L’Eglise, ma Mère
Chaque mois, L’Essentiel propose à un ou une représentant(e) d’un diocèse suisse de s’exprimer sur un sujet de son choix. L’abbé Paul Martone, porte-parole de l’Evêque de Sion pour la partie germanophone du diocèse, est l’auteur de cette carte blanche.
Par l’abbé Paul Martone | Photo : kath.ch
Nous tous, sommes bouleversés par les récits d’abus et d’agressions commis par des agents pastoraux qui ont ainsi trahi tout ce qui était sacré pour eux. Ils ont ainsi blessé physiquement et moralement de nombreuses personnes, et parfois même les ont détruites. Nous devons faire tout ce qui est humainement possible pour rendre justice aux victimes et prévenir les abus sexuels à l’avenir.
Ces graves scandales ont pour conséquence de jeter une ombre de suspicion sur tous les prêtres, voire sur l’Eglise en tant que telle. N’oublions cependant pas que l’Eglise n’est pas simplement une vieille institution, mais qu’en elle agit le Christ vivant et ressuscité. Notre espoir et notre joie sont là où le Christ vit.
C’est ce lien que nous devons remettre au centre. La solution ne se trouve pas dans une modification des structures, la suppression de l’obligation du célibat et l’introduction du sacerdoce féminin. Chacun et chacune d’entre nous, pas seulement les ecclésiastiques, mais tous les chrétiens et chrétiennes doivent entreprendre un véritable chemin de purification et de conversion, vers le Christ crucifié. Cette question est au cœur de l’Evangile. Si l’Eglise perdait de son prestige et de son influence, nous ne devrions pas le regretter, car nous correspondrions peut-être mieux ainsi au plan de Dieu pour elle.
Mais malgré tout, l’Eglise reste notre mère. Karl Rahner la décrit avec justesse : « L’Eglise est une vieille femme avec beaucoup de rides et de ridules. Mais elle est ma mère. Et on ne frappe pas une mère. »
Chacun de nous est invité à aimer, à ressentir et à penser avec cette Mère-Eglise : « Non seulement l’Eglise du passé, ni l’Eglise qui n’existe pas encore, mais l’Eglise concrète et présente, dont les rides et les taches doivent être effacées, même par notre humble aide. » (Jean-Paul II pendant sa visite à Sion en 1984)
La première étape pourrait être : sans vouloir minimiser ce qui s’est passé, retrouver le courage de parler de ce que cette mère nous a fait de bien, et de dire pourquoi nous l’aimons malgré tout.
Mourir c’est naître à la vie
Il suffira d’un signe…
Texte et photos par Pierre Moser
Gnostique, moi ? Peut-être… un peu. En tout cas suffisamment pour regarder certains colifichets de haut. Ces reliques, objets de superstition, m’ont toujours paru d’un autre âge. Je ne les utilise donc pas pour affermir ma foi… Mais voilà, sauf si ma mémoire me joue un tour des plus pendables, je crois, moi aussi, sans avoir vu (cf Jn 20 : 29).
Certes, cette foi m’a été donnée, mais je l’ai aussi façonnée et consolidée à l’aide de signes. Quels signes ? C’est quoi ces signes ? La définition qui me parle le mieux est celle d’un « reste ». Plus qu’une pure traduction du latin reliquiae, elle désigne quelque chose qui a résisté au temps. Au temps qui lui était normalement imparti. Et qui me parle, qui m’inspire. Les restes de construction romaine, même si leur survie est surprenante, ne sont rien d’autre que des empilements de cailloux morts. Les signes vivants sont, eux, beaucoup plus impressionnants.
L’Eglise en est un. Plus de deux mille ans que les humains essayent de la détruire, de bonne ou de mauvaise foi. Et pourtant elle est toujours debout. Ni plus ni moins abimée qu’à ses débuts. Sous des formes bien différentes au cours des âges. Avec des soucis en rapport avec la société dans laquelle elle s’insérait. Catacombes pour se cacher des bourreaux, chevaliers pour jouer les bourreaux, sécularisation pour rendre à César ce qui est à César. Un tel signe ne peut et ne doit pas être en mains humaines, c’est une évidence.
La résurrection en est un autre. Comme le dit si bien Paul, si elle n’existe pas, alors notre foi est vaine. Mais nous y croyons, et ce même après deux millénaires de tentatives de déconstruction. Un même événement qui, cependant, a été reçu de manière différente : les apôtres ont cru, les légionnaires, eux, ont oublié. Mais ni les uns ni les autres n’auraient pu l’imaginer a fortiori. La Bible, et je conclurai avec elle, c’est le « reste » qui a le plus défié le temps. Non pas son écriture, qui a été soumise aux capacités de l’homme, mais sa tradition orale millénaire qui a mené à une retranscription écrite juste avant le début de notre ère.
La différence entre ces signes qui me soutiennent avec ceux, un peu plus… charbonniers… est leur désincarnation. La Sainte Epine et le Saint Suaire ont des réalités bien physiques alors que mes signes sont un peu plus… abstraits… Mais ni vous ni moi n’avons participé, ni même assisté, à leur naissance. Heureux qui croit sans avoir vu.
Jeux, jeunes et humour – novembre 2023
Par Marie-Claude Follonier
Question jeune
Pourquoi certaines fanfares se nomment-elles « Cécilia » ?
Vierge et martyre romaine, Cécile, fêtée le 22 novembre, est la patronne des musiciens. On raconte qu’avant d’être décapitée, elle aurait entendu la musique de Dieu. Par dérivation, on a donné le nom de « Cécilia » à certains corps de musique, en plus d’une célèbre chanson de Simon and Garfunkel.
par Pascal Ortelli
Humour
Un dimanche avant la messe, un paroissien croise M. le Curé et s’aperçoit qu’il a un pansement sur la joue. Le desservant lui explique que pendant qu’il se rasait, il s’était concentré sur l’homélie qu’il allait prononcer et qu’il n’avait pu éviter de se couper. Après la messe, le même paroissien va trouver le curé dans la sacristie. « Si je peux me permettre une petite remarque, M. le Curé, la prochaine fois, concentrez-vous sur le rasoir et coupez l’homélie ! »
par Calixte Dubosson
Viens, Seigneur Jésus!
Des changements dans l’UP
Par Fabienne Dubouloz-Gigon, représentante de l’évêque
Photo : DR
Genève, le 13 septembre 2023
Chères amies, chers amis,
Mesdames, Messieurs,
Bonjour,
Je vous écris en commun pour annoncer des changements qui concernent vos deux unités pastorales, tant il est vrai qu’un travail en Région est vôtre depuis quelque temps déjà, ce qui nous réjouit énormément. Je profite de ce message pour vous remercier sincèrement de ce que vous mettez en œuvre pour cet ambitieux et beau projet pastoral.
En juin dernier, je vous apprenais le départ de l’abbé Joël Akabgo, appelé par notre évêque à rejoindre l’équipe de prêtres in solidum de l’UP Mont-Blanc-Basilique Notre-Dame, en septembre 2023.
Depuis, l’UP La Seymaz est en attente d’une nomination.
Nous avons la joie de vous annoncer celle de l’abbé Karol Garbiec comme prêtre auxiliaire à 100% dès octobre 2023.
L’équipe pastorale de l’UP La Seymaz sera ainsi composée de l’abbé Thierry Schelling, administrateur ; des abbés Sviatoslav Horetskyi et Karol Garbiec, prêtres auxiliaires ; de Mme Astrid Belperroud, assistante pastorale ; de Mme Sabrina Faraone, coordinatrice en catéchèse et de M. Etienne Schmelzer, bénévole. L’équipe pastorale continuera à favoriser une pastorale vivante et à être à votre écoute.
L’équipe pastorale de l’UP Eaux-Vives-Champel, elle, est désormais composée de l’abbé Thierry Schelling, curé modérateur ; de l’abbé Thierry Fouet, curé in solidum et répondant de Sainte-Thérèse, de Mme Astrid Belperroud, assistante pastorale et de M. Franck Luzuy, bénévole. L’abbé Karol Garbiec continuera à rendre des services sur cette UP.
Je remercie chacune et chacun pour votre engagement et vous redis toute ma confiance pour l’animation de la pastorale de vos paroisses.
En vous souhaitant une année pastorale riche et fructueuse, je vous quitte avec cette invitation du Professeur François-Xavier Amherdt lors de sa leçon d’adieu, en mai dernier, et que je partageais dernièrement en Bureau pastoral : passer d’une « spiritualité de la nage », où nous comptons sur nos propres forces, à une « spiritualité de la planche à voile » que fait avancer le souffle de l’Esprit.
Avec l’assurance de ma prière et de mon soutien fraternel
Lost in… translation des reliques
La photographe Carole Alkabes a sillonné la Suisse durant cinq ans à la recherche de ces saints martyrs chrétiens parés de riches soieries, de bijoux et de pierres précieuses. Une chasse au(x) trésor(s) qui interroge notre regard sur la mort à une époque où elle ne s’expose plus.
Par Myriam Bettens | Photos : Jean-Claude Gadmer
Comment avez-vous appris l’existence de ces martyrs « enluminés » ?
On m’avait demandé de faire une exposition dont le thème était la mort. J’ai d’abord mené une réflexion sur ma propre mort, mais je cherchais tout de même de l’inspiration pour cette exposition et une amie m’a parlé de ces fameux martyrs.
J’étais loin d’imaginer que ce conseil allait devenir une formidable épopée qui me conduirait dans tous les cantons suisses, excepté Genève et Vaud… trop protestants pour ce type de reliques. (rires)
Vous avez d’ailleurs découvert des reliques dans des endroits totalement insolites ?
Complètement ! (rires) La plupart se trouvaient encore dans des églises et quelques-unes dans des musées par peur que ce précieux patrimoine ne se détériore.
Par contre, j’en ai trouvé trois au fond de l’entrepôt de la cure de Porrentruy. Ils ont ensuite été transférés au Musée de l’Hôtel-Dieu (MHDP).
A Soleure, les frères d’un couvent trouvaient ce squelette « démodé ». Ils l’ont monté au grenier et stocké avec, entre autres, les produits ménagers du couvent !
Qu’est-ce que cette relégation « au placard à balais » dénote-t-elle ?
Une mort devenue indésirable. Elle n’a plus sa place dans nos vies, mais c’est à mon sens une grave erreur. Ce langage primordial permet de s’interroger sur sa propre mort. C’est d’ailleurs aussi pour cela que le culte des martyrs a perdu de son attrait. Les paroisses étaient mal à l’aise avec ces squelettes exposés à la vue de tous. Ils les ont relégués derrière des panneaux en bois ou des tentures afin que les paroissiens ne soient plus « dégoûtés ». Bon, elles ne manquaient pas d’ouvrir le reliquaire le jour anniversaire du martyr pour inciter les paroissiens à faire des donations… (rires)
Plus prosaïquement, ces reliques servaient les intérêts religieux de l’Eglise catholique, autant que ses intérêts économiques…
Oh oui ! En 1578, un ouvrier retrouve, par hasard, l’entrée de catacombes dans un vignoble, à l’extérieur de Rome. A cette même époque, la Réforme protestante est à son apogée en Suisse et l’Eglise catholique cherche à la contrer. Cette découverte est une aubaine. Les martyrs érigés en glorieux défenseurs de la foi servent à asseoir « la vraie foi ». Outre l’aspect religieux, ces reliques avaient une vraie valeur marchande. Un spécimen coûtait un an et demi de salaire d’ouvrier, sans compter les décorations qu’il fallait ajouter en plus.
La Garde suisse pontificale a aussi joué un rôle important dans l’acheminement de ces reliques en territoire helvétique…
Elle était la parfaite commanditaire. En plus d’être rapide, ses rangs étaient formés de croyants. Dès lors, cette mission a été perçue par la Garde comme une vocation de protection de la Suisse contre la Réforme. Elle a même procédé à des levées de fonds afin de rapatrier le plus possible de ces reliques en Suisse. C’est la raison pour laquelle notre territoire en compte autant.
C’était donc un vrai coup de com’ de l’Eglise ?
Enorme ! D’ailleurs, le mot « authentique » vient de là. L’Eglise catholique, a créé des certificats d’authenticité pour ces martyrs, qu’elle joignait aux ossements. Ce certificat s’appelait « un authentique ». Par contre, personne ne peut dire avec certitude s’ils étaient « authentiquement » chrétiens. Ces derniers, comme les juifs et les païens, étaient enterrés dans les mêmes catacombes. Là il y a un os !
Capsula temporelle
Carole Alkabes, photographe exerçant son activité à Sainte-Croix a retrouvé 250 squelettes disséminés dans toute la Suisse. Elle a également découvert une boîte, appelée Capsula, servant à acheminer les ossements. Cette Capsula, encore scellée, était sur une étagère à l’Abbaye de Saint-Maurice. « Lorsque les ossements partaient de Rome, ils étaient emballés dans de la gaze individuellement, puis scellés avec le sceau du Pape. Ceux-ci étaient déposés dans la boîte avec un certificat d’authenticité, puis elle-même scellée avec la marque du pontife. » On ne peut aujourd’hui certifier que les squelettes étaient ceux de chrétiens, par contre on a pu déterminer « qu’ils datent d’une période comprise entre le IIe et le Ve siècle, leur sexe et qu’ils ne comportent jamais aucun os surnuméraire. Les squelettes sont complets avec parfois une réplique d’un os manquant en bois, en cire ou en plâtre ». Autre détail étonnant, les parures dont sont apprêtés les martyrs ne valent pas un clou ! « Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’or n’est que du métal doré et les pierreries du verre coloré », mais la valeur patrimoniale de ces martyrs est, elle, inestimable !
Pour découvrir ces martyrs aux parures os-tentatoires : Martyrs. Les reliques oubliées. Paru aux éditions Favre en 2018.
Bon chemin d’espérance !
Une première bénédiction des cartables !
Par Ludivine Perret-Gentil
Photo : DDR
En ce dimanche 17 septembre, le soleil brillait autant à l’extérieur de l’église Sainte Thérèse qu’à l’intérieur, relayé par les nombreux enfants venus à la messe. Une fois n’est pas coutume, la plupart étaient venus avec leur cartable. En effet, tous ces écoliers portaient leur sac sur le dos pour le faire bénir en ce début d’année scolaire.
Bien qu’elle s’appelle « Bénédiction des cartables », il s’agit avant tout lors de cette cérémonie de bénir les enfants et le travail qu’ils vont accomplir tout au long de l’année. Elle vise à encourager les écoliers à vivre pleinement leur quotidien sous le regard de Dieu. A Genève, la Pastorale des familles organise et coordonne cette action spirituelle.
Durant la célébration, des intentions de prière ont été lues par les enfants pour les encourager à se laisser guider par Dieu. Une pensée toute particulière a également été adressée aux enseignants et à toutes les personnes qui accompagnent les écoliers. Les enfants ont ensuite été rassemblés autour de l’autel puis le curé, Thierry Fouet, les a bénis solennellement. A l’issue de la cérémonie, les catéchistes ont distribué des badges « porteur de joie » à épingler sur les cartables ainsi qu’un dépliant.
« Nous avons choisi le thème de la joie, car comme le dit le pape François, la joie est la perle précieuse du chrétien. C’est elle qui donne de la saveur au quotidien et chaque enfant peut en être si aisément le messager. Nous indiquons la joie comme un antidote à tant d’anxiétés et dont le monde a grand besoin », précisent Anne-Claire Rivollet et Marie Montavont de la Pastorale des familles à Genève.
A cette fin, chaque enfant a reçu un dépliant avec des propositions mensuelles de partage et d’amitié, l’invitant à être attentif aux autres. Par exemple en septembre, les enfants étaient invités à avoir des attentions pour les nouveaux élèves de leur classe, en octobre, ils peuvent choisir d’être l’ange gardien d’un camarade de classe. Ainsi de septembre à juin, des petits défis variés et amusants les incitent à faire rayonner l’allégresse autour d’eux.
Que ce bel élan nous inspire nous aussi dans notre quotidien professionnel et personnel. En cet automne flamboyant, prenons le temps de méditer cette phrase de Claude Reysz : « La joie est le soleil des âmes ; elle illumine celui qui la possède et réchauffe tous ceux qui en reçoivent les rayons. »
Puisse le Seigneur accompagner nos petits porteurs de joie… et de foi au fil de leur parcours scolaire.
Vitraux de Hans Erni, chapelle protestante de Martigny
Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer
Si Noé avait 600 ans au moment du déluge, Hans Erni n’en avait « que » 105 lorsqu’il a réalisé les cartons des trois vitraux de la tribune de la chapelle protestante de Martigny. Il s’agit des derniers d’une série de dix-sept baies commencée trois ans plus tôt.
Pour le maître verrier, l’Atelier Simon Marq de Reims, le défi est de traduire la peinture en verre. La tâche n’est pas aisée, les matières sont très différentes et dans le cas d’un vitrail, il convient de prendre en compte le soleil qui traversera l’œuvre (ou pas selon les jours). Nous ne pouvons que souligner la prouesse : la beauté des couleurs, les détails, les mouvements… transparaissent à travers ce vitrail nommé : Noé, le retour.
Le premier mouvement se trouve dans le ciel. Quelques nuages résiduels demeurent, mais le soleil est dégagé. Il semble que tout s’éclaire enfin.
Le second mouvement est l’accueil de la colombe par l’homme. La disposition des mains et des bras, l’inclinaison de la tête, l’échange de regards avec l’oiseau font partie des éléments qui concourent au partage des émotions de l’œuvre.
Un avenir plein d’espoir
Dans un reportage de la RTS effectué lors de l’inauguration des premiers vitraux de la chapelle, Erni explique qu’il souhaite aider à penser un avenir plein d’espoir. L’artiste veut permettre l’enchantement de l’âme en créant un lieu qui invite au recueillement et à la paix.
La municipalité proposait de financer l’éclairage de l’extérieur du bâtiment. Léonard Gianadda, le mécène qui a offert les 17 baies, a proposé de plutôt réaliser un éclairage intérieur. En effet, ainsi qu’il l’explique dans un de ses Léoguide, si tout le monde ne rentre pas dans les églises, alors il faut « faire sortir le temps dans la rue en l’illuminant ». C’est un véritable cadeau de lumière qui est fait à tous les passants. En ce mois de novembre qui peut parfois être un peu triste, il vaut la peine d’aller se promener à la nuit tombée dans les rues de Martigny.
Les reliques des saints : une source de grâces et une dévotion à redécouvrir
Une bulle de paradis?
Sobrement dressé au pied de la Vieille-Ville de Genève, l’Espace Madeleine situé dans le temple du même nom, se veut ouvert sur la ville. Depuis septembre 2020, deux ministres du culte se sont unis pour y proposer une «bulle de respiration au milieu de la semaine».
Par Myriam Bettens
Photos : Albin Salamin, notrehistoire.ch
L’un en blanc et vert, l’autre en noir et blanc. Le premier est catholique et le second protestant, côte à côte dans une même posture de recueillement. Les deux hommes sont amis avant d’être ministres du culte. Et c’est dans un même élan que Thierry Schelling et Emmanuel Rolland ont souhaité se retrouver chaque mercredi matin au Temple de la Madeleine pour une célébration œcuménique. Outre l’office du mercredi, le temple propose café, espace d’accueil public et expositions ouvertes aux touristes et personnes de passage dans le souhait d’ouvrir un lieu ecclésial au grand public.
Cette fin de matinée ne fait pas exception. Le temple bruisse de conversations, du tintement des tasses à café et du frottement de semelles des nombreux visiteurs sur la dalle nue du temple. Le vrombissement de la circulation pénètre par à-coups à l’intérieur de l’édifice, signe qu’un curieux vient de pousser la porte en bois sombre de l’entrée. « Nous sommes appelés à embellir le monde », déclare Thierry Schelling, le ministre catholique, en guise de salutations. Les murmures du temple s’éteignent. Même les voitures paraissent avoir entendu l’exhortation du prêtre. Elles semblent plus silencieuses.
Le prêtre invite la trentaine de personnes présentes à accueillir ce moment comme « une bulle de respiration au milieu de la semaine ». Le confrère réformé, Emmanuel Rolland, reprend le flambeau pour apporter le commentaire au texte de l’Evangile du jour. « Ce matin, j’ai rendu visite à un prêtre de la Fraternité Saint-Pie-X. Il affirmait que les catholiques romains se sont « protestantisés » », lance le pasteur, une lueur rieuse dans le regard. « J’ai donc appris que nous sommes tous les deux protestants… même si je suis un protestant pire que lui », ajoute-t-il encore à l’adresse de Thierry Schelling. Il avait sollicité une entrevue auprès de ce prêtre pour éclaircir la question des rebaptêmes de protestants au sein de la Fraternité.
Or, ce prêtre lui assène « l’importance de la lettre » et de la validité de la formule baptismale, qui mal énoncée rend le baptême caduc. « Peut-être que les protestants sont un peu trop dans l’esprit et pas assez dans la lettre, mais on est rassuré par ce Jésus qui ne demande pas de certificats de baptême pour soigner ou délivrer », souligne Emmanuel Rolland. Ce Jésus-là distribue sa puissance de vie « sans paperasse » et sans séparer « les croyants des hérétiques en ne cherchant pas à construire une église avec le succès de sa prédication », au contraire « Il part, parce que d’autres ont besoin de lui, car Il n’est pas simplement à nous, mais aussi aux autres ».
« Nous voulons reprendre les paroles qui nous rassemblent tous en tant que baptisés et certainement au-delà », annonce Thierry Schelling en se levant pour convier les participants à entamer un Notre Père chanté. A nouveau réunis face à la petite assemblée, les deux ministres prononcent alors une bénédiction à deux voix et quatre mains. Une fois l’aube et la robe pastorale retirées, plus rien n’est à même de différencier le protestant de l’autre protestant. Car à la Madeleine, la spiritualité peut se vivre sous de nombreuses formes et c’est également ce que souhaitaient les deux amis. « Nous désirions proposer un moment de parole libre et de partage », glisse Emmanuel Rolland en fourrant sa robe et son col à rabat dans un cabas. « Une bulle de respiration au cœur de la ville », abonde Thierry Schelling. Une bulle de respiration judicieusement située entre la Rue du Purgatoire, d’Enfer et de Toutes-Ames…
Des liens sacrés avec le divin
Des jeunes de divers cantons romands profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. Rencontre avec la Vaudoise Sophie Martin.
Par Sophie Martin | Photo : DR
Dans un monde en perpétuelle mutation, où les avancées technologiques redessinent notre quotidien à une vitesse fulgurante, je ressens parfois le besoin de faire une pause pour réfléchir aux valeurs qui orientent ma vie. Les reliques m’offrent une occasion unique de faire marche arrière, car ces objets sont empreints d’histoire.
Ils ont traversé les âges en préservant leur capacité à inspirer. Les reliques se manifestent sous diverses formes ; les restes de saints, des fragments d’objets anciens, des vêtements sacrés ou des artefacts du quotidien. Chacune de ces reliques porte en elle une histoire qui influence notre présent.
Pour un grand nombre de catholiques à travers le monde, elles revêtent une profonde signification spirituelle. Elles sont vénérées comme des liens sacrés avec le divin, des témoignages de la foi et de la dévotion des générations passées. Il arrive même que des pèlerins parcourent des distances considérables pour les contempler, cherchant inspiration et réconfort en leur présence.
Ces reliques sont également des œuvres d’art à part entière, témoignant du talent et de la créativité des artisans. Les reliquaires qui les abritent sont aussi de véritables œuvres d’art. Cette fusion entre la piété et l’art crée une esthétique particulière qui suscite toute mon admiration.
Les légendes et les récits qui les entourent ajoutent une touche de mystère à leur histoire. Certaines reliques sont associées à des miracles ou à des événements extraordinaires. Ces récits fascinants se retrouvent parfois dans des œuvres littéraires ou cinématographiques comme la série littéraire Harry Potter ou la saga Indiana Jones, par exemple.
Les reliques nous rappellent également la fugacité de la vie humaine. Nombre d’entre elles sont liées à des personnalités décédées, nous rappelant que notre existence est éphémère. Cependant, elles illustrent également que certaines choses peuvent perdurer au-delà de la mort, préservant ainsi un héritage spirituel ou culturel. Il est intéressant de remarquer que, pendant le Moyen Age, les reliques suscitaient un grand intérêt, alors qu’à notre époque, ce sont les icônes du rock qui attirent l’attention. Récemment, six reliques liées à des stars se sont vendues aux enchères à prix d’or. (Le piano de Freddie Mercury, la robe de Marilyn Monroe, le gant de Michael Jackson, pour n’en citer que quelques-unes).
En cette année 2023, les reliques continuent de fédérer des millions de personnes à travers le monde. Elles sont bien plus que de simples objets ; elles sont les témoins silencieux de notre passé.
Que faire après ma confirmation?
Les reliques
Par Blaise Roduit
Photo : Raphaël Delaloye
De tout temps, la chrétienté a entretenu un rapport particulier avec les reliques. Ces éléments corporels de Jésus et des saints de notre Église ont été méticuleusement conservés au cœur de sanctuaires et monuments distinctifs. Et ils ont fait l’objet de vénérations spécifiques et pèlerinages d’importance par les croyants. La foi en la vertu de ces dépouilles ou ossements au caractère très sacré démarre dès l’apparition du christianisme et est intimement liée, dès le départ, au culte des martyrs. Elle a connu par la suite un essor intense durant le Moyen Âge et a constitué l’une des lignes de force de la vie religieuse médiévale.
Ainsi donc, à toutes les périodes de l’histoire chrétienne, cette dévotion aux saints et au Christ, à travers l’entretien de certaines parties de leurs corps ou d’objets leur ayant appartenu, nous montre bien que ces reliques constituent un élément de témoignage indéniable de l’existence de Dieu et de son Royaume, ainsi que de son message d’amour pour l’humanité.
J’en tiens, par exemple, pour preuve réelle la forte attention suscitée par le Saint-Sépulcre de Jérusalem, où se trouve la chambre funéraire où a reposé la dépouille de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ou aussi le défilé quotidien des chrétiens devant son Saint Suaire, exposé à Turin. Ou encore l’objet de piété engendré par les os et le sang de saint Janvier à Naples. Ces parcelles d’âme de nos saints et du Christ touchent ainsi tous les jours en plein cœur les chrétiens et fortifient leur foi.
Techniques d’apprentissage
Par Pierre Guillemin | Photo : pxhere
Nous apprenons en permanence. A partir du moment où nous entrons en interaction avec ce qui nous entoure, notre cerveau récupère les informations, les traite et en garde une trace. C’est ainsi que le processus d’apprentissage se développe.
Apprendre est une nécessité imposée par notre cerveau qui est programmé pour cela. Nous avons tous une capacité à apprendre pour mieux nous adapter à notre environnement. Mais l’apprentissage ne se fait pas au hasard.
Conceptuellement, on distingue ainsi cinq types d’apprentissage qui vont nous permettre d’acquérir de nouvelles connaissances et de pouvoir les utiliser.
1. La méthode expositive :
L’enseignant/formateur est le seul à pouvoir transmettre ses connaissances sous la forme d’un exposé. C’est le cas typique d’un cours magistral à l’université où l’apprenant doit assimiler des connaissances.
2. La méthode démonstrative :
L’enseignant/formateur présente une opération ou une procédure et montre chacune des étapes de réalisation aux apprenants en précisant quoi faire et comment le faire. Le formateur explique également le pourquoi et le fait répéter aux apprenants. Les formés apprennent en reproduisant les mêmes gestes que le formateur.
3. La méthode interrogative :
La méthode interrogative se traduit par un questionnement approprié du formateur qui va amener l’apprenant à construire lui-même ses propres connaissances en établissant des liens entre différents éléments, à leur donner le sens qu’il souhaite, à formuler ses pensées. Par conséquent, le formateur occupe un rôle plus passif et l’apprenant est plus actif et plus impliqué dans le processus d’apprentissage.
4. La méthode active :
Pour mettre en œuvre une méthode active d’apprentissage, différents moyens existent afin de permettre l’acquisition de connaissances dont l’étude de cas, des simulations, des jeux de rôles ou encore des projets de groupe. Le formateur ne détient pas forcément tout le savoir et peut même dans certains cas n’être qu’un guide ou un médiateur.
5. La méthode expérimentale :
Cette dernière méthode pédagogique repose sur le fait qu’on ne peut acquérir des connaissances que si l’on agit et l’on se trompe (on apprend en faisant). Il s’agit d’un apprentissage en conditions réelles. Le formateur devient un simple intervenant et s’il possède le savoir et savoir-faire, il n’est plus en position dominante.
La vie chrétienne elle-même est une somme d’expériences et d’apprentissages. Lorsque Jésus s’adresse à ses disciples, Il ne leur parle pas à tous de la même façon, Il s’adapte et en ce sens fait appel aux techniques d’apprentissage que nous avons citées. Lesquelles et à quels moments les utilise-t-Il ? Relisons les Evangiles et identifions ces techniques que Jésus emploie.
Choëx: une communauté qui se rassemble
Racines spirituelles, racines physiques
Texte et photo par Geneviève Thurre
Une relique, c’est vieux, peu plaisant, cela sent. Et notre Eglise en est friande ? Quelque chose m’aurait-il échappé ?
Lors de nos vacances estivales en Italie, nous sommes passés par Assise et nous avions très envie de voir la tombe de saint François d’Assise. Il fait chaud, il y a beaucoup de monde, pour accéder au tombeau, il faut se mettre dans une file d’attente. Rien de réjouissant. Et pourtant, nous ne partirons pas sans avoir fait le détour. Cela nous tient à cœur et il me semble que notre motivation est guidée par notre foi. En nous approchant de la crypte, nous ressentons un changement d’ambiance. Les gens sont silencieux, priants, dévots pour certains. L’émotion me gagne. Me dire qu’il y a ici « un peu, je ne sais pas quoi mais quelque chose » de ce personnage mythique me connecte instantanément à ma vie chrétienne. Vraiment. Et je prends conscience que les racines de ma foi sont autant importantes que mes racines familiales. Assise, c’est une terre d’Italie, éloignée de la mienne, saint François y a vécu il y a environ 1200 ans et c’est pourtant à ma propre histoire que je me sens raccordée. Ce à quoi je crois, mes valeurs, la direction de ma vie découlent de l’histoire de la chrétienté certes mais en prendre conscience par l’émotion née devant cette relique, c’est bien plus fort que de le savoir.
Devant ce tombeau, c’est une sorte de tour en pierre que nous contournons, je me demande si c’est vraiment à cet endroit que le saint a été enterré, ce qu’il y a à l’intérieur. Mais vite mon questionnement laisse place à la reconnaissance. Avant moi, des gens se sont laissés pétrir par leur foi, ils ont étudié, ressenti, se sont réjouis, ont souffert, ont tout donné, ils ont transmis un message. Et toutes ces vies de saintes et de saints nourrissent aujourd’hui ma propre spiritualité. Devant ce tombeau, c’est une prière émerveillée de remerciement que j’adresse à Dieu et à l’humanité. Je me sens faire partie de cette lignée de chrétiens et je prends conscience que j’ai donc un rôle à jouer. Ma motivation est boostée, mon bonheur d’en faire partie à une apogée. Cela fait du bien.
Mais alors, une relique, ce serait autant utile que la meilleure des homélies ?
PS : pour compléter la lecture de cet édito, un petit détour internet à Assise est recommandé (basilique Saint-François d’Assise, celle de Sainte Claire d’Assise, cercueil du bienheureux Carlo Acutis en l’église Sainte Marie Majeure d’Assise).
Nés sous une mauvaise étoile
La cause en béatification de la Polonaise Stanisława Leszczyńska a été ouverte en 1992. Celle-ci est toujours pendante malgré trois mille miracles à son actif… Rencontre posthume avec celle que l’on surnommait « l’Ange de bonté ».
Par Myriam Bettens | Photo : Jacques Lanciault
Entre 1942 et 1944, plus d’un million de femmes, d’hommes et d’enfants ont perdu la vie entre les barbelés du camp d’Auschwitz-Birkenau. Malgré l’omniprésence de la mort, Stanisława Leszczyńska a tenté d’y préserver la vie. Née en 1896 dans la banlieue de Łódź, la jeune femme exerce la profession de sage-femme. En septembre 1939, les nazis envahissent la Pologne. Sous les fenêtres de l’appartement de la famille Leszczyńska s’étend le ghetto de Łódź où près de 160’000 Juifs s’entassent.
Aiguillonnée par sa foi catholique et la vision d’horreur qui s’offre à elle chaque jour, Stanisława s’engage dans la résistance. La Gestapo veille. Ses deux fils sont envoyés dans des camps de travail ; elle et sa fille à Auschwitz ; son mari en réchappe, mais meurt lors de l’insurrection de Varsovie.
Dans un tube de dentifrice
Avant sa déportation, la Polonaise a la présence d’esprit d’emporter son diplôme de sage-femme dissimulé dans un tube de dentifrice. Le matricule 41335 est assigné à l’infirmerie grâce à ses connaissances médicales, puis à la « maternité ». De nombreuses déportées arrivent au camp déjà enceintes et essaient de cacher la grossesse. Le protocole nazi requiert que la mère et l’enfant soient envoyés aux crématoires – souvent sans passer par la chambre à gaz. Mais aussi parce que le docteur Mengele s’intéresse de près à leur condition pour mener ses expériences.
Face à Mengele
La sage-femme tient tête à « l’Ange de la mort ». Il accepte que les bébés et les parturientes ne soient pas systématiquement éliminés. Maigre consolation pour Stanisława qui estime que sur les 3000 accouchements qu’elle a réalisés, près de 2500 nouveau-nés n’ont pas survécu, victimes de la faim, du froid ou de la noyade.
Quelques centaines d’autres sont enlevés pour être « germanisés », mais là encore, elle trouve un stratagème en tatouant les bébés du matricule de leur mère dans l’espoir qu’ils se retrouvent après la guerre.
Ce mois de novembre, l’Eglise commémore, lors de la Toussaint, les saints, connus et inconnus, comme Stanisława. Le monde, quant à lui, célèbre l’anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant par la journée mondiale de l’enfance.