Noël dans l’Eglise ukrainienne

TEXTE ET PHOTOS PAR SVIATOSLAV HORENTSKYI

En Ukraine, l’Eglise gréco-catholique suit le calendrier julien (l’ancien calendrier), par conséquent, la fête de Noël tombe le 7 janvier. Cependant, certaines communautés de la diaspora ont adopté le calendrier grégorien ou même le calendrier julien révisé qui combine en quelque sorte l’ancien et le nouveau calendrier. Par exemple, nous fêtons Noël le 25 décembre à Genève, tandis que nous le célébrons le 7 janvier à Lausanne. Hormis cette différence de date, nous fêtons la Nativité du Christ comme tous les Chrétiens du monde, mais il est vrai que nos traditions lui confèrent une saveur toute particulière.

D’abord, la période de l’Avent est pour nous importante, puisque l’on se prépare à accueillir le Sauveur par la prière et un jeûne de quarante jours.

La veille de Noël, la tradition ukrainienne veut que l’on partage un repas composé de douze plats sans ingrédient laitier ni animalier. Le soir, les familles se rendent à l’église pour prier les grandes complies et ainsi entrer dans le mystère de la Nativité. De retour à la maison, elles s’attablent, allument une bougie, signe de la présence de Dieu, et commencent le dîner par une prière. Puis le chef de famille partage la « Koutia », un plat incontournable de Noël composé de blé bouilli, de graines de pavot, de noix, de raisins secs et de miel. Chacun doit également goûter aux douze plats de Noël qui symbolisent les douze apôtres. Puis, l’on entonne généralement les « koliadky », des chants traditionnels de Noël.

Le jour de Noël, les enfants ne déballent pas leurs cadeaux puisqu’ils l’ont déjà fait à la Saint-Nicolas. Les gens vont de nouveau à l’église pour vivre la Divine Liturgie de la Nativité du Christ. Tout le monde se salue joyeusement en disant « Christ est né » et en répondant « Glorifions-le » (et nous nous saluons ainsi jusqu’à la fête de la présentation de Jésus au Temple). La journée se poursuit ensuite en famille autour d’un repas festif.

Nous avons également une tradition très répandue qui consiste à former des crèches vivantes ambulantes. Des familles entières ou des groupes d’amis inventent ou empruntent des scénarios, endossent les costumes de personnages bibliques et vont de porte en porte pour annoncer et raconter la naissance de Jésus et chanter les koliadky. Ainsi, l’esprit de Noël nous accompagne encore durant plusieurs semaines.

L’espoir face à la pandémie

PAR LE FRÈRE ANIEDI OKURE OP, DÉLÉGUÉ PERMANENT DE L’ORDRE DES PRÊCHEURS AUPRÈS DES NATIONS UNIES, PROMOTEUR GÉNÉRAL DE JUSTICE ET PAIX (OP)

Lorsque Jésus a commencé son ministère public, les foules étaient remplies d’espoir, l’espoir d’être libérées de l’oppression, de l’occupation coloniale, de la taxation forcée, de la pauvreté. Aussi, lorsque Jésus a proclamé que Dieu l’avait oint pour apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres, la liberté aux captifs, la vue aux aveugles, la délivrance aux opprimés… (Lc 4, 8-9), il a dû attirer l’attention de ses auditeurs qui espéraient un libérateur de la puissance des ténèbres (Ac 10, 38).

La pandémie de covid a jeté un trouble sur nos vies, nous faisant aspirer à la libération des incertitudes qui nous affligent. Cependant, elle a également mis à nu le voile de ténèbres qui obscurcit les lignes d’exclusion et fait éclater au grand jour une injustice structurelle. Elle a révélé un monde marqué par de subtils programmes nationalistes et d’exclusion, par une mentalité grandissante du « nous et eux ». Même l’effort de collaboration pour s’attaquer à la pandémie a donné la priorité à des segments du monde plutôt qu’à d’autres, exposant davantage l’idéologie qui façonne notre perception de certains segments de la famille humaine.

Malgré les incertitudes auxquelles nous sommes confrontés, ce dévoilement est une bonne chose, car il a réveillé chez beaucoup un véritable esprit humain et une reconnaissance de notre interconnexion en tant que membres d’une même famille humaine. Il est réconfortant de constater que les gens s’impliquent de plus en plus dans la promotion de la justice et de la paix.

Afin de canaliser ces prises de conscience dans la bonne direction pour un plus grand impact, nous devons reconnaître que nous sommes intimement membres de notre société dont l’environnement social s’insinue dans notre pensée et notre comportement. Cela nous permettra de contrer les idéologies qui mettent à mal une approche intégrale de la vie : justice et charité, vie de prière et action publique en faveur des plus vulnérables, foi chrétienne et plaidoyer pour changer les structures de l’injustice. Cela nous aidera à réconcilier l’état d’esprit qui oppose un pan de la société à un autre et un ministère de l’Eglise à un autre, comme si le Christ était divisé (1 Co 1, 12-13) et contribuera à créer un monde meilleur que nous espérons.

Un tel état d’esprit nous permettra de surmonter ce qui semble être un schisme clandestin au sein de l’Eglise qui, à y regarder de près, trouve ses racines dans les divisions de la société. Il nous donnera les moyens de vivre notre mission de contre-culture, d’édifier la société avec les valeurs de l’Evangile afin que tous puissent vivre en sœurs et frères, qui découvrent le visage du Christ dans chaque personne rencontrée et dans chaque femme une sœur et dans chaque homme un frère ; de travailler activement à amener les membres de la famille humaine relégués aux « marges de la vie et de la société » dans le cercle familial du peuple de Dieu.

Genève, symbole de l’« unité mondiale » des Nations Unies, centre de promotion et de défense des droits de l’homme dans le monde, témoigne des efforts des frères dominicains de Salamanque qui ont pris l’initiative de défendre les droits des peuples indigènes des Amériques en appliquant les lois espagnoles au-delà des frontières de l’Espagne et en faveur des personnes abusées. Leurs efforts ont jeté les bases de la Société des Nations (ONU). La Délégation de l’Ordre auprès de l’ONU – Dominicains pour la Justice et la Paix poursuit cette tradition. La Divine Providence a voulu que la paroisse confiée aux Dominicains à Genève soit placée sous le patronage de saint Paul, le premier apôtre à dépasser la communauté fermée pour atteindre les « exclus » en dehors de Jérusalem. Puissions-nous travailler ensemble pour façonner un monde meilleur !

Espérer contre toute espérance

TEXTE ET PHOTO PAR CLAUDE AMSTUTZ

Avec Noël, la vie divine s’unit à la vie humaine. L’arbre de Noël évoque donc la renaissance, le don de Dieu qui s’unit à l’homme pour toujours, qui nous donne sa vie. Les lumières du sapin rappellent celles de Jésus, la lumière de l’amour qui continue de briller dans les nuits du monde. C’est par ces mots que notre pape François, recevant en décembre dernier les délégations péruvienne et italienne, rappelait le sens profond de ces symboles de Noël, porteurs d’espérance dans le secret de nos cœurs, de nos familles, de nos communautés.

Ce message a été entendu, comme chaque année – sauf en 2020 en raison de la pandémie – lors de la célébration œcuménique à la Résidence EMS des Bruyères, avec le pasteur Joël Stroudinsky et les animateurs du lieu, auprès des plus fragiles, mais aussi des plus attachants de nos proches, ces autres visages de Dieu.

Célébration de la Parole avec l’annonce de la Bonne Nouvelle dans saint Luc, des chants traditionnels rappelant nos origines, nos racines ; nos souvenirs de jeunesse dissipant pour un temps les brumes environnantes de la pandémie et les parasites des temps actuels, avec leur cortège de mauvaises nouvelles dont les médias et les réseaux sociaux sont si souvent les multiplicateurs.

Eteignons, pour quelques instants, nos portables, nos radios, nos téléviseurs et ouvrons nos yeux sur le monde qui nous entoure avec le regard aimant de la Vierge Marie sur son Enfant. Alors, peut-être, découvrirons-nous que les miracles petits ou grands ont lieu tous les jours comme au temps de Jésus et que les moments heureux – comme le Noël à la Résidence EMS des Bruyères – sont une histoire qui commence, loin de la confusion ambiante qui veut nous voler notre espérance.

Le monde tient debout par ce réseau d’amour que nous créons, vous et moi, chaque jour, et tous ces êtres qui, en cet instant, sont en train de faire quelque chose, des actes d’amour dans le monde, un regard de tendresse pour la terre qui nous entoure, pour la création. Cela tient le monde debout. Il ne s’agit pas de se détacher du monde, mais de le rencontrer à partir d’une autre force… (Christiane
Singer, Du bon usage des crises, Albin Michel / 1996).

Comme les Rois mages…

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS : DR

Frangipane ! Non, non, détrompez-vous, ce n’est pas une insulte, mais une crème à base d’amandes qui entre dans la composition de la galette des rois. Entre les fervents partisans de la version avec et celle sans, la controverse pointe à l’horizon. Nulle disputatio ici pour démêler la- quelle des deux versions mérite le qualificatif d’hérésie…

La première mention d’un gâteau contenant une fève (le légume, donc!) remonte à la fin du Moyen Age. On trouve cette attestation dans une charte de Robert de Fouilloy, évêque d’Amiens en 1311. Mais il s’agit d’un témoignage tardif rapporté par Legrand d’Aussy, un historien ayant vécu cinq siècles plus tard. On situe vraisemblablement l’origine de cette pratique bien plus tôt dans l’histoire, car elle rappelle les Saturnales romaines, où il était coutume d’élire un roi du jour par tirage au sort. Les convives devant obéir à ce « roi » sous forme de gages.

La fève des avares

Dans une illustration du Livre d’heures d’Adélaïde de Savoie (XVe), on retrouve la représentation d’un enfant sous la table, désignant le bénéficiaire de la fève. Le modèle en porcelaine remonte au XIXe siècle en Saxe. Celui qui la trouvait devait offrir une tournée générale. Or, certains avares auraient avalé la fève pour ne pas bourse délier. La date, traditionnellement déterminée au 6 janvier a été fixée par le concile Vatican II au premier dimanche qui suit le 1er janvier. Concrètement on peut fêter l’Epiphanie soit le 6 janvier, soit le dimanche suivant le jour de l’An, soit les deux…

Une tradition issue du marketing

En Suisse, le marché du pain avait besoin de renouveau. L’As- sociation suisse des boulangers voit l’occasion d’introduire un nouveau produit sur le mar- ché. Ils créent donc une recette à cet effet. Mais cette tradition n’a véritablement pris son envol qu’avec un vol… en hélicoptère plus précisément. Quoi de mieux que de mettre trois rois mages dans un hélico et de les déposer, face caméra, dans le village de Chandolin, le plus haut village d’Europe habité toute l’année ? S’ensuit une petite distribution de brioches pour bien marquer les esprits. Bref, depuis les années 60, les Helvètes mangent… de la couronne briochée. N’en déplaise aux partisans de la frangipane !

Recette: Couronne des rois en pâte briochée et morceaux de chocolat

Temps de préparationTemps d’attentePortions
20 minutes2 heures8

Ingrédients

  • 500 g de farine panifiable (type 550)
  • 75g de sucre
  • 20 g de levure fraîche (environ un demi-cube)
  • 300 ml de lait
  • 75 g de beurre mou en cubes
  • 1 poignée de mini-cubes de chocolat
  • 1 jaune d’œuf (taille moyenne)
  • 1 cuillère à soupe de lait • 1 poignée d’amandes effilées ou de sucre grêle (gros grains)

La fève

  • 1 amande entière sans peau OU
  • 1 fève (le légume) OU
  • 1 pièce de monnaie emballée dans du papier alu

Préparation

  1. Mettez la farine, le sucre et la levure émiettée dans un bol. Mélanger le tout à la main ou au robot.
  2. Faites chauffer le lait et le beurre à feu doux jusqu’à ce qu’ils tiédissent. Ne les laissez pas bouillir.
  3. Ajoutez ensuite le lait au mélange de farine et pétrissez jusqu’à former une pâte lisse, élastique et souple. Elle doit se détacher du bord du bol.
  4. Couvrez la pâte d’un film alimentaire ou d’un torchon propre et laissez le tout à température ambiante. La pâte va lever pendant environ 90-120 minutes jusqu’à ce qu’elle ait doublé de volume.
  5. Retirez ensuite la pâte du bol et incorporez-y les mini-cubes de chocolat.
  6. Retirez un cinquième de la pâte pour façonner la boule centrale. Placez-la au centre d’une plaque de cuisson recouverte de papier sulfurisé.
  7. Divisez le reste de pâte en 8 parts égales. Formez des boules. Cachez la fève dans l’une d’elles. Accolez ces boules au plus grand pâton pour former une fleur. Couvrez à nouveau la couronne de pâte d’un torchon et laissez-la lever pendant encore 20 à 30 minutes.
  8. Pendant ce temps, préchauffez le four à 180°C sur le programme «voûte et sole».
  9. Fouettez le jaune d’œuf et la cuillère à soupe de lait, badigeonnez-en la pâte et saupoudrez-le d’amandes effilées ou de sucre grêle.
  10. Faire cuire la couronne durant environ 30 minutes. Tapoter la brioche, si elle est cuite cela doit sonner creux.

N.B: Il est préférable de préparer la couronne le jour où elle doit être mangée.

Espérer contre toute espérance

PAR CHRISTOPHE ANÇAY
PHOTO : MP

L’histoire du peuple hébreu est faite de crises 1. Elles ont nourri l’attente utopique d’un monde meilleur, une espérance eschatologique. D’un autre côté, c’est la nostalgie, les lamentations sur la terre promise et perdue. Ces mêmes réactions se retrouvent aujourd’hui. L’attente des « lendemains qui chantent » cohabite avec les regrets d’un monde idyllique dans lequel tout allait mieux.

Entre ces deux réactions, une troisième émerge : essayer de comprendre la crise sans vouloir immédiatement en sortir par un retour à un passé mystifié ou un saut dans un avenir rêvé.

Aujourd’hui, c’est peut-être aussi cette attitude que nous devons chercher. Face aux crises n’attendons pas un sauveur qui viendrait résoudre nos problèmes. Refusons aussi le repli dans la nostalgie du passé mais regardons le visage du Christ. Il y a peu, nous célébrions Dieu qui se donne à nous comme un petit enfant et bientôt, nous commémorerons ce même Dieu mort sur une croix. Voilà l’espérance du chrétien : un petit bébé et un condamné à mort. Ou alors, un Dieu qui prend toute notre humanité et qui transcende la mort par sa résurrection. C’est ici et maintenant que Dieu est avec nous pour que nous soyons debout, comme le Christ Ressuscité. « Espérant contre toute espérance, il a cru. » (Rm 4, 18)

1 Cf. Thomas Römer, LAncien Testament – une littérature de crise, 1995, Revue de Théologie et de Philosophie, vol. 127, n° 4, pp. 321-338.

 

« Cet équilibre précaire fait de lucidité et de réalisme a conduit des auteurs de l’Ancien Testament à reconnaître la prééminence de Dieu au cœur même des crises. Comme si l’exil n’était pas un accident mais le lieu même de la Révélation. »

En temps de crises, l’espérance

PAR L’ABBÉ LÉONARD BERTELLETTO
PHOTO : RAPHAËL DELALOYE

En ces temps de crises (sanitaire, politique, climatique, ecclésiale…), c’est le contraire de l’espérance qui anime le cœur de beaucoup : le désespoir est au rendez-vous. L’humanité semble condamnée à ne vivre que des jours sombres, et ne voit pas, dans l’immédiat, d’issues favorables aux drames qui l’enserrent. L’angoisse est le lot quotidien de nombreux jeunes dont l’avenir semble obstrué.

Que me dit mon espérance chrétienne face à ce constat amère ? D’abord, que l’espérance est une vertu. Elle est la force, le ressort dont j’ai besoin pour rebondir à chaque fois que le mal (moral, physique) semble tout détruire, tout écraser. Jadis, la vertu d’espérance était le principal tremplin de la foi d’Israël, qui entrevoyait déjà, au cœur de ses misères, les signes avant-coureurs de l’ère messianique : « Le loup cohabitera avec l’agneau […]. » « De leurs épées, ils façonneront de socs de charrues, de leurs lances, des serpettes ; les nations ne lèveront plus l’épée l’une contre l’autre, elles n’apprendront plus la guerre. » (Is 2)

Seule la présence du Christ qui restaure toutes choses dans la lumière de sa résurrection peut donner sens à ces propos. Sans Jésus, le Messie, ils ne seraient que la description d’une vaine utopie.

C’est pourquoi l’espérance des temps de crises est d’abord celle que je place dans l’avènement du Règne qui vient : un jour, ce devenir se fera Eternel présent, l’obscurité « qui s’étend à l’ombre de la mort » aura fait place au plein Jour du salut: «la lumière a resplendi» (cf. Is 9).

Dieu nous donne la ferme assurance de participer à la victoire du Christ glorieux : telle est notre espérance chrétienne, à toutes épreuves !

Je vous invite à la faire vôtre et à la cultiver, pour en recueillir tous les fruits.

L’espérance face aux crises

Les crises que nous traversons depuis quelques années remettent en question nos modes de vie, notre rapport à la nature, notre avenir. L’équipe de rédaction a choisi, pour ce premier magazine de l’année, de partager avec vous, chères lectrices, chers lecteurs, quelques paroles d’espérance appuyées par une citation biblique et une image inspirante.

Source de paix et de joie profonde.

TEXTE ET PHOTO PAR DAISY MAGLIA

Pour moi, l’espérance est source de paix et de joie profonde. Tout comme la foi et l’amour, elle est au cœur de l’enseignement du Christ. Il suffit d’ouvrir l’Evangile ou les Psaumes au hasard pour tomber sur des versets remplis d’espérance. Les paroles prononcées par le Christ avant qu’il retourne vers son Père nourrissent particulièrement mon espérance: «Que votre cœur cesse de se troubler ! Croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon je vous l’aurais dit; je vais vous préparer une place. Et quand je serai allé et que je vous aurai préparé une place, à nouveau je viendrai et je vous prendrai près de moi afin que, là où je suis, vous aussi, vous soyez. Et du lieu où je vais, vous savez le chemin.» (Jean 14, 1-4) Alléluia !

PAR AIME RIQUEN
PHOTO: MARIE-PAULE DENEREAZ

Comme il est écrit, ce sont des choses que l’œil n’a point vues, que l’oreille n’a point entendues, et qui ne sont point montées au cœur de l’homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l’aiment.
(1 Corinthiens 2, 9)

L’espérance est une vertu chrétienne par laquelle les croyants attendent de Dieu, avec confiance, sa grâce en ce monde et une vie éternelle après la mort, contrairement à l’espoir qui est un sentiment qui porte à espérer ici-bas.
Dans ce monde actuel bien chahuté, l’être humain a besoin d’espoir pour vivre sereinement et d’espérance pour un accompagnement spirituel motivant.
Le chrétien doit invoquer l’espérance comme un guide qui le conduit et lui donne le courage d’avancer sur le chemin de la vie, parfois tumultueux et difficile. Grâce à sa foi et au recours à l’Esprit-Saint, il reçoit la lumière qui éclaire ce chemin vers la porte de la vie éternelle que lui a ouvert le Christ.

Le chemin de vie.

TEXTE ET PHOTO PAR ISABELLE VOGT

J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. […]
Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité. (1 Co 13, 2.13)

Depuis que j’ai découvert cette déclaration dans le célèbre « Hymne à l’amour » de saint Paul (chapitre 13 de la première lettre aux Corinthiens) il y a bien des années, elle m’accompagne et me réconforte. Elle traduit une conviction ancrée au plus profond de mon cœur depuis toujours. Elle se fait plus présente en ces temps troubles que nous vivons, où il est difficile de garder espoir en l’humanité, la liberté et la justice.
Je place ainsi toute mon espérance en Celui qui a dit: «Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie.» (Jn 14, 6)

TEXTE ET PHOTO PAR LAETITIA WILLOMET

Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement auprès de Dieu. […]
Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous. (Jn 1, 1-2.14)

Ces versets sont depuis longtemps mes compagnons dans les moments difficiles de ma vie, dans les doutes et les angoisses. J’ai « ruminé » ces versets à de nombreux moments. Les récitant dans ma tête, les laissant prendre place dans mon cœur. Leur musicalité m’apaise. Les répétitions du mot « verbe » donne un rythme qui me plaît et m’aide à intérioriser cette belle réalité : le Verbe venait de Dieu et était Dieu et il a habité notre humanité. Il en a expérimenté les souffrances et les joies. Je peux déposer les miennes dans ses mains et lui faire confiance. J’aime les méditer devant l’icône de la Trinité qui me rappelle l’abondance d’amour de Dieu.

Icône de la Trinité
Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. (Jn 14, 6)

TEXTE ET PHOTO PAR MARIE-PAULE DENEREAZ

« Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ?
Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi.
Pour aller où je vais, vous savez le chemin. » (Jean 14, 2-4)

La perspective de voir revenir Jésus et de me faire un jour emmener auprès de lui pour être là où il est nourrit mon espérance. Si l’espoir est humain et peut être déçu, l’espérance ne s’éteint jamais car elle a une dimension transcendantale. Mon espérance est tournée vers les promesses de celui qui est l’alpha et l’oméga, celui qui est le chemin. Un chemin de patience et d’endurance, main dans la main avec Jésus, qui nous fera découvrir les mystères de l’au-delà où une place nous est préparée dans la maison du Père. Jésus, j’ai confiance en toi !

TEXTE ET PHOTO PAR NICOLE CRITTIN

Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles […]
Un autre signe apparut dans le ciel : un grand dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et, sur chacune des sept têtes, un diadème. […]
Or, elle mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les conduisant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place, pour qu’elle y soit nourrie pendant mille deux cent soixante jours. (Ap 12, 1-6)

Lors du retour de la promenade qui longe la crête de l’Ardevaz, je m’arrête un instant dans la chapelle des Mayens-de-Chamoson, pour méditer devant la mosaïque de la Vision de la femme et du dragon, tirée de l’Apocalypse 12, 1-6. Contrairement à ce que ce terme signifie de nos jours, l’Apocalypse (dont l’étymologie grecque signifie révélation) est une promesse de bonheur qui débouche sur la victoire définitive de Dieu sur le mal et sur la mort. La figure de la Femme couronnée d’étoiles est très connue, elle représente sûrement l’Eglise et pas d’abord la Vierge Marie. Quel magnifique message d’espérance…

Vision de la femme et du dragon

L’espérance face aux crises

PAR L’ABBÉ PHILIPPE AYMON
PHOTO : JHS

Que peut faire l’espérance chrétienne face aux crises ? Rien de plus et rien de moins que par temps calme, serein et heureux.

Il y a toujours dans l’Eglise une conception qui semble venir du temps des apôtres : le Christ et la foi peuvent et veulent changer le monde. « Ainsi réunis, les apôtres l’interrogeaient : Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » (Act 1, 6)

Eh bien, non, Jésus ne vient rien restaurer du tout ! Il vient seulement appeler le cœur de l’homme et ses comportements, à une conversion qui trouve son origine dans l’espérance en la vie éternelle. « A l’attente du Royaume de Dieu on subsiste souvent l’attente des changements politiques, la marche vers la libération totale se confond avec la recherche du confort ou avec la consolidation d’avantages sociaux et économiques. »

L’espérance chrétienne est celle d’un visage, celui de Jésus Seigneur. « Espérer, dès lors, c’est attendre le Fils qui viendra des cieux (1 Th 1, 10). Car, en réalité, nous sommes appelés par le Père à une communion avec son Fils (1 Co 1, 9) […] ou de manière plus imagée d’aller prendre domicile près du Seigneur. » (2 Co 5, 8)

Ainsi en temps de crise, de guerre, de pandémie, de chômage, de deuil ou d’autre épreuve, l’espérance ne vient pas résoudre les problèmes des hommes et donner des solutions qui nous facilitent la vie. Dans les temps de paix et de bonheur, elle conserve sa place et sa force pour que nous ne nous égarions pas dans une béatitude terrestre, comme si cette dernière était le tout de l’homme.

Dans l’attente de la manifestation en Gloire du Seigneur, que l’espérance nous garde dans la confiance, vigilants et patients, avec un esprit de détachement de ce monde qui passe et ne craignant pas la pauvreté. Tout ceci afin de grandir dans l’amour fraternel.

N. B. Les citations que l’on trouve dans cet édito sont du chanoine Grégoire Rouiller, dans un texte intitulé : « En vue de l’espérance qui vous est réservée dans les cieux. » (Col 1, 5) Je vous invite à lire ces lignes. Vous les trouvez sur le site des paroisses : www.paroisses-sion.ch, sur la page de la paroisse de la Cathédrale.

Emanuelle Dobler

« Comment traduire aujourd’hui l’Évangile et faire qu’il nous anime ? » Cette question est au cœur de la vocation et du ministère d’Emanuelle Dobler, pasteure de l’Église évangélique réformée du canton de Fribourg depuis juin 2020. Elle est l’une des pasteures qui œuvrent dans le district de la Sarine.

PROPOS RECUEILLIS PAR VÉRONIQUE BENZ | PHOTO : DR

Originaire de Tramelan, Emanuelle Dobler est avenante, souriante et a le contact facile. La trentenaire se livre sans détour sur une foi qui l’habite depuis l’enfance. « Comment est né mon désir de devenir pasteure ? Je pense que je suis tombée dedans lorsque j’étais petite. Mon père était ancien, c’est-à-dire pasteur dans une Église mennonite (courant anabaptiste de la réforme). J’ai grandi dans une famille croyante. »

Emanuelle aime l’étude des langues et envisageait d’abord de s’orienter vers l’enseignement. Puis, en travaillant les langues anciennes, l’interprétation de la Bible lui est apparue essentielle. « Pasteure est une manière de traduire le texte biblique dans un langage d’aujourd’hui, trouver des mots pour dire l’espérance de l’Évangile autant à des personnes qui sont familières à ces textes qu’à d’autres. »

Elle a étudié à Lausanne, Genève et Neuchâtel. Après sa formation en théologie, elle ne pensait pas forcément devenir pasteure, mais l’Église réformée du canton de Berne l’a approchée pour lui proposer un stage. À la fin de son stage, elle a été consacrée en 2016 pasteure de l’Église réformée bernoise. Elle a fait des remplacements à différents endroits, souvent à la frontière des langues (Bienne, Jura bernois, Bâle et Berne à l’Église française).

En 2020, l’Église évangélique réformée du canton de Fribourg a mis un poste de pasteur au concours. Emanuelle Dobler a répondu à l’offre. « Ce qui m’attirait à Fribourg était le bilinguisme, mais aussi le milieu particulier de ce canton très marqué par le catholicisme. Je me retrouve pour la première fois dans un contexte de foi minoritaire. »

Dans son quotidien, Emanuelle accompagne les catéchètes (ndlr : pendant des catéchistes catholiques). Elle assume divers actes ecclésiastiques (cultes, baptêmes, mariages, services funèbres) et s’occupe particulièrement de la pastorale auprès des enfants et des familles.

Celle qui pensait être professeure avant de devenir pasteure est heureuse aujourd’hui d’enseigner la religion dans les cycles d’orientation de la ville. « C’est un privilège, que nous devons à l’Église catholique présente dans l’espace public, que de pouvoir transmettre la foi dans l’école obligatoire. J’aime spécialement accompagner les jeunes de 11H dans leurs questionnements et leurs cheminements. Je suis toujours à nouveau surprise de ce qu’ils savent ou ne savent pas de la tradition chrétienne. » Pour Emanuelle, l’enseignement œcuménique en binôme à l’école enfantine est une grande richesse. « Les échanges entre catéchètes et catéchistes sont féconds, malgré les difficultés qui sont plus administratives que théologiques. »

Emanuelle nourrit sa foi à travers la nature, les rencontres, les enfants et aussi ses élèves. Elle rêve que le Temple de Fribourg, au cœur de la ville, devienne encore plus un lieu d’accueil ouvert où l’on aime venir se recueillir. « Nous pourrions tirer davantage profit de notre situation géographique. » À travers l’échange d’un regard et d’un sourire, je devine que mille et un projets tourbillonnent dans sa tête.

Emanuelle Dobler – 077 510 95 43
emanuelle.dobler@paroisse-fribourg.ch

En marche ensemble…

PAR VÉRONIQUE BENZ | PHOTOS : R. BENZ, PIXABAY

En octobre dernier, le pape François a lancé un Synode sur la synodalité. Il désire une Église ouverte où chacun se sente chez lui et puisse partager. L’équipe pastorale au service des paroisses du décanat de Fribourg vous convie à entrer tous ensemble dans cette démarche synodale. Vous découvrirez les diverses propositions dans l’article de Caroline Stevens.

Le mois de janvier est traditionnellement marqué par la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Dans notre décanat, plusieurs temps de prière et de rencontres sont prévus pour nous permettre de vivre cette semaine de prière. Je vous invite à découvrir le témoignage d’Emanuelle Dobler, pasteure de l’Église évangélique réformée de notre canton. L’église Saint-Paul au Schoenberg, pour sa fête patronale, aura la joie de recevoir une nouvelle icône de saint Paul et celui qui l’a écrite, le Père Jean-Baptiste Garrigou, maître iconographe et prêtre orthodoxe. Prier et partager avec nos Églises sœurs, n’est-ce pas également une forme de synodalité ?

La vie de nos paroisses a été marquée par l’exposition « Vivre et vieillir au monastère ». Le rayonnement des nombreux monastères de notre décanat est un formidable message d’espoir, tout comme l’est la prochaine ordination presbytérale de Ricardo Fuentes. Nous sommes tous invités à porter dans nos prières ce futur prêtre. La prière des uns pour les autres, des uns avec les autres est l’un des premiers signes d’une communauté qui vit la synodalité.

Dans ce numéro, vous allez aussi découvrir le groupe Maranatha, fondé en 2001 et lié aux carmes de Fribourg. Ce groupe de jeunes, comme les divers mouvements et associations de notre décanat, est appelé à prendre part à la démarche synodale. L’une des spécificités de ce synode est d’inviter largement le Peuple de Dieu à y participer. Alors, malgré les entraves qu’engendre la pandémie, osons nous rencontrer pour parler et construire ensemble l’Église de demain.

Il y a un temps pour tout… et aujourd’hui c’est le temps de la synodalité !

Le Synode 2021-2023

Lancé le 10 octobre 2021, le Synode sur la synodalité va durer deux ans. Sa synthèse aura lieu les 9 et 10 octobre 2023 à Rome, au cours de l’assemblée des évêques. Quelques mots sur cette démarche insolite.

PAR CAROLINE STEVENS | PHOTOS : PIXABAY

À l’occasion de la messe d’ouverture du processus, célébrée en la basilique Saint-Pierre de Rome, le pape François a partagé sa vision d’une Église synodale : « Un lieu ouvert où chacun se sent chez lui et peut partager. »

Dans son document préparatoire au Synode (n° 32), le souverain pontife détaille les différents objectifs de ce temps de rencontre, d’écoute et de communion. Il s’agit avant tout : d’inciter les gens à rêver l’Église de demain, à faire fleurir les espoirs, à stimuler la confiance ou encore à construire des ponts. Tous les diocèses du monde sont conviés à participer au processus. Ainsi, le Synode sur la synodalité se déroule en trois phases de réflexion : locale, continentale et romaine.

Depuis son élection en 2012, le pape François a initié trois rencontres synodales une autour de la famille, une sur la jeunesse et une sur l’Amazonie.

Les paroisses du décanat de Fribourg s’interrogent

L’abbé Philippe Blanc, modérateur de l’équipe de prêtres in solidum des unités pastorales Notre-Dame et Saint-Joseph, explique comment la démarche synodale est portée dans le décanat de Fribourg.

Quelles sont les spécificités du prochain Synode ?

Une des spécificités du prochain Synode est d’inviter largement tout le Peuple de Dieu à y participer. Ce n’est plus seulement le « Synode des évêques », mais une invitation adressée à toutes et tous. Comme l’a dit le pape François : tous doivent participer, c’est un engagement ecclésial indispensable !

C’est aussi un appel, à redécouvrir ce qu’est l’Église : la synodalité comme dimension constitutive de l’Église. Parce qu’elle est par nature synodale, la vie de l’Église implique et demande d’être à l’écoute de l’autre et proche de lui. À l’écoute, cela veut dire que l’on accepte non seulement de laisser l’autre s’exprimer, mais aussi que l’on est prêt à se laisser enrichir par ce qu’il dit. être proche demande de ne laisser personne à l’extérieur et de n’exclure personne a priori.

Le Synode n’est pas un parlement, ni une enquête d’opinions. La première attitude est de se mettre ensemble à l’écoute de la Parole de Dieu en se laissant guider par l’Esprit Saint, car c’est lui qui nous conduit à la vérité tout entière. Le partage libre et fraternel des idées, des propositions, des suggestions et des critiques, ne vise pas à détruire, mais à construire ensemble ce que le Seigneur lui-même veut pour son Église en ce temps.

Le pape nous invite aussi à redécouvrir le sensus fidei qui est le fruit de la participation de tout baptisé à la fonction prophétique du Christ. Le document préparatoire dit : le sens du cheminement auquel nous sommes tous appelés est avant tout celui de redécouvrir le visage et la forme d’une Église synodale où chacun a quelque chose à apprendre… Une Église synodale est un signe prophétique… Pratiquer la synodalité est, aujourd’hui, pour l’Église, la façon la plus évidente d’être « sacrement universel du salut », « signe et instrument de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (n° 15).

Concrètement, quelles sont les propositions du décanat de Fribourg ?

La feuille dominicale a déjà publié des billets pour entrer dans la dynamique synodale. À partir du temps de l’Avent, elle propose chaque semaine un texte de réflexion pour nourrir et susciter le partage et la prière. C’est aussi une invitation à entrer avec d’autres dans la dynamique synodale.

Une page synodale a été créée sur le site du décanat où on peut trouver les documents qui concernent le Synode.

L’une des propositions serait que dans chacun des groupes ou mouvements, dans tous les lieux de nos engagements, dans nos communautés humaines et ecclésiales, nous fassions l’expérience du dynamisme synodal. À nous, dans la diversité de nos vocations personnelles, de devenir des experts en écoute et des experts en proximité.

Premiers temps forts

Le samedi 18 décembre, toutes et tous ont été invités à un temps de pèlerinage pour effectivement « marcher ensemble » depuis la place du collège Saint-Michel jusqu’à la cathédrale. Cette marche a été guidée par « la lumière de Bethléem ». Chaque paroisse a reçu une lanterne allumée à cette lumière. Il s’agissait d’une démarche « en famille ». Cela nous a rappelé l’expérience du Peuple de Dieu guidé dans le désert par la nuée qui marquait la présence de Dieu. Dans nos déserts actuels, nous marchons à la lumière du Christ. C’est lui la vraie lumière qui vient en ce monde et qui prend chair de notre chair. C’était aussi une invitation à redécouvrir la grâce et la joie de notre baptême et à réentendre les paroles de Jésus : vous êtes la lumière du monde.

Trois après-midi « Écoute et partage », les 22 janvier, 19 février et 19-20 mars, permettront d’échanger et de nous enrichir mutuellement selon trois thématiques : une Église qui se questionne, une Église qui dialogue, une Église qui célèbre. Chacun pourra partager son expérience, faire des propositions, émettre des critiques… dans une ambiance fraternelle et bienveillante, avec le souci de construire ensemble. Il s’agit de vivre ensemble « une expérience » synodale : il n’y aura pas de conférences sur ces thèmes, mais une proposition de cheminement : 
• accueillir la présence de la Parole du Verbe fait chair (sans commentaire) 
• déposer les poids qui alourdissent, qui empêchent la marche 
• faire mémoire de nos propres expériences (joies, difficultés, incompréhensions, découvertes…) 
• repérer et accueillir les appels de l’Esprit pour l’Église en ce temps, en ce lieu 
• comment grandir et avancer ensemble dans notre « être disciple missionnaire », comment poursuivre ce dynamisme synodal pour un vrai renouveau de l’Église ?

D’autres propositions seront faites dans l’année, en particulier pendant le carême : conférences, journée de récollection, pèlerinage…

Démarche synodale dans le décanat de Fribourg 
L’équipe pastorale au service des paroisses du décanat de Fribourg vous invite à entrer tous ensemble dans la démarche synodale initiée par le pape François et relayée par notre évêque Mgr Charles Morerod.

Plus d’informations : 
decanat-fribourg.ch/synode/ 
www.cath.ch/newsf/synode-sur-la-synodalite-la-romandie-se-met-en-chemin/ 
www.ktotv.com/page/synode-synodalite-2023

Trois rencontres* ouvertes à toute personne de bonne volonté afin d’échanger et construire ensemble :
• samedi 22 janvier
de 14h à 18h : « Une Église qui se questionne »
• samedi 19 février de 14h à 18h : « Une Église qui dialogue »
• samedi 19 mars et dimanche 20 mars de 14h à 18h : « Une Église qui célèbre et annonce »

* des informations détaillées suivront, réservez déjà les dates et les horaires indiqués !

Les carmes de Fribourg et le groupe Maranatha

PAR SÉBASTIEN DE MICHEL | PHOTOS : DR

L’histoire du couvent des carmes à Fribourg est liée à celle de l’université puisqu’en 1975 des carmes en provenance de Belgique arrivent à Fribourg pour y suivre la formation théologique de l’université. Ils s’installent en 1977 au Chemin de Montrevers, lieu où se trouve toujours leur couvent. En 1991, le couvent est intégré à la Province d’Avignon-Aquitaine. En plus de la dimension contemplative, les carmes se consacrent à un apostolat qui porte des fruits, parmi lesquels le groupe de jeunes Maranatha qui se réunit toutes les deux semaines au couvent pour un repas, un enseignement et un moment d’oraison.

Repères historiques

Le Carmel naît dans le silence et la solitude de quelques ermitages aménagés sur le promontoire du Mont Carmel (montagne de Palestine surplombant la Méditerranée), « auprès de la source d’élie » à la fin du XIIe siècle. Un groupe de chrétiens venus d’Europe occidentale dans le contexte des croisades s’établit sur le Mont Carmel qui a donné son nom à l’ordre. Ces ermites ne vivent pas dans la tradition érémitique de solitude absolue, mais se réunissent en communautés dans le souvenir du prophète élie, méditant la parole de Dieu jour et nuit. Au début du XIIIe siècle, ils demandent à l’Église une règle de vie qui leur est donnée par Albert d’Avogadro, patriarche latin de Jérusalem. Puis, d’autres ermitages apparaissent en Terre Sainte, si bien que le prieur du Mont Carmel devient le prieur général de l’ordre. Avec l’échec des croisades et notamment la défaite de Gaza en 1239, de nombreux carmes décident de rentrer en Europe et entrent dans le mouvement des ordres mendiants (dominicains, franciscains, carmes et augustins).

Le Carmel en Europe

Au milieu du XIIIe siècle, le Général de l’ordre, saint Simon Stock, a une apparition de Marie qui lui donne le scapulaire (terme désignant d’abord une pièce de l’habit religieux, puis l’habit lui-même) comme signe de salut éternel. Ce sacramental est une manifestation extérieure de la dévotion mariale qui est centrale pour les carmes, aussi connus sont le nom de Frères de Notre-Dame du Mont Carmel. Suite à un déclin de l’ordre, la règle est adoucie en 1435. On parle de « mitigation de la règle ». En 1452, les femmes sont admises dans l’ordre et des communautés de carmélites apparaissent. Après sa conversion en 1554, sainte Thérèse d’Avila reçoit des grâces mystiques et veut revenir à la règle originelle proche de l’érémitisme. Elle a une vision de l’enfer et est très préoccupée par le salut des âmes qui doivent rechercher la perfection en passant par des demeures. À la même époque, saint Jean de la Croix (fêté le 14 décembre) fait l’expérience mystique de la nuit obscure.

Malgré le rôle de ces deux saints proclamés docteurs de l’Église, la séparation entre carmes mitigés ou conventuels (appelés plus tard grands carmes) et carmes déchaussés ou déchaux (de stricte observance) est entérinée à la fin du XVIe siècle. Mis à mal par la Réforme et la Révolution française, l’ordre connaît un renouveau au XIXe siècle, et en particulier à sa toute fin avec des figures comme sainte Thérèse de Lisieux, également docteur de l’Église. Le Carmel rayonne jusqu’en Suisse et en particulier dans le canton de Fribourg (carmélites du Pâquier et carmes de Fribourg).

Le groupe Maranatha

Maranatha est un groupe de jeunes fondé en septembre 2001. Des anciens de la « Frat » (groupe de jeunes chrétiens, né au collège Saint-Michel au début des années 90 et ayant développé des liens avec les carmes) souhaitent passer le relais. C’est alors qu’est fondé un nouveau groupe de jeunes, encore davantage lié au Carmel. Cette initiative répond également à un appel du Père Jean Joseph Marie Bergara, provincial d’Avignon-Aquitaine, qui demande que les couvents de carmes mettent sur pied des groupes de jeunes croyants. Ainsi est fondé Maranatha et la première rencontre a lieu le 25 octobre 2001. Le terme Maranatha (Ap 22, 17-20 ; 1 Co 16, 22) est un terme araméen passé tel quel dans le vocabulaire liturgique des premières communautés chrétiennes (au même titre qu’Amen). Il signifie « Seigneur, viens » et souligne une attente impatiente de la parousie, le retour du Christ.

Contemplation et apostolat

À ses débuts, le groupe Maranatha se rencontre le jeudi toutes les deux semaines et un week-end toutes les trois semaines. Les activités sont variées : veillées de prière, concerts, jeux scéniques, temps d’enseignement et de partage et célébrations eucharistiques. La progression sur le chemin de sainteté est soulignée par les statuts : « Ce groupe de jeunes veut être une véritable école de vie, un vrai chemin de sainteté, c’est-à-dire un lieu de croissance et de construction de la personne dans toute sa richesse et sa profondeur spirituelle et inséparablement humaine. » Comme point d’orgue de ses premières années, le « Festival Maranatha » organisé en septembre 2004, réunit 150 personnes au couvent des carmes. Dans les années 2010 et jusqu’à aujourd’hui, les rencontres bimensuelles débutent par un repas canadien, suivies par un temps d’enseignement sur un thème précis (l’angéologie et l’intercession ont été les thèmes des deux derniers semestres, alors que la Sainte Famille est au cœur de ce semestre) et se concluent par un temps d’oraison. Ainsi, le groupe Maranatha conjugue deux vocations fondamentales des carmes de Fribourg, la contemplation et l’apostolat.

Briser les a priori

En Centrafrique, trois dignitaires religieux se sont unis pour briser la spirale destructrice de la violence. Le documentaire, Sìrìrì, le cardinal et l’imam, retrace le combat de deux de ces artisans de paix pour ramener leurs semblables sur le chemin du dialogue. Entretien avec son réalisateur, Manuel von Stürler.

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS : DR

Vous affirmez ne pas être croyant, pourquoi ce film ?

Je suis convaincu qu’il ne faut pas que nous nous enfermions dans nos propres convictions et c’est un peu ce que je déplore ces dernières années. Que l’on soit écolo, provaccin ou anti, de droite, de gauche ; nous avons de plus en plus de peine à faire société. Il est important d’échanger les points de vue, même divergents. Echanger, dialoguer permet de se nourrir, car cette différence est une richesse. M’intéresser à ce que je ne connais pas a toujours été ma ligne de conduite. J’étais assez remonté face aux religions, par histoire familiale et personnelle, en même temps je ne m’y suis non plus jamais vraiment intéressé. C’était une opportunité de passer au-delà des a priori. En Centrafrique, pays ravagé par la guerre, j’ai réalisé que les seules personnes encore à l’œuvre et fortement engagées sont des religieux et religieuses. Cela force le respect.

Avez-vous trouvé une forme de foi en voyant le combat de vos protagonistes ?

Je n’ai jamais perdu foi en la vie. Ces religieux accomplissent un travail au-delà de l’entendement, comme les deux protagonistes du film qui n’hésitent pas à mettre leur vie en danger pour être à l’écoute de l’autre. Là, j’ai pu mesurer l’écart qu’il y avait entre mes valeurs et mes actions. Chez eux il y en a certainement aussi un… mais beaucoup plus réduit que le mien. Ces religieux ont un rôle absolument primordial. Cela m’a donné l’occasion de réfléchir à l’engagement religieux que certains continuent de porter en Europe. On oublie que s’ils n’étaient pas là, qui accomplirait le travail qu’ils font ?

Le point de départ de ce film vient de la rencontre avec le père Paolo Dall’Oglio…

Cela a vraiment été le début de l’intérêt pour cette question de l’engagement religieux et du dialogue interreligieux. Le père Paolo était engagé en Syrie dans ce dialogue. C’est à travers lui que m’est venue l’idée d’aborder ce sujet. Je le voyais aller à la rencontre des responsables religieux en Syrie. Pour lui cette démarche était évidente. Il fallait dialoguer pour permettre le vivre ensemble, cela quel que soit le positionnement politique, idéologique ou de foi. Malheureusement il a été tué en Syrie. J’ai donc momentanément abandonné ce sujet jusqu’à ce que je découvre « les trois saints de Bangui ».

Il y a un intérêt persistant dans le temps pour les religieux. Qu’est-ce qui vous inspire autant chez eux ?

Dans ma vision, a priori, de ces deux responsables religieux, il y a forcément antagonisme. Alors qu’en réalité, ils ont réussi à mettre en évidence ce qui les relie dans les valeurs humaines et ont décidé de se mettre ensemble pour aller de l’avant. J’y vois un parallèle avec d’autres formes de dialogue dans nos sociétés.

En quoi le combat de ces deux hommes peut-il toucher les Occidentaux dont les préoccupations se situent bien loin de la Centrafrique ?

Le conflit centrafricain représente une parabole exacerbée des problématiques du monde : la mise à l’écart des périphéries, le rapport nord-sud, l’exploitation des ressources du sud par le nord, l’infantilisation des pays pauvres, la division permanente pour mieux régner.

La visite du pape François à Bangui en 2015 a-t-elle eu une influence sur le conflit centrafricain ?

La visite a eu un impact énorme. C’était déjà une visite assez culottée en terme de sécurité. La France et les Etats-Unis, fortement représentés en Centrafrique, avaient déconseillé au Pape de venir, car ils ne pouvaient assurer sa sécurité. Il est tout de même venu. C’est un engagement fort de sa part dont l’incidence a été que pendant sept ou huit mois les armes se sont tues. Cette accalmie a permis de mettre sur pied une présidence intérimaire et de préparer l’élection d’un nouveau président.

Biographie express

Manuel von Stürler, né le 29 avril 1968 à Lausanne, est un réalisateur franco-suisse. Il a notamment été primé par l’Académie européenne du cinéma pour son documentaire Hiver nomade (2012).

Une projection exclusive dans votre salon !

Le film Siriri, le cardinal et l’imam relate le combat commun du cardinal Dieudonné Nzapalainga et l’imam Kobine Layama pour la paix en Centrafrique. Vous pouvez découvrir cette histoire « trop extraordinaire pour ne pas être racontée » à l’occasion d’une projection spéciale en e-cinéma pour les lecteurs de L’Essentiel.

Le lundi 10 janvier à 20h15

Pour regarder le film avec un rabais de 50 % sur le prix normal de la séance (Fr. 11.–).

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« Cherchons ensemble »

Dans cette rubrique, L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg, à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix. Ce mois, c’est Pierre-Yves Maillard qui prend la plume.

PAR PIERRE-YVES MAILLARD, VICAIRE GÉNÉRAL DU DIOCÈSE DE SION 
PHOTO : CATH.CH

On raconte que c’était la réponse du Père Caffarel lorsqu’on lui demandait conseil. Quand des couples lui partageaient leur besoin d’accompagnement spirituel ou quand des veuves lui faisaient part de leur souhait de se réunir pour prier. « Cherchons ensemble », disait-il et c’est ainsi que sont nées les Equipes Notre-Dame ou les fraternités Notre-Dame de la Résurrection.

En vue du Synode des évêques qui se tiendra à Rome en automne 2023, le pape François vient de lancer une vaste consultation mondiale sur le thème de la synodalité. « Un synode, entend-on parfois, on ne sait pas trop ce que c’est. Quand il s’agit d’un synode sur la famille, on voit de quoi on va parler ; mais un synode sur la synodalité, c’est un peu comme un redoublement de l’abstraction : à quoi cela peut-il mener ? »

En grec, la synodalité évoque le fait de « marcher ensemble ». Comme il l’annonçait dès le début de son pontificat, le pape François souhaite une Eglise « en marche » et « à l’écoute ». Il vient de le rappeler dans son discours au diocèse de Rome : l’itinéraire du synode est conçu comme « un dynamisme d’écoute mutuelle, mené à tous les niveaux de l’Eglise, impliquant tout le peuple de Dieu ». Mais il ne s’agit pas d’une simple enquête d’opinion ou d’un sondage. Avant tout, il faut se mettre ensemble « à l’écoute de l’Esprit Saint… il s’agit d’entendre la voix de Dieu ».

La démarche du Synode se fonde sur la conviction que les projets pastoraux les plus féconds n’émanent pas de la volonté d’un seul, mais d’une communauté attentive à l’accueil toujours surprenant de l’initiative de Dieu. En Eglise, l’alliance précède le projet. C’est ainsi que le Père Caffarel a « cherché ensemble » avec les couples et discerné avec eux l’intuition des END. C’est ainsi qu’on en trouve aussi de nombreux exemples en Suisse romande.

Pour que la phase de consultation diocésaine soit fructueuse, il nous est surtout demandé maintenant une disposition spirituelle, une attitude d’écoute et d’accueil renouvelé de ce que Dieu veut pour nous, pour nos paroisses et nos diocèses. Si chacun cultive sincèrement cette docilité à l’Esprit, le Synode, j’en suis persuadé, portera du fruit.

Force créatrice

PAR SŒUR FRANZISCA
PHOTO : PXHERE

De manière différente de l’espoir, soumis à une notion de temps ou à un objet, l’espérance a d’autres couleurs.

Elle se vit au présent. Non, elle ne donne pas de solutions ni d’explications mais elle a une puissance transformatrice qui renverse les résistances des espoirs humains et égoïstes. Dans un monde cassé où la violence semble omniprésente, l’espérance devient force créatrice. Elle ouvre un passage, fait naître une vision plus large et un dynamisme au service du bien.

Oser espérer !

Oser espérer en une Eglise qui vacille, submergée par tant de scandales…
Oser espérer contre le mensonge et le consumérisme inutile.
Oser espérer avant tout en Celui qui nous appelle à la Vie même si nous ne voyons pas son visage !
Quand tous nos espoirs s’écroulent et que nos piètres résultats nous désolent, vivons l’espérance en l’Esprit de Dieu qui est présent partout, qui fait germer, pousser et naître l’inespéré, l’impossible.
« L’espérance ne déçoit pas… » (Rm 5, 5).

L’espérance : comme une ancre (Hébreux 6, 19)

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT
PHOTO : PXHERE

Pour nourrir l’espérance, l’Ecriture nous fournit des métaphores évocatrices. Le beau symbole christologique de l’ancre provient de la proposition de la lettre aux Hébreux (6, 13-19). Notre père dans la foi, Abraham, qui répondit à l’appel du Seigneur par sa persévérance et sa patience, vit la promesse divine d’une descendance aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel se réaliser. Dieu avait juré par lui-même et il a accompli sa parole.

Dans la fidélité à son dessein, le Seigneur, qui jamais ne ment ni ne se parjure, nous encourage en menant son projet à terme en son Fils. Il nous invite à « saisir fortement l’espérance qui nous est offerte. En elle, nous avons comme une ancre de notre âme, sûre autant que solide et pénétrant par-delà le voile, là où est entré pour nous, en précurseur, Jésus, devenu pour l’éternité grand Prêtre selon l’ordre de Melchisédech. » (6, 18b-20)

De même que Melchisédech, prêtre hors lignée sacerdotale juive, avait présenté le pain et le vin et prononcé la bénédiction pour Abraham (cf. Genèse 14, 17-20). De même, le Christ, inscrit dans sa succession, a traversé par sa mort et sa résurrection le voile du saint des saints au cœur du sanctuaire définitif. En Lui, le bateau de l’Eglise a pu jeter l’ancre sur le rivage d’éternité. Chacun d’entre nous hérite ainsi d’une espérance stable et fiable en laquelle il peut mettre toute sa confiance.

La traversée de l’existence, malgré les tempêtes et les turbulences, ne débouchera pas sur le néant. En Jésus, nous pourrons ressusciter corps et âme et entrer dans la Terre promise où pousse l’arbre de la vie qui jamais ne se flétrit, dont les feuilles servent de remède et qui fructifie douze fois l’an. Nous y dégusterons les fruits de vie et y prendrons part au festin des peuples rassemblés autour du Sauveur universel. Le Seigneur sera tout en tous, en ces cieux nouveaux et cette nouvelle Terre. La Jérusalem céleste sera ouverte à la foule innombrable des nations. Quelle somptueuse perspective !

L’espérance face aux crises

Où puiser des raisons d’espérer encore, envers et contre tout ? L’ensemble du dynamisme évangélique s’inscrit dans cette perspective de « résilience spirituelle ». Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui l’aiment, affirme Paul (Romains 8, 28). Le mystère pascal de mort et de résurrection du Christ a des retombées sur les crises que nous traversons. Soyons dans la joie et l’espérance, avec le pape François : le meilleur est à venir.

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT
PHOTOS : PXHERE, PIXABAY, DR

Un moment décisif

Le terme « crise », du grec krinô juger, veut dire « moment décisif où prendre des options fondamentales ». Dans les diverses crises que nous expérimentons, sanitaire, écologique, économique, affective, ecclésiale, le paradoxe du mystère pascal se manifeste en une trajectoire qui se rapproche de la dynamique de la résilience. En effet, c’est au moment où nous sommes contraints d’abandonner une réalité qui nous est chère (liberté de mouvement, santé, biens, profession, activité sportive ou musicale, amitié ou amour, fonctionnement pastoral) que nous découvrons au plus profond de nous-mêmes cette énergie de l’Esprit Saint qui nous permet de surmonter l’épreuve, de voir les éléments sous un jour nouveau, de dévoiler les dimensions les plus essentielles de notre être, auparavant cachées mais que notre vulnérabilité assumée nous donne de manifester.

L’én-ergie de l’Esprit

L’action « théologale » de l’Esprit active en nous les puissances de notre cœur profond, telles les capacités de rebondir et de vivre, plutôt que de simplement « sur-vivre ». Elle les travaille de l’intérieur, leur donnant de se tourner vers la Transcendance.

Pour cela, il convient de nous exposer à l’Esprit dans la prière silencieuse, dans l’adoration et la lecture de la Parole. Peut-être que la privation des eucharisties paroissiales, en période de pandémie, nous a conduits à développer de nouvelles formes de liturgies familiales et domestiques ou à prendre davantage de temps pour la méditation en présence du Seigneur. Continuons donc de les pratiquer !

Le don de nous-mêmes

Modifier son emploi, perdre un proche, renoncer à son couple, est certes rude. Néanmois cela peut constituer étonnamment la possibilité de trouver un élan revi­goré dans une occupation nouvelle, avec d’autres connaissances ou par la recomposition d’une famille. Cela implique cependant de nous donner totalement dans cette situation inédite. C’est paradoxalement en allant jusqu’à l’offrande de lui-même sur la croix que le Fils de Dieu est entré dans la vie en plénitude. En livrant son existence par amour, il met à mort la mort et libère toute vie en abondance. C’est la « résilience » par excellence et celle-ci s’ouvre à la Résurrection, c’est-à-dire à la vie qui ne finit pas, sur les rives du Paradis. Comme le grain de blé mis en terre, « il faut mourir pour vivre » (cf. Jean 12, 26) !

La contemplation du Christ, en prenant notre croix et en plaçant nos pas dans les siens, débouche sur un surcroît d’espérance, dès maintenant : par notre baptême, nous sommes déjà ressuscités et nous pouvons mener une vie nouvelle (cf. Romains 6, 4). C’est de cette « vie vivante » que l’Eglise est porteuse et qu’elle est toujours davantage appelée à transmettre. Sinon elle ne « sert » plus à rien.

Un retournement

Prière en famille, oraison, lecture de l’Ecriture, sacrements, suite du Christ, vie en Eglise : il est souhaitable de puiser au trésor de notre tradition, afin de trouver des ressources insoupçonnées pour notre conversion. Car il convient de laisser tomber la carapace de ce qui est limité, terrestre et fini en nous, afin de parvenir à nous ouvrir à ce qui est illimité, incorruptible et infini en notre être intérieur. Théologiquement, l’apôtre des nations parle de passage du « psychique » au « surnaturel » (1 Corinthiens 15, 44). Spirituellement, c’est la transition de l’éphémère au définitif. Existentiellement, c’est l’abandon de notre pesanteur charnelle, avec ses étroitesses, afin de révéler notre être renouvelé, capable de bienveillance et de compassion.

A cet égard, la fraternité sociale, dont parle vigoureusement l’encyclique Fratelli tutti, au niveau local, avec nos voisins du quartier, du village ou les membres des groupes dont nous faisons partie, comme sur le plan global avec les frères et sœurs en humanité, s’avère indispensable. Pour établir une « ligne de cœur » ecclésiale et spirituelle à l’écoute les uns des autres, dans la quête de sens et de bien commun qui nous préoccupe tous.

Avec la création

Notre planète elle-même, que nous violentons par nos excès, « gémit dans les douleurs de l’enfantement. Elle attend la révélation des fils de Dieu » (Romains 8, 19-22). Nous sommes solidaires avec elle. C’est comme si l’Ecriture nous criait : soignez la création que le Seigneur vous a confiée, tout n’est pas perdu, ce sont des cieux nouveaux et une nouvelle terre qui vous sont promis (Apocalypse 21, 1) ! L’histoire humaine a un sens, une direction. La Parole les révèle (apokalyptô, dévoilement) !

A la base de tout mouvement pascal d’espérance, se situe l’acceptation de notre fragilité. C’est ce qu’exprime la parole puissante du lutteur Paul : « C’est quand je suis faible que je suis fort » (2 Corinthiens 12, 10). C’est quand j’acquiesce à ma vulnérabilité et ma détresse que je laisse agir le Christ en moi. C’est l’« Evangile de la fragilité » : prendre conscience que seul, je ne puis rien, m’amène à ne plus tabler que sur la grâce. Alors l’Esprit me remet debout et me re-suscite.

Au bout de la nuit, de l’hiver, du trépas, il n’y a pas les ténèbres, le froid, le néant, mais la lumière, le printemps, la vie. C’est la loi de la nature, de la résilience et du mystère pascal *.

* Voir mon livre Le mystère pascal. Aller au cœur de la foi, Cabédita, 2019.

Energie : un terme chrétien

« Au cœur de ce monde, le souffle de l’Esprit met à l’œuvre aujourd’hui des énergies nouvelles », chante le cantique de Jacques Berthier.
Le mot « énergie », mis à toutes les sauces « New Age » ou orientales, est en réalité un grand terme de la tradition chrétienne, déjà depuis les Pères de l’Eglise. Il signifie en grec (en-ergon), le travail à l’intérieur de nous-mêmes, l’activité de la grâce, capable de nous transformer et de déployer à la fine pointe de notre âme nos potentialités les plus propres. Employons-le donc !

Le Seigneur est lumière

A tour de rôle, des jeunes de divers cantons romands profiteront de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. La jeune Vaudoise Audrey Boussat ouvre les feux.

PAR AUDREY BOUSSAT
PHOTOS : DARREN IRWIN, AUDREY BOUSSAT

Je m’appelle Audrey Boussat et ai 23 ans. J’ai grandi et vis encore sur les rives du lac Léman, au cœur de l’Unité pastorale (UP) de Nyon-Terre Sainte. Cela fait d’ailleurs quelques années que je suis rédactrice responsable pour L’Essentiel de mon UP et c’est une grande joie pour moi que de rédiger quelques lignes dans ce cahier romand.

Me concernant, l’année 2021 a été particulière : non seulement pour les raisons que nous connaissons tous, mais aussi parce que j’ai fini mes études de droit au mois de février. Incertaine de la manière dont j’allais mettre en œuvre ces connaissances nouvellement acquises, je me suis tournée vers Dieu et L’ai prié de me guider pour que je trouve un poste où je pourrais me mettre à son service et à celui des autres. Bilan : quelques mois plus tard, ma prière a été entendue.

Période de transition

Cette période de transition, comme on en rencontre à chaque étape de nos existences, m’a permis d’en apprendre davantage sur moi-même et de fortifier ma relation avec le Seigneur. J’ai pris conscience qu’en me cantonnant à mes propres perceptions, je passais à côté de l’essentiel. Je risquais de devenir insensible à la lumière de Dieu, trop enfoncée dans mes sombres incertitudes.

En fait, il suffit de laisser ses yeux s’habituer à l’obscurité pour prendre conscience des multiples bénédictions qui éclairent nos chemins. Qu’elles clignotent timidement ou nous éblouissent de bonheur, ces bénédictions sont tout autant de cadeaux de Dieu. Un soleil qui brille dès notre réveil, une discussion agréable avec un proche ou encore un repas savoureux sont tout autant de raisons de se réjouir. Chaque journée qui passe est une occasion nouvelle de vivre pleinement et d’être reconnaissant envers le Seigneur.

Cadeau de chaque instant

En me rapprochant de Dieu, j’ai également pris conscience que nous ne voyons pas tout ! Nos yeux perçoivent uniquement ce qui est, et non pas ce qui sera. Nous vivons au présent, ce cadeau de chaque instant ; mais le Seigneur, Lui, sait où nous allons. Rien ne sert de s’inquiéter, Il est avec nous à chaque étape de nos vies. Il éclaire notre chemin et réchauffe nos cœurs, même là où nous nous croyons dans le noir.

Il est notre phare et Il illuminera toujours nos existences de sa grâce. Consolidons notre foi et continuons d’avancer avec ce flambeau de certitude qui saura éclairer nos vies et celles de nos proches. Laissons-nous éblouir par la grandeur de Dieu !

Les dominicains

De nombreuses communautés composées de religieux ou de laïcs sont présentes en Suisse romande, comme autant de témoins de la vitalité et de la diversité de l’Eglise. Chaque mois, L’Essentiel dresse le « pedigree » de l’une d’entre elles, en mettant en évidence son charisme et en donnant la parole à l’un de ses membres.

PAR PASCAL ORTELLI
PHOTO : DR

Pour ouvrir cette nouvelle année, zoom sur les dominicains dont l’un de leurs illustres représentants, le théologien saint Thomas d’Aquin (1226-1274) est fêté le 28 janvier.

Nom officiel : Frères Prêcheurs.

Fondateur : Dominique de Caleruega (~ 1170-1221).

Date de fondation : autour de 1217.

Sigle : O.P. pour Ordo Pradicatorum.

Habit : tunique et scapulaire blancs accompagnés d’un capuce et occasionnellement d’une chape noire.

Organisation : ordre mendiant (comme les franciscains) formant une grande famille internationale composée de religieux-prêtres, de moniales contemplatives, de sœurs apostoliques et de laïcs.

Mission : annonce de l’Evangile au moyen d’une prédication nourrie par l’Eucharistie et la liturgie des Heures, l’étude contemplative et le rosaire et soutenue par une vie communautaire non cloîtrée guidée par la Règle de saint Augustin et des constitutions propres.

Présence en Suisse : Fribourg, via la communauté de Saint-Hyacinthe, couvent de formation de la province suisse et celle de l’Albertinum, couvent international placé directement sous la juridiction du maître de l’ordre à Rome, qui accueille les frères enseignants et doctorants de la faculté de théologie.
Zurich, via la mission catholique de langue française.
Genève, via la paroisse Saint-Paul en lien avec la délégation de l’ordre à l’ONU.

Particularité : mode de gouvernement très démocratique en Eglise.

Pour aller plus loin : Saint Dominique, neuf jours pour le découvrir (Ed. Saint-Augustin, 2021), le livre de frère Alexandre.

« Etre dominicain c’est… »

Frère Alexandre Frezzato, Fribourg

« Pour moi, frère prêcheur, c’est louer, bénir et prêcher le salut de Dieu offert en son Fils Jésus-Christ. Louer Dieu par la prière communautaire des offices quotidiens en communion avec l’Eglise dans le monde entier. Bénir notre Seigneur par la célébration des sacrements et l’étude théologique de la Vérité dans la Révélation de sa Parole et de la Tradition. Enfin, prêcher la justice et la miséricorde de Dieu à la suite des apôtres pour préparer les chemins du Seigneur en vue du salut des âmes. »

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