Notre P∙M-ère qui es au C.iel…

PAR L’ABBÉ DAVID RODUIT
PHOTO: GETTYIMAGES VINCENZO PINTO

En ce temps où certains veulent combattre le patriarcat jusque dans le langage et l’écriture, convient-il encore d’appeler Dieu notre Père, comme nous l’a enseigné Jésus ? Le christianisme ne se montre-t-il pas affreusement sexiste, machiste?

Il faut affirmer d’emblée que Dieu n’est bien sûr pas sexué… Il n’est ni homme ni femme. Ajoutons également que les mots n’arriveront jamais à contenir entièrement le mystère du Dieu vivant qui déborde ce que nous pouvons penser et dire de Lui.

En s’adressant à son Père, Jésus a repris un des attributs que le peuple de la Première Alliance conférait à son Dieu, même s’il est utilisé chez lui de manière très intime, absolument inhabituelle : « Abba, papa ! » Relevons également que le Christ qui s’est fait notre frère se reçoit quant à son origine d’une mère humaine, la Vierge Marie, ainsi que d’un Père des Cieux.

Mais, dans la Première Alliance, Dieu se révèle aussi comme mère. Ainsi peut-on lire par exemple chez le prophète Isaïe : « La femme oublie-t-elle son nourrisson, oublie-t-elle de montrer sa tendresse à l’enfant de sa chair ? Même si celles-là oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas ! »
(Is 49, 15)

Sans parler du fameux terme « rahamim » qui évoque le sein maternel, l’utérus, et qui est employé en lien avec Dieu, notamment chez le prophète Jérémie : « Ephraïm est-il donc pour moi un fils si cher, …, que mes entrailles s’émeuvent pour lui, que pour lui déborde ma tendresse ? » (Jr 31, 20)

Cet amour de Dieu qui le touche là où il a porté son enfant et qui désire lui redonner vie se retrouve aussi dans le Nouveau Testament, par exemple dans la parabole du fils prodigue où se dévoile la Miséricorde du Père. Rembrandt l’a très bien compris, peignant le visage du Fils appuyé sur le sein du Père, et attribuant à ce dernier une main masculine et une main féminine.

Pas besoin de vous peindre un autre tableau : Dieu est un Père qui nous aime comme une mère !

Les différents visages de l’Amour

Dans cette rubrique, L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg, à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix. Ce mois, c’est Michel Racloz qui prend la plume.

MICHEL RACLOZ, REPRÉSENTANT DE L’ÉVÊQUE, RÉGION DIOCÉSAINE VAUD (LGF) | PHOTO : CATH.CH

Dans notre société, les relations entre les femmes et les hommes sont en redéfinition constante. Des avancées importantes ont été réalisées pour arriver à davantage d’équité et de respect. Mais, des « retours en arrière » très durs sont vécus. Je demeure choqué par le nombre de violence faite aux femmes dans tous les milieux. Pourquoi tant de paroles et de gestes blessants à l’égard des femmes ? Le récit de Caïn et d’Abel s’actualise encore trop. Mais la parole s’est libérée. Des femmes ont dénoncé l’inacceptable : l’atteinte à leur dignité et à leurs droits. La psychologie nous dit aussi qu’il y a une part de féminin et de masculin en nous. Chacun peut avoir peur et / ou croître.

A l’écoute de la Bible, nous découvrons que Dieu est une communion d’Amour, entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Cet Amour, tout ouvert vers l’ensemble de l’humanité et de la création, s’est manifesté de manière unique par la venue et la proximité de Jésus. J’ai envie de dire qu’il s’est dévoilé pleinement masculin et féminin, tout en se révélant Fils de Dieu. En effet, à la lecture de l’Evangile, ne percevons-nous pas des gestes et des paroles de sa part que nous attribuons spontanément à « l’homme » et / ou à la « femme » ? Une caractéristique les fonde : le service de la Vie.

Et si nous entrions davantage dans cette dynamique d’aimer la diversité des visages qui se présentent à nous ? Nous pouvons aimer, de manière différenciée, au sein de nos familles, nos collègues, nos amis, celles et ceux qui souffrent, des « prochains » bien plus éloignés. Des gestes et des paroles tant féminins que masculins font grandir la sororité et la fraternité. Le Ressuscité a pris le risque de ce chemin qui conduit au Bonheur tout en se confrontant au refus et à la mort. C’est un chemin délicat et exigeant qui nous ouvre des horizons inouïs. Oserons-nous poursuivre la marche avec Celui qui est tout Amour ?

Pour moi, Dieu est-il père, mère ou ni l’un ni l’autre ?

 

PAR CHARLES-PASCAL GHIRINGHELLI | PHOTO : LDD

La place des femmes et des hommes fait débat aujourd’hui dans de nombreux domaines, qu’ils soient domestique, professionnel, politique, culturel et forcément ecclésial. Faut-il donc «démasculiniser» un Dieu patriarcal et dominateur, question posée en ce début d’année par plusieurs organes de presse?

Relevons au passage qu’au sein de l’Eglise nous vouvoyons la Vierge Marie (« Je VOUS salue Marie… » et que nous tutoyons Dieu (« Notre père, qui ES aux cieux, que TON nom soit sanctifié… », ceci depuis Vatican II pour la seconde pratique 1. Voilà notamment l’un des signes de profond respect des femmes par l’Eglise.

Mais revenons au débat « femme – homme ». C’est, à mon avis et avant tout, une question posée au sein de notre monde occidental. Beaucoup d’intellectuels, lorsqu’il s’agit d’une préoccupation sur un mode de vie essentiellement en cours sur le quart Nord-Ouest de notre mappemonde, en font souvent un problème censé concerner la planète entière. Est-ce une nouvelle forme d’ethnocentrisme, voire de racisme ? Faut-il déboulonner, bille en tête, la première statue venue, car elle n’est plus en ligne avec nos opinions du moment ?

Il est, en effet, inquiétant de juger les faits historiques à l’aune de la morale, des valeurs peut-être, à la mode. Surtout de vouloir l’imposer à la terre entière. Le faire, n’est-ce pas devenir ainsi de nouveaux iconoclastes 2 qui n’auraient rien à envier aux talibans qui détruisirent les gigantesques Bouddha de Bâmiyân 3. Doit-on maintenant reprocher à Michel-Ange d’avoir reproduit sur les voûtes de la Chapelle Sixtine un Dieu blanc, âgé et barbu ?

Il n’en demeure pas moins que, chez nous, la question est compréhensible et qu’il s’agit certainement de donner aujourd’hui et à chacun, femmes et hommes, les places, rôles, missions, fonctions, professions les plus adéquats et respectueux des uns et des autres et en adéquation avec leurs aspirations naturelles réciproques. Et c’est heureux de voir des sages-hommes dans les maternités, des sapeuses-pompières dans nos casernes, etc. !

De manière plus concrète, Dieu, qui transcende toute détermination limitative, voit-il ombrage qu’une femme ou un homme le considère comme féminin, masculin, ou indéterminé ? Ne pouvons-nous pas penser qu’un Dieu d’Amour n’y voit aucun problème et accepte toute « orientation » de nos prières, aussi maladroites soient-elles ?

Plus fondamentalement, pour nous chrétiens, la Bible est la Parole de Dieu. C’est Lui qui a inspiré ses rédacteurs, prophètes, évangélistes. Ces derniers ont-ils subit un esprit « patriarcal », influencé par leur environnement ? Assurément non, puisque les religions pratiquées, hormis le judaïsme, en Terre Sainte à ces époques, par les Gréco-romains, les Cananéens, etc. étaient polythéistes avec autant de dieux que de déesses !

Dieu s’est-il soudain levé du mauvais pied pour inspirer ces textes en se présentant au travers de pronoms masculins, et encore plus en s’incarnant en Jésus-Christ qui n’était point femme ? Certains auteurs expliquent cela par le fait que Dieu crée « en dehors » de lui comme engendre un homme et non pas « en dedans » de lui comme engendre une femme. Ainsi le théologien réformé Paul Wells précise : La distinction « père » et « mère » à propos de Dieu dans le langage est celle qui existe entre le théisme biblique et le panthéisme. Dans le théisme biblique, le Dieu est transcendant, Créateur, instaure une séparation entre lui-même et le monde ; dans le panthéisme, le monde existe en dieu et dieu existe dans le monde et de conclure appeler Dieu « ma Mère » est une hérésie qui conduit au panthéisme païen 4.

Aussi, n’en déplaise aux zélotes d’un féminisme outrancier, je préfère que nous laissions la liberté aux chrétiens de voir en Dieu qu’ils prient un être masculin, féminin ou indifférencié en toute sincérité, humilité, voire maladresse !

1 Adopté pour cette prière liturgique (l’Ave Maria est une prière
de dévotion) par l’Eglise en janvier 1966, dans le sillage du concile Vatican II, tenu entre 1962 et 1965.

2 Du grec « eikonoklastês » : briseur d’icône, d’image. Qualifie une personne qui est contre les traditions et les habitudes du passé.

3 Haut-relief excavé dans une falaise située en Afghanistan,
(patrimoine mondial de l’UNESCO) détruit en mars 2001

4 Paul Wells, « Dieu : masculin et / ou féminin ? », La Revue réformée
no 217, Aix-en-Provence, mars 2002, pp. 31 et 33

Vitraux de frère Eric de Taizé…

… église Saint-Hyppolite, Grand-Saconnex (Genève)

PAR AMANDINE BEFFA | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

L’église Saint-Hyppolite, au Grand-Saconnex, abrite quatre vitraux réalisés par frère Eric de Saussure. Fils de pasteur, l’artiste est né à Genève en 1925. Il a étudié les Beaux-Arts à Paris et Florence avant d’entrer dans la Communauté de Taizé parmi les huit premiers frères. Il crée alors un atelier de vitraux à l’origine de nombreuses œuvres dans le monde.

Les verrières que l’on peut observer dans la nef de l’église Saint-Hyppolite mettent en couleurs quatre grands personnages de l’Ancien et du Nouveau Testament : saint Jean l’Evangéliste, saint Pierre, le prophète Isaïe et Moïse.

Moïse tient dans ses mains les Tables de la Loi. A ses pieds, se trouvent un agneau et l’inscription : « Que ma loi soit toujours sur vos lèvres. » L’animal peut rappeler que Moïse a été berger avant que Dieu ne se révèle à lui à travers le buisson ardent.

La phrase semble inspirée du début du livre de Josué : « Ce livre de la Loi ne quittera pas tes lèvres ; tu le murmureras jour et nuit, afin que tu veilles à agir selon tout ce qui s’y trouve écrit : alors tu feras prospérer tes entreprises, alors tu réussiras. » (Jos 1, 8) Est-ce un choix étonnant alors que les épisodes concernant Moïse ne manquent guère ? Pas nécessairement. Ce sont les paroles par lesquelles le Seigneur s’adresse à Josué après la mort de Moïse. Le peuple d’Israël est désormais confronté à la délicate tâche de vivre sans celui qui l’a guidé hors du pays d’Egypte.

Mais, ce qui compte réellement, ce ne sont pas les personnes que le Seigneur peut choisir pour effectuer une mission particulière à un moment précis. Ce qui compte réellement, c’est ce que Moïse présente entre ses mains : la Parole. Nous n’avons peut-être pas la chance d’avoir côtoyé de grands prophètes, d’avoir eu une révélation divine dans un buisson ardent ou d’avoir pu rencontrer le Christ en personne. Mais c’est la même Parole qui nous est donnée aujourd’hui. Et cette parole, nous sommes invités à la garder sur nos cœurs et sur nos lèvres.

Luda et Dacha, nées là-bas

Luda et Dacha, c’est le nom qu’elles portaient, quand elles étaient dans leur pays, quand elles étaient des petites filles, Luda en Ukraine et Dacha en Russie. Puis les jours ont passé, elles ont grandi, elles ont voyagé et un jour, la vie les a menées en Valais. Elles ont changé de nom, elles ont perdu leur «petit nom» et pris le nom qui figure sur les papiers officiels: Lyudmyla et Daria. Nous nous sommes retrouvées les trois, en marge de la fête interculturelle de Martigny et ces deux femmes, nées là-bas, ont beaucoup à nous dire…

PROPOS RECUEILLIS PAR FRANÇOISE BESSON | PHOTOS : DR

Lyudmyla

Je m’appelle Lyudmyla Barkova. Je suis née à Lvov en Ukraine et cela fait 20 ans que je vis à Martigny. J’ai deux enfants de 19 et 15 ans. Je me suis bien intégrée : j’ai appris la culture, la langue. En Ukraine, j’ai fait une formation universitaire de professeur de sport et ici j’ai travaillé à l’école primaire, pour les cours de gym et de natation et actuellement je suis maître-nageur à la piscine de Martigny. Je travaille aussi avec Mahamadou (service de l’intégration) pour l’organisation de soirées. C’est important qu’on puisse vraiment vivre ensemble avec les personnes de toutes ces nationalités installées à Martigny. Voilà ma vie…

«Nous sommes tous différents et on peut tellement apprendre avec des personnes d’autres cultures !»

Daria

Je m’appelle Daria. Je suis née à Moscou. J’ai mon diplôme universitaire en finance et crédit, obtenu en Russie. Actuellement, j’habite à Martigny depuis 9 ans. Je travaille à Verbier. Je suis mariée et j’ai deux enfants de trois et six ans. J’adore mon travail car j’ai beaucoup de collègues de nationalités et de langues différentes. J’essaie de rester en contact le plus possible avec mes parents en Russie. Ils sont âgés et depuis cinq ans ils ont la tutelle de mon neveu, 15 ans, et ma nièce, 11 ans, suite au décès de ma sœur. Normalement je vais les voir une à deux fois par an pour les aider et pour garder ce lien. Malheureusement c’est devenu très difficile maintenant.

La guerre à l’heure de la récréation. – (Daria) Ma vie a beaucoup changé depuis le 24 février, je me sens moins en sécurité… La Suisse est un pays neutre, mais je sens maintenant que tout le monde n’est pas tolérant et compréhensif. Ma fille qui a six ans a eu un problème à l’école, deux jours après le début du conflit avec l’Ukraine. A la récréation, un garçon avec qui elle s’entend très bien habituellement lui a dit que tous les Russes sont méchants et que son grand-père est mort à la guerre (donc mon père…). C’était tellement blessant ! Plusieurs enfants qui étaient autour ont dit la même chose : « Tous les Russes sont méchants ! » Quand elle est revenue de l’école, elle est venue vers moi et m’a dit : « Maman, je dois te dire quelque chose » et j’ai eu mal au cœur parce que je savais ce qu’elle allait dire… Avant, je m’étais demandé s’il fallait lui parler de la guerre, mais je n’ai pas pensé qu’à six ans elle serait concernée… A cet âge, elle ne regarde pas les informations et elle n’a pas besoin de savoir tout ce qui se passe autour de nous. Puis les choses se sont arrangées, j’ai téléphoné à la maman de ce garçon, le lendemain ils ont fait la paix. Par la suite, mon mari a écrit à la maîtresse de ma fille. La maîtresse a pu en discuter en classe pour parler aux enfants de cette situation et leur rappeler la tolérance et l’amitié. J’apprécie la compréhension et la tolérance de cette enseignante. C’est vraiment une bonne solution de parler aux enfants, il faudrait que cela se fasse dans toutes les écoles. Il faudrait leur dire que nous ne sommes pas responsables de ce qui se passe dans le monde, nous ne décidons rien, c’est comme ça…

« Au sommet il y a des dirigeants, ils font des erreurs, mais nous, nous sommes des humains, nous avons une âme et c’est ça qui va nous sauver.»

Au travail. – Au travail mes collègues me posent beaucoup de questions, mais moi je ne suis pas politicienne. J’ai mon propre avis mais je n’ai pas de solution, personne ne sait ce qu’il faut faire, je ne peux que donner mon avis. Et je me rends compte que tout est très difficile à comprendre pour ceux qui sont loin des réalités russe et ukrainienne.

Ne pas alimenter le conflit. – (Lyudmyla) On est spécialiste de notre histoire, de notre culture, on peut raconter ce que cela veut dire de vivre chez nous. La vie n’a pas toujours été facile, spécialement en Ukraine pour les femmes seules avec leur enfant ou pour les personnes âgées. On peut donner notre petite opinion sur ce qui se passe parce qu’on connaît la base. Mais quand les gens qui ont écouté quelques phrases dans les médias et n’ont jamais visité ni la Russie, ni l’Ukraine, commencent à se mêler de ça et d’alimenter le conflit à leur manière, c’est dommage… On n’a pas besoin de toute cette excitation, maintenant, on a besoin de paix entre les Russes et les Ukrainiens. C’est triste de penser à la richesse de cette terre ukrainienne, cette si bonne terre qui est en train d’être déchirée.

Je reçois beaucoup de soutien au travail, et de la part de mon entourage. La première semaine, c’était un vrai choc émotionnel, même si je suis ici, ma famille est là-bas. Les Russes et les Ukrainiens sont tellement liés que cela ne parait pas réel, pas possible.

«Je voulais dire aussi un immense merci à toutes les personnes de Suisse qui ont envoyé des vêtements, de l’argent en Ukraine, merci pour leur générosité !»

Frères et sœurs, d’une même culture. – Je suis Ukrainienne, mon pays est en souffrance, mais avec les Russes nous sommes frères et sœurs. Nous sommes tous des Slaves, on a la même culture, et j’espère que les gens là-bas, vont commencer à agir quand ils vont se rendre compte combien on est proches… j’espère…

Nos deux nations ont une culture tellement riche ! On ne peut pas supprimer tout cela, faire souffrir encore ce peuple. Toutes ces sanctions qui sont prises contre la Russie punissent d’abord le peuple, les plus pauvres qui risquent de mourir de faim. J’espère que tous les dirigeants pensent aux peuples. Cela fait des années qu’il y a des problèmes, c’est aussi à nous de bouger, de manifester, car si on ne parle pas, c’est comme si on accepte tout cela et cela ne peut qu’empirer la situation.

La même personne. – (Daria) J’aimerais vous dire que la personne à l’intérieur n’a pas changé : je suis la même qu’avant le conflit, toujours la même personne… Ma fille est si gentille cela m’a fait tellement mal au cœur de la voir souffrir… Il faut déjà que la paix revienne entre nous, qu’il y ait moins de conflits, qu’on reste amis, et aussi que cette guerre se termine le plus vite possible. Il faut penser au futur de nos enfants, on est inquiet pour eux.

Derniers messages. – (Lyudmyla) Dans ce désespoir, il y a toujours un espoir : il nous faut croire, prier pour l’Ukraine et pour la Russie. N’oublions pas la force de la prière, la lumière qu’on a en nous, il faut la cultiver.

Chacun doit commencer à changer soi-même – faire de belles actions – s’aimer encore plus et rayonner de cet amour pour soi et pour les autres. Il y a du chemin à faire et notre conscience doit évoluer : nous sommes tous « peuple de la terre »…

(Daria) Les gens qui prennent les mauvaises décisions, ont malheureusement trop peu à perdre, contrairement aux millions de gens qui doivent se taire. A notre niveau, nous ne pouvons que nous soutenir et espérer un jour être entendus.

Guerre en Ukraine
Communiqué des Eglises

Les Eglises remercient vivement tous les hommes et les femmes de bonne volonté qui s’engagent pour venir en aide à la population ukrainienne et aux centaines de milliers de personnes qui fuient les hostilités. Elles invitent à persévérer dans cet élan de solidarité par tous les moyens possibles et à l’accompagner par une prière incessante pour la paix.

Les Eglises encouragent ceux et celles qui pourraient contribuer à l’accueil des réfugiés ukrainiens en Valais à prendre contact avec la Hotline mise en place par le canton au 079 765 70 95 ou 027 606 48 74 ou encore par e-mail à entraide2022valais@admin.vs.ch

Sont recherchés :
➯ des logements, dans l’idéal indépendants, ainsi que des hébergements collectifs ;
➯ des bénévoles pouvant offrir du temps et faire du lien avec les personnes accueillies.

Les Eglises se montrent reconnaissantes pour l’accueil généreux qui sera fait aux personnes arrivant dans nos villes
et villages. Les renseignements se trouvent aussi sur le site : https://www.vs.ch/web/entraide2022https://www.vs.ch/web/entraide2022

MERCI à chacun.

La Fête-Dieu à Fribourg

Événement phare du paysage religieux fribourgeois à la fin du printemps (60 jours après Pâques), la Fête-Dieu s’inscrit dans une histoire pluriséculaire. Perturbée par la pandémie en 2020 (messe chez les sœurs de Montorge et bénédiction depuis Lorette) et en 2021 (messe en comité réduit à l’église du collège Saint-Michel), la procession de la Fête-Dieu va marquer son grand retour en 2022 si la météo est clémente. C’est l’occasion de revenir dans ces quelques lignes sur l’histoire de cette fête.

PAR SÉBASTIEN DEMICHEL | PHOTOS : DR, JEAN-CLAUDE GADMER

La Fête-Dieu, également appelée Solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ, est d’origine médiévale. Elle procède d’une vision mystique d’une religieuse, sainte Julienne de Cornillon, près de Liège en 1246. Dans une révélation du Christ, elle voit une lune étincelante dont il manque un morceau, signifiant l’absence dans l’Église d’une solennité dédiée au corps et au sang du Christ. En 1264, suite à un miracle eucharistique (du sang jailli d’une hostie consacrée), la fête est étendue à toute l’Église et institutionnalisée par le pape Urbain IV. La fête de l’Eucharistie enveloppe ainsi par une adoration annuelle de l’hostie le rite quotidien de la messe.

Le développement de la liturgie eucharistique est toutefois bien antérieur. Au IVe siècle, Cyrille de Jérusalem réfléchit déjà aux changements qu’opère la consécration sur le pain et le vin. À la même époque, saint Ambroise évoque une conversion miraculeuse des espèces eucharistiques. Entre le IXe et le XIe siècle, l’Église remplace le pain levé par du pain azyme (non levé) et au XIIe siècle, le rite de l’élévation est introduit. La Fête-Dieu prend naissance en parallèle des réflexions de saint Thomas d’Aquin sur la métaphysique de la transsubstantiation, seule explication autorisée du mystère eucharistique. Le pain et le vin deviennent véritablement corps et sang du Christ. Ainsi, la Fête-Dieu n’a rien d’une génération spontanée, mais se greffe sur les développements eucharistiques contemporains. Saint Thomas compose d’ailleurs à cette époque le célèbre Pange lingua dont les premières lignes renvoient au mystère eucharistique : «Chante, ô ma langue, le mystère du corps glorieux et du précieux sang que versa, rançon du monde, le fruit d’un ventre généreux, le Roi des peuples.»

La diffusion du rite

La solennité de la Fête-Dieu se diffuse en Occident durant la première moitié du XIVe siècle. Elle consiste d’abord en un office chanté propre au jeudi suivant la Trinité, puis s’accompagne rapidement d’une longue procession en plein air. Le pape Clément V confirme l’institution de la fête qui devient populaire et se développe en procession dans les rues des cités. Le Saint-Sacrement, placé dans l’ostensoir, est au cœur de cette liturgie d’adoration qui glorifie le Corps du Christ au milieu des hommes.

La Fête-Dieu est introduite dans le diocèse de Lausanne en 1322. On ne connaît pas exactement la date de la première procession à Fribourg, mais la première attestation remonte à 1425. Cette année-là, le Conseil de la ville produit un document qui règle un conflit de préséance entre corporations devant le Saint-Sacrement, prouvant que la procession est déjà bien établie. Puis, le rite perdure sans grands changements durant les siècles suivants et s’incorpore aux institutions.

Les époques moderne et contemporaine

« Le jour et les hommes peuvent se lever, fêter le corps mystérieusement présent d’un Dieu fait homme : sur terre, l’état de ciel est proclamé. » C’est par ces mots que Claude Macherel et Jean Steinauer, auteurs d’un ouvrage de référence sur la Fête-Dieu, caractérisent la solennité. La journée débute par un réveil de la ville en fanfare, le grondement du canon à l’aube et la diane (chant d’usage militaire) jouée par l’Union instrumentale. Depuis 1643, la procession est précédée d’un tir d’artillerie. Jusqu’à la fin des années 1960, elle part de la cathédrale et fait le tour de la ville de manière circulaire avec quatre reposoirs aux quatre points cardinaux. Depuis lors, elle chemine du collège Saint-Michel (où est célébrée la messe) à la cathédrale Saint-Nicolas.

Le cortège est formé de cinq groupes avec en son centre l’évêque qui porte l’ostensoir, entouré par les thuriféraires, les gardes suisses et la Confrérie du Très-Saint-Sacrement. Fondée en 1653, cette dernière est formée de membres d’anciennes familles patriciennes de la ville, vêtus d’habits noirs et de gants blancs et équipés d’une lanterne armoriée. Parmi les autres groupes, il convient de mentionner les fanfares, les autorités ecclésiastiques, civiles et académiques, les sociétés d’étudiants, les chœurs paroissiaux, divers ordres (Malte, Saint-Sépulcre), les premiers communiants et enfin les fidèles qui referment la marche. Huit coups de canon rythment les étapes de la célébration entre le commencement de la messe à Saint-Michel et la fin de la cérémonie à la cathédrale, en passant par la bénédiction aux reposoirs.

Ainsi, la Fête-Dieu constitue un événement majeur de la vie religieuse fribourgeoise. Fruit d’une tradition pluriséculaire, cette fête constitue un prolongement de la célébration eucharistique. Comme le soulève la Congrégation pontificale pour le culte divin et la discipline des sacrements, l’Hostie est portée en procession en dehors de l’église afin que le peuple chrétien « rende un témoignage public de foi et de piété envers le Saint-Sacrement ».

Solennité de la Fête-Dieu le 16 juin 2022

à Fribourg à 9h dans la cour du collège Saint-Michel (par temps sec), plus d’informations sur : https://fete-dieu.ch/fr.html

à Givisiez à 10h à l’église, procession par beau temps.

à Villars-sur-Glâne à 10h à l’église, suivie de la procession du Saint-Sacrement, avec la participation des communiés du mois de mai. À l’arrivée à la cabane du Platy, il y aura un temps de prière qui sera suivi du traditionnel temps de convivialité autour d’un repas canadien.

Pour davantage d’informations voir le site de l’UP Saint-Joseph :

www.upsaintjoseph.ch

Pour plus d’informations, voir:

➤ MACHEREL, Claude; STEINAUER, Jean, L’état de ciel : portrait de ville avec rite : la Fête-Dieu de Fribourg (Suisse), Fribourg, Méandre, 1989.

➤ MULHAUSER, Johann ; GADMER, Jean-Claude, Dieu en fête. Regards sur la procession de la Fête-Dieu à Fribourg, Fribourg, La Sarine, 2009.

Précarité en Valais

Lucie est une femme particulière et haute en couleur. Elle le dit elle-même. Originale, rigolote, décalée avec un humour remarquable et un fantastique entregent, elle dégage une joie et une simplicité désarmantes. D’origine française, épouse de John, tous deux vivent à Granges en compagnie de leur troupe de lapins et chat. Artiste aux yeux grands ouverts sur le monde avec une option préférentielle (re)marquée pour les pauvres, Lucie Athimon a ouvert récemment une page FaceBook intitulée «Précarité Valais». Elle nous en parle.

PROPOS RECUEILLIS PAR PASCAL TORNAY | PHOTOS : DR

Lucie, comment t’es-tu décidée à ouvrir cette page FB ?

C’est en croisant la route d’une personne SDF en ville de Sion, qui dormait dans une tente en plein mois de décembre, que je me suis dit qu’il fallait agir sérieusement. J’avais déjà créé un groupe de don alimentaire, mais ça n’avait pas pris. J’ai donc décidé que j’y mettrais plein d’amour et d’énergie, pour donner un peu de lumière à ceux qui sont dans la tempête.

Comment cette page t’est-elle utile ?

Je reçois des demandes d’aide de personnes dont je n’aurais jamais eu connaissance sans cette page. Il y a aussi de généreux donateurs. Je fais régulièrement des appels aux dons, ou alors, si je vois quelqu’un faire la manche, je le dis sur le groupe, afin que les gens puissent aller aider cette personne s’ils le souhaitent. Je tiens à souligner que les gens qui me demandent de l’aide restent anonymes.

Que constates-tu dans les relations que tu as avec des personnes fragilisées ? De quoi manquent-elles le plus ?

Tout le monde peut se retrouver en situation précaire, et ce, pour beaucoup de raisons. Je suis souvent frappée par l’intelligence des gens. Nous avons des discussions très intéressantes et à cœur ouvert. Il m’arrive souvent de me sentir toute petite à côté d’eux.

Je remarque cependant que les personnes en situation précaire ont tellement été malmenées par la société, qu’elles en ont bien souvent perdu l’estime de soi. Il est important qu’elles sachent que moi, je crois en eux comme jamais ! Je suis profondément convaincue que leur avenir est beaucoup plus radieux qu’il n’en a l’air.

As-tu fait, toi aussi, l’expérience de la précarité ? Comment cela ?

Oui, quand j’avais environ 20 ans, je me suis retrouvée moi aussi sans domicile fixe. Je n’ai jamais dormi dans la rue, mais dans un foyer où l’on pouvait rester deux semaines au maximum. Le matin, on était mis dehors jusqu’au soir, mais le personnel était fabuleux ! Au début, j’avais encore un travail, mais je l’ai rapidement perdu. On m’a ensuite trouvé une place dans un foyer pour femmes et là, il n’y avait pas de durée maximale et je pouvais y rester toute la journée si je voulais. Il n’y avait pas d’horaires et j’avais ma propre chambre.

Comment relies-tu ta foi avec tes engagements et ton mode de vie ?

Toute ma vie repose sur ma foi ! Si je n’aide pas mon prochain, alors quel genre de catholique suis-je ? L’Amour est le fondement même de la religion. « Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait », dit Jésus (in Mt 25, 31-46). Eh bien, moi, j’ai envie de répandre la lumière et l’Amour de Dieu. Mon mari me soutient et m’accompagne, ce qui est primordial.

J’ai l’habitude de dire que la religion est le tuteur de l’esprit. Faisons-la vivre ! Jésus n’a pas été sacrifié sur la croix pour nous voir pleurer ou pour nous voir nous faire la guerre ! Aidons-nous et aimons-nous !

L’Eglise est dans une phase d’écoute universelle dans le cadre du synode souhaité par le pape François, selon toi, quels sont les lieux où l’Eglise doit progresser ?

J’aurais beaucoup de choses à dire, mais je trouve que la religion n’est pas assez vivante et qu’il manque de proximité avec les gens d’Eglise. Vivons la Foi ! Rencontrons-nous pour discuter, pour faire des activités, pour faire vivre Dieu ! Nous sommes en 2022 et les églises se vident. Pourquoi ? Peut-être parce que nous pouvons y mettre plus d’énergie, plus d’Amour, plus de bienveillance ! Je suis convaincue que Dieu veut nous voir en joie, occupés à faire le bien, plutôt que de critiquer comment la voisine était habillée à la messe ce dimanche. Soyons unis et solidaires !

Vous voulez donner un coup de main ou en savoir davantage au sujet de « Précarité Valais » ? 
➯ Rendez-vous sur la page FaceBook de Lucie : Précarité Valais

Accueillis par une fresque

Une magnifique fresque biblique orne le mur d’entrée du local du groupe de jeunes depuis le mois de février, soulignant son caractère religieux. Bénédicte, membre du groupe, nous présente ce projet.

PAR BÉNÉDICTE SAHLI
PHOTOS : CHARLOTTE OBEZ

L’idée de repeindre l’entrée du local, initialement grise, a germé très tôt lors du réaménagement des lieux. Plusieurs soirées se sont succédé durant lesquelles différentes idées ont été proposées jusqu’à finalement déboucher sur la composition actuelle. Lorsqu’elle a été soumise aux graffeurs, elle n’était encore qu’une ébauche, leur laissant ainsi une certaine liberté.

Les personnages de la fresque

Jésus, au centre, nous accueille les bras ouverts, accompagné de Marie à sa gauche en hommage à l’église de Nyon, Notre-Dame de l’Immaculée Conception. A sa droite, un jeune gravit les marches et nous invite à le suivre. Tous trois sont représentés sur fond de collines verdoyantes à l’aspect régional et de montagnes enneigées. Surplombant le paysage, une phrase prononcée par l’abbé Jean-Claude Dunand lors de la bénédiction des lieux : « Tout devient possible lorsque le courage de la jeunesse s’allie à la force de Dieu. »

La fresque a été réalisée par un membre de la Pastorale Animation Jeunesse et par un de ses amis, tous deux graffeurs professionnels, venus de Lausanne. Les jeunes présents le 12 février, jour de la réalisation de la fresque, ont pu s’essayer à la bombe de peinture.

Une fresque en évolution

Des éléments continuent à être ajoutés à la fresque au fil des rencontres du groupe. Des personnages marquants de la chrétienté vont prendre place chronologiquement d’Adam et Eve à ceux de nos jours en passant par Abraham, Marie-Madeleine ou encore saint Thomas d’Aquin. Ceci laisse à chacun l’opportunité d’illustrer les figures qui l’inspirent dans sa foi ou d’en découvrir de nouvelles grâce aux discussions que ce projet suscitera.

Une autre changement, qui perdurera aussi longtemps que de nouvelles personnes rejoindront le groupe, sera de marquer un pan du mur de l’empreinte de leur main et de la signer. Ceci afin que chacun puisse laisser une trace de son passage au sein du groupe.

 

Les nouvelles chaires numériques

Il est devenu évident que le monde numérique a profondément modifié les habitudes de vie de nos contemporains.
La vie de l’église est bien entendu profondément touchée par cette révolution: de la même manière que l’apparition de l’imprimerie a transformé la façon d’annoncer la Parole de Dieu, la révolution numérique voit apparaître de nouvelles chaires.

PAR PAUL SALLES | PHOTOS : DR

Qu’est-ce qu’une chaire ? Il s’agit de cette petite tribune élevée du haut de laquelle le prêtre prononçait son sermon, avant l’apparition des micros. Elle était donc le lieu et le symbole de la prédication. Si aujourd’hui, dans nos églises, l’homélie est le plus souvent prononcée depuis l’ambon, le monde numérique a suscité l’émergence de nouvelles chaires sur les plateformes et les réseaux sociaux les plus connus (Facebook, Twitter, YouTube, Instagram, Tiktok…). Sans être exhaustif, voici quelques réalités qui existent dans le monde catholique francophone.

Lancé en 2007 par un trio de jeunes prêtres d’Ile-de-France, le padreblog était à l’origine un blog qui permettait à ces jeunes prêtres une parole directe et à large échelle sur des sujets d’actualité. Depuis l’apparition des réseaux sociaux, ce blog a évolué en une plateforme qui oriente ensuite sur leurs médias en ligne.

Sur Twitter, Mgr Giraud, l’actuel évêque de Sens-Auxerre, fut l’un des premiers à proposer dès 2011 des « twitthomélies » quotidiennes. Désormais, un grand nombre d’évêques se prêtent à l’exercice et ont même des équipes chargées d’animer en leur nom ces réseaux.

Rejoindre les jeunes

L’enjeu de la présence de l’Église sur les réseaux est grand : alors que les jeunes passent de plus en plus de temps derrière les écrans, c’est là qu’il faut être si l’on souhaite les rejoindre. De ce fait, les paroisses de ces nouveaux prédicateurs ne sont plus géographiques, mais numériques. Qu’en est-il aujourd’hui ? Qui sont ces prédicateurs qui peuvent rassembler de nombreux « followers » sur les réseaux ? Citons le Frère Benjamin, de la communauté des salésiens et ses 13’000 abonnés sur Instagram, ou bien le Père Vincent Cardo, du diocèse de Langres. Son compte « lecuredetiktok » publie tous les jours, pour près de 74’000 suiveurs. Citons encore le dominicain Paul Adrien et ses vidéos qui cumulent plus de 4 millions de vues sur YouTube. Celui qui truste la première place du podium reste le Père Matthieu Jasseron, curé à Joigny dans l’Yonne et qui compte 994’000 abonnés sur Tiktok, le réseau social préféré des adolescents, même s’il est loin des 2,4 millions du prêtre philippin Fiel Pareja.

Répondre à leurs questions

Au-delà des chiffres, quel contenu est ainsi diffusé sur le web ? Sur la forme déjà : les codes du genre sont respectés et collent à la réalité de ce que les jeunes rencontrent tous les jours sur leurs écrans. Quant au fond, il faut comprendre qu’une véritable communauté se forme entre celui qui publie ses vidéos et ses abonnés avec lesquels existent un échange et des discussions. Ainsi, le plus souvent, les thèmes des vidéos correspondent aux questions qui lui sont posées : « Irons-nous au paradis si nous disons des gros mots ? », « Ça veut dire quoi amen ? », « Si Dieu pardonne tout, pourquoi l’enfer existe ? » Sans oublier les questions autour de la sexualité, toujours très présentes dans les préoccupations des jeunes.

Notons enfin que ces nouvelles chaires ne sont pas une chasse gardée des prêtres. À titre d’exemple, nous pouvons citer la chaîne de Benjamin Pouzin (l’un des fondateurs du groupe de pop louange Glorious), ou celle d’un jeune de 21 ans, Victor dans la vraie vie, mais « le catho de service » sur le web et ses 5’000 abonnés.

En route pour la vie

PAR AUDREY BOUSSAT
PHOTOS: DARREN IRWIN, AUDREY BOUSSAT

J’avais prévu d’écrire un éditorial sur le fait d’accueillir sereinement les défis et les difficultés du quotidien, car ils nous font grandir. Eh bien, le Seigneur m’offre l’occasion de vous raconter une anecdote que je suis en train de vivre à l’heure où j’écris ces lignes.

Tout a commencé il y a plusieurs mois lorsqu’on m’a offert l’opportunité de me rendre à Londres pour le travail. Mon premier déplacement seule, un trajet en avion après trois ans sans avoir quitté la terre ferme et une conférence à donner dans une langue étrangère… J’avais de multiples raisons de préférer ma zone de confort à cette aventure anglaise. J’ai pourtant saisi cette occasion de me dépasser et d’affronter mes peurs. Moi qui suis si peu à l’aise au milieu de la foule, à Londres j’allais être servie ! Le voyage s’est merveilleusement bien passé : mon compagnon de route de chaque instant, Dieu, était avec moi.

Et il s’est aussi montré présent le matin où, visitant un musée, j’ai appris que le vol de retour, que je devais prendre quelques heures plus tard, était annulé. Comme je devais impérativement rentrer le jour même, il me fallait trouver rapidement une alternative. Impossible d’obtenir un billet d’avion avant le surlendemain : le voyage se ferait donc en train. La durée du trajet s’en trouvait particulièrement rallongée, mais peu importe !

Ce qui compte vraiment, ce qui a du sens à mes yeux et me procure de la joie, c’est que grâce à ce changement de plan, j’ai pu voir mon oncle qui habite Paris ! J’écris ces quelques mots à bord d’un train qui file dans la nuit. L’arrivée à Genève est prévue à minuit 55 à cause de retards. Je suis fatiguée mais heureuse : heureuse d’avoir vécu un séjour ensoleillé et riche en découvertes dans la capitale anglaise, heureuse de rentrer aujourd’hui, comme prévu, heureuse d’avoir revu un membre de ma famille que je croise rarement.

Parfois nos plans sont perturbés, un imprévu s’invite à la fête, tout ne se déroule pas comme nous l’avions escompté. Ou un défi qui implique de la nouveauté se présente et nous doutons. Rien de dramatique là-dedans, mais cela nous dérange. Ces deux dernières années ont pu nous engourdir ; nous avons aménagé une bulle confortable autour de nouvelles habitudes restreintes. Il est temps de faire éclater cette bulle et de vivre pleinement en acceptant les surprises et les changements de plan qui se présentent à nous : autant de bénédictions que le Seigneur nous offre et qui nous permettent de nous rapprocher de lui. Osons nous engager et disons oui, avec joie et sérénité, à la vie qui nous appelle !

Objet volant non identifié

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS: DR

Et une viande volante, une! Expérience gustative ascensionnelle ou aérienne coutume: à l’ascension on mange de la volaille. Gageons que cette tradition n’a pas trop de plomb dans l’aile…

L’Ascension désigne le moment où le Christ est «enlevé» au ciel quarante jours après sa résurrection. Cette ultime apparition de Jésus à ses apôtres est relatée, entre autres, par les Actes des Apôtres (I, 9-11). Outre les récits bibliques, l’implantation de cette fête dans la pratique chrétienne est peu documentée.

Les premiers siècles du christianisme, l’Ascension ne fait l’objet d’aucune célébration particulière. Origène et Tertullien n’en parlent d’ailleurs pas, alors que le Symbole de Nicée la mentionne dès 325. Auteur de l’Histoire ecclésiastique, Eusèbe de Césarée l’évoque en 332. Il précise qu’elle est célébrée le même jour que la Pentecôte. La plus ancienne référence de cette célébration apparaît dans le journal d’Egérie. Elle y documente un pèlerinage en terre sainte aux environs de 380.

Elle précise que la fête se déroule «où le Seigneur est né» et non sur le mont des Oliviers. Le terme Ascension n’y est pas mentionné et la fête n’a pas de date différenciée de la Pentecôte. Néanmoins, l’Ascension acquiert peu à peu le statut de fête religieuse indépendante, en Orient d’abord. Vers 380, les Constitutions apostoliques (recueil de doctrines chrétiennes de la fin du Ve siècle réunissant les traditions et les écrits pouvant faire loi pour les chrétiens) établissent la fête quarante jours après Pâques, donc indépendamment de la Pentecôte et stipulent que ce jour doit être chômé. Ce n’est qu’au début du Ve siècle que saint Jean Chrysostome et saint Grégoire de Nysse déclarent l’Ascension comme une fête universelle dans le monde oriental. Quelques décennies plus tard, saint Augustin l’étendra à l’Occident. Les deux sermons que lui consacre le pape Léon le Grand (440-461) supposent qu’elle était désormais célébrée dans la chrétienté occidentale.

La fascination populaire pour les représentations visuelles et théâtrales a fait de l’Ascension un motif de prédilection dans nombre de manifestations rituelles, notamment dans les mystères médiévaux. Plus prosaïquement, au Moyen Age, il était fréquent de mettre une volaille, au menu de la fête: pigeons, faisans, perdrix…

Recette: Beer can chicken et pommes de terre au romarin

Temps de préparationTemps totalPortions
40 minutes1h30 minutes4

Normalement la tradition voudrait que l’on choisisse une «viande volante» pour représenter au mieux la notion d’ascension (faisan, pigeon, perdrix). Par commodité nous avons choisi une recette de poulet très plébiscitée à cette période de l’année: un classique du sud des États-Unis. On plaçait le poulet sur une canette de bière à moitié pleine pour le faire griller de «la barbe au cul» ce qui par extension a donné le terme de barbecue.

Ingrédients et ustensiles

  • 1 poulet entier
  • 1 cs d’huile de colza
  • 2 dl de bière blonde
  • 6 pommes de terre moyennes, lavées et coupées en dés (d’env. 2 cm)
  • 3 gousses d’ail pelées et hachées
  • 1 brin de romarin haché
  • 1 cuit-poulet ou 1 moule à kouglof et 1 plaque à gâteau à placer en dessous du moule (car celui-ci comporte un trou par lequel le jus s’échappera lors de «l’arrosage»). Si vous ne possédez ni l’un, ni l’autre, un plat à four fera aussi très bien l’affaire!

Pour la marinade

  • 1cc paprika
  • 1 cc curry
  • 1 cc flocons de piment
  • 1 cc origan séché
  • 1 cc thym séché
  • 1 cc romarin séché
  • 1/2 cc sucre roux
  • Sel et poivre
Un classique du sud des Etats-Unis: le «Beer can chicken».

Préparation

  1. Préchauffer le four ou le gril à 180° C.
  2. Mettre tous les ingrédients pour la marinade dans un bol et mélanger.
  3. Badigeonner le poulet avec l’huile de colza et «masser» le poulet avec la marinade.
  4. Embrocher le poulet, l’arrière vers le bas.
  5. Répartir les pommes de terre, l’ail et le romarin dans la coupelle du cuit-poulet ou du kouglof
  6. Placer le tout sur un feu indirect et couvercle fermé pour le gril ou directement au four. Faire griller pendant environ 50 minutes ou jusqu’à ce que le jus de la viande soit clair et qu’elle atteigne une température à cœur d’au moins 74-76° C. Entretemps, remuer régulièrement les pommes de terre et arroser le poulet avec la bière.
  7. Enlever la viande du gril et la laisser reposer à couvert pendant 5 minutes.

Nouvelle traduction du Missel romain

Depuis quelque temps, lors de la célébration de la messe, vous vous êtes sans doute aperçus que certaines paroles dites par le prêtre avaient changé ou que les réponses des fidèles étaient légèrement différentes. La nouvelle traduction du Missel romain est entrée en vigueur dans notre décanat le dimanche des Rameaux. Décryptage avec l’aide de Mgr Bernard Nicolas Aubertin.

PROPOS RECUEILLIS PAR VÉRONIQUE BENZ | PHOTOS : J. CARITA / V. BENZ

Comment s’est créé le missel ?

Dans la tradition des apôtres et de l’Église, petit à petit nous avons pris l’habitude de célébrer l’eucharistie en reprenant les paroles du Christ qui dit « faites ceci en mémoire de moi ». Au fil du temps s’est constitué un rituel autour de ces quelques mots. Le missel est le rassemblement des habitudes du pape additionné de pratiques d’autres églises et paroisses de Rome. Charlemagne et sa famille ont joué un rôle important dans la composition du Missel romain : ils ont cherché à uniformiser la liturgie. Charlemagne désirait que dans l’ensemble de son empire on commémore Dieu partout de la même manière.

En résumé, qu’est-ce que le missel ?

Le missel est le livre liturgique qui est apparu à la fin du Xe siècle et qui englobe l’ensemble des textes de la messe. Ces textes étaient répartis en trois volumes. Tout d’abord, l’antiphonaire ou le livre des chantres qui contenait les antiennes, les psaumes et les chants. Puis il y avait le lectionnaire, livre du lecteur, qui donne toutes les lectures de la Bible qui sont utilisées durant la messe. Enfin, le troisième livre était le sacramentaire qui indiquait le déroulement du rite en lui-même. Ces trois recueils assez composites ont été réunis en un volume que nous avons appelé missel. Comme ce dernier avait été principalement composé à partir d’éléments venant de Rome, nous l’avons intitulé Missel romain.

Ce missel a-t-il évolué au cours des siècles ?

Le missel s’est constitué petit à petit. La phase la plus importante est liée au Concile de Trente (1545-1563). Ce Concile de la Contre-Réforme utilise les documents existants et promulgue en 1570 le premier missel romain. Ce missel se modèle beaucoup sur la messe privée, c’est-à-dire sans fidèles. Il y avait un déficit au niveau de la participation des fidèles. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous disions autrefois « nous assistons » à la messe. Le thème principal du concile Vatican II en matière de liturgie a été justement la participation active de l’assemblée. Les fidèles ne sont pas simplement présents à quelque chose qui se déroule devant eux, mais ils participent à une action présidée par le prêtre. Le Concile Vatican II a insisté sur cette participation active de l’assemblée et sur le rôle de la Parole de Dieu. Un missel a été promulgué par le pape Paul VI à la suite du concile. Le but était de permettre au peuple chrétien de bénéficier des grâces de la liturgie, de se saisir des textes et d’y participer par une célébration pleine, active et communautaire.

En résumé, on peut dire que le missel de Vatican II avait comme mission de manifester plus clairement le rôle propre de chaque partie de la messe, de faciliter la participation active afin que chacun se sente concerné, de simplifier les rites en gardant leur substance, d’éliminer certains ajouts inutiles et de rétablir certains éléments disparus comme la prière des fidèles.

En janvier 1964, Paul VI crée une commission chargée de procéder à la réforme liturgique. En 1970 paraît la première édition en latin du Missel romain. En 1975, il y a une seconde édition avec quelques modifications. En 2002, Jean Paul II a promulgué la troisième édition. Donc, ce que nous recevons actuellement est la traduction de la troisième édition du Missel romain de 1970.

Pourquoi cette nouvelle traduction du Missel romain ?

Ce n’est pas que la francophonie qui a été priée de revoir sa copie ; ces normes sont valables pour les traductions dans les différentes langues du monde. Nous avons reçu de Rome des normes précises. L’intégralité doit être traduite et la structure du missel doit être respectée. Il s’agit d’une sorte d’uniformisation, avec un souci presque scrupuleux d’une traduction la plus proche possible du texte latin. Une traduction n’est pas simplement un mot à mot. Il faut comprendre le sens et ne pas le changer. Chaque langue a son propre génie et la langue latine a des formules qui ne sont pas toujours aisées à traduire. Parfois, pour traduire un terme, il faut en mettre trois ou quatre ; cela a donc nécessité un long travail.

Pensez-vous que cette nouvelle traduction aide les prêtres et les fidèles à entrer davantage dans l’intelligence  du mystère pascal du Christ ?

Lors d’une nouvelle version, nous voyons toujours d’abord les inconvénients. Nous avons acquis des automatismes et il faut de nouveau faire attention. Cette nouvelle traduction peut être l’occasion d’approfondir et de nous réapproprier un certain nombre de choses. Ce ne sont pas des changements spectaculaires, mais ils ont un sens très fort.

Par exemple dans le récit de l’institution nous disons : «il prit le pain, le bénit, le rompit et le donna à ses disciples.» Cette traduction risque de réduire l’Eucharistie à du seul pain bénit. Or le Christ nous dit bien autre chose lorsqu’il nous demande de « faire ceci en mémoire de lui ». N’oublions pas que l’Eucharistie a été instituée au cours du dernier repas que Jésus a pris avec ses disciples : ce repas est celui que toutes les familles juives célèbrent chaque année pour faire mémoire de la libération du peuple hébreu. Nous avons donc traduit benedixit par « il dit la bénédiction ». Lorsque l’on dit la bénédiction, nous rendons grâce à celui qui nous donne le pain, à celui qui nous donne la coupe… Le Christ dit : « Ceci est mon Corps… Ceci est mon Sang… » Nous faisons donc mémoire du corps livré, rompu, du sang versé pour le salut de l’humanité. Le pain et le vin sont alors bien autre chose que du pain ou du vin bénits.

Pour nous aider à entrer dans la nouvelle traduction

Vous trouverez à l’intérieur des livres Chants notés de l’assemblée un petit fascicule comportant l’Ordinaire de la messe en sa nouvelle traduction. Il vous permettra de vous familiariser avec les nouvelles formulations.

«A l’image de Dieu, il les créa homme et femme»

PAR L’ABBÉ VINCENT LATHION
PHOTOS : ABBÉ MARTIAL PYTHON

«Dieu est esprit.» (Jn 4, 24) nous dit saint Jean. Esprit, il n’a ni matière, ni corps, ni sexualité et parler de masculinité ou de féminité de Dieu – en tant que tel – pourrait paraître aussi oiseux que de discuter du sexe des anges, pour reprendre l’expression bien connue. A prendre donc ce verset en toute rigueur de termes, notre papier devrait s’arrêter ici… Mais, si ce qui vient d’être rappelé est certes exact, il n’en reste pas moins que la Bible se sert, à de nombreuses reprises, de caractéristiques masculines et féminines pour nous faire entrer dans le cœur – dans l’esprit – de Dieu et il vaut la peine d’en chercher les raisons, en tirant des Ecritures tout d’abord quelques exemples d’images féminines de Dieu.

Reflet de la femme en Dieu

L’Ecriture ne cesse de nous rappeler que le cœur de Dieu est miséricordieux : « Le Seigneur passa devant Moïse et proclama : « LE SEIGNEUR, LE SEIGNEUR, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité. » (Ex. 34 6)
Or le mot hébreu pour signifier la miséricorde, « rahamim » (au pluriel, ce qui, en hébreu est souvent signe d’excellence), désigne à l’origine le sein, le giron maternel, les entrailles de la femme. L’Ancien Testament nous présente donc la compassion de Dieu comme un amour maternel qui s’émeut devant la souffrance de ses enfants. Ainsi le prophète Isaïe en appelle-t-il aux « entrailles » de Dieu : « Où sont ta jalousie et ta vaillance, le frémissement de tes entrailles ? Ta tendresse envers moi, l’aurais-tu contenue ? » (Is 63, 15) ; semblablement, Dieu lui-même se compare à une mère : « Comme un enfant que sa mère console, ainsi, je vous consolerai. » (Is 66, 13), tout comme le Christ dans l’Evangile : « Jérusalem, Jérusalem, […] combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu ? » (Mt 23, 37)

Saint Jean, lui non plus, n’hésite pas à recourir à des images féminines pour parler de Dieu. Le Christ est tourné vers le sein du Père (cf. Jn 1, 18), tandis qu’il est conçu du Saint-Esprit selon la chair ; autant d’images et d’actions qui évoquent la femme. Le Saint-Esprit exerce justement un rôle maternel dans la vie de l’Eglise. Il est celui qui engendre toute personne à la vie nouvelle comme le rappelle Jésus à Nicodème (Jn 3, 3-8) et c’est dans l’Esprit Saint que le fidèle grandit (la préposition « dans » évoque l’enfant qui grandit dans le ventre maternel). De même, saint Luc nous parle de l’Esprit Saint qui est consolateur, qui réconforte comme une mère : « L’Eglise était en paix […] ; réconfortée par l’Esprit Saint, elle se multipliait » (Ac 9, 31). Ainsi, tant dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau, nous trouvons des images de Dieu féminines et maternelles.

Mais alors, me direz-vous peut-être, pourquoi dans nos églises ces représentations de Dieu en patriarche à la barbe fleurie, pourquoi Jésus s’entête-t-il à appeler « Père » celui qui l’engendre ? Ici, nous voudrions simplement proposer une des raisons possibles de cette appellation, sans prétendre en épuiser la profondeur. De tous les actes humains, donner la vie à un nouvel être est l’acte qui s’apparente ici-bas le plus à l’acte créateur de Dieu. L’homme et la femme exercent ensemble cet acte, chacun de manière différente : pour l’homme, son effet est extérieur à lui-même, comme détaché de lui, tandis que pour la femme, il reste intérieur à elle-même, comme tiré de son sein. Or pour l’acte créateur, l’univers n’est pas tiré d’une matière qui pour ainsi dire préexisterait en Dieu, précisément parce qu’il n’y en a pas ; l’univers n’est pas non plus en Dieu, dans le sens où les choses créées seraient mêlées de divin. Par ces quelques remarques, nous saisissons qu’un des enjeux de la symbolique masculine ou féminine de Dieu est pour ainsi dire lié, par extension, au rejet du panthéisme. Loin que Dieu ait créé l’univers à partir de ce qu’il est, que les créatures soient divines, Il a créé le ciel et la terre à partir de rien, comme le rappelle magnifiquement à son cadet la mère des sept martyrs du Livre des Maccabées : « Je t’en conjure, mon enfant, regarde le ciel et la terre avec tout ce qu’ils contiennent : sache que Dieu a fait tout cela de rien, et que la race des hommes est née de la même manière. » (2 M 7, 28) Dieu est au-delà de sa création, il est simple et unique. Si donc Dieu, sans être ni homme ni femme, possède à la perfection aussi bien les qualités féminines que les qualités masculines, une des raisons qui amène à en parler comme d’un père plutôt que comme d’une mère, pourrait être ce souci de préserver et de protéger ce qui fait l’émerveillement de tout chrétien, Dieu est le Très-Haut, celui qui nous dépasse infiniment ainsi que le chante saint Grégoire de Nazianze : « Ô Toi l’au-delà de tout, comment t’appeler d’un autre nom ? Quel hymne peut te chanter ? Aucun mot ne t’exprime. Quel esprit te saisir ? Nulle intelligence ne te conçoit. »

Engagés vers plus de fraternité

«Les pauvres ne sont pas des personnes « extérieures » à la communauté,  mais des frères et sœurs avec qui partager la souffrance, pour soulager leur malaise et leur marginalisation, pour qu’on leur rende leur dignité perdue et qu’on leur assure l’inclusion sociale nécessaire.»

Pape François, Journée mondiale des pauvres 2021

Un groupe œuvrant pour la diaconie et la solidarité dans notre Unité pastorale a été créé l’an dernier. Ses membres partagent leurs constats, leurs aspirations et leurs perspectives d’action.

PAR FRANÇOISE GARIAZZO POUR LE GROUPE EFFATA
PHOTOS: FRANÇOISE GARIAZZO, DR

Le groupe solidarité a vu le jour en avril 2021 à l’initiative de l’Equipe pastorale et de Françoise Gariazzo, aumônière de la pastorale sociale et de rue sur l’Unité pastorale (UP). La mission de ce groupe, confirmée lors de la messe d’ouverture de l’année pastorale en septembre, est de porter les questions suivantes : « A côté des actions de solidarité se développant déjà sur l’UP (missions, Asolac, etc.), comment mieux rejoindre les personnes en précarité et donner à la diaconie et à la solidarité la place qui leur revient dans notre vie personnelle et la vie communautaire de l’UP ? » Il a pour tâche de faire des propositions à l’ensemble des paroissiens de l’UP puisque la diaconie est l’affaire de tous les baptisés.

Le groupe qui s’est mis en route est composé de Thérèse Ngalula, Evelyne Pintado, Gennaro Larucci, Marie-Josée Desarzens, Olivier Minniti, Natacha Schott et Françoise Gariazzo. Nous nous réunissons une fois par mois depuis juin 2021 en confiant notre chemin à l’Esprit Saint. Au fil du temps, nous avons réellement expérimenté la richesse qu’apporte la diversité de nos regards. Cette aventure a pris le nom
d’Effata (« Ouvre-toi »).

Un nom riche de sens

Le nom choisi pour notre groupe se révèle être central dans notre démarche et il la reflète parfaitement. Un membre en a dit la chose suivante : « Effata : voici le mot que le Christ prononce lorsqu’il guérit un sourd-muet en plein territoire païen (Mc 7, 35). Par son action, Jésus ne fait pas que guérir cet homme. Il lui permet d’être réintégré dans la société. Sa guérison a été pour lui une ouverture aux autres et au monde. Le Christ lui permet, à travers ses sens retrouvés, d’entrer en relation et de sortir de son isolement.

Nous sommes invités – nous membres du groupe, mais aussi membres des communautés de notre UP – à réactualiser cette mission reçue le jour de notre baptême, celle de nous ouvrir à l’autre. En portant le souci de notre frère ou de notre sœur jusqu’aux périphéries. Dans le respect de la dignité de chacun et de chacune, nous souhaitons nous ouvrir à une relation réciproque et fraternelle. »

Le groupe Effata au complet lors d’une réunion mensuelle.

La méthode de travail a été de parcourir trois étapes : voir, choisir et agir.

1. Voir

Nous avons pris le temps d’écouter des témoignages de personnes en précarité et de connaître des expériences vécues en pastorale sociale afin d’approcher les diverses formes de précarité sociale de notre région ainsi que les ressources déjà en place.

Nous nous sommes également arrêtés sur la question de la pauvreté en lien avec notre foi ainsi que sur la place des pauvres dans l’Evangile et dans la vie de l’Eglise.

Notre baptême nous appelle à nous engager au service de la diaconie et de la solidarité.

Quelques constats retenus :

– La pauvreté a de multiples facettes. Si les personnes en précarité sont souvent très ébranlées par leur parcours, elles montrent aussi fréquemment une grande force (en lien avec la foi ou pas) pour affronter leur quotidien.

– Dans notre région, les personnes en situation de précarité sont peu repérables. Plusieurs d’entre elles expriment de la honte à devoir demander de l’aide.

– La souffrance la plus souvent mentionnée est le manque de liens personnels, familiaux et / ou communautaires ainsi que le manque de personnes de confiance avec qui parler. Ce sentiment d’isolement amène une baisse de confiance en soi, l’impression d’un monde qui se ferme, l’appréhension du regard d’autrui, le sentiment d’être indigne, exclu, inutile, ne comptant pour rien ni personne.

– Un autre besoin souvent exprimé : ne pas savoir où s’adresser pour demander un simple coup de main.

– Si un réseau d’aide sociale existe, il laisse parfois des personnes en marge pour diverses raisons (par exemple : critères non remplis, démarches nécessaires trop fastidieuses, risque de retrait d’un permis de séjour si on demande de l’aide,
etc.).

– Notre UP offre plusieurs moments d’accueil ouverts à tous (par exemple: repas Asolac, Permanence accueil Asolac, café après la messe, …). On voit que nos communautés paroissiales sont des lieux possibles de fraternité. Il en est de même pour les autres Eglises chrétiennes de la région.

– Vivre une situation difficile peut amener une ouverture spirituelle, une recherche de sens, le besoin de se confier à plus grand que soi. Il n’est pas rare qu’un chemin vers le Christ se dessine à ces moments-là. Nous constatons également que beaucoup de personnes, croyantes ou non, passent dans les églises en dehors des célébrations pour s’arrêter, pleurer, reprendre souffle, allumer une bougie, prier, chercher des informations, …

– Accompagner des personnes en grande fragilité est souvent l’occasion d’approfondir sa propre foi. L’Eglise a besoin de connaître la vie des plus pauvres et d’entendre leur voix pour découvrir les appels que l’Esprit Saint lui lance à travers eux.

2. Choisir

Après cette première étape, des pistes d’action ont émergé. Pour choisir celles que nous retiendrons, nous nous sommes appuyés sur des axes qui nous paraissent incontournables :

– Eviter les doublons en tenant compte de ce qui se fait déjà (dans notre paroisse, dans les autres Eglises, aux niveaux associatif, communal, …) ; nous situer en lien avec tout ce réseau.

– Viser la fraternité à vivre avec tous autant que la réponse à donner à des besoins concrets.

– Construire et soigner le lien par un accueil et une écoute gratuits tout en sachant que c’est souvent à travers une demande précise que ce lien peut prendre corps.

– Inclure dans tout projet de diaconie une possibilité de recevoir : « Personne n’est si pauvre qu’il ne puisse pas donner quelque chose de lui-même dans la réciprocité » (pape François, Journée mondiale des pauvres 2021).

3. Agir

Ce printemps, les pistes d’action retenues (voir encadré) ont été présentées à l’Equipe pastorale qui les a avalisées. Il s’agit maintenant de les ancrer dans la réalité locale, de marcher vers leur concrétisation avec les instances concernées de l’UP et avec vous toutes et tous. Nous souhaitons vraiment que le mot « effata » puisse résonner dans toute la communauté et donner naissance à davantage de fraternité vécue.

Je laisse la conclusion à une femme membre du groupe : « Pour moi, dans ce groupe, c’est déjà un chemin de donner et de recevoir. Je demande que Dieu nous donne la sagesse et l’intelligence pour bien recevoir et bien donner. Que sa grâce nous accompagne tout au long du chemin. »

A la recherche de bénévoles

Nous avons besoin de vous pour concrétiser ces projets ! Cela vous intéresse ? Merci de contacter Françoise Gariazzo au 079 813 81 35.

Projets retenus

Ces projets seront à mettre en œuvre progressivement :

  • Aménager un espace accueil café à Gland un matin par semaine;
  • Améliorer l’accueil dans les églises et chapelles de l’UP grâce à un panneau « Bienvenue » et des informations claires (par exemple : qui contacter en cas de difficulté, pour une demande précise, …);
  • Développer la fraternité à travers un réseau de coups de main ponctuels.

Une heure avec Marjorie et Géraldine

Je sonne à la cure Saint-Pierre, la porte s’ouvre. Marjorie et Géraldine apparaissent dans l’entrebâillement: «Bonjour! que pouvons-nous faire pour vous?», disent-elles avec un large sourire. Elles m’accueillent aimablement, nous nous installons dans la salle à manger. Elles me parlent à cœur ouvert de leur travail, de la joie qu’elles ont d’aider les gens.

PROPOS RECUEILLIS PAR VÉRONIQUE BENZ | PHOTO : VÉRONIQUE BENZ

Marjorie et Géraldine sont les deux secrétaires de la paroisse Saint-Pierre. Chacune maman de deux garçons, elle travaillent à 60 %, Géraldine lundi et mardi, Marjorie mercredi et jeudi ; le vendredi, elles sont toutes les deux présentes. Une journée en commun nécessaire, reconnaissent-elles, pour la bonne coordination des tâches.

Les responsabilités d’une secrétaire de paroisse sont nombreuses et variées. « La majeure partie consiste en des tâches administratives dont, par exemple, faire le lien entre les différents intervenants des messes, la tenue des registres paroissiaux, la gestion des quêtes et des locations des salles de la maison paroissiale. Ce qui me plaît dans mon travail, c’est l’accueil à la porte comme au téléphone. Il faut savoir écouter, renseigner, informer, rediriger les personnes », remarque Marjorie. « Il y a aussi une partie psychologique, des gens viennent se confier », souligne Géraldine. « Lorsque les personnes sont là, notamment pour préparer des funérailles, il faut faire preuve d’empathie, les mettre à l’aise et les recevoir en attendant que le prêtre ou la responsable des funérailles arrivent. Il y a aussi les gens qui viennent demander de l’aide; il faut les réorienter vers les organismes adéquats. » Lorsque l’une parle, l’autre la complète. En les voyant, on ressent immédiatement leur bonne collaboration, leur complicité…

Elles relèvent que leur travail demande beaucoup d’empathie, de disponibilité, de discrétion, d’ambivalence, de créativité, d’organisation, d’autonomie, d’anticipation… et une bonne gestion du stress. « Il faut tout prendre avec le sourire, penser à tout et surtout prioriser ce qu’il y a faire. Il faut parfois imaginer ce que l’on devrait savoir, car nous sommes souvent les derniers maillons de la chaîne ». Les deux secrétaires relèvent la bonne collaboration avec toutes les personnes qui œuvrent au sein de la paroisse.

Avant d’être au service de la paroisse, Marjorie et Géraldine travaillaient dans le milieu bancaire. « Travailler pour une paroisse, cela me paraissait une évidence », explique Géraldine, « je désirais contribuer au bien-être des gens. Je suis sereine lorsque je viens au bureau, j’ai envie de faire les choses bien, je suis motivée, il y a un réel plaisir. » Marjorie cherchait un métier qui correspondait davantage à ses valeurs. « Ici notre travail est gratifiant. À la fin de la journée, nous avons l’impression d’avoir aidé les gens, de nous être rendues utiles. »

« En Église, il est souvent dit que les choses ne bougent pas ou vont trop lentement. La raison principale pour laquelle j’ai un énorme plaisir à travailler ici », précise Marjorie, « c’est justement que, quoi qu’il se passe dans le monde (une guerre, une crise sanitaire, une catastrophe naturelle) l’Église réagit très rapidement, que ce soit sous forme de quête, de dons, de récolte de marchandises. »

« Les gens, en général, ne se rendent pas vraiment compte du rôle de l’Église dans l’aide sociale. Rien que pour cela je suis fière de travailler pour l’Église », ajoute Géraldine. « Ce qui est beau, c’est cette manière de tendre la main au plus démuni, souvent dans l’ombre. » Toutes deux estiment dommage que de nombreuses personnes n’aient pas conscience de cela.

Si vous contactez la paroisse Saint-Pierre, sans aucun doute vous serez accueillis par Marjorie ou Géraldine. Vous découvrirez alors leur voix douce, leur joie communicative et leur regard bienveillant !

A la rencontre de Pauline Jaricot…

… «L’esprit d’entreprendre au service du Christ»

PAR ALESSANDRA ARLETTAZ
PHOTOS : OPM FRANCE, NEWSOUL, MISSIO AUTRICHE / CLEMENS FUCHS

En ce mois de Marie, je vous invite à aller à la rencontre de Pauline Jaricot, qui est née le 22 juillet 1799. Cette femme sera béatifiée le 22 mai 2022 à Lyon.

C’est une femme hors norme, son dévouement m’inspire énormément.

Elle vient d’une famille riche, où durant les premières années de sa vie de jeune femme elle en profite pleinement. Cependant, après un prêche sur la vanité, elle décide de tout laisser de ce luxe. Elle décide de s’habiller comme les ouvriers et de se mettre au service des pauvres.

Ayant un frère missionnaire, elle est mise au courant de la situation critique des missions. Elle prend l’initiative de faire connaître des missionnaires et leurs besoins et demande de les porter dans les prières. Ainsi, à 19 ans, Pauline a alors l’idée que chaque personne pourrait facilement trouver dans son entourage dix associés donnant un sou chaque semaine pour les missions. Elle invite donc à réciter un « Pater » et un « Ave Maria » chaque jour et à récolter « un sou » par semaine. S’ensuivrait ensuite un fonctionnement pyramidal organisé par groupe de 10, 100 et 1000 personnes. Chaque chef d’une dizaine récolterait les dons de ses associés, le chef de centaine ceux de dix chefs de dizaine et ainsi de suite, pour finir par alimenter un fonds commun. Ce « plan » de Pauline Jaricot aboutit à la création de l’œuvre de propagation de la foi en 1822.

Elle est aussi la fondatrice, en 1826, du « Rosaire Vivant ». Ce dernier regroupe ses membres par quinzaines dans une communion spirituelle en disant chaque jour une dizaine de chapelet pour prier tous ensemble le rosaire (à l’époque un rosaire compte 15 dizaines).

Un siècle après sa création son œuvre est élevée en œuvre pontificale par Pie XI. Pour la première fois toute l’Eglise est appelée à célébrer l’avant-dernier dimanche du mois d’octobre, le dimanche de la Mission Universelle.

Au-delà du Rosaire Vivant, son œuvre se résume à cette invitation qu’elle nous adresse aujourd’hui : « Unis-toi à cette mission : prie et fais prier ! »

Si vous voulez en savoir plus, voici un lien qui peut vous être utile:
http://paulinejaricot.opm-france.org/

Prière pour demander une grâce par l’intercession de Pauline

Seigneur,
Tu es venu sur la terre afin que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. A cette œuvre qui est la Tienne, Pauline-Marie Jaricot s’est dévouée tout entière.
Elle a établi la Propagation de la Foi pour les multitudes qui ne connaissent pas la Vie, le Rosaire Vivant pour ceux qui ne la possèdent pas dans son abondance.
Vénérable Pauline Jaricot, toi qui as consacré ta vie à répandre le Royaume du Christ en servant Dieu et les hommes, intercède pour nous et que Dieu daigne nous accorder la grâce que nous demandons humblement.
Amen.

Des cartes avec cette prière peuvent être commandées à Missio au 026 425 55 70 ou auprès de shop@missio.ch

Mon église au milieu du village

La dernière messe célébrée dans l’ancienne chapelle a eu lieu le dimanche 6 février. L’occasion de retracer en images son historique au début de la célébration, puis d’écouter les témoignages de plusieurs paroissiens lors de l’homélie. L’un d’entre eux a été réalisé par Elisabeth Collaud, qui s’est adressée directement à la chapelle, comme à une amie. Vierge, icônes et Saint-Sacrement ont ensuite été portés jusqu’à la nouvelle église. Une page se tourne!

PAR ÉLISABETH COLLAUD
PHOTOS : GEORGES GRANDJEAN, CHANTAL ZAPHIROPOULOS

Après la dernière messe, l’Abbé Zbiniew a cherché des reliques sous la table servant d’autel.

Chère Chapelle Saint-Jean Baptiste, je m’adresse à toi aujourd’hui pour une ultime rencontre. Voici bientôt 40 ans que nous nous côtoyons. Je passe presque tous les jours devant toi : à chaque fois que je jette un coup d’œil, tu es là. Tu restes bien droite malgré l’âge et les outrages de la météo.

Un lieu de rencontre

Tu fais partie intégrante de ma vie. C’est en effet chez toi que mes enfants ont été baptisés, et devant ton autel qu’ils ont fait leur première communion. Je suis régulièrement venue pour la messe, pour des réunions de catéchisme, pour le sacrement du pardon, pour des ensevelissements et pour des fêtes. Par exemple, pour apporter un gâteau ou une mousse aux fraises à partager et pour goûter les spécialités culinaires des autres paroissiens au souper du Jeudi saint ; quel délice ! J’ai même chiné à la brocante, alors que ce n’est pas forcément ma tasse de thé. J’ai également bricolé, tricoté et crocheté pour payer une modeste partie du mobilier de ta remplaçante. Tu as donc été témoin de ma vie.

Chez toi, pas d’allée centrale : rien de clinquant, de grandiose ou de prétentieux, juste ce petit plus qui me permet de me sentir si bien ici. Quelle autre chapelle peut se targuer d’avoir voyagé comme toi, à travers la Suisse, d’avoir commencé sa vie en étant baraque et fini en église ? Certainement bien peu.

Une parenthèse de sérénité

Au fil des années, tu m’as vu arriver à la messe du dimanche quelques fois en avance, un peu plus souvent en retard. Pourtant, j’ai toujours trouvé une place. Le temps passé chez toi m’a permis de demander, de remercier, de louer, de chanter, de me taire, de réfléchir, de sourire, de rire, et parfois même de me calmer si rien ne s’était passé comme je l’aurais aimé avant que je ne vienne chez toi. Assise sur un banc, je me suis aussi reposée : pendant une heure, personne ne me demandera quoi que ce soit. Quel bonheur et quel luxe quand on a plusieurs enfants en bas âge qui ont toujours besoin de leur maman.

Bien sûr, j’ai également écouté les homélies qui m’ont fait cheminer dans ma foi, qui m’ont à d’autres moments bousculée ou carrément énervée parce que je n’étais pas d’accord et que je ne pouvais pas le dire haut et fort. J’ai vécu ici la vie et les émotions de tous les jours. Celles qui se succèdent, celles qui peuvent être à la fois simples ou compliquées, belles et tristes, magnifiques ou lourdes à supporter. Et quand mon esprit s’évadait, à la faveur d’un long sermon, j’ai imaginé ce que tu as entendu, vu et gardé entre tes murs : des dialogues de chantier aux discussions entre ouvriers, des bruits de la montagne aux chants des chrétiens, du bonheur d’une naissance à la douleur de la perte.

Joie de la découverte.

Tu rythmes ma vie

Au bilan de toutes ces rencontres, je constate que toi et moi, nous partageons beaucoup. Les célébrations qui ont lieu chez toi rythment mon existence : Pâques, l’Ascension, la Pentecôte, etc. Durant l’Avent et Noël, tu abrites sur ton perron la crèche réalisée avec mon frère. C’est un réel plaisir pour moi de montrer cet ouvrage à mon petit-fils au cours de nos promenades. D’ailleurs, j’en profite pour entrer chez toi pour y faire un coucou, une prière, un chant, allumer un lumignon ou raconter la vie de Jésus.

Pour terminer, je remercie les personnes qui ont eu l’idée et qui ont agi pour te faire venir à Gland. Je garderai de toi des images sympathiques, des flashs de bonheur, des beaux souvenirs. Si je t’ai fait des infidélités ces dernières années, c’est que je suis une lève-tôt, même le dimanche, et qu’un autre horaire de messe me convient mieux. Bien à toi et merci chère chapelle. Tu as été mon église au milieu du village.

Vivre la synodalité

PAR VÉRONIQUE BENZ | PHOTO : R. BENZ

Ces derniers mois, de nombreuses personnes ont participé à la démarche synodale, soit au sein de leurs unités pastorales, décanats, mouvements, ou simplement en répondant en ligne sur le site internet. Le diocèse a publié sa contribution à la consultation synodale universelle sous forme d’un petit livret de trente pages (à télécharger sur le site www.cath-fr.ch).

Notre décanat a vécu cette démarche en trois temps. Bernard Bovigny a fait un bon compte rendu de la dernière réunion. Les participants à ces rencontres gardent une belle impression de ce qui a été vécu. Cependant beaucoup d’entre eux espèrent que ce qui a été partagé ne demeure pas lettre morte !

Pour que cette démarche ne reste pas simplement un livre blanc rangé dans notre bibliothèque, n’est-ce pas à nous, baptisés, de devenir des disciples d’Emmaüs ? À chaque fête de Pentecôte n’est-ce pas chacun de nous que le Seigneur envoie comme missionnaire pour témoigner et faire vivre nos communautés ? Et si cette année, je choisissais l’une des neuf thèses retenues et que je décidais de m’engager à la faire vivre ? Alors ce qui a été partagé ne restera pas dans un tiroir, mais fleurira et portera du fruit.

Lorsque l’on cherche une information, souvent le premier réflexe est de téléphoner au secrétariat de la paroisse ou de l’unité pastorale. Notre rubrique « Une heure avec » vous dévoile le visage de Marjorie et de Géraldine, les secrétaires de la paroisse Saint-Pierre, que vous connaissez certainement par leur voix.

Depuis le dimanche des Rameaux, vous vous êtes sans doute aperçus que certaines paroles de la messe avaient changé. Mgr Aubertin nous aide à comprendre le pourquoi de cette nouvelle traduction du Missel romain.

Les écoliers aiment en général les mois de mai et juin, car ils comptent de nombreux jours fériés avec les fêtes de l’Ascension, de la Pentecôte et de la Fête-Dieu. C’est l’histoire de cette dernière, aussi appelée Solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ que Sébastien Demichel nous fait découvrir.

Paul Salles nous présente les nouvelles chaires de prédication sur le web. Dans ce numéro, vous découvrirez également en image la Montée vers Pâques des jeunes.

Je vous souhaite une bonne lecture, et que le feu de l’Esprit nous aide à poursuivre et à vivre la synodalité.

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