Parole à un groupe de l’Evangile à la maison

Qui de mieux placé pour parler de la Bible que des personnes qui la lisent ? Chaque lecteur peut y trouver un sens différent. C’est ainsi que nous donnons la parole à un groupe de lecture de l’Evangile à la Maison qui nous partage ce qu’est la Bible pour eux.
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Les Yéniches de passage chez nous

A la fin du mois d’avril dernier, des Yéniches se sont installés sur la Place des Fêtes à Vouvry. Une visite surprise qui a éveillé notre curiosité et suscité une envie de les rencontrer. Nous avons contacté Patrick Birchler, membre de la communauté, qui a accepté de nous voir à Evionnaz, où ils avaient déjà déménagé quelques jours plus tard.
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Un pari sur l’avenir

A Gland, la décision a été prise de construire à neuf et non de rénover, pour créer un lieu rassembleur et moderne.

Par Gilles Vallat *
Photo : paroisse de Nyon

Pourquoi ériger un nouveau lieu de culte en 2022 ? Répond-il encore aux vœux des fidèles, alors qu’en Occident, les églises ont tendance à se vider ? En projetant de construire une nouvelle église à Gland, en remplacement d’une chapelle vétuste, les responsables paroissiaux se sont posé beaucoup de questions quant à la nécessité d’un tel projet. Une idée audacieuse, un peu folle, qui est devenue réalité. La nouvelle église a été consacrée par l’évêque diocésain Charles Morerod, le 13 février 2022. 

Ces responsables paroissiaux ont fait un pari sur l’avenir : oui, malgré les vicissitudes de notre époque, ils demeurent persuadés que dans 30 ans, 50 ans, voire un siècle, il y aura toujours des chrétiens qui se réuniront pour célébrer le Christ. 

L’édifice résolument moderne avec sa forme circulaire a permis de créer un lieu de recueillement rassembleur, chaleureux et facilitant une forme de communion. Le cercle est englobant, inclusif et sécurisant. C’est un acte fort et le signe qu’au centre d’une ville en plein développement, Dieu est présent.

* Président de la paroisse de Nyon

Restaurer le patrimoine religieux – Pourquoi ?

Chœur restauré de la chapelle Saint-Antoine (couverture).

Texte et photo par l’abbé François Roten

Le mot « patrimoine » véhicule l’idée d’une transmission de la part des ancêtres et donc de passé. Celui de l’Eglise est riche de siècles d’existence, de styles et d’agencements qui ont marqué l’histoire de l’humanité, depuis les cathédrales jusqu’aux petites chapelles, en passant par les peintures, statues, fresques et mosaïques – et même les croix sur nos montagnes –, qui aujourd’hui encore nous émerveillent et proclament l’expression de notre foi, dans la recherche de la beauté qui est un reflet de Dieu. 

Lorsque l’état aide à la sauvegarde de ce patrimoine et y participe financièrement, c’est parce qu’il le considère comme un bien sociétal, même s’il se trouve en des mains privées, un passé qu’il faut préserver pour le transmettre aux générations futures. 

Lorsque nos communautés ecclésiales restaurent leurs édifices, elles le font non pas en fonction du passé mais du présent et du futur de leur usage. 

Voilà pourquoi, au-delà de la simple recherche de beauté ou de préservation du patrimoine, restaurer nos églises a encore tout son sens aujourd’hui : nos églises de pierre sont des lieux de vie, les lieux de rassemblement des « pierres vivantes » que nous sommes (1 P 2, 5), nous qui ensemble formons l’Eglise, l’assemblée des croyants célébrant le Dieu trois fois saint. C’est dans nos églises que le Christ se rend présent par les sacrements qui nous donnent la Vie et soutiennent notre mission de disciples, que se réalise la transmission de la foi et que se prépare ainsi la communauté de demain. Restaurer une église est donc un signe de foi et d’espérance.

La beauté d’une église ne vient pas d’abord de l’harmonie de ses éléments selon les lois de l’architecture mais de ce qu’elle signifie et de ce que l’on y vit. L’église est le lieu de la présence de Dieu au milieu de son peuple, le lieu où nous prenons conscience que nous sommes nous-mêmes les temples vivants de la présence de Dieu (1 Co 6, 15) par l’Esprit Saint qui nous a été donné et qui habite en nous. 

Restaurer le patrimoine

Si les notions de préservation du patrimoine et de restauration sont désormais incontournables, elles sont toutefois récentes. En effet, avant le XIXe siècle, c’est le besoin et les goûts du moment qui orientaient les décisions. Aujourd’hui, des questions profondes accompagnent les grands chantiers: quel est le sens d’un lieu? Parle-t-il du passé? Est-il au service des hommes de ce temps? Est-il fonctionnel ?

Par Amandine Beffa | Photos : J.-Claude Gadmer, Flickr, DR

La question de la restauration des édifices a pris un sens tout particulier le 15 avril 2019. En effet, ce soir-là, Notre-Dame de Paris brûlait sous les yeux du monde entier, entraînant avec l’effondrement de sa flèche de multiples questions. Entre désir de reconstruire à l’identique et volonté de donner de la place à des artistes contemporains, les débats sont vifs. Pourtant, si ces questions sont incontournables aujourd’hui, elles sont récentes. Les concepts ont pour la plupart été définis après la Révolution française.

En soi, nous n’avons pas attendu le XIXe pour réparer et reconstruire. Les incendies ont longtemps été très fréquents et les édifices ne sont pas laissés en ruines. Cependant, les bâtiments évoluaient selon les goûts et les besoins. Par exemple, le style gothique remplace le roman. De nombreuses églises sont ainsi détruites et reconstruites. La cathédrale de Beauvais en France est un cas unique, un manque de fonds n’ayant pas permis de finir la construction de la cathédrale gothique. 

Tournant révolutionnaire

La période révolutionnaire marque un tournant. Certains considèrent qu’il convient de détruire toutes les traces de l’Ancien Régime. D’autres, comme l’Abbé Grégoire, soutiennent au contraire que les monuments détiennent la « mémoire collective » et qu’il convient de les conserver. 

La notion de « monument historique » apparaît en 1830. Des postes d’Inspecteur général des monuments historiques sont créés pour classer les édifices et évaluer les travaux nécessaires. Les premiers principes sont toutefois définis par des architectes et non par des historiens, ce qui oriente le débat.

S’il est possible d’adresser un certain nombre de reproches à Eugène Viollet-le-Duc, il est indispensable de reconnaître ses apports. Son nom est en effet indissociable du développement de la notion de restauration. Très cultivé, l’architecte français défend un patrimoine qui n’intéresse pas à son époque. Beaucoup d’édifices tombent en ruines sans que cela n’émeuve personne. Dans une volonté de « cohérence historique », Viollet-le-Duc essaie de rester fidèle à ce qu’il comprend des édifices. Il tente d’utiliser des techniques et des matériaux correspondant à ceux de l’époque d’origine. Ses recherches sont documentées. Il refuse par exemple d’utiliser du fer pour les charpentes. Il ne cherche pas à retrouver le bâtiment tel qu’il a été, mais à proposer un idéal. Il recherche la « cohérence historique ». Il écrit dans son Dictionnaire raisonné de l’architecture française : « Restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut ne jamais avoir existé à un moment donné. »

Fin XIXe, John Ruskin s’oppose à Viollet-le-Duc et à la « théorie de l’unité de style » qu’il considère comme une destruction. Critique d’art et théoricien, il préfère la conservation et enjoint à « accepter qu’un bâtiment puisse mourir ». L’idée est de garder en vie et non d’intervenir pour rétablir à un état historique donné.

Fondements scientifiques

Il faut attendre 1931 et la Charte d’Athènes pour que les premiers fondements scientifiques soient posés. Elle insiste sur la valeur des phases successives des édifices, reconnaissant que chaque époque est un apport et mettant l’accent sur « la continuité de vie ».

La Charte de Venise date de 1964 et distingue notamment les notions de préservation et de restauration. Elle propose « que l’on restaure les monuments historiques dans leur dernier état connu ». La restauration au sens strict est appelée à revêtir un caractère exceptionnel et la « réinvention » est rejetée. L’idée-force est que la conservation « s’arrête là où commence l’hypothèse ». Il importe que les interventions soient lisibles et réversibles. Elles doivent : « S’intégrer harmonieusement à l’ensemble, tout en se distinguant des parties originales. »1

Ces points s’illustrent de manière particulière à travers la restauration de la fresque de Gino Severini à la basilique Notre-Dame de Lausanne. En effet, la restauration de 1976 a très légèrement modifié l’œuvre originale. Aujourd’hui, se pose la question d’une restauration au dernier état connu ou à l’état d’origine 2.

En Suisse, la protection des monuments historiques est une compétence cantonale. La première loi date de 1898 et est promulguée dans le canton de Vaud. Il faut attendre 1966 pour voir apparaître une loi fédérale sur le sujet. En 1880, la Société pour la conservation des monuments historiques est fondée. Théodore de Saussure en est le premier président.

Questions profondes

Aujourd’hui, des questions profondes accompagnent les grands chantiers : quel est le sens d’un lieu, parle-t-il du passé ? est-il au service des hommes de ce temps ? est-il fonctionnel ? 

Dans le canton de Genève, l’église de l’Epiphanie a brûlé en 2014 et celle du Sacré-Cœur en 2018. La première a été reconstruite a l’identique alors que la seconde renaîtra différemment. L’abbé Pascal Desthieux, ancien Vicaire Episcopal pour le canton de Genève, souligne que les deux visions répondent avant tout aux besoins et aux désirs des paroisses. Le chantier du Sacré-Cœur est guidé par des perspectives liturgiques et esthétiques. L’autel sera positionné au centre afin de rappeler que l’église est le lieu de la communauté rassemblée autour du Christ. Il s’agit aussi de créer un lieu qui soit beau et qui donne envie d’être visité : « Il faut que lorsqu’on arrive on se dise : « waouh, c’est super » », commente l’abbé Desthieux. 

Le défi de la conciliation du lieu de rassemblement pour les célébrations et du lieu de prière quotidienne en dehors des offices s’est aussi posé. Il a été nécessaire de travailler sur les jeux de lumière. Pascal Desthieux rappelle l’adage Lex orandi, lex credendi, soulignant l’importance du lieu où l’Eglise célèbre ce qu’elle croit.

1 Charte de Venise, articles 9-13.
2 Voir par exemple l’article du journal Le Temps sur le sujet : Rossel, N., Art liturgique à Lausanne – Faut-il supprimer les retouches de la fresque du Valentin ? 14.03.2021.

Le patrimoine de pierres vivantes

Par François-Xavier Amherdt | Photo: cath.ch/B. Hallet

Bien sûr, il vaut la peine d’investir des millions pour entretenir le patrimoine de nos cathédrales, pour réparer la flèche de Notre-Dame de Paris ou restaurer la Basilique de Valère à Sion. Cela permet, d’une part, à d’innombrables visiteurs, dont beaucoup sont très éloignés de l’Evangile, de recevoir une forme de catéchèse à travers les portails, les narthex, les tympans des colonnes, les vitraux, les sculptures et les peintures qu’ils trouvent dans ces édifices. Surtout si des visites guidées sont organisées et si les cicérones désignés possèdent des compétences théologiques et ecclésiales adéquates.

Sacerdoce royal et spirituel

Mais ensuite, et surtout, cela donne l’occasion aux pierres vivantes de la construction sainte en Jésus-Christ que nous sommes d’exercer leur sacerdoce royal et spirituel (1 Pierre 2, 5). Il est très symbolique que ce soit une épître de l’apôtre Pierre qui le clame si fortement, en reprenant probablement une homélie baptismale et en l’insérant dans la trame de la lettre. Ce passage de 1 P 2, 4-10 est l’un des textes les plus cités par le Concile Vatican II. Car il exprime au mieux la dignité si élevée de celles et ceux qui reçoivent le baptême et l’onction du saint chrême : désormais, nous sommes toutes et tous proches de la pierre précieuse et choisie par le Père, Jésus-Christ lui-même, lui que les hommes ont rejeté, qui constitue un rocher d’achoppement pour ceux qui ne le reconnaissent pas et qui est devenu la clé de voûte.

Le Fils de Dieu, notre fondation

En offrant notre existence en sacrifice spirituel, agréable à la Trinité sainte, nous participons à l’édification de l’Eglise comme la maison maternelle et accueillante pour l’humanité entière. Si nous nous appuyons sur le Fils de Dieu comme notre fondation, nous savons que rien ne pourra nous ébranler ni nous confondre. Croire dans le Verbe fait chair, c’est ainsi faire partie du peuple élu, bénéficiaire de la miséricorde divine, et proclamer à la face du monde les merveilles du Seigneur qui nous a appelés à son admirable lumière. Comme prêtres, nous nous donnons nous-mêmes, prophètes chargés de cette annonce salvatrice et rois-serviteurs de l’unité. Soyons pierres vivantes au cœur des cathédrales, pour qu’elles resplendissent dans l’univers.

Accueillir ou célébrer?

Des jeunes de divers cantons romands profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. Rencontre avec le Valaisan Benjamin Bender. 

Par Benjamin Bender | Photo : Pierre Daendliker

En parlant de minorités, de nombreux représentants de notre Eglise – et le pape François en première ligne – utilisent régulièrement un verbe : accueillir. « Qui suis-je pour juger ? » ajoute ensuite François.

Dans les différents sens que peut prendre le verbe « accueillir », je relève celui qui semble correspondre à la demande de l’Eglise : admettre quelqu’un au sein d’un groupe, d’une famille, d’une assemblée. 

Accueil parfois difficile

L’Eglise a un beau passé d’accueil. Elle a été présente pour de nombreuses personnes et l’est encore aujourd’hui. Et pourtant, nous ne saurions nier que pour certaines minorités, l’accueil est encore très difficile. Pourquoi cela ? J’aimerais vous proposer aujourd’hui un élément de réponse parmi d’autres : pour qu’une personne ne soit pas seulement admise dans un groupe, mais qu’elle puisse être pleinement elle-même, qu’elle puisse s’y épanouir et grandir, nous devons célébrer qui elle est. « Célébrer » signifie faire publiquement la louange. 

Sommes-nous vraiment capables de célébrer celles et ceux qui sont différents de nous, qui ne pensent pas comme nous, qui n’agissent pas comme nous ? Sommes-nous capables de dire ouvertement que la différence de l’autre est une richesse inestimable ? Cela, sans vouloir l’assimiler à la majorité ? 

Lorsque l’on fait partie d’une majorité, il est très dur de comprendre ce que vit l’autre partie de la population. 

Faire un pas vers la minorité

C’est souvent l’incompréhension qui règne. Je le dis et je l’assume : c’est tout d’abord à la majorité de faire un pas vers la minorité. C’est à la majorité de s’agenouiller pour laver et embrasser les pieds de la minorité. Il y a une raison très claire à cela : la minorité, par son existence même, doit sans cesse lutter pour sa visibilité et son droit d’exister au sein du groupe. La majorité détient donc le pouvoir de la faire taire en un rien de temps si elle n’y prête pas une attention particulière. Il revient donc à la majorité de s’approcher de la minorité, de l’écouter, de la visibiliser et enfin, de la célébrer. 

Ce n’est pas une perte de pouvoir ou de privilège. La minorité restera minoritaire, mais elle aura enfin le droit d’exister en tant que telle. 

Aujourd’hui, je vous invite du fond du cœur à faire un pas vers une personne issue d’une minorité, à faire cet effort, pour trouver en l’autre ce qui est bon à célébrer chez elle. 

Sur les traces du monde sauvage – Montagn’art: l’art à ciel ouvert

Depuis 2001, à la cabane du Demècre (2’361 m), sur les Hauts de Fully, le mouvement Montagn’art organise des expositions sur le thème Art et Nature. Durant cette saison artistique, l’artiste Philippe Gatti présentera une série d’aquarelles animalières réalisées entre l’automne 2022 et le printemps 2023. L’exposition se déroulera du 1er juillet au 30 septembre 2023. 

Par Olivier Taramarcaz, Initiateur de Montagn’Art | Photos: Véronique Gatti – Aquarelles de Philippe Gatti

Le regard de l’aquarelliste – Passionnés de nature, de rencontres, Véronique et Philippe Gatti ont traversé les Alpes à plusieurs reprises, sur des périodes de trois mois de marche. L’artiste pèlerin traduit ce temps du chemin : « Marcher, ce n’est pas seulement faire un pas devant l’autre, c’est aussi et avant tout faire un pas vers l’autre. » L’automne dernier, il a gardienné la cabane du Demècre durant une semaine… hivernale. Là, il a observé la faune, s’est immergé dans le paysage. Il a saisi les grands contrastes des Dents de Morcles, il a surpris l’hermine dans ses aventures quotidiennes. Blotti dans les rochers, il s’est émerveillé devant le vol du gypaète. Il a attendu le passage du tétras-lyre. 

L’observateur contemplatif aime le temps de l’attente : « Dans les pentes, couvertes de carlines, cueillir le silence. » Il invite par un questionnement, à expérimenter le repos évoqué dans le Psaume 23 : « Avons-nous déjà pris le chemin de ces prairies verdoyantes et goûté à leur quiétude ? » Lové contre un rocher, se remémorant son pas à pas dans les pas du Bon Berger, il évoque : « Petit, j’étais loin d’imaginer, lors de mon premier pas, tout ce chemin qu’un simple pas de foi allait me faire parcourir. »

La musicalité de la peinture – Les aquarelles de Philippe Gatti reflètent le monde discret de la Création, ses saisons, ses lumières, sa musicalité. Il chuchote alors ces mots : « Je savoure le fruit du temps, que je prends le temps de cueillir. » Son œuvre picturale porte des instants promis, des traces dans la neige, des flocons de lumière. Il guette, scrute, dessine les brindilles, comme autant de détails de la fresque des chaînes montagneuses se dévoilant devant ses yeux écarquillés. La brume matinale s’évapore. Le soleil éclaire le pan de roche où se love l’homme à l’affût du Créateur : « La paix est d’une grande richesse, mais faut-il encore prendre le temps de la rechercher. » Son regard renvoie à notre intériorité, à notre disposition à écouter Celui qui nous parle au travers de tout ce qu’Il a créé, manifestant ainsi sa grandeur.

Tout est sujet d’émerveillement pour qui reçoit l’amour du Père manifesté dans sa Création. Montagn’art propose de découvrir le regard singulier de Philippe Gatti. Ce regard renvoie à notre intériorité, à notre disposition à écouter le chant des choucas, à suivre la touche du pinceau, épousant la fibre du papier, conférant au blanc-de-neige, toutes les nuances des teintes saisonnières.

En marche sur les hauts de Fully – D’accès aisé depuis Fully, via Chiboz, l’Erié, par le chemin panoramique sous le Chavalard, la cabane du Demècre est idéalement placée. Elle offre un point de vue unique sur les Dents du Midi. Elle est aussi l’un des gîtes d’étape du Tour des Muverans, et de la célèbre Via Alpina, traversant toutes les Alpes, de Slovénie jusqu’à Menton. Des chemins issus des quatre points cardinaux arrivent et partent de la cabane. Elle est ainsi un lieu de croisement, de rencontre et d’amitié. 

L’exposition d’aquarelles Sur les traces du monde sauvage de Philippe Gatti, est à découvrir durant tout l’été, lors d’une sortie en montagne, avec des amis ou en famille. La cabane est gardiennée en permanence. Il y a donc possibilité de s’y désaltérer, de s’y restaurer, et aussi de dormir sur place, en s’assurant alors de réserver votre nuitée à l’avance. 

Infos pratiques

Exposition : Sur les traces du monde sauvage
Lieu : cabane du Demècre (2’361 m), hauts de Fully 
Vernissage : samedi 1er juillet dès 13h en présence de Philippe Gatti 
Dates : du samedi 1er juillet au samedi 30 septembre 2023
Contact cabane : 027 746 35 37 · www.demecre.ch

Le maître et le Big Bang

Georges Lemaître réussit à convaincre le Pape de tenir la foi et les sciences sur des plans séparés.

Par Pierre Guillemin | Photo : DR

Qui était l’abbé Georges Lemaître (1894-1966), religieux, prêtre, mathématicien, cosmologue à l’origine de la théorie du Big Bang, c’est-à-dire l’explication scientifique de la création de l’univers, nommé par le pape Jean XXIII, en 1960, prélat domestique ainsi que président de l’Académie pontificale des sciences ? Einstein disait de lui qu’il était « celui qui avait le mieux compris la relativité générale » ! Beaucoup de physiciens, de nos jours, pensent qu’il aurait partagé le prix Nobel de physique avec Arno Penzias et Robert Wilson, s’il avait été vivant en 1978.

En octobre 2018, la communauté astronomique internationale lui a rendu un bel hommage en le reconnaissant de facto comme l’un des pères de la théorie du Big Bang et en recommandant de renommer la célèbre loi de Hubble en loi de Hubble-Lemaître.

Mais le Big Bang, qu’est-ce que c’est ? L’idée développée par l’abbé Georges Lemaître est que si on inverse la trajectoire de toutes les galaxies de l’univers et qu’on regarde où elles étaient dans le passé, on obtient une convergence en un point unique c’est-à-dire, un état initial de l’univers que Georges Lemaître a décrit comme « la théorie de l’atome primitif » et qu’on appelle aujourd’hui le Big Bang.

Cette théorie révolutionne notre perception du monde et de l’univers. Mais si l’on pouvait croire que cette même théorie réfute la création de l’univers par Dieu, Georges Lemaître a aussi été toute sa vie un fidèle serviteur de l’Eglise catholique, à la foi sincère et affichée. Science et religion ont été pour lui deux attitudes intellectuelles qu’il a réussi à faire cohabiter dans un seul homme, dans une seule vie. 

Fiat lux

Quand en 1951 Pie XII déclare, dans une tentative de concilier la lettre de la Bible aux avancées de la science, que le Big Bang est le « Fiat lux initial, l’instant où le cosmos est sorti de la main du créateur », George Lemaître n’est pas d’accord et réussit à convaincre le Pape de tenir la foi et les sciences sur des plans séparés : il s’oppose donc à une vision concordiste de la science qui est un système d’exégèse consistant à interpréter les textes sacrés de la religion de façon qu’ils concordent avec les connaissances scientifiques de l’époque. La conséquence et le risque d’une telle attitude concordiste sont de conduire à l’immobilisme scientifique. 

Ainsi, le mariage de raison entre science et foi est-il définitif ? Georges Lemaître répond : « Oui, à condition que les chercheurs restent dans leur domaine de compétence. Les scientifiques doivent savoir où se termine la science et où commencent la philosophie et la théologie. »

Courrier de lecteur

Cet article m’a tout de suite touchée sans l’avoir d’abord lu, à cause de la photo du regard de Janine. Dans ses yeux, j’ai été plongée dans son monde intérieur tel que je pouvais l’imaginer : un monde aride de désespoir et d’enfermement. En découvrant à la fin de l’article les circonstances de la mort de Janine, un cri de révolte a jailli en moi.
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Un prix Nobel pour deux

Mosaïque de Mariam Thresia exposée au musée du premier couvent qu’elle a fondé au Kerala.

Lorsqu’on pense à l’Inde, ses bidonvilles et ses nécessiteux, la figure emblématique de Mère Teresa s’impose à nous. Or, peu d’entre nous connaissent l’autre Thérèse – Mariam Thresia Chiramel Mankidiyan – précurseure de l’œuvre de sa consœur en Christ.

Par Myriam Bettens | Photo : Augustus Binu

Très tôt déjà, elle souhaite se consacrer à la vie d’ermite, mais sa famille s’y oppose. C’est finalement à Puthenchira, dans le district du Kerala qu’un demi-siècle avant sa consœur et lauréate du prix Nobel de la paix, que Mariam Thresia Chiramel Mankidiyan (1876-1926) œuvrera auprès des exclus et à l’éducation des filles. Cette dernière étant pour elle l’exemple même de la théologie de la libération en action… sans slogan.

Rompant avec la coutume de ne sortir de la maison qu’accompagnées d’hommes, Thresia et ses trois compagnes sillonnent les routes et visitent les familles dans le besoin. Une révolution pour un monde autant séculier que religieux, dont les critiques acerbes ne manquent pas de pointer ces « femmes qui descendent dans la rue » !

En 1903, Mariam Thresia demande à son évêque la permission de construire une maison de prière, mais le vicaire apostolique de Trichur lui suggère plutôt d’envisager de rejoindre une congrégation déjà existante. Elle ne ressent la vocation pour aucune d’entre elles, trop contemplatives face à son désir de servir. Finalement, en 1913, le vicaire l’autorise à construire une maison de prière et envoie son secrétaire pour la bénir. L’évêque discerne dans la vocation de Mariam Thresia qu’une nouvelle congrégation religieuse au service de la famille est en gestation. Le 14 mai 1914, il l’érige canoniquement et lui donne le nom de Congrégation de la Sainte Famille.

En moins de douze ans et avec une énergie indomptable, Mariam Thresia fait construire trois nouveaux couvents, deux écoles, deux foyers, une maison d’études et un orphelinat. A sa mort, en juin 1926, sa réputation de sainteté se répand rapidement et sa tombe devient un lieu de pèlerinage. Elle est béatifiée le 9 avril 2000 par Jean-Paul II. Son intercession est invoquée par les familles en situation difficile et par les couples sans enfant de l’Eglise catholique romaine, syro-malabare et syro-malankare.

En librairie – juin 2023

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Conversion d’un athée
Cédric Longet

L’arrivée du sacré catholique, suite à une « effusion de l’Esprit Saint » en 2014, entre en conflit ouvert avec toutes les constructions intellectuelles passées de l’auteur, formées par la philosophie et tout spécialement celle de Nietzsche pour qui « Dieu est mort ». Désormais, Dieu le Père existe vraiment, Jésus existe vraiment, la Vierge Marie existe vraiment. Cédric Longet témoigne : « Mon entrée en Jésus est proprement pour moi une authentique révolution copernicienne : je découvre que tout gravite autour du soleil, et que ce soleil est une personne. » Ce livre est le détail de cette conversion.

Editions Les Unpertinents

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Le défi de Jérusalem
Eric-Emmanuel Schmitt

Après La Nuit de feu, où Eric-Emmanuel Schmitt décrivait son expérience mystique dans le désert du Hoggar, il revient aux sources avec ce récit de voyage en Terre sainte, territoire aux mille empreintes. Bethléem, Nazareth, Césarée, lieux intenses et cosmopolites qu’il saisit sur le vif tout en approfondissant son expérience spirituelle, ses interrogations, réflexions, sensations, étonnements jusqu’à la surprise finale, à Jérusalem, d’une rencontre inouïe avec ce qu’il nomme « L’incompréhensible ».

Editions Albin Michel

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Le Dieu de Dostoïevski
Marguerite Souchon

Dans cet ouvrage, Marguerite Souchon dresse une sorte de biographie spirituelle et intellectuelle de Dostoïevski. Elle reprend les évènements marquants de sa vie et montre comment la foi de l’auteur russe est le fruit d’un long et sinueux cheminement. L’auteur plonge aussi le lecteur dans l’œuvre du romancier russe et y décèle les traces de cette quête spirituelle. Dans ce parcours qui va des œuvres les plus connues, comme Les frères Karamazov, aux plus confidentielles comme Les carnets du sous-sol, le lecteur est conduit dans la découverte d’un esprit amoureux du Christ. Cet ouvrage est une porte d’entrée pour découvrir tant Dostoïevski que son œuvre. 

Editions Première Partie

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L’empreinte transfigurée
Brunor

Pour la première fois, une bande dessinée relate les différentes étapes de cette grande enquête à propos du suaire de Turin. Elle révèle 20 énigmes pour l’intelligence qui constituent non pas des preuves, mais autant d’indices qui permettent au lecteur de se faire sa propre idée sur la question. Nous avons la surprise de découvrir les réponses éclairantes apportées par la recherche à d’autres questionnements essentiels où foi et raison sont en dialogue. Ce grand drap de lin n’a pas fini de nous surprendre et cet ouvrage y contribue pleinement.

Brunor Editions

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