Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin
Des livres
Paul de Tarse Daniel Marguerat
Célèbre parmi tous les apôtres, saint Paul est aussi le plus mal connu. On le dit colérique, doctrinaire, antiféministe, hostile au judaïsme. Après le message simple de Jésus, il serait venu tout compliquer avec une théorie obscure du péché… Mais qui a vraiment lu ses lettres ? Qui a deviné l’homme derrière les propos de Paul de Tarse ?
L’originalité du livre de Daniel Marguerat est d’immerger ses écrits dans la vie tumultueuse et passionnée de l’apôtre. Car derrière les textes de ce grand théologien, il y a un homme qui aime, qui lutte, qui peine et qui souffre. Un livre passionnant, qui fait découvrir un Paul peu connu. Sa pensée incandescente fait de lui, aujourd’hui encore, l’enfant terrible du christianisme.
Les 12 inouïs de l’Evangile François-Xavier Amherdt
A force d’entendre et de réentendre sans cesse les Saintes Ecritures, il se peut que leur puissance créatrice n’atteigne plus nos cœurs et nos consciences. Voici donc douze inouïs de l’Evangile, parmi tant d’autres, douze réalités que nous, croyants et baptisés, n’avons jamais vraiment vues et entendues, malgré les témoins, les saintes et saints au long de l’histoire de l’Eglise. Il s’agit de rendre compte avec douceur et respect, en toute bonne conscience, de l’espérance qui nous habite. Une démarche détonante, inédite, tissée des surprises et des clins d’œil que nous fait l’Esprit pour nous communiquer par heureuse contagion le virus de la joie de l’Evangile.
Qui d’entre nous n’a jamais expérimenté un vide existentiel ? En partant des problématiques qui touchent la jeunesse d’aujourd’hui (hyperactivité, burn-out, hyperémotivité, dépression liée au vide existentiel, angoisse de l’avenir, etc.), Joël Pralong aborde le sujet complexe du vide affectif qui engendre névrose, dépression, mésestime de soi. Face à ce constat, il donne surtout des pistes spirituelles qui rejoignent les problématiques évoquées à partir de ce qui leur est commun et creuse par lui-même un sujet peu traité. Un livre didactique émaillé de témoignages et d’images, qui s’adresse aussi bien aux jeunes qu’aux adultes.
L’Evangile pour les enfants Christine Ponsard et Jean-François Kieffer
Dieu, personne ne l’a jamais vu. Pourtant, depuis deux mille ans, retentit cette bonne nouvelle : Dieu s’est fait homme. Jésus qui est Dieu aime avec un cœur d’homme. Lire les évangiles, c’est connaître Jésus et apprendre à aimer comme Lui. Cette bande dessinée permettra à l’enfant de découvrir les plus grands épisodes de l’histoire de Jésus racontés par deux auteurs de talent : Christine Ponsard et Jean-François Kieffer (à partir de 6 ans).
Nous étions quelque 130 pèlerins, issus principalement des paroisses de Monthey, Choëx, Collombey et Muraz, à nous être rendus à Rome en pèlerinage du 23 au 27 octobre.
A Sévaz, nous avons la chance d’avoir une petite chapelle. L’avantage est que même si parfois il y a peu de monde, on ne se sent pas perdu. Une bonne ambiance règne entre les fidèles. Le mardi, la tradition de boire le café après la célébration est bien ancrée.
L’ambiance du temps liturgique de l’Avent nous pousse à l’intériorité, que ce soit par le froid nous incitant à rester tout près de nos cheminées, ou par les messes « rorate » nous plongeant dès le matin dans une atmosphère recueillie et silencieuse. Alors que notre société nous pousse à marche forcée dans un rythme toujours plus rapide telle une averse d’été lors d’un orage du soir, il est bon parfois de ralentir quelque peu, comme les flocons qui tombent et virevoltent au gré de la brise nocturne.
Voici justement qu’un événement de notre paroisse vient nous interpeller : l’anniversaire des 10 ans de l’adoration continue à Martigny, que nous fêterons peu avant Noël. Des noces d’étain pour une présence fidèle auprès du Seigneur, que ce soit dans le silence des nuits hivernales ou au cœur de journées bien remplies. Pour s’arrêter l’espace d’une heure dans une attitude de contemplation silencieuse, il faut souvent un petit temps d’adaptation, un peu comme lorsqu’on approche un mourant sur son lit d’hôpital ou un bébé dans les bras de sa maman. Pour ne pas réveiller le nourrisson ou ne pas brusquer le malade, nous ralentissons notre pas et l’approchons tranquillement, afin de l’habituer à notre présence, de prendre son rythme… Mais ce n’est pas toujours facile : à genoux devant le Saint Sacrement, le tourbillon de nos pensées peut nous rattraper et nous enfermer dans notre monde. Alors la vue de cette petite hostie qui ne bouge pas nous ramène à l’essentiel : « Seigneur, je te confie tous mes soucis, ce monde trop rapide pour moi… »
En ceci consiste la grâce du temps de l’Avent et de Noël : alors que la nature tourne au ralenti, engourdie par le froid, nous sommes invités à revenir à l’essentiel avec des temps réguliers au rythme du Bon Dieu : la messe du dimanche, la prière du soir, le passage dans une chapelle ou un partage biblique… Ainsi, nous parviendrons mieux à nous émerveiller devant ce petit enfant à la crèche, qui viendra si discrètement, comme la rosée le matin.
« Roráte, cæli désuper… » Cieux, faites tomber la rosée, que nous la recevions ; que nous LE recevions dans notre cœur.
Des traditions de Noël qui bercent nos enfances et nos enfants. D’où viennent-elles ? On s’interroge sur les origines de nos traditions et sur ce qu’elles nous disent autour de cette fête…
Les Amis d’Haïti ont eu la joie d’accueillir récemment Colette Lespinasse, membre du conseil de direction du Foyer Maurice Sixto, qui a apporté un témoignage inquiétant sur la situation présente en Haïti.
Ces enfants du Divin, sources constantes d’émerveillement… Leurs parents nous partagent leur expérience d’une nativité vécue, incarnée, traversée, le cœur
tout tremblant de bonheur et d’inquiétude... Un éclat de Royaume qui affleure dans notre monde…
Si tu avais pu assister à la naissance de Jésus, il y a près de 2000 ans, dans quel personnage de la crèche aurais-tu aimé la vivre ? Telle est la question que nous avons posée autour de nous, sous la forme d’un micro-trottoir. En voici quelques florilèges.
Le 17 septembre dernier, nous avons ouvert l’année pastorale 23-24 avec un fil rouge pour orienter et stimuler nos actions et nos réflexions pastorales. Celui-ci se décline sous la forme d’un slogan, « Jésus, ma soif et ma source », ainsi que par un chant intitulé « Notre soif intérieure ».
Je rencontre Jean-Manuel au Café du Parvis. Il passe et regarde, étonné par ces tables et ces chaises en couleurs aménagées sous les marronniers devant la Maison de la Visitation. Je le hèle en lui disant qu’il y serait le bienvenu car on n’y vend rien et que chacun est le bienvenu.
Découvrons une composition de Thérèse Planchamp, originaire de Vouvry, en religion sœur Sainte-Marguerite, des Franciscaines de Sainte Marie des Anges, née en 1902. Elle vécut dans un couvent à Agadir, au Maroc.
Depuis le 26 novembre et jusqu’au 14 janvier, une église entière est transformée en crèche ! La chapelle de l’hôpital d’Estavayer a en effet été réquisitionnée pour y accueillir la « Crèche des 5 sens », la plus imposante de Suisse romande sans doute, œuvre de deux amis, Créa Calame et Maurice Bianchi. Rencontre à J-25 alors que le lieu n’est encore qu’un vaste chantier.
Paul Taramarcaz (1934-2023) est connu comme champion du monde de voltige aérienne, à bord de son avion biplan rouge, le Pitts Spécial N8069. Durant des décennies, il a survolé
la vallée du Rhône, dessinant des vrilles acrobatiques, sa signature inimitable. Figure incontournable de Verbier, avec son « Tara Club », Paul est devenu aussi un aventurier de la foi, alignant sa trajectoire de vol sur celle du Seigneur de la vie, devenu son Pilote.
La naissance de Jésus passa en son temps inaperçue pour beaucoup de ses contemporains. Des privilégiés eurent cependant le bonheur d’en recevoir l’annonce. Intéressons-nous à ce que nous en disent les évangiles : on peut y découvrir diverses annonces, à Marie, à Joseph, aux bergers, aux rois mages. Un dessin à colorier illustre chacune de ces annonces.
Sa rengaine du « C’était mieux avant ! » m’exaspère ; son côté infantilisant me fatigue ; son anticipation dans les magasins dès la fin octobre me lasse ; ses dépenses onéreuses en bouffe exotique et cadeaux surfaits ne m’étonnent plus ; son éternelle rivalité entre le Père Noël et ses rennes, et le Petit Jésus et ses rois, me fait plutôt sourire…
Et que dire de Noël dans ce contexte mitigé qui caractérise 2023 : guerres, climat déréglé, paupérisation des classes déjà très moyennes, assurances-maladies qui augmentent, et se loger correctement qui continue à être un parcours du combattant pour trop de monde (sans parler de se nourrir, ou de trouver l’âme (et le corps) sœur…
Bon, c’est vrai, cette année, j’ai béni des couples qui s’aiment, baptisé des enfants qui semblaient adorer l’eau, confirmé des jeunes qui emplissent nos églises (eh oui, n’en déplaise à certaine tête chenue !), accompagné des blessés de la vie, embrassé moult personnes, ri des millions de fois (ok, j’ai le rire un peu facile), compris et été compris, entendu et été entendu, ai découvert encore des nouvelles choses dans l’Evangile, terminé deux enquêtes de Sherlock Holmes dans des jeux-vidéos…
Noël, après tout ça ? Bof. Moi, c’est Pâques qui illumine ma vie ! C’est le Ressuscité qui vit en moi, qui m’aime et me conseille ! C’est le Christ adulte qui continue à me faire grandir qui me parle.
Certes, il a bien dû naître, pour vivre, mourir et ressusciter. Et j’ai encore de beaux souvenirs lorsque je donnais le biberon à mes nièces et neveu. Mais ils sont grands, désormais. Oui, ces enfants-là qui sont un peu les miens m’ont fait grandir…
Cet Enfant de la crèche qui a grandi veut nous voir devenir adultes : dans la foi, avec notre libre pensée ; en Eglise, avec notre créativité au service des autres ; dans ce monde, comme phares de Sa lumière.
Que dire de Noël, si ce n’est que ce sera tellement mieux… après !
Une « star » qui s’ignore, un storytelling percutant, de la créativité pour s’imposer sur un marché saturé, de bons réseaux sociaux et des modérateurs encore plus efficaces. Il n’en fallait pas plus pour mettre le christianisme sur les rails.
La recherche théologique est unanime, l’intention de Jésus n’était pas de fonder une nouvelle religion, mais de réformer le judaïsme. Le christianisme comme mouvement autonome n’advient qu’au milieu du IIe siècle « grâce » à l’échec de cette réforme. L’élan de l’influenceur nazaréen aurait pu s’arrêter là s’il n’y avait eu sa communauté de followers et l’étincelle de génie d’un de ses principaux community manager, l’apôtre Paul. Celui-ci se sert des ressorts de la culture gréco-romaine fortement imprégnée d’universalité pour reformuler la pensée de Jésus. Le christianisme aurait pu rester une secte du judaïsme, mais les premiers détracteurs s’y intéressent autour de 110-120. L’inverse de l’effet souhaité se produit. Les mises en garde font le buzz et le christianisme devient alors un trend. Or, la nécessité de pénétrer un marché religieux saturé demeure. Armés du hashtag #EssencedelaRévélation, les premiers chrétiens enchaînent les likes et se hissent au firmament de l’Empire.
Ce sont les chrétiens du Burkina Faso qui ont choisi le thème de la prochaine Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2024 qui a traditionnellement lieu du 18 au 25 janvier. Il est tiré de l’Evangile de Luc : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… et ton prochain comme toi-même. » (10, 27)
Une image m’est venue pour vous parler du temps de l’Avent, celle d’un sablier. Récemment à la retraite, je redécouvre le luxe d’avoir plus de temps. Dans la vie active, nous vivons sous le diktat du chronos, terme grec qui désigne le temps qui se mesure, celui après lequel on court et qui nous épuise.
Au contraire, le sablier nous invite à la patience et à contempler le temps qui s’écoule et se concentre en un point resserré pour remplir un autre espace. N’est-ce pas ce que nous sommes appelés à vivre dans les semaines qui précèdent Noël ?
Alors qu’une frénésie de consommation et de fêtes de toutes sortes sature nos emplois du temps, l’Eglise nous invite à commencer une nouvelle année liturgique comme des veilleurs. Ceux-ci savent voir les signes avant-coureurs d’un kairos, autre terme grec pour dire le moment favorable, celui d’une venue espérée et désirée.
En effet, pour le juif et le chrétien, le temps n’est pas cyclique comme un éternel recommencement ; il n’est pas non plus une juxtaposition d’activités et de courses qui s’enchaînent sans que nous sachions où cela nous mène. Non, le temps – qui a partie liée avec l’espace mais lui est supérieur comme le dit le pape François dans « la joie de l’Evangile » (n°222-225) – le temps est comme aimanté par un évènement inouï passé quasi inaperçu, il y a plus de 2000 ans : une naissance à l’écart de Bethléem qui a inauguré une nouvelle et durable alliance de Dieu avec notre humanité.
Cet évènement était attendu par des générations de croyants dont trois figures accompagnent le temps de l’Avent : celle du prophète Isaïe (1res lectures des dimanches), prophète de l’espérance et de la consolation pour un peuple qui doute et connaît l’exil. Dieu n’abandonne pas celui qui est éprouvé ; il sera fidèle à ses promesses. Celle de Jean le Baptiste (évangile des 2e et 3e dimanches), homme charnière des deux Testaments, homme d’eau et de feu qui appelle à la conversion car le temps se fait court et le Royaume est désormais tout proche. Il réveille la foi endormie et annonce un Dieu qui fera justice. Enfin, celle de Marie de Nazareth (évangile du 4e dimanche), jeune fille qui voit la réalisation de la promesse divine venir en son sein. Dans l’humilité et la confiance, elle vit la croissance du Verbe en sa chair et nous invite à accueillir ce don dans le quotidien de nos vies.
Si l’Avent nous permet de faire mémoire, ce n’est pas pour nous tourner vers le passé, ce qui était « avant » mais bien pour nous orienter vers l’avenir, ce qui advient dans le réel d’aujourd’hui et ce qui s’accomplira en plénitude à la fin des temps (Parousie) lorsque le Seigneur viendra tout récapituler en Lui.
Ce temps est donc celui de l’espérance et du discernement pour savoir déjà, dans la nuit, reconnaître les lueurs de Celui qui est notre Soleil levant. C’est pourquoi au cœur des longues nuits d’hiver, nous cherchons la lumière et allumons des bougies comme celles de la couronne de l’Avent ; nous fêtons l’Immaculée Conception (le 8 décembre) comme une fête lumineuse (par exemple à Lyon ou à Saint-Maurice), nous vivons des messes Rorate au petit matin (comme à Saint-Paul) et accueillons la lumière de Bethléem en priant le Prince de la Paix, une paix si fragile et tant espérée dans les nombreux conflits du monde. La lumière réchauffe les cœurs et dit aussi une chaleur et solidarité avec les plus démunis qui se manifeste par toutes sortes d’initiatives à l’approche des fêtes.
Cette année, Noël succédant immédiatement au 4e dimanche, l’Avent ne se déroulera que sur 3 semaines ; alors, prenons sans tarder notre sablier pour laisser s’écouler en nous le silence de la prière, pour nous laisser aimanter par la crèche et pour faire de Noël, l’occasion de remercier pour ce premier cadeau que Dieu nous fait en venant par amour à notre rencontre, en se révélant dans l’humanité la plus fragile qui soit, celle d’un nouveau-né.
Situer les auteurs des écrits du Nouveau Testament permet d’entrer plus profondément dans leur intelligence.
Par François-Xavier Amherdt Photos : DR, cath.ch/R. Zbinden
Un Evangile à quatre voix
C’est une chance de disposer de quatre témoignages sur Jésus-Christ, comme les quatre voix composant la polyphonie d’un chœur. Chacun d’eux est inscrit dans un milieu d’origine différent et s’adresse à une communauté autre. Commençons par le plus ancien.
L’évangile de Marc : la foi persécutée (écrit vers 65-70 ap. J.-C.)
D’après les traditions rapportées par des écrivains des 2e et 3e siècles, Marc aurait rédigé son évangile à Rome pour des chrétiens d’origine païenne menacés par la persécution de l’empire. Les fidèles ne connaissaient pas certaines coutumes juives, c’est pour cela que le texte marcien les leur explique longuement (comme les ablutions avant les repas, Mc 7, 3-4).
Ces anciens païens étaient considérés comme éloignés de Dieu. Mais le 2e évangile insiste au contraire sur l’étonnante proximité que le Seigneur leur manifeste, lui qui en Jésus vient au-devant de ceux qui étaient rejetés par la pensée juive. Ce n’est donc pas du tout surprenant si le premier à affirmer la foi dans le Fils de Dieu au pied de la croix est un centurion romain (Mc 15, 39).
Les membres de la communauté de Marc sont confrontés à des moments difficiles. Ce compagnon de Paul, appelé aussi Jean-Marc, est devenu confident de l’apôtre Pierre à Rome. Il leur présente de ce fait une foi qui conduit à prendre des risques.
Le Jésus de Matthieu : le nouveau Moïse (écrit vers 75-85 ap. J.-C.)
Si l’évangile de Matthieu est placé en premier dans l’ordre des synoptiques (à regarder en parallèle), c’est qu’il est le plus « vétérotestamentaire » des quatre. Il a été écrit vraisemblablement pour des baptisés d’origine juive, habitant en Syro-Phénicie (l’actuel Liban).
Il est traditionnellement attribué à l’apôtre qui porte son nom, l’un des douze, primitivement un collecteur d’impôts. Dans le document matthéen, Jésus est figuré comme le nouveau Moïse qui, sur le mont du nouveau Sinaï, livre la nouvelle Loi : « Vous aviez appris dans la première Alliance… Eh bien moi, je vous dis dans l’Alliance nouvelle… » (Mt 5, 21-48)
Le Christ est venu accomplir et non abolir la Torah (5, 17-19). Il propose les cinq discours du nouveau Pentateuque (les cinq rouleaux de la Loi) : le sermon sur la montagne (5-7) ; celui de la mission (10) ; des paraboles (13) ; de la communauté (18) ; et de la fin des temps (24-25). Pour un juif devenu chrétien, c’est porter sa propre tradition à son aboutissement à travers la Passion et la Résurrection du Christ. En même temps, Matthieu souligne l’affrontement violent du Rabbi de Nazareth avec les autorités de son pays : la tension demeurait vive, à la fin du premier siècle, entre les disciples de Jésus et ceux du judaïsme.
L’œuvre double de Luc (évangile écrit vers 75-85 ap. J.-C.)
L’auteur du 3e évangile était médecin d’origine païenne. Il fut le compagnon de Paul dans ses voyages. Il en décrit abondamment les péripéties sur tout le pourtour de la Méditerranée, comme un Evangile prolongé, par cercles concentriques (les Actes des apôtres, dédiés à tout amoureux de Dieu ou « Théophile »).
La communauté où son message a pris naissance était formée principalement d’anciens païens, de culture grecque, vivant hors de Syrie-Palestine. Certains étaient miséreux et méprisés. C’est pourquoi le texte lucanien traite régulièrement de la béatitude des pauvres et de la miséricorde du Seigneur à laquelle s’ouvrir par la prière fervente. Il insiste aussi fortement sur l’universalisme de la Bonne Nouvelle : elle est offerte à tous les êtres humains, sans distinction ni exclusion.
Le langage symbolique johannique (évangile écrit vers 90-100 ap. J.-C.)
Quant au dernier évangile canonique, il est dit venir du témoignage du « disciple que Jésus aimait » rencontré à plusieurs reprises dans le texte. Dès le deuxième siècle, des traditions affirmaient que c’était l’apôtre Jean, souvent associé à Pierre.
Pour ce qui est de Jean de Patmos, l’auteur de l’ultime livre de la Bible, ce n’est sans doute pas le même personnage que le quatrième évangéliste, mais il s’inscrit dans la tradition théologique de la communauté johannique. Situé généralement à Ephèse, le milieu du 4e évangile est traversé par plusieurs influences et conflits extérieurs et intérieurs, comme du reste l’Apocalypse.
• L’influence de la philosophie grecque est indéniable. Jean ouvre son texte par un prologue sur le Logos, décrivant Jésus comme le Verbe du Père (1, 1-18).
• L’ombre de la « gnose » (ou salut par le savoir) plane sur l’évangile johannique. La véritable connaissance qui sauve, c’est l’amour de Dieu à accueillir et à traduire envers nos frères.
• La foi juive demeure très présente à travers les grands thèmes comme l’exode, l’agneau pascal, la manne ou l’eau vive. Le 4e évangile, par le biais de déclarations en « Je suis » de Jésus, actualise des titres jusqu’ici réservés à Dieu : lumière, berger, vie, résurrection, vérité et chemin (Jn 8 ; 10 ; 11 ; 14).
• En outre, coexistent les communautés se réclamant de Jean le Baptiseur et celles de Jésus. Si celui-ci fut disciple de Jean Baptiste, la trame johannique affirme bel et bien que c’est Jésus le plus grand (Jean 1, 29-39).
• Enfin, des querelles divisent l’Eglise primitive, ce qui amène le texte à souligner fortement l’importance de l’amour fraternel (le lavement des pieds, Jn 13, 1-20). Le style de Jean est tissé de symboles, ce que reprend abondamment l’Apocalypse à travers une série de « septénaires » (7 Eglises d’Asie, 7 sceaux, 7 trompettes, 7 fléaux, etc.), qui montrent l’accomplissement de la Révélation.
Les lettres de Jean, Jacques et Pierre
Les trois épîtres de Jean, postérieures, se situent dans la même ambiance colorée par l’amour en actes et en vérité. Cette attention mutuelle permet de rejeter l’Antéchrist et de reconnaître le Fils de Dieu fait chair (1 Jn 3, 18).
La lettre de Jacques (le frère du Seigneur) nous invite à traduire notre foi par des œuvres.
Les deux épîtres de Pierre sont rattachées au premier des apôtres, dont le tombeau se situe à Rome (mort en 66). Elles s’adressent à des Eglises dans la « ville éternelle ». Elles exhortent les chrétiens persécutés à garder l’espérance comme des pierres vivantes.
Les lettres de Paul
Sans entrer dans les innombrables hypothèses à propos des écrits du 13e apôtre, on reconnaît habituellement comme étant de sa plume les lettres aux Thessaloniciens (l’espérance ultime), celles aux Corinthiens (la consolation dans l’amour), aux Galates (le salut par la foi), aux Romains (la vie dans l’Esprit) et aux Philippiens (la joie du salut), aux Colossiens (le Christ cosmique), aux Ephésiens (l’unité dans la paix) et le billet à Philémon (l’esclave disciple).
Concernant les épîtres pastorales (1-2 Timothée et Tite), elles ne sont vraisemblablement pas de Paul, mais elles décrivent l’organisation des communautés primitives. Enfin, celle aux Hébreux est plutôt une homélie invitant à marcher dans la foi vers la terre promise.
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