Les femmes de la Bible

La Bible est un ensemble de textes racontant l’action de Dieu dans l’histoire de son peuple et dans l’Eglise. Nous y rencontrons la destinée de très nombreuses personnes – des hommes célèbres mais aussi des femmes connues ou moins connues.

PAR EMMANUELLE BESSI | PHOTOS : LDD

Esther
Esther Image tirée de: Esther (Bible) – Wikipédia (wikipedia.org)

Parmi les femmes les plus connues de l’Ancien Testament, il y a bien entendu Eve – première femme mentionnée dans la Bible (Gn 2-4). Nous trouvons aussi les femmes légitimes des patriarches : Sarah, la femme d’Abraham (Gn 12-23), Rebecca, la femme d’Isaac (Gn 24-27), ainsi que Léa et Rachel, les femmes de Jacob (Gn 28-36). D’autres épouses moins connues sont citées, comme Asnath, la femme de Joseph (Gn 41,45) ou encore Cippora, la femme de Moïse (Ex 2, 21). En dehors des « épouses de », on trouve des femmes intéressantes comme Rahab, prostituée de Jéricho qui protège les espions des Hébreux et facilite la prise de la ville et du pays par Josué et ses combattants (Josué 2), ainsi que Déborah, prophétesse et juge d’Israël qui mène les armées à la guerre et vainc l’ennemi (Jg 4-5).

La rencontre de Marie de Magdala et de Jésus au tombeau
La rencontre de Marie de Magdala et de Jésus au tombeau. Image tirée de: Marie de Magdala – Wikipédia (wikipedia.org)

Trois livres bibliques portent d’ailleurs des noms féminins. Il y a le livre de Ruth où Ruth (jeune veuve de Moab et sa belle-mère Noémie rentrent à Bethléem) devient l’épouse de Booz. Dans le livre de Judith, Judith (jeune et belle veuve de Béthulie) arrive à éviter une invasion en séduisant le Général Holopherne assiégeant sa ville ; elle profite de l’ivresse de ce dernier pour le décapiter et libérer ainsi la Judée des Babyloniens. Quant au livre d’Esther, Esther (jeune juive exilée avec le peuple juif à Babylone et qui devient la favorite du roi Assuérus) parvient à faire annuler le décret d’extermination des juifs. D’autres femmes sont encore mentionnées dans l’Ancien Testament comme : Anne la mère de Samuel (1 S 1-2), ou Sara la maudite, qui perd tous ses maris lors de ses nuits de noces (Tobie 3 et 7-8).

Dans le Nouveau Testament, les femmes sont aussi très nombreuses. La figure la plus connue est, bien entendu, Marie la mère du Christ, présente dans les quatre Evangiles et au début des Actes des Apôtres. La seconde femme dont il est question dans les Evangiles est Elisabeth (Lc 1, 39-80), puis on trouve Anne, qui prophétise sur l’enfant Jésus venant d’être présenté au Temple (Lc 2, 36-38). Nous y rencontrons aussi Marthe et Marie, les sœurs de Lazare (Lc 10, 38-42 / Jn 11, 1-44), Marie de Magdala – la femme la plus citée du Nouveau Testament, qui resta auprès de Jésus durant son ministère public, à la croix (Mc 15, 40-47) et lors de sa résurrection (Jn 20, 11-18).

On trouve encore des femmes dont le nom n’est pas connu, comme la Samaritaine (Jn 4, 4-29), la fille de Jaïre que Jésus ramène à la vie (Lc 8, 40-56), la femme adultère (Jn 8, 1-11), la pécheresse qui verse un parfum précieux sur les pieds de Jésus (Lc 7, 36-50).

Femmes de la Bible, les Cahiers de l’ABC-9, Edition Saint-Augustin, 2021, 387 p.

N’oublions pas les femmes présentes dans le reste du Nouveau Testament comme Tabitha, que Pierre ressuscita (Ac 9, 36-43), Marie mère de Jean surnommé Marc, qui mit sa maison à disposition de l’Eglise (Ac 12, 12), Priscille, épouse d’Aquila qui a soutenu Paul, (Ac 18) ou Evodie et Syntché, deux femmes ayant eu une querelle dans l’Eglise de Philippe (Ph 4, 2-3).

La liste n’est assurément pas exhaustive, mais si vous voulez en savoir davantage sur quelques grandes figures féminines de la Bible, je vous suggère la lecture de l’ouvrage ci-dessous :

Covid: une «expérience» mondiale pour quel avenir?

Le Covid et sa cohorte de restrictions me sont apparus comme une expérimentation mondiale d’étude des comportements face à une menace. Cela peut conduire à plus de soumission à une autorité sous le contrôle «scientifique» d’experts ou, au contraire, réorienter notre avenir vers plus d’humanité. Jusqu’où tiendra notre monde?

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Les visages féminins de la Bible

Dieu au féminin. Les figures féminines de la Bible. Quelle femme des récits bibliques vous a marqués? Etonnés?Voilà la question posée à plusieurs personnes. La variété de leurs réponses nous invite à nous replonger dans ce livre saint pour redécouvrir ces femmes du peuple de Dieu.

PHOTOS : MARIE-PAULE DÉNÉRÉAZ, DISTANT SHORES MEDIA/SWEET PUBLISHING,
CC BY-SA 3.0 VIA WIKIMEDIA COMMONS, EVANGILE-ET-PEINTURE.ORG,
PEINTURE DE BERNA, DISTANT SHORES MEDIA / SWEET PUBLISHING,
CC BY-SA 3.0 VIA WIKIMEDIA COMMONS

Illustration biblique du Livre d’Esther

Par Méloée, 10 ans

Parmi les femmes de la Bible, c’est à Marie que je pense tout de suite, mais il y en a beaucoup d’autres que j’admire, comme Esther qui est vraiment un modèle. Elle est très croyante et très sage et même si elle se marie à un roi perse, elle n’oublie pas le cousin qui l’a élevée, ni ses origines juives. Elle est rusée et intelligente et sauvera les Juifs du complot d’Haman qui voulait les exterminer. Elle est très discrète mais aussi très courageuse, comme beaucoup de femmes de la Bible. En fait, on en parle moins que des hommes mais elles ont énormément de qualités et surtout, j’ai l’impression qu’elles font confiance à Dieu alors que les hommes doutent beaucoup et veulent toujours des preuves.

Par Marlyse, env. 60 ans

Marie-Madeleine est chère à mes yeux car elle est la témoin de la Passion du Christ, elle était présente au pied de la Croix. Elle est témoin aussi de sa Résurrection, elle était au tombeau avec l’autre Marie, lorsque l’ange prit la parole et dit aux femmes : « Ne craignez point, vous : je sais bien que vous cherchez Jésus, le Crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité… toutes émues et pleines de joie, elles coururent porter la nouvelle à ses disciples. » (Mt 28, 5-8) Jésus, en lui accordant le privilège de la vision, lui a donné une connaissance parfaite du kérygme 1 et permis ainsi non seulement d’entrer elle-même dans le mystère mais d’y inviter les autres.

Kérygme: mot issu du grec ancien qui signifie proclamation, message. Pour les chrétiens, c’est le contenu essentiel de la foi en Jésus-Christ annoncée et transmise aux non-croyants par les premiers chrétiens.

Par Hélène, 40 ans

Marie-Madeleine a souvent été réduite à une femme pécheresse repentie, mais elle est bien plus que cela. Jésus ne stoppe pas son désir brûlant d’amour infini, mais il le réoriente. Elle est pure ouverture à Dieu. Elle est là au milieu des disciples, elle est là au pied de la Croix, elle est là comme premier témoin de la résurrection. Quel privilège pour elle, à qui Jésus demande d’être missionnaire : « Va trouver mes frères. » (Jean 20, 17) Le Seigneur, loin d’avoir peur d’elle, est proche d’elle par le cœur, et il la révèle comme une femme de lumière, de foi, de fidélité aimante. Il fait d’elle l’apôtre des apôtres, « sentinelle de l’invisible » (saint Jean-Paul II). Elle incarne pour moi une femme inspirée, initiatrice, qui brûlait d’un tel feu que rien ne l’apaisait ; sauf la source de l’Amour.

Marie-Madeleine au pied de la croix, église de Chamoson.
Illustration biblique du Livre de Ruth.

Par Régis, 57 ans

«Tu entends, n’est-ce pas ma fille? Ne va pas glaner dans un autre champ, ne t’éloigne pas d’ici, mais attache-toi à mes servantes.»

Ce passage est tiré du livre de Ruth, chapitre 2, v. 8-9. Voici une femme qui vit hors d’Israël, comme moi d’ailleurs, et qui va se déplacer sur Israël.

Ne suis-je pas moi aussi loin des chemins de Dieu? Dois-je être si loin, pour que Dieu me visite? Fais-je souvent un acte qui plaît à Dieu, et encore, lequel! Combien de fois vais-je vers Dieu chercher des réponses! De quelle humilité suis-je fait? D’un instant ou de 40 ans? Suis-je fidèle à Dieu, ou bien est-ce que je reste attiré par le monde? Ce monde dont Jésus dira: «Je ne suis pas de ce monde.»

Par Greg, 47 ans

Parler d’une figure féminine de la Bible ? Deux me viennent spontanément à l’esprit : Elisabeth et Marie. L’image d’une famille solidaire et aimante. Apprenant la grossesse et pensant au besoin d’aide de sa cousine Elisabeth, Marie s’élance sur les chemins de Palestine pour la rejoindre, l’aider et la soutenir. Elisabeth devient la confidente du secret de Marie, beau témoignage de confiance entre les deux femmes. J’aime l’image de ces deux cousines qui, au-delà de leur différence d’âge, partagent la joie de leur grossesse et se réjouissent ensemble de ce beau projet de Dieu pour elles.

Marie rend visite à Elisabeth

Le dynamisme de Crossfire

A tour de rôle, des jeunes de divers cantons romands profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. Au tour du Fribourgeois Matteo Antunno de prendre la plume.

PAR MATTEO ANTUNNO | PHOTO : DR

Je m’appelle Matteo Autunno et j’ai 21 ans. J’étudie les mathématiques à l’EPFL et j’habite à Grolley, dans le canton de Fribourg. J’ai été servant de messe et sacristain dans la paroisse de mon village et désormais je suis animateur pour le parcours de confirmation dans l’unité pastorale Sainte-Trinité. Aujourd’hui, je souhaite vous parler d’un projet qui me tient tout particulièrement à cœur : le festival Crossfire de Belfaux.

Il s’agit d’un mini-festival lancé par des jeunes confirmés de l’unité pastorale Sainte-Trinité qui a eu lieu pour la première fois en juin 2018. Une deuxième édition était initialement prévue en 2020, mais elle a été reportée deux fois à cause du Covid ; elle aura finalement lieu le samedi 11 juin 2022. Je fais partie du comité d’organisation depuis 2019 et je suis aujourd’hui le coordinateur adjoint de cet évènement. A quelques mois de cette nouvelle édition, une tournée de messes Crossfire a débuté dans différentes unités pastorales du canton de Fribourg, l’occasion de donner un léger avant-goût du festival.

Ces messes Crossfire sont des rencontres vécues dans l’esprit du festival : une messe dynamique et animée musicalement, des moments de convivialité à la sortie de l’église, voire une partie dansante avec le DJ du festival pour une soirée festive. Rejoignez-nous à ces différentes messes pour découvrir une partie de l’ambiance du festival !

Bien entendu, le principal est le festival Crossfire lui-même. Un festival ouvert à toutes et tous, organisé par les jeunes et pour les jeunes. L’esprit festif et convivial régnera durant toute la journée, dès l’après-midi et jusqu’à tard dans la nuit. Une journée qui fera écho avec ce qui est vécu en partie lors des messes Crossfire. Diverses animations ludiques, un témoignage et la messe célébrée par Mgr Alain de Raemy, l’évêque des jeunes, marqueront la première partie du festival. Ensuite, il y aura la possibilité de se restaurer à des food-trucks, puis des animations par des artistes locaux tant en danse qu’en chant et en musique. Enfin, en soirée, il y aura le concert du groupe français de pop-louange Hopen, suivi par DJ The Docteur. Un programme idéal pour se rassembler autour des valeurs humaines et spirituelles, pour vivre la joie chrétienne !

Il ne me reste plus qu’à vous dire : rendez-vous à Belfaux le samedi 11 juin prochain !

La compétitivité : un broyeur pour la jeunesse actuelle ?

Dès l’école primaire, les enfants comprennent qu’être performant n’est pas facultatif. Il semble qu’exiger des enfants et des jeunes le meilleur d’eux-mêmes soit insuffisant! A l’image de notre société et du monde économique et professionnel actuels dont les milieux éducatifs sont l’antichambre, la formation serait-elle devenue un lieu de torture? Et au service de qui, de quoi? Les souffrances semblent être énormes autant que méconnues. Certains étudiants décident parfois de mettre fin à leurs études et à changer complètement de voie.

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Lorsque Dieu parle au féminin

PAR DANIÈLE CRETTON-FAVAL | PHOTO : DR

Lorsque Dieu parle au féminin, c’est le retour à l’émerveillement de cette relation géniale, cette force oubliée, qui est en chaque femme. Oui, la femme est la préférée de Dieu, c’est là qu’il se dévoile le mieux. Il l’a nommée «femme» et appelée toutes les fois que Sa Création en avait un urgent besoin, au risque d’être anéantie.

Une vraie rencontre avec Dieu permet de creuser en nous des possibilités dans la complémentarité. N’est-elle pas la « femme » celle qui donne vie, celle en qui Dieu a confié le devenir de sa Création, sa co-créatrice.

Première rencontre : Eve, à qui il a confié un rôle magistral de mère de tous les humains. C’est énorme comme responsabilité. Et tout au long de la vie, déjà dans l’Ancien Testament où Dieu fait appel à la « femme » lorsque son peuple en a besoin. Pensons, ici, à Sarah, qui malgré son grand âge, donne naissance à Isaac étayant la descendance d’Abraham. Voyons, ici, la mère de Moïse, qui, en sauvant son fils Moïse de la mort, sauve le peuple hébreu voué à l’extermination.

Et n’oublions pas Esther et Judith et tant d’autres survenues, là où il fallait pour éloigner la catastrophe, la destruction de son peuple juif, lorsque tout était perdu. Et tout au long de l’histoire biblique, que ce soit dans l’A.T. et le N.T., on comprend la valeur de la rencontre de la « femme » envoyée par Dieu pour assainir une situation désespérée, en insufflant à sa co-créatrice des chemins inattendus, audacieux et salvateurs.

D’ailleurs, les Evangiles nous exposent la relation respectueuse qu’avait Jésus avec les femmes. Il les considérait comme des partenaires d’égal à égal, capables de croire et de suivre sa Parole et d’exécuter avec amour leur mission. Chaque fois que Dieu entend la misère et les cris angoissés de son peuple, il confie le sauvetage à la « femme ».

Dans les Evangiles, nous pouvons suivre pas à pas des femmes aux moments clés de la vie de Jésus, et faire des découvertes qui nous permettent de creuser en nous des possibilités oubliées. Regardons Marie, la première en chemin, la mère du Fils de Dieu, Jésus, qui par son oui, a été à ses côtés tous les jours, et plus tard, avec Marie-Madeleine, fidèles et confiantes au pied de la croix. Elles ont cru subito à sa Résurrection, tandis que les apôtres étaient anéantis devant l’ampleur de la Croix.

Poursuivons avec la Samaritaine, on comprend la valeur de cette rencontre, qui créa des chemins d’évangélisation chez les siens. Avec la Cananéenne, nous apprenons qu’il faut persévérer dans la prière, et ne pas avoir peur de casser les oreilles du Seigneur pour lui confier ceux que l’on aime. Et avec le message de la pauvre veuve qui glisse dans le tronc, ses deux sous. Pour Jésus, le cœur de cette femme est plus précieux que tout.

Avec Marthe et Marie de Béthanie, les amies de Jésus, qui l’ont accompagné dans sa marche vers sa passion à venir.

Dans la Bible, il y a un nombre impressionnant de femmes qui ont œuvré pour Dieu. Il faudrait des pages pour développer ces chemins au féminin. Mais le plus surprenant, c’est Marie mère de Jésus, qui est venue des milliers de fois, par ses apparitions, nous annoncer L’INOUï de l’amour de son Fils pour nous son peuple. Oui, la « femme » est bien la préférée de Dieu. Ne n’oublions pas qu’IL créa l’homme et la femme complémentaires pour le bien de l’Univers. Dieu ne serait-il pas le premier féministe ?

Les carmélites

De nombreuses communautés composées de religieux ou de laïcs sont présentes en Suisse romande, comme autant de témoins de la vitalité et de la diversité de l’Eglise. Ce mois-ci, cap sur les carmélites de Develier.

PAR PASCAL ORTELLI | PHOTO : DR

Nom officiel : Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel.

Sigle : O.C.D. pour ordre des Carmes déchaux.

Date de fondation : 1562 pour la réforme de l’ordre menée par sainte Thérèse d’Avila (1515-1582) et saint Jean de la Croix (1542-1591). Pour marquer leur différence avec les carmes de l’antique observance (O. Carm), ils allaient pieds nus dans leurs sandales, d’où leur nom de déchaux.

Origine : Vers la fin du XIIe siècle, en Palestine, des ermites se regroupent sur le Mont Carmel à l’instar du prophète Elie. Au retour des croisades, le carmel se répand en Occident avec une branche féminine attestée dès le XVe siècle.

Devise : « Je suis rempli d’un zèle jaloux pour le Seigneur Sabaot ! Il est vivant le Seigneur devant qui je me tiens. » (selon les mots d’Elie tirés du Premier livre des Rois).

Habit : Une tunique et un scapulaire de couleur marron avec un voile noir.

Mission : Etre prophète de feu à la suite d’Elie, c’est-à-dire mettre Dieu au centre de sa vie en accordant une grande place à l’oraison, prière silencieuse où on lui parle comme à un ami.

Présence en Suisse romande : 
Le carmel de Develier est le plus jeune couvent de Suisse. Après une histoire mouvementée allant de Marseille à Middes (FR), les moniales se sont établies dans le Jura en 1980. 
Il existe une autre communauté de carmélites au Pâquier.

Une particularité : A Develier, un couvent à l’architecture résolument moderne dédié
à Notre-Dame de l’Unité, tout un symbole pour le Jura !

Pour aller plus loin : visitez leur site web mocad.ch

« Un carmel, c’est… »

par une carmélite de Develier

« Un espace de liberté où l’Esprit Saint façonne une communauté de sœurs appelées à s’aimer dans la joie, en grandissant dans l’amitié du Christ, sous le manteau de la Vierge Marie. Filles de l’Eglise, désireuses de voir le Seigneur connu et aimé de tous, leur vie de prière qui se déploie dans une existence des plus ordinaires (travail, solitude, rencontres fraternelles, détente…), rejoint par sa nature même, le cheminement de tous les hommes en quête de vie et de bonheur. »

La difficile gestion des abus en Eglise

PAR JEAN-PASCAL GENOUD | PHOTO : DR

On croyait ce genre d’épreuves réservées aux autres. On a vu récemment l’Eglise de France, ou encore le diocèse de Fribourg, en être profondément ébranlés. Et nous voici tout à coup touchés de près. L’affaire concerne notre Congrégation de chanoines et nos paroisses, impliquant des personnes que nous avons pu connaître et même hautement apprécier. J’ai entendu beaucoup de réactions critiques : « Pourquoi faire remonter ces affaires au grand jour ? N’y a-t-il pas un travail de sape d’une presse qui serait intéressée à ternir l’image de l’Eglise ? »

Je trouve pour ma part beaucoup plus intéressant le point de vue contraire de notre prévôt Jean-Michel Girard, déclarant, non sans une étonnante audace : « Malgré les profondes blessures causées par ces révélations, je suis content que la lumière puisse être faite. » Il fallait oser le dire !

En fait, on n’y comprend rien dans cette affaire si l’on ne prend pas ce virage pris en Eglise, sous l’impulsion du Pape lui-même, qui consiste à partir des victimes de ces cas tragiques d’abus spirituels ou sexuels. C’est en accueillant le long et exigeant travail intérieur, souvent sur plusieurs décennies, d’accès à la parole que notre point de vue peut changer du tout au tout. « La vérité vous rendra libres. » (Jn 8, 32)

A partir de là, reste ouverte la question de savoir comment réagir. Entre un premier temps de refus de ce qui nous paraît impossible ou invraisemblable et un deuxième temps de sidération devant ce qui s’impose comme un mal inconcevable, il nous faut pourtant faire face au réel avec toutes les ressources de la foi et de l’humanité. La foi, avec ce qu’elle nous donne comme certitude de la victoire du Christ sur le mal. L’humanité, avec la conscience humble de notre compréhension partielle de choses qui nous dépassent et avec la confiance qu’à force de paroles vraies, cette épreuve nous purifiera et nous simplifiera. Que toute l’Eglise en sera transformée pour être mieux à l’image de son Sauveur et Seigneur.

Notre P∙M-ère qui es au C.iel…

PAR L’ABBÉ DAVID RODUIT
PHOTO: GETTYIMAGES VINCENZO PINTO

En ce temps où certains veulent combattre le patriarcat jusque dans le langage et l’écriture, convient-il encore d’appeler Dieu notre Père, comme nous l’a enseigné Jésus ? Le christianisme ne se montre-t-il pas affreusement sexiste, machiste?

Il faut affirmer d’emblée que Dieu n’est bien sûr pas sexué… Il n’est ni homme ni femme. Ajoutons également que les mots n’arriveront jamais à contenir entièrement le mystère du Dieu vivant qui déborde ce que nous pouvons penser et dire de Lui.

En s’adressant à son Père, Jésus a repris un des attributs que le peuple de la Première Alliance conférait à son Dieu, même s’il est utilisé chez lui de manière très intime, absolument inhabituelle : « Abba, papa ! » Relevons également que le Christ qui s’est fait notre frère se reçoit quant à son origine d’une mère humaine, la Vierge Marie, ainsi que d’un Père des Cieux.

Mais, dans la Première Alliance, Dieu se révèle aussi comme mère. Ainsi peut-on lire par exemple chez le prophète Isaïe : « La femme oublie-t-elle son nourrisson, oublie-t-elle de montrer sa tendresse à l’enfant de sa chair ? Même si celles-là oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas ! »
(Is 49, 15)

Sans parler du fameux terme « rahamim » qui évoque le sein maternel, l’utérus, et qui est employé en lien avec Dieu, notamment chez le prophète Jérémie : « Ephraïm est-il donc pour moi un fils si cher, …, que mes entrailles s’émeuvent pour lui, que pour lui déborde ma tendresse ? » (Jr 31, 20)

Cet amour de Dieu qui le touche là où il a porté son enfant et qui désire lui redonner vie se retrouve aussi dans le Nouveau Testament, par exemple dans la parabole du fils prodigue où se dévoile la Miséricorde du Père. Rembrandt l’a très bien compris, peignant le visage du Fils appuyé sur le sein du Père, et attribuant à ce dernier une main masculine et une main féminine.

Pas besoin de vous peindre un autre tableau : Dieu est un Père qui nous aime comme une mère !

Les différents visages de l’Amour

Dans cette rubrique, L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg, à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix. Ce mois, c’est Michel Racloz qui prend la plume.

MICHEL RACLOZ, REPRÉSENTANT DE L’ÉVÊQUE, RÉGION DIOCÉSAINE VAUD (LGF) | PHOTO : CATH.CH

Dans notre société, les relations entre les femmes et les hommes sont en redéfinition constante. Des avancées importantes ont été réalisées pour arriver à davantage d’équité et de respect. Mais, des « retours en arrière » très durs sont vécus. Je demeure choqué par le nombre de violence faite aux femmes dans tous les milieux. Pourquoi tant de paroles et de gestes blessants à l’égard des femmes ? Le récit de Caïn et d’Abel s’actualise encore trop. Mais la parole s’est libérée. Des femmes ont dénoncé l’inacceptable : l’atteinte à leur dignité et à leurs droits. La psychologie nous dit aussi qu’il y a une part de féminin et de masculin en nous. Chacun peut avoir peur et / ou croître.

A l’écoute de la Bible, nous découvrons que Dieu est une communion d’Amour, entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Cet Amour, tout ouvert vers l’ensemble de l’humanité et de la création, s’est manifesté de manière unique par la venue et la proximité de Jésus. J’ai envie de dire qu’il s’est dévoilé pleinement masculin et féminin, tout en se révélant Fils de Dieu. En effet, à la lecture de l’Evangile, ne percevons-nous pas des gestes et des paroles de sa part que nous attribuons spontanément à « l’homme » et / ou à la « femme » ? Une caractéristique les fonde : le service de la Vie.

Et si nous entrions davantage dans cette dynamique d’aimer la diversité des visages qui se présentent à nous ? Nous pouvons aimer, de manière différenciée, au sein de nos familles, nos collègues, nos amis, celles et ceux qui souffrent, des « prochains » bien plus éloignés. Des gestes et des paroles tant féminins que masculins font grandir la sororité et la fraternité. Le Ressuscité a pris le risque de ce chemin qui conduit au Bonheur tout en se confrontant au refus et à la mort. C’est un chemin délicat et exigeant qui nous ouvre des horizons inouïs. Oserons-nous poursuivre la marche avec Celui qui est tout Amour ?

Pour moi, Dieu est-il père, mère ou ni l’un ni l’autre ?

 

PAR CHARLES-PASCAL GHIRINGHELLI | PHOTO : LDD

La place des femmes et des hommes fait débat aujourd’hui dans de nombreux domaines, qu’ils soient domestique, professionnel, politique, culturel et forcément ecclésial. Faut-il donc «démasculiniser» un Dieu patriarcal et dominateur, question posée en ce début d’année par plusieurs organes de presse?

Relevons au passage qu’au sein de l’Eglise nous vouvoyons la Vierge Marie (« Je VOUS salue Marie… » et que nous tutoyons Dieu (« Notre père, qui ES aux cieux, que TON nom soit sanctifié… », ceci depuis Vatican II pour la seconde pratique 1. Voilà notamment l’un des signes de profond respect des femmes par l’Eglise.

Mais revenons au débat « femme – homme ». C’est, à mon avis et avant tout, une question posée au sein de notre monde occidental. Beaucoup d’intellectuels, lorsqu’il s’agit d’une préoccupation sur un mode de vie essentiellement en cours sur le quart Nord-Ouest de notre mappemonde, en font souvent un problème censé concerner la planète entière. Est-ce une nouvelle forme d’ethnocentrisme, voire de racisme ? Faut-il déboulonner, bille en tête, la première statue venue, car elle n’est plus en ligne avec nos opinions du moment ?

Il est, en effet, inquiétant de juger les faits historiques à l’aune de la morale, des valeurs peut-être, à la mode. Surtout de vouloir l’imposer à la terre entière. Le faire, n’est-ce pas devenir ainsi de nouveaux iconoclastes 2 qui n’auraient rien à envier aux talibans qui détruisirent les gigantesques Bouddha de Bâmiyân 3. Doit-on maintenant reprocher à Michel-Ange d’avoir reproduit sur les voûtes de la Chapelle Sixtine un Dieu blanc, âgé et barbu ?

Il n’en demeure pas moins que, chez nous, la question est compréhensible et qu’il s’agit certainement de donner aujourd’hui et à chacun, femmes et hommes, les places, rôles, missions, fonctions, professions les plus adéquats et respectueux des uns et des autres et en adéquation avec leurs aspirations naturelles réciproques. Et c’est heureux de voir des sages-hommes dans les maternités, des sapeuses-pompières dans nos casernes, etc. !

De manière plus concrète, Dieu, qui transcende toute détermination limitative, voit-il ombrage qu’une femme ou un homme le considère comme féminin, masculin, ou indéterminé ? Ne pouvons-nous pas penser qu’un Dieu d’Amour n’y voit aucun problème et accepte toute « orientation » de nos prières, aussi maladroites soient-elles ?

Plus fondamentalement, pour nous chrétiens, la Bible est la Parole de Dieu. C’est Lui qui a inspiré ses rédacteurs, prophètes, évangélistes. Ces derniers ont-ils subit un esprit « patriarcal », influencé par leur environnement ? Assurément non, puisque les religions pratiquées, hormis le judaïsme, en Terre Sainte à ces époques, par les Gréco-romains, les Cananéens, etc. étaient polythéistes avec autant de dieux que de déesses !

Dieu s’est-il soudain levé du mauvais pied pour inspirer ces textes en se présentant au travers de pronoms masculins, et encore plus en s’incarnant en Jésus-Christ qui n’était point femme ? Certains auteurs expliquent cela par le fait que Dieu crée « en dehors » de lui comme engendre un homme et non pas « en dedans » de lui comme engendre une femme. Ainsi le théologien réformé Paul Wells précise : La distinction « père » et « mère » à propos de Dieu dans le langage est celle qui existe entre le théisme biblique et le panthéisme. Dans le théisme biblique, le Dieu est transcendant, Créateur, instaure une séparation entre lui-même et le monde ; dans le panthéisme, le monde existe en dieu et dieu existe dans le monde et de conclure appeler Dieu « ma Mère » est une hérésie qui conduit au panthéisme païen 4.

Aussi, n’en déplaise aux zélotes d’un féminisme outrancier, je préfère que nous laissions la liberté aux chrétiens de voir en Dieu qu’ils prient un être masculin, féminin ou indifférencié en toute sincérité, humilité, voire maladresse !

1 Adopté pour cette prière liturgique (l’Ave Maria est une prière
de dévotion) par l’Eglise en janvier 1966, dans le sillage du concile Vatican II, tenu entre 1962 et 1965.

2 Du grec « eikonoklastês » : briseur d’icône, d’image. Qualifie une personne qui est contre les traditions et les habitudes du passé.

3 Haut-relief excavé dans une falaise située en Afghanistan,
(patrimoine mondial de l’UNESCO) détruit en mars 2001

4 Paul Wells, « Dieu : masculin et / ou féminin ? », La Revue réformée
no 217, Aix-en-Provence, mars 2002, pp. 31 et 33

Vitraux de frère Eric de Taizé…

… église Saint-Hyppolite, Grand-Saconnex (Genève)

PAR AMANDINE BEFFA | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

L’église Saint-Hyppolite, au Grand-Saconnex, abrite quatre vitraux réalisés par frère Eric de Saussure. Fils de pasteur, l’artiste est né à Genève en 1925. Il a étudié les Beaux-Arts à Paris et Florence avant d’entrer dans la Communauté de Taizé parmi les huit premiers frères. Il crée alors un atelier de vitraux à l’origine de nombreuses œuvres dans le monde.

Les verrières que l’on peut observer dans la nef de l’église Saint-Hyppolite mettent en couleurs quatre grands personnages de l’Ancien et du Nouveau Testament : saint Jean l’Evangéliste, saint Pierre, le prophète Isaïe et Moïse.

Moïse tient dans ses mains les Tables de la Loi. A ses pieds, se trouvent un agneau et l’inscription : « Que ma loi soit toujours sur vos lèvres. » L’animal peut rappeler que Moïse a été berger avant que Dieu ne se révèle à lui à travers le buisson ardent.

La phrase semble inspirée du début du livre de Josué : « Ce livre de la Loi ne quittera pas tes lèvres ; tu le murmureras jour et nuit, afin que tu veilles à agir selon tout ce qui s’y trouve écrit : alors tu feras prospérer tes entreprises, alors tu réussiras. » (Jos 1, 8) Est-ce un choix étonnant alors que les épisodes concernant Moïse ne manquent guère ? Pas nécessairement. Ce sont les paroles par lesquelles le Seigneur s’adresse à Josué après la mort de Moïse. Le peuple d’Israël est désormais confronté à la délicate tâche de vivre sans celui qui l’a guidé hors du pays d’Egypte.

Mais, ce qui compte réellement, ce ne sont pas les personnes que le Seigneur peut choisir pour effectuer une mission particulière à un moment précis. Ce qui compte réellement, c’est ce que Moïse présente entre ses mains : la Parole. Nous n’avons peut-être pas la chance d’avoir côtoyé de grands prophètes, d’avoir eu une révélation divine dans un buisson ardent ou d’avoir pu rencontrer le Christ en personne. Mais c’est la même Parole qui nous est donnée aujourd’hui. Et cette parole, nous sommes invités à la garder sur nos cœurs et sur nos lèvres.

Luda et Dacha, nées là-bas

Luda et Dacha, c’est le nom qu’elles portaient, quand elles étaient dans leur pays, quand elles étaient des petites filles, Luda en Ukraine et Dacha en Russie. Puis les jours ont passé, elles ont grandi, elles ont voyagé et un jour, la vie les a menées en Valais. Elles ont changé de nom, elles ont perdu leur «petit nom» et pris le nom qui figure sur les papiers officiels: Lyudmyla et Daria. Nous nous sommes retrouvées les trois, en marge de la fête interculturelle de Martigny et ces deux femmes, nées là-bas, ont beaucoup à nous dire…

PROPOS RECUEILLIS PAR FRANÇOISE BESSON | PHOTOS : DR

Lyudmyla

Je m’appelle Lyudmyla Barkova. Je suis née à Lvov en Ukraine et cela fait 20 ans que je vis à Martigny. J’ai deux enfants de 19 et 15 ans. Je me suis bien intégrée : j’ai appris la culture, la langue. En Ukraine, j’ai fait une formation universitaire de professeur de sport et ici j’ai travaillé à l’école primaire, pour les cours de gym et de natation et actuellement je suis maître-nageur à la piscine de Martigny. Je travaille aussi avec Mahamadou (service de l’intégration) pour l’organisation de soirées. C’est important qu’on puisse vraiment vivre ensemble avec les personnes de toutes ces nationalités installées à Martigny. Voilà ma vie…

«Nous sommes tous différents et on peut tellement apprendre avec des personnes d’autres cultures !»

Daria

Je m’appelle Daria. Je suis née à Moscou. J’ai mon diplôme universitaire en finance et crédit, obtenu en Russie. Actuellement, j’habite à Martigny depuis 9 ans. Je travaille à Verbier. Je suis mariée et j’ai deux enfants de trois et six ans. J’adore mon travail car j’ai beaucoup de collègues de nationalités et de langues différentes. J’essaie de rester en contact le plus possible avec mes parents en Russie. Ils sont âgés et depuis cinq ans ils ont la tutelle de mon neveu, 15 ans, et ma nièce, 11 ans, suite au décès de ma sœur. Normalement je vais les voir une à deux fois par an pour les aider et pour garder ce lien. Malheureusement c’est devenu très difficile maintenant.

La guerre à l’heure de la récréation. – (Daria) Ma vie a beaucoup changé depuis le 24 février, je me sens moins en sécurité… La Suisse est un pays neutre, mais je sens maintenant que tout le monde n’est pas tolérant et compréhensif. Ma fille qui a six ans a eu un problème à l’école, deux jours après le début du conflit avec l’Ukraine. A la récréation, un garçon avec qui elle s’entend très bien habituellement lui a dit que tous les Russes sont méchants et que son grand-père est mort à la guerre (donc mon père…). C’était tellement blessant ! Plusieurs enfants qui étaient autour ont dit la même chose : « Tous les Russes sont méchants ! » Quand elle est revenue de l’école, elle est venue vers moi et m’a dit : « Maman, je dois te dire quelque chose » et j’ai eu mal au cœur parce que je savais ce qu’elle allait dire… Avant, je m’étais demandé s’il fallait lui parler de la guerre, mais je n’ai pas pensé qu’à six ans elle serait concernée… A cet âge, elle ne regarde pas les informations et elle n’a pas besoin de savoir tout ce qui se passe autour de nous. Puis les choses se sont arrangées, j’ai téléphoné à la maman de ce garçon, le lendemain ils ont fait la paix. Par la suite, mon mari a écrit à la maîtresse de ma fille. La maîtresse a pu en discuter en classe pour parler aux enfants de cette situation et leur rappeler la tolérance et l’amitié. J’apprécie la compréhension et la tolérance de cette enseignante. C’est vraiment une bonne solution de parler aux enfants, il faudrait que cela se fasse dans toutes les écoles. Il faudrait leur dire que nous ne sommes pas responsables de ce qui se passe dans le monde, nous ne décidons rien, c’est comme ça…

« Au sommet il y a des dirigeants, ils font des erreurs, mais nous, nous sommes des humains, nous avons une âme et c’est ça qui va nous sauver.»

Au travail. – Au travail mes collègues me posent beaucoup de questions, mais moi je ne suis pas politicienne. J’ai mon propre avis mais je n’ai pas de solution, personne ne sait ce qu’il faut faire, je ne peux que donner mon avis. Et je me rends compte que tout est très difficile à comprendre pour ceux qui sont loin des réalités russe et ukrainienne.

Ne pas alimenter le conflit. – (Lyudmyla) On est spécialiste de notre histoire, de notre culture, on peut raconter ce que cela veut dire de vivre chez nous. La vie n’a pas toujours été facile, spécialement en Ukraine pour les femmes seules avec leur enfant ou pour les personnes âgées. On peut donner notre petite opinion sur ce qui se passe parce qu’on connaît la base. Mais quand les gens qui ont écouté quelques phrases dans les médias et n’ont jamais visité ni la Russie, ni l’Ukraine, commencent à se mêler de ça et d’alimenter le conflit à leur manière, c’est dommage… On n’a pas besoin de toute cette excitation, maintenant, on a besoin de paix entre les Russes et les Ukrainiens. C’est triste de penser à la richesse de cette terre ukrainienne, cette si bonne terre qui est en train d’être déchirée.

Je reçois beaucoup de soutien au travail, et de la part de mon entourage. La première semaine, c’était un vrai choc émotionnel, même si je suis ici, ma famille est là-bas. Les Russes et les Ukrainiens sont tellement liés que cela ne parait pas réel, pas possible.

«Je voulais dire aussi un immense merci à toutes les personnes de Suisse qui ont envoyé des vêtements, de l’argent en Ukraine, merci pour leur générosité !»

Frères et sœurs, d’une même culture. – Je suis Ukrainienne, mon pays est en souffrance, mais avec les Russes nous sommes frères et sœurs. Nous sommes tous des Slaves, on a la même culture, et j’espère que les gens là-bas, vont commencer à agir quand ils vont se rendre compte combien on est proches… j’espère…

Nos deux nations ont une culture tellement riche ! On ne peut pas supprimer tout cela, faire souffrir encore ce peuple. Toutes ces sanctions qui sont prises contre la Russie punissent d’abord le peuple, les plus pauvres qui risquent de mourir de faim. J’espère que tous les dirigeants pensent aux peuples. Cela fait des années qu’il y a des problèmes, c’est aussi à nous de bouger, de manifester, car si on ne parle pas, c’est comme si on accepte tout cela et cela ne peut qu’empirer la situation.

La même personne. – (Daria) J’aimerais vous dire que la personne à l’intérieur n’a pas changé : je suis la même qu’avant le conflit, toujours la même personne… Ma fille est si gentille cela m’a fait tellement mal au cœur de la voir souffrir… Il faut déjà que la paix revienne entre nous, qu’il y ait moins de conflits, qu’on reste amis, et aussi que cette guerre se termine le plus vite possible. Il faut penser au futur de nos enfants, on est inquiet pour eux.

Derniers messages. – (Lyudmyla) Dans ce désespoir, il y a toujours un espoir : il nous faut croire, prier pour l’Ukraine et pour la Russie. N’oublions pas la force de la prière, la lumière qu’on a en nous, il faut la cultiver.

Chacun doit commencer à changer soi-même – faire de belles actions – s’aimer encore plus et rayonner de cet amour pour soi et pour les autres. Il y a du chemin à faire et notre conscience doit évoluer : nous sommes tous « peuple de la terre »…

(Daria) Les gens qui prennent les mauvaises décisions, ont malheureusement trop peu à perdre, contrairement aux millions de gens qui doivent se taire. A notre niveau, nous ne pouvons que nous soutenir et espérer un jour être entendus.

Guerre en Ukraine
Communiqué des Eglises

Les Eglises remercient vivement tous les hommes et les femmes de bonne volonté qui s’engagent pour venir en aide à la population ukrainienne et aux centaines de milliers de personnes qui fuient les hostilités. Elles invitent à persévérer dans cet élan de solidarité par tous les moyens possibles et à l’accompagner par une prière incessante pour la paix.

Les Eglises encouragent ceux et celles qui pourraient contribuer à l’accueil des réfugiés ukrainiens en Valais à prendre contact avec la Hotline mise en place par le canton au 079 765 70 95 ou 027 606 48 74 ou encore par e-mail à entraide2022valais@admin.vs.ch

Sont recherchés :
➯ des logements, dans l’idéal indépendants, ainsi que des hébergements collectifs ;
➯ des bénévoles pouvant offrir du temps et faire du lien avec les personnes accueillies.

Les Eglises se montrent reconnaissantes pour l’accueil généreux qui sera fait aux personnes arrivant dans nos villes
et villages. Les renseignements se trouvent aussi sur le site : https://www.vs.ch/web/entraide2022https://www.vs.ch/web/entraide2022

MERCI à chacun.

La Fête-Dieu à Fribourg

Événement phare du paysage religieux fribourgeois à la fin du printemps (60 jours après Pâques), la Fête-Dieu s’inscrit dans une histoire pluriséculaire. Perturbée par la pandémie en 2020 (messe chez les sœurs de Montorge et bénédiction depuis Lorette) et en 2021 (messe en comité réduit à l’église du collège Saint-Michel), la procession de la Fête-Dieu va marquer son grand retour en 2022 si la météo est clémente. C’est l’occasion de revenir dans ces quelques lignes sur l’histoire de cette fête.

PAR SÉBASTIEN DEMICHEL | PHOTOS : DR, JEAN-CLAUDE GADMER

La Fête-Dieu, également appelée Solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ, est d’origine médiévale. Elle procède d’une vision mystique d’une religieuse, sainte Julienne de Cornillon, près de Liège en 1246. Dans une révélation du Christ, elle voit une lune étincelante dont il manque un morceau, signifiant l’absence dans l’Église d’une solennité dédiée au corps et au sang du Christ. En 1264, suite à un miracle eucharistique (du sang jailli d’une hostie consacrée), la fête est étendue à toute l’Église et institutionnalisée par le pape Urbain IV. La fête de l’Eucharistie enveloppe ainsi par une adoration annuelle de l’hostie le rite quotidien de la messe.

Le développement de la liturgie eucharistique est toutefois bien antérieur. Au IVe siècle, Cyrille de Jérusalem réfléchit déjà aux changements qu’opère la consécration sur le pain et le vin. À la même époque, saint Ambroise évoque une conversion miraculeuse des espèces eucharistiques. Entre le IXe et le XIe siècle, l’Église remplace le pain levé par du pain azyme (non levé) et au XIIe siècle, le rite de l’élévation est introduit. La Fête-Dieu prend naissance en parallèle des réflexions de saint Thomas d’Aquin sur la métaphysique de la transsubstantiation, seule explication autorisée du mystère eucharistique. Le pain et le vin deviennent véritablement corps et sang du Christ. Ainsi, la Fête-Dieu n’a rien d’une génération spontanée, mais se greffe sur les développements eucharistiques contemporains. Saint Thomas compose d’ailleurs à cette époque le célèbre Pange lingua dont les premières lignes renvoient au mystère eucharistique : «Chante, ô ma langue, le mystère du corps glorieux et du précieux sang que versa, rançon du monde, le fruit d’un ventre généreux, le Roi des peuples.»

La diffusion du rite

La solennité de la Fête-Dieu se diffuse en Occident durant la première moitié du XIVe siècle. Elle consiste d’abord en un office chanté propre au jeudi suivant la Trinité, puis s’accompagne rapidement d’une longue procession en plein air. Le pape Clément V confirme l’institution de la fête qui devient populaire et se développe en procession dans les rues des cités. Le Saint-Sacrement, placé dans l’ostensoir, est au cœur de cette liturgie d’adoration qui glorifie le Corps du Christ au milieu des hommes.

La Fête-Dieu est introduite dans le diocèse de Lausanne en 1322. On ne connaît pas exactement la date de la première procession à Fribourg, mais la première attestation remonte à 1425. Cette année-là, le Conseil de la ville produit un document qui règle un conflit de préséance entre corporations devant le Saint-Sacrement, prouvant que la procession est déjà bien établie. Puis, le rite perdure sans grands changements durant les siècles suivants et s’incorpore aux institutions.

Les époques moderne et contemporaine

« Le jour et les hommes peuvent se lever, fêter le corps mystérieusement présent d’un Dieu fait homme : sur terre, l’état de ciel est proclamé. » C’est par ces mots que Claude Macherel et Jean Steinauer, auteurs d’un ouvrage de référence sur la Fête-Dieu, caractérisent la solennité. La journée débute par un réveil de la ville en fanfare, le grondement du canon à l’aube et la diane (chant d’usage militaire) jouée par l’Union instrumentale. Depuis 1643, la procession est précédée d’un tir d’artillerie. Jusqu’à la fin des années 1960, elle part de la cathédrale et fait le tour de la ville de manière circulaire avec quatre reposoirs aux quatre points cardinaux. Depuis lors, elle chemine du collège Saint-Michel (où est célébrée la messe) à la cathédrale Saint-Nicolas.

Le cortège est formé de cinq groupes avec en son centre l’évêque qui porte l’ostensoir, entouré par les thuriféraires, les gardes suisses et la Confrérie du Très-Saint-Sacrement. Fondée en 1653, cette dernière est formée de membres d’anciennes familles patriciennes de la ville, vêtus d’habits noirs et de gants blancs et équipés d’une lanterne armoriée. Parmi les autres groupes, il convient de mentionner les fanfares, les autorités ecclésiastiques, civiles et académiques, les sociétés d’étudiants, les chœurs paroissiaux, divers ordres (Malte, Saint-Sépulcre), les premiers communiants et enfin les fidèles qui referment la marche. Huit coups de canon rythment les étapes de la célébration entre le commencement de la messe à Saint-Michel et la fin de la cérémonie à la cathédrale, en passant par la bénédiction aux reposoirs.

Ainsi, la Fête-Dieu constitue un événement majeur de la vie religieuse fribourgeoise. Fruit d’une tradition pluriséculaire, cette fête constitue un prolongement de la célébration eucharistique. Comme le soulève la Congrégation pontificale pour le culte divin et la discipline des sacrements, l’Hostie est portée en procession en dehors de l’église afin que le peuple chrétien « rende un témoignage public de foi et de piété envers le Saint-Sacrement ».

Solennité de la Fête-Dieu le 16 juin 2022

à Fribourg à 9h dans la cour du collège Saint-Michel (par temps sec), plus d’informations sur : https://fete-dieu.ch/fr.html

à Givisiez à 10h à l’église, procession par beau temps.

à Villars-sur-Glâne à 10h à l’église, suivie de la procession du Saint-Sacrement, avec la participation des communiés du mois de mai. À l’arrivée à la cabane du Platy, il y aura un temps de prière qui sera suivi du traditionnel temps de convivialité autour d’un repas canadien.

Pour davantage d’informations voir le site de l’UP Saint-Joseph :

www.upsaintjoseph.ch

Pour plus d’informations, voir:

➤ MACHEREL, Claude; STEINAUER, Jean, L’état de ciel : portrait de ville avec rite : la Fête-Dieu de Fribourg (Suisse), Fribourg, Méandre, 1989.

➤ MULHAUSER, Johann ; GADMER, Jean-Claude, Dieu en fête. Regards sur la procession de la Fête-Dieu à Fribourg, Fribourg, La Sarine, 2009.

Précarité en Valais

Lucie est une femme particulière et haute en couleur. Elle le dit elle-même. Originale, rigolote, décalée avec un humour remarquable et un fantastique entregent, elle dégage une joie et une simplicité désarmantes. D’origine française, épouse de John, tous deux vivent à Granges en compagnie de leur troupe de lapins et chat. Artiste aux yeux grands ouverts sur le monde avec une option préférentielle (re)marquée pour les pauvres, Lucie Athimon a ouvert récemment une page FaceBook intitulée «Précarité Valais». Elle nous en parle.

PROPOS RECUEILLIS PAR PASCAL TORNAY | PHOTOS : DR

Lucie, comment t’es-tu décidée à ouvrir cette page FB ?

C’est en croisant la route d’une personne SDF en ville de Sion, qui dormait dans une tente en plein mois de décembre, que je me suis dit qu’il fallait agir sérieusement. J’avais déjà créé un groupe de don alimentaire, mais ça n’avait pas pris. J’ai donc décidé que j’y mettrais plein d’amour et d’énergie, pour donner un peu de lumière à ceux qui sont dans la tempête.

Comment cette page t’est-elle utile ?

Je reçois des demandes d’aide de personnes dont je n’aurais jamais eu connaissance sans cette page. Il y a aussi de généreux donateurs. Je fais régulièrement des appels aux dons, ou alors, si je vois quelqu’un faire la manche, je le dis sur le groupe, afin que les gens puissent aller aider cette personne s’ils le souhaitent. Je tiens à souligner que les gens qui me demandent de l’aide restent anonymes.

Que constates-tu dans les relations que tu as avec des personnes fragilisées ? De quoi manquent-elles le plus ?

Tout le monde peut se retrouver en situation précaire, et ce, pour beaucoup de raisons. Je suis souvent frappée par l’intelligence des gens. Nous avons des discussions très intéressantes et à cœur ouvert. Il m’arrive souvent de me sentir toute petite à côté d’eux.

Je remarque cependant que les personnes en situation précaire ont tellement été malmenées par la société, qu’elles en ont bien souvent perdu l’estime de soi. Il est important qu’elles sachent que moi, je crois en eux comme jamais ! Je suis profondément convaincue que leur avenir est beaucoup plus radieux qu’il n’en a l’air.

As-tu fait, toi aussi, l’expérience de la précarité ? Comment cela ?

Oui, quand j’avais environ 20 ans, je me suis retrouvée moi aussi sans domicile fixe. Je n’ai jamais dormi dans la rue, mais dans un foyer où l’on pouvait rester deux semaines au maximum. Le matin, on était mis dehors jusqu’au soir, mais le personnel était fabuleux ! Au début, j’avais encore un travail, mais je l’ai rapidement perdu. On m’a ensuite trouvé une place dans un foyer pour femmes et là, il n’y avait pas de durée maximale et je pouvais y rester toute la journée si je voulais. Il n’y avait pas d’horaires et j’avais ma propre chambre.

Comment relies-tu ta foi avec tes engagements et ton mode de vie ?

Toute ma vie repose sur ma foi ! Si je n’aide pas mon prochain, alors quel genre de catholique suis-je ? L’Amour est le fondement même de la religion. « Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait », dit Jésus (in Mt 25, 31-46). Eh bien, moi, j’ai envie de répandre la lumière et l’Amour de Dieu. Mon mari me soutient et m’accompagne, ce qui est primordial.

J’ai l’habitude de dire que la religion est le tuteur de l’esprit. Faisons-la vivre ! Jésus n’a pas été sacrifié sur la croix pour nous voir pleurer ou pour nous voir nous faire la guerre ! Aidons-nous et aimons-nous !

L’Eglise est dans une phase d’écoute universelle dans le cadre du synode souhaité par le pape François, selon toi, quels sont les lieux où l’Eglise doit progresser ?

J’aurais beaucoup de choses à dire, mais je trouve que la religion n’est pas assez vivante et qu’il manque de proximité avec les gens d’Eglise. Vivons la Foi ! Rencontrons-nous pour discuter, pour faire des activités, pour faire vivre Dieu ! Nous sommes en 2022 et les églises se vident. Pourquoi ? Peut-être parce que nous pouvons y mettre plus d’énergie, plus d’Amour, plus de bienveillance ! Je suis convaincue que Dieu veut nous voir en joie, occupés à faire le bien, plutôt que de critiquer comment la voisine était habillée à la messe ce dimanche. Soyons unis et solidaires !

Vous voulez donner un coup de main ou en savoir davantage au sujet de « Précarité Valais » ? 
➯ Rendez-vous sur la page FaceBook de Lucie : Précarité Valais

Accueillis par une fresque

Une magnifique fresque biblique orne le mur d’entrée du local du groupe de jeunes depuis le mois de février, soulignant son caractère religieux. Bénédicte, membre du groupe, nous présente ce projet.

PAR BÉNÉDICTE SAHLI
PHOTOS : CHARLOTTE OBEZ

L’idée de repeindre l’entrée du local, initialement grise, a germé très tôt lors du réaménagement des lieux. Plusieurs soirées se sont succédé durant lesquelles différentes idées ont été proposées jusqu’à finalement déboucher sur la composition actuelle. Lorsqu’elle a été soumise aux graffeurs, elle n’était encore qu’une ébauche, leur laissant ainsi une certaine liberté.

Les personnages de la fresque

Jésus, au centre, nous accueille les bras ouverts, accompagné de Marie à sa gauche en hommage à l’église de Nyon, Notre-Dame de l’Immaculée Conception. A sa droite, un jeune gravit les marches et nous invite à le suivre. Tous trois sont représentés sur fond de collines verdoyantes à l’aspect régional et de montagnes enneigées. Surplombant le paysage, une phrase prononcée par l’abbé Jean-Claude Dunand lors de la bénédiction des lieux : « Tout devient possible lorsque le courage de la jeunesse s’allie à la force de Dieu. »

La fresque a été réalisée par un membre de la Pastorale Animation Jeunesse et par un de ses amis, tous deux graffeurs professionnels, venus de Lausanne. Les jeunes présents le 12 février, jour de la réalisation de la fresque, ont pu s’essayer à la bombe de peinture.

Une fresque en évolution

Des éléments continuent à être ajoutés à la fresque au fil des rencontres du groupe. Des personnages marquants de la chrétienté vont prendre place chronologiquement d’Adam et Eve à ceux de nos jours en passant par Abraham, Marie-Madeleine ou encore saint Thomas d’Aquin. Ceci laisse à chacun l’opportunité d’illustrer les figures qui l’inspirent dans sa foi ou d’en découvrir de nouvelles grâce aux discussions que ce projet suscitera.

Une autre changement, qui perdurera aussi longtemps que de nouvelles personnes rejoindront le groupe, sera de marquer un pan du mur de l’empreinte de leur main et de la signer. Ceci afin que chacun puisse laisser une trace de son passage au sein du groupe.

 

Les nouvelles chaires numériques

Il est devenu évident que le monde numérique a profondément modifié les habitudes de vie de nos contemporains.
La vie de l’église est bien entendu profondément touchée par cette révolution: de la même manière que l’apparition de l’imprimerie a transformé la façon d’annoncer la Parole de Dieu, la révolution numérique voit apparaître de nouvelles chaires.

PAR PAUL SALLES | PHOTOS : DR

Qu’est-ce qu’une chaire ? Il s’agit de cette petite tribune élevée du haut de laquelle le prêtre prononçait son sermon, avant l’apparition des micros. Elle était donc le lieu et le symbole de la prédication. Si aujourd’hui, dans nos églises, l’homélie est le plus souvent prononcée depuis l’ambon, le monde numérique a suscité l’émergence de nouvelles chaires sur les plateformes et les réseaux sociaux les plus connus (Facebook, Twitter, YouTube, Instagram, Tiktok…). Sans être exhaustif, voici quelques réalités qui existent dans le monde catholique francophone.

Lancé en 2007 par un trio de jeunes prêtres d’Ile-de-France, le padreblog était à l’origine un blog qui permettait à ces jeunes prêtres une parole directe et à large échelle sur des sujets d’actualité. Depuis l’apparition des réseaux sociaux, ce blog a évolué en une plateforme qui oriente ensuite sur leurs médias en ligne.

Sur Twitter, Mgr Giraud, l’actuel évêque de Sens-Auxerre, fut l’un des premiers à proposer dès 2011 des « twitthomélies » quotidiennes. Désormais, un grand nombre d’évêques se prêtent à l’exercice et ont même des équipes chargées d’animer en leur nom ces réseaux.

Rejoindre les jeunes

L’enjeu de la présence de l’Église sur les réseaux est grand : alors que les jeunes passent de plus en plus de temps derrière les écrans, c’est là qu’il faut être si l’on souhaite les rejoindre. De ce fait, les paroisses de ces nouveaux prédicateurs ne sont plus géographiques, mais numériques. Qu’en est-il aujourd’hui ? Qui sont ces prédicateurs qui peuvent rassembler de nombreux « followers » sur les réseaux ? Citons le Frère Benjamin, de la communauté des salésiens et ses 13’000 abonnés sur Instagram, ou bien le Père Vincent Cardo, du diocèse de Langres. Son compte « lecuredetiktok » publie tous les jours, pour près de 74’000 suiveurs. Citons encore le dominicain Paul Adrien et ses vidéos qui cumulent plus de 4 millions de vues sur YouTube. Celui qui truste la première place du podium reste le Père Matthieu Jasseron, curé à Joigny dans l’Yonne et qui compte 994’000 abonnés sur Tiktok, le réseau social préféré des adolescents, même s’il est loin des 2,4 millions du prêtre philippin Fiel Pareja.

Répondre à leurs questions

Au-delà des chiffres, quel contenu est ainsi diffusé sur le web ? Sur la forme déjà : les codes du genre sont respectés et collent à la réalité de ce que les jeunes rencontrent tous les jours sur leurs écrans. Quant au fond, il faut comprendre qu’une véritable communauté se forme entre celui qui publie ses vidéos et ses abonnés avec lesquels existent un échange et des discussions. Ainsi, le plus souvent, les thèmes des vidéos correspondent aux questions qui lui sont posées : « Irons-nous au paradis si nous disons des gros mots ? », « Ça veut dire quoi amen ? », « Si Dieu pardonne tout, pourquoi l’enfer existe ? » Sans oublier les questions autour de la sexualité, toujours très présentes dans les préoccupations des jeunes.

Notons enfin que ces nouvelles chaires ne sont pas une chasse gardée des prêtres. À titre d’exemple, nous pouvons citer la chaîne de Benjamin Pouzin (l’un des fondateurs du groupe de pop louange Glorious), ou celle d’un jeune de 21 ans, Victor dans la vraie vie, mais « le catho de service » sur le web et ses 5’000 abonnés.

En route pour la vie

PAR AUDREY BOUSSAT
PHOTOS: DARREN IRWIN, AUDREY BOUSSAT

J’avais prévu d’écrire un éditorial sur le fait d’accueillir sereinement les défis et les difficultés du quotidien, car ils nous font grandir. Eh bien, le Seigneur m’offre l’occasion de vous raconter une anecdote que je suis en train de vivre à l’heure où j’écris ces lignes.

Tout a commencé il y a plusieurs mois lorsqu’on m’a offert l’opportunité de me rendre à Londres pour le travail. Mon premier déplacement seule, un trajet en avion après trois ans sans avoir quitté la terre ferme et une conférence à donner dans une langue étrangère… J’avais de multiples raisons de préférer ma zone de confort à cette aventure anglaise. J’ai pourtant saisi cette occasion de me dépasser et d’affronter mes peurs. Moi qui suis si peu à l’aise au milieu de la foule, à Londres j’allais être servie ! Le voyage s’est merveilleusement bien passé : mon compagnon de route de chaque instant, Dieu, était avec moi.

Et il s’est aussi montré présent le matin où, visitant un musée, j’ai appris que le vol de retour, que je devais prendre quelques heures plus tard, était annulé. Comme je devais impérativement rentrer le jour même, il me fallait trouver rapidement une alternative. Impossible d’obtenir un billet d’avion avant le surlendemain : le voyage se ferait donc en train. La durée du trajet s’en trouvait particulièrement rallongée, mais peu importe !

Ce qui compte vraiment, ce qui a du sens à mes yeux et me procure de la joie, c’est que grâce à ce changement de plan, j’ai pu voir mon oncle qui habite Paris ! J’écris ces quelques mots à bord d’un train qui file dans la nuit. L’arrivée à Genève est prévue à minuit 55 à cause de retards. Je suis fatiguée mais heureuse : heureuse d’avoir vécu un séjour ensoleillé et riche en découvertes dans la capitale anglaise, heureuse de rentrer aujourd’hui, comme prévu, heureuse d’avoir revu un membre de ma famille que je croise rarement.

Parfois nos plans sont perturbés, un imprévu s’invite à la fête, tout ne se déroule pas comme nous l’avions escompté. Ou un défi qui implique de la nouveauté se présente et nous doutons. Rien de dramatique là-dedans, mais cela nous dérange. Ces deux dernières années ont pu nous engourdir ; nous avons aménagé une bulle confortable autour de nouvelles habitudes restreintes. Il est temps de faire éclater cette bulle et de vivre pleinement en acceptant les surprises et les changements de plan qui se présentent à nous : autant de bénédictions que le Seigneur nous offre et qui nous permettent de nous rapprocher de lui. Osons nous engager et disons oui, avec joie et sérénité, à la vie qui nous appelle !

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