Par Catherine, Christine, Cornélia, Emmanuela Photos : Catherine Soldini et Missio
Une bonne vingtaine d’enfants ont été envoyés en mission sur la route de nos villages pour aller chanter la Bonne Nouvelle et soutenir les enfants défavorisés d’Indonésie.
Après avoir entendu le récit de la Nativité… les enfants sont restés en silence devant la Crèche où ils ont déposé toutes leurs intentions dans le Cœur de Jésus.
Ils étaient heureux de partir en petits groupes pour bénir les habitants de certains quartiers et recueillir des dons pour soutenir les enfants ! Ils n’ont pas pu aller partout mais ont laissé des bénédictions au fond des églises.
Ils ont récolté la belle somme de Fr. 1309.– (plus Fr. 182.– pour Vuisternens) qui ira pour les enfants en difficultés en Indonésie. Il s’agit notamment du projet de la Fondation Arek Lintang (ALIT) qui œuvre depuis plus de vingt ans dans l’accompagnement des enfants victimes de violence ou en danger. ALIT est l’un des 200 projets soutenus dans le monde par l’action des Chanteurs à l’étoile 2023 dans les domaines de la protection de l’enfance, de la formation, de la nutrition et de la santé.
Pour la messe de retour, une célébration a été organisée à l’Abbaye de Saint-Maurice le 8 janvier 2023, pour tous les Chanteurs à l’étoile de Suisse romande, une petite délégation de nos villages s’y est rendue.
Merci infiniment pour l’accueil et la générosité de tous. Merci aux parents qui ont accompagné les groupes. A l’année prochaine !
Constituée en association, l’Eglise catholique romaine-Genève (ECR-Genève) doit s’assurer de trouver les ressources financières nécessaires qui lui permettent de remplir sa mission pastorale et sa bonne gestion administrative. Son secrétaire général, Dominique Pittet, a accepté de nous octroyer un entretien « sonnant et trébuchant » afin de comprendre comment une Eglise sans soutien de l’Etat subvient à ses besoins.
Par Myriam Bettens | Photos : Jean-Claude Gadmer
Lorsque vous êtes entré en fonction auprès de l’ECR-Genève en 2008, celle-ci enregistrait un résultat très déficitaire. De quelle manière avez-vous redressé la barre ? Plusieurs pistes ont été suivies. La première visait à professionnaliser la recherche de fonds et de faire beaucoup plus régulièrement des appels aux dons. L’autre partie concernait la mise en valeur du patrimoine mobilier – par des placements ciblés – et immobilier de l’Eglise par des investissements dans ce domaine.
Pas d’impôt ecclésiastique ni de subventions étatiques. De quoi l’ECR-Genève vit-elle ? Elle vit maintenant de ces trois poches, la plus importante étant celle des dons, qui permettent bon an mal an le maintien de l’équilibre financier.
Les catholiques genevois ont-ils conscience de cela ? Je crois qu’ils en sont conscients, d’autant plus que nous leur écrivons régulièrement (rires). Encore aujourd’hui, soixante pour cent du financement de l’ECR provient des dons, bien que nous rencontrions une diminution de ceux-ci de l’ordre d’un million par an, par rapport à il y a cinq ans. Les catholiques sont habitués et ont pris conscience que pour que leur Eglise vive, elle a aussi besoin d’argent.
Vous venez d’évoquer une diminution de dons d’un million chaque année. A quoi l’attribuez-vous ? Les causes sont multiples. Une partie de nos donateurs est âgée, voire même décédée et la nouvelle génération fonctionne différemment de ses ainés. La contribution ecclésiastique volontaire, ressentie comme une obligation par nos parents et grands-parents, ne l’est par exemple plus aujourd’hui.
Justement, la place de l’Eglise dans la société a considérablement changé. Cela se ressent donc aussi financièrement parlant ? Nous avons dû changer l’angle de nos recherches de fonds en mettant beaucoup plus en valeur l’ensemble de nos activités et les personnes qui s’y emploient. La nouvelle génération de catholiques se sent « appelée » par le financement de projets concrets, alors que l’ancienne donnait principalement pour le salaire des prêtres.
Dans quelle direction allez-vous pour solidifier les finances de l’ECR-Genève ? Le projet de Maison d’Eglise fait partie de cet avenir. Les gens y sont très sensibles. Ils y ont vu une vraie ouverture de l’Eglise sur l’extérieur avec des possibilités d’accueil et de rencontres. Ce projet est donc très important pour améliorer la visibilité de l’Eglise tout comme l’aspect dons. D’un point de vue immobilier, nous avons plusieurs chantiers en cours : les revenus immobiliers étant les plus pérennes. Nous prospectons actuellement dans le domaine des legs et souhaitons devenir un peu plus avant-gardistes en la matière. Cela, afin de proposer aux personnes qui nous lèguent leur argent d’investir dans un projet qui leur parle.
La laïcité implique un retrait de l’Etat dans le financement de l’ECR. A-t-elle également des avantages ? Le grand avantage par rapport aux autres cantons, c’est que nous sommes libres et cette liberté n’a pas de prix ! Il y a une séparation financière avec l’Etat, mais le lien social avec lui est par contre bien présent. Et ça, c’est aussi inestimable.
Bio express
Dominique Pittet est le Secrétaire général de l’Eglise catholique romaine-Genève depuis 2008. De formation commerciale, il exerçait auparavant dans le secteur juridique des assurances. l’ECR-GE étant constituée en association, Dominique Pittet dépend donc du comité de celle-ci tout en maintenant un lien direct avec la Représentante de l’Evêque pour Genève. Par ailleurs, ce « bras administratif » de l’Eglise assume le versement de 115 salaires et repose, encore aujourd’hui, en grande partie sur la générosité des catholiques genevois et de la gestion de son patrimoine.
Suite à un incendie, l’église du Sacré-Cœur au centre de Genève sera transformée en Maison d’Eglise et devrait accueillir à terme le nouveau siège de l’ECR.
Par Fabienne Gigon, représentante de l’évêque à Genève | Photo : cath.ch
Chère Lectrice, cher Lecteur,
L’artiste Stromae a l’art de surprendre par la dichotomie entre sa musique aux accents pop et les paroles, qu’il compose et chante. Il relève en effet des réalités humaines difficiles, jeux de mots et rimes à l’appui, sur un rythme allant et définitivement dansant.
Le tube n’est pas nouveau, cependant voilà qu’une fois de plus, j’écoute les paroles émanant de ma radio et suis bouleversée de toutes les situations et personnes évoquées par le titre « Santé ».
Démarrant par une sorte de chassé-croisé entre le monde de la nuit dont profitent les noceurs et les personnes qui y travaillent – au service, au vestiaire, … – le chanteur nous emmène ensuite visiter les employés de nettoyage et de la vente au bar, énonçant certaines réactions hautaines auxquels ils doivent faire face. A chaque fois est scandé le refrain « Célébrons ceux qui ne célèbrent pas, j’aimerais lever mon verre à ceux qui n’en ont pas ». Dans la suite de la chanson, il étend encore son énumération aux professions aux horaires irréguliers et de nuit, et à ceux qui ne peuvent, pour diverses raisons, dormir la nuit, et n’ont donc « pas le cœur aux célébrations ».
Que l’on apprécie ou non cette musique, là n’est pas la question. Je salue le courage de l’artiste, qu’on a souvent comparé à Jacques Brel – d’ailleurs lui aussi belge – d’oser des paroles vraies, de dépeindre les travers de notre société, et ce à contre-courant des couplets faciles si souvent dans nos oreilles – celles de la génération X et suivantes en tout cas –. C’est sans doute le son innovant de sa musique qui marque son succès à large échelle. Certaines personnes se déhanchant en boîte de nuit sur son rythme enjoué n’en écouteront peut-être jamais les paroles. Qu’importe, certains le feront et réfléchiront peut-être à la manière dont ils abordent le personnel et quelle reconnaissance ils leur offrent. Stromae joue sa part dans l’avènement d’un monde meilleur. Cela force mon admiration, et m’élance en action de grâce face au Seigneur qui donne soif de justice et les charismes pour y travailler. Oui, heureux les assoiffés de justice, car ils seront rassasiés (Mt 5, 6) !
Quant à moi, je me réjouis que « nos célébrations » permettent toujours un temps pour prier pour le monde – grâce aux prières universelles notamment – et formule un souhait de prendre plus souvent dans ma prière personnelle ces situations difficiles toutes proches de mon quotidien.
Avec l’artiste, je lève mon verre (tisane d’allaitement dans mon cas !) à vous toutes et tous ainsi qu’à ceux qui en sont privés. Par la prière, en passant par la musique et la danse aussi, à votre santé !
Rire, bonheur, joie et découvertes… Quatre mots-clés qui résument parfaitement cette merveilleuse semaine.
Nous avons quitté la Suisse un samedi soir ensoleillé à bord d’un car avec un sympathique chauffeur qui nous a accompagnés durant tout le voyage, afin que nous puissions nous déplacer au sein de la ville.
La préparation au voyage se faisait depuis plus d’un an. Les servants ont participé à diverses sorties organisées par l’UP ainsi que ses animateurs qui ont proposé de chouettes activités pour entrer petit à petit dans l’univers de Rome.
La ville d’Assise
Nous nous sommes réveillés dimanche matin au bas de la colline de la célèbre ville italienne d’Assise, connue pour être le lieu de naissance et de mort de saint François.
Dans cette ville, nous avons été répartis par petits groupes, chacun géré par deux animateurs-accompagnants. Nous avons pu visiter les églises ainsi que la jolie vieille ville. Nous avons partagé ensemble le dîner sur une belle place avant de reprendre la route pour Castel Gandolfo, où nous avons été chaleureusement accueillis par les Focolaris du Centre Mariopoli, notre lieu de résidence durant notre séjour.
Rome
Nous avons partagé quelques activités avec les Focolaris (témoignage, visite des jardins et de la résidence secondaire du Pape), mais nous avons passé le plus clair de notre temps dans la ville de Rome et dans la cité du Vatican. Nous avons visité de célèbres bâtiments comme le Colisée, le Forum romain, la Fontaine de Trevi, le Panthéon, la Basilique Saint-Paul-hors-les-murs, la Basilique Saint-Pierre avec sa coupole et les bâtiments de la Garde suisse. Lors de l’audience papale du mercredi, nous avons eu la chance de nous trouver tout proches du Pape, et d’être pris en photo avec lui (photo de couverture) ! Certains jeunes servants ont eu la chance d’être choisis pour se déplacer sur la place Saint-Pierre avec lui, dans sa papamobile : un moment riche en émotions.
Ces longues journées sont pour sûr inoubliables !
A côté de toutes ces visites, nous avons eu du temps pour nous, mais aussi pour grandir sur notre chemin de foi. Nous avons participé à des messes, prié et chanté dans le car notamment avec l’aide du Père Robert qui nous a accompagnés pendant toute la semaine.
Ce voyage-pèlerinage est une belle récompense pour notre service à l’autel : rire, bonheur, joie et découvertes… Merci à toutes les personnes (fidèles et autorités paroissiales) qui ont permis, par leur soutien, que cette aventure ait lieu.
PAR JUDITH BALET HECKENMEYER
PHOTOS: JUDITH BALET HECKENMEYER, FRANK JULLIARD
Lorsque ce terme est évoqué, de suite vient à l’esprit le sujet du célibat des prêtres. Mais vivre avec quelqu’un au quotidien est-il gage de ne pas ressentir de la solitude? Même au milieu d’une foule, il est possible de ressentir une solitude extrême.
Mais la solitude peut aussi être une bénédiction, car elle permet de mieux se relier au fond de son être. Jésus n’est-il pas parti pour 40 jours dans le désert avant sa grande épreuve ?
Certains religieux vivent en communauté, mais bien souvent les prêtres vivent seuls.
Ils ne manquent certainement pas d’occasions de réunions, de conseils de tous ordres, de rencontres privées avec leurs paroissiens, mais la fonction qu’ils occupent mettrait-elle une barrière à de solides relations amicales, ou à oser demander de l’aide ?
Lorsque des difficultés surviennent dans la vie d’un prêtre, vers qui peut-il se tourner pour partager ? Comment se fait-il accompagner lorsque de grandes remises en questions le taraudent ? Car il ne doit pas toujours être facile d’accueillir les souffrances des autres, de porter leurs malheurs, de les accompagner dans la peine, les deuils, les maladies, leur propre solitude. Comme pour tous les frères humains, les prêtres ne sont pas à l’abri des dépressions, des dérapages (dont l’opinion publique avide de scandales se délecte tant actuellement), des suicides. Bref, des maux qui touchent au fond tous les êtres humains. Et lorsqu’il y a maladie, dans la fin de vie, la solitude leur est-elle plus grande encore ?
Ce n’est que lorsque la solitude est pesante, qu’il est nécessaire de la rompre. Pour aider, il faut une demande. Pour répondre, il faut une question.
Il est donc de la responsabilité de chacun, prêtre ou non, de chercher de l’aide, des soutiens lorsque la solitude devient difficile à vivre ! De même que lorsqu’elle est nécessaire, bienvenue ou appréciée, de la savourer avec délectation.
PAR ROMAINE CARRUPT
PHOTO: PHOTO VAL, ST-PIERRE-DE-CLAGES
Le sentiment de solitude ne doit pas fermer le cœur mais l’ouvrir. Le Seigneur appelle à la vie consacrée celui qui garde son cœur ouvert. « »Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.» (Mt 4, 19-20). C’est dans le discernement et en expérimentant des instants de silence dans la solitude de la prière que l’appel prend sens.
Un cœur détaché de soi-même, débarrassé de tout attachement, peut apporter le sens de la solitude, l’ouvrir au désir d’en vivre régulièrement. Un cœur vide se remplit de Dieu et le rend disponible pour aimer comme Jésus nous le demande.
L’amour divin conjugué à l’amour humain est la rencontre au centre de nous-mêmes. Le mystère de la solitude permet d’atteindre la liberté du cœur, il s’ouvre à Dieu et aux hommes.
Le pape François invite les prêtres qui vivent des périodes de ténèbres à ne pas se replier sur eux-mêmes. Il les invite à sortir d’eux-mêmes, à rayonner la joie, à aller vers le monde et apporter la lumière de Dieu qui est en eux pour rejaillir sur le peuple.
Dans le monde actuel du tout, tout de suite, poser des temps de cœur à cœur avec le Seigneur offre une respiration dans la solitude pour libérer le cœur et l’ouvrir à l’abandon, au lâcher-prise, et permettre à Dieu d’œuvrer en nous.
Vivre le célibat dans l’amour du Seigneur ne ferme pas l’accès aux véritables amitiés. C’est l’ouverture à la découverte de pouvoir aimer quelqu’un pour ce qu’il est, comme le Christ l’a aimé, et ainsi s’épanouir au-delà de l’érotique et du charnel.
Le besoin de relations humaines est légitime, Dieu est Dieu, il peut sembler parfois éloigné. Le confrère, le collègue, une personne avec laquelle nous sommes liés par une amitié profonde, avec laquelle nous partageons une véritable amitié spirituelle dans un dialogue chaste et constructif peut combler ce besoin.
PAR DANIÈLE CRETTON-FAVAL | PHOTO: ALPHONSE DARBELLAY
En ce temps-là, comme Jésus marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon appelé Pierre, et son frère André occupés à pêcher. Il leur dit: «Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. Aussitôt laissant leurs filets, ils le suivirent, et il les envoya pour que se répande la Bonne Nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre.»
Comme eux, le prêtre s’est senti appelé, un jour, et il a répondu « oui ». Il a fait don de sa vie, qui englobe son avenir, ses facultés, ses joies, ses souffrances, ses rêves de foyer, enfin, l’offrande totale de son soi. Le prêtre accepte cet « Allez » de Jésus avec les scénarios et les défis toujours inconnus de cette vocation au service de Dieu et des autres.
Le prêtre vit aujourd’hui dans une société où les inquiétudes sont nombreuses, avec ce sentiment de ne plus être entendu, lorsqu’il parle d’évangélisation. On pourrait affirmer avec Isaïe : « Qui a cru, Seigneur, en nous entendant parler de toi. » Hélas, souvent, la Bonne Nouvelle se dilue dans les forces incontrôlables dues à la fuite en avant de la mondialisation, de l’économie, des technosciences, des médias, des réseaux sociaux, de la perte de notre culture judéo-chrétienne, qui fut à l’origine de notre démocratie, et résultat : ce tout amalgamé vient nous embrumer le cœur et l’esprit.
Le prêtre, en plus de semer le riche trésor de la Parole avec foi, pour faire croître le Royaume de Dieu ici-bas, doit encore trop souvent avoir des facultés entrepreneuriales pour que la paroisse fonctionne bien dans ses besoins et services matériels qui sont nombreux en ce temps de complexités tout azimut.
Le prêtre, comme le dit notre pape François, est celui qui doit veiller jalousement à ne pas se laisser voler l’enthousiasme missionnaire, la joie de l’Evangile et l’espérance ! Il est chargé de nous arracher au pessimisme ambiant, et nous aider à reprendre conscience des trésors et des ressources contenus et offerts lors de la célébration de l’Eucharistie, par les sacrements et dans les Evangiles. Semer, ressemer sans fin la Parole par l’écrit, par la voix, par la patience, tel est le charisme du prêtre. Servir et encore et toujours servir dans la fidélité à la Parole donnée le jour de l’ordination, dans un combat personnel que la vie impose.
Le prêtre, il est vrai, reçoit la grâce et la miséricorde du Père pour être son disciple, et que Sa Grâce est toute-puissante, mais, j’ose penser quand même que « prêtre » est un sacré job !
Pour conclure : revisitons la prière que sainte Faustine a reçue de Notre Seigneur : « Aujourd’hui, amène-Moi les âmes sacerdotales et religieuses ; immerge-les dans mon Insondable Miséricorde. Elles m’ont donné la force d’endurer ma douloureuse Passion ; c’est par elles, comme par des canaux, que ma Miséricorde et mon Amour se déversent sur l’humanité souffrante. »
D’après le dictionnaire, est solitaire non seulement celui qui est seul par obligation, mais aussi celui qui aime à être seul ou à vivre seul par désir ou par besoin. La solitude est donc l’état d’une personne seule, retirée du monde, qui la subit ou qui la cherche.
Je l’imagine pourtant comme une personne tout de noir vêtue : elle me rencontre lorsque je suis vulnérable, lorsque je n’ai pas pris le temps de méditer la parole de Dieu, ou encore de prier l’Office divin.
Elle est ingrate, sournoise et elle se trouve cachée quelque part en moi. Je n’ai pas de remède infaillible, ni de médicaments, aucune potion… rien si ce n’est de me remettre en route et de retrouver la puissance de la prière et de l’Evangile dans le quotidien de ma vie ! ou encore de me laisser faire par Dieu.
C’est Jean Rostand qui a dit : « Etre adulte, c’est être seul ! » On ne le dira jamais assez fort : cette solitude-là peut être féconde et enrichissante quand elle est choisie, souhaitée, voulue, à l’instar du Maître qui aimait à se retirer loin de la foule, pour méditer et prier.
Un temps pour soi par Bruno Sartoretti
Photo: Camp Biblique Œcuménique de Vaumarcuse
Est-il bien judicieux de parler de la solitude du prêtre ?
Le ministère qui nous est confié nous invite à la rencontre des personnes de la communauté afin de répondre à leurs désirs spirituels. Et ils sont nombreux ces désirs, et variés. Pour mieux réaliser la mission, il faut sortir des sentiers battus, de nos églises bâtiments afin de rencontrer l’Eglise vivante, donc prendre le temps d’aller en commissions au village, de prendre un café avec une personne rencontrée sur le chemin, de prendre le temps de discuter, … Il n’y a pas de sentiment de solitude, mais plutôt un sentiment de vie partagée, d’accompagnements mutuels, de soutiens et d’échanges comme dans une grande famille.
Mais il faut aussi des temps pour soi. Des temps pour se ressourcer, pour prier, pour lire la Parole de Dieu,… Des temps pour prendre soin de son corps afin de garder une santé qui permette les rencontres. Si ces temps demandent une certaine solitude, ils sont surtout des temps pour mieux vivre ensemble.
La solitude du prêtre n’est pas un poids qui m’opprime, mais des temps qui m’invitent à mieux préparer la vie de la grande famille de Dieu. La solitude n’est pas un temps où je me sens persécuté ou oublié, mais un temps que je mets à profit pour mieux laisser la place à Dieu, pour qu’Il puisse mieux vivre en moi afin que je puisse mieux le proclamer et en témoigner plus.
Merci donc à vous, les paroissiennes et paroissiens, qui êtes de ma famille. Vous me donnez beaucoup d’espoirs et d’envies par vos paroles et vos présences, par vos bonjours et vos questions, par vos sourires et vos saluts. Merci de faire de moi un homme debout, ressuscité, parce que vous me donnez la présence qui supprime la solitude.
La solitude par Robert Zuber
Photo: Robert Zuber
La solitude je l’ai vraiment rencontrée au moment du Covid où elle est devenue très négative, lourde et presque invivable. Il a fallu l’apprivoiser en donnant un sens à cette nouvelle réalité. Cela a été possible car j’ai osé ouvrir mon cœur à des proches et à un frère prêtre.
Ce qui m’a tenu et qui me pousse à continuer mon ministère dans la joie et la confiance ce sont tous les regards échangés, les sourires, les partages et les rencontres. Et aussi tous ces moments de prière, de célébration, de méditation de la Parole.
Pour moi l’essentiel c’est de rester en relation avec Dieu et avec les autres, c’est aussi la certitude que Jésus conduit son Eglise, les communautés et donc mon ministère.
Aujourd’hui la solitude est un chemin que je prends avec Jésus et Marie, en communion avec celles et ceux qui peinent et qui sont en souffrance.
J’ai encore mieux saisi qu’au cœur de ma solitude, il y a une Présence d’amour qui m’invite à m’ouvrir à Lui et aux autres pour mieux vivre et pour mieux aimer.
Apprivoiser la solitude par Rémy Delalay
Photo: Rémy Delalay
Durant mes 20 années de vie monastique, j’ai appris à apprivoiser la solitude. Comme dans ma cellule monastique, je n’ai à la maison ni radio ni télévision. Le silence à la maison apaise et aide à écouter son cœur et l’Esprit qui parfois se manifeste. J’ai l’habitude des repas en silence et du travail solitaire. Le silence extérieur n’est pas synonyme de solitude intérieure. Bien au contraire, il aide à porter ses proches et le monde dans la prière et les laissent se rendre présents par la communion des saints. Je ne me sens ainsi pas seul.
Dans le ministère, je suis bien entouré par les Conseils de communauté et les Conseils de gestion des différentes paroisses dont j’ai la référence. Les catéchistes, les sacristains et sacristines sont aussi importants et je les rencontre très souvent. On partage toujours un moment fraternel avant les célébrations.
Paradoxalement, c’est quand je suis avec beaucoup de monde que je peux me sentir très seul. Quand l’église est pratiquement pleine et que presque personne ne répond, quand je dois prier le Notre Père pratiquement seul au micro, alors oui, je me sens horriblement seul et triste. Quand je me suis retrouvé plusieurs fois à la messe de semaine seul avec la sacristine, alors oui, je me sens seul et triste. Ces moments sont des instants dans le brouillard, comme sur la photo, mais ils ne durent pas longtemps car le soleil brille en dessus. Et autour de moi, bien des personnes ont des fardeaux bien plus lourdes à porter.
PAR L’ ABBÉ LÉONARD BERTELLETTO, CURÉ
PHOTO: RAPHAEL DELALOYE
«Il n’est pas bon que l’homme soit seul» (Ge 2, 18) dit Dieu dans le premier des livres de la Bible, le livre de la Genèse. Selon saint Paul, l’apôtre est «mis à part» pour exercer sa mission. Comment concilier ces deux injonctions de l’Ecriture? L’Eglise latine a tranché depuis longtemps, imposant à ses ministres la loi du célibat sacerdotal. Le prêtre est un homme «seul». Ainsi le veut la Tradition. De plus, la communauté, les confrères, ne sont plus aussi porteurs qu’auparavant.
Souffre-t-il parfois de solitude ? Morale, affective ? Poser la question, c’est y répondre. Une disponibilité plus grande est sans conteste laissée à qui choisit cette façon de vivre. Il y a des prêtres qui ne comptent pas leur temps. Mais d’immenses difficultés surgiront dans l’existence de ces hommes seuls si l’équilibre n’est pas trouvé. L’histoire de l’Eglise est affligée d’incessants problèmes à ce propos, de scandales, même. Ces comportements déviants n’évangélisent personne.
Dans l’Eglise de Rome, on ne sait, on ne veut résoudre ces problèmes récurrents. On préfère que l’Eglise se meurt et se suicide petit à petit plutôt que de réformer ce qui doit l’être. Que restera-t-il de notre Eglise d’ici 20 ans ? J’imagine – mais qui suis-je pour me permettre un avis sur la question – l’existence d’un clergé marié, sur le modèle de celui qui anime les paroisses de l’Eglise d’Orient, ce qui n’empêcherait pas que des prêtres célibataires déploient leur charisme, dans le cadre de communautés fraternelles suivant une règle.
Vivons dans la sérénité et l’harmonie, quel que soit notre état de vie, en cultivant l’essentiel, notre foi en Jésus-Christ, dispensateur de vie et d’amour. Que celui-ci comble chacun !
Par vœu, par choix ou par nécessité, la solitude se vit comme une compagne agréable ou comme une souffrance au quotidien. Que ce soit le jeune en recherche de partenaire pour la vie ou la personne âgée ayant perdu son conjoint, nombreux sont ceux qui expérimentent le silence et l’absence à la place d’une relation suivie et complémentaire. Au moment où ce thème est abordé dans la rubrique «éclairage» de notre magazine, il nous a semblé important de donner la parole aux prêtres qui desservent notre secteur pour qu’ils partagent avec nous quelques réflexions sur leur «solitude».
Par l’Abbé Gildas tchibozo
Dire que le prêtre est seul, cela me dérange un peu ; et pourtant, c’est quelquefois la réalité.
Au sens théologique du terme, il est bien vrai que le prêtre n’est jamais seul. Avant de s’en aller vers son Père, Jésus faisait cette promesse aux disciples: «… Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.» (Mt 28, 20)
Par ailleurs, l’Apôtre Paul affirme dans sa Lettre aux Galates (5, 20): «Si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi.» Donc, en réalité, le prêtre ne devrait jamais se sentir seul ou solitaire. Il est sans doute isolé, du fait qu’il incarne une réalité, que je qualifierais de «mystique», qui gêne les gens de notre époque.
Me sentir seul et isolé, oui, cela m’est pourtant arrivé plusieurs fois ! Je donne juste deux témoignages.
Le premier, c’est quand on m’affecte pour aller d’une paroisse à une autre. Là, je me rends compte que je suis seul, et que je dois y aller seul !
Le deuxième témoignage, c’est surtout après les grandes célébrations paroissiales. L’église est remplie de fidèles (à la sortie de la messe, les paroissiens attendent volontiers pour des échanges, ou même pour l’apéro). Mais, quelques minutes après, la paroisse est vide et je me rends compte que je dois retourner seul à la cure, dans ma chambre. Malgré la présence des confrères prêtres, je me sens seul ; et c’est sans doute aussi leur ressenti. Chacun se sent seul face à lui-même. Néanmoins, en reprenant mes esprits, je culpabilise de me laisser gagner par un tel sentiment, alors que j’ai pleinement conscience que le Christ est en moi et il est avec moi de façon permanente, que j’appartiens à un corps sacerdotal, à une famille biologique, et aussi ecclésiale qui m’entourent. Pourtant, je suis seul ! Alors, j’ai compris il y a fort longtemps que la solitude du prêtre ne se trouve pas dans le fait de son état de vie, comme célibataire, mais plutôt dans son état d’être, en tant que configuré au Christ, seul à Gethsémani, seul sur la croix. Depuis lors, je vis ma solitude avec beaucoup de joie, surtout grâce à la bienveillance des paroissiens qui comprennent mes limites humaines.
Par Joseph Voutaz
Pour moi il y a une bonne et une mauvaise solitude.
La mauvaise solitude correspond à l’isolement et à la fatigue. Elle est un cercle vicieux qui me plonge dans l’activisme. Même si je croise du monde, le cœur reste vide. Le remède consiste à prendre du temps en face de Dieu pour lui confier ma vie et mon cœur.
La bonne solitude correspond au ressourcement. Dans mon ministère, je croise tant et tant de visages que j’ai parfois besoin de prendre du recul. Etre seul, prendre du recul, prier, ça fait du bien : Jésus prenait lui même des temps prolongés de prière.
J’ajoute que la vie communautaire (pas toujours facile cependant !) est un cadeau inestimable qui fait que je ne me sens jamais vraiment seul !
Par René-Meinrad Kaelin
En complément des articles de Joseph et de Gildas, qui parlent davantage de leur vécu, je vous donne un regard vertical, spirituel sur la solitude du prêtre.
Par rapport à tant et tant de personnes qui vivent dans une profonde solitude et qui en souffrent tant et plus, je pense que la solitude du prêtre est très différente.
D’abord, elle est CHOISIE : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure, afin que ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne. » Cette solitude n’est pas stérile… elle nous permet de porter du fruit et d’être écouté-exaucé par le Père.
Cette solitude est HABITéE. Le prêtre, fidèle à son engagement, peut dire comme Jésus : « Je ne suis jamais seul ; le Père est toujours avec Moi. » (Jn 8, 16)
Et il y a la promesse merveilleuse du Christ à Pierre : « Pierre se mit à lui dire ; Voici, nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi, quelle sera donc notre part ? » Jésus leur dit : « Je vous le dis en vérité, il n’est personne qui, ayant quitté, à cause de moi et à cause de la bonne nouvelle, sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou sa mère, ou son père, ou ses enfants, ou ses terres, ne reçoive au centuple, présentement dans ce siècle-ci, des maisons, des frères, des sœurs, des mères, des enfants et des terres, avec des persécutions et, dans le siècle à venir, la vie éternelle. » (Mt 17, 27-29)
La promesse : recevoir au centuple, présentement dans ce siècle-ci, des frères, des sœurs, des mères… des enfants…
Je pense ici, à la communauté qui nous entoure et qui nous porte : la communauté bernardine de ma famille religieuse… la communauté de la famille paroissiale… Il y a aussi toutes les personnes avec lesquelles nous nouons un profond contact par le biais du ministère sacerdotal.
NON NON, je ne suis jamais seul avec le Seigneur, mon Bon Pasteur… !
«La solitude du prêtre…» Vaste sujet, important et ô combien délicat.
Merci aux chroniqueurs(euses) qui vont s’y risquer, dans L’Essentiel de ce mois !
– «La solitude, ça n’existe pas» chantait haut et fort Gilbert Bécaud. Pas d’accord avec toi, l’ami. Désolé.
– «Quand vous butez sur toutes sortes d’épreuves, pensez que c’est une grande joie.» (Jc 1, 2) Là encore, je décroche… Dieu me pardonne!
– «Dans le silence et la solitude, on n’entend plus que l’essentiel , écrivait une femme de lettres… Là aussi, je peine à avancer!
C’est alors que me tombe du ciel un article de journal, signé de l’abbé Jean-René Fracheboud: «Notre vie passe par d’impressionnantes variations climatiques. Au temps des hautes pressions, peuvent succéder des périodes de basses pressions, des dépressions, le brouillard…»
Et que dire de ces quelques lignes de Guy Gilbert. «Rien n’est plus petit, plus fragile qu’un prêtre: l’isolement affectif, la solitude et un ministère asséchant, peuvent le tuer. Par voie de conséquence, il peut déraper tragiquement…»
Quant au dernier livre de Mgr Daucourt «Prêtres en morceaux», c’est un cadeau du ciel… et je vous le recommande chaudement! Des remèdes à l’isolement du prêtre existent, Dieu merci. Davantage de contacts personnels, l’Eucharistie vécue en profondeur et non célébrée par routine, plus d’humilité. «Le prêtre est serviteur et non sauveur du monde.» (G. Daucourt)
Oui, il faut le savoir, des prêtres souffrent de solitude, pour des raisons diverses.
ALORS dites-leur que vous les aimez, que vous les aimez comme ils sont, rien de plus, rien de moins!
«Nul n’est trop pauvre, pour ne rien avoir à donner ; nul n’est trop riche pour ne rien avoir à recevoir.» (op. ci.)
Un évêque avait dit un jour à ses prêtres: «Faites ce que vous pouvez faire, et ce que vous pouvez faire, essayez de bien le faire.»
Une chose est certaine, et saint Paul nous le rappelle: «Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, qui est en Jésus-Christ notre Seigneur.»
«Veillez sur vous-mêmes et sur tout le troupeau.» Cette recommandation de saint Paul (Ac 20, 28) invite les responsables de communauté à prendre soin d’eux-mêmes. Beaucoup de prêtres, aujourd’hui, ressentent une réelle solitude et un découragement face à la mission qui leur est confiée.
PAR CALIXTE DUBOSSON | PHOTOS: PXHERE, DR
« Il est à peine 19h, j’ai cinq heures devant moi avant la messe de minuit. Nous sommes le soir de Noël et je suis seul. Aucun de mes paroissiens n’a songé à m’inviter, pour partager avec sa famille le dîner de Noël. Puis-je le leur reprocher ? Cela ne leur est tout simplement pas venu à l’esprit. Le soir de Noël est un soir réservé à la famille, à l’intimité et je ne suis pas de leur famille. Je ne suis l’intime d’aucun. Pour tous, je suis mis à part, séparé. Ma famille est au loin, je la retrouverai demain pour un goûter chez mes parents. En attendant, je suis un homme seul le soir de Noël. »
Ce témoignage d’un prêtre de mes amis nous invite à considérer d’autres solitudes plus conséquentes et plus dramatiques. L’actualité récente de l’Eglise catholique, en France, mais aussi dans d’autres pays comme l’Inde ou les Etats-Unis, a été marquée par plusieurs suicides de prêtres. Chaque histoire individuelle a des causes parfois intimes et inconnues, mais une prise de conscience progressive émerge dans l’Eglise quant à la nécessité de prêter une attention plus forte aux fragilités psychologiques des prêtres et des religieux, dans un contexte de pression sociale et médiatique qui est une source d’épuisement pour beaucoup.
Pression médiatique
Le dimanche 3 février 2008 au soir, un prêtre de Neuchâtel se donne la mort. Il ne supportait plus la pression médiatique, dit son entourage. Lors de la cérémonie funèbre de la veille à la basilique de Neuchâtel, le beau-frère du défunt prend la parole et accuse ouvertement les médias. Le prêtre, dit-il, a été « poursuivi par cette horde de journalistes, dont il sentait le souffle derrière lui ». Mgr Genoud avait lui aussi accusé les médias dans une émission de la « Télévision suisse romande », « Infrarouge », par ces mots : « Parfois, la rumeur tue ! »
Pression sociale
Il y a bien sûr l’éternel débat sur la possibilité de laisser le choix entre le mariage et le célibat, ce dernier étant vu, selon certains, comme la source de tous les maux. Ce n’est pas l’avis de l’Abbé Vincent Lafargue qui affirme fermement que la grande majorité des prêtres ne sont pas malheureux parce qu’ils sont célibataires, bien au contraire. Selon lui, les médias mettent trop souvent en lumière des cas qui ne sont pas forcément représentatifs. « Pourquoi toujours donner la parole à des prêtres qui le vivent mal ou qui ont quitté l’Eglise pour se marier ? », s’interroge le prêtre valaisan. Si le célibat des prêtres est source d’une grande fécondité dans l’Eglise, « ce choix de vie nous met également dans une grande vulnérabilité », explique un autre confrère. « Ne pas éprouver la tendresse d’une épouse, ne pas voir les enfants de sa propre chair, rentrer chaque soir seul chez soi et se coucher dans un lit vide, aucune main à serrer dans la sienne. Tout cela fait de nous des hommes fragiles. »
La vie d’un prêtre a toujours comporté une forme de solitude. Mais aujourd’hui, avec des églises de campagne quasiment vides et froides, sa figure décriée et ridiculisée dans les médias, une opinion publique indifférente ou défavorable et la crise des vocations, un prêtre se sent souvent plus que seul, il se sent abandonné. L’archevêque d’Oviedo en Espagne, Mgr Jésus Sanz, déplore « la méfiance et le mépris dans lesquels sont parfois tenus les prêtres au sein de la société, où on est passé d’une période où le prêtre était considéré avec respect et vénération, à une étape dans laquelle il ne compte pas et où l’Eglise en général, le curé en particulier, sont à bannir ».
La solitude des prêtres âgés
« N’oubliez pas les sœurs et les prêtres âgés », avait lancé le Pape lors de l’une de ses homélies. Souvent, ces prêtres se sentent inutiles, parce qu’ils n’ont plus de mission. Un de mes confrères m’a confié : « Je ne sers plus à rien. » La plupart d’entre eux attendent le plus tard possible avant de rentrer en communauté ou de rejoindre un EMS et le font parce qu’ils n’ont plus le choix, confrontés notamment à un état de dépendance. C’est difficile pour eux parce qu’ils ont eu une vie enrichissante, stimulante, ont eu beaucoup de contacts au cours de leur ministère et ils se retrouvent isolés. De plus, certains d’entre eux ne peuvent plus célébrer la messe.
Le fléau des agendas complets
La diminution du nombre de prêtres en Occident, ces dernières années, fait qu’ils sont souvent écrasés de travail avec des territoires très grands à parcourir ou plusieurs paroisses. Même s’ils ont des relations chaleureuses avec leurs paroissiens ou leurs collaborateurs, ils peuvent éprouver durement la solitude, lorsque le soir, ils regagnent leur presbytère vide et qu’ils doivent se préparer le repas. La réalité nous montre que cette fatigue, ce stress permanent peuvent mener au découragement, au reniement, à l’abandon. Pourtant, il est possible d’y faire face. Un curé du diocèse de Sion témoigne : « Ce qui me pousse à continuer et à trouver de la joie et de la confiance, ce sont tous les regards échangés, les sourires, les partages, les rencontres. Pour moi, l’important et l’essentiel est de rester en relation avec Dieu et avec les autres. C’est aussi la certitude que c’est Jésus qui conduit son Eglise et donc mon ministère. »
La solitude positive
Pourtant, la solitude fait partie de notre existence. L’expérience montre qu’elle n’est pas toujours négative : nous la recherchons parfois comme un bien précieux, nécessaire pour prendre du recul, réfléchir, prier. Beaucoup de prêtres que j’ai rencontrés m’ont transmis leur joie de retrouver leur cure comme un havre de paix et de repos après des journées harassantes et épuisantes. L’un d’eux m’a même déclaré : « Je suis un privilégié quand je pense aux pères et mères de famille qui rentrent chez eux et qui doivent gérer leur soirée avec les devoirs des enfants à surveiller, partager leur jeu et les mettre au lit après une journée fatigante. » Un autre estime « que la solitude est un espace de silence, de disponibilité, de rencontre, préservé contre l’envahissement du trop-plein. J’aime marcher seul en montagne. J’aime prier seul comme le Christ. J’aime et je recherche cette solitude qui est ma véritable condition devant Dieu ».
Quelques pistes pour mieux gérer la solitude
Les fragilités psychologiques de certains prêtres, souvent liées à des tensions relationnelles et au risque de solitude affective, sont prises en compte d’une façon de plus en plus sérieuse par l’Eglise catholique. Alors que la place de la psychologie dans la formation des prêtres suscitait autrefois une certaine méfiance, elle est aujourd’hui souvent considérée comme une ressource précieuse pour vivre un sacerdoce équilibré et durable. On peut aussi trouver des ressources dans la famille du prêtre, de ses parents, de ses frères et sœurs. Ce sont ceux qui le connaissent le mieux et qui peuvent comprendre ses difficultés. Il y a aussi la paroisse qui doit créer autour de lui une véritable fraternité en l’aidant à trouver les bonnes orientations pour sa communauté. Il y a enfin l’amitié sacerdotale (voir l’encadré) qui est précieuse et que chaque prêtre devrait cultiver par des repas en commun, des rencontres régulières et des loisirs bienfaisants.
Une main secourable
Un prêtre victime d’une dépression a pu retrouver son équilibre et sa joie de vivre grâce à un confrère qui est venu le seconder en paroisse durant sa maladie. Voici ce qu’il écrit : « Cher ami, tu es un prêtre qui m’a permis, avec la prière et l’amitié de tous nos chers paroissiens aux mille visages, à émerger, à retrouver souffle et énergie pour continuer ce ministère qui nous est commun et qui est la plus belle vocation du monde. Tu as été pour moi le bon samaritain. Je t’en suis à jamais reconnaissant. »
Etre seul peut aussi permettre d’offrir des espaces de disponibilités.
Chaque matin, le passage devant le miroir est incontournable. Sommes-nous présentables? Quelle image allons-nous donner de nous? On soigne notre apparence, on contrôle que rien ne nous trahira et si l’on peut gommer quelques imperfections physiques, c’est le moment où jamais! Mais, il arrive parfois que ces instants brefs et répétitifs se transforment en des temps d’introspection.
Tour à tour, les prêtres du secteur pastoral s’adressent directement aux lecteurs et confient leur méditation sur un thème de leur choix. C’est le curé de la paroisse de Crans-Montana que nous écoutons ce mois-ci; il fait écho au thème choisi par l’équipe romande de rédaction du bulletin L’Essentiel.
PAR L’ABBÉ ALEXANDRE BARRAS
Lors d’une conversation, au début de mon ministère, j’avais abordé le thème et l’importance de prier pour les prêtres. A mon grand étonnement une personne m’avait répondu : « On n’a pas besoin de prier pour les prêtres ! » J’avais rétorqué de l’importance de cette dernière pour notre vie spirituelle et humaine. Etre porté par la prière des fidèles donne un élan à notre engagement sacerdotal. On sent que nous sommes utiles et nécessaires à vous tous. Ne l’oubliez pas, nous sommes comme vous avec nos joies, nos peines, nos questions, nos fatigues… Etre serviteur du Seigneur n’enlève en rien l’humain en nous. Voilà pourquoi nous pouvons souffrir de solitude, d’abattement, de tristesse. Comme tout un chacun les années passent et amènent leur lot quotidien et nous changeons aussi sur la vision de la vie, du ministère, de la foi, sur les hommes et les femmes de notre temps. Pour cela nous essayons d’être toujours plus greffés sur le Christ. Une intimité à renouveler chaque jour comme le oui des fiancés donné et reçu le jour de leurs noces. Le prêtre doit cultiver sans cesse cet amour de Dieu et organiser sa vie en veillant à ce que tous les éléments humains, spirituels forment un tout harmonieux évitant ainsi des manques ou des vides qui peuvent être dangereux pour lui-même. Nos prédécesseurs étaient ancrés dans leur village et connaissaient tout le monde. Ils se retrouvaient à tous les événements heureux ou malheureux du village. Aujourd’hui, malheureusement, ce n’est plus le cas dû à la déchristianisation galopante et de l’indifférence généralisée sur le fait religieux.
Nos évêques ne devraient-ils pas prendre exemple sur Notre Seigneur Jésus Christ qui envoya deux par deux ses disciples en mission et pas un par un ?
J’ai eu cette grâce de pouvoir toujours compter, et encore aujourd’hui, sur des familles, des personnes qui étaient là pour moi. Elles m’apportent leurs visions du monde. Elles me bousculent par des questions et des interrogations sur l’Eglise et tous les thèmes d’actualité. Elles sont là pour partager un moment de joie et d’amitié.
Alors chers fidèles pensez à prier pour nous les prêtres. Invitez-nous pour un verre ou un moment de rencontre ça fait du bien pour nous et certainement pour vous aussi. Salve
Le chœur de l’église de Veyrier accueille une mosaïque réalisée en 1930 par Charles Wasem, un artiste de village. La paroisse étant consacrée à saint Maurice, il peut aller de soi qu’on y trouve une grande représentation du saint. Mais ce n’est pas la seule explication.
En plein Kulturkampf
A la fin du XIXe siècle, la Suisse connaît une période troublée. En 1873, en plein Kulturkampf, un Vicariat apostolique est créé à Genève sans en informer les autorités cantonales. Le conflit atteint un nouveau palier et Mgr Mermillod, évêque auxiliaire du diocèse et Vicaire épiscopal est expulsé par le Conseil Fédéral. En raison des liens d’amitiés qui l’unit à Mgr Mermillod, l’abbé de Saint-Maurice reprend certains de ses engagements. Mgr Bagnoud célèbre ainsi la confirmation de 87 enfants à Veyrier à l’occasion de la Fête-Dieu 1880. En 1883, les relations entre Eglise et Etat s’apaisent et Mgr Mermillod est autorisé à rentrer en Suisse. Il devient évêque de Genève et Lausanne.
Quel est le lien entre cette histoire et la paroisse de Veyrier ? Les archives de la paroisse nous disent : « Avant de partir pour Rome où l’appelaient ses hautes fonctions, le Cardinal Mermillod fit don à la paroisse de Veyrier de la relique de saint Maurice, son patron, ainsi que du reliquaire qui la contient. Mgr Mermillod avait reçu de l’Abbaye de Saint-Maurice, l’année précédente, à l’occasion du 25e anniversaire de son épiscopat, une partie assez considérable du crâne de saint Maurice, de laquelle fut détachée une parcelle qui fut remise par le Cardinal lui-même à M. l’abbé Jacques Chuit 1, le 19 novembre 1890, la veille de son départ pour Rome. »1
Des figures qui interrogent
Saint Maurice est un homme qui a refusé d’obéir aux autorités au nom de sa foi, comme Mgr Mermillod qui a préféré accepter l’exil. Ces deux figures que l’église de Veyrier rassemble nous invitent à nous interroger sur la façon dont nous vivons nos convictions et nos valeurs dans un monde qui les interroge quotidiennement.
1 DUPONT LACHENAL Léon, « Promenades mauriciennes en terres genevoise et savoyarde », in Echos de Saint-Maurice, 1934, tome 33, p. 142-152.
Il faut parfois une longue nuit fragile,
Il faut parfois traverser des déserts stériles,
Pour retrouver la Source discrète qui vivifie,
La sécheresse et l’aridité du cœur.
Cette fois-ci, c’est moi qui pose les questions… Et je remporte Fr. 1000.– à la clé (rires) ?
Justement, vous connaissez le principe du jeu : 10 minutes, 10 questions et 10 réponses exactes pour, cette fois-ci, gagner la vie éternelle. Vous êtes prêt ? Ah d’accord. C’est quand même plus cool que Fr. 1000.– cash. Bon, c’est parti (rires) !
Blague à part, depuis MC Terkuit, vous avez parcouru du chemin. Vous êtes aujourd’hui, entre autres, devenu ambassadeur de Comundo pour la Suisse romande ? Je fais partie de la commission culturelle de la Tour-de-Peilz depuis une année. C’est là que j’ai rencontré Philippe Neyroud, le directeur du Bureau pour la Suisse romande de Comundo. Il m’a approché à la fin d’une séance pour me parler de l’activité de l’ONG. Ils étaient alors à la recherche d’ambassadeurs pour la Suisse romande et m’a demandé de le mettre en contact avec de potentiels candidats. Suite à ses recherches, infructueuses, il me demande si cela me dirait d’occuper cette fonction. J’y ai réfléchi et répondu positivement !
Quels sont les autres noms que vous lui avez proposés ? Roger Federer (rires)… Plus sérieusement, des amis journalistes par exemple. En tant qu’humoriste, je ne savais pas si je pouvais avoir une vraie « pertinence » dans ce secteur-là. Je me suis ensuite dit que j’étais finalement plus que mon métier.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous engager avec Comundo ? Le projet de base me plaisait. En plus, la perspective d’aider les gens à mon échelle, d’une manière ou d’une autre, c’est encore mieux. S’il était possible d’avoir un impact en proposant ce que je sais faire, en prêtant mon image et mon imagination, alors je me suis dit que je pouvais être utile à ces gens-là. Et autant le faire !
Vous avez aussi donné la réplique dans la série La Vie de J.-C. sur la RTS. Quel est votre rapport à Dieu et à la foi ? C’est un rapport assez particulier. Mes parents ont divorcé lorsque j’étais assez jeune et au moment du divorce, ma maman a commencé à fréquenter une église. J’étais jeune et ce n’était pas quelque chose qui m’intéressait, donc je passais plus de temps devant le lieu de culte à jouer avec les autres enfants qu’à l’intérieur… La religion est une chose à laquelle je m’intéresse sans pour autant l’étudier ou la pratiquer. A vrai dire… je n’ai pas une croyance profonde en Dieu… J’ai le droit de dire ça ou pas (rires) ?
Peut-on vous considérer comme un apôtre du rire ? Ouh là là (rires). Je crois que ce n’est pas à moi de dire si je suis un apôtre du rire. En tout cas, je pratique la religion de l’humour, donc on peut peut-être me considérer comme un apôtre et certainement comme un pratiquant (rires).
Si vous aviez l’occasion de rencontrer Dieu lors d’un de vos spectacles, que lui diriez-vous ? Bah déjà : « Tu aurais dû me dire que tu venais, je t’aurais mis sur la guest list » (rires). Je lui demanderais si ma place sur cette planète est de faire rire les gens, de proposer des bulles de respiration à des personnes qui en ont peut-être besoin. Et si c’est le cas, je lui dirai juste merci !
(Auto) bio express
Yoann Provenzano est né à Vevey.
Je m’appelle Yoann, je suis né le 7 janvier 1992 à Vevey. J’ai 30 ans, un Bachelor en anglais et en français, avec quelques crédits en théologie (rires). Cela fait dix ans que je fais de l’humour et maintenant six que j’en ai fait mon métier à temps complet et surtout que je peux en vivre ! Je suis actuellement en préparation d’une tournée pour mon spectacle et j’invite toutes les lectrices et tous les lecteurs de L’Essentiel à venir me voir !
Plus d’informations sur Comundo et le rôle de Yoann Provenzano en tant qu’ambassadeur sur www.comundo.org/ambassadeur
Pourquoi la chandeleur est-elle appelée « fête des crêpes » ? 40 jours après Noël, la Chandeleur ou fête des chandelles commémore la présentation de Jésus au Temple. A l’issue de ce rituel juif, Syméon, en prophète, voit en cet enfant « la lumière des nations ». Le symbole de la lumière est au cœur de la célébration. Quant aux crêpes, cela provient d’une tradition agricole où on avait coutume, au début février, d’utiliser le surplus de farine pour cuisiner des crêpes, symboles de prospérité des récoltes à venir.
par Pascal Ortelli
Humour
Oin-Oin exerçait le métier de vétérinaire. Une nuit, il fit un rêve qui réveilla sa femme. « Qu’est-ce qui t’arrive, lui dit-elle, tu as crié quelque chose qui m’a réveillée. Si je me souviens bien, tu as dit tout fort : « Justine. » « Ah oui, répondit Oin-Oin, c’est le nom d’une vache malade que je ne pourrai certainement pas sauver. » Le soir même, Oin-Oin revient à la maison. Sa femme est furieuse. « Est-ce qu’il y a du courrier pour moi ? » lui dit Oin-Oin. « Non, répondit sèchement sa femme. Ah si, la vache malade, Justine. – Ouais, quoi alors ? – Elle a téléphoné !
par Calixte Dubosson
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