Ecole buissonnière

Le paysage éducatif romand a longtemps été composé d’écoles et d’instituts confessionnels. Leur nombre s’est fortement réduit. Entre fermetures et reprises par l’Etat, les établissements qui subsistent cherchent à préserver la liberté de développer un projet de société autre que celui de l’Etat, tout en coexistant avec celui de l’école publique.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : FLICKR, PXHERE, DR

Les petits Romands ont repris le chemin de l’école. Près de quatre cents d’entre eux, tous degrés primaires et secondaires confondus, ont été confiés par leurs parents aux bons soins d’un des treize établissements gérés par Instruire.ch, un réseau romand d’écoles privées chrétiennes de sensibilité évangélique. « Les parents ont certaines convictions de foi et souhaitent que leurs enfants soient aussi instruits avec ces valeurs-là », indique Martine Pahud, présidente du réseau Instruire.ch. Le choix des parents de Philippe Walker s’est effectué de manière beaucoup plus prosaïque : « Le Cycle d’orientation avait alors très mauvaise réputation. Ils ont préféré m’envoyer à Florimont durant ces trois ans. » Maintenant lui-même enseignant au secondaire I et II à Genève, il note toutefois que cette option était aussi motivée par le caractère catholique de l’école, correspondant aux convictions de ses parents.

Une liberté de choix ?

« Aujourd’hui, l’optique est davantage d’offrir une meilleure formation à ses enfants ou de les mettre à l’abri d’un certain type de socialisation », relève Sarah Scholl, historienne et maître-assistante à la Faculté de théologie de Genève. Cette sélection éducative stratégique reflète aussi le phénomène de la liberté de choix dans tous les domaines de la vie. Or, à l’heure actuelle, il est possible de choisir son fournisseur téléphonique, mais pas l’établissement scolaire de son enfant. En théorie garanti par le Pacte de l’ONU relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, en vigueur depuis 1992 en Suisse, ce droit est difficilement applicable pour nombre de parents, surtout financièrement. Si cet aspect n’entrait pas en ligne de compte, peut-être que Philippe Walker réfléchirait à scolariser sa fille en privé, « mais avec beaucoup d’hésitations ». D’une part, parce qu’il trouvait ce monde « trop clos » et, d’autre part, à cause de la prise de distance avec l’aspect confessionnel. « Je pense qu’il y a une structure, une organisation et un sérieux vis-à-vis de l’éducation dans l’école confessionnelle, liés à certaines valeurs aujourd’hui estompées. »

En Suisse romande, aucun canton hormis Genève ne différencie les écoles privées confessionnelles des autres.

Une responsabilité collective

« Pendant longtemps, si l’enfant allait bien, il était normal qu’il aille à l’école publique. Le privé était réservé, soit à des enfants de riches, soit à des enfants qui avaient besoin d’un cadre spécifique. Maintenant, beaucoup de chrétiens sont soucieux de savoir à qui ils délèguent l’éducation de leurs enfants », affirme Nicole Rosset, responsable pédagogique à la Bergerie. Egalement associée au réseau Instruire.ch, l’école située à l’Isle (VD) offre des possibilités de soutien pour les familles à plus bas revenus. Martine Pahud relève toutefois que « depuis quelques années, de nombreuses familles sont soutenues par les grands-parents ou les parrains-marraines ». La scolarité des plus jeunes semble donc devenue une responsabilité collective. En réalité, « cette responsabilité collective sur l’instruction des enfants date du XVIe siècle au moins. L’école était aux mains de l’Eglise et avait alors pour objectif premier de former l’identité confessionnelle et les valeurs morales des enfants. L’Etat, a depuis, récupéré cette prérogative », nuance Sarah Scholl. Elle estime d’ailleurs que la coexistence de différents projets éducatifs sert au maintien du pluralisme tout en posant des garde-fous à l’Etat lui-même. De plus, « l’existence d’écoles alternatives peut aussi être une source d’inspiration pour l’école publique et d’innovations pédagogiques ».

La scolarité des plus jeunes semble devenue une responsabilité collective.

Panorama du privé en Romandie

Au niveau cantonal, Vaud remporte la palme avec le plus grand nombre d’écoles privées situées sur son territoire. Suit Genève, le Valais, Fribourg, Neuchâtel et le Jura. Aucun de ces cantons, hormis Genève, ne différencie les écoles privées confessionnelles des autres. Sarah Scholl y voit un indice d’une laïcisation de ces écoles pourtant « nées avec une visée de préservation de la transmission confessionnelle ». Chaque canton « a son propre curseur » quant à la gestion de ces écoles, par ailleurs encadrées dans les lois cantonales. A Genève (2016 et 2017) et dans le canton de Vaud (en cours), ces législations ont été revues, suite à des controverses concernant les écoles privées confessionnelles et l’enseignement à domicile. La polémique a émergé en 2014 lorsque les écoles privées chrétiennes ont été accusées d’enseigner le créationnisme en cours de sciences. Bien que blanchies de tous soupçons, le « dégât d’image a été important », se désole Nicole Rosset, dont l’école est membre du réseau incriminé. De plus, la Loi sur l’instruction publique (LIP) a été revue et durcie après cela.

Mainmise sur les esprits et les âmes

L’expression « école buissonnière » date du XVIe siècle où plusieurs écoles clandestines avaient été créées dans les campagnes en opposition aux écoles des villes dirigées par le clergé. Luther, qui avait du mal à répandre cette nouvelle religion, s’est mis à prêcher dans les bois.

« Il est intéressant de voir à quel point cela a été difficile de reprendre l’école aux églises et c’est ce qui explique la plus grande crise religieuse du XIXe siècle qu’on connaît sous le nom de Kulturkampf », détaille Sarah Scholl. En Occident, le secteur privé a longtemps été dans le giron presque exclusif de l’Eglise, catholique ou protestante. Au XVIe siècle, Luther plaide pour l’instruction des croyants afin de leur donner directement accès à la Bible pour les libérer de la tutelle du clergé. La Contre-Réforme lui réplique par la création de collèges gérés par les Jésuites et des petites écoles chrétiennes. « L’émergence de la laïcité des Etats, au XIXe siècle, est intimement liée à celle de l’école publique obligatoire et du suffrage universel » rappelle l’historienne. « Il y a un réel enjeu d’organiser la liberté d’opinion, la diversité confessionnelle et idéologique. Il faut des instances neutres permettant la coexistence, ce qui explique la laïcité. Même les cantons les plus catholiques sont tenus, à partir de la fin du XIXe siècle, de permettre cette diversité. Ce qui amène à ce que le fait religieux devienne facultatif à l’école et au compromis que constituent les écoles confessionnelles. »

L’apparent silence de Dieu

TEXTE ET PHOTO PAR MARION PERRAUDIN

Dans l’apparent silence,
Où le cri de la prière,
Semble tomber au creux de la terre stérile.
Comme une pluie bienfaisante,
La douceur de la paix irrigue le cœur telle
une ondée apaisante.

Dans l’apparent silence,
De l’absence de Dieu
Lorsque tout semble être néant,
Comme le souffle léger de la brise
Une présence se révèle enveloppant
le cœur de tendresse.

Dans l’apparent silence,
Du souffle créateur du Père,
Lorsque la flamme de l’espérance vacille,
Telle la clarté d’un feu dans la nuit,
La Parole de vie vient éclairer le cœur
par le pardon donné.

Dans l’apparent silence,
De la présence de Dieu,
Cheminant à nos côtés sur le chemin de la vie,
Comme un secret d’amour, simple et discret
Cette présence, sa présence, devient rencontre
du Père et de son enfant.

Dans l’apparent silence,
De la prière qui rejoint le cœur de Dieu,
Dans l’apparent silence,
De l’abandon entre les mains du Père,
La force de l’amour devient réponse
qui relève et raffermit.

C’est dans l’apparent silence,
D’un simple morceau de pain et d’une coupe de vin
Entre les mains du prêtre,
Que le silence de Dieu devient présence.

Ecole buissonnière…

… la conversion de Pinocchio

VICAIRE DENIS LAMON
PHOTO: CC ANDERTOONS

Une nouvelle année pastorale commence, notre histoire avec Dieu continue, rythmée par nos chutes et nos relèvements. C’est un peu comme dans le conte de Carlo Collodi. Le vieil artisan Geppetto décide de créer une marionnette à l’image d’un garçonnet (le corps). La Fée bleue l’anime (l’esprit), Jiminy le criquet devient sa conscience (l’âme). Pinocchio souffre. Bien que marionnette animée, il désirerait être comme les autres humains. Sans doute ne se trouve-t-il pas beau ? Habité par ce malaise, il va tomber dans plusieurs pièges : paresse à l’école, mensonges qui provoquent l’allongement de son nez, fuite au pays merveilleux des jeux pensant trouver la liberté absolue, mais se retrouvant changé en âne et devenant animal de cirque. Pinocchio pensait devenir plus beau en devenant plus libre, et le voilà devenu captif et laid : un animal ! Suite à une blessure son patron le jette à la mer. C’est là que la baleine l’engloutit et qu’il retrouve et sauve Geppetto en faisant du feu pour faire éternuer la baleine et être recrachés sur le rivage. C’est à travers ces actes de bravoure et la droiture de vie qu’il va mener par la suite que la marionnette deviendra un vrai garçon ! Pinocchio est maintenant comme les autres enfants, de pâte humaine.

Belle métaphore de notre condition de créature, de nos blessures et de notre péché.

Belle image de la patience de Dieu dans l’histoire du salut et du travail de la grâce ! C’est en donnant et en se donnant que l’on grandit et que l’on devient meilleur.

Et si notre vraie beauté dépendait de nos actes, de notre sincérité, de notre bienveillance, de notre générosité et de nos efforts. Il nous appartient de l’accueillir comme un don de Dieu qui nous a fait à son image et à sa ressemblance.

« L’obéissance est une vertu d’homme libre »*

A tour de rôle, des jeunes de divers cantons romands profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. Au tour de Pauline de Gromard (25 ans), étudiante en droit à Fribourg et future carmélite, de prendre la plume.

PAR PAULINE DE GROMARD
PHOTO : DR

Nous commençons par comprendre ce que signifie la liberté, avant même de nous poser la question de son lien avec l’obéissance.

Chaque homme nait avec le libre-arbitre, il est libre de choisir dans le champ des possibles qui s’étend devant lui. Mais la liberté est plus que cela. Celui qui est vraiment libre, selon Thomas d’Aquin, est celui qui réalise effectivement ce qu’il veut et cherche véritablement, à savoir le bien. Et plus haut est le bien atteint, plus il est libre. Seul donc ceux qui réalisent le bien sont dit véritablement libres (Liberté).

Par exemple, nous recherchons une amitié dans le but d’atteindre le bien qu’est l’amour. Or, il arrive que nous nous trompions en prenant pour un bien ce qui n’en est pas un. Ainsi la recherche du luxe à tout prix ou le plaisir de la drogue ne rendent pas heureux, ils ne sont pas des biens que nous voulons vraiment et ne nous rendent pas libres.

Maintenant que nous avons une définition plus claire de ce qu’est la liberté, nous pouvons nous interroger si l’obéissance s’oppose ou, au contraire, permet d’être libre.

Obéir signifie renoncer à sa volonté propre pour accueillir et faire la volonté de celui à qui on se soumet. Cela s’oppose peut-être au libre-arbitre, car cela réduit le champ des possibles. Mais cette obéissance n’est pas accordée à n’importe qui. L’obéissance est due à Dieu, et à l’Eglise que le Christ a instituée. Et concrètement, c’est par l’obéissance aux supérieurs religieux que le religieux obéit à Dieu.

Dieu choisit des médiations pour nous communiquer sa volonté. Par exemple, Dieu s’adresse à la Vierge Marie à travers l’ange Gabriel. Au moment de leurs vœux, les religieux remettent leur volonté dans les mains de leur supérieur et posent comme acte de foi de prendre ce dernier comme médiation de la volonté de Dieu. Celui-ci a été nommé et reconnu par la hiérarchie de l’Eglise à qui il doit obéir et rendre des comptes. Sa mission est de permettre aux religieux qui lui sont confiés, de suivre la voie qu’ils ont choisie. Le supérieur est là non pas pour écraser mais pour élever. Pour obéir vraiment, il faut être capable de désobéir !

Ainsi, le fruit d’une juste obéissance est la liberté, car obéir à Dieu, par l’intermédiaire des supérieurs, nous fait mûrir dans le bien.

* Labourdette

Le Christ, maître de l’école buissonnière…

C’est une nouvelle rentrée pastorale, c’est une nouvelle rentrée des classes, et L’Essentiel semblerait nous guider vers l’école buissonnière, est-ce bien raisonnable?

TEXTE ET PHOTOS PAR MARIUS STULZ

L’école peut désigner l’établissement scolaire, l’ensemble des élèves et du personnel ou le mode d’enseignement lui-même.

A l’école de son Père, Jésus, par son incarnation dans notre monde (l’infini entre dans le monde du fini), va faire une école buissonnière en vue du bien de l’humanité, profitable à toutes et à tous. Pour cette rentrée scolaire ou pastorale, comme pour notre rentrée dans la vie, tous, nous sommes appelés à l’école de l’Amour, à l’école de Jésus.

Sa pédagogie, son école, est simple, exigeante et belle: «Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.»

Etre chrétien c’est se mettre à l’école de Dieu, à l’école de la foi qui est avant tout une rencontre personnelle avec le Christ. Jésus, sans cesse, nous demande de faire l’école buissonnière de nos certitudes, de nos convictions avec comme seule règle indispensable, incontournable et irremplaçable pour chacun, celle de demeurer dans ce lien d’amour personnel avec lui. Mon seul devoir d’école, mon seul devoir de vie est de compter sur lui et avec lui (la liturgie dira par lui, avec lui et en lui) et saint Augustin de résumer à notre intention le devoir des bons écoliers que nous voulons être ou devenir par: «Aime et fais ce que tu veux.»

Sans cesse, dans cet excellent terreau qui est ce lien d’amour qui nous unit au Christ, Jésus pousse à l’école buissonnière et promet à celui qui lui fait confiance de vivre d’énormes dépassements et de vivre des événements plus grands que tout ce que lui-même a mis en route ou vécu (Jean 14, 12). Ou encore rappelons-nous lorsque Jésus amène les disciples d’Emmaüs, enfermés dans leur tristesse, leurs regrets et leur manque d’espérance, à vivre avec lui l’école buissonnière qui devient une expérience concrète de la liberté, de la résurrection et de l’infini de Dieu; que c’est bon d’être et de se savoir si bien accompagné sur notre chemin.

Ou encore, lorsque Jésus appelle Paul, le pharisien légaliste, le rigoureux, celui qui écoute et vit avec droiture la tradition juive, fidèle aux lois et aux rites, à devenir son apôtre en le poussant au dépassement, afin qu’il rende caduques ses lectures exhaustives de la loi qui séparaient les gens à cause du droit de naissance (lignage), de la culture et la tradition religieuse, de la place sociale, le poussant à revisiter et réinterpréter les rites et les usages à la lumière du ressuscité ; saint Paul l’a si bien fait avec le carcan des règles concernant des rites comme la circoncision et l’ensemble des lois de Moïse contenues dans les cinq premiers livres de la Bible que les juifs-chrétiens voulaient imposer aux païens qui ont accueilli le Christ; au Concile de Jérusalem, les apôtres sous la houlette de Pierre réduisent les centaines observances de la loi juive, en trois grandes orientations qui aideront les nouveaux chrétiens d’origine païenne à progresser dans leur spiritualité en leur demandant de s’abstenir de l’idolâtrie, de l’immoralité, de la viande étouffée et du sang (Ac 15, 5-21). C’est à l’école du maître que les apôtres on pu prendre ces positions nouvelles, rappelons-nous la méditation de Jésus «ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l’homme impur, mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui rend l’homme impur», pensée qui ouvre à tous, même aux mécréants, aux pécheurs et aux rejetés, l’accès à une intense rencontre en Dieu, l’accès à la communion. Cette citation est un vrai tuteur pour n’importe quelle situation de vie, lorsque tu ouvres la bouche quel est le bien que tu pourras en faire sortir; … je pense que je devrais me taire plus souvent!

Jésus est et sera toujours le maître de l’école buissonnière pour l’Eglise qu’il ne veut jamais démolir, mais accomplir. «Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Je vous appelle amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père.» (Jn 15, 15) Par l’Esprit-Saint, l’Esprit d’Amour accueilli chaque jour dans nos vies, nous sommes amis de Dieu, donc à même de découvrir dans l’Esprit ce qui est bien, ce qui est bon, ce qui est juste et nous n’avons pas peur de l’annoncer ni de le confronter avec les découvertes de nos sœurs et frères qui eux aussi vivent de l’Esprit, même si le plus souvent il s’exprime à travers eux d’une manière différente, mais qui vient nourrir, construire, édifier, s’harmoniser, communier à l’Esprit qui s’active en chacun de nous.

N’est-ce pas à ce déplacement intérieur auquel sont conviés les catéchumènes qui se préparent au baptême ou les confirmands qui vivent ou qui vont commencer à vivre à la rentrée le cheminement vers la confirmation ; par des moments communautaires où le vivre ensemble devient l’occasion de se laisser rejoindre par le Christ, afin de le reconnaître, de l’accueillir, de l’écouter et de se laisser transformer par cette relation d’Amour qu’il nous offre, et vivre cette école buissonnière qui emmènera chacun au-delà de ses limites, à battre campagne, pour vivre de son amour.

Bonne route et bon cheminement à tous !

Confirmands, marraines et parrains 2021.

La communauté Vie Chrétienne (CVX)

De nombreuses communautés sont présentes en Suisse romande, comme autant de témoins de la vitalité et de la diversité de l’Eglise. Ce mois-ci, cap sur des groupes de laïcs dont la spiritualité d’inspiration jésuite s’incarne dans la pratique des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola.

PAR PASCAL ORTELLI | PHOTO : DR

Dates clés

1540 Approbation par le pape de la Compagnie de Jésus.

1563 Des premiers groupes de laïcs voient le jour au travers de la Congrégation mariale.

1967 A la suite du Concile Vatican II, les Exercices spirituels connaissent un regain d’intérêt. Les groupes de laïcs, alors appelés « Communauté dans le monde », redéfinissent leurs statuts et s’appellent désormais « Communauté vie Chrétienne » (CVX). En Suisse, Anna Beck s’attèle à ce renouvellement.

1982 Naissance des premiers groupes helvétiques.

2001 L’Association CVX en Suisse prend forme avec ses propres statuts

2013 La CVX mondiale fête ses 450 ans et un pèlerinage se déroule de Constance à Einsiedeln.

Organisation : une communauté mondiale constituée de petites équipes qui se réunissent une fois par mois pour discerner comment Dieu parle à chacun au travers de la prière et d’un échange autour des joies et peines du quotidien.

Mission : à la suite de saint Ignace, « chercher et trouver Dieu en toute chose », c’est-à-dire reconnaitre Dieu présent au cœur du monde et de notre vie, apprendre à nous voir comme il nous voit et devenir des « contemplatifs dans l’action ».

Présence en Suisse romande : deux équipes à Lausanne, une à Genève et une à Fribourg.

Une particularité : la relecture ou prière d’alliance, soit s’arrêter chaque jour un instant pour voir comment Dieu a été présent en nous à travers les situations et les personnes rencontrées afin de discerner ce qui va dans le sens de la vie ou ce qui divise.

Pour aller plus loin : gcl-cvx.ch

« Faire partie d’une équipe CVX, c’est… »

Par Catherine Guerbet (équipe Emmaüs, Lausanne)

« Pour moi, c’est un chemin de croissance qui m’aide à vivre ma foi dans mon quotidien, à unifier ma vie (travail, famille, loisirs, engagements…), à faire des choix porteurs de vie. Retrouver mon équipe chaque mois m’oblige à m’arrêter pour relire le mois écoulé, y voir les traces de Dieu ou ce qui est à transformer. Avec les membres de l’équipe, c’est un compagnonnage dans la foi. CVX m’invite également à plus de liberté intérieure et à être actrice de ce monde, à ma façon. »

Le «fils prodigue» ou «un père a retrouvé»…

La parabole du «fils prodigue», lue en temps de Carême et durant ce mois de septembre est un texte d’une richesse extraordinaire qui vaut la peine d’être regardé dans son contexte: Luc en fait l’aboutissement d’une argumentation de Jésus, face à ceux qui lui reprochent ses mauvaises fréquentations.
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Un pont entre la recherche et la société

Les développements de la biologie et de la médecine poussent l’Eglise à se positionner sur de nouvelles questions de société. Stève Bobillier, membre de la Commission de bioéthique des évêques suisses, tente de concilier valeurs chrétiennes et enjeux de la recherche scientifique.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER

En bioéthique, il est généralement question de limites. Quels sont les processus de discernement pour les fixer ?

Comme dans toute recherche scientifique, il faut d’abord laisser de côté ses opinions, établir les arguments pour et contre et éliminer ce qui semble incohérent pour tenter de discerner une réponse. Ce qui est intéressant, c’est de parvenir à trouver ce que j’appelle des « nœuds », c’est-à-dire des concepts fondamentaux comme la liberté ou la sécurité, qui entrent en concurrence dans une question éthique. Idéalement, il s’agit ensuite de trouver une solution pour les dépasser ou au moins de proposer des orientations. Le but n’est donc pas de convaincre, mais de donner à penser, car dans ces questions, il n’est pas possible de fixer une frontière stricte entre ce qui est juste ou non, mais plutôt une latitude.

Les discours concernant la vie humaine opposent fréquemment la logique du bénéfice individuel à celle du bien commun. Comment concilier ces deux logiques ?

Dans nos sociétés ultra-individualistes, nous oublions souvent que toutes nos actions ont un impact sur les autres. Idéalement, il faut viser le bien commun, parce qu’on comprend que c’est le bien et que c’est ce qu’il faut faire. Cela suppose de ne pas le confondre avec nos envies ou nos plaisirs individuels. Dans un second temps, comme nous faisons partie de la communauté, ce bien rejaillira d’une certaine manière sur nous.

Face à l’avancée des sciences et à leur impact sur l’humain, est-ce que la vérité d’hier est celle de demain ?

Il faut distinguer la vérité de notre saisie de la vérité. La vérité est universelle, elle vaut en tout temps et pour tous, mais notre compréhension change et doit s’approfondir. Cela vaut tant pour la philosophie ou la théologie que pour les sciences exactes qui se comprennent toujours « en l’état actuel de nos connaissances ». Donc les contextes changent, mais le questionnement fondamental, de ce qu’est l’homme et de son rapport au monde, demeure le même depuis toujours et ne
changera pas.

Dans ces domaines, les pratiques devancent bien souvent les normes qui permettent de les juger. La bioéthique a-t-elle un temps de retard ?

(Rires) Le rôle de la bioéthique est de mettre des garde-fous à la recherche. Souvent, nous intervenons après les découvertes, car la science évolue rapidement, mais il y a des questions que nous pouvons prévoir. La modification de l’ADN humain, par exemple, risque d’avoir des conséquences irréversibles et nous devons anticiper les problèmes pour mettre des limites claires à la recherche.

La bioéthique qui s’est imposée est de nature déontologique et juridique. Peut-elle faire face à des enjeux d’ordre anthropologiques, voire métaphysiques ?

La traduction pratique de la bioéthique se fait dans la loi. Cela dit, le droit fixe ce qui est légal, pas ce qui est juste. Il est important de défendre des valeurs humaines comme la défense du plus faible. Face aux questions bioéthiques qui concernent les limites de la vie, l’aspect juridique ne suffit pas, car la dimension spirituelle de l’homme resurgit inévitablement. Il y a par exemple aujourd’hui un fort tabou de la mort, qui est abstraite, statistique, chiffrée. On parle peu de sa propre mort comme d’une réalité. Il est pourtant essentiel de l’anticiper, pas seulement administrativement, mais surtout sous l’aspect humain et spirituel.

Autour de la vie humaine

La Commission de bioéthique des évêques suisses se penche sur toutes les questions touchant à la vie humaine. Des thématiques telles que le consentement présumé dans le don d’organes, le diagnostic préimplantatoire, l’euthanasie, l’expérimentation animale et humaine, le suicide assisté ou encore la procréation médicalement assistée ont été abordées.

Biographie express

Docteur en philosophie et éthicien, Stève Bobillier est aujourd’hui professeur au Collège Saint-Michel (FR) et membre de la Commission de bioéthique de la Conférence des évêques suisses (CES). Cette dernière officie en tant qu’organe consultatif de l’Assemblée des évêques ou de l’Etat. Composée d’éthiciens, de philosophes, de médecins, de juristes et de théologiens, la commission propose des éclairages sur toutes les thématiques entourant la vie humaine.

Le pouvoir de pardonner

Pardonner: quelle gageure! Par-delà la blessure infligée, rester les mains ouvertes… Cela ne laisse-t-il pas nombre d’entre nous perplexes? La miséricorde, voilà bien une des plus puissantes et des plus étonnantes facettes de l’identité du Dieu de Jésus Christ. Une facette qui caractérise aussi proprement l’être humain.
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C’est pas d’la tarte!

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS: DR

A l’origine observé par protestants comme catholiques, le Jeûne fédéral avait été instauré par la Diète fédérale en signe de «pénitence et d’Action de grâces». Même si la signification de ce lundi chômé tend à se perdre, ce week-end prolongé pour les cantons protestants de Suisse romande ne compte pas pour des prunes.

Dès le XVe siècle, l’observance de jours de jeûne est pratiquée en Suisse. C’est la Diète fédérale, assemblée des députés des cantons jusqu’en 1848, qui fixe ces journées de «pénitence et d’Action de grâces». Le premier document officiel mentionnant la «grande prière des Confédérés» date de 1517. Les épidémies de peste et les disettes ont poussé les autorités des cantons réformés à instituer ce type de journées de prière et de pénitence pour demander à Dieu de les en prémunir ou pour le remercier. Plus tard, elles ont été assorties de collectes en faveur de coreligionnaires persécutés (ndlr. les vaudois du Piémont en 1655).

Ce n’est qu’en 1639, soit durant la guerre de Trente Ans, que la Diète instaura une journée de jeûne annuel pour rendre grâce à Dieu d’avoir préservé la Suisse du conflit. A partir de 1643 les cantons catholiques instituèrent également de telles journées, mais ce n’est que le 8 septembre 1796 qu’elle fut célébrée pour la première fois d’un commun accord par catholiques et protestants. L’institution se maintiendra jusqu’en 1830, même si catholiques et protestants avaient déjà opté pour des jours différents. Loin de se distancier complètement de cette pratique, le concile Vatican II a décrété le Jeûne fédéral comme une manifestation œcuménique.

Qui dit jeûne, dit diète (pas fédérale cette fois-ci). Il était demandé à l’origine de s’abstenir de nourriture durant la journée. Les réunions à l’église se prolongeant jusqu’à tard dans l’après- midi, on n’avait pas le temps de préparer un dîner et on se limi- tait donc à une tarte de fruits de saison, préparée souvent la veille. La tradition de la tarte aux pruneaux serait aussi à chercher dans la pratique ecclésiale. Depuis le début du XIXe siècle, il était courant de conserver l’argent destiné ordinairement au repas du dimanche, pour l’offrir aux pauvres.

Recette: La tarte aux pruneaux du Jeûne fédéral

Temps de préparationTemps de cuissonTemps de reposPortions
30 minutes60 minutes30 minutes8

Ingrédients

  • 9 g de sel
  • 90 g d’eau
  • 100 g de farine complète
  • 200 g de farine blanche
  • 150 g de beurre
  • 50 g de noisettes moulues (ou d’amandes) mélangées à 10 g de farine
  • 1200 g de pruneaux
La tarte aux pruneaux, un classique à déguster le jour du Jeûne fédéral.

Préparation

  1. Dissoudre le sel dans l’eau
  2. Mélanger la farine complète, la farine blanche et le beurre. Ajouter l’eau salée et pétrir légèrement
  3. Laisser reposer la pâte 30 minutes au frigo
  4. Abaisser et piquer la pâte
  5. Déposer le mélange noisettes moulues-farine sur le fond de la tarte
  6. Couper les pruneaux en deux et les déposer sur le fond de tarte
  7. Préchauffer le four à 180°C. Enfourner environ 1 heure, jusqu’à ce que la pâte soit bien dorée

Manger son chapeau

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS: DR

Les jésuites n’ont pas toujours eu très bonne presse. L’image tend à changer grâce au pape François. Néanmoins, si après cet article votre dent contre eux persiste, c’est le moment où jamais d’en croquer un!

Il aura fallu attendre 473 ans pour voir un jésuite élu à la tête de l’Eglise. Une longue patience qui aura au moins permis de redorer le blason de la Compagnie de Jésus. Car, à en croire certains sites internet, l’ordre fondé en 1540 par Ignace de Loyola serait responsable de bien des maux… jusqu’au naufrage du Titanic. Et ce n’est que la pointe de l’iceberg, puisque cette éminence grise contrôlerait, en sous-marin, toutes les décisions du Vatican. Mais vous auriez bien raison de dire que cette théorie prend l’eau!

Deuxième en termes d’effectifs, derrière les franciscains et devant les dominicains, les jésuites ont la réputation d’être des intellectuels. Qualificatif qu’ils doivent à la longue formation qu’ils reçoivent. La particularité de cet ordre, outre les vœux habituels, est une obéissance absolue au pape et à Dieu. Depuis sa création, la Compagnie de Jésus s’est donné pour priorités l’éducation de la jeunesse et l’évangélisation.

Certains soutenaient un enseignement moral basé sur l’étude des cas particuliers [la casuistique, ndlr.], qui accorde une place prépondérante à la liberté individuelle face à la loi morale. Une posture «laxiste» perçue comme une manière de s’accommoder avec les choses du monde que les jansénistes brocardaient. Les jésuites sont décriés pour leur capacité à donner des réponses retorses pour étayer un argumentaire, cette controverse intellectuelle a lesté le terme d’une connotation péjorative. Il est devenu synonyme d’hypocrite.

Pour être tout à fait sincère, n’y a-t-il pas un plaisir presque littéraire à manger benoîtement un jésuite? Peut-on croquer dans un jésuite sans entendre le «Mangeons du jésuite, mangeons du jésuite!» des sauvages Oreillons du Candide de Voltaire?

Recette: Les Jésuites

Le nom de cette pâtisserie viendrait de la couverture de praline ou de glaçage au chocolat ressemblant par sa forme au chapeau à bords relevés comme des jésuites: un petit triangle de pâte feuilletée fourré à la frangipane et recouvert de praline ou de glaçage au chocolat. Plusieurs versions sur l’origine de la pâtisserie s’affrontent. L’une d’elle avance que la pâtisserie Moura à Santo Tirso aurait confectionné ces gâteaux pour la première fois en 1892. Elle doit la paternité de cette création à un de leur pâtissier ayant travaillé auparavant dans une communauté de prêtres jésuites à Bilbao, au nord de l’Espagne

Temps de préparationTemps de cuissonPortions
30 minutes40 minutes6

Ingrédients

1 pâte feuilletée abaissée, carrée de 250 g

Pour la crème pâtissière
  • 250 ml de lait
  • 25 g de fécule de maïs
  • 3 jaunes d’œufs de taille moyenne
  • 80 g de sucre en poudre
  • 1 gousse de vanille
Pour la crème d’amande
  • 80 g de poudre d’amande
  • 80 g de beurre
  • 2 oeufs de taille moyenne
  • 80 g de sucre en poudre
Pour le glaçage
  • 1 blanc d’oeuf
  • 125 g de sucre clage
  • 1 cuillère à café de jus de citron
  • 175 g d’amandes effilées
  • Sucre glace
Le nom de cette pâtisserie viendrait de la couverture de praline ou de glaçage au chocolat ressemblant par sa forme au chapeau à bords relevés comme des jésuites.

Préparation de la crème pâtissière

  1. Dans une casserole, faire chauffer le lait avec la gousse de vanille fendue en deux.
  2. Dans un bol, mélanger les jaunes d’œufs avec le sucre en poudre et la fécule de maïs.
  3. Lorsque le lait commence à bouillir, verser sur le mélange jaunes d’œufs-sucre-fécule de maïs.
  4. Reverser la préparation dans une casserole et faire cuire à feu moyen en remuant sans cesse jusqu’à obtenir une consistance assez épaisse.
  5. Sortir du feu et mettre la crème dans un bol froid, couvert de film. Laisser refroidir.

Préparation de la crème d’amande

  1. Verser le beurre ramolli dans un saladier et ajouter le sucre en poudre.
  2. Fouetter jusqu’à obtenir une consistance de crème.
  3. Ajouter la poudre d’amande et les œufs.
  4. Bien mélanger jusqu’à obtenir une pâte homogène.
  5. Ajouter la crème pâtissière et bien mélanger pour obtenir une crème frangipane à la consistance homogène.

Montage

  1. Mettre la crème d’amande dans une poche à douille.
  2. Etaler la moitié de la pâte feuilletée sur un plan de travail légèrement fariné.
  3. Tracer des triangles sur la pâte feuilletée et découper.
  4. Humidifier le bord des triangles avec un peu d’eau.
  5. Garnir chacun des triangles de crème frangipane.
  6. Mettre la seconde partie de pâte feuilletée par-dessus.
  7. Souder les bords des triangles en appuyant légèrement avec les doigts.
  8. Disposer les triangles sur une plaque à pâtisserie couverte de papier sulfurisé en les espaçant.

Glaçage et finition

  1. Mélanger le blanc d’œuf avec le sucre glace et le jus de citron jusqu’à l’obtention d’une consistance homogène.
  2. Recouvrir le dessus de chaque triangle avec le glaçage.
  3. Saupoudrer le dessus d’amandes effilées.
  4. Préchauffer le four à 180°C.
  5. Enfourner durant 35 à 40 min jusqu’à obtenir une belle couleur dorée. Sortir du four, laisser refroidir et saupoudrer de sucre glace.

La prière en temps de crise

Avec la pandémie de Covid-19 et désormais la guerre en Ukraine, sans oublier les autres conflits qui sévissent continuellement sur la planète, l’humanité est particulièrement éprouvée. Face aux fléaux que représentent la maladie et la guerre, l’homme a de tout temps eu recours à la prière pour obtenir la guérison des malades ou l’apaisement des conflits. Le difficile contexte actuel nous pousse à revenir sur l’histoire de la prière et son application en temps de crise.

PAR SÉBASTIEN DEMICHEL | PHOTOS : PIXABAY, DR

Dans la prière le geste et la parole vont de conert.

La prière : sens et origines

Présente dans toutes les civilisations du monde, la prière comporte deux dimensions centrales. Elle peut être « un acte spontané, jailli du cœur de l’homme qui demande aide ou protection, ou qui remercie », mais aussi « une habitude ritualisée, codifiée dans une tradition qui recouvre des réalités bien différentes selon les époques et les cultures » (Michel Meslin). Le geste et la parole vont de concert dans la prière. Elle implique en outre une altérité. L’autre, en l’occurrence Dieu, est présent et écoute. La prière n’apparaît pas comme une simple conversation, mais elle implique la foi de l’orant.

Les Écritures nous éclairent sur l’histoire de la prière. Dans l’Ancien Testament, le peuple de Dieu entre déjà en dialogue avec lui par l’intermédiaire des prophètes, mais aussi par diverses formes de prière (psaumes, cantiques, hymnes et acclamations). Toutefois, c’est avec les Évangiles et l’exemple du Christ que la prière trouve véritablement son accomplissement. Le Christ apparaît comme un « pédagogue de la prière » (Marcel Metzger) : Jésus entre lui-même souvent en prière (sur la montagne en Luc 6, 12 et 9, 28, durant la Sainte-Cène en Jean 17, et même sur la croix, en Matthieu 27, 46, où il fait l’expérience de l’abandon). Mais le Christ enseigne également la prière. Puisqu’il faut toujours prier sans se décourager (Luc 18, 1), il transmet le Notre Père qui condense la pédagogie de la prière chrétienne.

La prière peut prendre des formes multiples : action de grâces, anamnèse (faire mémoire), profession de foi (reconnaissance et proclamation des qualités de Dieu), demande de pardon (dénonciation du mal) et supplication. C’est dans cette dernière catégorie que se situent les prières en temps de crise.

La prière peut prendre de multiples formes.
Eglise Saint-Pierre à Fribourg.

Épidémies et prière

Si l’Ancien Testament insiste sur la maladie comme châtiment divin, le Nouveau Testament préfère y voir la conséquence du péché originel et les guérisons du Christ déplacent la focale sur le soin et la miséricorde. Jésus guérit le paralytique (Marc 2, 1-12) et rend la vue à l’aveugle Bartimée (Marc 10, 46-52). Se fondant sur les actions du Christ, les premiers chrétiens prient déjà pour leurs frères et sœurs malades : « Sois propice, Seigneur, secours et guéris les malades. Commande aux maladies et soutiens ceux qui sont affaiblis » (Euchologe de Sérapion 7, 22).

Dans l’Europe de la fin du Moyen Âge et du début de l’époque moderne, les prières s’orientent principalement contre le terrible fléau que représente la peste. La messe Recordare, Domine, testamenti tui (Souviens-toi, Seigneur, de ton alliance) est instituée par le pape Clément VI en 1348 pour lutter contre la Peste noire. Par la suite, les prières contre la peste s’adressent à Dieu soit directement, soit par le biais d’intercesseurs à l’image de la Vierge Marie, de saint Roch ou encore de saint Sébastien.

La pandémie de Covid-19 est également l’occasion de nombreuses prières. Ainsi, le pape François lance un marathon de prière pour l’humanité blessée. S’adressant à la Vierge, il lui demande qu’elle « illumine les esprits des hommes et des femmes de science pour qu’ils trouvent les bonnes solutions pour vaincre ce virus ». Dans notre diocèse, la messe de la Toussaint 2020 était spécialement dédiée aux victimes du coronavirus et aux familles qui n’ont pas pu célébrer les funérailles comme prévu pendant le printemps.

La pandémie a été l’occasion de nombreuses veillées de prière notamment à l’église du Christ-Roi.

Une arme non violente en réponse à la guerre

Avec la peste et la famine, la guerre est le troisième fléau traditionnellement craint par l’humanité, comme en atteste une prière de la version primitive de la litanie des saints : A peste, fame et bello, libera nos domine (de la peste, de la famine et de la guerre, délivre-nous Seigneur).

Des prières pour la paix sont déjà attestées dans l’Antiquité, lorsque les chrétiens font face aux persécutions. Ainsi, durant la persécution de Dèce, l’évêque Cyprien de Carthage s’adresse à Dieu de la manière suivante : « Demandons que la paix nous soit bientôt rendue et que, rapidement, vienne le secours qui dissipera nos ténèbres et nos dangers […]. Qu’après les ténèbres vienne la lumière, après les orages et les tempêtes, une douce sérénité. » Pendant la guerre de Cent Ans, le seigneur poète Charles d’Orléans prie pour la paix qu’il qualifie de « vrai trésor de joie ».

L’éclatement de la guerre en Ukraine en février dernier suscite une importante vague de prière. À Fribourg, dans l’église du Christ-Roi, une veillée de prière en faveur de la paix en Ukraine réunit 300 fidèles. Considérant la guerre comme un « échec de la politique et de l’humanité, une capitulation honteuse, une déroute devant les forces du mal » (Fratelli Tutti, 261), le pape François prie la Vierge Marie dans un acte de consécration à son Cœur immaculé. Il lance en outre une journée mondiale de prière pour la paix, en invoquant Marie, Reine de la Paix, dans la basilique romaine de Sainte-Marie-Majeure. À ces prières s’ajoute la charité des fidèles. Les paroisses catholiques du décanat de Fribourg ont ainsi fourni à l’Ukraine des produits d’hygiène, de la nourriture, des vêtements ou encore du matériel médical grâce à la générosité des fidèles. La prière est donc secondée par les actes de charité.

Mère de Dieu et notre Mère, nous confions et consacrons solennellement à ton Cœur immaculé nous-mêmes, l’Église et l’humanité tout entière, en particulier la Russie et l’Ukraine. Accueille cet acte que nous accomplissons avec confiance et amour, fais que cesse la guerre, assure au monde la paix. Le « oui » qui a jailli de ton Cœur a ouvert les portes de l’histoire au Prince de la paix ; nous espérons que la paix viendra encore par ton Cœur. Nous te consacrons l’avenir de toute la famille humaine, les nécessités et les attentes des peuples, les angoisses et les espérances du monde.
Extrait de l’Acte de consécration au Cœur immaculé de Marie par le pape François (25 mars 2022)

Se marier pour la vie, une folie de nos jours, mais avec la foi on y croit!

PAR CLAIRE LAMON ET DAMIEN LUGON
PHOTO : DR

Chers lecteurs, nous sommes deux jeunes croyants qui nous adressons à vous afin de vous faire part de la joie et de l’espérance que nous avons en le mariage à l’Eglise !

Nous nous sommes rencontrés, il y a bientôt six ans, aux Journées Mondiales de la Jeunesse de Cracovie et sommes toujours, à ce jour, en contact avec le groupe de jeunes avec lequel nous sommes partis. Aujourd’hui, nous souhaitons prononcer un OUI éclairé sous le regard de Dieu.

Qui sommes-nous, si novices dans cette aventure, pour témoigner au sujet du mariage ? Une chose est sûre, à défaut d’avoir de l’expérience, nous avons la profonde conviction que le mariage est intimement lié à Dieu. En effet, quelle plus grande folie que de se marier au XXIe siècle ?

Nous nous sommes rapidement rendu à l’évidence qu’il était possible de nous laisser submerger par l’ampleur de l’organisation matérielle du mariage et de passer à côté de l’Essentiel. C’est pourquoi nous avons tenu à rencontrer fréquemment le prêtre qui célébrera notre mariage, afin d’approfondir les ques-tions de fond liées au sacrement.

La question de liberté nous a rapidement taraudés en évoquant la notion d’engagement définitif. Est-ce que la notion d’engagement peut rimer avec celle de liberté ? Quelle place laisser à la liberté de chacun tout en s’engageant pleinement à deux ?

A l’ère de l’apologie de la liberté (parfois prônée comme la préservation de tous les possibles et/ou l’absence de contrainte), est-ce vraiment rationnel de s’engager dans un parcours à deux pour la vie ? Nous en sommes désormais profondément convaincus !

En effet, nous avons, de par notre préparation au mariage, appris à appréhender cette notion de liberté sous un tout autre regard. Et si la liberté ne correspondait pas à l’absence de choix mais plutôt à la possibilité de choisir le bien (de l’autre et de soi, dans une réelle réciprocité) ? Et si cette dernière correspondait à prendre une décision afin de se libérer de l’emprise des doutes ? Et si être « pleinement libre » ou « libéré », ne consistait pas, justement, à s’engager avec la ferme volonté de tout mettre en œuvre pour entretenir notre couple ?

Ainsi, nous en sommes arrivés à la conclusion que l’engagement pouvait être pleinement source de liberté plutôt que d’enfermement, pour autant qu’elle soit appréhendée telle que proposée ci-dessus, ce qui nous a réjouis. Car oui, c’est quand même drôlement plus beau de percevoir l’engagement ainsi.

Nous sommes conscients de la beauté, mais aussi des défis que comporte le chemin sur lequel nous souhaitons nous engager. Par analogie, écrire cet article peut sembler aisé, et pourtant, cet exercice nous a permis de nous rendre compte de la taille de l’engagement que nous allons prendre. En effet, comment faire pour que cet article ne présente pas deux visions superposées l’une à l’autre mais bien une seule découlant des deux et traduisant les idées de chacun ? Cette question s’apparente drôlement aux défis de la vie de couple, notamment de par les ajustements qu’elle implique. En ce sens, nous imaginons bien que l’aide et la grâce de Dieu, couplées à une communication soignée, sont donc bienvenues et indispensables dans ce projet de vie tellement fou !

Pour conclure, nous espérons de tout cœur que l’Eglise et les croyants sachent accueillir tous les couples dans leur diversité, quelque soit leur parcours, pour les guider au mieux dans leur chemin vers Dieu, afin que Son message puisse toucher le plus grand nombre.

Merci à tous pour vos exemples de longévité dans le mariage et en union de prière !

Ordination de Frère Mathieu-Marie

Frère Mathieu-Marie a été ordonné prêtre le 19 juin dernier au couvent de l’Annonciation de Paris. Après quatre années passées au couvent Saint-Hyacinthe à Fribourg, il évoque son parcours et sa joie, toujours renouvelée, au service de l’Évangile.

PROPOS RECUEILLIS PAR CAROLINE STEVENS | PHOTOS : DR

« Nous devons semer la graine,  pas la thésauriser. »

Saint Dominique

Né en Alsace, Frère Mathieu-Marie est arrivé à Fribourg en 2018 pour réaliser un master en théologie à l’Université. Il rejoint l’équipe pastorale Notre-Dame deux
ans plus tard et participe à la préparation des enfants aux sacrements. Dans le cadre de cette fonction, il collabore régulièrement avec des laïcs et se réjouit du dialogue ainsi créé.

En tant que membre de l’Ordre des frères prêcheurs, Frère Mathieu-Marie donne tout naturellement la priorité à la prédication. Son ministère dans la catéchèse l’amène ainsi à jongler entre deux mondes : celui de la prière et de la contemplation, et celui de la vie active et séculière.

Un parcours singulier

Avant de découvrir sa vocation, le futur prêtre a vécu une vie riche de sens. Il évoque une scolarité compliquée avant de partir en internat et d’obtenir un baccalauréat en génie civil. Un BTS (Brevet de technicien supérieur) à Strasbourg lui ouvre les portes d’une grande entreprise en 2006. Il apprécie sa fonction de chef d’équipe, mais regrette les impératifs liés au domaine de la construction : les délais imposés, la rudesse des conditions de travail et le manque de minutie.

Malgré une situation matérielle confortable, il quitte l’Alsace en 2012 pour Chambéry. Son besoin de sens et sa soif d’apprendre l’amènent à suivre une formation professionnalisante en écoconstruction. Durant cette année, il fréquente la communauté du Chemin-Neuf, une communauté catholique à vocation œcuménique inspirée de la spiritualité ignacienne.

C’est à l’occasion d’un temps prolongé à l’abbaye des Dombes qu’il découvre une fraternité saine, exempte de séduction
ou de compétition. Il est heureux. C’est ainsi que Frère Mathieu-Marie (qui n’est encore « que » Mathieu) s’interroge sur la possibilité de vivre autrement… Finalement, il prolonge son séjour pour se consacrer à l’intelligence de la foi, la lecture de la Bible et la vie en communauté.

En 2014, Frère Mathieu-Marie rentre chez ses parents en Alsace. Il leur confie alors son désir de devenir religieux. S’ensuit une période de recherche et de discernement, durant laquelle il travaille dans la plomberie. Plusieurs intuitions l’amènent à frapper à la porte du couvent des dominicains. Il est déclaré regardant puis
postulant et ronge son frein en attendant d’être accueilli. Dans l’intervalle, un
temps de service civique au sein de la
communauté de l’Arche lui permet d’affermir ce choix. L’entrée au noviciat tant attendue a finalement lieu le 5 septembre 2015.

S’en remettre à Dieu

Au noviciat, Frère Mathieu-Marie découvre un nouveau rythme de vie. Il y pratique intensément la Lectio divina tout en s’engageant dans un ministère d’accueil à la prison de Strasbourg. Après une première année d’initiation, il renouvelle son engagement pour une durée de deux ans et s’installe à Lyon, où il débute des études en théologie. Une fois de plus, il se heurte au cadre académique. Il hésite, avant de réaliser que sa soif spirituelle et intellectuelle est inextinguible. Sa confiance en Dieu lui permet de lâcher prise. L’appel est désormais limpide, il s’en remet au Seigneur.

Un soir d’hiver, son chemin croise celui d’un jeune homme qui l’apostrophe : « Eh frère, tu bois une bière ? » Convaincu d’abord qu’il s’agit d’une blague, Frère Mathieu-Marie relève néanmoins le défi. Cette interpellation est le début d’une longue discussion au terme de laquelle ces paroles de Jean 7, 37 trouvent un certain écho : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. »

Frère Mathieu-Marie célébrera sa première messe le dimanche 3 juillet à 10h à l’église du Christ-Roi.

Frère Mathieu-Marie a été actif dans la préparation des premiers communiants, notamment ici à l’église Saint-Jean.

La prédication et le salut des âmes

Fondé par saint Dominique de Caleruega au XIIIe siècle, l’Ordre des frères prêcheurs – appelé plus communément dominicain, a pour mission de transmettre le message de l’Évangile et d’amener les hommes à Dieu. Cette famille religieuse accueille des frères, prêtres ou non, des sœurs contemplatives ou apostoliques ainsi que du tiers-ordre laïc. Les dominicains vivent en communauté au rythme de la liturgie. Ils partagent leurs biens, leur temps et leurs divers engagements apostoliques. La spiritualité dominicaine se veut à l’image du message porté par le Christ : simple, claire, directe et objective.

10e rassemblement romand du MADEP-ACE à Saint-Ursanne

 

TEXTE ET PHOTOS PAR FLORENCE CHERUBINI

C’est le 2 avril dernier que 203 enfants, membres d’équipes MADEP-ACE de la Suisse romande, se sont retrouvés dans la belle ville médiévale de Saint-Ursanne pour fêter les 80 ans d’existence de ce Mouvement d’Apostolat des enfants, issu de l’Action catholique.

Pour rappel, le Mouvement est toujours présent, sous différents noms, dans une quarantaine de pays à travers le monde (MIDADE), avec pour principale conviction que « Les enfants ont des droits et (qu’) ils peuvent participer à la construction d’un monde de justice et de paix où qu’ils soient »…

Mue par ce beau slogan, une petite délégation de six enfants a représenté notre secteur lors de cette journée imaginée et organisée par de jeunes Jurassiens.

Au programme : découverte de la ville à travers un jeu de piste, jeux dans l’esprit des joutes moyenâgeuses, partage d’un gigantesque gâteau d’anniversaire et célébration dans la magnifique collégiale. Le long voyage de retour nous a laissé le temps de partager nos impressions : tous ont apprécié de découvrir cette jolie ville, de s’essayer à un combat d’épée (en carton !), de se déguiser. Avoir eu l’occasion de rencontrer des enfants d’ailleurs leur a également fait sentir et vivre concrètement l’appartenance à une Eglise plus vaste que celle de leur clocher paroissial…

« Super chouette ! Formidable ! »

Se ressourcer

PAR VÉRONIQUE BENZ | PHOTO : R. BENZ

La fin de l’année pastorale est toujours riche en activités et en événements. Le Chemin néocatéchuménal a tenu sa grande mission à la fin du mois d’avril. Cécile Benelli nous partage cette magnifique aventure.

Le temps entre Pâques et la Fête-Dieu est traditionnellement marqué par les célébrations des premières communions. Plus d’une centaine d’enfants de notre décanat ont reçu pour la première fois l’Eucharistie. Retour en photos sur ces moments de grâce et de foi partagés.

De nombreux jeunes ont participé à Crossfire, un festival qui mélange allègrement foi chrétienne et décibels.

Frère Mathieu-Marie, dominicain, a eu la joie d’être ordonné prêtre le 19 juin au couvent de l’Annonciation de Paris. Il nous partage son parcours et la joie qu’il a eu d’œuvrer au sein de notre décanat.

Vous pourrez également découvrir le portrait d’Edward Mezger. Après plusieurs années comme cérémoniaire à la cathédrale Saint-Nicolas, il a quitté la Suisse pour poursuivre ses études à Munich.

L’actualité de cet été, c’est, hélas, toujours la guerre en Ukraine. Jean-Marie Monnerat a recueilli le témoignage d’un couple qui a accueilli une famille ukrainienne. Face aux fléaux que représentent la maladie et la guerre, l’homme a de tout temps eu recours à la prière pour obtenir la guérison des malades ou l’apaisement des conflits. Dans sa rubrique, Sébastien Demichel nous présente la place de la prière dans les temps de crise.

L’année pastorale touche à sa fin, les vacances approchent. Ce temps de repos et de ressourcement est nécessaire avant de repartir pour une nouvelle année pastorale, avec ses défis et ses nouveautés. Ils seront nombreux cet automne dans notre décanat, et vous seront annoncés dans le numéro de septembre-octobre.

En attendant, il est temps pour chacun de se reposer et de se ressourcer. La rubrique de Paul Salles « ma foi sur le web » vous propose des pèlerinages en ligne. L’abbé Arnaud Evrat nous rappelle l’importance de la fête de l’Assomption de la Vierge Marie. Le ressourcement passe aussi par la convivialité. Pour festoyer cet été avec vos amis, Yoana Aviolat, qui œuvre à la cure Saint-Nicolas, vous propose sa recette de flan tomate-poivron et sa sauce feta. C’est notre nouvelle rubrique « à la table des curés » !

Je vous souhaite une bonne lecture et un été reposant et ressourçant !

Course des servants de messe…

… de l’Unité pastorale Saint-Barnabé

PAR CARMEN GAMBA
PHOTO : CARMEN VORLET

Comme chaque année, la course des servants de messe a eu lieu le vendredi 27 mai 2022 (Pont de l’Ascension) afin de les remercier pour leur engagement au sein de nos 4 paroisses.

Rendez-vous leur est donné devant l’église de Payerne à 8h15 où un magnifique bus des Voyages Jean-Louis & Novabus nous attend ! 26 servants répondent présents à l’invitation et 7 accompagnants sont là afin de partager avec eux cette journée qui débute avec un superbe soleil.

Direction Grandson où nous avons réservé l’église Saint Jean-Baptiste afin de partager une messe. L’abbé Luc de Raemy sollicite les enfants pour la lecture et demande également leur aide pour servir la messe, il évoque de jolis souvenirs dans cette église où lui-même a servi étant enfant.

Nous poursuivons notre journée en nous dirigeant au bord du lac, vers une très jolie place avec table de pique-nique et jeux. Joli moment de détente pour chacune et chacun.

La sortie continue au Château de Grandson pour une quête médiévale où deux équipes s’affrontent dans une course effrénée à travers le château pour retrouver au plus vite le fameux trésor de Grandson. Nous terminons en beauté par la visite et des jeux de piste au Centre Pro Natura de Champ-Pittet à Cheseaux-Noréaz.

La journée a été riche et nous marchons bien lorsque le signal du retour est donné à 17h15. Nous sommes ravis de retrouver notre bus afin de rentrer tranquillement à Payerne où nous arrivons aux alentours de 18h.

Chers servants, merci de répondre toujours présents pour animer et rendre encore plus vivantes nos messes. Vous amenez de la spontanéité et de la joie à nos célébrations. Ce service à Dieu et à l’Eglise vous et nous aide à aller à la rencontre du Seigneur avec amour et tendresse.

Toute l’équipe des servants de messe remercie chaleureusement la paroisse de Fétigny-Ménières, plus précisément l’équipe organisatrice de la sortie : Mmes Marlyse Ansermet, Claire Michel et Carmen Gamba. Un merci aussi à tous les accompagnateurs et accompagnatrices de nos paroisses qui ont consacré leur journée pour être aux côtés des jeunes.

Vivre un pèlerinage en ligne

Dernier volet de notre série M@ foi sur le web, consacrée aux moyens digitaux pour vivre sa foi. Et puisque vient l’été, et qu’avec lui ce sont les souvenirs de voyages qui réapparaissent, découvrons qu’il est aussi possible de vivre un pèlerinage devant l’écran de son smartphone.

PAR PAUL SALLES | PHOTOS : VISITE-PANORAMIQUES.COM, SINOD.FR

Alors, oui, les puristes vont crier au sacrilège, car on est loin de l’expérience fondatrice des pèlerinages médiévaux où, par pénitence, on partait de chez soi pour rejoindre à pied Saint-Jacques-de-Compostelle, Rocamadour, le Mont-Saint-Michel, Rome ou Jérusalem. On conçoit vite
que l’effort physique ne sera pas le même, l’expérience humaine ne sera pas la même, mais seront-ils inexistants pour autant ? Quant à la conversion spirituelle, qui dépend tout autant de l’action de l’Esprit Saint que des kilomètres parcourus, est-elle rendue insignifiante par l’immédiateté de l’écran ? Il faut le concéder, il manque beaucoup d’ingrédients à un pèlerinage virtuel pour qu’il soit un vrai pèlerinage, mais il peut tout de même servir de support à une vraie expérience spirituelle.

C’est surtout durant la phase de pandémie en 2020-2021 que le pèlerinage virtuel s’est développé : puisqu’il n’était plus possible de partir loin de chez soi, on pouvait essayer de s’échapper virtuellement.

La première manière de vivre un pèlerinage, qui est peut-être la moins élaborée, est d’effectuer des visites virtuelles de lieux de pèlerinage. Ainsi, les cathédrales de Saint-Jacques à Compostelle, celles de Chartres, du Puy-en-Velay, ou les sanctuaires de Conques, Rocamadour et le Mont-Saint-Michel sont virtuellement visitables sur le site www.visites-panoramiques.com, ou www.360cities.net Dans la même idée, on peut visiter toutes les basiliques de Rome, la chapelle sixtine ou les musées du Vatican sur le site www.rome-roma.net. Mais avec cette solution, il s’agit davantage d’une visite que d’un pèlerinage.

Certains sanctuaires, comme Lisieux par exemple, offrent la possibilité de traverser un itinéraire sur les pas de sainte Thérèse à travers six modules en vidéos (www.carmeldelisieux.fr).

Les sanctuaires de Lourdes ont élaboré en 2020 et 2021 le pèlerinage mondial et digital à Lourdes nommé Lourdes United, et qui visait à proposer sur la journée du 16 juillet (dernière apparition de la Vierge à sainte Bernadette), des temps de prière en plusieurs langues, des témoignages, des conférences, la possibilité de déposer un cierge ou une intention de prière à distance. Bref, un mini-pèlerinage sur une journée. La levée des mesures sanitaires a permis la reprise des pèlerinages sur le site, mais il reste toujours la possibilité de suivre à distance les temps de prière
qui ont lieu à la grotte de Massabielle ou de déposer une intention de prière.

Pour ceux qui ont toujours voulu partir en Terre Sainte, mais qui redoutent la chaleur, vous pouvez suivre le Mooc (cours en ligne) proposé par le collège des Bernardins à Paris. Bible en main, il vous conviera à un voyage virtuel à Bethléem, sur les rives du lac de Tibériade et jusqu’au saint-Sépulcre. Grâce au support de vidéos tournées sur place à l’été 2021 et à un programme de cours (lectures bibliques, commentaires, exercices, …) réparti sur quinze semaines, il est possible de goûter un peu de l’expérience unique que vivent tous les pèlerins en Terre Sainte : lire la Bible, en la découvrant à travers les paysages où elle a été écrite et vécue. Ce cours a été donné en ligne au printemps 2022, et sera disponible (en archives) à partir de l’automne 2022.

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