Le Christ, maître de l’école buissonnière…

C’est une nouvelle rentrée pastorale, c’est une nouvelle rentrée des classes, et L’Essentiel semblerait nous guider vers l’école buissonnière, est-ce bien raisonnable?

TEXTE ET PHOTOS PAR MARIUS STULZ

L’école peut désigner l’établissement scolaire, l’ensemble des élèves et du personnel ou le mode d’enseignement lui-même.

A l’école de son Père, Jésus, par son incarnation dans notre monde (l’infini entre dans le monde du fini), va faire une école buissonnière en vue du bien de l’humanité, profitable à toutes et à tous. Pour cette rentrée scolaire ou pastorale, comme pour notre rentrée dans la vie, tous, nous sommes appelés à l’école de l’Amour, à l’école de Jésus.

Sa pédagogie, son école, est simple, exigeante et belle: «Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.»

Etre chrétien c’est se mettre à l’école de Dieu, à l’école de la foi qui est avant tout une rencontre personnelle avec le Christ. Jésus, sans cesse, nous demande de faire l’école buissonnière de nos certitudes, de nos convictions avec comme seule règle indispensable, incontournable et irremplaçable pour chacun, celle de demeurer dans ce lien d’amour personnel avec lui. Mon seul devoir d’école, mon seul devoir de vie est de compter sur lui et avec lui (la liturgie dira par lui, avec lui et en lui) et saint Augustin de résumer à notre intention le devoir des bons écoliers que nous voulons être ou devenir par: «Aime et fais ce que tu veux.»

Sans cesse, dans cet excellent terreau qui est ce lien d’amour qui nous unit au Christ, Jésus pousse à l’école buissonnière et promet à celui qui lui fait confiance de vivre d’énormes dépassements et de vivre des événements plus grands que tout ce que lui-même a mis en route ou vécu (Jean 14, 12). Ou encore rappelons-nous lorsque Jésus amène les disciples d’Emmaüs, enfermés dans leur tristesse, leurs regrets et leur manque d’espérance, à vivre avec lui l’école buissonnière qui devient une expérience concrète de la liberté, de la résurrection et de l’infini de Dieu; que c’est bon d’être et de se savoir si bien accompagné sur notre chemin.

Ou encore, lorsque Jésus appelle Paul, le pharisien légaliste, le rigoureux, celui qui écoute et vit avec droiture la tradition juive, fidèle aux lois et aux rites, à devenir son apôtre en le poussant au dépassement, afin qu’il rende caduques ses lectures exhaustives de la loi qui séparaient les gens à cause du droit de naissance (lignage), de la culture et la tradition religieuse, de la place sociale, le poussant à revisiter et réinterpréter les rites et les usages à la lumière du ressuscité ; saint Paul l’a si bien fait avec le carcan des règles concernant des rites comme la circoncision et l’ensemble des lois de Moïse contenues dans les cinq premiers livres de la Bible que les juifs-chrétiens voulaient imposer aux païens qui ont accueilli le Christ; au Concile de Jérusalem, les apôtres sous la houlette de Pierre réduisent les centaines observances de la loi juive, en trois grandes orientations qui aideront les nouveaux chrétiens d’origine païenne à progresser dans leur spiritualité en leur demandant de s’abstenir de l’idolâtrie, de l’immoralité, de la viande étouffée et du sang (Ac 15, 5-21). C’est à l’école du maître que les apôtres on pu prendre ces positions nouvelles, rappelons-nous la méditation de Jésus «ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l’homme impur, mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui rend l’homme impur», pensée qui ouvre à tous, même aux mécréants, aux pécheurs et aux rejetés, l’accès à une intense rencontre en Dieu, l’accès à la communion. Cette citation est un vrai tuteur pour n’importe quelle situation de vie, lorsque tu ouvres la bouche quel est le bien que tu pourras en faire sortir; … je pense que je devrais me taire plus souvent!

Jésus est et sera toujours le maître de l’école buissonnière pour l’Eglise qu’il ne veut jamais démolir, mais accomplir. «Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Je vous appelle amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père.» (Jn 15, 15) Par l’Esprit-Saint, l’Esprit d’Amour accueilli chaque jour dans nos vies, nous sommes amis de Dieu, donc à même de découvrir dans l’Esprit ce qui est bien, ce qui est bon, ce qui est juste et nous n’avons pas peur de l’annoncer ni de le confronter avec les découvertes de nos sœurs et frères qui eux aussi vivent de l’Esprit, même si le plus souvent il s’exprime à travers eux d’une manière différente, mais qui vient nourrir, construire, édifier, s’harmoniser, communier à l’Esprit qui s’active en chacun de nous.

N’est-ce pas à ce déplacement intérieur auquel sont conviés les catéchumènes qui se préparent au baptême ou les confirmands qui vivent ou qui vont commencer à vivre à la rentrée le cheminement vers la confirmation ; par des moments communautaires où le vivre ensemble devient l’occasion de se laisser rejoindre par le Christ, afin de le reconnaître, de l’accueillir, de l’écouter et de se laisser transformer par cette relation d’Amour qu’il nous offre, et vivre cette école buissonnière qui emmènera chacun au-delà de ses limites, à battre campagne, pour vivre de son amour.

Bonne route et bon cheminement à tous !

Confirmands, marraines et parrains 2021.

La communauté Vie Chrétienne (CVX)

De nombreuses communautés sont présentes en Suisse romande, comme autant de témoins de la vitalité et de la diversité de l’Eglise. Ce mois-ci, cap sur des groupes de laïcs dont la spiritualité d’inspiration jésuite s’incarne dans la pratique des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola.

PAR PASCAL ORTELLI | PHOTO : DR

Dates clés

1540 Approbation par le pape de la Compagnie de Jésus.

1563 Des premiers groupes de laïcs voient le jour au travers de la Congrégation mariale.

1967 A la suite du Concile Vatican II, les Exercices spirituels connaissent un regain d’intérêt. Les groupes de laïcs, alors appelés « Communauté dans le monde », redéfinissent leurs statuts et s’appellent désormais « Communauté vie Chrétienne » (CVX). En Suisse, Anna Beck s’attèle à ce renouvellement.

1982 Naissance des premiers groupes helvétiques.

2001 L’Association CVX en Suisse prend forme avec ses propres statuts

2013 La CVX mondiale fête ses 450 ans et un pèlerinage se déroule de Constance à Einsiedeln.

Organisation : une communauté mondiale constituée de petites équipes qui se réunissent une fois par mois pour discerner comment Dieu parle à chacun au travers de la prière et d’un échange autour des joies et peines du quotidien.

Mission : à la suite de saint Ignace, « chercher et trouver Dieu en toute chose », c’est-à-dire reconnaitre Dieu présent au cœur du monde et de notre vie, apprendre à nous voir comme il nous voit et devenir des « contemplatifs dans l’action ».

Présence en Suisse romande : deux équipes à Lausanne, une à Genève et une à Fribourg.

Une particularité : la relecture ou prière d’alliance, soit s’arrêter chaque jour un instant pour voir comment Dieu a été présent en nous à travers les situations et les personnes rencontrées afin de discerner ce qui va dans le sens de la vie ou ce qui divise.

Pour aller plus loin : gcl-cvx.ch

« Faire partie d’une équipe CVX, c’est… »

Par Catherine Guerbet (équipe Emmaüs, Lausanne)

« Pour moi, c’est un chemin de croissance qui m’aide à vivre ma foi dans mon quotidien, à unifier ma vie (travail, famille, loisirs, engagements…), à faire des choix porteurs de vie. Retrouver mon équipe chaque mois m’oblige à m’arrêter pour relire le mois écoulé, y voir les traces de Dieu ou ce qui est à transformer. Avec les membres de l’équipe, c’est un compagnonnage dans la foi. CVX m’invite également à plus de liberté intérieure et à être actrice de ce monde, à ma façon. »

Le «fils prodigue» ou «un père a retrouvé»…

La parabole du «fils prodigue», lue en temps de Carême et durant ce mois de septembre est un texte d’une richesse extraordinaire qui vaut la peine d’être regardé dans son contexte: Luc en fait l’aboutissement d’une argumentation de Jésus, face à ceux qui lui reprochent ses mauvaises fréquentations.

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Un pont entre la recherche et la société

Les développements de la biologie et de la médecine poussent l’Eglise à se positionner sur de nouvelles questions de société. Stève Bobillier, membre de la Commission de bioéthique des évêques suisses, tente de concilier valeurs chrétiennes et enjeux de la recherche scientifique.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER

En bioéthique, il est généralement question de limites. Quels sont les processus de discernement pour les fixer ?

Comme dans toute recherche scientifique, il faut d’abord laisser de côté ses opinions, établir les arguments pour et contre et éliminer ce qui semble incohérent pour tenter de discerner une réponse. Ce qui est intéressant, c’est de parvenir à trouver ce que j’appelle des « nœuds », c’est-à-dire des concepts fondamentaux comme la liberté ou la sécurité, qui entrent en concurrence dans une question éthique. Idéalement, il s’agit ensuite de trouver une solution pour les dépasser ou au moins de proposer des orientations. Le but n’est donc pas de convaincre, mais de donner à penser, car dans ces questions, il n’est pas possible de fixer une frontière stricte entre ce qui est juste ou non, mais plutôt une latitude.

Les discours concernant la vie humaine opposent fréquemment la logique du bénéfice individuel à celle du bien commun. Comment concilier ces deux logiques ?

Dans nos sociétés ultra-individualistes, nous oublions souvent que toutes nos actions ont un impact sur les autres. Idéalement, il faut viser le bien commun, parce qu’on comprend que c’est le bien et que c’est ce qu’il faut faire. Cela suppose de ne pas le confondre avec nos envies ou nos plaisirs individuels. Dans un second temps, comme nous faisons partie de la communauté, ce bien rejaillira d’une certaine manière sur nous.

Face à l’avancée des sciences et à leur impact sur l’humain, est-ce que la vérité d’hier est celle de demain ?

Il faut distinguer la vérité de notre saisie de la vérité. La vérité est universelle, elle vaut en tout temps et pour tous, mais notre compréhension change et doit s’approfondir. Cela vaut tant pour la philosophie ou la théologie que pour les sciences exactes qui se comprennent toujours « en l’état actuel de nos connaissances ». Donc les contextes changent, mais le questionnement fondamental, de ce qu’est l’homme et de son rapport au monde, demeure le même depuis toujours et ne
changera pas.

Dans ces domaines, les pratiques devancent bien souvent les normes qui permettent de les juger. La bioéthique a-t-elle un temps de retard ?

(Rires) Le rôle de la bioéthique est de mettre des garde-fous à la recherche. Souvent, nous intervenons après les découvertes, car la science évolue rapidement, mais il y a des questions que nous pouvons prévoir. La modification de l’ADN humain, par exemple, risque d’avoir des conséquences irréversibles et nous devons anticiper les problèmes pour mettre des limites claires à la recherche.

La bioéthique qui s’est imposée est de nature déontologique et juridique. Peut-elle faire face à des enjeux d’ordre anthropologiques, voire métaphysiques ?

La traduction pratique de la bioéthique se fait dans la loi. Cela dit, le droit fixe ce qui est légal, pas ce qui est juste. Il est important de défendre des valeurs humaines comme la défense du plus faible. Face aux questions bioéthiques qui concernent les limites de la vie, l’aspect juridique ne suffit pas, car la dimension spirituelle de l’homme resurgit inévitablement. Il y a par exemple aujourd’hui un fort tabou de la mort, qui est abstraite, statistique, chiffrée. On parle peu de sa propre mort comme d’une réalité. Il est pourtant essentiel de l’anticiper, pas seulement administrativement, mais surtout sous l’aspect humain et spirituel.

Autour de la vie humaine

La Commission de bioéthique des évêques suisses se penche sur toutes les questions touchant à la vie humaine. Des thématiques telles que le consentement présumé dans le don d’organes, le diagnostic préimplantatoire, l’euthanasie, l’expérimentation animale et humaine, le suicide assisté ou encore la procréation médicalement assistée ont été abordées.

Biographie express

Docteur en philosophie et éthicien, Stève Bobillier est aujourd’hui professeur au Collège Saint-Michel (FR) et membre de la Commission de bioéthique de la Conférence des évêques suisses (CES). Cette dernière officie en tant qu’organe consultatif de l’Assemblée des évêques ou de l’Etat. Composée d’éthiciens, de philosophes, de médecins, de juristes et de théologiens, la commission propose des éclairages sur toutes les thématiques entourant la vie humaine.

Le pouvoir de pardonner

Pardonner: quelle gageure! Par-delà la blessure infligée, rester les mains ouvertes… Cela ne laisse-t-il pas nombre d’entre nous perplexes? La miséricorde, voilà bien une des plus puissantes et des plus étonnantes facettes de l’identité du Dieu de Jésus Christ. Une facette qui caractérise aussi proprement l’être humain.

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« Une personnalité libre »

PAR THIERRY SCHELLING
PHOTO : VATICAN.NEWS

« Nous ne sommes plus en chrétienté, nous ne le sommes plus ! Nous ne sommes plus les seuls aujourd’hui à produire la culture, ni les premiers, ni les plus écoutés », dixit François à la Curie Romaine en décembre 2019 !

Et cela vaut aussi pour les écoles catholiques : le 29 mars dernier, la Congrégation pour l’Education catholique (et les universités) a publié une instruction sur l’identité d’une école catholique aujourd’hui. Et le constat est clair : « L’identité [catholique] n’est pas une notion défensive, selon le préfet du dicastère, le cardinal Versaldi, mais une notion proactive. Dans le sens où nous avons certaines valeurs que nous proposons et n’imposons à personne, aussi parce que ce n’est pas nous qui choisissons les élèves dans nos écoles, mais ce sont les élèves et les familles qui choisissent nos écoles. »

Dialogue

Former des élèves à avoir une attention à la personne et aux plus faibles spécialement, voilà le trait caractéristique d’une école catholique ! On est loin de l’esprit de croisades ou du « entre-soi » face au « méchant monde »… L’instruction précise le devoir de telles écoles : « Un jeune doit se sentir accompagné, non pas dans un climat de sévérité ou de scientificité, mais par des personnes qui respectent, proposent, corrigent et permettent l’émergence d’une personnalité libre, en tant que citoyen et en tant que chrétien. » Et cela doit aussi concerner les enseignants !

De « Education » à « Culture »

La marque du changement est également notoire dans le cadre de la réforme de la Curie romaine acté par sa nouvelle constitution Praedicate Evangelium : désormais, le dicastère se nomme « de la culture et de l’éducation », rassemblant deux anciennes entités datant respectivement du Concile Vatican II (le conseil pour la culture) et du XIXe siècle (congrégation des universités).

Ce furent les Papes qui soutinrent les premières académies (Bologne, Paris, Oxford…) depuis le XIe siècle et donc formèrent la culture européenne pendant des siècles. Désormais, Rome propose de développer les valeurs humaines selon l’anthropologie chrétienne… et dans le contexte du monde contemporain : « Nous n’y sommes plus les premiers à produire de la culture », alors cultivons modestement !

Notre belle ville ! Et nous, dans cette ville ?

Nous avons voulu, l’an passé, en Eglise, marquer pour la première fois, le mois de septembre comme «mois de la Création». Cela avait pris la forme de quelques «Chemins de traverse», sur Martigny et les alentours. Nous sommes tout motivés à récidiver cette année avec une proposition encore plus singulière! C’est que, au fil des mois, c’est une sorte de rêve qui a pris forme et qui pourrait, avec vous tous, devenir réalité!

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Vitrail de Cingria…

… église de Saint-Joseph (Rolle)

PAR AMANDINE BEFFA | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

Le vitrail de Cingria qui se trouve dans l’église de Rolle nous invite à nous pencher sur l’histoire du diocèse de Lausanne. L’artiste a représenté : Notre-Dame de Lausanne entourée par deux saints évêques, Marius et Amédée.

Les deux saints apparaissent comme des statues, sur des socles portant leur nom.

Saint Marius (à droite) vit au VIe siècle. Il semble qu’il entre très jeune à l’abbaye de Saint-Symphorien à Autun. C’est saint Gontran, le Roi des Burgondes, qui le choisit pour devenir évêque. Marius vit sa mission avec humilité et ascèse. Il s’engage particulièrement auprès des plus pauvres. Il est aussi l’auteur d’une chronique universelle.

A l’époque, l’évêque réside dans la capitale de l’Helvétie : Aventicum (Avenches). Il aurait transféré le siège épiscopal à Lausanne.

A sa mort, il est canonisé par la population, ce qui était la pratique à l’époque.

Il est représenté ici avec la crosse à la main et la mitre à ses pieds (un signe de sa piété et de son humilité ?).

Saint Amédée de Lausanne (à gauche) vit au XIIe siècle. Il entre chez les cisterciens. Il est ici représenté avec un vêtement brun qui pourrait rappeler l’habit monastique. Jusqu’en 1335, la tenue des cisterciens se devait simplement d’être en laine non teinte. Les couleurs variaient donc entre l’écru, le gris et le brun.

Amédée est envoyé au monastère d’Hautecombe qui traverse une période de troubles. La réputation du moine est telle que la population de la ville de Lausanne le choisit comme évêque lorsque le siège devient vacant. Amédée refuse plusieurs fois, mais le Pape confirme son élection.

Dans la partie haute du vitrail, la Vierge Marie tient dans une main un calice et dans l’autre Jésus en train de lire. Est-ce une façon d’indiquer que le Christ est présent dans l’Eucharistie et dans la Parole ?

Le médaillon au-dessus de la tête de la Vierge porte l’inscription « Electa ut sol » : éclatante comme le soleil. Elle provient d’un hymne chanté à l’Assomption, lui-même issu du Cantique des Cantiques (Cant. 6, 10).

La Bénichon : fête religieuse ou fête profane ?

Aujourd’hui, la Bénichon reste dans l’esprit de beaucoup de personnes comme le symbole de la fin des travaux de l’été et est synonyme d’un repas copieux. Mais la Bénichon est une fête qui se réinvente perpétuellement et son origine est tout d’abord religieuse.

PAR JEAN-MARIE MONNERAT
PHOTO : PIXABAY

Jusqu’au XVIIIe siècle, les villages fêtaient deux événements : le saint patron de la paroisse, la patronale, et la dédicace, c’est-à-dire la date de la consécration de l’église. Même si cette dernière fête est tombée en désuétude, c’est elle qui est à l’origine de la Bénichon. Car le mot « bénichon » vient du latin « benedicto » et correspond donc à la bénédiction de l’église, par exemple pour la cathédrale Saint-Nicolas, il s’agit du 26 août. C’est même une solennité, car elle peut-être fêtée un dimanche.

Fête religieuse et profane

Cette fête religieuse était suivie d’une partie profane, dont la plus ancienne mention date du XVe siècle. En 1443, leurs Excellences de Fribourg font état des troubles occasionnés par les vagabonds aux « benissions ». C’est bien le problème de ces fêtes : elles duraient trois jours, du dimanche au mardi et engendraient un tourisme festif, car les paroissiens ne participaient pas uniquement aux festivités de leurs paroisses, mais à celles des villages des environs. Cette multiplication des fêtes avait comme conséquence une augmentation des jours chômés, donc non travaillés et les débordements étaient monnaie courante.

Pour limiter la partie profane, les autorités fribourgeoises édictèrent une ordonnance en 1747 qui permettait à chaque paroisse de fêter de manière religieuse la dédicace de la paroisse, mais qui exigeait que désormais la fête profane soit unifiée dans tout le canton au deuxième dimanche de septembre. Cette ordonnance du XVIIIe siècle est donc à l’origine de la Bénichon telle que nous la connaissons aujourd’hui.

Une fête unifiée

Mais les Fribourgeois ne renoncèrent pas si facilement à la fête et il fallut attendre le début du XXe siècle pour que la Bénichon soit unifiée, toutefois avec de nombreuses exceptions que nous connaissons encore aujourd’hui. La principale est de différencier la fête de la plaine en septembre de la Bénichon de la montagne. En effet, les montagnards étaient encore en pleins travaux à la fin de l’été et la fête a été déplacée au deuxième dimanche d’octobre pour les paroisses de la Gruyère et quelques villages de la Sarine, comme Treyvaux, Le Mouret, Arconciel, Senèdes, épendes et Marly.

Mais comme rien n’est simple, la liste des exceptions s’est encore allongée avec Saint-Sylvestre qui tient à sa Bénichon le 31 décembre, Estavayer-le-Lac le dernier dimanche du mois d’août ou Châtel-Saint-Denis dont la fête est fixée au troisième dimanche d’octobre, car les habitants participaient aux vendanges à Vevey et il fallait attendre qu’elles soient achevées.

« La Bénichon trouve alors sa signification telle que nous la connaissons aujourd’hui : la fin des travaux des champs pour la Bénichon de la plaine et le retour des troupeaux en plaine après un été passé à la montagne » explique Jacques Rime, curé de Grolley, Courtion et Belfaux. « C’est d’ailleurs le lundi de la Bénichon que l’on payait traditionnellement l’armailli qui avait passé l’été avec son troupeau dans les alpages » ajoute Anne Philipona, dans son ouvrage « Petit historique de la Bénichon ».

Un temps de retrouvailles

Le repas marque donc le moment des retrouvailles et la famille élargie se retrouve autour de la table, et les plats se succèdent selon un ordre précis. « C’est bien cet aspect de la fin des travaux d’été que l’on peut retenir, mais à ma connaissance, le curé ne bénissait pas les récoltes comme on pourrait le penser. Par contre, il est exact qu’en automne le prêtre passait dans le village pour bénir les granges qui abritaient les récoltes », précise Jacques Rime.

Il convient encore de relever que si le gouvernement fribourgeois avait lutté contre les excès des fêtes profanes, il le faisait avec le plein appui du clergé qui condamnait avec force tous les débordements : ivresse conduisant à des rixes ou danses accusées de provoquer la débauche. Jusqu’au milieu du XXe siècle, les curés inspectaient les abords du pont de danse pour voir si des enfants s’y trouvaient et ils vérifiaient que les « émancipés », c’est-à-dire les adolescents qui avaient terminé le catéchisme, ne participaient pas à la réjouissance qui leur était interdite.

Quant au menu de la Bénichon, qui est la fête traditionnelle que les Fribourgeois apprécient et réinventent, il date de 1850 pour la version que nous connaissons maintenant. Cependant les différentes parties du menu sont plus anciennes : on trouve une mention de la cuchaule en 1558 et la poire à Botzi est connue dès le XVIIIe siècle.

La tradition de partager un repas important à la fin des travaux se retrouve dans toutes les sociétés pastorales et il n’est pas surprenant qu’il soit aussi copieux.

Suivre mon chemin

Mais qui peut bien se cacher derrière les colonnes du journal local «Le Carrefour»? Me poser la question ne m’a pas suffi: une rencontre s’est imposée. Damien Rapalli est le rédacteur du «Carrefour» depuis août 2021. Nous nous sommes rencontrés à la suite de sa demande d’interview. Il souhaitait que je lui parle du Carême! Et voici que, saisissant la balle au bond, j’en profite pour vous le présenter aussi.

PROPOS RECUEILLIS PAR PASCAL TORNAY | PHOTOS : DR

Damien a 26 ans et vit à Vétroz. Son patronyme trahit ses liens forts avec la Toscane. Damien a terminé ses études de Lettres à l’Université début 2021. Depuis longtemps déjà, le sport – spécialement le football – et la plume sont ses deux violons d’Ingres. Jeune homme affable et ouvert, il rédige actuellement non seulement pour « Le Carrefour », mais aussi pour la fameuse « Gazette des Reines ». Il lorgne sérieusement sur Le Nouvelliste qui serait pour lui une belle ouverture s’il pouvait décrocher un poste de stagiaire.

Comment est venue cette fougue pour la plume ?

En réalité, c’est devenir enseignant qui me bottait. Mais au fond, la petite voix du journalisme m’appelait plus fort. Les études, c’est nécessaire, mais ça me sature aussi assez vite. Ce qui me plaît davantage, c’est le terrain, la rencontre… le plus souvent avec des gens que je n’aurais jamais rencontré sans l’ancrage micro-local des journaux pour lesquels je rédige. C’est un job qui m’ouvre des horizons nouveaux. Il me permet de vivre une foule de situations différentes et il me met en contact avec des milieux étonnants.

En plus de pouvoir fonder une famille, un de mes rêves serait d’écrire un livre. Plus jeune, j’avais écrit un recueil de nouvelles que j’ai laissé dans un tiroir. Il me faudrait reprendre tout ça sérieusement.

Une famille ?

Oui, à 26 ans, ce désir est bien présent. J’espère pouvoir le concrétiser bientôt. Vous savez, une famille ça donne un sens à l’existence. C’est la perpétuation de la vie.

Et le Carême ?

Oui, je ne sais pas trop d’où m’est venu ce désir de vivre plus profondément le Carême cette année. Après 10 ans de rupture, je me suis dit qu’y revenir, ça pourrait me faire du bien. C’est aussi pour cela que je vous ai appelé pour une interview à ce sujet. Je trouve que les aspects religieux ont aussi leur place dans les colonnes des journaux locaux. Lorsque je disais à des amis que je voulais approfondir le sens du Carême, évidemment j’avais droit à des moqueries : « Tu crois encore à ces conneries. » Peu importe à mon sens, je suis mon chemin.

Et Dieu dans tout ça ?

Après la crise de foi de l’adolescence, j’avais envie de connaître, mais je remettais en question mes croyances. Je me disais : « Dieu n’est pas au ciel ! » Aujourd’hui c’est vrai que je ne prends pas le temps de m’adresser à lui. Les interactions entre la foi et la raison me questionnent. Si souvent, c’est lorsque l’on se retrouve dans une impasse ou une situation dramatique qu’on se met à prier. Je pense que la foi, ça donne un sens à l’existence, mais pour le moment je laisse tout aller. J’arrose de temps et temps et j’espère que ça pourra tout de même pousser…

«Moi, je suis plutôt timide alors j’aime quand les gens se bougent, s’expriment…» Damien Rapalli

Prendre l’initiative, s’impliquer et accompagner

PAR VÉRONIQUE BENZ | PHOTO : R. BENZ

« L’Église  » en sortie  » est la communauté des disciples missionnaires qui prennent l’initiative, qui s’impliquent, qui accompagnent, qui fructifient et qui fêtent.  » Primerear – prendre l’initiative  » : veuillez m’excuser pour ce néologisme. La communauté évangélisatrice expérimente que le Seigneur a pris l’initiative, il l’a précédée dans l’amour (cf. 1er Épître de Jean, chapitre 4, 10), et en raison de cela, elle sait aller de l’avant, elle sait prendre l’initiative sans crainte, aller à la rencontre, chercher ceux qui sont loin et arriver aux croisées des chemins pour inviter les exclus. » Tel est l’encouragement du pape François dans son exhortation apostolique La Joie de l’Évangile (chapitre 1, 24).

Cette invitation du Pape est, pour notre décanat, ses huit paroisses et son équipe pastorale, l’objectif de cette année. Vous découvrirez dans ce numéro les nombreux projets qui sont mis en place pour vivre cette joie de l’Évangile. L’article de Caroline Stevens vous présentera la pastorale missionnaire de notre décanat et ses différentes équipes. L’équipe deuil et funérailles vous décrit les groupes de partage pour les personnes en deuil.

Dans la continuité de l’élan synodal, le décanat lancera dès cet automne des ateliers d’expérimentation. Ces rencontres d’un genre nouveau désirent impliquer davantage le peuple de Dieu dans la vie de nos communautés.

Nous pouvons nous engager dans ces différents projets, mais nous pouvons aussi simplement participer à la vie communautaire et à ses divers événements. L’offre est foisonnante. Ce début d’année pastorale sera marqué notamment par l’ordination au diaconat permanent de Fabien Udriot. La cité des Zaehringen accueillera le rassemblement pour les jeunes Helvetia Cantic.

S’impliquer c’est également redécouvrir et comprendre les richesses de notre patrimoine. Par exemple la bénichon, est-elle une fête profane ou une fête religieuse ? Pour connaître la réponse, lisez l’article de Jean-Marie Monnerat. Sébastien Demichel s’est plongé dans les archives pour nous dévoiler les origines des paroisses et églises de notre décanat. Il nous raconte l’histoire de la plus ancienne paroisse, celle de Saint-Nicolas.

En parcourant ce numéro, vous constaterez que les projets ne manquent pas ! Cependant, c’est à nous de les faire vivre. Alors, en ce début d’année pastorale, si nous suivions les conseils du pape François ? Si nous décidions de prendre des initiatives, de nous impliquer, d’accompagner les gens que nous rencontrons… sans aucun doute, nos communautés porteront du fruit et nous pourrons fêter la joie d’être chrétiens !

Brocante de la paroisse de Nyon

La brocante bisannuelle de la paroisse de Nyon est une manifestation importante et incontournable dans la région. Cette année, elle sera organisée les 18, 19 et 20 novembre prochains dans la salle de la Colombière. Le bénéfice est destiné au financement de la nouvelle église de Gland : si celle-ci a été consacrée en février, la paroisse doit déjà rembourser les premières tranches d’emprunts dès 2023. Un comité, composé d’anciens membres et renforcé par l’arrivée de nouvelles personnes, s’est d’ores et déjà mis au travail.

PAR GEORGES GRANDJEAN, POUR LE COMITÉ « BROCANTE » | PHOTOS : BRIGITTE BESSET

Offrir des objets

Pour assurer le succès de cette manifestation, il est important que les objets proposés à la vente soient variés et de valeur. Si vous avez de tels objets et que vous souhaitez vous en séparer, nous vous serions très reconnaissants de les amener à la Colombière le dernier mardi du mois de septembre ou d’octobre entre 9h30 et 12h.

La place dans les locaux étant limitée, nous ne pouvons pas accepter des meubles aux dimensions supérieures à 80 sur 60 sur 40 cm. Devant le peu d’intérêt du public pour les livres d’occasion, nous n’en acceptons plus. Merci d’avance pour votre générosité !

Donner un coup de main

Le comité « brocante » espère l’aide de nombreux bénévoles issus de toute la paroisse :

– le samedi 12 novembre de 9h à 12h pour le déménagement des objets des locaux où ils sont entreposés jusque dans la salle où ils seront proposés à la vente (cette tâche est particulièrement importante, et nous serions heureux de pouvoir compter sur 25 personnes).

– du lundi 14 au jeudi 17 novembre, en matinée ou l’après-midi, pour le tri et le rangement des objets sur les tables.

– du vendredi 18 au dimanche 20 novembre pour la vente proprement dite. Une buvette sera aussi proposée aux visiteurs.

– le dimanche 20 novembre de 17h à 20h pour le tri et le rangement des invendus dans les locaux (cette tâche est particulièrement importante, et nous serions heureux de pouvoir compter sur 25 personnes).

Nous avons besoin de vous, chaque heure offerte est bienvenue !

Pour toutes informations complémentaires, vous pouvez prendre contact avec Georges Grandjean par téléphone au 079 736 38 03 ou par courrier électronique à l’adresse suivante : georges@grandjean.ch

La brocante ne peut avoir lieu sans le soutien de bénévoles, pour lesquels nous sommes très reconnaissants.
Des trésors insoupçonnés vous attendent certainement.

Rejoignez notre groupe de partage d’expériences de vie !

L’équipe funérailles et deuil du décanat propose différents types de rencontres à Villars-sur-Glâne. Ces moments de partage et de convivialité sont ouverts à toutes et à tous.

PAR FRANÇOISE DUCREST
PHOTO : SHUTTERSTOCK

« Lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » Mt 18, 20.

La vie nous confronte à des épreuves et des situations difficiles, en particulier lors de la perte d’un être cher, d’une rupture ou lorsque la maladie ou la solitude nous accablent. Si certains ont la chance d’être bien entourés, d’autres se retrouvent seuls pour traverser ces moments de fragilité. Des questions existentielles se posent alors, on s’interroge sur le sens de la vie, on doute, parfois on se remet à prier ou à espérer…

Un groupe de partage

Depuis l’automne 2021, un groupe de partage se rencontre une fois par mois à Villars-sur-Glâne, pour échanger en profondeur et en toute liberté sur ce vécu personnel. C’est aussi l’occasion de recréer des liens et de se soutenir mutuellement.

Né dans le sillage de l’équipe des funérailles et deuil du décanat, ce groupe s’adresse à toute personne intéressée à cette écoute réciproque, quels que soient l’état de ses croyances ou de sa pratique religieuse. Il invite à la découverte de chemins d’espérance ou de nouvelles raisons de vivre, au jour le jour… L’animation est assurée par une personne formée à l’écoute et à l’accompagnement spirituel, avec l’appui d’autres agents pastoraux.

Les deux heures mensuelles laissent place aussi bien aux témoignages qu’au partage de textes inspirants, selon les apports de chacun. Un temps de recueillement ainsi qu’un espace de convivialité autour d’un café complètent le programme. Que vous veniez du décanat de Fribourg ou d’ailleurs, vous y êtes cordialement invités !

Lieu : Grande salle du centre paroissial de Villars-sur-Glâne.
Dates : les lundis 12 septembre, 10 octo­­bre, 14 novembre, 12 dé­­cembre 2022, 9 janvier, 13 fév­­rier, 13 mars, 24 avril, 15 mai et 12 juin 2023.
Horaire : de 16h à 18h.
Aucune inscription n’est requise, la fréquentation du groupe est libre !

Prière pour les défunts

Enfin, une démarche différente est proposée chaque premier jeudi du mois, lors de la messe du matin à 8h30, en la chapelle Saint-Joseph sous l’église Saint-Pierre. Vous pouvez y prier à l’intention de vos chers défunts, inscrire leur nom sur une belle carte (apportée ensuite en votre nom à l’autel) ou allumer un lumignon. La messe est suivie d’un temps de convivialité autour d’un café-croissant, au centre paroissial de Saint-Pierre.

Dates : 1er septembre, 6 octobre, 3 novem­­bre, 1er décembre 2022, 5 jan­­vier, 2 février, 2 mars, 4 mai, 1er juin 2023 (6 avril – Jeudi saint, la messe du matin n’est pas célébrée).

Bienvenue à chacun !

Pour tout complément d’information ou prise de contact sur ces propositions :
Françoise Ducrest au 079 688 23 83 ou Jadwiga Loulier au 079 455 28 60

Giraud Pindi ordonné évêque de Matadi

Notre ancien curé, l’abbé André-Giraud Pindi, a été ordonné le 16 juillet évêque de Madadi, en République démocratique du Congo (RDC). Il a été curé modérateur et doyen de l’Unité pastorale Nyon-Terre Sainte de 2013 à 2019.

PAR GENEVIÈVE DE SIMONE-CORNET 
PHOTOS : DR

Nommé par le pape François le 23 avril, Mgr André-Giraud Pindi Mwanza a été ordonné évêque le 16 juillet dans la cathédrale de Matadi par le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa. Il a été vicaire général de ce diocèse de l’ouest du pays de 2019 à 2021 et dès 2021 administrateur apostolique. Il succède à Mgr Daniel Nlandu Mayi, décédé le 12 décembre 2021 à 68 ans. Il a choisi comme devise épiscopale Infude amorem cordibus, « Versez votre amour dans les cœurs ».

André-Giraud Pindi Mwanza naît le 24 juillet 1964 à Kindomingielo, dans le diocèse de Matadi. Il étudie au petit séminaire de Kibula de 1976 à 1984, puis la philosophie au grand séminaire de Mayidi de 1984 à 1988 et la théologie au grand séminaire Saint Jean XXIII de Kinshasa de 1988 à 1993. Il est ordonné prêtre le 18 septembre 1994 dans la paroisse Notre-Dame de Fatima à Matadi. Poursuivant ses études en droit canonique, il obtient une licence à l’Université catholique du Congo en 1997 et un doctorat in utroque iure à l’Université pontificale du Latran à Rome en 2006.

Six ans dans notre UP

L’abbé Pindi arrive comme prêtre fidei donum dans le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg en 2006. Jusqu’en 2013, il est curé in solidum dans l’Unité pastorale Notre-Dame de Compassion, qui regroupe les paroisses de la région de Bulle. Il est curé modérateur et doyen de l’Unité pastorale Nyon-Terre Sainte de 2013 à 2019 et défenseur du lien dans le diocèse de 2006 à 2019.

De retour en RDC en 2019 après treize ans de ministère en Suisse romande, il devient vicaire général du diocèse de Matadi et administrateur apostolique suite à la mort de Mgr Daniel Nlandu Mayi. Le diocèse de Matadi, suffragant de l’archidiocèse de Kinshasa, comptait en 2013 1’120’944 baptisés sur 2’476’000 habitants. Il comprend 44 paroisses sur une superficie de 31’000 km².

Les armoiries épiscopales et la devise de Mgr Pindi.

C’est pas d’la tarte!

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS: DR

A l’origine observé par protestants comme catholiques, le Jeûne fédéral avait été instauré par la Diète fédérale en signe de «pénitence et d’Action de grâces». Même si la signification de ce lundi chômé tend à se perdre, ce week-end prolongé pour les cantons protestants de Suisse romande ne compte pas pour des prunes.

Dès le XVe siècle, l’observance de jours de jeûne est pratiquée en Suisse. C’est la Diète fédérale, assemblée des députés des cantons jusqu’en 1848, qui fixe ces journées de «pénitence et d’Action de grâces». Le premier document officiel mentionnant la «grande prière des Confédérés» date de 1517. Les épidémies de peste et les disettes ont poussé les autorités des cantons réformés à instituer ce type de journées de prière et de pénitence pour demander à Dieu de les en prémunir ou pour le remercier. Plus tard, elles ont été assorties de collectes en faveur de coreligionnaires persécutés (ndlr. les vaudois du Piémont en 1655).

Ce n’est qu’en 1639, soit durant la guerre de Trente Ans, que la Diète instaura une journée de jeûne annuel pour rendre grâce à Dieu d’avoir préservé la Suisse du conflit. A partir de 1643 les cantons catholiques instituèrent également de telles journées, mais ce n’est que le 8 septembre 1796 qu’elle fut célébrée pour la première fois d’un commun accord par catholiques et protestants. L’institution se maintiendra jusqu’en 1830, même si catholiques et protestants avaient déjà opté pour des jours différents. Loin de se distancier complètement de cette pratique, le concile Vatican II a décrété le Jeûne fédéral comme une manifestation œcuménique.

Qui dit jeûne, dit diète (pas fédérale cette fois-ci). Il était demandé à l’origine de s’abstenir de nourriture durant la journée. Les réunions à l’église se prolongeant jusqu’à tard dans l’après- midi, on n’avait pas le temps de préparer un dîner et on se limi- tait donc à une tarte de fruits de saison, préparée souvent la veille. La tradition de la tarte aux pruneaux serait aussi à chercher dans la pratique ecclésiale. Depuis le début du XIXe siècle, il était courant de conserver l’argent destiné ordinairement au repas du dimanche, pour l’offrir aux pauvres.

Recette: La tarte aux pruneaux du Jeûne fédéral

Temps de préparationTemps de cuissonTemps de reposPortions
30 minutes60 minutes30 minutes8

Ingrédients

  • 9 g de sel
  • 90 g d’eau
  • 100 g de farine complète
  • 200 g de farine blanche
  • 150 g de beurre
  • 50 g de noisettes moulues (ou d’amandes) mélangées à 10 g de farine
  • 1200 g de pruneaux
La tarte aux pruneaux, un classique à déguster le jour du Jeûne fédéral.

Préparation

  1. Dissoudre le sel dans l’eau
  2. Mélanger la farine complète, la farine blanche et le beurre. Ajouter l’eau salée et pétrir légèrement
  3. Laisser reposer la pâte 30 minutes au frigo
  4. Abaisser et piquer la pâte
  5. Déposer le mélange noisettes moulues-farine sur le fond de la tarte
  6. Couper les pruneaux en deux et les déposer sur le fond de tarte
  7. Préchauffer le four à 180°C. Enfourner environ 1 heure, jusqu’à ce que la pâte soit bien dorée

Manger son chapeau

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS: DR

Les jésuites n’ont pas toujours eu très bonne presse. L’image tend à changer grâce au pape François. Néanmoins, si après cet article votre dent contre eux persiste, c’est le moment où jamais d’en croquer un!

Il aura fallu attendre 473 ans pour voir un jésuite élu à la tête de l’Eglise. Une longue patience qui aura au moins permis de redorer le blason de la Compagnie de Jésus. Car, à en croire certains sites internet, l’ordre fondé en 1540 par Ignace de Loyola serait responsable de bien des maux… jusqu’au naufrage du Titanic. Et ce n’est que la pointe de l’iceberg, puisque cette éminence grise contrôlerait, en sous-marin, toutes les décisions du Vatican. Mais vous auriez bien raison de dire que cette théorie prend l’eau!

Deuxième en termes d’effectifs, derrière les franciscains et devant les dominicains, les jésuites ont la réputation d’être des intellectuels. Qualificatif qu’ils doivent à la longue formation qu’ils reçoivent. La particularité de cet ordre, outre les vœux habituels, est une obéissance absolue au pape et à Dieu. Depuis sa création, la Compagnie de Jésus s’est donné pour priorités l’éducation de la jeunesse et l’évangélisation.

Certains soutenaient un enseignement moral basé sur l’étude des cas particuliers [la casuistique, ndlr.], qui accorde une place prépondérante à la liberté individuelle face à la loi morale. Une posture «laxiste» perçue comme une manière de s’accommoder avec les choses du monde que les jansénistes brocardaient. Les jésuites sont décriés pour leur capacité à donner des réponses retorses pour étayer un argumentaire, cette controverse intellectuelle a lesté le terme d’une connotation péjorative. Il est devenu synonyme d’hypocrite.

Pour être tout à fait sincère, n’y a-t-il pas un plaisir presque littéraire à manger benoîtement un jésuite? Peut-on croquer dans un jésuite sans entendre le «Mangeons du jésuite, mangeons du jésuite!» des sauvages Oreillons du Candide de Voltaire?

Recette: Les Jésuites

Le nom de cette pâtisserie viendrait de la couverture de praline ou de glaçage au chocolat ressemblant par sa forme au chapeau à bords relevés comme des jésuites: un petit triangle de pâte feuilletée fourré à la frangipane et recouvert de praline ou de glaçage au chocolat. Plusieurs versions sur l’origine de la pâtisserie s’affrontent. L’une d’elle avance que la pâtisserie Moura à Santo Tirso aurait confectionné ces gâteaux pour la première fois en 1892. Elle doit la paternité de cette création à un de leur pâtissier ayant travaillé auparavant dans une communauté de prêtres jésuites à Bilbao, au nord de l’Espagne

Temps de préparationTemps de cuissonPortions
30 minutes40 minutes6

Ingrédients

1 pâte feuilletée abaissée, carrée de 250 g

Pour la crème pâtissière
  • 250 ml de lait
  • 25 g de fécule de maïs
  • 3 jaunes d’œufs de taille moyenne
  • 80 g de sucre en poudre
  • 1 gousse de vanille
Pour la crème d’amande
  • 80 g de poudre d’amande
  • 80 g de beurre
  • 2 oeufs de taille moyenne
  • 80 g de sucre en poudre
Pour le glaçage
  • 1 blanc d’oeuf
  • 125 g de sucre clage
  • 1 cuillère à café de jus de citron
  • 175 g d’amandes effilées
  • Sucre glace
Le nom de cette pâtisserie viendrait de la couverture de praline ou de glaçage au chocolat ressemblant par sa forme au chapeau à bords relevés comme des jésuites.

Préparation de la crème pâtissière

  1. Dans une casserole, faire chauffer le lait avec la gousse de vanille fendue en deux.
  2. Dans un bol, mélanger les jaunes d’œufs avec le sucre en poudre et la fécule de maïs.
  3. Lorsque le lait commence à bouillir, verser sur le mélange jaunes d’œufs-sucre-fécule de maïs.
  4. Reverser la préparation dans une casserole et faire cuire à feu moyen en remuant sans cesse jusqu’à obtenir une consistance assez épaisse.
  5. Sortir du feu et mettre la crème dans un bol froid, couvert de film. Laisser refroidir.

Préparation de la crème d’amande

  1. Verser le beurre ramolli dans un saladier et ajouter le sucre en poudre.
  2. Fouetter jusqu’à obtenir une consistance de crème.
  3. Ajouter la poudre d’amande et les œufs.
  4. Bien mélanger jusqu’à obtenir une pâte homogène.
  5. Ajouter la crème pâtissière et bien mélanger pour obtenir une crème frangipane à la consistance homogène.

Montage

  1. Mettre la crème d’amande dans une poche à douille.
  2. Etaler la moitié de la pâte feuilletée sur un plan de travail légèrement fariné.
  3. Tracer des triangles sur la pâte feuilletée et découper.
  4. Humidifier le bord des triangles avec un peu d’eau.
  5. Garnir chacun des triangles de crème frangipane.
  6. Mettre la seconde partie de pâte feuilletée par-dessus.
  7. Souder les bords des triangles en appuyant légèrement avec les doigts.
  8. Disposer les triangles sur une plaque à pâtisserie couverte de papier sulfurisé en les espaçant.

Glaçage et finition

  1. Mélanger le blanc d’œuf avec le sucre glace et le jus de citron jusqu’à l’obtention d’une consistance homogène.
  2. Recouvrir le dessus de chaque triangle avec le glaçage.
  3. Saupoudrer le dessus d’amandes effilées.
  4. Préchauffer le four à 180°C.
  5. Enfourner durant 35 à 40 min jusqu’à obtenir une belle couleur dorée. Sortir du four, laisser refroidir et saupoudrer de sucre glace.

Marcher main dans la main

PAR GENEVIÈVE DE SIMONE-CORNET
PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

L’été est à notre porte. Si une élémentaire prudence est de mise, il s’annonce riche de belles découvertes. Profitez-en pour vous aérer et vous changer les idées !

L’année qui se termine aura aussi été celle d’une réflexion sur la synodalité, selon le vœu du pape François, et, dans notre Unité pastorale (UP), sur le thème « Nous sommes Eglise ». Tous, laïcs et prêtres, salariés et bénévoles, nous avons pu apporter notre pierre à la réflexion commune, exprimer nos déceptions, nos attentes, nos espérances, en un mot dessiner l’Eglise dont nous rêvons. Celle dans laquelle nous nous sentons bien, celle qui nous dynamise et nous entraîne vers l’avant.

Pour le pape, « la synodalité exprime la nature de l’Eglise, sa forme, son style, sa mission », elle n’est pas « un titre parmi d’autres, une manière de la penser qui offre des alternatives ». Il le disait à son diocèse de Rome le 18 septembre 2021. Il le dit à chacun de nous. Et cette marche commune – c’est le sens du mot « synode » – implique la participation de tous. Pour Sœur Nathalie Becquart, sous-secrétaire du synode des évêques, une Eglise synodale est « une Eglise en mouvement, en déplacement », dynamique, vivante, forte de toutes ses composantes ; une Eglise ouverte, plus participative, qui recherche plus le consensus que la majorité.

Le processus synodal, dans lequel notre UP est engagée elle aussi, est une opportunité à saisir pour développer, à notre niveau, des communautés à l’écoute de chacun, où le partage des responsabilités progresse, où tous, hommes et femmes, laïcs et prêtres, ont leur place. Tous baptisés, tout égaux en dignité.

Il y a là un changement de paradigme. A nous d’y souscrire. Car cette Eglise, elle ne se fera pas sans nous ! Elle se bâtit dès aujourd’hui sur les efforts de chacun, et nul n’est trop pauvre ou trop petit pour se soustraire à la tâche. L’Eglise, c’est chacun de nous, dans notre paroisse, notre communauté. Le moindre geste contribue à renforcer la communion, et chacun a quelque chose à donner, à sa mesure.

Alors oui, dépassons les préjugés, la méfiance, les critiques et la peur de perdre ; prenons la parole, osons des mots et des gestes de vérité et de liberté, marchons main dans la main. L’Eglise de demain, elle sera celle que nous bâtirons ensemble : riche de ses diversités, de ses harmoniques, de ses couleurs complémentaires.

Bel été à chacun. Pour qu’à la rentrée, après avoir cheminé en nous, les bonnes idées éclosent et tissent entre nous les fils d’une belle solidarité. Rendez-vous dimanche 4 septembre à Gland pour la messe de reprise de l’année pastorale.

Montée vers Pâques 2022: «Lève-toi»

 

PAR CHIARA ROSATI, 28 ANS, AGENTE PASTORALE DE LA JEUNESSE UP PRILLY-PRELAZ | PHOTOS : DR

La «MVP 2022», c’était un véritable camp de 4 jours à Morges, organisé par des jeunes, qui a débuté la soirée du Jeudi saint 14 avril, et s’est terminé le Dimanche de Pâques 17 avril après la messe, et qui a rassemblé des 12-17 ans de toute la région !

 

Le but était de monter petit à petit vers Pâques, en partageant les diverses célébrations quotidiennes du Triduum pascal, tout en vivant des journées rythmées par des activités spirituelles (temps de prières, louanges, témoignages, enseignements, confessions), sportives (sports de camps, jeux de balles, divers jeux, marches) et artistiques (activités manuelles, théâtre, chants et bricolage).

En tant qu’animatrice de la jeunesse des confirmands et confirmés de l’UP Prilly-Prélaz, je suis reconnaissante d’avoir pu vivre cette expérience incroyable et unique avec certains de mes jeunes ! Dès le début, on s’est sentis plongés dans une ambiance festive, joyeuse, musicale, chaleureuse et priante. On était comme une grande famille et avec l’esprit de fraternité on a fêté autour de l’événement central de notre foi : la résurrection !

Quelle grâce de voir plus de 100 jeunes enthousiastes partager leur joie authentique, profonde tout en témoignant leur foi.

« Je voulais y aller pour passer un moment où l’on parle plus du Seigneur. » Clara, 15 ans, jeune confirmée

Jecy, 14 ans, confirmande : « J’ai appris beaucoup de choses, comme les histoires bibliques et j’ai découvert que beaucoup de jeunes ont la foi en Dieu, tout comme moi. Depuis, j’ai changé ma manière de prier. Je garde des souvenirs incroyables : le soir où on a tous chanté des louanges, tous les témoignages qu’on a entendus, la marche Via Crucis et l’occasion d’écrire les péchés qu’on n’a jamais dit à Dieu. »

« C’était une expérience vraiment incroyable ! J’ai adoré ce camp c’était génial. Ce qui m’a surprise c’était les moments spirituels qu’on a vécus ensemble, ça m’a remplie de joie. J’aimerais vivre à nouveau ce sentiment d’être en famille. J’ai découvert que j’ai laissé entrer Jésus dans ma vie plus qu’il était déjà. Cette expérience m’a aidée à en apprendre plus sur l’histoire de Dieu. J’étais touchée par le soir des confessions. J’y suis allée car je voulais en apprendre plus sur moi et sur Dieu. Alors merci de m’avoir permis de vivre une telle expérience. » Frena, 15 ans, jeune confirmande

Sara, 19 ans, bénévole catéchiste des confirmands : « Superbe expérience que je recommande. Je ne m’attendais pas à voir autant d’enfants qui croient en Dieu et le fait de voir que dès leur jeune âge, ils confiaient leur vie à Dieu m’a beaucoup touchée. Durant la MVP je me sentais tellement apaisée. J’ai senti au fond de moi une présence qui m’apaisait et qui m’a fait ressentir une grande joie. C’est important de rencontrer et d’échanger avec des jeunes chrétiens pour avancer dans la foi, on peut s’aider, se soutenir et apporter nos connaissances pour nous enseigner mutuellement les paroles de notre père. »

Ruth, 17 ans, bénévole catéchiste des confirmands : « Quelle surprise de voir autant de jeunes heureux grâce à Dieu… J’ai appris à avoir plus de confiance en moi et à m’ouvrir aux autres. J’aimerais trop revivre de pareils événements ! »

 

Marie, Mère de l’Eglise et modèle de communion

Le Père dominicain Benoît-Dominique de La Soujeole, professeur émérite de dogmatique à l’Université de Fribourg et professeur invité à l’Angelicum à Rome, a donné une conférence dans les salles sous l’église de la Colombière jeudi 19 mai sur «Marie, Mère de l’Eglise, modèle de la communion des saints». Ceci dans le cadre du thème d’année de l’Unité pastorale (UP) Nyon-Terre Sainte, «Nous sommes Eglise».

PAR GENEVIÈVE DE SIMONE-CORNET
PHOTOS : PHILIPPPE ESSEIVA, BRIGITTE BESSET

C’est avec un humour contagieux, et devant une trentaine de paroissiens, que le dominicain français Benoît-Dominique de La Soujeole a expliqué d’où vient le titre de Mère de l’Eglise donné à Marie, son sens et sa pertinence pour les catholiques. Il a souligné en ouverture que «Marie est fondamentalement mère», que «toute sa personne est constamment engagée dans une relation de maternité, une relation dans laquelle et par laquelle elle donne la vie à partir d’elle-même et hors d’elle-même».

Dans un premier temps, il a posé quelques jalons historiques, rappelant que la première maternité de Marie, définie par le concile d’Ephèse en 431, est d’être Mère de Dieu, sa vocation étant de mettre au monde «Dieu le Verbe s’incarnant en elle et par elle sous l’ombre de l’Esprit saint». Et que c’est autour de cette réalité que sont disposés les autres aspects du mystère marial: l’Immaculée Conception, «proclamée parce que les catholiques le croyaient et pas le contraire», la virginité et sa présence du début à la fin de l’œuvre de salut accomplie par son Fils, de Cana au pied de la croix et à la Pentecôte.

Au deuxième millénaire chrétien, a relevé le conférencier, on a développé des liens entre le mystère central et des mystères subordonnés. La théologie catholique a ainsi considéré que le Christ et l’Eglise, son corps dont nous sommes les membres, «forment comme une seule personne». Conséquence: «Si le Christ tête et l’Eglise corps forment comme une seule réalité spirituelle, alors la Mère de la tête – Marie – est aussi la Mère du corps, la Mère de l’Eglise».

Mots neufs, réalité ancienne

Un titre marial authentifié récemment, a précisé le Père de La Soujeole, par le concile Vatican II dans le chapitre 8 de la Constitution dogmatique «Lumen gentium» dont le titre est «La bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, dans le mystère du Christ et de l’Eglise». «Le concile, a souligné le conférencier, a explicitement fait le lien entre le mystère du Christ et celui de l’Eglise, plaçant Marie en relation profonde avec les deux: Mère de la tête, elle est aussi Mère du corps parce que tête et corps ne font pas deux mais un».

Lors de la promulgation de la Constitution, le 21 novembre 1964, le pape Paul VI a décrété que «Marie serait désormais honorée et priée aussi par le titre de Mère de l’Eglise». Les Pères conciliaires se sont alors levés pour acclamer la Vierge Marie sous ce titre. Un titre qui, s’il était neuf, exprimait, a poursuivi le Père dominicain, «l’acquis du second millénaire de la vie de foi du Peuple de Dieu». Puis la réforme liturgique a introduit des messes en l’honneur de Marie dont la messe de Marie, Mère de l’Eglise.

Un amour accompli

Dans un deuxième temps, le conférencier a commenté la collecte, la prière qui ouvre la messe de Marie, Mère de l’Eglise, et qui en donne le sens doctrinal : « Dieu de miséricorde, notre Père, ton Fils unique, en mourant sur la croix, a voulu que la Vierge Marie sa Mère soit aussi notre Mère. Nous te prions afin que, soutenue par son amour, ton Eglise ait joie de donner naissance à des enfants toujours plus nombreux, de les voir grandir en sainteté et d’attirer à elle toutes les familles des peuples. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur ».

L’adresse, « Dieu de miséricorde, notre Père », place d’emblée la célébration « dans l’histoire du salut qui est l’œuvre de l’amour miséricordieux de Dieu. C’est un amour qui pardonne, qui répare, qui relève » à partir, ici, du pied de la croix, où Jésus donne à Marie Jean comme fils et à Jean Marie comme mère. « C’est donc lors de l’accomplissement total et parfait de l’œuvre confiée au Christ qu’intervient au cœur de la Passion cette maternité de Marie sur tous les hommes appelés à être disciples du Christ », a précisé le Père de La Soujeole. Et la maternité de Marie « est la forme accomplie de son amour. C’est un amour qui donne et soutient la vie et qui fait de l’Eglise, qui reçoit cet amour, une mère à son tour » en nous donnant la vie divine, la vie de la grâce.

Mais comment cette vie nous parvient-elle et devient-elle nôtre ? Elle a sa source en Dieu et nous est donnée grâce à l’Incarnation. « L’humanité de Jésus, parce qu’elle est unie dans sa personne même au Verbe éternel, est elle-même remplie de toute la grâce, de l’Esprit saint en personne, et c’est dans cette humanité unique que tout le salut pour tous les hommes réside et c’est par elle qu’elle se communique à tous », a expliqué le conférencier.

Le tableau de Berna s’est rempli au fil des conférences et des saisons.

Un double rôle

Et Marie dans tout cela? Par sa proximité avec le Christ, elle occupe «une place intermédiaire entre le Christ et nous dans les deux sens: Marie intervient auprès de son Fils pour nous, c’est son intercession, et elle intervient auprès de nous pour nous montrer le Christ, c’est son exemplarité». Comme à Cana.

Marie est ainsi médiatrice «dans les deux sens: ascendant quand elle s’adresse au Christ pour nous; descendant quand elle s’adresse à nous de la part du Christ. C’est l’ensemble de cette activité mariale qui constitue sa maternité, car tout ce que Marie fait est en relation avec la vie de la grâce à communiquer, à être effectivement reçue, au besoin réparée et toujours nourrie». Si cette maternité, a relevé le Père de La Soujeole, concerne chacun de nous, elle a une dimension ecclésiale: Marie est Mère de chaque fidèle et de la communauté formée par les fidèles et les pasteurs. Comme une mère l’est de chaque enfant et de la famille. Son double rôle d’intercession et d’exemple «concourt à ce que la grâce du Christ porte en nous, de façon inséparablement individuelle et communautaire, tous ses fruits».

Mère de l’Eglise, Marie l’est par deux actes majeurs: l’intercession et l’exemple. Par le premier, elle se fait notre avocate, intervenant auprès d’une autorité, Jésus, «en faveur de quelqu’un qui dépend de cette autorité et qui en attend un bienfait». Ainsi, «Marie intercède de façon générale en demandant au Seigneur sa grâce pour nous, et plus particulièrement – car comme Mère elle connaît bien ses enfants – les grâces particulières qui nous sont nécessaires (grâce de fidélité, grâce de repentir, grâce de force,…) ». Une intercession « parfaite » de sorte que, «lorsque nous prions Marie en sollicitant son intercession, nous sommes d’emblée placés dans la bonne direction!», a précisé le conférencier.

«Le deuxième acte par lequel Marie exerce sa maternité est son exemplarité»: elle nous apprend, par son exemple, à vivre de la grâce filiale reçue au baptême. Comment? Par quatre attitudes: l’écoute, la prière, le don de la vie et l’offrande.

De l’écoute à l’offrande

La Vierge est d’abord celle qui écoute : « Elle a reçu la Parole de Dieu avec foi et l’a gardée dans une méditation constante lui permettant d’aller toujours plus profondément dans l’intelligence des desseins de Dieu pour y participer de toujours plus près », a souligné le Père de La Soujeole. En cela, elle est l’exemple de l’Eglise « qui reçoit, garde, scrute et accomplit la Parole de Dieu ». Et chaque chrétien « est invité à recevoir – écouter au sens biblique – la Parole de Dieu pour en vivre ».

Puis la Vierge est celle qui prie: elle demande quelque chose à Dieu. Que demander à Dieu? «Ce qu’il veut nous donner à condition qu’on le lui demande.» Mais quoi? Les demandes contenues dans le Notre Père, qui «embrassent tous les aspects de notre vie». Marie a prié le Notre Père, l’Eglise le prie «pour y scruter l’action de Dieu, à laquelle il nous associe».

La Vierge donne la vie: elle a mis au monde le Verbe de Dieu et, par son intercession, «elle ne cesse de l’accomplir en nous» et pour l’Eglise. «Elle nous montre que la vocation chrétienne s’accomplit dans le don de la vie: la vie du corps, la vie de l’esprit, la vie de la grâce.»

Enfin, Marie est la Vierge de l’offrande. S’offrir, a expliqué le conférencier, «est le terme, l’accomplissement, le but unique de toute vie humaine: disposer de soi, par amour, pour se donner à Dieu». Le Christ et Marie se sont ainsi offerts à Dieu. Et l’Eglise, depuis deux mille ans, entraîne ses enfants sur ce chemin, en particulier lors de la messe.

En conclusion le Père de La Soujeole a constaté que «quand nous célébrons Marie avec le titre de Mère de l’Eglise, nous sommes invités à ressaisir le mystère ecclésial dans toute son ampleur (tous les états de vie), dans l’identité radicale de tous qui réside dans le baptême, dans les relations vitales par lesquelles nous recevons la vie de la grâce et la transmettons à notre tour». Ainsi, «Marie est d’une importance considérable pour rencontrer le Christ, comprendre sa Parole, recevoir sa grâce, vivre le chemin d’accomplissement ainsi offert».

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