Visite chez l’artiste Alain Dumas

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), novembre-décembre 2021

Huit membres du Conseil de communauté de Gland et du comité de pilotage de la nouvelle église sont partis en Auvergne dimanche 26 septembre pour découvrir l’atelier du sculpteur et artiste Alain Dumas, auteur du mobilier liturgique.

TEXTE ET PHOTOS PAR BRIGITTE BESSET

Ce voyage de deux jours fut une chance de pouvoir vivre ensemble des moments de convivialité et de grande fraternité et des moments de partage qui font que la construction de notre nouvelle église prend un tout autre sens.

Au-delà du choix du jury, c’est l’homme et l’artiste que nous avons pu rencontrer à travers ses œuvres et son lieu de vie. Si l’artiste a remporté le concours, il ne s’est pas contenté de réaliser ses œuvres en fonction du projet. Il a réalisé et continue à réaliser chaque œuvre en communion et en étroite collaboration avec des paroissiens et les membres de divers groupements en charge du projet. Un cadeau pour lui comme pour nous !

Une nature stimulante

Durant ces deux jours passés ensemble à Clermont-Ferrand et dans les environs, Alain Dumas nous disait que si le travail est laborieux (ébauchage réalisé par des coupes de disqueuse et de burin, ciselure et polissage manuel avec pierre à eau et feuilles abrasives), « la présence de la nature et des arbres qui entourent sa maison et son atelier est stimulante ». Nous avons pu nous en rendre compte lors de notre arrivée dans le grand parc au milieu duquel se trouvent sa demeure et son atelier, à Saint-Genès-Champanelle. Nous ne pouvons que remercier Alain pour son accueil si chaleureux et la richesse des découvertes et des rencontres qu’il nous a permis de faire.

Une intimité forcée

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), novembre 2021

PAR CLAUDE BUMANN, SAAS-FEE
PHOTOS : MISES À DISPOSITION PAR L’OFFICE DU TOURISME DE SAAS-FEE

Au début du mois de mars 2020, les événements de ma vie, tant professionnelle que privée, se sont succédé à un rythme effréné. En tant que chef du Service parlementaire, j’ai dû assumer la responsabilité de la décision de tenir la session du Grand Conseil malgré la menace d’une pandémie, même si le Parlement fédéral avait interrompu sa session. Et puis, alors que la semaine de session s’achevait, j’ai reçu la nouvelle que mon beau-père avait été victime d’une embolie pulmonaire. Il est décédé la nuit suivante.

Le lendemain, les premières mesures urgentes du Conseil fédéral sont entrées en vigueur et nous avons été la première famille de la vallée de Saas à devoir organiser des funérailles en prenant en compte ces nouvelles circonstances. Nous avons d’abord été attristés par le règlement officiel, car mon beau-père était extrêmement populaire et de nombreuses personnes auraient probablement tenu à assister au service funéraire.

La famille n’a eu d’autre choix que de se plier à cet ordre officiel et d’accepter que seuls les enfants et les petits-enfants ainsi que quelques amis très proches du défunt soient présents dans l’église. Etant donné que les contacts avec le défunt étaient limités dans la maison de retraite, il était extrêmement important pour la famille que le service funéraire permette un adieu réel et durable au défunt. Ils ont donc cherché un moyen de remplacer les rituels habituels (prières pour les morts, visites de condoléances, offrandes d’eau bénite) par un autre acte solennel qui leur permettrait d’exprimer leur chagrin et de comprendre que le défunt avait définitivement quitté ce monde. La famille a trouvé la solution dans un service religieux très personnalisé avec une rétrospective multimédia de la vie du défunt, avec des intercessions spécifiquement liées à sa personne et avec des interludes musicaux préparés par certains membres de la famille. Après l’inhumation de l’urne, un toast à sa santé a été porté devant l’église avec un Pastis, la boisson préférée de mon beau-père, mais ensuite l’assemblée a dû se disperser car un repas commun était rendu impossible par l’arrêté du Conseil fédéral.

Ce que nous ne pouvions pas savoir à ce moment-là, c’est que ma belle-mère a suivi son mari dans la mort sept semaines plus tard. Le service funéraire a à nouveau eu lieu dans le cadre intime de la famille et a été accompagné des mêmes sentiments et expériences émotionnelles.

La famille de mes beaux-parents s’accorde à dire qu’elle n’a jamais connu de services funéraires aussi beaux et impressionnants. Les mesures propres au COVID, qui n’ont d’abord été acceptées qu’avec déplaisir, se sont révélées être un « coup de chance », notamment parce que les nombreuses cartes de condoléances qui sont ensuite arrivées par la poste étaient beaucoup plus personnelles que d’habitude. La famille a également été réconfortée par le fait qu’un service commémoratif a été organisé après la première vague.

Jeux, jeunes et humour – novembre 2021

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Pourquoi prier pour les morts ? 
Prier pour les défunts que nous avons connus aide à faire notre deuil et à garder un lien vif dans notre mémoire avec celles et ceux qui nous ont quittés. Cela montre que nous pouvons continuer à les aimer et à leur parler au-delà de la mort et nous fait entrer dans la mystérieuse solidarité qui unit les vivants et les morts dans l’espérance de la résurrection à venir. Nous intercédons pour eux et, de là-haut, ils veillent sur nous.

par Pascal Ortelli

Humour

Un guide gringalet avait été engagé par un touriste rondouillard pesant plus de 130 kilos pour visiter à pied la brousse. Soudain ce dernier se rend compte que s’il était victime d’un malaise, le guide ne pourrait ni le secourir ni le porter. « Pensez voir, lui dit le guide, hier j’ai porté un ours de 200 kilos ! » « Comment est-ce possible, comment avez-vous fait ? »  « Je l’ai fait en cinq voyages ! »

par Calixte Dubosson

Et si le paradis était… sur terre !

Un de mes amis m’a dit qu’avec la pandémie actuelle, nous entrions dans une période d’épreuves similaire à celle des dix plaies d’Egypte (Exode 8-12). J’ai constaté qu’il existait assez peu d’informations sur cet épisode de la Bible sur internet. Pourquoi le coronavirus est-il apparu sur terre ? Et pourquoi tant de gens nous prédisent avec tant de certitude son éradication ?
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Aux frontières de la mort

Spécialisé dans l’étude des expériences aux frontières de la mort depuis plus de 20 ans, auteur de plusieurs livres, le Dr Patrick Theillier, constate qu’elles transforment ceux qui les vivent.

PAR BÉNÉDICTE DROUIN-JOLLÈS
PHOTOS : DR

Pourquoi vous être intéressé aux expériences de mort imminente ?

Pendant 12 ans j’ai été responsable du bureau des constatations médicales de Lourdes. Cette fonction m’a permis de recevoir des confidences sur les expériences de mort imminente (EMI). En écoutant les personnes qui disent avoir été guéries à Lourdes et celles qui les ont vécues, des similitudes se dégagent : les bénéficiaires ne voient plus la vie de la même façon. Ils savent que leur expérience indicible n’est pas banale. Beaucoup se taisent, mais tous
s’en souviennent.

D’un point de vue scientifique, elles montrent que la frontière entre la vie et la mort est une question mal connue. La mort n’est pas instantanée, elle est un processus qui se déroule en plusieurs temps. Le premier est la mort clinique, différente de la mort biologique. Les théologiens eux aussi affirment que la séparation de l’âme et du corps prend du temps.

Qu’est-ce qu’une expérience de mort imminente ?

Il s’agit d’une expérience faite par des personnes mortes cliniquement. Leur cœur, leur pouls et leur respiration se sont arrêtés. Le cerveau n’est plus irrigué, mais elles continuent à avoir une conscience malgré tout ; elles peuvent rester plusieurs minutes ainsi et revenir à la vie.

Que perçoivent ces personnes que l’on croit mortes ?

Les récits mentionnent l’impression de sortir de son corps ou de flotter au-dessus de la pièce. Parfois, les mourants entendent les conversations, voient le personnel médical s’affairer ou d’autres choses que les « vivants » ne perçoivent pas. D’autres, une fois revenus à la vie, décrivent des faits qui se sont passés alors qu’ils étaient « morts ». Parfois ils sont happés dans un grand tunnel, aspirés par une lumière blanche, éclatante, qui apporte une paix profonde. Ils y distinguent souvent un Etre de lumière, que des croyants identifient comme le Christ devant lequel ils relisent leur vie, ce qu’ils ont pu faire de bien ou de mal ; le tout sans culpabilité, sans crainte ni angoisse. Il semble tout connaître ; interroge avec tendresse, amour et exigence. Le sujet comprend de lui-même en quoi il a bien ou mal agi. Ensuite, certains reconnaissent des êtres chers décédés. Parfois l’Etre de lumière leur demande de retourner sur terre, d’autres fois les mourants demandent à y retourner.

Dans quel état intérieur revien­nent ceux qui ont vécu une EMI ?

Le retour se fait souvent à regret, parfois dans les larmes. Voici quelques témoignages : « J’étais un avec Dieu et un avec tout, c’était extraordinaire. Je n’ai jamais ressenti une telle joie, j’avais accès à la joie du monde entier… Le mal n’existait pas… J’aimais et je me savais aimé pour toujours, j’étais pardonné. » Beaucoup de personnes qui ont fait une EMI en gardent une paix intérieure profonde et sont réconciliées avec la mort.

Ce moment apporte un changement de priorités : plus d’attention aux autres, plus d’intérêt pour la spiritualité.

Mais toutes les expériences ne sont pas positives…

Dans 2 à 3% des cas, « le voyage » est désagréable, froid voire terrifiant. Les « expérienceurs » se retrouvent dans ce qu’ils appellent l’enfer avec parfois un sentiment d’un châtiment mérité. Ils perçoivent des odeurs pestilentielles, des flammes ou des cris…

Les personnes qui vivent une Emi sont-elles nombreuses ?

Plusieurs millions dans le monde sont revenues de la mort clinique. L’amélioration des techniques de réanimation médicale favorise ces retours. Moins de 20% de ceux-ci font l’expérience de visions ou de sensations inhabituelles. On les appelle les « expérienceurs ». Beaucoup n’osent pas en parler. Ils ont tous les âges et sont de toutes les religions.

Que dit la médecine ?

Beaucoup de médecins restent dubitatifs. Pour eux, ces expériences sont un phénomène paranormal dont on trouvera un jour une explication rationnelle. Mais les témoignages sont trop nombreux pour ne pas les écouter. Certains scientifiques s’y intéressent plus sérieusement, s’ouvrent à l’existence d’une conscience supra matérielle, une autre dimension de l’être qui perdure même quand le cerveau n’est plus irrigué.

Et qu’en pense l’Eglise ?

Elle a toujours été prudente vis-à-vis des phénomènes extraordinaires, comme celles des miracles.

Mais sainte Thérèse d’Avila, sainte Catherine de Sienne avaient parlé déjà de ces expériences. Les EMI sont riches d’enseignements. A une époque peu ouverte au spirituel, je vois comme un signe du Ciel qui ouvre à la vie invisible. Le fait que les « expérienceurs » ne soient pas toujours croyants intéresse le médecin chrétien que je suis.

Ces récits montrent aussi l’importance d’accompagner les malades et les mourants, de prier pour eux « à l’heure de leur mort ». Elle est le moment du choix et du face-à-face pour entrer dans cette vie invisible, mais bien réelle, et peut être plus vraie que cette vie terrestre.

 

Biographie

En 1989, Patrick Theillier est choisi pour tenir le poste
de médecin permanent du Bureau médical des
sanctuaires de Lourdes.
Il a aussi présidé l’Association médicale internationale de Lourdes, qui comprend plus de dix mille professionnels
de santé dans septante-cinq pays. Il est également l’auteur de plusieurs livres.

 

Via Jacobi: Gland – Coppet

Texte et photos par Pascal Ortelli

Le mythique chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle traverse la Suisse romande, de Fribourg à Genève. Au-delà dLe mythique chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle traverse la Suisse romande, de Fribourg à Genève. Au-delà des sentiers battus, la Via Jacobi regorge de curiosités. Chaque mois, L’Essentiel prend son bâton de pèlerin et en réalise un tronçon sous forme d’une balade familiale à faire sur la journée. Aujourd’hui, cap sur Coppet au fil des châteaux.

Départ depuis la gare de Gland, 5h15 aller simple, 21, 25 km

1. Depuis la gare CFF, longez les voies en direction de Genève et descendez sur votre gauche dans la zone industrielle pour rejoindre la Serine.

2. Vous suivrez alors la rivière sur un sentier de forêt parsemé… de toblerones, vestiges en béton de notre défense antichar durant la Seconde Guerre.

3. Traversez la route principale et continuez dans le bois pour rejoindre Prangins par la plage. Ne manquez pas de vous arrêter au château.

4. Après un détour dans des quartiers résidentiels, rejoignez Nyon le long de la voie ferrée. La traversée de la ville présente peu d’intérêt si ce n’est pour ses arrêts, comme au château avec son musée historique, l’un des premiers de Suisse, et son importante exposition consacrée à la porcelaine ancienne.

5. Le tracé vous conduit alors au Bois-Neuf pour rejoindre Crans-près-de-Céligny. Après avoir traversé cette charmante localité vaudoise, franchissez le Nant de Pry pour atteindre Céligny, une enclave genevoise. Peu de temps après, vous arriverez à l’institut œcuménique de Bossey où le Pape a déjeuné lors de sa venue en juin 2018.

6. Après avoir contourné le château, descendez en direction de Founex. Une longue traversée vous mènera jusqu’à Commugny. De là, après avoir franchi le canal de Grenier, plongez sur le château de Coppet, en contrebas de la gare.

Le retour se fait aisément en train. 

Curiosité

Le château de Prangins qui abrite le musée national suisse avec l’exposition « Noblesse oblige ! » sur la vie de château au XVIIIe siècle.

Coup de cœur

Le salon de thé et la pâtisserie Guillaume Bichet à Coppet pour récupérer en douceur de cette longue étape.

«J’adore les enterrements»

PAR THIERRY SCHELLING | PHOTO : DR

Enterrer les morts, premier signe cul­turel/cultuel humain… Croire que nos défunt.e.s continuent ailleurs, autrement, fait partie du patrimoine mondial de l’humanité ; toutes les religions déroulent des cérémonies tentant de répondre à la question: où va-t-on post mortem?

Bien des enterrements célébrés le sont pour des personnes que nous ne connaissions pas dans nos communautés dominicales. « Vous savez, il était croyant mais non pratiquant », est le leitmotiv de ces dernières décennies… Et d’aucuns se font parfois rabrouer par un curé sourcilleux. Heureusement, des « enterreurs » a-religieux existent, sans confession, mais pleins de compassion… Pas besoin d’être ordonné pour enterrer…

Il n’empêche : une famille en deuil, peut-être un peu empruntée, vient toujours demander un rituel de passage aux nautoniers que nous, pasteurs, prêtres et laïcs formés, restons pour beaucoup, malgré tout. Une occasion d’être à notre place avec tact et intelligence. Oui, j’adore les enterrements : les gens y sont vrais, en attente d’un sens
(direction et contenu), et peuvent vivre le témoignage d’une humanité rassemblée, au-delà de ses mille et une différences, par l’affection et l’amour pour celle ou celui qui nous a quittés…

En librairie – novembre 2021

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Myriam, mon amour
Jelle Lemaitre

A 30 ans, on a la vie devant soi. Mais quand le cancer vient bouleverser le bonheur d’une jeune famille, quand la mort vient séparer un couple, comment survivre à une telle souffrance ? Jelle Lemaitre, père de deux jeunes enfants, a vécu ce véritable chemin de croix aux côtés de son épouse Myriam, touchée par un cancer en 2017 et foudroyée en huit mois. Avec pudeur et simplicité, Jelle Lemaitre retrace ce cheminement où l’espérance a fait irruption dans la nuit comme le soleil du matin de Pâques. Ce témoignage bouleversant, mais serein, sur le veuvage précoce est avant tout un hymne à la vie et un appel à saisir les joies de chaque instant. 

Editions Première Partie

Acheter pour 19.50 CHF

De la mort jaillit la vie
Marguerite Chevreul

Elles sont 300 millions dans le monde dont le conjoint est décédé, mais dont on ne parle guère. Moins nombreux, mais tout aussi éprouvés, il y a les veufs ! Tous doivent assumer la responsabilité du foyer, affronter les difficultés matérielles et psychologiques et souvent assurer l’éducation des enfants. Eprouvées humainement, les veuves sont capables d’une étonnante résilience. De la mort elles font rejaillir la vie en s’appuyant sur le Christ ressuscité. Ce livre, qui s’appuie sur de solides références bibliques, s’adresse à tous ceux qui traversent le deuil ou le veuvage : il leur ouvre des chemins de lumière et de vie.

Editions Salvator

Acheter pour 32.40 CHF

Les soignants 
Gwenaëlle Boulet

Pasteur, philosophe, organiste, médecin, Albert Schweitzer (1875-1965) est le précurseur de l’action humanitaire. En 1952, il reçoit le prix Nobel de la paix.
Pédiatre et psychanalyste, Françoise Dolto (1908-1988) a consacré sa vie à faire entendre la voix des enfants. Frère Luc de Tibhirine (1914-1996), moine médecin, tenait un dispensaire où il accueillait et soignait la population locale à Tibhirine, en Algérie. Il a été assassiné avec six autres moines en 1996. Cette BD montre comment chacune de ces trois figures incarne à sa manière, l’engagement du médecin au XXe siècle.

Editions Bayard Jeunesse

Acheter pour 17.50 CHF

Etre là   
Elisabeth de Courrèges

A travers une série de récits bouleversants écrits après son confinement dans un EMS, Elisabeth de Courrèges partage, dans cet ouvrage, les rencontres qui ont jalonné son parcours de chrétienne et de soignante. Pour cette ergothérapeute de 26 ans, il s’agit de faire de chaque parole, chaque main serrée et chaque regard une présence du Christ auprès de ceux qui souffrent. Un livre d’une grande profondeur pour aborder la solitude, la souffrance et la fin de vie.

Editions Mame

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Pour commander

Je t’aime d’un amour éternel

La plupart des philosophies contemporaines visent comme but: «être bien», «être heureux». Nos contemporains se jettent donc vers toutes sortes de propositions pour trouver le «bonheur», cherchant ce qui fait du bien, comme le yoga, la méditation, les pratiques ésotériques, le développement personnel, pensant trouver une réponse au mal-être.
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Enterrer dans l’intimité: témoignage de Sarah Barras

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Clins Dieu sur les Contrées (VS), novembre 2021

En décembre 2020, en pleine pandémie, Sarah Barras a repris l’entreprise de pompes funèbres de son père Willy, actif pendant 40 ans, lui-même successeur du fondateur Louis. L’occasion pour L’Essentiel de poser des questions sur ce nouveau défi et sur les obsèques dans l’intimité.

PAR HUGUES REY, MONTANA-CORIN
PHOTO: DR

Comment envisagez-vous votre mission au service des familles endeuillées ?
Mes activités d’hôtelière à Crans-Montana, pendant une quinzaine d’années, m’ont formée à l’accueil des touristes en vacances dans un cadre de détente ou de fête. Après ce parcours, j’ai repris l’entreprise de mon père dans le contexte compliqué de la pandémie. Je rencontre alors des personnes éprouvées par un deuil, désemparées et fragilisées. J’essaie avant tout de me mettre à leur service avec authenticité, coeur, discrétion et flexibilité afin de leur apporter un soutien, non seulement pratique et professionnel, mais également de leur exprimer empathie et réconfort grâce à mon écoute et à mes conseils.

Quels changements avez-vous apportés depuis le passage de témoin?
Au niveau de l’infrastructure, avec l’aide de mon mari et de mon père, j’ai aménagé un espace d’accueil pour les familles. J’ai réalisé la mise à niveau du site Internet de l’entreprise. Pour ce faire, j’ai écouté ma sensibilité féminine. Au-delà de l’accueil des familles, qui reste essentiel, je veille, avec soin, aux différentes étapes : veillée, cérémonie, enterrement ou dépôt de l’urne au colombarium.
La gratitude des personnes endeuillées me confirme régulièrement dans cette activité devenue une réelle vocation. En tant que femme, je suis heureuse de participer, à ma mesure, au renouvellement de la profession, d’y apporter douceur et empathie, plus librement exprimées aux familles que par les générations passées, tout en veillant aux exigences de qualité et de disponibilité de la tradition familiale.

Comment se déroulent des funérailles dans l’intimité ?
Il s’agit d’une cérémonie à laquelle participe un nombre restreint de gens informés par un canal privé. Quelquefois, une liturgie de la parole remplace la messe dont le sens se perd de plus en plus.

Pendant la pandémie, les funérailles dans l’intimité sont devenues une obligation, mais comment expliquez-vous cette tendance née avant la crise sanitaire?
L’atténuation de la croyance religieuse et l’incompréhension des rituels expliquent en partie cette demande : dans un premier temps, il arrive que des familles, submergées par l’angoisse et la tristesse, veuillent régler au plus vite les adieux à leur cher défunt. Elles se ravisent généralement après que je leur ai expliqué l’importance de laisser du temps au temps pour entrer dans cette réalité, certes douloureuse, mais qui demande de la patience aussi bien pour commencer le deuil que pour organiser la cérémonie avec sérénité. Parfois, la famille compte peut-être sur plus de recueillement et de liberté, désireuse d’échapper à une curiosité et à des regards mal ajustés de la part de certaines personnes. Enfin, l’aspect financier peut expliquer ce choix qui, en l’absence de rencontres conviviales après la cérémonie, s’avère moins coûteux.

Que ne faudrait-il pas perdre de vue avant d’opter pour des funérailles dans l’intimité?
L’absence de la communauté peut laisser un sentiment de solitude aux familles, qui ne doivent pas oublier la place que leur défunt occupait au sein de la société. L’individualisme ambiant conduit à négliger cette réalité-là. Les chants de la chorale, la prière et les réponses des croyants soutiennent grandement la famille qui peut s’appuyer ainsi sur la communauté.
Il arrive que des personnes expriment leur tristesse de ne pouvoir assister à la cérémonie ; elles s’y joignent discrètement en se tenant dans le fond de l’église.

Comment l’absence de la communauté aux funérailles peut-elle être compensée ?
C’est le plus souvent lors de la messe de septième, un samedi ou un dimanche, à un moment où l’on est moins sous le coup de l’émotion. La fraternité communautaire peut s’y exprimer et être accueillie avec plus de sérénité. Quand les visites au défunt se sont faites en l’absence de la famille, la sortie de la messe permet enfin aux connaissances de poser des gestes de sympathie envers la famille affligée et d’inscrire le deuil dans un temps fort en communauté.

Un grand merci pour votre témoignage et cet éclairage sur les funérailles dans l’intimité.

Le Père Damien rend hommage aux missionnaires du Val de Bagnes

Enfant, j’entendais parler de mes deux oncles, Jean et André, qui sont partis très loin, en Afrique, comme missionnaires. Des histoires qu’ils nous racontaient pendant leurs rares vacances nous semblaient des contes de fées. Tellement elles nous paraissaient invraisemblables, connaissant seulement les réalités de nos vallées.
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Mise en bière

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : DR

Apôtre du bon goût, la Brasserie de l’Abbaye de Saint-Maurice n’ayant pas bullé tout l’été vous a concocté de quoi vous faire mousser une fois l’hiver venu. Que de propos alambiqués pour (ne pas) dévoiler la nouvelle cuvée spéciale de bières de l’Abbaye.

Défendre ses convictions

Vous l’aurez compris, il n’est pas ici question d’eau. Ni minérale, ni bénite, mais d’élixir de la Dame-Jeanne. En d’autres termes de bières. Pas de celles qui requièrent un funèbre éloge, mais bien de celles qui se partagent dans un moment de convivialité. Pour marquer ses deux ans d’existence et rendre un hommage, posthume celui-ci, aux 20’000 pèlerins rassemblés sur le tombeau de Saint-Maurice en 1873, la Brasserie de l’Abbaye de Saint-Maurice commercialise une nouvelle bière en édition limitée. La Vox, une bière houblonnée de type American Pale Ale produite en 20’000 exemplaires en l’honneur desdits pèlerins, a un « caractère » semblable à celui de Saint-Maurice. Elle remémore l’homme, puis le saint, ayant élevé sa voix pour défendre ses valeurs et convictions. Cela au prix de sa vie, comme le relate son récit hagiographique. De quoi ne laisser personne indifférent. Si toutefois l’édition limitée venait à manquer, d’autres bières pourraient se charger d’étancher, au moins un peu, la soif de tous les férus d’histoire agaunoise.

(Une) gorgée d’histoire

La production se décline à l’heure actuelle en trois spécialités. Une blanche légère, surnommée Candide, le nom du plus proche de Maurice et dont la levure a été prélevée sur un parchemin datant de 1319. La Febris de type ambré est une bière plus charpentée faisant référence à l’incendie de l’abbaye en 1693. Et pour terminer, la DXV ou 515 (en rappel de l’année de la fondation de l’abbaye), une bière d’abbaye typique, brassée avec trois fois plus de matière première que pour une bière simple. Avec pour vocation de « suspendre la course du temps pour s’ouvrir à soi-même et aux autres », le projet de la brasserie porte également sur des aspects culturels et économiques. Les revenus générés par la vente des bières servent à soutenir les projets de l’abbaye, ainsi que son site archéologique tout en continuant à investir dans le patrimoine.

La « Semaine en rouge »

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), novembre 2021

Le patriarche émérite Grégoire III Laham, sera à Sion le 24 novembre dans le cadre de la «Semaine en rouge». Ces journées nationales de prière pour les chrétiens menacés et persécutés dans le monde sont organisées par l’œuvre d’entraide catholique «Aide à l’Eglise en Détresse (AED)».

TEXTES PAR JACQUES BERSET (AED) ET JEAN-HUGUES SEPPEY
PHOTO : AIDE À L'ÉGLISE EN DÉTRESSE (AED)

Le patriarche émérite Grégoire III Laham, qui fut jusqu’en mai 2017 patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem des grecs-catholiques melkites, sera en Valais du 24 au 28 novembre dans le cadre de la « Semaine en rouge » (Red Week 2021).

Ces journées nationales de prière pour les chrétiens menacés et persécutés dans le monde sont organisées par l’œuvre d’entraide catholique « Aide à l’Eglise en Détresse (AED) ».

Grégoire III Laham, de son nom de naissance Loutfi Laham, est né le 13 décembre 1933 à Daraya, connu comme lieu de la conversion de saint Paul, près de Damas, en Syrie. Il a été de 2000 à 2017 patriarche de l’Eglise
grecque catholique melkite. Le jeune Loutfi fréquenta, dès 1943, le séminaire des Pères Salvatoriens, au Monastère du Saint Sauveur, au Liban, où il termina ses études. Ses supérieurs l’envoyèrent en 1956 à Rome pour parfaire sa formation. Ordonné prêtre en 1959,
il rentre au Liban où il est nommé supérieur du grand séminaire de son Ordre à Jeita, près de Beyrouth. Il a enseigné la théologie et la liturgie à l’Université Saint-Esprit de Kaslik. Militant pour l’unité de l’Eglise, il fonda en 1962 la Revue « Unité dans la foi », première revue arabe qui traitait des questions œcuméniques.

En 1974, après l’arrestation par les Israéliens de l’archevêque melkite Hilarion Capucci, vicaire patriarcal de Jérusalem et condamné à 12 ans de prison pour transport d’armes pour la résistance palestinienne, le patriarche Maximos V Hakim le nomma vicaire patriarcal de Jérusalem.

Il y créera en 1976 un centre d’Etudes Religieuses Orientales, devenu aujourd’hui une branche adjointe de l’Université de Bethléem. Elu évêque en 1981, il lance un projet d’habitation pour recevoir des familles de Jérusalem, avec une église, une grande salle et un centre sanitaire. Ce projet terminé en 1983, est suivi de plusieurs constructions d’habitations, d’écoles, de centres sanitaires et de restauration d’églises paroissiales. Il a publié un nombre important d’ouvrages théologiques et historiques, dont une « Introduction aux rites liturgiques et à leurs symboles dans l’Eglise orientale ».

Quand le patriarche Maximos Hakim donne sa démission, le 29 novembre 2000, le Synode de l’Eglise melkite l’élit pour lui succéder. Il prend alors le nom de Grégoire III, qui signifie le « veilleur ». Le pape François accepte sa démission en mai 2017. Durant la guerre en Syrie et aujourd’hui encore, le patriarche émérite ne cesse d’exprimer son inquiétude de l’exode des chrétiens, dont il considère l’influence comme décisive pour l’avenir de la région. Plus de la moitié des quelque 1,5 million de chrétiens ont déjà quitté le pays.

La « Semaine en rouge » en Valais

Cette campagne se déroule en même temps dans de nombreux autres pays dans le monde entier. Des centaines d’églises, monuments et bâtiments ont été illuminés en rouge par le passé pour attirer l’attention sur le sort des 200 millions de chrétiens persécutés et opprimés qui vivent dans un environnement de violence, de persécution et de discrimination et sont empêchés de pratiquer librement leur foi. Ces dernières années, ce sont entre autres l’Abbaye de Westminster à Londres, le Colisée à Rome, la statue du Christ Rédempteur à Rio de Janeiro et la Sagrada Familia à Barcelone qui se sont drapés de rouge. Pour la première fois, la campagne de la Semaine rouge se déroulera dans toute la Suisse et la Principauté du Liechtenstein du 20 au 28 novembre 2021.

En Valais, la campagne se déroule en présence du patriarche émérite Grégoire III Laham

Dans notre décanat, la Cathédrale, les églises de Salins et des Agettes seront ainsi illuminées de rouge.
Une messe est prévue à la Cathédrale de Sion le mercredi 24 novembre à 18h. Elle sera suivie d’une conférence du patriarche Grégoire III.

Aide à l’Eglise en Détresse (AED ou ACN)
Antenne romande
Rue du Botzet 2
CH-1700 Fribourg
026 422 31 60
mail@aide-eglise-en-detresse.ch
aide-eglise-en-detresse.ch
IBAN: CH47 0900 0000 6001 7700 3

Les adieux dans l’intimité…

S’il y a une expérience qui touche au cœur les femmes et les hommes, c’est bien la perte d’un être cher… et spécialement durant ce temps où les restrictions sanitaires nous ont contraints de célébrer les adieux de manière encore plus confidentielle que d’habitude. Tant d’entre nous l’ont très mal vécu et ont souffert de n’avoir pas pu donner aux funérailles cet aspect communautaire ou tout du moins familial et fraternel.
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Prier en famille

PAR CHANTAL SALAMIN | PHOTOS : DR

«Prier en famille», c’est un livret d’accompagnement à la prière et un site internet préparé par une petite équipe romande composée d’Anne-Claire Rivollet (GE), Marie-Christine Conrath (NE), Monique Dorsaz (VD), Giampiero Gullo (VD) et Matthias Rambaud (VD) avec la participation de pastorales de la famille et de services de catéchèse. Ces deux outils complémentaires offrent des ressources spirituelles et créatives aux familles qui aspirent à une vie de prière familiale authentique et veulent dynamiser leur relation avec Dieu.

Un véritable trésor

Quatre étapes sont proposées dans le carnet : 1. Prier, par où commencer ?, 2. Prier avec la Parole de Dieu, 3. Prier en tout temps et 4. Prier durant les fêtes.

Dans l’édito, l’abbé Pascal Desthieux, initiateur du projet, raconte son expérience et nous invite à essayer… « « Et si on prenait un petit temps en famille ? » Mes parents se sont regardés, un peu étonnés, avant d’acquiescer : « Pourquoi pas ? » […] Assez vite, sans même l’avoir cherché ni voulu, nous avons constaté que les relations entre nous changeaient, s’apaisaient. Comme si ces moments de prière nous donnaient un peu de recul et nous rappelaient qu’il est bon de former une famille. »

Ce livret est un véritable trésor qui rejoint directement les cœurs par sa simplicité, sa profondeur… On y trouve vraiment tout l’essentiel pour prier. A mettre dans les mains de toutes les familles.

Et un site internet

Sur le site internet, vous trouverez des ressources complémentaires pour prier, chanter, louer, célébrer et créer : des histoires bibliques à écouter (mp3), des activités, ainsi qu’un blog de sept chroniqueurs réguliers, spécialistes ou parents, qui interviennent respectivement sur des thèmes de vie spirituels précis comme la grossesse, la vie de maman ou de papa, ainsi que la dynamique familiale, la louange et la vie spirituelle de l’enfant, etc.

On y trouve par exemple une vidéo pour apprendre à gestuer le Notre Père, un mode d’emploi pour créer une boîte de prières et des cartes de prières à découper et sur le blog, en ce mois de novembre, 5 pistes pour vivre un deuil en famille.

 

Accompagner les travailleuses du sexe, un chemin de fraternité

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, paroisses du décanat de Fribourg (FR), novembre-décembre 2021

Récemment, l’Église catholique a tissé des liens avec l’association Grisélidis, qui accompagne les travailleuses du sexe. Rencontre avec Corinne Siffert, responsable du programme Grisélidis et Noémie Schroeter, intervenante sociale.

PAR CORINNE SIFFERT, NOÉMIE SCHROETER ET OLIVIER MESSER
PHOTOS : CHLOÉ MADIÈS, DR

Faire un don à Grisélidis: CCP : 17-298152-8 IBAN : CH 15 0900 0000 1729 8152 8

Qu’est-ce que Grisélidis ?

Le projet a démarré le 8 mars 2007, à l’initiative d’un groupe de Fribourgeoises qui avait remarqué qu’il y avait une grande absence de structures spécifiques s’adressant aux travailleuses du sexe dans notre canton. Comme nous le savons, c’est une population particulièrement précaire. Dans d’autres cantons, certaines de ces structures étaient présentes et bien installées. Ce groupe de personnes a ressenti qu’une telle organisation était nécessaire pour Fribourg.

En sus de nous deux, l’équipe se compose de trois intervenantes sociales, Marjorie Jenny, Patricia Eicher et Aura Zapuc, pour un total de 1,55 équivalent plein-temps.

Au quotidien, que propose l’association ?

Le contact avec la Grand-Fontaine, lieu de travail du sexe très central à Fribourg, a été le fondement de l’activité de Grisélidis. Notre bus y est présent un soir par semaine.

Les travailleuses du sexe font appel à nous pour plusieurs choses : des réponses à des questions administratives qui sont parfois très compliquées, voire inaccessibles, quand on ne connaît pas bien le fonctionnement du système suisse ou qu’on ne parle pas bien français (factures, assurances, contrats, impôts, etc.). Lors de nos permanences sociales dans nos bureaux, nous apportons des explications et nous les accompagnons dans ces démarches. Les mercredis, l’une de nos collaboratrices anime un cours de français, ce qui leur permet de gagner en autonomie !

Avez-vous d’autres exemples de ce que vous proposez ?

Chaque semaine, nous distribuons des bons alimentaires (un bon par personne par semaine) à utiliser dans un magasin. Cette pratique a commencé pendant la Covid, quand la précarité devenait extrême. Nous espérons pouvoir continuer à donner des bons à l’avenir, malgré nos moyens très limités, car ils sont salutaires pour ces femmes. Évidemment, dans nos échanges avec elles, nous évoquons tout le volet de prévention autour de la santé sexuelle. D’ailleurs, nous distribuons des petits sacs de préservatifs et du lubrifiant. Ces personnes ont aussi la possibilité d’en acheter à bas prix lors de nos visites dans les salons de massage ou lors des permanences. Nous organisons gratuitement trois fois par an des dépistages des IST et VIH.

De plus, les travailleuses du sexe nous rencontrent également dans notre bus, où nous parlons des relations, des clients, de la famille, d’amour, des enfants, etc. Nous essayons de créer d’autres formes de lien et d’amener à ce moment-là de l’écoute et un soutien plus émotionnel, entre deux éclats de rire. Enfin, nous nous rendons dans les différents salons/salons privés où les femmes travaillent, pour prendre des nouvelles, donner des conseils et du matériel de prévention, demander si elles ont besoin de quelque chose, s’enquérir des conditions de travail sur place, etc. Toutes ces activités sont réalisées avec entrain depuis des années, malgré nos maigres ressources. Elles font partie intégrante de nos quotidiens et de celui des femmes… d’ailleurs Grisélidis fêtera en 2022 ses 15 ans !

La prostitution reste un gagne-pain singulier. Parmi les personnes que vous accompagnez, quelles sont, selon vous, les motivations qui les poussent à s’engager dans ce domaine ?

Dans le travail du sexe au sens large, les motivations peuvent être extrêmement variées. Une personne qui décide de faire « l’escort » à côté de ses études pour arrondir ses fins de mois ne se trouve pas du tout dans la même situation que les personnes que nous rencontrons dans notre association, qui ont souvent un parcours migratoire difficile et qui sont dans une précarité économique qui diminue considérablement les options professionnelles possibles.

De ce fait, le travail du sexe devient pour certaines un choix qui n’est finalement ni pire ni meilleur qu’un autre. C’est un peu un non-choix, car les options professionnelles pour ces personnes arrivant en Suisse sont très limitées. Le travail du sexe représente parfois la seule option qui leur permet de gagner suffisamment pour subvenir à leurs besoins quotidiens et espérer un avenir meilleur pour toute la famille, qui reste la plupart du temps au pays, ce qui complique encore la donne.

Selon vous, la dimension spirituelle est-elle importante pour ces personnes ?

Il est difficile de généraliser, mais nous savons que pour certaines personnes, la dimension spirituelle prend une importance immense. Celles qui sont croyantes apprécient le langage de la foi, recevoir la bénédiction, avoir un moment de partage avec une figure spirituelle. La présence d’un prêtre de temps en temps peut être rassurante, sécurisante et les rappeler à leurs cultures, leurs habitudes dans leurs pays, etc.

Aujourd’hui, alors que la Covid-19 n’est pas encore maîtrisée, quelles sont les difficultés spécifiques rencontrées par les travailleuses du sexe ?

Les travailleuses du sexe que nous rencontrons sont pour la plupart dans une grande précarité, et ce, même avant l’arrivée de la Covid. La pandémie les a énormément fragilisées physiquement et psychologiquement, les a isolées et certainement précarisées sur le long terme. Une des grandes difficultés, actuellement, réside dans le fait que le travail du sexe a de la peine à reprendre pleinement, car nous sentons encore une certaine réticence liée à la Covid-19, ce qui n’aide pas les personnes à soulager leur situation financière. Ce qui les inquiète aussi, c’est le fait que la pandémie n’est pas terminée. La crise sanitaire reste préoccupante et ne facilitera pas les choses dans les mois à venir… Au niveau financier, nous continuons de les soutenir avec des bons alimentaires, mais nous sommes limitées dans nos ressources et dépendons en grande partie de nos donateurs.

De quelle manière est financée Grisélidis ?

Grisélidis est subventionnée par le Département de la Sécurité et de la Justice, mais aussi par la Loterie Romande, ainsi que l’aide Suisse contre le Sida et l’Office fédéral de la police. En dehors de cela, nous avons heureusement de nombreux donateurs, dont les congrégations religieuses, la ville de Fribourg, les associations et des personnes privées. Leur soutien continue d’être vital.

 

5e Journée mondiale des pauvres

« Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous. » (Mc 14, 7)

L’équipe diaconie du décanat de Fribourg a la joie de vous inviter
à participer à cet événement.
La pauvreté a plusieurs visages
et diverses réalités. Sommes-nous des pauvres nous aussi ?

Samedi 13 novembre, 15h-17h: table ronde avec des intervenants d’horizons divers, grande salle de la paroisse Saint-Pierre.

Dimanche 14 novembre, 16h: mini pèlerinage ouvert et accessible à tous, départ de l’église du Christ-Roi vers l’église Saint-Jean, suivi de la messe à 18h.

Les murs de nos chapelles ne montent pas jusqu’au ciel…

Durant plusieurs années, Françoise Besson a été active au sein de la Plateforme Interreligieuse du Valais (PIV), une association créée en 2014, en partenariat avec le Mouvement franciscain «Souffle d’Assise». Encore mal connue, la plateforme est un lieu de (re)connaissance et de partage où l’on peut mutuellement «s’apprivoiser»…
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Les racines de la fête de saint Nicolas à Fribourg

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, paroisses du décanat de Fribourg (FR), novembre-décembre 2021

Chaque année, le premier week-end de décembre, Fribourg célèbre la Saint-Nicolas, fête du saint patron de la ville et manifestation phare accueillant près de 30’000 personnes venues écouter le discours de l’évêque de Myre. Cette tradition emblématique de la ville de Fribourg a une histoire longue, mais pas linéaire.

PAR SÉBASTIEN DE MICHEL | PHOTOS : EDWARD MEZGER/MUSÉE D'ART
ET D'HISTOIRE FRIBOURG/FRIBOURG TOURISME, DR

Selon les historiens, saint Nicolas est né vers 270 à Patare en Asie Mineure et mort en qualité d’évêque de Myre probablement dans les années 340. Peu d’éléments historiques sur sa vie nous sont parvenus, et il faut constater un grand décalage entre cette lacune et son culte très développé par la suite. On pense toutefois qu’il a été emprisonné et torturé pendant la persécution de Dioclétien (303-313) et qu’il s’est distingué lors du concile de Nicée (325) par sa défense de l’orthodoxie face à Arius. Autour de 650, son corps est transféré dans la cathédrale de Myre pour être protégé des avancées arabes. Durant le haut Moyen Âge, la figure de saint Nicolas se construit, probablement en opposition à la figure païenne Nicchus, divinité des eaux. L’hagiographie forge la tradition d’un saint évêque ayant accompli de nombreux miracles et actions charitables. Le miracle le plus connu est certainement celui des trois jeunes enfants assassinés, découpés et salés par un méchant boucher que saint Nicolas ressuscite du saloir (figure 1). Le saint thaumaturge sauve également un enfant laissé par sa mère dans un bain d’eau bouillante et trois jeunes filles forcées de se prostituer par leur père.

Au XIe siècle, son culte s’implante en Italie et dans le nord-est de l’Europe. Dès 1036, des églises qui lui sont consacrées sont édifiées à Bari dans les Pouilles. En 1087, lorsque la ville de Myre est prise par les Turcs, les gens de Bari vont chercher le corps de saint Nicolas pour l’installer chez eux. On parle alors de translation des reliques. Cet épisode favorise la diffusion du culte de saint Nicolas dans l’Europe médiévale, faisant de lui le saint du peuple, le patron des marchands, hommes de mer, jeunes clercs et écoliers. Dans la Légende dorée, Jacques de Voragine affirme d’ailleurs que son nom vient de nichos
(la victoire) et leos (le peuple).

La Saint-Nicolas à Fribourg

L’origine du culte de saint Nicolas à Fribourg semble remonter aux origines de la ville. En effet, lorsque le duc Berthold IV de Zähringen fonde la ville en 1157, il bâtit une église en l’honneur de saint Nicolas. Ce dernier n’est toutefois pas encore considéré comme patron de la ville. Au XIVe siècle, une chapelle dédiée au saint est
fondée par Guillaume d’Affry au monastère cistercien d’Hauterive. Un de ses descendants, Pierre d’Affry, élu abbé d’Hauterive en 1404, se rend à Rome pour obtenir la confirmation de sa nomination et ramène à cette occasion la relique du bras de saint Nicolas, alors placée à
Hauterive. Le culte du saint prend ensuite son essor à Fribourg au XVe siècle, lorsque la fête est déclarée fériée et que des monnaies sont frappées à l’effigie du saint. En 1505, le pape Jules II autorise le transfert du bras de saint Nicolas d’Hauterive à Fribourg (figure 2), transfert qui a lieu le 2 mars 1506. Dès lors s’organise chaque année une procession qui se confond avec la fête des Fous (fin décembre). En 1512, l’église paroissiale Saint-Nicolas est érigée en collégiale et s’enrichit d’images de son patron.

Dans la seconde moitié du XVIe, la fête populaire est bien implantée et entre en résonance avec la Sainte-Catherine (25 novembre), car les deux fêtes sont l’occasion d’un cortège en ville de Fribourg. Sainte Catherine est aussi considérée comme la patronne de la ville et, à l’instar de saint Nicolas, est censée protéger les jeunes mariés. Elle n’aura cependant pas la même postérité.

Une fête pas toujours approuvée

La Saint-Nicolas n’a pas bonne presse chez les jésuites à qui on confie l’enseignement supérieur à Fribourg à la fin du XVIe siècle. Leur supérieur Pierre Canisius n’écrit-il pas en 1583 : « Comment les Fribourgeois doivent-ils fêter dignement leur patron ? Suffit-il de sonner les grosses cloches ? De jouer de l’orgue ? D’envoyer des enfants à cheval à Hauterive ? D’aller s’enivrer et se remplir le ventre dans les auberges ? Une telle manière de fêter n’intéresse pas notre patron. […] Combien peu souvent vous songez aux grâces que Dieu vous a faites. Restez catholiques, soyez fidèles à la messe et aux sacrements, que saint Nicolas a défendus au concile de Nicée. » La Saint-Nicolas continue néanmoins d’être célébrée jusqu’en 1764, année lors de laquelle le Conseil de ville frappe d’interdit « toute céleste présence parmi les excès des ivrognes et les débordements moraux entraînés par les mouvements d’une foule commerçante en goguette ». La coutume se perd et il faut attendre 142 ans pour que le cortège de la Saint-Nicolas reprenne vie. En 1906, un petit cortège allant de Gambach au Tilleul est organisé par des élèves du collège Saint-Michel avec un saint Nicolas et un père Fouettard. L’organisation a lieu dans le secret par peur de représailles de la direction du collège. Mais c’est un succès et la Saint-Nicolas est totalement relancée. En 1916, le rectorat du collège récupère officiellement l’organisation du cortège, qui par la suite s’allonge et se modernise. Le discours est d’abord prononcé depuis la Grenette puis, dès 1949, depuis la terrasse surplombant le porche de la cathédrale (figure 3).

Actuellement et malgré quelques adaptations liées à la crise sanitaire, la fête se déroule toujours le premier week-end de décembre. Saint Nicolas se rend du collège Saint-Michel à la cathédrale, déambulant sur son âne et saluant la foule, escorté par les pères Fouettards et toute sa troupe. Avançant au son des chœurs de la ville, il ravit la populace par une abondante distribution de biscômes avant d’adresser un discours bilingue depuis la terrasse de la cathédrale Saint-Nicolas. Espérons que la situation sanitaire nous laissera revivre cette tradition dans son intégralité en 2022.

 
 
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