L’apparent silence de Dieu

TEXTE ET PHOTO PAR MARION PERRAUDIN

Dans l’apparent silence,
Où le cri de la prière,
Semble tomber au creux de la terre stérile.
Comme une pluie bienfaisante,
La douceur de la paix irrigue le cœur telle
une ondée apaisante.

Dans l’apparent silence,
De l’absence de Dieu
Lorsque tout semble être néant,
Comme le souffle léger de la brise
Une présence se révèle enveloppant
le cœur de tendresse.

Dans l’apparent silence,
Du souffle créateur du Père,
Lorsque la flamme de l’espérance vacille,
Telle la clarté d’un feu dans la nuit,
La Parole de vie vient éclairer le cœur
par le pardon donné.

Dans l’apparent silence,
De la présence de Dieu,
Cheminant à nos côtés sur le chemin de la vie,
Comme un secret d’amour, simple et discret
Cette présence, sa présence, devient rencontre
du Père et de son enfant.

Dans l’apparent silence,
De la prière qui rejoint le cœur de Dieu,
Dans l’apparent silence,
De l’abandon entre les mains du Père,
La force de l’amour devient réponse
qui relève et raffermit.

C’est dans l’apparent silence,
D’un simple morceau de pain et d’une coupe de vin
Entre les mains du prêtre,
Que le silence de Dieu devient présence.

Ecole buissonnière…

… la conversion de Pinocchio

VICAIRE DENIS LAMON
PHOTO: CC ANDERTOONS

Une nouvelle année pastorale commence, notre histoire avec Dieu continue, rythmée par nos chutes et nos relèvements. C’est un peu comme dans le conte de Carlo Collodi. Le vieil artisan Geppetto décide de créer une marionnette à l’image d’un garçonnet (le corps). La Fée bleue l’anime (l’esprit), Jiminy le criquet devient sa conscience (l’âme). Pinocchio souffre. Bien que marionnette animée, il désirerait être comme les autres humains. Sans doute ne se trouve-t-il pas beau ? Habité par ce malaise, il va tomber dans plusieurs pièges : paresse à l’école, mensonges qui provoquent l’allongement de son nez, fuite au pays merveilleux des jeux pensant trouver la liberté absolue, mais se retrouvant changé en âne et devenant animal de cirque. Pinocchio pensait devenir plus beau en devenant plus libre, et le voilà devenu captif et laid : un animal ! Suite à une blessure son patron le jette à la mer. C’est là que la baleine l’engloutit et qu’il retrouve et sauve Geppetto en faisant du feu pour faire éternuer la baleine et être recrachés sur le rivage. C’est à travers ces actes de bravoure et la droiture de vie qu’il va mener par la suite que la marionnette deviendra un vrai garçon ! Pinocchio est maintenant comme les autres enfants, de pâte humaine.

Belle métaphore de notre condition de créature, de nos blessures et de notre péché.

Belle image de la patience de Dieu dans l’histoire du salut et du travail de la grâce ! C’est en donnant et en se donnant que l’on grandit et que l’on devient meilleur.

Et si notre vraie beauté dépendait de nos actes, de notre sincérité, de notre bienveillance, de notre générosité et de nos efforts. Il nous appartient de l’accueillir comme un don de Dieu qui nous a fait à son image et à sa ressemblance.

« L’obéissance est une vertu d’homme libre »*

A tour de rôle, des jeunes de divers cantons romands profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. Au tour de Pauline de Gromard (25 ans), étudiante en droit à Fribourg et future carmélite, de prendre la plume.

PAR PAULINE DE GROMARD
PHOTO : DR

Nous commençons par comprendre ce que signifie la liberté, avant même de nous poser la question de son lien avec l’obéissance.

Chaque homme nait avec le libre-arbitre, il est libre de choisir dans le champ des possibles qui s’étend devant lui. Mais la liberté est plus que cela. Celui qui est vraiment libre, selon Thomas d’Aquin, est celui qui réalise effectivement ce qu’il veut et cherche véritablement, à savoir le bien. Et plus haut est le bien atteint, plus il est libre. Seul donc ceux qui réalisent le bien sont dit véritablement libres (Liberté).

Par exemple, nous recherchons une amitié dans le but d’atteindre le bien qu’est l’amour. Or, il arrive que nous nous trompions en prenant pour un bien ce qui n’en est pas un. Ainsi la recherche du luxe à tout prix ou le plaisir de la drogue ne rendent pas heureux, ils ne sont pas des biens que nous voulons vraiment et ne nous rendent pas libres.

Maintenant que nous avons une définition plus claire de ce qu’est la liberté, nous pouvons nous interroger si l’obéissance s’oppose ou, au contraire, permet d’être libre.

Obéir signifie renoncer à sa volonté propre pour accueillir et faire la volonté de celui à qui on se soumet. Cela s’oppose peut-être au libre-arbitre, car cela réduit le champ des possibles. Mais cette obéissance n’est pas accordée à n’importe qui. L’obéissance est due à Dieu, et à l’Eglise que le Christ a instituée. Et concrètement, c’est par l’obéissance aux supérieurs religieux que le religieux obéit à Dieu.

Dieu choisit des médiations pour nous communiquer sa volonté. Par exemple, Dieu s’adresse à la Vierge Marie à travers l’ange Gabriel. Au moment de leurs vœux, les religieux remettent leur volonté dans les mains de leur supérieur et posent comme acte de foi de prendre ce dernier comme médiation de la volonté de Dieu. Celui-ci a été nommé et reconnu par la hiérarchie de l’Eglise à qui il doit obéir et rendre des comptes. Sa mission est de permettre aux religieux qui lui sont confiés, de suivre la voie qu’ils ont choisie. Le supérieur est là non pas pour écraser mais pour élever. Pour obéir vraiment, il faut être capable de désobéir !

Ainsi, le fruit d’une juste obéissance est la liberté, car obéir à Dieu, par l’intermédiaire des supérieurs, nous fait mûrir dans le bien.

* Labourdette

Le Christ, maître de l’école buissonnière…

C’est une nouvelle rentrée pastorale, c’est une nouvelle rentrée des classes, et L’Essentiel semblerait nous guider vers l’école buissonnière, est-ce bien raisonnable?

TEXTE ET PHOTOS PAR MARIUS STULZ

L’école peut désigner l’établissement scolaire, l’ensemble des élèves et du personnel ou le mode d’enseignement lui-même.

A l’école de son Père, Jésus, par son incarnation dans notre monde (l’infini entre dans le monde du fini), va faire une école buissonnière en vue du bien de l’humanité, profitable à toutes et à tous. Pour cette rentrée scolaire ou pastorale, comme pour notre rentrée dans la vie, tous, nous sommes appelés à l’école de l’Amour, à l’école de Jésus.

Sa pédagogie, son école, est simple, exigeante et belle: «Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.»

Etre chrétien c’est se mettre à l’école de Dieu, à l’école de la foi qui est avant tout une rencontre personnelle avec le Christ. Jésus, sans cesse, nous demande de faire l’école buissonnière de nos certitudes, de nos convictions avec comme seule règle indispensable, incontournable et irremplaçable pour chacun, celle de demeurer dans ce lien d’amour personnel avec lui. Mon seul devoir d’école, mon seul devoir de vie est de compter sur lui et avec lui (la liturgie dira par lui, avec lui et en lui) et saint Augustin de résumer à notre intention le devoir des bons écoliers que nous voulons être ou devenir par: «Aime et fais ce que tu veux.»

Sans cesse, dans cet excellent terreau qui est ce lien d’amour qui nous unit au Christ, Jésus pousse à l’école buissonnière et promet à celui qui lui fait confiance de vivre d’énormes dépassements et de vivre des événements plus grands que tout ce que lui-même a mis en route ou vécu (Jean 14, 12). Ou encore rappelons-nous lorsque Jésus amène les disciples d’Emmaüs, enfermés dans leur tristesse, leurs regrets et leur manque d’espérance, à vivre avec lui l’école buissonnière qui devient une expérience concrète de la liberté, de la résurrection et de l’infini de Dieu; que c’est bon d’être et de se savoir si bien accompagné sur notre chemin.

Ou encore, lorsque Jésus appelle Paul, le pharisien légaliste, le rigoureux, celui qui écoute et vit avec droiture la tradition juive, fidèle aux lois et aux rites, à devenir son apôtre en le poussant au dépassement, afin qu’il rende caduques ses lectures exhaustives de la loi qui séparaient les gens à cause du droit de naissance (lignage), de la culture et la tradition religieuse, de la place sociale, le poussant à revisiter et réinterpréter les rites et les usages à la lumière du ressuscité ; saint Paul l’a si bien fait avec le carcan des règles concernant des rites comme la circoncision et l’ensemble des lois de Moïse contenues dans les cinq premiers livres de la Bible que les juifs-chrétiens voulaient imposer aux païens qui ont accueilli le Christ; au Concile de Jérusalem, les apôtres sous la houlette de Pierre réduisent les centaines observances de la loi juive, en trois grandes orientations qui aideront les nouveaux chrétiens d’origine païenne à progresser dans leur spiritualité en leur demandant de s’abstenir de l’idolâtrie, de l’immoralité, de la viande étouffée et du sang (Ac 15, 5-21). C’est à l’école du maître que les apôtres on pu prendre ces positions nouvelles, rappelons-nous la méditation de Jésus «ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l’homme impur, mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui rend l’homme impur», pensée qui ouvre à tous, même aux mécréants, aux pécheurs et aux rejetés, l’accès à une intense rencontre en Dieu, l’accès à la communion. Cette citation est un vrai tuteur pour n’importe quelle situation de vie, lorsque tu ouvres la bouche quel est le bien que tu pourras en faire sortir; … je pense que je devrais me taire plus souvent!

Jésus est et sera toujours le maître de l’école buissonnière pour l’Eglise qu’il ne veut jamais démolir, mais accomplir. «Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Je vous appelle amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père.» (Jn 15, 15) Par l’Esprit-Saint, l’Esprit d’Amour accueilli chaque jour dans nos vies, nous sommes amis de Dieu, donc à même de découvrir dans l’Esprit ce qui est bien, ce qui est bon, ce qui est juste et nous n’avons pas peur de l’annoncer ni de le confronter avec les découvertes de nos sœurs et frères qui eux aussi vivent de l’Esprit, même si le plus souvent il s’exprime à travers eux d’une manière différente, mais qui vient nourrir, construire, édifier, s’harmoniser, communier à l’Esprit qui s’active en chacun de nous.

N’est-ce pas à ce déplacement intérieur auquel sont conviés les catéchumènes qui se préparent au baptême ou les confirmands qui vivent ou qui vont commencer à vivre à la rentrée le cheminement vers la confirmation ; par des moments communautaires où le vivre ensemble devient l’occasion de se laisser rejoindre par le Christ, afin de le reconnaître, de l’accueillir, de l’écouter et de se laisser transformer par cette relation d’Amour qu’il nous offre, et vivre cette école buissonnière qui emmènera chacun au-delà de ses limites, à battre campagne, pour vivre de son amour.

Bonne route et bon cheminement à tous !

Confirmands, marraines et parrains 2021.

La communauté Vie Chrétienne (CVX)

De nombreuses communautés sont présentes en Suisse romande, comme autant de témoins de la vitalité et de la diversité de l’Eglise. Ce mois-ci, cap sur des groupes de laïcs dont la spiritualité d’inspiration jésuite s’incarne dans la pratique des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola.

PAR PASCAL ORTELLI | PHOTO : DR

Dates clés

1540 Approbation par le pape de la Compagnie de Jésus.

1563 Des premiers groupes de laïcs voient le jour au travers de la Congrégation mariale.

1967 A la suite du Concile Vatican II, les Exercices spirituels connaissent un regain d’intérêt. Les groupes de laïcs, alors appelés « Communauté dans le monde », redéfinissent leurs statuts et s’appellent désormais « Communauté vie Chrétienne » (CVX). En Suisse, Anna Beck s’attèle à ce renouvellement.

1982 Naissance des premiers groupes helvétiques.

2001 L’Association CVX en Suisse prend forme avec ses propres statuts

2013 La CVX mondiale fête ses 450 ans et un pèlerinage se déroule de Constance à Einsiedeln.

Organisation : une communauté mondiale constituée de petites équipes qui se réunissent une fois par mois pour discerner comment Dieu parle à chacun au travers de la prière et d’un échange autour des joies et peines du quotidien.

Mission : à la suite de saint Ignace, « chercher et trouver Dieu en toute chose », c’est-à-dire reconnaitre Dieu présent au cœur du monde et de notre vie, apprendre à nous voir comme il nous voit et devenir des « contemplatifs dans l’action ».

Présence en Suisse romande : deux équipes à Lausanne, une à Genève et une à Fribourg.

Une particularité : la relecture ou prière d’alliance, soit s’arrêter chaque jour un instant pour voir comment Dieu a été présent en nous à travers les situations et les personnes rencontrées afin de discerner ce qui va dans le sens de la vie ou ce qui divise.

Pour aller plus loin : gcl-cvx.ch

« Faire partie d’une équipe CVX, c’est… »

Par Catherine Guerbet (équipe Emmaüs, Lausanne)

« Pour moi, c’est un chemin de croissance qui m’aide à vivre ma foi dans mon quotidien, à unifier ma vie (travail, famille, loisirs, engagements…), à faire des choix porteurs de vie. Retrouver mon équipe chaque mois m’oblige à m’arrêter pour relire le mois écoulé, y voir les traces de Dieu ou ce qui est à transformer. Avec les membres de l’équipe, c’est un compagnonnage dans la foi. CVX m’invite également à plus de liberté intérieure et à être actrice de ce monde, à ma façon. »

Le «fils prodigue» ou «un père a retrouvé»…

La parabole du «fils prodigue», lue en temps de Carême et durant ce mois de septembre est un texte d’une richesse extraordinaire qui vaut la peine d’être regardé dans son contexte: Luc en fait l’aboutissement d’une argumentation de Jésus, face à ceux qui lui reprochent ses mauvaises fréquentations.

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Un pont entre la recherche et la société

Les développements de la biologie et de la médecine poussent l’Eglise à se positionner sur de nouvelles questions de société. Stève Bobillier, membre de la Commission de bioéthique des évêques suisses, tente de concilier valeurs chrétiennes et enjeux de la recherche scientifique.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER

En bioéthique, il est généralement question de limites. Quels sont les processus de discernement pour les fixer ?

Comme dans toute recherche scientifique, il faut d’abord laisser de côté ses opinions, établir les arguments pour et contre et éliminer ce qui semble incohérent pour tenter de discerner une réponse. Ce qui est intéressant, c’est de parvenir à trouver ce que j’appelle des « nœuds », c’est-à-dire des concepts fondamentaux comme la liberté ou la sécurité, qui entrent en concurrence dans une question éthique. Idéalement, il s’agit ensuite de trouver une solution pour les dépasser ou au moins de proposer des orientations. Le but n’est donc pas de convaincre, mais de donner à penser, car dans ces questions, il n’est pas possible de fixer une frontière stricte entre ce qui est juste ou non, mais plutôt une latitude.

Les discours concernant la vie humaine opposent fréquemment la logique du bénéfice individuel à celle du bien commun. Comment concilier ces deux logiques ?

Dans nos sociétés ultra-individualistes, nous oublions souvent que toutes nos actions ont un impact sur les autres. Idéalement, il faut viser le bien commun, parce qu’on comprend que c’est le bien et que c’est ce qu’il faut faire. Cela suppose de ne pas le confondre avec nos envies ou nos plaisirs individuels. Dans un second temps, comme nous faisons partie de la communauté, ce bien rejaillira d’une certaine manière sur nous.

Face à l’avancée des sciences et à leur impact sur l’humain, est-ce que la vérité d’hier est celle de demain ?

Il faut distinguer la vérité de notre saisie de la vérité. La vérité est universelle, elle vaut en tout temps et pour tous, mais notre compréhension change et doit s’approfondir. Cela vaut tant pour la philosophie ou la théologie que pour les sciences exactes qui se comprennent toujours « en l’état actuel de nos connaissances ». Donc les contextes changent, mais le questionnement fondamental, de ce qu’est l’homme et de son rapport au monde, demeure le même depuis toujours et ne
changera pas.

Dans ces domaines, les pratiques devancent bien souvent les normes qui permettent de les juger. La bioéthique a-t-elle un temps de retard ?

(Rires) Le rôle de la bioéthique est de mettre des garde-fous à la recherche. Souvent, nous intervenons après les découvertes, car la science évolue rapidement, mais il y a des questions que nous pouvons prévoir. La modification de l’ADN humain, par exemple, risque d’avoir des conséquences irréversibles et nous devons anticiper les problèmes pour mettre des limites claires à la recherche.

La bioéthique qui s’est imposée est de nature déontologique et juridique. Peut-elle faire face à des enjeux d’ordre anthropologiques, voire métaphysiques ?

La traduction pratique de la bioéthique se fait dans la loi. Cela dit, le droit fixe ce qui est légal, pas ce qui est juste. Il est important de défendre des valeurs humaines comme la défense du plus faible. Face aux questions bioéthiques qui concernent les limites de la vie, l’aspect juridique ne suffit pas, car la dimension spirituelle de l’homme resurgit inévitablement. Il y a par exemple aujourd’hui un fort tabou de la mort, qui est abstraite, statistique, chiffrée. On parle peu de sa propre mort comme d’une réalité. Il est pourtant essentiel de l’anticiper, pas seulement administrativement, mais surtout sous l’aspect humain et spirituel.

Autour de la vie humaine

La Commission de bioéthique des évêques suisses se penche sur toutes les questions touchant à la vie humaine. Des thématiques telles que le consentement présumé dans le don d’organes, le diagnostic préimplantatoire, l’euthanasie, l’expérimentation animale et humaine, le suicide assisté ou encore la procréation médicalement assistée ont été abordées.

Biographie express

Docteur en philosophie et éthicien, Stève Bobillier est aujourd’hui professeur au Collège Saint-Michel (FR) et membre de la Commission de bioéthique de la Conférence des évêques suisses (CES). Cette dernière officie en tant qu’organe consultatif de l’Assemblée des évêques ou de l’Etat. Composée d’éthiciens, de philosophes, de médecins, de juristes et de théologiens, la commission propose des éclairages sur toutes les thématiques entourant la vie humaine.

Le pouvoir de pardonner

Pardonner: quelle gageure! Par-delà la blessure infligée, rester les mains ouvertes… Cela ne laisse-t-il pas nombre d’entre nous perplexes? La miséricorde, voilà bien une des plus puissantes et des plus étonnantes facettes de l’identité du Dieu de Jésus Christ. Une facette qui caractérise aussi proprement l’être humain.

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« Une personnalité libre »

PAR THIERRY SCHELLING
PHOTO : VATICAN.NEWS

« Nous ne sommes plus en chrétienté, nous ne le sommes plus ! Nous ne sommes plus les seuls aujourd’hui à produire la culture, ni les premiers, ni les plus écoutés », dixit François à la Curie Romaine en décembre 2019 !

Et cela vaut aussi pour les écoles catholiques : le 29 mars dernier, la Congrégation pour l’Education catholique (et les universités) a publié une instruction sur l’identité d’une école catholique aujourd’hui. Et le constat est clair : « L’identité [catholique] n’est pas une notion défensive, selon le préfet du dicastère, le cardinal Versaldi, mais une notion proactive. Dans le sens où nous avons certaines valeurs que nous proposons et n’imposons à personne, aussi parce que ce n’est pas nous qui choisissons les élèves dans nos écoles, mais ce sont les élèves et les familles qui choisissent nos écoles. »

Dialogue

Former des élèves à avoir une attention à la personne et aux plus faibles spécialement, voilà le trait caractéristique d’une école catholique ! On est loin de l’esprit de croisades ou du « entre-soi » face au « méchant monde »… L’instruction précise le devoir de telles écoles : « Un jeune doit se sentir accompagné, non pas dans un climat de sévérité ou de scientificité, mais par des personnes qui respectent, proposent, corrigent et permettent l’émergence d’une personnalité libre, en tant que citoyen et en tant que chrétien. » Et cela doit aussi concerner les enseignants !

De « Education » à « Culture »

La marque du changement est également notoire dans le cadre de la réforme de la Curie romaine acté par sa nouvelle constitution Praedicate Evangelium : désormais, le dicastère se nomme « de la culture et de l’éducation », rassemblant deux anciennes entités datant respectivement du Concile Vatican II (le conseil pour la culture) et du XIXe siècle (congrégation des universités).

Ce furent les Papes qui soutinrent les premières académies (Bologne, Paris, Oxford…) depuis le XIe siècle et donc formèrent la culture européenne pendant des siècles. Désormais, Rome propose de développer les valeurs humaines selon l’anthropologie chrétienne… et dans le contexte du monde contemporain : « Nous n’y sommes plus les premiers à produire de la culture », alors cultivons modestement !

Notre belle ville ! Et nous, dans cette ville ?

Nous avons voulu, l’an passé, en Eglise, marquer pour la première fois, le mois de septembre comme «mois de la Création». Cela avait pris la forme de quelques «Chemins de traverse», sur Martigny et les alentours. Nous sommes tout motivés à récidiver cette année avec une proposition encore plus singulière! C’est que, au fil des mois, c’est une sorte de rêve qui a pris forme et qui pourrait, avec vous tous, devenir réalité!

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Vitrail de Cingria…

… église de Saint-Joseph (Rolle)

PAR AMANDINE BEFFA | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

Le vitrail de Cingria qui se trouve dans l’église de Rolle nous invite à nous pencher sur l’histoire du diocèse de Lausanne. L’artiste a représenté : Notre-Dame de Lausanne entourée par deux saints évêques, Marius et Amédée.

Les deux saints apparaissent comme des statues, sur des socles portant leur nom.

Saint Marius (à droite) vit au VIe siècle. Il semble qu’il entre très jeune à l’abbaye de Saint-Symphorien à Autun. C’est saint Gontran, le Roi des Burgondes, qui le choisit pour devenir évêque. Marius vit sa mission avec humilité et ascèse. Il s’engage particulièrement auprès des plus pauvres. Il est aussi l’auteur d’une chronique universelle.

A l’époque, l’évêque réside dans la capitale de l’Helvétie : Aventicum (Avenches). Il aurait transféré le siège épiscopal à Lausanne.

A sa mort, il est canonisé par la population, ce qui était la pratique à l’époque.

Il est représenté ici avec la crosse à la main et la mitre à ses pieds (un signe de sa piété et de son humilité ?).

Saint Amédée de Lausanne (à gauche) vit au XIIe siècle. Il entre chez les cisterciens. Il est ici représenté avec un vêtement brun qui pourrait rappeler l’habit monastique. Jusqu’en 1335, la tenue des cisterciens se devait simplement d’être en laine non teinte. Les couleurs variaient donc entre l’écru, le gris et le brun.

Amédée est envoyé au monastère d’Hautecombe qui traverse une période de troubles. La réputation du moine est telle que la population de la ville de Lausanne le choisit comme évêque lorsque le siège devient vacant. Amédée refuse plusieurs fois, mais le Pape confirme son élection.

Dans la partie haute du vitrail, la Vierge Marie tient dans une main un calice et dans l’autre Jésus en train de lire. Est-ce une façon d’indiquer que le Christ est présent dans l’Eucharistie et dans la Parole ?

Le médaillon au-dessus de la tête de la Vierge porte l’inscription « Electa ut sol » : éclatante comme le soleil. Elle provient d’un hymne chanté à l’Assomption, lui-même issu du Cantique des Cantiques (Cant. 6, 10).

La Bénichon : fête religieuse ou fête profane ?

Aujourd’hui, la Bénichon reste dans l’esprit de beaucoup de personnes comme le symbole de la fin des travaux de l’été et est synonyme d’un repas copieux. Mais la Bénichon est une fête qui se réinvente perpétuellement et son origine est tout d’abord religieuse.

PAR JEAN-MARIE MONNERAT
PHOTO : PIXABAY

Jusqu’au XVIIIe siècle, les villages fêtaient deux événements : le saint patron de la paroisse, la patronale, et la dédicace, c’est-à-dire la date de la consécration de l’église. Même si cette dernière fête est tombée en désuétude, c’est elle qui est à l’origine de la Bénichon. Car le mot « bénichon » vient du latin « benedicto » et correspond donc à la bénédiction de l’église, par exemple pour la cathédrale Saint-Nicolas, il s’agit du 26 août. C’est même une solennité, car elle peut-être fêtée un dimanche.

Fête religieuse et profane

Cette fête religieuse était suivie d’une partie profane, dont la plus ancienne mention date du XVe siècle. En 1443, leurs Excellences de Fribourg font état des troubles occasionnés par les vagabonds aux « benissions ». C’est bien le problème de ces fêtes : elles duraient trois jours, du dimanche au mardi et engendraient un tourisme festif, car les paroissiens ne participaient pas uniquement aux festivités de leurs paroisses, mais à celles des villages des environs. Cette multiplication des fêtes avait comme conséquence une augmentation des jours chômés, donc non travaillés et les débordements étaient monnaie courante.

Pour limiter la partie profane, les autorités fribourgeoises édictèrent une ordonnance en 1747 qui permettait à chaque paroisse de fêter de manière religieuse la dédicace de la paroisse, mais qui exigeait que désormais la fête profane soit unifiée dans tout le canton au deuxième dimanche de septembre. Cette ordonnance du XVIIIe siècle est donc à l’origine de la Bénichon telle que nous la connaissons aujourd’hui.

Une fête unifiée

Mais les Fribourgeois ne renoncèrent pas si facilement à la fête et il fallut attendre le début du XXe siècle pour que la Bénichon soit unifiée, toutefois avec de nombreuses exceptions que nous connaissons encore aujourd’hui. La principale est de différencier la fête de la plaine en septembre de la Bénichon de la montagne. En effet, les montagnards étaient encore en pleins travaux à la fin de l’été et la fête a été déplacée au deuxième dimanche d’octobre pour les paroisses de la Gruyère et quelques villages de la Sarine, comme Treyvaux, Le Mouret, Arconciel, Senèdes, épendes et Marly.

Mais comme rien n’est simple, la liste des exceptions s’est encore allongée avec Saint-Sylvestre qui tient à sa Bénichon le 31 décembre, Estavayer-le-Lac le dernier dimanche du mois d’août ou Châtel-Saint-Denis dont la fête est fixée au troisième dimanche d’octobre, car les habitants participaient aux vendanges à Vevey et il fallait attendre qu’elles soient achevées.

« La Bénichon trouve alors sa signification telle que nous la connaissons aujourd’hui : la fin des travaux des champs pour la Bénichon de la plaine et le retour des troupeaux en plaine après un été passé à la montagne » explique Jacques Rime, curé de Grolley, Courtion et Belfaux. « C’est d’ailleurs le lundi de la Bénichon que l’on payait traditionnellement l’armailli qui avait passé l’été avec son troupeau dans les alpages » ajoute Anne Philipona, dans son ouvrage « Petit historique de la Bénichon ».

Un temps de retrouvailles

Le repas marque donc le moment des retrouvailles et la famille élargie se retrouve autour de la table, et les plats se succèdent selon un ordre précis. « C’est bien cet aspect de la fin des travaux d’été que l’on peut retenir, mais à ma connaissance, le curé ne bénissait pas les récoltes comme on pourrait le penser. Par contre, il est exact qu’en automne le prêtre passait dans le village pour bénir les granges qui abritaient les récoltes », précise Jacques Rime.

Il convient encore de relever que si le gouvernement fribourgeois avait lutté contre les excès des fêtes profanes, il le faisait avec le plein appui du clergé qui condamnait avec force tous les débordements : ivresse conduisant à des rixes ou danses accusées de provoquer la débauche. Jusqu’au milieu du XXe siècle, les curés inspectaient les abords du pont de danse pour voir si des enfants s’y trouvaient et ils vérifiaient que les « émancipés », c’est-à-dire les adolescents qui avaient terminé le catéchisme, ne participaient pas à la réjouissance qui leur était interdite.

Quant au menu de la Bénichon, qui est la fête traditionnelle que les Fribourgeois apprécient et réinventent, il date de 1850 pour la version que nous connaissons maintenant. Cependant les différentes parties du menu sont plus anciennes : on trouve une mention de la cuchaule en 1558 et la poire à Botzi est connue dès le XVIIIe siècle.

La tradition de partager un repas important à la fin des travaux se retrouve dans toutes les sociétés pastorales et il n’est pas surprenant qu’il soit aussi copieux.

Suivre mon chemin

Mais qui peut bien se cacher derrière les colonnes du journal local «Le Carrefour»? Me poser la question ne m’a pas suffi: une rencontre s’est imposée. Damien Rapalli est le rédacteur du «Carrefour» depuis août 2021. Nous nous sommes rencontrés à la suite de sa demande d’interview. Il souhaitait que je lui parle du Carême! Et voici que, saisissant la balle au bond, j’en profite pour vous le présenter aussi.

PROPOS RECUEILLIS PAR PASCAL TORNAY | PHOTOS : DR

Damien a 26 ans et vit à Vétroz. Son patronyme trahit ses liens forts avec la Toscane. Damien a terminé ses études de Lettres à l’Université début 2021. Depuis longtemps déjà, le sport – spécialement le football – et la plume sont ses deux violons d’Ingres. Jeune homme affable et ouvert, il rédige actuellement non seulement pour « Le Carrefour », mais aussi pour la fameuse « Gazette des Reines ». Il lorgne sérieusement sur Le Nouvelliste qui serait pour lui une belle ouverture s’il pouvait décrocher un poste de stagiaire.

Comment est venue cette fougue pour la plume ?

En réalité, c’est devenir enseignant qui me bottait. Mais au fond, la petite voix du journalisme m’appelait plus fort. Les études, c’est nécessaire, mais ça me sature aussi assez vite. Ce qui me plaît davantage, c’est le terrain, la rencontre… le plus souvent avec des gens que je n’aurais jamais rencontré sans l’ancrage micro-local des journaux pour lesquels je rédige. C’est un job qui m’ouvre des horizons nouveaux. Il me permet de vivre une foule de situations différentes et il me met en contact avec des milieux étonnants.

En plus de pouvoir fonder une famille, un de mes rêves serait d’écrire un livre. Plus jeune, j’avais écrit un recueil de nouvelles que j’ai laissé dans un tiroir. Il me faudrait reprendre tout ça sérieusement.

Une famille ?

Oui, à 26 ans, ce désir est bien présent. J’espère pouvoir le concrétiser bientôt. Vous savez, une famille ça donne un sens à l’existence. C’est la perpétuation de la vie.

Et le Carême ?

Oui, je ne sais pas trop d’où m’est venu ce désir de vivre plus profondément le Carême cette année. Après 10 ans de rupture, je me suis dit qu’y revenir, ça pourrait me faire du bien. C’est aussi pour cela que je vous ai appelé pour une interview à ce sujet. Je trouve que les aspects religieux ont aussi leur place dans les colonnes des journaux locaux. Lorsque je disais à des amis que je voulais approfondir le sens du Carême, évidemment j’avais droit à des moqueries : « Tu crois encore à ces conneries. » Peu importe à mon sens, je suis mon chemin.

Et Dieu dans tout ça ?

Après la crise de foi de l’adolescence, j’avais envie de connaître, mais je remettais en question mes croyances. Je me disais : « Dieu n’est pas au ciel ! » Aujourd’hui c’est vrai que je ne prends pas le temps de m’adresser à lui. Les interactions entre la foi et la raison me questionnent. Si souvent, c’est lorsque l’on se retrouve dans une impasse ou une situation dramatique qu’on se met à prier. Je pense que la foi, ça donne un sens à l’existence, mais pour le moment je laisse tout aller. J’arrose de temps et temps et j’espère que ça pourra tout de même pousser…

«Moi, je suis plutôt timide alors j’aime quand les gens se bougent, s’expriment…» Damien Rapalli

C’est pas d’la tarte!

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS: DR

A l’origine observé par protestants comme catholiques, le Jeûne fédéral avait été instauré par la Diète fédérale en signe de «pénitence et d’Action de grâces». Même si la signification de ce lundi chômé tend à se perdre, ce week-end prolongé pour les cantons protestants de Suisse romande ne compte pas pour des prunes.

Dès le XVe siècle, l’observance de jours de jeûne est pratiquée en Suisse. C’est la Diète fédérale, assemblée des députés des cantons jusqu’en 1848, qui fixe ces journées de «pénitence et d’Action de grâces». Le premier document officiel mentionnant la «grande prière des Confédérés» date de 1517. Les épidémies de peste et les disettes ont poussé les autorités des cantons réformés à instituer ce type de journées de prière et de pénitence pour demander à Dieu de les en prémunir ou pour le remercier. Plus tard, elles ont été assorties de collectes en faveur de coreligionnaires persécutés (ndlr. les vaudois du Piémont en 1655).

Ce n’est qu’en 1639, soit durant la guerre de Trente Ans, que la Diète instaura une journée de jeûne annuel pour rendre grâce à Dieu d’avoir préservé la Suisse du conflit. A partir de 1643 les cantons catholiques instituèrent également de telles journées, mais ce n’est que le 8 septembre 1796 qu’elle fut célébrée pour la première fois d’un commun accord par catholiques et protestants. L’institution se maintiendra jusqu’en 1830, même si catholiques et protestants avaient déjà opté pour des jours différents. Loin de se distancier complètement de cette pratique, le concile Vatican II a décrété le Jeûne fédéral comme une manifestation œcuménique.

Qui dit jeûne, dit diète (pas fédérale cette fois-ci). Il était demandé à l’origine de s’abstenir de nourriture durant la journée. Les réunions à l’église se prolongeant jusqu’à tard dans l’après- midi, on n’avait pas le temps de préparer un dîner et on se limi- tait donc à une tarte de fruits de saison, préparée souvent la veille. La tradition de la tarte aux pruneaux serait aussi à chercher dans la pratique ecclésiale. Depuis le début du XIXe siècle, il était courant de conserver l’argent destiné ordinairement au repas du dimanche, pour l’offrir aux pauvres.

Recette: La tarte aux pruneaux du Jeûne fédéral

Temps de préparationTemps de cuissonTemps de reposPortions
30 minutes60 minutes30 minutes8

Ingrédients

  • 9 g de sel
  • 90 g d’eau
  • 100 g de farine complète
  • 200 g de farine blanche
  • 150 g de beurre
  • 50 g de noisettes moulues (ou d’amandes) mélangées à 10 g de farine
  • 1200 g de pruneaux
La tarte aux pruneaux, un classique à déguster le jour du Jeûne fédéral.

Préparation

  1. Dissoudre le sel dans l’eau
  2. Mélanger la farine complète, la farine blanche et le beurre. Ajouter l’eau salée et pétrir légèrement
  3. Laisser reposer la pâte 30 minutes au frigo
  4. Abaisser et piquer la pâte
  5. Déposer le mélange noisettes moulues-farine sur le fond de la tarte
  6. Couper les pruneaux en deux et les déposer sur le fond de tarte
  7. Préchauffer le four à 180°C. Enfourner environ 1 heure, jusqu’à ce que la pâte soit bien dorée

Manger son chapeau

PAR MYRIAM BETTENS
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Les jésuites n’ont pas toujours eu très bonne presse. L’image tend à changer grâce au pape François. Néanmoins, si après cet article votre dent contre eux persiste, c’est le moment où jamais d’en croquer un!

Il aura fallu attendre 473 ans pour voir un jésuite élu à la tête de l’Eglise. Une longue patience qui aura au moins permis de redorer le blason de la Compagnie de Jésus. Car, à en croire certains sites internet, l’ordre fondé en 1540 par Ignace de Loyola serait responsable de bien des maux… jusqu’au naufrage du Titanic. Et ce n’est que la pointe de l’iceberg, puisque cette éminence grise contrôlerait, en sous-marin, toutes les décisions du Vatican. Mais vous auriez bien raison de dire que cette théorie prend l’eau!

Deuxième en termes d’effectifs, derrière les franciscains et devant les dominicains, les jésuites ont la réputation d’être des intellectuels. Qualificatif qu’ils doivent à la longue formation qu’ils reçoivent. La particularité de cet ordre, outre les vœux habituels, est une obéissance absolue au pape et à Dieu. Depuis sa création, la Compagnie de Jésus s’est donné pour priorités l’éducation de la jeunesse et l’évangélisation.

Certains soutenaient un enseignement moral basé sur l’étude des cas particuliers [la casuistique, ndlr.], qui accorde une place prépondérante à la liberté individuelle face à la loi morale. Une posture «laxiste» perçue comme une manière de s’accommoder avec les choses du monde que les jansénistes brocardaient. Les jésuites sont décriés pour leur capacité à donner des réponses retorses pour étayer un argumentaire, cette controverse intellectuelle a lesté le terme d’une connotation péjorative. Il est devenu synonyme d’hypocrite.

Pour être tout à fait sincère, n’y a-t-il pas un plaisir presque littéraire à manger benoîtement un jésuite? Peut-on croquer dans un jésuite sans entendre le «Mangeons du jésuite, mangeons du jésuite!» des sauvages Oreillons du Candide de Voltaire?

Recette: Les Jésuites

Le nom de cette pâtisserie viendrait de la couverture de praline ou de glaçage au chocolat ressemblant par sa forme au chapeau à bords relevés comme des jésuites: un petit triangle de pâte feuilletée fourré à la frangipane et recouvert de praline ou de glaçage au chocolat. Plusieurs versions sur l’origine de la pâtisserie s’affrontent. L’une d’elle avance que la pâtisserie Moura à Santo Tirso aurait confectionné ces gâteaux pour la première fois en 1892. Elle doit la paternité de cette création à un de leur pâtissier ayant travaillé auparavant dans une communauté de prêtres jésuites à Bilbao, au nord de l’Espagne

Temps de préparationTemps de cuissonPortions
30 minutes40 minutes6

Ingrédients

1 pâte feuilletée abaissée, carrée de 250 g

Pour la crème pâtissière
  • 250 ml de lait
  • 25 g de fécule de maïs
  • 3 jaunes d’œufs de taille moyenne
  • 80 g de sucre en poudre
  • 1 gousse de vanille
Pour la crème d’amande
  • 80 g de poudre d’amande
  • 80 g de beurre
  • 2 oeufs de taille moyenne
  • 80 g de sucre en poudre
Pour le glaçage
  • 1 blanc d’oeuf
  • 125 g de sucre clage
  • 1 cuillère à café de jus de citron
  • 175 g d’amandes effilées
  • Sucre glace
Le nom de cette pâtisserie viendrait de la couverture de praline ou de glaçage au chocolat ressemblant par sa forme au chapeau à bords relevés comme des jésuites.

Préparation de la crème pâtissière

  1. Dans une casserole, faire chauffer le lait avec la gousse de vanille fendue en deux.
  2. Dans un bol, mélanger les jaunes d’œufs avec le sucre en poudre et la fécule de maïs.
  3. Lorsque le lait commence à bouillir, verser sur le mélange jaunes d’œufs-sucre-fécule de maïs.
  4. Reverser la préparation dans une casserole et faire cuire à feu moyen en remuant sans cesse jusqu’à obtenir une consistance assez épaisse.
  5. Sortir du feu et mettre la crème dans un bol froid, couvert de film. Laisser refroidir.

Préparation de la crème d’amande

  1. Verser le beurre ramolli dans un saladier et ajouter le sucre en poudre.
  2. Fouetter jusqu’à obtenir une consistance de crème.
  3. Ajouter la poudre d’amande et les œufs.
  4. Bien mélanger jusqu’à obtenir une pâte homogène.
  5. Ajouter la crème pâtissière et bien mélanger pour obtenir une crème frangipane à la consistance homogène.

Montage

  1. Mettre la crème d’amande dans une poche à douille.
  2. Etaler la moitié de la pâte feuilletée sur un plan de travail légèrement fariné.
  3. Tracer des triangles sur la pâte feuilletée et découper.
  4. Humidifier le bord des triangles avec un peu d’eau.
  5. Garnir chacun des triangles de crème frangipane.
  6. Mettre la seconde partie de pâte feuilletée par-dessus.
  7. Souder les bords des triangles en appuyant légèrement avec les doigts.
  8. Disposer les triangles sur une plaque à pâtisserie couverte de papier sulfurisé en les espaçant.

Glaçage et finition

  1. Mélanger le blanc d’œuf avec le sucre glace et le jus de citron jusqu’à l’obtention d’une consistance homogène.
  2. Recouvrir le dessus de chaque triangle avec le glaçage.
  3. Saupoudrer le dessus d’amandes effilées.
  4. Préchauffer le four à 180°C.
  5. Enfourner durant 35 à 40 min jusqu’à obtenir une belle couleur dorée. Sortir du four, laisser refroidir et saupoudrer de sucre glace.

Vivre un pèlerinage en ligne

Dernier volet de notre série M@ foi sur le web, consacrée aux moyens digitaux pour vivre sa foi. Et puisque vient l’été, et qu’avec lui ce sont les souvenirs de voyages qui réapparaissent, découvrons qu’il est aussi possible de vivre un pèlerinage devant l’écran de son smartphone.

PAR PAUL SALLES | PHOTOS : VISITE-PANORAMIQUES.COM, SINOD.FR

Alors, oui, les puristes vont crier au sacrilège, car on est loin de l’expérience fondatrice des pèlerinages médiévaux où, par pénitence, on partait de chez soi pour rejoindre à pied Saint-Jacques-de-Compostelle, Rocamadour, le Mont-Saint-Michel, Rome ou Jérusalem. On conçoit vite
que l’effort physique ne sera pas le même, l’expérience humaine ne sera pas la même, mais seront-ils inexistants pour autant ? Quant à la conversion spirituelle, qui dépend tout autant de l’action de l’Esprit Saint que des kilomètres parcourus, est-elle rendue insignifiante par l’immédiateté de l’écran ? Il faut le concéder, il manque beaucoup d’ingrédients à un pèlerinage virtuel pour qu’il soit un vrai pèlerinage, mais il peut tout de même servir de support à une vraie expérience spirituelle.

C’est surtout durant la phase de pandémie en 2020-2021 que le pèlerinage virtuel s’est développé : puisqu’il n’était plus possible de partir loin de chez soi, on pouvait essayer de s’échapper virtuellement.

La première manière de vivre un pèlerinage, qui est peut-être la moins élaborée, est d’effectuer des visites virtuelles de lieux de pèlerinage. Ainsi, les cathédrales de Saint-Jacques à Compostelle, celles de Chartres, du Puy-en-Velay, ou les sanctuaires de Conques, Rocamadour et le Mont-Saint-Michel sont virtuellement visitables sur le site www.visites-panoramiques.com, ou www.360cities.net Dans la même idée, on peut visiter toutes les basiliques de Rome, la chapelle sixtine ou les musées du Vatican sur le site www.rome-roma.net. Mais avec cette solution, il s’agit davantage d’une visite que d’un pèlerinage.

Certains sanctuaires, comme Lisieux par exemple, offrent la possibilité de traverser un itinéraire sur les pas de sainte Thérèse à travers six modules en vidéos (www.carmeldelisieux.fr).

Les sanctuaires de Lourdes ont élaboré en 2020 et 2021 le pèlerinage mondial et digital à Lourdes nommé Lourdes United, et qui visait à proposer sur la journée du 16 juillet (dernière apparition de la Vierge à sainte Bernadette), des temps de prière en plusieurs langues, des témoignages, des conférences, la possibilité de déposer un cierge ou une intention de prière à distance. Bref, un mini-pèlerinage sur une journée. La levée des mesures sanitaires a permis la reprise des pèlerinages sur le site, mais il reste toujours la possibilité de suivre à distance les temps de prière
qui ont lieu à la grotte de Massabielle ou de déposer une intention de prière.

Pour ceux qui ont toujours voulu partir en Terre Sainte, mais qui redoutent la chaleur, vous pouvez suivre le Mooc (cours en ligne) proposé par le collège des Bernardins à Paris. Bible en main, il vous conviera à un voyage virtuel à Bethléem, sur les rives du lac de Tibériade et jusqu’au saint-Sépulcre. Grâce au support de vidéos tournées sur place à l’été 2021 et à un programme de cours (lectures bibliques, commentaires, exercices, …) réparti sur quinze semaines, il est possible de goûter un peu de l’expérience unique que vivent tous les pèlerins en Terre Sainte : lire la Bible, en la découvrant à travers les paysages où elle a été écrite et vécue. Ce cours a été donné en ligne au printemps 2022, et sera disponible (en archives) à partir de l’automne 2022.

Groupe des Jeunes

PAR VÉB | PHOTOS : JADE

Après avoir passé de nombreux jeudis à réfléchir et échanger sur divers thèmes, les jeunes sont partis en week-end sous la Dent de Morcles, dans le chalet qu’une de leur famille avait prêté. Un grand merci à eux.

Vendredi, un pique-nique sur une aire d’autoroute permit de se sentir rapidement « en vacances ». A la nuit tombante, nous arrivâmes au chalet après un petit quart d’heure de marche au milieu des arbres, sous les étoiles tellement plus visibles qu’à Genève.

Le samedi fut tranquille, entre repas, jeux et promenade autour du village de Morcles.

Enfin, le dimanche, après un temps de prière, le repas et les rangements, une excursion nous mena le long du bis du Trient, avec une belle vue sur le glacier, au bout du sentier. Le retour se fit par la France, après une boisson bienvenue au col de la Forclaz.

Dès Vallorcine, le spectacle des glaciers, sous le doux soleil du début de soirée, glaciers blancs se glissant dans le vert printanier, offert par ce chemin du retour fut éblouissant, glacier du Tour, d’Argentière et ceux de la mer de glace au-dessus de Chamonix, ainsi que les sommets, dents et massifs telle la Tête à l’Âne. Un instant précieux pour clore une belle fin de semaine.

Merci à chacun pour son enthousiasme et sa solidarité dans les tâches diverses.

Accueillir des réfugiées ukrainiennes

L’annonce de Caritas demandant des familles pour accueillir les Ukrainiens qui ont fui leur pays a retenu leur attention. Sans trop réfléchir, Brigitte et Claude Geinoz ont donné leur accord pour recevoir chez eux une mère et son enfant. Trois jours plus tard et après quelques échanges administratifs, on leur confie Katrina et Liora, une jeune maman et sa fille de 5 ans.

PAR OLIVIER CAZELLES | PHOTOS : OLIVIER CAZELLES, BRIGITTE GEINOZ

Brigitte et Claude, comment se sont passés les premiers moments ?

Brigitte et Claude Geinoz : Sans aucun problème. Nous avons pu mettre à disposition de nos hôtes une chambre avec un lit gigogne, une petite terrasse et une salle de bains. C’est leur espace, et Katrina a modifié la disposition des meubles à sa convenance. Le reste de la maison, salon, cuisine, terrasse et jardinet, sont partagés en permanence. Nous ne parlons pas anglais, mais avec les gestes, ça fonctionne. Et nous parlons «Google»: nous utilisons le dictionnaire en ligne sur nos Smartphones pour les cas particuliers.

Katrina est discrète. Elle participe volontiers aux tâches communes, mais nous ne la considérons pas comme une aide ménagère : elle est chez nous comme une invitée. Je remplis le frigo en tenant compte de leurs préférences et de leurs habitudes. Mais elle préfère nous laisser manger seuls. Comme elle est végétarienne, elle prépare les repas pour elle et sa fille.

Comment votre famille et votre entourage ont-ils réagi à votre engagement ?

Ils ont été inquiets et on a beaucoup parlé. Nos enfants avaient peur pour nous, ils craignaient qu’accueillir des réfugiées nous donne trop de travail, que je n’aie plus assez de temps pour m’occuper de leur papa. Maintenant ils sont rassurés et la famille s’est agrandie avec Katrina et Liora. C’est Isabelle, la femme de notre fils Christophe, qui est allée les chercher à Boudry à ma place. Claude est partie prenante de l’accueil. Mais, étant en fauteuil roulant, il est fragile et a aussi besoin d’attention. Si sa situation demandait une prise en charge temporairement plus lourde, je pourrais bénéficier de l’aide d’une amie afin d’être disponible pour lui et pour que Katrina et Liora ne soient pas seules.

Cette après-midi, une personne de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) est venue à la maison. Elle a réglé divers points administratifs (responsabilité civile, assurances, …) et finalisé un projet de contrat d’accueil entre nous et Katrina : on nous accorde une aide correspondant aux frais de location. Comme elle a peur d’être une charge trop lourde pour nous, cette entrevue l’a beaucoup soulagée moralement.

Katrina, dans quelles conditions a eu lieu votre départ d’Ukraine ?

Nous habitons à Odesssa, sur la mer Noire. C’est à 500 kilomètres de Marioupol, cette ville complètement détruite. Cette invasion brutale, ces bombardements, m’ont terrifiée. J’ai eu très peur pour ma fille. Je ne voulais pas qu’elle connaisse la guerre et souffre des séquelles de ce qu’elle aurait vécu. Nous nous sommes d’abord réfugiées en Roumanie, puis nous sommes arrivées en Suisse. Nous nous sommes retrouvées au centre d’accueil de Boudry, sur le lac de Neuchâtel. Malgré la situation, ma famille est restée à Odessa : c’est son choix pour le moment. Beaucoup de mes amis ont également fui l’Ukraine ; ils ont été accueillis dans divers pays européens et même au Canada. Le père de ma fille, resté sur place, nous appelle un jour sur deux. Pour le moment, il n’est pas recruté par l’armée, de même que les autres hommes de notre famille. Il continue de travailler.

Que faites-vous de vos journées ?

Professionnellement, je suis styliste après avoir fait des études universitaires à Kiev. L’usine de confection pour laquelle je travaillais a dû fermer. La production s’est arrêtée à cause de la guerre et je ne peux pas faire de télétravail pour mon employeur.

Ma priorité est d’apprendre le français. Je suis des cours à Founex où une association et des bénévoles s’occupent de nous. Je dois parler français si je veux trouver du travail.

Liora va à l’école enfantine au centre-ville. Et elle y est heureuse. Elle apprend le français et l’anglais. Elle s’entend bien avec Brigitte, Claude et leur chien Filou. Elle est tout excitée quand elle entend « piscine », un mot magique. Quand Brigitte fait les courses et lui rapporte une petite surprise, elle s’écrie « Oh, my God ! » en se tenant la tête à deux mains, ce qui fait rire tout le monde.

Comment vivez-vous votre séjour en Suisse ?

Je suis très entourée. Sally, la voisine de Brigitte, est accueillante. Et comme elle est anglaise, elle est une très bonne traductrice. Grâce à tous les voisins de Brigitte et Claude, j’ai fait de nombreuses connaissances.

J’ai beaucoup de chance d’être en Suisse. Je suis reconnaissante envers toutes les personnes qui nous accueillent et qui montrent tant de gentillesse à notre égard. J’ai même la chance de pouvoir découvrir le pays. Je reçois des titres de transport. C’est ainsi que j’ai déjà pu visiter Vevey et Chaplin’s World, le musée Chaplin; demain, j’irai à Lucerne. On me conseille de monter au Pilate.

Brigitte et Claude, vous vivez une expérience très singulière. Quel lien faites-vous avec l’Evangile ?

Cette décision nous est tombée dessus. Nous avons lu l’annonce de Caritas et il était évident pour nous qu’il fallait dire oui. J’avais mal pour ces femmes qui devaient quitter l’Ukraine avec leurs enfants en laissant leur mari sur place. Nous devions accueillir quelqu’un comme nous aurions aimé l’être dans des circonstances similaires.

Et puis, c’est normal puisque nous sommes chrétiens et que nous pratiquons notre religion. Avec la maladie de Claude, nous sommes moins engagés à la Colombière, mais auparavant nous avons notamment travaillé avec Tchad Missions Nyon et chanté dans la chorale. Recevoir Katrina et Liora est pour nous une façon d’être disponibles pour notre prochain.

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