieux. Cette comparaison induit aussi un transfert des attributs de la religion – renvoyant l’image d’un christianisme dans sa version la plus fondamentaliste – au mouvement woke. L’intolérance, le refus du dialogue, le fanatisme ou encore le dogmatisme deviennent alors des qualificatifs de la culture woke. En outre, cette analogie a pour conséquence d’inciter à penser qu’il existe une unité, une vision, voire un programme au sein du wokisme, alors qu’il demeure tout au plus un mouvement.

Dans sa diversité, le wokisme demeure tout au plus un mouvement.

Une rhétorique de saturation

Ce qui devrait rester un outil au service d’une démonstration en devient la fin et « le problème avec l’analogie religieuse n’est pas qu’elle soit fausse, mais bien qu’elle ne soit jamais fausse »3. Les caractéristiques apparentées au religieux de la culture woke – moins pour comparer que pour dénoncer – et son assimilation à une nouvelle religion sont toujours opérées sur le mode de l’évidence. L’exemple le plus emblématique se trouve dans La religion woke 4 de Jean-François Braunstein. Les militants « prêchent », leurs actions sont « des rites » et ils sont conduits par un ensemble de « textes sacrés » regroupés en « missels ». C’est ce procédé rhétorique de saturation du texte au moyen du lexique religieux qui finit par conférer à la culture woke sa dimension religieuse ! Par contre, aucune trace du pourquoi le wokisme serait une religion. Le Mystère se trouve peut-être là… 

Il est vrai que la sémantique invite à franchir le pas par son appellation même. Le terme woke [ndlr. éveillé] évoque les vagues de Réveil religieux qui ont marqué toute l’histoire des Etats-Unis depuis le XVIIIe siècle. Si l’éveil peut être une caractéristique de la religion, celle-ci n’en a pas l’exclusivité. Rappelons le philosophe Kant se félicitant d’avoir été « réveillé de son sommeil dogmatique » par son homologue écossais Hume, ou encore les thèses conspirationnistes reprenant à leur compte la thématique de l’éveil. Si un rapprochement semble tout à fait légitime, une assimilation ne l’est en revanche pas.

La couverture du numéro de mai 2019 du magazine Valeurs actuelles, assimilant les revendications féministes à une « inquisition ».

Une « quasi-religion » civile

Dans une longue analyse5 réalisée pour l’Institut Religioscope de Fribourg, l’historien Olivier Moos avance qu’« un certain nombre d’auteurs ont utilisé le modèle du Great Awakening [ndlr. Grand Réveil] pour analyser le phénomène woke à la manière d’un surgissement culturel et révolutionnaire, comme l’émergence d’une nouvelle « religion civile », ou encore la manifestation d’un post-protestantisme débarrassé de sa théologie ». Il souligne que « le wokisme fonctionne à la manière d’un système de croyances, mais n’est pas pour autant une religion. […] Une partie des idées et des attitudes adoptées par les militances progressistes reproduisent des croyances et des comportements que l’on observe plus couramment dans certains groupes religieux fondamentalistes ». 

Il cite l’obsession de la pureté et du péché, la certitude de jouir d’une infaillibilité morale, la condamnation de l’hérésie ou encore l’autorité indiscutable des écritures. Le wokisme, tout comme les systèmes religieux, offre à ses adeptes un système interprétatif de la société, avec ses normes, ses valeurs et ses dogmes. « Ayant émergé dans un univers culturel profondément influencé par le protestantisme, il n’est pas surprenant que de nombreuses valeurs et pratiques woke puissent reproduire, inconsciemment, des éléments de cet héritage. Cependant, les intellectuels de cette mouvance revendiquent de produire du savoir et de l’expertise, et non du spirituel. » En d’autres termes, il manque au wokisme sa dimension proprement métaphysique. 

Eveil et crépuscule

Le chercheur fribourgeois reconnaît que « tant les comportements des activismes qu’une partie du corpus de la Social Justice prêtent aisément le flanc à une analogie religieuse » en transférant la sensibilité morale du protestantisme dans le champ politique « alors que le cadrage métaphysique s’est étiolé ». Cela a « entraîné non seulement une moralisation de la politique, mais aussi une érosion de la frontière entre cette dernière et le religieux ». Il déplore l’absence de « garde-fous théologiques » dans ce mouvement. A l’image d’un « corpus théologique, qui se serait construit à travers des siècles d’affinage et de conciles, procurant ainsi un cadre normatif à des notions de justice, de péché ou de rédemption. Ces idées, libérées de leur cadre et réintroduites dans une religiosité révolutionnaire, risquent l’emballement ». Le Royaume des Cieux ne demeurerait alors plus que l’ambition d’établir en ce monde une société parfaitement égalitaire, « quels qu’en soient les coûts ».

1 Raymond Aron, L’avenir des religions séculières, in Raymond Aron, Une histoire du XXe siècle. Une anthologie, Paris, Plon, 1996.
2 Nathalie Heinich, Des limites de l’analogie religieuse, Archives de sciences sociales des religions, n° 158, 2012, pp. 157-177.
3 Eric Maigret, Du mythe au culte… ou de Charybde en Scylla ? Le problème de l’importation des concepts religieux dans l’étude des publics des médias, in Philippe Le Guern (dir.), Les cultes médiatiques, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2002, pp. 97-110.
4 Jean-François Braunstein, La religion woke, Paris, Grasset, 2022.
5 Olivier Moos, The Great Awokening : réveil militant, justice sociale et religion, sur www.religion.info/2020/12/31/great-awokening-reveil-militant-justice-sociale-et-religion

Le militantisme en faveur de la justice sociale était historiquement porté par les communautés religieuses avant d’être recyclé par le giron politique.

Eveillés avec le Ressuscité (Romains 13, 11-14)

Le terme « éveillé » (woke en anglais) est l’un des verbes utilisés pour évoquer la résurrection du Christ, peinte ici par Raphaël.

Par François-Xavier Amherdt | Photo : DR

Figurez-vous que le terme « éveillé » (woke en anglais) est l’un des verbes utilisés pour évoquer la résurrection du Christ, à côté de « se lever » (Marc 16, 9, anistemi, qui donne le prénom « Anastasie »). Jésus-Christ « s’est éveillé d’entre les morts » (Matthieu 28, 6-7, egeirô, au parfait egregoreka, que nous retrouvons dans « Grégoire »).

Puisque nous participons de la résurrection du Christ depuis notre baptême, nous avons toutes et tous à nous éveiller de notre sommeil et à nous lever. C’est ce à quoi nous exhorte Paul dans la parénèse (exhortation) au terme de sa lettre aux Romains, dans laquelle il compare le baptême à une mise au tombeau et un relèvement vers la vie (6, 1-11) : « L’heure est venue de vous arracher du sommeil, la nuit est avancée, le jour est arrivé. » (Romains 13, 11a.12a)

Il s’agit donc pour nous toutes et tous de vivre en éveillé(e)s et en illuminé(e)s, peu importe notre position par rapport à ladite idéologie woke. « Laissons là les œuvres de ténèbres et revêtons les armes de lumière », précise l’apôtre des nations (13, 12b).

Au fond, évoluer en chrétiens, c’est nous revêtir du Seigneur Jésus-Christ comme on passe un habit (blanc, pascal) et nous débarrasser des convoitises de la chair (13, 14). C’est nous conduire comme il convient en plein jour, en totale dignité, sans disputes ni jalousies, sans débauche ni luxure, sans orgies ni ripailles (13, 13).

Quels que soient la couleur de notre peau, notre genre, notre orientation sexuelle, notre appartenance raciale, notre parti politique, le Ressuscité nous invite tous et toutes sans exception à le suivre sur les chemins de la vie et de la vérité. « Eveille-toi, toi qui dors, lève-toi d’entre les morts et sur toi luira le Christ », ajoute Paul dans une autre de ses grandes épîtres (Ephésiens 5, 14b). 

Comportons-nous donc en fils et filles de lumière, en portant des fruits de bonté, de justice et d’authenticité. Discernons ce qui plaît au Seigneur. Ne prenons plus aucune part aux œuvres stériles des ténèbres, qui se commettent en cachette. Ou plutôt dénonçons-les pour mener une existence dans la sagesse et la raison. Tirons parti de la période présente, examinons la volonté du Seigneur, gardons la persévérance. A tout propos, chantons des psaumes, des hymnes et des cantiques, louons le Seigneur et rendons-lui grâce (Ephésiens 5, 8-20) !

Réveil des consciences

Par Thierry Schelling
Photo : unsplash

Woke. A l’origine, ce terme veut dénoncer les inégalités sociales et raciales dont souffre la population afro-américaine ; débordant les USA, il a suscité des réactions en Europe et dans l’Eglise de Rome. Et son premier réflexe, plutôt conservateur, est d’y amalgamer une autre question de société : la théorie du genre, rejetée comme dommageable à la société, à la famille et aux dogmes bibliques sur la différence des sexes : « Aujourd’hui, dit le Pape, le plus affreux danger est l’idéologie du genre, qui efface les différences. » Donne-t-il de l’eau au moulin des Traditionnalistes d’Ecône qui n’hésitent pas à le décrire comme « un Pape woke » ?

Pour un jésuite, cette dénonciation est peu… ignatienne car saint Ignace forme ses adeptes à « trouver Dieu en toute chose »… On peut être déçu, dès lors, du glissement du terme vers le domaine hautement hot de la sexualité humaine. Et ce d’autant plus que la crise monumentale des abus dans ses rangs a fait perdre à l’Eglise toute crédibilité en la matière. Quant aux problèmes sociétaux, l’Eglise a encore de quoi dénoncer.

Wake up !

Tout récemment (février 2025), écrivant aux évêques étasuniens à la suite de l’investiture de D. Trump, le Pape rappelle que « tous les fidèles chrétiens et les personnes de bonne volonté sont appelés à considérer la légitimité des normes et des politiques publiques à la lumière de la dignité de la personne et de ses droits fondamentaux, et non l’inverse ». Certes, réagissant aux mesures de déportation de migrants, le Pape continue : « Les chrétiens savent très bien que ce n’est qu’en affirmant l’infinie dignité de tous que notre identité de personnes et de communautés atteint sa maturité. » Ainsi, il exhorte à un réveil des consciences contre toute forme de discrimination en raison de ses origines et/ou statut sociétal, rappelant qu’« un authentique état de droit se vérifie précisément dans le traitement digne que toutes les personnes méritent, en particulier les plus pauvres et les plus marginalisés. » Non, Monsieur La Fontaine, « la raison du plus fort n’est pas toujours la meilleure » !

Espérance à Lourdes

Chaque mois, L’Essentiel propose à un ou une représentant(e) d’un diocèse suisse de s’exprimer sur un sujet de son choix. Sœur Marie-Emmanuel Minot, représentante de l’évêque pour la vie consacrée du diocèse de LGF, est l’auteure de cette carte blanche.

Par Sœur Marie-Emmanuel Minot, représentante de l’évêque pour la vie consacrée du diocèse de LGF
Photos : cath.ch, DR

En ce mois de mai 2025, des milliers de pèlerins vont partir de toute la Suisse romande pour se diriger vers Lourdes. Malades, bien portants, tous mettent leur espérance en cette semaine près de la grotte de Massabielle, avec Marie et Bernadette.

Nous avons célébré l’an dernier le centième pèlerinage de Suisse romande à Lourdes. Qu’est-ce qui pousse tant de personnes à faire ce pèlerinage ? On y vient de tous les continents. Y sont présentes toutes les générations. Lourdes est un lieu de fraternité, de solidarité, de ressourcement, de recueillement. De conversion aussi. Si certaines personnes espèrent une guérison corporelle, beaucoup parmi elles témoignent d’y avoir trouvé la guérison du cœur. 

Ce qui frappe, c’est l’attention qui est donnée aux malades, de la part des brancardiers, des hospitaliers, hospitalières et aussi de la part des pèlerins. A Lourdes, les malades ont la première place. Et les bien portants et les malades se font du bien les uns aux autres.

Lourdes, le miracle de la fraternité… une fraternité aux multiples visages. Un matin, une de mes Sœurs rwandaises, est allée à la grotte très tôt pour dire le chapelet. Il avait plu, les bancs étaient mouillés, elle est restée debout. Arrive un monsieur qui ne parle pas le français ni l’anglais. Il enlève son manteau, le pose sur le banc et fait signe à la Sœur de s’asseoir. Quel beau geste ! 

A Lourdes, bien sûr, c’est la Vierge Marie, l’Immaculée Conception qui a la première place. Mais il ne faut pas oublier la place de Bernadette. Cette petite bergère illettrée nous marque par son humilité et aussi son caractère fort. Malgré tous les essais de lui faire dire le contraire de ce qu’elle affirmait, elle a su tenir tête pour porter le message que Marie lui avait confié.

A Lourdes, on fait le plein de bonté et de joie. Il y a une ambiance qui ne s’explique pas, qu’on ne trouve pas ailleurs. Et qui donne envie d’y retourner. Marie et Bernadette continuent de nous accompagner.

Jeux, jeunes et humour – mai 2025

Mot de la Bible

Un festin de Balthazar
Un repas somptueux et abondant

Balthazar, dernier roi de Babylone à l’époque de la captivité des Hébreux (VIe siècle av. J.-C.), offrit à mille personnes de sa cour un festin exceptionnel. Les convives burent dans des vases d’or et d’argent que Nabuchodonosor, le père de Balthazar, avait volés au temple de Jérusalem. Pendant le repas, le roi aperçut une main qui traçait sur la muraille des mots mystérieux. Seul Daniel, un des captifs hébreux, sut l’interpréter comme un message prophétique annonçant la fin imminente du royaume. La nuit même, Balthazar, roi chaldéen, fut tué et Darios le Mède s’empara du royaume.

Un balthazar est aussi une bouteille de champagne avec seize fois la contenance ordinaire.

Par Véronique Benz

Humour

En visite dans un musée, Toto bouscule un vase qui tombe par terre et se casse en mille morceaux. Le directeur arrive et s’emporte : 

– Tu te rends compte ?! Tu viens de casser une pièce vieille de 900 ans ! 

– Ah ? Ouf, j’ai eu peur, je croyais qu’elle était neuve !

Par Calixte Dubosson

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