Le Synode 2021-2023

Lancé le 10 octobre 2021, le Synode sur la synodalité va durer deux ans. Sa synthèse aura lieu les 9 et 10 octobre 2023 à Rome, au cours de l’assemblée des évêques. Quelques mots sur cette démarche insolite.

PAR CAROLINE STEVENS | PHOTOS : PIXABAY

À l’occasion de la messe d’ouverture du processus, célébrée en la basilique Saint-Pierre de Rome, le pape François a partagé sa vision d’une Église synodale : « Un lieu ouvert où chacun se sent chez lui et peut partager. »

Dans son document préparatoire au Synode (n° 32), le souverain pontife détaille les différents objectifs de ce temps de rencontre, d’écoute et de communion. Il s’agit avant tout : d’inciter les gens à rêver l’Église de demain, à faire fleurir les espoirs, à stimuler la confiance ou encore à construire des ponts. Tous les diocèses du monde sont conviés à participer au processus. Ainsi, le Synode sur la synodalité se déroule en trois phases de réflexion : locale, continentale et romaine.

Depuis son élection en 2012, le pape François a initié trois rencontres synodales une autour de la famille, une sur la jeunesse et une sur l’Amazonie.

Les paroisses du décanat de Fribourg s’interrogent

L’abbé Philippe Blanc, modérateur de l’équipe de prêtres in solidum des unités pastorales Notre-Dame et Saint-Joseph, explique comment la démarche synodale est portée dans le décanat de Fribourg.

Quelles sont les spécificités du prochain Synode ?

Une des spécificités du prochain Synode est d’inviter largement tout le Peuple de Dieu à y participer. Ce n’est plus seulement le « Synode des évêques », mais une invitation adressée à toutes et tous. Comme l’a dit le pape François : tous doivent participer, c’est un engagement ecclésial indispensable !

C’est aussi un appel, à redécouvrir ce qu’est l’Église : la synodalité comme dimension constitutive de l’Église. Parce qu’elle est par nature synodale, la vie de l’Église implique et demande d’être à l’écoute de l’autre et proche de lui. À l’écoute, cela veut dire que l’on accepte non seulement de laisser l’autre s’exprimer, mais aussi que l’on est prêt à se laisser enrichir par ce qu’il dit. être proche demande de ne laisser personne à l’extérieur et de n’exclure personne a priori.

Le Synode n’est pas un parlement, ni une enquête d’opinions. La première attitude est de se mettre ensemble à l’écoute de la Parole de Dieu en se laissant guider par l’Esprit Saint, car c’est lui qui nous conduit à la vérité tout entière. Le partage libre et fraternel des idées, des propositions, des suggestions et des critiques, ne vise pas à détruire, mais à construire ensemble ce que le Seigneur lui-même veut pour son Église en ce temps.

Le pape nous invite aussi à redécouvrir le sensus fidei qui est le fruit de la participation de tout baptisé à la fonction prophétique du Christ. Le document préparatoire dit : le sens du cheminement auquel nous sommes tous appelés est avant tout celui de redécouvrir le visage et la forme d’une Église synodale où chacun a quelque chose à apprendre… Une Église synodale est un signe prophétique… Pratiquer la synodalité est, aujourd’hui, pour l’Église, la façon la plus évidente d’être « sacrement universel du salut », « signe et instrument de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (n° 15).

Concrètement, quelles sont les propositions du décanat de Fribourg ?

La feuille dominicale a déjà publié des billets pour entrer dans la dynamique synodale. À partir du temps de l’Avent, elle propose chaque semaine un texte de réflexion pour nourrir et susciter le partage et la prière. C’est aussi une invitation à entrer avec d’autres dans la dynamique synodale.

Une page synodale a été créée sur le site du décanat où on peut trouver les documents qui concernent le Synode.

L’une des propositions serait que dans chacun des groupes ou mouvements, dans tous les lieux de nos engagements, dans nos communautés humaines et ecclésiales, nous fassions l’expérience du dynamisme synodal. À nous, dans la diversité de nos vocations personnelles, de devenir des experts en écoute et des experts en proximité.

Premiers temps forts

Le samedi 18 décembre, toutes et tous ont été invités à un temps de pèlerinage pour effectivement « marcher ensemble » depuis la place du collège Saint-Michel jusqu’à la cathédrale. Cette marche a été guidée par « la lumière de Bethléem ». Chaque paroisse a reçu une lanterne allumée à cette lumière. Il s’agissait d’une démarche « en famille ». Cela nous a rappelé l’expérience du Peuple de Dieu guidé dans le désert par la nuée qui marquait la présence de Dieu. Dans nos déserts actuels, nous marchons à la lumière du Christ. C’est lui la vraie lumière qui vient en ce monde et qui prend chair de notre chair. C’était aussi une invitation à redécouvrir la grâce et la joie de notre baptême et à réentendre les paroles de Jésus : vous êtes la lumière du monde.

Trois après-midi « Écoute et partage », les 22 janvier, 19 février et 19-20 mars, permettront d’échanger et de nous enrichir mutuellement selon trois thématiques : une Église qui se questionne, une Église qui dialogue, une Église qui célèbre. Chacun pourra partager son expérience, faire des propositions, émettre des critiques… dans une ambiance fraternelle et bienveillante, avec le souci de construire ensemble. Il s’agit de vivre ensemble « une expérience » synodale : il n’y aura pas de conférences sur ces thèmes, mais une proposition de cheminement : 
• accueillir la présence de la Parole du Verbe fait chair (sans commentaire) 
• déposer les poids qui alourdissent, qui empêchent la marche 
• faire mémoire de nos propres expériences (joies, difficultés, incompréhensions, découvertes…) 
• repérer et accueillir les appels de l’Esprit pour l’Église en ce temps, en ce lieu 
• comment grandir et avancer ensemble dans notre « être disciple missionnaire », comment poursuivre ce dynamisme synodal pour un vrai renouveau de l’Église ?

D’autres propositions seront faites dans l’année, en particulier pendant le carême : conférences, journée de récollection, pèlerinage…

Démarche synodale dans le décanat de Fribourg 
L’équipe pastorale au service des paroisses du décanat de Fribourg vous invite à entrer tous ensemble dans la démarche synodale initiée par le pape François et relayée par notre évêque Mgr Charles Morerod.

Plus d’informations : 
decanat-fribourg.ch/synode/ 
www.cath.ch/newsf/synode-sur-la-synodalite-la-romandie-se-met-en-chemin/ 
www.ktotv.com/page/synode-synodalite-2023

Trois rencontres* ouvertes à toute personne de bonne volonté afin d’échanger et construire ensemble :
• samedi 22 janvier
de 14h à 18h : « Une Église qui se questionne »
• samedi 19 février de 14h à 18h : « Une Église qui dialogue »
• samedi 19 mars et dimanche 20 mars de 14h à 18h : « Une Église qui célèbre et annonce »

* des informations détaillées suivront, réservez déjà les dates et les horaires indiqués !

Les carmes de Fribourg et le groupe Maranatha

PAR SÉBASTIEN DE MICHEL | PHOTOS : DR

L’histoire du couvent des carmes à Fribourg est liée à celle de l’université puisqu’en 1975 des carmes en provenance de Belgique arrivent à Fribourg pour y suivre la formation théologique de l’université. Ils s’installent en 1977 au Chemin de Montrevers, lieu où se trouve toujours leur couvent. En 1991, le couvent est intégré à la Province d’Avignon-Aquitaine. En plus de la dimension contemplative, les carmes se consacrent à un apostolat qui porte des fruits, parmi lesquels le groupe de jeunes Maranatha qui se réunit toutes les deux semaines au couvent pour un repas, un enseignement et un moment d’oraison.

Repères historiques

Le Carmel naît dans le silence et la solitude de quelques ermitages aménagés sur le promontoire du Mont Carmel (montagne de Palestine surplombant la Méditerranée), « auprès de la source d’élie » à la fin du XIIe siècle. Un groupe de chrétiens venus d’Europe occidentale dans le contexte des croisades s’établit sur le Mont Carmel qui a donné son nom à l’ordre. Ces ermites ne vivent pas dans la tradition érémitique de solitude absolue, mais se réunissent en communautés dans le souvenir du prophète élie, méditant la parole de Dieu jour et nuit. Au début du XIIIe siècle, ils demandent à l’Église une règle de vie qui leur est donnée par Albert d’Avogadro, patriarche latin de Jérusalem. Puis, d’autres ermitages apparaissent en Terre Sainte, si bien que le prieur du Mont Carmel devient le prieur général de l’ordre. Avec l’échec des croisades et notamment la défaite de Gaza en 1239, de nombreux carmes décident de rentrer en Europe et entrent dans le mouvement des ordres mendiants (dominicains, franciscains, carmes et augustins).

Le Carmel en Europe

Au milieu du XIIIe siècle, le Général de l’ordre, saint Simon Stock, a une apparition de Marie qui lui donne le scapulaire (terme désignant d’abord une pièce de l’habit religieux, puis l’habit lui-même) comme signe de salut éternel. Ce sacramental est une manifestation extérieure de la dévotion mariale qui est centrale pour les carmes, aussi connus sont le nom de Frères de Notre-Dame du Mont Carmel. Suite à un déclin de l’ordre, la règle est adoucie en 1435. On parle de « mitigation de la règle ». En 1452, les femmes sont admises dans l’ordre et des communautés de carmélites apparaissent. Après sa conversion en 1554, sainte Thérèse d’Avila reçoit des grâces mystiques et veut revenir à la règle originelle proche de l’érémitisme. Elle a une vision de l’enfer et est très préoccupée par le salut des âmes qui doivent rechercher la perfection en passant par des demeures. À la même époque, saint Jean de la Croix (fêté le 14 décembre) fait l’expérience mystique de la nuit obscure.

Malgré le rôle de ces deux saints proclamés docteurs de l’Église, la séparation entre carmes mitigés ou conventuels (appelés plus tard grands carmes) et carmes déchaussés ou déchaux (de stricte observance) est entérinée à la fin du XVIe siècle. Mis à mal par la Réforme et la Révolution française, l’ordre connaît un renouveau au XIXe siècle, et en particulier à sa toute fin avec des figures comme sainte Thérèse de Lisieux, également docteur de l’Église. Le Carmel rayonne jusqu’en Suisse et en particulier dans le canton de Fribourg (carmélites du Pâquier et carmes de Fribourg).

Le groupe Maranatha

Maranatha est un groupe de jeunes fondé en septembre 2001. Des anciens de la « Frat » (groupe de jeunes chrétiens, né au collège Saint-Michel au début des années 90 et ayant développé des liens avec les carmes) souhaitent passer le relais. C’est alors qu’est fondé un nouveau groupe de jeunes, encore davantage lié au Carmel. Cette initiative répond également à un appel du Père Jean Joseph Marie Bergara, provincial d’Avignon-Aquitaine, qui demande que les couvents de carmes mettent sur pied des groupes de jeunes croyants. Ainsi est fondé Maranatha et la première rencontre a lieu le 25 octobre 2001. Le terme Maranatha (Ap 22, 17-20 ; 1 Co 16, 22) est un terme araméen passé tel quel dans le vocabulaire liturgique des premières communautés chrétiennes (au même titre qu’Amen). Il signifie « Seigneur, viens » et souligne une attente impatiente de la parousie, le retour du Christ.

Contemplation et apostolat

À ses débuts, le groupe Maranatha se rencontre le jeudi toutes les deux semaines et un week-end toutes les trois semaines. Les activités sont variées : veillées de prière, concerts, jeux scéniques, temps d’enseignement et de partage et célébrations eucharistiques. La progression sur le chemin de sainteté est soulignée par les statuts : « Ce groupe de jeunes veut être une véritable école de vie, un vrai chemin de sainteté, c’est-à-dire un lieu de croissance et de construction de la personne dans toute sa richesse et sa profondeur spirituelle et inséparablement humaine. » Comme point d’orgue de ses premières années, le « Festival Maranatha » organisé en septembre 2004, réunit 150 personnes au couvent des carmes. Dans les années 2010 et jusqu’à aujourd’hui, les rencontres bimensuelles débutent par un repas canadien, suivies par un temps d’enseignement sur un thème précis (l’angéologie et l’intercession ont été les thèmes des deux derniers semestres, alors que la Sainte Famille est au cœur de ce semestre) et se concluent par un temps d’oraison. Ainsi, le groupe Maranatha conjugue deux vocations fondamentales des carmes de Fribourg, la contemplation et l’apostolat.

Briser les a priori

En Centrafrique, trois dignitaires religieux se sont unis pour briser la spirale destructrice de la violence. Le documentaire, Sìrìrì, le cardinal et l’imam, retrace le combat de deux de ces artisans de paix pour ramener leurs semblables sur le chemin du dialogue. Entretien avec son réalisateur, Manuel von Stürler.

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS : DR

Vous affirmez ne pas être croyant, pourquoi ce film ?

Je suis convaincu qu’il ne faut pas que nous nous enfermions dans nos propres convictions et c’est un peu ce que je déplore ces dernières années. Que l’on soit écolo, provaccin ou anti, de droite, de gauche ; nous avons de plus en plus de peine à faire société. Il est important d’échanger les points de vue, même divergents. Echanger, dialoguer permet de se nourrir, car cette différence est une richesse. M’intéresser à ce que je ne connais pas a toujours été ma ligne de conduite. J’étais assez remonté face aux religions, par histoire familiale et personnelle, en même temps je ne m’y suis non plus jamais vraiment intéressé. C’était une opportunité de passer au-delà des a priori. En Centrafrique, pays ravagé par la guerre, j’ai réalisé que les seules personnes encore à l’œuvre et fortement engagées sont des religieux et religieuses. Cela force le respect.

Avez-vous trouvé une forme de foi en voyant le combat de vos protagonistes ?

Je n’ai jamais perdu foi en la vie. Ces religieux accomplissent un travail au-delà de l’entendement, comme les deux protagonistes du film qui n’hésitent pas à mettre leur vie en danger pour être à l’écoute de l’autre. Là, j’ai pu mesurer l’écart qu’il y avait entre mes valeurs et mes actions. Chez eux il y en a certainement aussi un… mais beaucoup plus réduit que le mien. Ces religieux ont un rôle absolument primordial. Cela m’a donné l’occasion de réfléchir à l’engagement religieux que certains continuent de porter en Europe. On oublie que s’ils n’étaient pas là, qui accomplirait le travail qu’ils font ?

Le point de départ de ce film vient de la rencontre avec le père Paolo Dall’Oglio…

Cela a vraiment été le début de l’intérêt pour cette question de l’engagement religieux et du dialogue interreligieux. Le père Paolo était engagé en Syrie dans ce dialogue. C’est à travers lui que m’est venue l’idée d’aborder ce sujet. Je le voyais aller à la rencontre des responsables religieux en Syrie. Pour lui cette démarche était évidente. Il fallait dialoguer pour permettre le vivre ensemble, cela quel que soit le positionnement politique, idéologique ou de foi. Malheureusement il a été tué en Syrie. J’ai donc momentanément abandonné ce sujet jusqu’à ce que je découvre « les trois saints de Bangui ».

Il y a un intérêt persistant dans le temps pour les religieux. Qu’est-ce qui vous inspire autant chez eux ?

Dans ma vision, a priori, de ces deux responsables religieux, il y a forcément antagonisme. Alors qu’en réalité, ils ont réussi à mettre en évidence ce qui les relie dans les valeurs humaines et ont décidé de se mettre ensemble pour aller de l’avant. J’y vois un parallèle avec d’autres formes de dialogue dans nos sociétés.

En quoi le combat de ces deux hommes peut-il toucher les Occidentaux dont les préoccupations se situent bien loin de la Centrafrique ?

Le conflit centrafricain représente une parabole exacerbée des problématiques du monde : la mise à l’écart des périphéries, le rapport nord-sud, l’exploitation des ressources du sud par le nord, l’infantilisation des pays pauvres, la division permanente pour mieux régner.

La visite du pape François à Bangui en 2015 a-t-elle eu une influence sur le conflit centrafricain ?

La visite a eu un impact énorme. C’était déjà une visite assez culottée en terme de sécurité. La France et les Etats-Unis, fortement représentés en Centrafrique, avaient déconseillé au Pape de venir, car ils ne pouvaient assurer sa sécurité. Il est tout de même venu. C’est un engagement fort de sa part dont l’incidence a été que pendant sept ou huit mois les armes se sont tues. Cette accalmie a permis de mettre sur pied une présidence intérimaire et de préparer l’élection d’un nouveau président.

Biographie express

Manuel von Stürler, né le 29 avril 1968 à Lausanne, est un réalisateur franco-suisse. Il a notamment été primé par l’Académie européenne du cinéma pour son documentaire Hiver nomade (2012).

Une projection exclusive dans votre salon !

Le film Siriri, le cardinal et l’imam relate le combat commun du cardinal Dieudonné Nzapalainga et l’imam Kobine Layama pour la paix en Centrafrique. Vous pouvez découvrir cette histoire « trop extraordinaire pour ne pas être racontée » à l’occasion d’une projection spéciale en e-cinéma pour les lecteurs de L’Essentiel.

Le lundi 10 janvier à 20h15

Pour regarder le film avec un rabais de 50 % sur le prix normal de la séance (Fr. 11.–).

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« Cherchons ensemble »

Dans cette rubrique, L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg, à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix. Ce mois, c’est Pierre-Yves Maillard qui prend la plume.

PAR PIERRE-YVES MAILLARD, VICAIRE GÉNÉRAL DU DIOCÈSE DE SION 
PHOTO : CATH.CH

On raconte que c’était la réponse du Père Caffarel lorsqu’on lui demandait conseil. Quand des couples lui partageaient leur besoin d’accompagnement spirituel ou quand des veuves lui faisaient part de leur souhait de se réunir pour prier. « Cherchons ensemble », disait-il et c’est ainsi que sont nées les Equipes Notre-Dame ou les fraternités Notre-Dame de la Résurrection.

En vue du Synode des évêques qui se tiendra à Rome en automne 2023, le pape François vient de lancer une vaste consultation mondiale sur le thème de la synodalité. « Un synode, entend-on parfois, on ne sait pas trop ce que c’est. Quand il s’agit d’un synode sur la famille, on voit de quoi on va parler ; mais un synode sur la synodalité, c’est un peu comme un redoublement de l’abstraction : à quoi cela peut-il mener ? »

En grec, la synodalité évoque le fait de « marcher ensemble ». Comme il l’annonçait dès le début de son pontificat, le pape François souhaite une Eglise « en marche » et « à l’écoute ». Il vient de le rappeler dans son discours au diocèse de Rome : l’itinéraire du synode est conçu comme « un dynamisme d’écoute mutuelle, mené à tous les niveaux de l’Eglise, impliquant tout le peuple de Dieu ». Mais il ne s’agit pas d’une simple enquête d’opinion ou d’un sondage. Avant tout, il faut se mettre ensemble « à l’écoute de l’Esprit Saint… il s’agit d’entendre la voix de Dieu ».

La démarche du Synode se fonde sur la conviction que les projets pastoraux les plus féconds n’émanent pas de la volonté d’un seul, mais d’une communauté attentive à l’accueil toujours surprenant de l’initiative de Dieu. En Eglise, l’alliance précède le projet. C’est ainsi que le Père Caffarel a « cherché ensemble » avec les couples et discerné avec eux l’intuition des END. C’est ainsi qu’on en trouve aussi de nombreux exemples en Suisse romande.

Pour que la phase de consultation diocésaine soit fructueuse, il nous est surtout demandé maintenant une disposition spirituelle, une attitude d’écoute et d’accueil renouvelé de ce que Dieu veut pour nous, pour nos paroisses et nos diocèses. Si chacun cultive sincèrement cette docilité à l’Esprit, le Synode, j’en suis persuadé, portera du fruit.

Force créatrice

PAR SŒUR FRANZISCA
PHOTO : PXHERE

De manière différente de l’espoir, soumis à une notion de temps ou à un objet, l’espérance a d’autres couleurs.

Elle se vit au présent. Non, elle ne donne pas de solutions ni d’explications mais elle a une puissance transformatrice qui renverse les résistances des espoirs humains et égoïstes. Dans un monde cassé où la violence semble omniprésente, l’espérance devient force créatrice. Elle ouvre un passage, fait naître une vision plus large et un dynamisme au service du bien.

Oser espérer !

Oser espérer en une Eglise qui vacille, submergée par tant de scandales…
Oser espérer contre le mensonge et le consumérisme inutile.
Oser espérer avant tout en Celui qui nous appelle à la Vie même si nous ne voyons pas son visage !
Quand tous nos espoirs s’écroulent et que nos piètres résultats nous désolent, vivons l’espérance en l’Esprit de Dieu qui est présent partout, qui fait germer, pousser et naître l’inespéré, l’impossible.
« L’espérance ne déçoit pas… » (Rm 5, 5).

L’espérance : comme une ancre (Hébreux 6, 19)

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT
PHOTO : PXHERE

Pour nourrir l’espérance, l’Ecriture nous fournit des métaphores évocatrices. Le beau symbole christologique de l’ancre provient de la proposition de la lettre aux Hébreux (6, 13-19). Notre père dans la foi, Abraham, qui répondit à l’appel du Seigneur par sa persévérance et sa patience, vit la promesse divine d’une descendance aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel se réaliser. Dieu avait juré par lui-même et il a accompli sa parole.

Dans la fidélité à son dessein, le Seigneur, qui jamais ne ment ni ne se parjure, nous encourage en menant son projet à terme en son Fils. Il nous invite à « saisir fortement l’espérance qui nous est offerte. En elle, nous avons comme une ancre de notre âme, sûre autant que solide et pénétrant par-delà le voile, là où est entré pour nous, en précurseur, Jésus, devenu pour l’éternité grand Prêtre selon l’ordre de Melchisédech. » (6, 18b-20)

De même que Melchisédech, prêtre hors lignée sacerdotale juive, avait présenté le pain et le vin et prononcé la bénédiction pour Abraham (cf. Genèse 14, 17-20). De même, le Christ, inscrit dans sa succession, a traversé par sa mort et sa résurrection le voile du saint des saints au cœur du sanctuaire définitif. En Lui, le bateau de l’Eglise a pu jeter l’ancre sur le rivage d’éternité. Chacun d’entre nous hérite ainsi d’une espérance stable et fiable en laquelle il peut mettre toute sa confiance.

La traversée de l’existence, malgré les tempêtes et les turbulences, ne débouchera pas sur le néant. En Jésus, nous pourrons ressusciter corps et âme et entrer dans la Terre promise où pousse l’arbre de la vie qui jamais ne se flétrit, dont les feuilles servent de remède et qui fructifie douze fois l’an. Nous y dégusterons les fruits de vie et y prendrons part au festin des peuples rassemblés autour du Sauveur universel. Le Seigneur sera tout en tous, en ces cieux nouveaux et cette nouvelle Terre. La Jérusalem céleste sera ouverte à la foule innombrable des nations. Quelle somptueuse perspective !

L’espérance face aux crises

Où puiser des raisons d’espérer encore, envers et contre tout ? L’ensemble du dynamisme évangélique s’inscrit dans cette perspective de « résilience spirituelle ». Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui l’aiment, affirme Paul (Romains 8, 28). Le mystère pascal de mort et de résurrection du Christ a des retombées sur les crises que nous traversons. Soyons dans la joie et l’espérance, avec le pape François : le meilleur est à venir.

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT
PHOTOS : PXHERE, PIXABAY, DR

Un moment décisif

Le terme « crise », du grec krinô juger, veut dire « moment décisif où prendre des options fondamentales ». Dans les diverses crises que nous expérimentons, sanitaire, écologique, économique, affective, ecclésiale, le paradoxe du mystère pascal se manifeste en une trajectoire qui se rapproche de la dynamique de la résilience. En effet, c’est au moment où nous sommes contraints d’abandonner une réalité qui nous est chère (liberté de mouvement, santé, biens, profession, activité sportive ou musicale, amitié ou amour, fonctionnement pastoral) que nous découvrons au plus profond de nous-mêmes cette énergie de l’Esprit Saint qui nous permet de surmonter l’épreuve, de voir les éléments sous un jour nouveau, de dévoiler les dimensions les plus essentielles de notre être, auparavant cachées mais que notre vulnérabilité assumée nous donne de manifester.

L’én-ergie de l’Esprit

L’action « théologale » de l’Esprit active en nous les puissances de notre cœur profond, telles les capacités de rebondir et de vivre, plutôt que de simplement « sur-vivre ». Elle les travaille de l’intérieur, leur donnant de se tourner vers la Transcendance.

Pour cela, il convient de nous exposer à l’Esprit dans la prière silencieuse, dans l’adoration et la lecture de la Parole. Peut-être que la privation des eucharisties paroissiales, en période de pandémie, nous a conduits à développer de nouvelles formes de liturgies familiales et domestiques ou à prendre davantage de temps pour la méditation en présence du Seigneur. Continuons donc de les pratiquer !

Le don de nous-mêmes

Modifier son emploi, perdre un proche, renoncer à son couple, est certes rude. Néanmois cela peut constituer étonnamment la possibilité de trouver un élan revi­goré dans une occupation nouvelle, avec d’autres connaissances ou par la recomposition d’une famille. Cela implique cependant de nous donner totalement dans cette situation inédite. C’est paradoxalement en allant jusqu’à l’offrande de lui-même sur la croix que le Fils de Dieu est entré dans la vie en plénitude. En livrant son existence par amour, il met à mort la mort et libère toute vie en abondance. C’est la « résilience » par excellence et celle-ci s’ouvre à la Résurrection, c’est-à-dire à la vie qui ne finit pas, sur les rives du Paradis. Comme le grain de blé mis en terre, « il faut mourir pour vivre » (cf. Jean 12, 26) !

La contemplation du Christ, en prenant notre croix et en plaçant nos pas dans les siens, débouche sur un surcroît d’espérance, dès maintenant : par notre baptême, nous sommes déjà ressuscités et nous pouvons mener une vie nouvelle (cf. Romains 6, 4). C’est de cette « vie vivante » que l’Eglise est porteuse et qu’elle est toujours davantage appelée à transmettre. Sinon elle ne « sert » plus à rien.

Un retournement

Prière en famille, oraison, lecture de l’Ecriture, sacrements, suite du Christ, vie en Eglise : il est souhaitable de puiser au trésor de notre tradition, afin de trouver des ressources insoupçonnées pour notre conversion. Car il convient de laisser tomber la carapace de ce qui est limité, terrestre et fini en nous, afin de parvenir à nous ouvrir à ce qui est illimité, incorruptible et infini en notre être intérieur. Théologiquement, l’apôtre des nations parle de passage du « psychique » au « surnaturel » (1 Corinthiens 15, 44). Spirituellement, c’est la transition de l’éphémère au définitif. Existentiellement, c’est l’abandon de notre pesanteur charnelle, avec ses étroitesses, afin de révéler notre être renouvelé, capable de bienveillance et de compassion.

A cet égard, la fraternité sociale, dont parle vigoureusement l’encyclique Fratelli tutti, au niveau local, avec nos voisins du quartier, du village ou les membres des groupes dont nous faisons partie, comme sur le plan global avec les frères et sœurs en humanité, s’avère indispensable. Pour établir une « ligne de cœur » ecclésiale et spirituelle à l’écoute les uns des autres, dans la quête de sens et de bien commun qui nous préoccupe tous.

Avec la création

Notre planète elle-même, que nous violentons par nos excès, « gémit dans les douleurs de l’enfantement. Elle attend la révélation des fils de Dieu » (Romains 8, 19-22). Nous sommes solidaires avec elle. C’est comme si l’Ecriture nous criait : soignez la création que le Seigneur vous a confiée, tout n’est pas perdu, ce sont des cieux nouveaux et une nouvelle terre qui vous sont promis (Apocalypse 21, 1) ! L’histoire humaine a un sens, une direction. La Parole les révèle (apokalyptô, dévoilement) !

A la base de tout mouvement pascal d’espérance, se situe l’acceptation de notre fragilité. C’est ce qu’exprime la parole puissante du lutteur Paul : « C’est quand je suis faible que je suis fort » (2 Corinthiens 12, 10). C’est quand j’acquiesce à ma vulnérabilité et ma détresse que je laisse agir le Christ en moi. C’est l’« Evangile de la fragilité » : prendre conscience que seul, je ne puis rien, m’amène à ne plus tabler que sur la grâce. Alors l’Esprit me remet debout et me re-suscite.

Au bout de la nuit, de l’hiver, du trépas, il n’y a pas les ténèbres, le froid, le néant, mais la lumière, le printemps, la vie. C’est la loi de la nature, de la résilience et du mystère pascal *.

* Voir mon livre Le mystère pascal. Aller au cœur de la foi, Cabédita, 2019.

Energie : un terme chrétien

« Au cœur de ce monde, le souffle de l’Esprit met à l’œuvre aujourd’hui des énergies nouvelles », chante le cantique de Jacques Berthier.
Le mot « énergie », mis à toutes les sauces « New Age » ou orientales, est en réalité un grand terme de la tradition chrétienne, déjà depuis les Pères de l’Eglise. Il signifie en grec (en-ergon), le travail à l’intérieur de nous-mêmes, l’activité de la grâce, capable de nous transformer et de déployer à la fine pointe de notre âme nos potentialités les plus propres. Employons-le donc !

Le Seigneur est lumière

A tour de rôle, des jeunes de divers cantons romands profiteront de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. La jeune Vaudoise Audrey Boussat ouvre les feux.

PAR AUDREY BOUSSAT
PHOTOS : DARREN IRWIN, AUDREY BOUSSAT

Je m’appelle Audrey Boussat et ai 23 ans. J’ai grandi et vis encore sur les rives du lac Léman, au cœur de l’Unité pastorale (UP) de Nyon-Terre Sainte. Cela fait d’ailleurs quelques années que je suis rédactrice responsable pour L’Essentiel de mon UP et c’est une grande joie pour moi que de rédiger quelques lignes dans ce cahier romand.

Me concernant, l’année 2021 a été particulière : non seulement pour les raisons que nous connaissons tous, mais aussi parce que j’ai fini mes études de droit au mois de février. Incertaine de la manière dont j’allais mettre en œuvre ces connaissances nouvellement acquises, je me suis tournée vers Dieu et L’ai prié de me guider pour que je trouve un poste où je pourrais me mettre à son service et à celui des autres. Bilan : quelques mois plus tard, ma prière a été entendue.

Période de transition

Cette période de transition, comme on en rencontre à chaque étape de nos existences, m’a permis d’en apprendre davantage sur moi-même et de fortifier ma relation avec le Seigneur. J’ai pris conscience qu’en me cantonnant à mes propres perceptions, je passais à côté de l’essentiel. Je risquais de devenir insensible à la lumière de Dieu, trop enfoncée dans mes sombres incertitudes.

En fait, il suffit de laisser ses yeux s’habituer à l’obscurité pour prendre conscience des multiples bénédictions qui éclairent nos chemins. Qu’elles clignotent timidement ou nous éblouissent de bonheur, ces bénédictions sont tout autant de cadeaux de Dieu. Un soleil qui brille dès notre réveil, une discussion agréable avec un proche ou encore un repas savoureux sont tout autant de raisons de se réjouir. Chaque journée qui passe est une occasion nouvelle de vivre pleinement et d’être reconnaissant envers le Seigneur.

Cadeau de chaque instant

En me rapprochant de Dieu, j’ai également pris conscience que nous ne voyons pas tout ! Nos yeux perçoivent uniquement ce qui est, et non pas ce qui sera. Nous vivons au présent, ce cadeau de chaque instant ; mais le Seigneur, Lui, sait où nous allons. Rien ne sert de s’inquiéter, Il est avec nous à chaque étape de nos vies. Il éclaire notre chemin et réchauffe nos cœurs, même là où nous nous croyons dans le noir.

Il est notre phare et Il illuminera toujours nos existences de sa grâce. Consolidons notre foi et continuons d’avancer avec ce flambeau de certitude qui saura éclairer nos vies et celles de nos proches. Laissons-nous éblouir par la grandeur de Dieu !

Les dominicains

De nombreuses communautés composées de religieux ou de laïcs sont présentes en Suisse romande, comme autant de témoins de la vitalité et de la diversité de l’Eglise. Chaque mois, L’Essentiel dresse le « pedigree » de l’une d’entre elles, en mettant en évidence son charisme et en donnant la parole à l’un de ses membres.

PAR PASCAL ORTELLI
PHOTO : DR

Pour ouvrir cette nouvelle année, zoom sur les dominicains dont l’un de leurs illustres représentants, le théologien saint Thomas d’Aquin (1226-1274) est fêté le 28 janvier.

Nom officiel : Frères Prêcheurs.

Fondateur : Dominique de Caleruega (~ 1170-1221).

Date de fondation : autour de 1217.

Sigle : O.P. pour Ordo Pradicatorum.

Habit : tunique et scapulaire blancs accompagnés d’un capuce et occasionnellement d’une chape noire.

Organisation : ordre mendiant (comme les franciscains) formant une grande famille internationale composée de religieux-prêtres, de moniales contemplatives, de sœurs apostoliques et de laïcs.

Mission : annonce de l’Evangile au moyen d’une prédication nourrie par l’Eucharistie et la liturgie des Heures, l’étude contemplative et le rosaire et soutenue par une vie communautaire non cloîtrée guidée par la Règle de saint Augustin et des constitutions propres.

Présence en Suisse : Fribourg, via la communauté de Saint-Hyacinthe, couvent de formation de la province suisse et celle de l’Albertinum, couvent international placé directement sous la juridiction du maître de l’ordre à Rome, qui accueille les frères enseignants et doctorants de la faculté de théologie.
Zurich, via la mission catholique de langue française.
Genève, via la paroisse Saint-Paul en lien avec la délégation de l’ordre à l’ONU.

Particularité : mode de gouvernement très démocratique en Eglise.

Pour aller plus loin : Saint Dominique, neuf jours pour le découvrir (Ed. Saint-Augustin, 2021), le livre de frère Alexandre.

« Etre dominicain c’est… »

Frère Alexandre Frezzato, Fribourg

« Pour moi, frère prêcheur, c’est louer, bénir et prêcher le salut de Dieu offert en son Fils Jésus-Christ. Louer Dieu par la prière communautaire des offices quotidiens en communion avec l’Eglise dans le monde entier. Bénir notre Seigneur par la célébration des sacrements et l’étude théologique de la Vérité dans la Révélation de sa Parole et de la Tradition. Enfin, prêcher la justice et la miséricorde de Dieu à la suite des apôtres pour préparer les chemins du Seigneur en vue du salut des âmes. »

« Un temps pour changer »

PAR THIERRY SCHELLING 
PHOTOS : DR

On dirait Qohelet : un temps pour tout… François est régulièrement attaqué par ses détracteurs sur le fait… qu’il « nous change la religion » ! Critique facile et qui prouve que si changement il y a, il est justement dans l’esprit des évangiles : il doit gêner, râper aux encornures, déranger notre confort…

En temps de crise, un rebond de spiritualité oscille entre apocalypse et… espérance, justement, l’une des trois grandes vertus chrétiennes (avec la foi et la charité). La moins cernable, peut-être… mais depuis l’extraordinaire célébration du Vendredi saint 2020 (le Pape seul sur la place Saint-Pierre sous la pluie), ainsi que ses Angélus lors du pic de la pandémie, l’espérance n’a-t-elle pas pris corps plus concrètement ? Une des réponses du Pape est la publication d’un ouvrage, « Un temps pour changer » justement…

Un livre

Son livre, édité chez Flammarion en 2020, est une compilation des « conversations avec Austen Ivereigh », journaliste britannique et féru d’histoire de l’Eglise contemporaine (membre du Campion Hall d’Oxford). On y trouve des perles, qui « répondent » – dans le sens de « font écho » – à la situation actuelle du monde et de l’Eglise. Aperçu.

Citations

« J’ai toujours pensé que le monde semblait plus net depuis les marges… » ; « Il vaut mieux mourir après une courte vie au service des autres, qu’après une longue vie passée à résister à cet appel » ; « Chaque fois que, dans le monde, tu trouves une réponse claire, immédiate, personnelle et consolante qui propose une solution, Dieu est là. C’est là que son Esprit est présent » ; « Le signe que nos consciences ont été déformées par la technologie est notre mépris de la faiblesse » ; « J’ai appris l’importance de voir ce qu’il y a de grand dans les petites choses et de considérer ce qu’il y a de petit dans les grandes choses » ; « Notre plus grand pouvoir ne réside pas dans le respect que les autres ont pour nous mais dans le service que nous pouvons offrir aux autres »…

De quoi espérer qu’un lendemain meilleur est réalisable si on se laisse… changer, non ?

Jeux, jeunes et humour – janvier 2022

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Qui est saint Sylvestre ?
Evêque de Rome et 33e pape, il a eu la lourde de tâche d’organiser l’Eglise à l’époque de l’empereur Constantin. Mort le 31 décembre 335, il a donné son nom au réveillon précédant le Nouvel An. L’origine de la fête remonte cependant à Jules César qui a fixé la date de la nouvelle année au 1er janvier. Les fêtes de la veille étaient appelées « Sigillaires » et clôturaient les Saturnales de décembre.

par Pascal Ortelli

Humour

Un fermier valaisan se rend chez son curé et lui demande s’il peut célébrer une cérémonie de sépulture pour son chien qui vient de mourir. Le prêtre lui répond que ce n’est pas possible chez les catholiques et l’invite à aller trouver le Pasteur qui entrera certainement en matière. Le fermier lui pose alors la question : « Pensez-vous qu’en lui donnant Fr. 10’000.– cela contribuerait à le décider ? » Le curé se reprenant : « Mon bon monsieur, pourquoi ne pas m’avoir dit plus tôt que votre chien était catholique ! »

par Calixte Dubosson

Vitraux d’Edmond Bille, Basilique de Saint-Maurice

PAR AMANDINE BEFFA
PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

Conçus comme une tapisserie lumineuse, les vitraux d’Edmond Bille nous racontent l’histoire de saint Maurice et de ses compagnons. L’artiste suisse a réalisé une série de treize vitraux que l’on a qualifiés de « beau poème de pierre ».

Plusieurs versions

S’il existe plusieurs versions de la raison ayant poussé l’Empereur Maximien à ordonner la mort des soldats et de leurs chefs, Bille retient celle du refus de sacrifier aux dieux romains.

Au premier registre (la partie du bas), saint Maurice se détourne de l’Empereur, monté sur un cheval. De ses mains, le saint indique le refus de suivre l’ordre qui lui est donné. Il regarde vers le sol où sont déposés son épée et son casque. Il indique ainsi que sa loyauté ne va pas à Rome.

Au second registre (la partie du haut), la légion est décimée. Cette pratique impliquait de faire tuer un soldat sur dix par ses camarades. Ceux qui périssaient servaient d’exemple aux autres.

Dans la partie arrondie de la lancette, on peut voir les palmes, symboles des martyrs. En effet, nous le savons, saint Maurice et ses compagnons ont choisi de rester fidèles jusqu’au bout à la foi chrétienne.

La scène est surmontée d’un veau d’or qui renvoie à l’Exode (Ex 32). Perdant courage et se mettant à douter, le peuple avait choisi la facilité d’un dieu qu’il pouvait voir et toucher.

Au bout de la confiance

On peut se demander si choisir un vitrail représentant un martyre est ce qu’il y a de plus joyeux pour commencer l’année. Mais, ce qui est mis en valeur avec les martyrs n’est pas leur souffrance, mais leur fidélité. Ils sont allés jusqu’au bout de la foi, jusqu’au bout de la confiance, même dans la peur et le doute. Ce que nous rappelons, c’est la façon dont, à l’image du Christ, ils ont aimé jusqu’au bout (Jean 13, 1).

En ce début d’année, ils peuvent donc nous interroger sur nos petits reniements quotidiens, et nous inviter, pourquoi pas, à prendre la bonne résolution de la confiance pour 2022.

En librairie – janvier 2022

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Mille conseils d’un vieux hibou pour réussir sa vie
Guy Gilbert

Le « vieux hibou » est de retour. C’est lui-même qui se qualifie ainsi, dans son nouveau livre qui sort ces jours-ci et dont les phrases toniques font du bien, au cœur de notre époque insensée. En parcourant Mille conseils d’un vieux hibou pour réussir sa vie on ne lit pas, on entend la voix du père Guy Gilbert, cette façon inimitable que ce prêtre a de parler direct, avec ces formules bien à lui, qui bousculent. C’est une chance de pouvoir bénéficier de la sagesse des « anciens » pour éclairer nos vies. Un vieux hibou décidément toujours sagace !

Editions Philippe Rey

Acheter pour 34.00 CHF

La grande aventure paroissiale du père Jean-Michel
Hervé Rabec

La paroisse Sainte-Rita se meurt… Comme pour tant d’autres, malgré la bonne volonté des bénévoles, il y a de moins en moins de monde à la messe, à l’aumônerie, aux activités paroissiales. Epuisé, découragé, le père Jean-Michel a envie de jeter l’éponge. Mais c’est sans compter sur l’amitié et les drôles d’idées de son évêque, sans parler de l’étrange visite d’une limousine à la nuit tombée… Alors, bien que ni son âge ni son amertume ne le laissait présumer, le père Jean-Michel va lancer sa paroisse dans un projet un peu fou.

Editions Quasar

Acheter pour 19.50 CHF

Saint François de Sales et sainte Jeanne de Chantal
Christophe Hadevis

A l’aube du XVIIe siècle, la Genève protestante a chassé son évêque. Depuis Annecy, François de Sales entreprend une profonde réforme de la vie chrétienne, rappelant que Dieu veut agir dans le cœur de chaque homme et de chaque femme. Sa rencontre en 1604 avec Jeanne de Chantal débouche sur une amitié spirituelle qui fera date dans l’histoire de l’Eglise et aboutira à la naissance d’un nouvel ordre monastique féminin : la Visitation Sainte-Marie. Cette bande dessinée historique et hagiographique présente le parcours de ces deux grands mystiques qui constituent de beaux modèles pour grandir dans la vie de foi.

Editions Pierre Téqui

Acheter pour 27.00 CHF

Un couple et sept couffins
Michel Simonet

Michel Simonet est cantonnier à Fribourg. Une Rose et un Balai, en 2017, consacré à la description pleine d’humour de son métier, fut son premier livre. Un ouvrage qui connut un succès exceptionnel, tant a séduit la succession de scènes et de portraits étonnamment proches de la poésie là où l’on ne pensait pas devoir la trouver. Ce second opus s’attache à l’autre versant de son existence : celui de père d’une famille nombreuse, dont il retrace ici la « geste » quotidienne, allant retrouver dans tous les détails de la vie la même source de joie et d’amusement propice à des méditations inattendues. Le texte est suivi de nouvelles remarques sur son métier, Lettres du littering, qui nous fait renouer avec le bonheur des rencontres imprévues au détour des rues.

Editions Faim de siècle

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Notre espérance face aux crises

PAR PIERRE PRALONG, CHERMIGNON-D’EN BAS
PHOTO : ICONE ANASTASIS DE LA RÉSURRECTION

N’avons-nous pas tous des rêves, des désirs et des espoirs ? Notre vie ne s’en nourrit-elle pas ? Chaque étape de notre vie nous permet de faire des pas en avant dans ces désirs, rêves et espérances. Cependant, la réalité nous plaque parfois au sol ! Que ce soit la récession économique, les épidémies, la crise de la foi et bien d’autres épreuves.

Voilà notre espérance : croire Dieu ! Nous savons que nous le verrons dans ce face à face le jour de notre mort. L’espérance nous fait entrevoir la béatitude, les cieux, la joie des élus, la communion parfaite avec Lui.

Nous bâtissons (ou essayons de bâtir) un monde plus juste, mais souvent cela se limite à notre pouvoir et notre raison. C’est pourquoi, nous avons besoin de cette espérance qui ouvre les portes à l’impossible ! Cette grande espérance dépasse nos raisonnements et nos limites car elle est à dimension divine : l’espérance chrétienne désire Dieu et attend tout de sa main.La véritable espérance surprend, dépasse les attentes et les possibilités immédiates, elle est la promesse d’un don au-delà de nos capacités.

En 1984, avec mon épouse Aline, nous avions planifié de nous rendre, avec toute la famille, en Vendée pour les vacances d’été. Comme Ars était sur notre route, nous avons décidé de nous y arrêter un jour car un rassemblement charismatique y était organisé par la communauté du Chemin-Neuf.

C’est lors de ce rassemblement charismatique que j’ai reçu la douche du Saint Esprit. J’en ai pleuré de joie. J’ai senti l’amour du Seigneur au tréfonds de mon coeur. C’est à ce moment-là, que j’ai reçu, dans mon coeur, la grâce de la foi et de l’espérance avec la certitude que ma fille Elisabeth, qui se droguait depuis huit ans, guérirait, se libérerait de sa dépendance.

A chaque fois que j’ai eu l’opportunité, l’occasion de témoigner, je disais à quel point le fait d’avoir un enfant qui se drogue était une grande épreuve, et ce, pour toute la famille. Cependant, ayant plein d’espérance avec le Seigneur, le fardeau était plus léger et j’avais toujours cette conviction que ma fille s’en sortirait.

En 1986, alors que je témoignais à l’église de Saint-Maurice de Laques, Le Père Jean-Marie, mécanicien à cette époque, se tenait à l’extérieur de ladite église, en compagnie de ma fille Elisabeth. Comme il y avait des haut-parleurs à l’extérieur, ma fille a entendu mon témoignage et, à ma sortie de l’église, elle m’a traité de « fou » en me disant : « Papa, pourquoi dis-tu des choses pareilles, jamais je ne m’en sortirai ! » Je lui ai répondu : « Toi, tu ne crois pas, ce n’est pas grave, j’espère et je crois pour toi ! ». Douze ans plus tard, douze ans durant lesquels j’ai témoigné, le Seigneur l’a guérie, l’a libérée après vingt ans de dépendance à la drogue. Merci Seigneur !

L’espérance devient une vertu, c’est-à-dire une force. Car tout s’appuie alors « non sur la sagesse des hommes mais sur la puissance de Dieu » (1 Co, 2-5). « C’est pourquoi je vous le dis : Tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous l’avez déjà reçu et cela vous sera accordé » (Mt 21, 21-24).

Science et Religion

Aucune institution n’a fourni autant de moyens à l’étude de l’astronomie, liée d’ailleurs à celle des mathématiques, que l’Eglise catholique entre le XIIe et le XVIIIe siècle. Jusqu’au XIXe siècle, la Science ne se distinguait pas de la «philosophie naturelle».

PAR PIERRE GUILLEMIN | PHOTOS : DR

« L’histoire de la pensée scientifique est étroitement liée à celle de la religion et comporte bien plus de continuités que de discontinuités », écrit Tom McLeish, physicien de l’université de York. Rappelons l’histoire de l’évêque de Lincoln Robert Grosseteste qui, au XIIIe siècle, en Angleterre, recueillait les enseignements d’Aristote des savants arabes, faisant figure de pionnier, puisqu’il eut l’intuition du big-bang. On trouve même dans ses écrits l’idée du multivers : une série de fluctuations parallèles à notre propre univers, régies par d’autres lois, d’autres constantes…

Le Collège romain est créé en 1551 à Rome par Ignace de Loyola, une dizaine d’années après la fondation de la Compagnie de Jésus. Ouverte comme école de grammaire, l’institution se développe rapidement et devient, dès la fin du XVIe siècle, une institution académique d’enseignement supérieur couvrant tous les champs du savoir scientifique et scolastique et servant de scolasticat jésuite tout en étant université ecclésiastique. En hommage de reconnaissance au pape Grégoire XIII qui en fut un insigne bienfaiteur, le Collège romain prend plus tard le nom d’Université grégorienne. Sur le mur extérieur de l’édifice, on lit : « Grégoire XIII : pour la religion et la connaissance. » On ne peut écrire mieux combien Science, Connaissance et Religion ne sont pas contradictoires.

Pourtant, nous nous souvenons de Galilée jugé par le Tribunal de l’Inquisition pour avoir remis en cause la théorie selon laquelle la Terre serait le centre de l’univers et forcé à abjurer sa théorie héliocentrique. L’Eglise de cette époque (première moitié du XVIIe siècle) s’appuie sur les travaux du mathématicien grec Ptolémée (Ier siècle après Jésus-Christ) qui décrit les mouvements célestes en considérant que les astres tournent autour de la Terre. Il faudra donc quatorze siècles pour que Copernic d’abord, puis Galilée ensuite, remettent en question cette théorie et élaborent à partir des mathématiques et des observations astronomiques une nouvelle vision de l’univers. Viendront ensuite Képler et Newton (tous deux mathématiciens, physiciens, philosophes) qui décriront les lois de la mécanique classique et de l’attraction des corps entre eux.

Mais ce n’est pas tant la Science contre laquelle l’Eglise s’est opposée mais plutôt la remise en cause éventuelle de la place qu’occupe notre monde dans l’univers et par conséquent pour l’Eglise des XVIe et XVIIe siècles le rôle et la place de Dieu dans ce même univers.

Pourtant, l’Evangile ne rejette pas la Science. Il la transcende par les miracles que Jésus accomplit sans pour autant condamner celui ou celle qui cherche et s’interroge. Deux exemples parmi tant d’autres, illustrent cette attitude d’ouverture de Jésus : la Nativité et la Résurrection.

Selon l’évangile de l’apôtre Matthieu, des voyageurs viennent de très loin lui rendre hommage et le reconnaître. Qu’ont-ils fait pour trouver leur chemin ? Ils ont suivi une étoile apparue dans le ciel pour les guider vers Bethléem. L’apparition de l’étoile est miraculeuse en soi (les astronomes modernes ne sont toujours pas d’accord pour expliquer avec certitude ce qu’était cet objet céleste) mais la décision de la suivre est une démarche scientifique : elle répond en effet à des questions précises pour ces lointains visiteurs comme : quel est le message ? Pourquoi cet enfant ? Quel est cet endroit ? Où allons-nous ?

Lorsque Jésus ressuscite, l’apôtre Thomas refuse de croire, avant d’avoir vu les preuves de la Crucifixion : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous et si je mets ma main dans son côté, je ne croirai pas. » Jésus répond : « Avance ici ton doigt et regarde mes mains ; avance aussi ta main et mets-la dans mon côté ; ne sois pas incrédule mais sois croyant. » Puis : « Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru ! » (Jean, 24-29).

La question fait partie de la démarche scientifique : quand, pourquoi, comment… sont typiques des questions des scientifiques. Pour mémoire, la démarche scientifique se base sur quatre règles fondamentales :

• La neutralité.

• La prise en compte des échecs.

• Le doute.

• L’expérience pratique doit confirmer la théorie.

Ainsi, l’apôtre Matthieu adopte une démarche scientifique dans ses questions. Jésus ne rejette pas Matthieu et lui répond sans colère, mais en l’invitant à « voir » au-delà et à croire. Galilée n’est pas en contradiction avec la Religion lorsqu’il écrit : « La philosophie est écrite dans ce vaste livre qui constamment se tient ouvert devant nos yeux (je veux dire l’Univers) et on ne peut le comprendre si d’abord on n’apprend pas à connaître la langue et les caractères dans lesquels il est écrit. Or il
est écrit en langue mathématique et ses caractères sont les triangles, les cercles et autres figures géométriques, sans lesquelles il est humainement impossible d’en comprendre un seul mot, sans lesquelles on erre vraiment dans un labyrinthe obscur. » (Galileo Galilei, « L’Essayeur », 1623)

Deux questions scientifiques actuelles, parmi tant d’autres, faisant écho au message religieux : « C’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire pour les siècles des siècles » ou encore « son règne n’aura pas de fin ». La Science actuelle répond que l’univers que nous connaissons n’est pas éternel, notre Soleil mourra (dans quelques milliards d’années), notre galaxie mourra et l’Univers tel que nous le connaissons ou le percevons aujourd’hui a une durée de vie finie. Contradiction avec la Religion ? Non ! L’univers de Dieu n’est pas celui que nous voyons, que nos instruments scientifiques analysent et notre Foi nous invite, comme Jésus le fit pour saint Matthieu, à croire en l’éternité de Dieu ce qui n’empêche pas la recherche ni la découverte afin de mieux comprendre la magnificence de l’univers et de la nature.

Dieu existe-t-il ? Dr Christoph Benzmüller, professeur à l’université de Berlin et mathématicien, est le premier à pouvoir l’affirmer avec certitude dans sa récente publication « A (Simplified) Supreme Being Necessarily Exists, says the Computer : Computationally Explored Variants of Godel’s Ontological Argument », 2020 : « Dieu, dans sa définition la plus répandue en métaphysique, existe nécessairement. On ne peut penser un monde dans lequel il n’existerait pas. » Cette assurance, ce chercheur de l’université de Berlin la tire des mathématiques et de leur cœur même, la logique. Mieux : il la fonde sur la capacité de l’informatique à valider sans erreur possible les démonstrations. Son logiciel a vérifié la justesse de l’argument ontologique selon lequel l’existence de Dieu est nécessaire à tout système de pensée logique. Et l’ordinateur a parlé : « L’énoncé « Dieu existe » est une proposition vraie au sens logique et mathématique », assène Christoph Benzmüller.

Finalement, laissons à saint Thomas d’Aquin le soin de réconcilier Science et Religion en écrivant : « La raison est capable de saisir Dieu dans ses œuvres ; car l’existence de Dieu est révélée par ses effets : on voit Dieu invisible dans ses effets visibles. »

Science et foi font bon ménage

PAR SERGE LILLO
PHOTO : LDD

Ce numéro de L’Essentiel est consacré à la relation entre la science et la foi. Si nous entendons souvent que ce sont deux mondes qui s’opposent, que nous ne pouvons pas croire en Dieu et en même temps nous appuyer sur la science, l’Eglise et bien des scientifiques affirment le contraire.

« Un peu de science éloigne de Dieu, mais beaucoup y ramène » disait Louis Pasteur. En effet, beaucoup de grands scientifiques sont convaincus que l’homme est créature de Dieu ; et ils travaillent toute leur vie pour comprendre Sa création. Ils sont en admiration, comme Thomas Edison, l’inventeur de l’ampoule électrique et qui disait : « J’admire tous les ingénieurs, mais surtout le plus grand d’entre eux : Dieu ! »

Plus proche de nous, Dembski, savant mathématicien renommé, souligne que la science est une tentative pour comprendre le monde : « Le monde est la création de Dieu, et les savants dans leur compréhension du monde reconstituent simplement les pensées de Dieu. Les savants ne sont pas des créateurs mais des découvreurs… La chose importante concernant l’acte de création est qu’elle révèle le Créateur. L’acte de création porte toujours la signature du Créateur. » (William Dembski, The Act of Creation). Ses paroles font écho au livre de la Sagesse : « La grandeur et la beauté des créatures font, par analogie, contempler leur Auteur. » (Sg 13, 5)

La foi en Dieu créateur alliée à notre intelligence nous permettent de nous émerveiller et de comprendre de plus en plus le monde qui nous entoure, comme le souligne Jean-Paul II dans son encyclique « Fides et Ratio » : « La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité. C’est Dieu qui a mis au cœur de l’homme le désir de connaître la vérité et, au terme, de Le connaître lui-même afin que, Le connaissant et L’aimant, il puisse atteindre la pleine vérité sur lui-même (cf. Ex 33, 18 ; Ps 27 [26], 8-9 ; 63 [62], 2-3 ; Jn 14, 8 ; 1 Jn 3, 2).

En d’autres termes, science et foi sont indissociables et complémentaires à la compréhension du monde qui nous entoure.

Bonne lecture !

Un contenu signé par des passionnés

L’équipe de la Rédaction romande de L’Essentiel est composée de journalistes professionnels et de prêtres et laïcs engagés dans les deux diocèses de Suisse romande. Ensemble, ils sont le garant d’une juste présentation de la réalité pastorale romande. Car c’est une évidence, la réalité de terrain n’est pas la même à Meyrin, Echallens, Marly, Neuchâtel ou au Val de Bagnes.

Rédacteur en chef
Nicolas Maury

L’Essentiel, votre magazine paroissial
C.P. 51
1890 St-Maurice
Tél +41 24 486 05 25
bpf@staugustin.ch

Rédaction Pfarrblatt
Soeur Catherine Jerusalem

NICOLAS MAURY

Journaliste RP, rédacteur en chef, Saint-Maurice

Sr CATHERINE JERUSALEM

Membre du conseil d’administration, responsable du Pfarrblatt, Saint-Maurice

PASCAL ORTELLI

Responsable des Editions livres et assistant universitaire en théologie à Fribourg

Abbé FRANCOIS-XAVIER AMHERDT

Abbé et professeur à l’Université de Fribourg

CALIXTE DUBOSSON

Chanoine de l’Abbaye de Saint-Maurice et prêtre en paroisse, Valais

Abbé THIERRY SCHELLING

Curé-modérateur de l’UP Renens-Bussigny, Renens

AMANDINE BEFFA

Assistante pastorale à Genève

MYRIAM BETTENS

Journaliste indépendante et théologienne

En librairie – décembre 2021

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Dieu – La Science – Les Preuves
Michel-Yves Bolloré – Olivier Bonnassies

C’est une question millénaire et qui opposait, en apparence, science et foi : existe-t-il un dieu créateur ? Les co-auteurs racontent comment les découvertes scientifiques, qui sont longtemps allées à l’encontre de la foi, peuvent désormais se ranger du côté de l’existence de Dieu dans de nombreux champs du savoir. Ainsi la question de l’origine de l’Univers, ou du passage de l’inerte au vivant, de l’immense complexité du code génétique et du réglage biologique ne peuvent être dus au hasard. Un livre qui nous permet d’avoir en main tous les éléments pour décider de ce que nous voulons croire en toute liberté.

Editions Guy Trédaniel

Acheter pour 40.80 CHF

Ne m’ôtez pas d’un doute 
Michel Sauquet

Crises « inédites », « tsunamis », ruptures « sans précédent ». Les mots ne manquent pas qui disent à quel point nos certitudes ont volé en éclats à l’épreuve de bien des événements récents. Ces violentes secousses ne cessent de conforter Michel Sauquet dans sa réflexion sur le rôle du doute et sur le danger de certitudes relevant davantage d’idéologies et de réactions impulsives que d’une prise de recul à l’égard de la complexité de la réalité. Avec un regard de chrétien, il interroge aussi la foi religieuse, souvent indissociable du doute. Celui-ci pouvant se révéler la meilleure et la pire des choses, il est salutaire d’en user de manière constructive, comme antidote aux fake news, au simplisme dogmatique et spirituel. 

Editions Salvator

Acheter pour 30.80 CHF

Dieu n’a pas réponse à tout  
Tonino Benacquista
Nicolas Barral

Dieu fait ce qu’il peut pour aider les hommes en difficulté ou ceux qui défendent une juste cause. Mais Dieu, parfois, est en proie au doute, et ne sait comment résoudre leurs problèmes. Il peut alors faire appel, au paradis ou au purgatoire, à celui qui saura lui donner un coup de main. Et c’est ainsi que Victor Hugo, Maria Callas, Gandhi et Michel Audiard vont être envoyés par le Seigneur en mission spéciale sur terre. Un plaisir de redécouvrir, dans cette BD, le duo redoutablement complice de Tonino Benacquista et de Nicolas Barral, dans un troisième tome drôlissime, spirituel…

Editions Dargaud

Acheter pour 25.50 CHF

Foi et Religion dans une société moderne   
Cardinal Joseph de Kesel

Face aux phénomènes contemporains – déjà anciens – de la sécularisation, de l’indifférence religieuse et de l’affaiblissement institutionnel : ce n’est pas par une culture de la confrontation ni par une tentative de retour à un passé révolu que le christianisme peut retrouver de l’audience et des couleurs en Europe, sinon il risque de s’isoler et de se couper du monde. Le salut de la mission universelle de l’Eglise dépend plutôt de son aptitude à faciliter une culture de la rencontre et du dialogue avec tous ceux qui veulent humaniser la société moderne et refusent la marginalisation de la religion de la sphère publique. C’est ce pari qu’expérimente d’ores et déjà le cardinal de Kesel dans une société belge profondément sécularisée. 

Editions Salvator

Acheter pour 22.80 CHF

Pour commander

Dieu ne joue pas aux dés

Souvent présentées comme inconciliables, la science et la foi ont pour tâche commune d’éclairer notre compréhension du monde. Plutôt que de l’expliquer définitivement, l’une et l’autre s’attellent à guider l’Homme à mesure qu’il explore ses limites.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : FLICKR, PIXABAY, PXHERE, DR

« Pour être scientifique et croyant, il faut faire du bricolage ! » lance Jean-François Bert lorsqu’on l’interroge sur la possibilité d’un mariage heureux entre science et foi. Chargé de cours à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), il propose à ses étudiants d’examiner minutieusement les rapports, souvent conflictuels, entre la recherche scientifique et la religion. Mais de fait, il demeure fermement convaincu qu’il n’est pas de bon augure de chercher à allier l’une et l’autre. Cette position, dite concordiste, lui paraît même dangereuse. « Cette tentative de concordisme élimine la frontière entre science et religion et pour un lecteur non averti, on ne sait plus très bien de quelle vérité on parle », car pour le sociologue « ce débat demeure fondamentalement centré sur la question de la vérité. Finalement, qui possède la légitimité et le pouvoir d’énoncer une vérité sur le monde ou le vivant ? ». Il est donc plus que nécessaire de trouver comment « répartir les modes de questionnement sur le monde ». Dont l’une des plus célèbres répartitions propose : à la religion le champ du « pourquoi » et à la science celui du « comment ».

Avoir réponse à tout

Roland Benz articule sa réflexion de la même manière, « la vérité scientifique et la vérité théologique existent bel et bien. Par contre, elles ne sont pas sur le même registre de langage. Chacun de ces deux domaines d’étude doit garder son rapport spécifique à la vérité ». Le pasteur retraité de l’Eglise protestante de Genève et lui-même ancien professeur de physique au collège (gymnase) ne cache pas son ironie face aux thèses créationnistes. « Elles font des récits de la Genèse des textes scientifiques. Comme si on pouvait décrire la complexité du monde en une seule page ! Ces textes ne donnent aucune information scientifique. Leur fonction est de nous inviter à recevoir le monde comme don d’un Autre, un monde ordonné et dédivinisé. » Par ailleurs, Lydia Jaeger, directrice des études à l’Institut biblique de Nogent, affirme que du côté scientifique il est essentiel « de reconnaître les limites de la science ainsi qu’une méthodologie différente d’avec la théologie ». La physicienne et théologienne soutient qu’« une grande partie du conflit émerge lorsqu’on attend de la science une réponse à tout ».

Une vérité vers laquelle tendre

Astrophysicien retraité, Pierre North va même encore plus loin. Il allègue que la science, pour elle-même, peut devenir une religion. Ses ardents défenseurs lui attribuent « une valeur métaphysique ». Mais « pour dire les choses franchement, la controverse n’a pas d’objet. La société en a fait un sujet de débat pour des raisons idéologiques ». Il est trop dérangeant pour certains d’accepter une possible cohabitation entre la rationalité de la science et l’apparente irrationalité de la foi. D’ailleurs, Pierre North s’insurge : « Dans n’importe quel métier, lorsqu’on se dit croyant, on tâche de pratiquer avec conscience et éthique, mais on ne demande pas à un vendeur de voitures si sa profession est compatible avec sa foi ! » Raphael Märki note tout de même que la science postule l’hypothèse d’un absolu et donc d’une vérité vers laquelle tendre. Ce physicien des hautes énergies nuance néanmoins : « Nous ne connaîtrons jamais complètement cette vérité. » Georges Meynet abonde dans le même sens. L’astrophysicien à l’Observatoire de Sauverny reprend l’analogie attribuée à Albert Einstein à son compte. Celle-ci définit « l’accumulation des connaissances comme une surface circulaire qui s’étend avec le temps et dont le rayon représente l’interface entre le connu et l’inconnu. Cela signifie que lorsque la connaissance s’agrandit, l’interface avec l’inconnu augmente d’autant ». Il faut donc rester humble et « accepter une limite qu’on ne pourra pas dépasser, tout en laissant place à l’inconnu et au mystère ».

Et dans les faits ?

Les scientifiques voient-ils un conflit entre la science et la foi ? Quels facteurs culturels façonnent les attitudes des scientifiques à l’égard de la religion ? Les scientifiques peuvent-ils contribuer à nous montrer une façon d’établir une collaboration entre les communautés scientifiques et religieuses, si tant est que de telles collaborations soient possibles ?

Pour répondre à ces questions, les auteurs de Secularity and Science : What Scientists Around the World Really Think About Religion (2019) ont réalisé une étude internationale d’envergure sur les attitudes des scientifiques à l’égard de la religion, en interrogeant plus de 20’000 scientifiques et en menant des entretiens approfondis avec plus de 600 d’entre eux. A partir des données récoltées, les auteurs essaient d’esquisser la relation qu’entretiennent des scientifiques du monde entier avec la foi. Le livre s’articule sur quatre axes de réflexion : les scientifiques religieux sont plus nombreux qu’on ne le pense ; la religion et la science se chevauchent dans le travail scientifique ; les scientifiques – même athées – voient de la spiritualité dans la science ; et enfin, l’idée que la religion et la science doivent s’opposer est principalement une invention de l’Occident.

Des lieux pour réfléchir et dialoguer

Plusieurs groupes de scientifiques chrétiens existent en francophonie. Sous l’impulsion des Groupes bibliques universitaires (GBU) un Réseau des scientifiques évangéliques a été lancé pour offrir aux chrétiens à profil scientifique un lieu de réflexion. Ce rassemblement profes­sionnel et étudiant poursuit notamment l’objectif de rendre disponible au public une réflexion rigoureuse sur les interactions possibles entre science et foi. Pour ce faire, le réseau organise, au moins une fois par an, un colloque réunissant scientifiques et théologiens pour débattre d’une question spécifique. Depuis une dizaine d’années, une branche romande de ce même réseau s’est aussi développée. Elle a été créée par le professeur émérite
de l’UNIL, Peter Clarke, un neuroscientifique reconnu, décédé des suites d’un cancer en 2015. L’autre réseau francophone a été fondé en 2001 pour susciter la réflexion entre scientifiques, philosophes et théologiens. Les membres du groupe Blaise Pascal (Sciences, Cultures et Foi) sont actifs dans l’enseignement et la recherche des domaines scientifiques, philosophiques ou théologiques en francophonie (Universités, Grandes Ecoles, CNRS, INSERM).

Noël, une fête d’adultes ou d’enfants ?

Dans notre culture chrétienne contemporaine, avec la fête de Noël arrivent les contes pour enfants, les cadeaux du Père Noël… Les fêtes de fin d’année, hormis les traditionnels repas, semblent parfois tournées uniquement vers les petits ou vers ceux qui auraient la foi d’une âme d’enfant.
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