La Fête-Dieu à Fribourg

Événement phare du paysage religieux fribourgeois à la fin du printemps (60 jours après Pâques), la Fête-Dieu s’inscrit dans une histoire pluriséculaire. Perturbée par la pandémie en 2020 (messe chez les sœurs de Montorge et bénédiction depuis Lorette) et en 2021 (messe en comité réduit à l’église du collège Saint-Michel), la procession de la Fête-Dieu va marquer son grand retour en 2022 si la météo est clémente. C’est l’occasion de revenir dans ces quelques lignes sur l’histoire de cette fête.

PAR SÉBASTIEN DEMICHEL | PHOTOS : DR, JEAN-CLAUDE GADMER

La Fête-Dieu, également appelée Solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ, est d’origine médiévale. Elle procède d’une vision mystique d’une religieuse, sainte Julienne de Cornillon, près de Liège en 1246. Dans une révélation du Christ, elle voit une lune étincelante dont il manque un morceau, signifiant l’absence dans l’Église d’une solennité dédiée au corps et au sang du Christ. En 1264, suite à un miracle eucharistique (du sang jailli d’une hostie consacrée), la fête est étendue à toute l’Église et institutionnalisée par le pape Urbain IV. La fête de l’Eucharistie enveloppe ainsi par une adoration annuelle de l’hostie le rite quotidien de la messe.

Le développement de la liturgie eucharistique est toutefois bien antérieur. Au IVe siècle, Cyrille de Jérusalem réfléchit déjà aux changements qu’opère la consécration sur le pain et le vin. À la même époque, saint Ambroise évoque une conversion miraculeuse des espèces eucharistiques. Entre le IXe et le XIe siècle, l’Église remplace le pain levé par du pain azyme (non levé) et au XIIe siècle, le rite de l’élévation est introduit. La Fête-Dieu prend naissance en parallèle des réflexions de saint Thomas d’Aquin sur la métaphysique de la transsubstantiation, seule explication autorisée du mystère eucharistique. Le pain et le vin deviennent véritablement corps et sang du Christ. Ainsi, la Fête-Dieu n’a rien d’une génération spontanée, mais se greffe sur les développements eucharistiques contemporains. Saint Thomas compose d’ailleurs à cette époque le célèbre Pange lingua dont les premières lignes renvoient au mystère eucharistique : «Chante, ô ma langue, le mystère du corps glorieux et du précieux sang que versa, rançon du monde, le fruit d’un ventre généreux, le Roi des peuples.»

La diffusion du rite

La solennité de la Fête-Dieu se diffuse en Occident durant la première moitié du XIVe siècle. Elle consiste d’abord en un office chanté propre au jeudi suivant la Trinité, puis s’accompagne rapidement d’une longue procession en plein air. Le pape Clément V confirme l’institution de la fête qui devient populaire et se développe en procession dans les rues des cités. Le Saint-Sacrement, placé dans l’ostensoir, est au cœur de cette liturgie d’adoration qui glorifie le Corps du Christ au milieu des hommes.

La Fête-Dieu est introduite dans le diocèse de Lausanne en 1322. On ne connaît pas exactement la date de la première procession à Fribourg, mais la première attestation remonte à 1425. Cette année-là, le Conseil de la ville produit un document qui règle un conflit de préséance entre corporations devant le Saint-Sacrement, prouvant que la procession est déjà bien établie. Puis, le rite perdure sans grands changements durant les siècles suivants et s’incorpore aux institutions.

Les époques moderne et contemporaine

« Le jour et les hommes peuvent se lever, fêter le corps mystérieusement présent d’un Dieu fait homme : sur terre, l’état de ciel est proclamé. » C’est par ces mots que Claude Macherel et Jean Steinauer, auteurs d’un ouvrage de référence sur la Fête-Dieu, caractérisent la solennité. La journée débute par un réveil de la ville en fanfare, le grondement du canon à l’aube et la diane (chant d’usage militaire) jouée par l’Union instrumentale. Depuis 1643, la procession est précédée d’un tir d’artillerie. Jusqu’à la fin des années 1960, elle part de la cathédrale et fait le tour de la ville de manière circulaire avec quatre reposoirs aux quatre points cardinaux. Depuis lors, elle chemine du collège Saint-Michel (où est célébrée la messe) à la cathédrale Saint-Nicolas.

Le cortège est formé de cinq groupes avec en son centre l’évêque qui porte l’ostensoir, entouré par les thuriféraires, les gardes suisses et la Confrérie du Très-Saint-Sacrement. Fondée en 1653, cette dernière est formée de membres d’anciennes familles patriciennes de la ville, vêtus d’habits noirs et de gants blancs et équipés d’une lanterne armoriée. Parmi les autres groupes, il convient de mentionner les fanfares, les autorités ecclésiastiques, civiles et académiques, les sociétés d’étudiants, les chœurs paroissiaux, divers ordres (Malte, Saint-Sépulcre), les premiers communiants et enfin les fidèles qui referment la marche. Huit coups de canon rythment les étapes de la célébration entre le commencement de la messe à Saint-Michel et la fin de la cérémonie à la cathédrale, en passant par la bénédiction aux reposoirs.

Ainsi, la Fête-Dieu constitue un événement majeur de la vie religieuse fribourgeoise. Fruit d’une tradition pluriséculaire, cette fête constitue un prolongement de la célébration eucharistique. Comme le soulève la Congrégation pontificale pour le culte divin et la discipline des sacrements, l’Hostie est portée en procession en dehors de l’église afin que le peuple chrétien « rende un témoignage public de foi et de piété envers le Saint-Sacrement ».

Solennité de la Fête-Dieu le 16 juin 2022

à Fribourg à 9h dans la cour du collège Saint-Michel (par temps sec), plus d’informations sur : https://fete-dieu.ch/fr.html

à Givisiez à 10h à l’église, procession par beau temps.

à Villars-sur-Glâne à 10h à l’église, suivie de la procession du Saint-Sacrement, avec la participation des communiés du mois de mai. À l’arrivée à la cabane du Platy, il y aura un temps de prière qui sera suivi du traditionnel temps de convivialité autour d’un repas canadien.

Pour davantage d’informations voir le site de l’UP Saint-Joseph :

www.upsaintjoseph.ch

Pour plus d’informations, voir:

➤ MACHEREL, Claude; STEINAUER, Jean, L’état de ciel : portrait de ville avec rite : la Fête-Dieu de Fribourg (Suisse), Fribourg, Méandre, 1989.

➤ MULHAUSER, Johann ; GADMER, Jean-Claude, Dieu en fête. Regards sur la procession de la Fête-Dieu à Fribourg, Fribourg, La Sarine, 2009.

Précarité en Valais

Lucie est une femme particulière et haute en couleur. Elle le dit elle-même. Originale, rigolote, décalée avec un humour remarquable et un fantastique entregent, elle dégage une joie et une simplicité désarmantes. D’origine française, épouse de John, tous deux vivent à Granges en compagnie de leur troupe de lapins et chat. Artiste aux yeux grands ouverts sur le monde avec une option préférentielle (re)marquée pour les pauvres, Lucie Athimon a ouvert récemment une page FaceBook intitulée «Précarité Valais». Elle nous en parle.

PROPOS RECUEILLIS PAR PASCAL TORNAY | PHOTOS : DR

Lucie, comment t’es-tu décidée à ouvrir cette page FB ?

C’est en croisant la route d’une personne SDF en ville de Sion, qui dormait dans une tente en plein mois de décembre, que je me suis dit qu’il fallait agir sérieusement. J’avais déjà créé un groupe de don alimentaire, mais ça n’avait pas pris. J’ai donc décidé que j’y mettrais plein d’amour et d’énergie, pour donner un peu de lumière à ceux qui sont dans la tempête.

Comment cette page t’est-elle utile ?

Je reçois des demandes d’aide de personnes dont je n’aurais jamais eu connaissance sans cette page. Il y a aussi de généreux donateurs. Je fais régulièrement des appels aux dons, ou alors, si je vois quelqu’un faire la manche, je le dis sur le groupe, afin que les gens puissent aller aider cette personne s’ils le souhaitent. Je tiens à souligner que les gens qui me demandent de l’aide restent anonymes.

Que constates-tu dans les relations que tu as avec des personnes fragilisées ? De quoi manquent-elles le plus ?

Tout le monde peut se retrouver en situation précaire, et ce, pour beaucoup de raisons. Je suis souvent frappée par l’intelligence des gens. Nous avons des discussions très intéressantes et à cœur ouvert. Il m’arrive souvent de me sentir toute petite à côté d’eux.

Je remarque cependant que les personnes en situation précaire ont tellement été malmenées par la société, qu’elles en ont bien souvent perdu l’estime de soi. Il est important qu’elles sachent que moi, je crois en eux comme jamais ! Je suis profondément convaincue que leur avenir est beaucoup plus radieux qu’il n’en a l’air.

As-tu fait, toi aussi, l’expérience de la précarité ? Comment cela ?

Oui, quand j’avais environ 20 ans, je me suis retrouvée moi aussi sans domicile fixe. Je n’ai jamais dormi dans la rue, mais dans un foyer où l’on pouvait rester deux semaines au maximum. Le matin, on était mis dehors jusqu’au soir, mais le personnel était fabuleux ! Au début, j’avais encore un travail, mais je l’ai rapidement perdu. On m’a ensuite trouvé une place dans un foyer pour femmes et là, il n’y avait pas de durée maximale et je pouvais y rester toute la journée si je voulais. Il n’y avait pas d’horaires et j’avais ma propre chambre.

Comment relies-tu ta foi avec tes engagements et ton mode de vie ?

Toute ma vie repose sur ma foi ! Si je n’aide pas mon prochain, alors quel genre de catholique suis-je ? L’Amour est le fondement même de la religion. « Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait », dit Jésus (in Mt 25, 31-46). Eh bien, moi, j’ai envie de répandre la lumière et l’Amour de Dieu. Mon mari me soutient et m’accompagne, ce qui est primordial.

J’ai l’habitude de dire que la religion est le tuteur de l’esprit. Faisons-la vivre ! Jésus n’a pas été sacrifié sur la croix pour nous voir pleurer ou pour nous voir nous faire la guerre ! Aidons-nous et aimons-nous !

L’Eglise est dans une phase d’écoute universelle dans le cadre du synode souhaité par le pape François, selon toi, quels sont les lieux où l’Eglise doit progresser ?

J’aurais beaucoup de choses à dire, mais je trouve que la religion n’est pas assez vivante et qu’il manque de proximité avec les gens d’Eglise. Vivons la Foi ! Rencontrons-nous pour discuter, pour faire des activités, pour faire vivre Dieu ! Nous sommes en 2022 et les églises se vident. Pourquoi ? Peut-être parce que nous pouvons y mettre plus d’énergie, plus d’Amour, plus de bienveillance ! Je suis convaincue que Dieu veut nous voir en joie, occupés à faire le bien, plutôt que de critiquer comment la voisine était habillée à la messe ce dimanche. Soyons unis et solidaires !

Vous voulez donner un coup de main ou en savoir davantage au sujet de « Précarité Valais » ? 
➯ Rendez-vous sur la page FaceBook de Lucie : Précarité Valais

Accueillis par une fresque

Une magnifique fresque biblique orne le mur d’entrée du local du groupe de jeunes depuis le mois de février, soulignant son caractère religieux. Bénédicte, membre du groupe, nous présente ce projet.

PAR BÉNÉDICTE SAHLI
PHOTOS : CHARLOTTE OBEZ

L’idée de repeindre l’entrée du local, initialement grise, a germé très tôt lors du réaménagement des lieux. Plusieurs soirées se sont succédé durant lesquelles différentes idées ont été proposées jusqu’à finalement déboucher sur la composition actuelle. Lorsqu’elle a été soumise aux graffeurs, elle n’était encore qu’une ébauche, leur laissant ainsi une certaine liberté.

Les personnages de la fresque

Jésus, au centre, nous accueille les bras ouverts, accompagné de Marie à sa gauche en hommage à l’église de Nyon, Notre-Dame de l’Immaculée Conception. A sa droite, un jeune gravit les marches et nous invite à le suivre. Tous trois sont représentés sur fond de collines verdoyantes à l’aspect régional et de montagnes enneigées. Surplombant le paysage, une phrase prononcée par l’abbé Jean-Claude Dunand lors de la bénédiction des lieux : « Tout devient possible lorsque le courage de la jeunesse s’allie à la force de Dieu. »

La fresque a été réalisée par un membre de la Pastorale Animation Jeunesse et par un de ses amis, tous deux graffeurs professionnels, venus de Lausanne. Les jeunes présents le 12 février, jour de la réalisation de la fresque, ont pu s’essayer à la bombe de peinture.

Une fresque en évolution

Des éléments continuent à être ajoutés à la fresque au fil des rencontres du groupe. Des personnages marquants de la chrétienté vont prendre place chronologiquement d’Adam et Eve à ceux de nos jours en passant par Abraham, Marie-Madeleine ou encore saint Thomas d’Aquin. Ceci laisse à chacun l’opportunité d’illustrer les figures qui l’inspirent dans sa foi ou d’en découvrir de nouvelles grâce aux discussions que ce projet suscitera.

Une autre changement, qui perdurera aussi longtemps que de nouvelles personnes rejoindront le groupe, sera de marquer un pan du mur de l’empreinte de leur main et de la signer. Ceci afin que chacun puisse laisser une trace de son passage au sein du groupe.

 

Les nouvelles chaires numériques

Il est devenu évident que le monde numérique a profondément modifié les habitudes de vie de nos contemporains.
La vie de l’église est bien entendu profondément touchée par cette révolution: de la même manière que l’apparition de l’imprimerie a transformé la façon d’annoncer la Parole de Dieu, la révolution numérique voit apparaître de nouvelles chaires.

PAR PAUL SALLES | PHOTOS : DR

Qu’est-ce qu’une chaire ? Il s’agit de cette petite tribune élevée du haut de laquelle le prêtre prononçait son sermon, avant l’apparition des micros. Elle était donc le lieu et le symbole de la prédication. Si aujourd’hui, dans nos églises, l’homélie est le plus souvent prononcée depuis l’ambon, le monde numérique a suscité l’émergence de nouvelles chaires sur les plateformes et les réseaux sociaux les plus connus (Facebook, Twitter, YouTube, Instagram, Tiktok…). Sans être exhaustif, voici quelques réalités qui existent dans le monde catholique francophone.

Lancé en 2007 par un trio de jeunes prêtres d’Ile-de-France, le padreblog était à l’origine un blog qui permettait à ces jeunes prêtres une parole directe et à large échelle sur des sujets d’actualité. Depuis l’apparition des réseaux sociaux, ce blog a évolué en une plateforme qui oriente ensuite sur leurs médias en ligne.

Sur Twitter, Mgr Giraud, l’actuel évêque de Sens-Auxerre, fut l’un des premiers à proposer dès 2011 des « twitthomélies » quotidiennes. Désormais, un grand nombre d’évêques se prêtent à l’exercice et ont même des équipes chargées d’animer en leur nom ces réseaux.

Rejoindre les jeunes

L’enjeu de la présence de l’Église sur les réseaux est grand : alors que les jeunes passent de plus en plus de temps derrière les écrans, c’est là qu’il faut être si l’on souhaite les rejoindre. De ce fait, les paroisses de ces nouveaux prédicateurs ne sont plus géographiques, mais numériques. Qu’en est-il aujourd’hui ? Qui sont ces prédicateurs qui peuvent rassembler de nombreux « followers » sur les réseaux ? Citons le Frère Benjamin, de la communauté des salésiens et ses 13’000 abonnés sur Instagram, ou bien le Père Vincent Cardo, du diocèse de Langres. Son compte « lecuredetiktok » publie tous les jours, pour près de 74’000 suiveurs. Citons encore le dominicain Paul Adrien et ses vidéos qui cumulent plus de 4 millions de vues sur YouTube. Celui qui truste la première place du podium reste le Père Matthieu Jasseron, curé à Joigny dans l’Yonne et qui compte 994’000 abonnés sur Tiktok, le réseau social préféré des adolescents, même s’il est loin des 2,4 millions du prêtre philippin Fiel Pareja.

Répondre à leurs questions

Au-delà des chiffres, quel contenu est ainsi diffusé sur le web ? Sur la forme déjà : les codes du genre sont respectés et collent à la réalité de ce que les jeunes rencontrent tous les jours sur leurs écrans. Quant au fond, il faut comprendre qu’une véritable communauté se forme entre celui qui publie ses vidéos et ses abonnés avec lesquels existent un échange et des discussions. Ainsi, le plus souvent, les thèmes des vidéos correspondent aux questions qui lui sont posées : « Irons-nous au paradis si nous disons des gros mots ? », « Ça veut dire quoi amen ? », « Si Dieu pardonne tout, pourquoi l’enfer existe ? » Sans oublier les questions autour de la sexualité, toujours très présentes dans les préoccupations des jeunes.

Notons enfin que ces nouvelles chaires ne sont pas une chasse gardée des prêtres. À titre d’exemple, nous pouvons citer la chaîne de Benjamin Pouzin (l’un des fondateurs du groupe de pop louange Glorious), ou celle d’un jeune de 21 ans, Victor dans la vraie vie, mais « le catho de service » sur le web et ses 5’000 abonnés.

En route pour la vie

PAR AUDREY BOUSSAT
PHOTOS: DARREN IRWIN, AUDREY BOUSSAT

J’avais prévu d’écrire un éditorial sur le fait d’accueillir sereinement les défis et les difficultés du quotidien, car ils nous font grandir. Eh bien, le Seigneur m’offre l’occasion de vous raconter une anecdote que je suis en train de vivre à l’heure où j’écris ces lignes.

Tout a commencé il y a plusieurs mois lorsqu’on m’a offert l’opportunité de me rendre à Londres pour le travail. Mon premier déplacement seule, un trajet en avion après trois ans sans avoir quitté la terre ferme et une conférence à donner dans une langue étrangère… J’avais de multiples raisons de préférer ma zone de confort à cette aventure anglaise. J’ai pourtant saisi cette occasion de me dépasser et d’affronter mes peurs. Moi qui suis si peu à l’aise au milieu de la foule, à Londres j’allais être servie ! Le voyage s’est merveilleusement bien passé : mon compagnon de route de chaque instant, Dieu, était avec moi.

Et il s’est aussi montré présent le matin où, visitant un musée, j’ai appris que le vol de retour, que je devais prendre quelques heures plus tard, était annulé. Comme je devais impérativement rentrer le jour même, il me fallait trouver rapidement une alternative. Impossible d’obtenir un billet d’avion avant le surlendemain : le voyage se ferait donc en train. La durée du trajet s’en trouvait particulièrement rallongée, mais peu importe !

Ce qui compte vraiment, ce qui a du sens à mes yeux et me procure de la joie, c’est que grâce à ce changement de plan, j’ai pu voir mon oncle qui habite Paris ! J’écris ces quelques mots à bord d’un train qui file dans la nuit. L’arrivée à Genève est prévue à minuit 55 à cause de retards. Je suis fatiguée mais heureuse : heureuse d’avoir vécu un séjour ensoleillé et riche en découvertes dans la capitale anglaise, heureuse de rentrer aujourd’hui, comme prévu, heureuse d’avoir revu un membre de ma famille que je croise rarement.

Parfois nos plans sont perturbés, un imprévu s’invite à la fête, tout ne se déroule pas comme nous l’avions escompté. Ou un défi qui implique de la nouveauté se présente et nous doutons. Rien de dramatique là-dedans, mais cela nous dérange. Ces deux dernières années ont pu nous engourdir ; nous avons aménagé une bulle confortable autour de nouvelles habitudes restreintes. Il est temps de faire éclater cette bulle et de vivre pleinement en acceptant les surprises et les changements de plan qui se présentent à nous : autant de bénédictions que le Seigneur nous offre et qui nous permettent de nous rapprocher de lui. Osons nous engager et disons oui, avec joie et sérénité, à la vie qui nous appelle !

Jeux, jeunes et humour – mai 2022

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Pourquoi fête-t-on l’Ascension un jeudi ?
Tout simplement parce qu’elle est célébrée 40 jours après Pâques qui tombe sur un dimanche. Je vous laisse faire le calcul ; on arrive forcément sur un jeudi. Derrière cela, il y a toute la symbolique du nombre 40, temps d’attente et de rencontre avec Dieu au désert – pensons au Carême ou à Moïse – revivifié ici par la Résurrection de Jésus qui apporte du neuf dans notre relation à Dieu.

par Pascal Ortelli

Humour

Un handicapé sur chaise roulante conversait avec ses amis d’infortune au sujet d’une innovation dernier cri rajoutée sur sa chaise roulante électrique. Elle était en effet équipée d’un GPS. 
– Vous voyez, dit-il, si je me trompe de rue, automatiquement, comme pour les voitures, j’entends une voix qui me dit : « Faites demi-tour, dès que possible. »
– Génial ! répartit l’un d’eux.
Quelque temps plus tard, un ami rencontre l’heureux propriétaire de cette chaise révolutionnaire et lui lance : 
– Alors, ton GPS, toujours au point ?
– Non, je l’ai enlevé !
– Ah bon, pourquoi ?
– Chaque fois que je passais devant le cimetière, j’entendais : « Vous êtes arrivé, vous êtes arrivé… »

par Calixte Dubosson

En librairie – mai 2022

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Je me suis laissé aimer…
Brigitte Bédard

« Nous n’incarnons en rien l’image du bon chrétien, si cela signifie être parfait, sans faille et marcher droit. Hugues et moi, nous nous savons profondément pécheurs – la lecture de ce livre vous en convaincra – incapables d’aimer et de se laisser aimer, comme Dieu nous y invite. Ce que nous savons cependant, et qui fait que, finalement, nous sommes de bons chrétiens, dans le vrai sens du terme, c’est l’expérience d’être au quotidien démesurément et infiniment aimés de Dieu. En voici les preuves… » Avec une joie de vivre et un humour débordants, Brigitte Bédard nous entraîne dans le ménage à trois que forme son couple avec le Seigneur. 

Editions Artège

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Pourquoi Padre ?
Les prêtres de Padreblog

Qu’arrivera-t-il aux non-croyants après leur mort ? Pourquoi les prêtres ne sont-ils pas mariés ? Comment parler de la Providence de Dieu avec tout le mal qui arrive en ce monde ? Toutes ces questions et bien d’autres, les prêtres de Padreblog (des prêtres actifs sur les réseaux sociaux) y répondent de façon claire et précise chaque semaine sur KTO, avec un succès d’audience qui ne se dément pas. Nombreux sont ceux qui souhaitaient voir ces questions-réponses mises à l’écrit. C’est chose faite : voici un formidable outil de formation personnelle et d’évangélisation !

Editions Artège

Acheter pour 26.20 CHF

Zita, courage et foi d’une impératrice
Gaëtan Evrard

Le destin de la dernière impératrice d’Autriche, qui, à la suite de son mari, pourrait être béatifiée est conté avec bonheur dans cette BD. Traversant tout le XXe siècle avec un courage édifiant, Zita seconda d’abord son époux l’empereur Charles d’Autriche dans son combat pour sortir l’Europe du premier conflit mondial. Veuve à 30 ans, pauvre et exilée, elle se voua à l’éducation de ses huit enfants et soutint la résistance antinazie lors du second conflit mondial. Après un très long exil, le retour de Zita en Autriche, en 1982, fut un triomphe. Une figure de femme à la foi exemplaire qui peut susciter des actions héroïques en ces temps troublés par la guerre.

Editions du Triomphe

Acheter pour 25.40 CHF

Je ne les ai pas laissés seuls
Nicole Gillouard

Dans ce lieu de soins tendu vers l’efficacité qu’est l’institution hospitalière, Nicole Gillouard tente de faire entendre sa note discrète. Elle n’est ni soignante ni prêtre. Sa mission est d’être là, sans objectif, disponible pour celles et ceux qui le souhaitent, à l’écoute de leur demande et de leurs capacités. Avec pudeur et tact, elle dévoile les visages de celles et ceux qu’elle a accompagnés pendant ses dix années de mission au sein du CHU de Rennes. Une expérience humaine intense au contact de la fragilité et de la souffrance, mais aussi teintée d’instants d’une beauté lumineuse.

Editions Nouvelle Cité

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Chrétien dans un monde qui ne l’est plus ?

La société de consommation, les nouvelles technologies, mais surtout le relativisme font qu’il est de plus en plus difficile de diffuser la vérité chrétienne. Dans un monde gouverné par l’émotion, le chrétien peut-il proposer une sagesse qui demande du recul par rapport au vécu?

PAR CALIXTE DUBOSSON | PHOTOS : PIXABAY, PXHERE, FLICKR, DR

«Etre dans le vent: une ambition de feuille morte!» Cette métaphore de Gustave Thibon, écrivain et philosophe français, signifie qu’être informé de la dernière mode et la suivre est une recherche, un désir de quelqu’un vide et sec intérieurement. Autre citation, celle de Sören Kierkegaard, écrivain, poète et théologien danois: «Qui épouse l’esprit du temps sera vite veuf!» Enfin: «A force d’être dans le vent, on finit par attraper des rhumes», ajoute l’écrivain français Jean Dutourd.

Ces auteurs me sont venus à l’esprit en voyant l’évolution des phénomènes sociétaux dans le monde et en Suisse. Lors des votations qui concernent les mœurs (solution des délais, fécondation in vitro, mariage pour tous), il apparaît que l’Eglise ou ses représentants sont systématiquement désavoués. Ce qui donne l’impression que le chrétien qui suit les orientations et les recommandations des autorités de son Eglise vit dans un monde étranger à la société actuelle. Il se sent désorienté et tombe souvent dans un profond désarroi. Est-il en phase avec les réalités du moment? Est-il dans l’erreur quand il affirme ses convictions qu’une étude attentive de la Bible et de la tradition lui ont léguées? Malgré les désillusions et les déconvenues, aurait-il raison contre tous?

Toutes ces questions taraudent l’esprit de celles et ceux qui vont à l’encontre des idées reçues, ce qui fait dire à un paroissien: «L’opinion publique majoritaire regarde les choses de façon superficielle. Prenez l’exemple du mariage pour tous. Il est évident que les gens ne se sont posé qu’une seule question: doit-on permettre aux couples homosexuels de se marier civilement? Bien sûr que oui. Comment répondre non dans un monde qui veut l’égalité à tous les niveaux? Par contre le droit de l’enfant, la PMA et bientôt la GPA demandaient une vraie réflexion que peu ont entreprise.»

«Un abîme plutôt qu’un fossé»

Commentaire de calixte dubosson

Souvent dans mes allées et venues au village, je rencontrais une jeune fille fraîchement majeure. Un jour, nous avons bu un café ensemble au bistrot du coin. La conversation nous amena à parler de la gestation pour autrui.

Je lui parlai de l’animateur français Marc-Olivier Fogiel qui s’est marié avec son compagnon et qui a «commandé» deux enfants nés aux Etats-Unis, d’une mère porteuse, pratique illégale en France. Avant que je puisse dire ma totale réprobation de la GPA, elle m’adressa cette parole qui me laisse sans voix encore aujourd’hui: «C’est inadmissible que la France interdise cette pratique!» J’ai immédiatement compris que nous n’étions plus du même monde et que le fossé qui me séparait d’elle était plutôt un abîme.

Le courage d’être chrétien

«Défendre les principes fondamentaux demande aujourd’hui du courage.»

Mgr Jean-Marie Lovey

«Défendre les principes fondamentaux demande aujourd’hui du courage. Ce n’est pas parce que le vent souffle dans telle direction que toute la barque doit suivre le mouvement»: ainsi s’exprimait Mgr Jean-Marie Lovey lors d’un entretien au Nouvelliste1. Le chrétien serait-il donc un être courageux? Si l’on prend pour modèle le Christ, la réponse ne fait pas de doute. L’épisode de la femme adultère, par exemple, où il fait front contre toute l’intelligentsia de l’époque. Plus encore quand le Seigneur met les pieds dans le plat : « Au temps du prophète Elie, il y avait beaucoup de veuves en Israël. Pourtant, Elie n’a été envoyé vers aucune d’entre elles mais bien à une veuve étrangère de la ville de Sarepta, dans le pays de Sidon. A ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, alla son chemin.»
(Lc 4, 25-28)

A la suite de son maître, le chrétien est amené à défendre des valeurs. Mais il faut d’abord dire qu’il y a une distinction essentielle à faire avant d’aller plus loin. Le chrétien d’aujourd’hui est très divers. Il y a celui qui se rend à l’église pour baptiser ses enfants ou pour se marier, mais qu’on ne revoit plus dans les autres évènements de la vie ecclésiale. Il y a celui qui s’informe sur les valeurs du christianisme en développant une conscience chrétienne éprouvée. Il y a celui qui s’engage sur le plan social ou sur le plan politique et qui vit sa foi dans un rapport direct avec Dieu sans médiation ecclésiale. Il y aurait encore tant d’autres catégories que l’on ne peut évoquer dans un si bref article. Il semble toutefois que d’après les statistiques, les opinions minorisées par les résultats des votations se trouvent dans le camp des pratiquants réguliers compris ici en tant que fidèles à la messe du dimanche et aux sacrements. Nous ne sommes plus à l’époque où le curé dictait les intentions de vote aux fidèles et c’est tant mieux. Ce n’est donc pas de lui que viendrait l’inspiration principale. D’ailleurs, une de mes connaissances m’a reproché mon silence en vue de la votation du mariage pour tous. Je lui ai répondu que dans mes conversations, j’ai clairement affirmé mon opinion, mais que le faire du haut d’une chaire serait pour moi une sorte de violation des consciences en profitant d’une audience qui n’est pas faite pour ça. Ce serait d’ailleurs plus contre-productif qu’autre chose.

1 NF 08.09 2021.

Le monde actuel

Maintenant que nous avons mieux défini l’adjectif de chrétien, il convient de le situer dans la perspective qu’il vit dans un monde qui ne l’est plus. La philosophe française Chantal Delsol n’y va pas par quatre chemins. Pour elle, nous assistons à la fin de la chrétienté. Le constat est sans appel. Et pourtant, il est teinté d’espoir ou d’espérance pour les chrétiens. Je ne parle pas du christianisme, qui n’est pas une religion perdue et qui continue à se déployer. La chrétienté, c’est la civilisation dans laquelle le christianisme apporte ses lois et ses mœurs. Et c’est ça qui est effacé depuis les années 50… D’après elle, au fil des ans, la chrétienté aurait été remplacée par le cosmothéisme: «Il s’agit d’une nouvelle croyance. Lorsque la chrétienté s’efface, elle n’est pas remplacée par rien. Il reste un pourcentage non négligeable de chrétiens. Mais les autres ne tombent pas dans le néant, ils se mettent à croire en d’autres choses. C’est une adoration du monde. C’est ce qui se développe avec l’écologie, qui est en train de devenir une religion. Cela fait partie des nombreuses tendances qui tendent à remplir le vide.»2

Ce constat semble se vérifier dans les conversations du «Café du commerce». J’entendais mes voisins de table disserter sur l’écologie. Aujourd’hui, ce n’est plus les dix commandements qui nous aident à faire un examen de conscience. Il faudra s’examiner sur le nouveau dogme qui a lui aussi ses règles: tu ne voyageras plus en avion, tu ne laisseras plus couler l’eau quand tu te laves les dents, tu n’imprimeras plus tes documents numériques, etc. Voilà les nouveaux péchés et pour ceux-là il n’y aura aucune absolution. Par contre, tricher, mentir, tromper son conjoint deviennent des péchés secondaires!

2 Chantal Delsol, La fin de la Chrétienté, octobre 2021.

«La chrétienté est finie en tant que civilisation. Je ne parle pas du christianisme, qui n’est pas une religion perdue et qui continue à se déployer. La chrétienté, c’est la civilisation dans laquelle le christianisme apporte ses lois et ses moeurs.»

Chantal Delsol

Relativisme et émotion

Selon le philosophe Zygmunt Bauman, il n’y plus de bien commun, ce qui gouverne la politique est désormais l’émotion.

Un autre constat est posé par Rod Dreher, journaliste et écrivain américain dans son livre Comment être chrétien dans un monde qui ne l’est plus?3 L’auteur affirme que le monde n’est plus chrétien à cause de l’avènement de la société de consommation, des nouvelles technologies et du relativisme. «Tout cela fait qu’il est de plus en plus difficile de vivre avec la vérité chrétienne dans le monde. Dans une société de plus en plus individualiste coupée de la tradition, la seule autorité qui apparaisse comme justifiée est le moi. C’est ce que le philosophe Zygmunt Bauman appelle la société liquide. Il n’y a plus de bien commun, ce qui gouverne la politique est désormais l’émotion.»

Combien de fois n’entendons-nous pas dans les interviews, le mot relativement? «Le taux de probabilité est relativement faible. La tendance est relativement en hausse. » Et la réponse aux questions est souvent: «Oui et non.» Difficile dans ces conditions de faire émerger une vérité! Pourtant, si l’on prend la question de l’existence de Dieu, il faudra dire oui ou non. L’un aura tort, l’autre raison. Il n’y aura pas de juste milieu.

Rod Dreher affirme que le monde n’est plus chrétien à cause de l’avènement de la société de consommation.

Rod Dreher ajoute: «Je crois que les chrétiens doivent aller dans le monde. Mais dans un monde postchrétien, hostile au christianisme, je crois qu’il faut avoir une foi solide, appuyée sur une formation intellectuelle. On ne peut pas aller au combat désarmé!»

«Soit on est dans le vent, soit on crée le courant», disait souvent le regretté Mgr Joseph Roduit. N’y a-t-il pas ici un
vent d’optimisme que tout baptisé conscient de sa responsabilité dans l’avènement d’un monde plus juste et fraternel est invité à faire souffler? Comme le dit le psaume 36, 3-4: «Fais confiance au Seigneur, agis bien, habite la terre et reste fidèle; mets ta joie dans le Seigneur : il comblera les désirs de ton cœur.»


3 Artège.

Ce qui reste de la beauté

TEXTE ET ILLUSTRATION
PAR CLAUDE AMSTUTZ

Chacun de nous est à l’image de Dieu, et chacun de nous est semblable à une icône endommagée. * Cet éclairage du métropolite Antoine Bloom prend un relief tout particulier en cette période de préparation aux fêtes pascales, marquées il est vrai par la fin programmée de la pandémie, mais aussi par les nuages sombres qui pèsent sur l’équilibre géopolitique et humain aux frontières de l’Europe. L’allégresse et l’accablement.

Cette ambivalence sociétale, n’est-elle pas en quelque sorte, le miroir de notre être profond ? Il faut ainsi bien admettre que souvent – même si nous ne passons pas aux actes – la face endommagée de notre personne occupe tout l’écran, surtout face à celle, éblouissante et parfaite du Christ. Indignes, ou pas de niveau, le sommes-nous vraiment ?

Sur le chemin de ce bel Amour éternellement recommencé, si nous en restons là, nous risquons bien d’abîmer, voire d’effacer le message central du Fils de l’Homme par lequel cette histoire d’amour incarnée entre Dieu et les hommes a commencé : « Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. » (Jn 17, 26)

Selon les parcours sinueux de nos existences jalonnées peut-être de blessures, de rejets ou de hontes, ce travail de réparation semble parfois bien long, voire impossible à vues humaines. Et pourtant, les Ecritures peuvent nous y aider ; l’Eglise aussi, par ses prêtres de bon conseil, voire le voisin imprévu assis près de nous à la messe, ou un ami de toute confiance. Sans oublier les sacrements de la Réconciliation et de l’eucharistie.

Un de mes amis m’avoua un jour être toujours contrarié et réticent avant une confession, mais toujours la joie au cœur et libéré après l’absolution… ! Il peut s’en suivre un ardent désir de recoller au regard bienveillant sur les autres, ayant fait la paix d’abord avec soi, par ce formidable élan venu du Christ Lui-même.

Si l’on nous donnait une icône endommagée par le temps, les événements, ou profanée par la haine des hommes, nous la traiterions avec tendresse, avec révérence, le cœur brisé. C’est à ce qui reste de sa beauté, et non à ce qui est perdu, que nous attacherions de l’importance. *

Tel est le regard même de Jésus qui traverse notre pays de l’ombre et nous partage cette folie contagieuse qui veut habiter chaque chrétien qui se sait enfin aimé de Quelqu’un et accepte d’être conduit, rendu meilleur par l’Esprit Saint !

* Antoine Bloom, dans : Guy Gilbert, Mes plus belles prières (Philippe Rey, 2008)

Etre chrétien dans un monde qui ne l’est plus?

Comment être chrétien dans un monde qui ne l’est plus? Le thème du mois résonne douloureusement avec l’actualité. A l’heure où je vous écris, l’Ukraine est brutalement envahie depuis 7 jours: décréation et désolation d’un unique peuple, les Slaves orientaux, pourtant baigné de christianisme orthodoxe.

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Des propositions…

PAR MYRIAM BETTENS

Photo : DR

… pour donner du sens à son assiette et…

… aider des jeunes à rebondir en mangeant un burger

Une roulotte est installée en plein milieu de la zone industrielle de Plan-les-Ouates. On peut y manger de classiques burgers, également végétariens, et du fish and chips. Rien d’extraordinaire ? Juste de la nourriture qu’on mange sur le pouce à la pause de midi ? La différence avec un food truck classique, c’est l’absence de prix… Ici, chacun paie ce qu’il peut afin d’offrir aux plus démunis la possibilité de manger un repas chaud. L’affaire naissante parvient à tourner grâce aux dons et aux personnes disposées à payer leur repas un peu plus cher. Cerise sur le burger : Francesco Giammarresi, fondateur de l’Action populaire intercommunautaire (API) et gérant de ce restaurant roulant, propose des places de stage à des personnes désireuses de rebondir. Où les trouver : tous les jours au Champ-des-Filles 5, à Plan-les-Ouates.

… manger « gastro » tout en favorisant l’inclusion sociale

Au Refettorio Geneva, les clients financent un repas identique au leur pour des personnes qui n’ont pas les moyens de s’en offrir un décent. Concrètement, le midi, la clientèle est payante, tandis que le soir, elle est adressée au restaurant par diverses associations d’entraide genevoises telles que Partage, l’Armée du Salut, Carrefour-Rue, La Caravane sans frontières, Le Bateau Genève ou Camarada. Ce principe de solidarité gastronomique, beaucoup plus répandu en Italie et en France, avec les cafés et repas « suspendus », a été importé par Walter el Nagar. Ce dernier a ouvert le premier restaurant du genre en Suisse à la fin janvier. L’établissement est également actif dans la durabilité et le zéro gaspillage alimentaire. Pour s’y rendre : Rue de Lyon 120.

… déconstruire les stéréotypes sur la surdité

Un projet novateur de restauration, pour faire évoluer les mentalités, a récemment ouvert ses portes à Genève. Baptisé de l’onomatopée servant à décrire le bruit de moteur d’une voiture, le restaurant Vroom est entièrement géré par des personnes sourdes ou malentendantes. Inclure le handicap dans des espaces de vie, tels que les restaurants, représente ici un premier pas pour lutter contre les discriminations causées par l’inégalité d’accès à la formation et le manque d’informations. Chez Vroom, les clients sont par exemple invités à découvrir la langue des signes en échangeant avec le personnel. Tout l’espace a été conçu de manière à favoriser le contact visuel et la communication (signée ou pas). Maintenan, il ne reste plus qu’à passer à l’étape de l’expérience gustative… et visuelle. Où les trouver : Rue des Rois 13, horaires sont du lundi-jeudi : 6h30-01h, vendredi : 6h30-02h et samedi : 18h-02h.

Nettoyage de printemps

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS: DR

On ne peut pas dire que les épinards soient le plat préféré des enfants… Or, le Jeudi saint on n’y coupe pas et on vous dit pourquoi.

Sous nos latitudes, le jeudi précédant Pâques est appelé Jeudi saint, logique me direz-vous. Il marque le début du Triduum pascal, c’est-à-dire les trois jours de Pâques célébrant la Passion et la Résurrection de Jésus. Il commémore aussi l’institution par Jésus-Christ du sacrement de l’Eucharistie, lors de son dernier repas avant son arrestation. Quant aux épinards? On y vient!

Ce jeudi n’est «saint» que dans les langues romanes et en anglais. Dans les pays scandinaves et en néerlandais, il sera «blanc» ou «pur», en relation à la couleur liturgique de cette fête. Dans les régions germanophones, on nomme ce jour Gründonnerstag, littéralement: «Jeudi vert». Cette appellation est attestée déjà depuis le XIIIe siècle, bien que son origine ne soit pas claire. L’explication la plus courante fait intervenir la racine latine de ce nom, Dies viridium, le «jour des verts». Il désignerait les personnes libérées de leurs péchés par la confession et l’absolution, qui étaient ainsi renouvelées, redevenues du «bois vert» selon la compréhension de l’Evangile de Luc. Cette interprétation semble n’être apparue qu’au XVIIe siècle. Plusieurs thèses s’affrontent pour expliquer l’origine de cette appellation.

Le canon du rite romain prévoit le blanc comme couleur liturgique du Jeudi saint, or il n’existait pas de réglementation en la matière avant le XVIe siècle. Il est donc possible que ce nom de Gründonnerstag soit né de l’utilisation du vert lors de la liturgie. Une autre interprétation dérive ce nom du terme greinen, les pleurs et gémissements des pénitents du Jeudi saint auraient donné, par réinterprétation étymologique populaire, Grüner Donnerstag, puis l’appellation actuelle. La dernière justification en appelle à la coutume, attestée depuis le XIVe siècle, de manger des légumes particulièrement verts et des herbes nouvelles le Jeudi saint. A la fois conforme aux prescriptions du jeûne de Carême, elle était aussi liée à l’idée préchrétienne selon laquelle cela permettait de «nettoyer» le corps des impuretés accumulées et d’absorber la force du printemps. Aujourd’hui encore, dans de nombreuses régions germanophones et en Alsace, il est d’usage de manger «la soupe du Jeudi saint» ou… des épinards accompagnés d’un œuf.

Recette: Soupe aux herbes printanières du Jeudi saint

Temps de préparationTemps d’attentePortions
30 minutes30 minutes4

Ingrédients

  • 1 oignon
  • 1 cuillère à soupe de beurre
  • 2-3 pommes de terre
  • 1 litre de bouillon de légumes
  • Une grosse poignée: d’orties, d’herbe aux goutteux, d’achillée millefeuille, de dent-de-lion, d’ail des ours, de lierre terrestre, de plantain lancéolé, d’oseille et de roquette
  • 100 ml de crème fraîche
  • Sel
  • Poivre
  • Jus de citron
  • Noix de muscade
Dans les régions allemandes, on nomme le Jeudi saint Gründonnerstag: Jeudi vert.

Préparation

  1. Emincez l’oignon et faites-le chauffer avec le beurre dans une marmite à soupe.
  2. Coupez les pommes de terre en petits morceaux, ajoutez-les aux oignons et laissez mijoter un peu.
  3. Déglacez les légumes avec le bouillon de légumes et laissez-les mijoter doucement pendant 10 minutes.
  4. Lavez les herbes et les hacher finement. Ajoutez-les à la préparation et laissez la soupe infuser pendant 5 bonnes minutes, sans la faire bouillir.
  5. Ajoutez la crème et réduisez la soupe en purée à votre convenance.
  6. Salez et poivrez puis ajoutez de la muscade et du jus de citron selon vos goûts.

Astuce

Si vous ne trouvez pas dans votre jardin ou au marché les herbes mentionnées plus haut, vous pouvez aussi les remplacer par d’autres ingrédients de cette liste dans les mêmes proportions: ciboulette, chou, épinard, persil, poireau, cresson, mâche, jeunes feuilles de cassissier ou de groseillier ou de groseillier à maquereau, jeunes feuilles de sureau noir.

L’art-thérapie… un chemin de guérison intérieure

Orange, bleu, jaune, vert, rouge… cercles, lignes, spirales, formes… joie, tristesse, colère, angoisse… déprime, perte de sens, deuil, séparation, licenciement, maladie, quête existentielle ou spirituelle… amélioration, libération, guérison, transformation, réponses, solutions… Voilà des mots clés propres à l’art-thérapie. Des termes qui reviennent souvent dans les échanges entre l’art-thérapeute, Marianne Boisset, et les personnes qu’elle accompagne dans sa pratique privée ou institutionnelle.

PROPOS RECUEILLIS PAR PASCAL TORNAY
PHOTOS : DR

Marianne, comment en êtes-vous arrivée à l’art-thérapie ?

J’aime apprendre et comprendre. J’aime comprendre et partager. J’aime partager et apprendre. J’aime les « cœur à cœur » et l’avancée des âmes sur leur chemin de Vie. Depuis toujours, la question de l’humain et de son fonctionnement me passionne. J’ai beaucoup lu et fait diverses formations en lien avec la psychologie, la théologie, la spiritualité, la relation d’aide, le cheminement personnel et l’accompagnement en fin de vie. J’ai également toujours aimé m’exprimer par la créativité. Un beau jour, tout s’est mis en place et la profession d’art-thérapeute est arrivée comme une évidence dans ma vie. Actuellement, j’ai une pratique privée dans mon atelier d’art-thérapie, l’Atelier Joze qui se trouve à Martigny et j’ai également un engagement auprès de l’Hôpital du Valais dans le service des soins palliatifs de l’hôpital de Martigny dont je suis membre de l’équipe interdisciplinaire.

Mais qu’est-ce que l’art-thérapie ?

L’art-thérapie est une méthode d’accompagnement de la personne qui propose une prise en charge thérapeutique. Par diverses techniques liées à la créativité, cet accompagnement permet une extériorisation des émotions, des sentiments, des ressentis et offre ainsi la possibilité de se reconnecter à son intériorité. Exprimer ce qu’il y a dedans permet de comprendre ce qui s’y passe. Il devient alors possible de dépasser ses blocages et de transformer en douceur ce qui demande à l’être. L’art-thérapie est un moyen efficace pour travailler ses conflits, ses questionnements, ses difficultés. Elle permet de découvrir les solutions qui restaurent la confiance et l’estime de soi en rétablissant l’équilibre perdu ou fragilisé par des circonstances particulières, telles que le deuil, la séparation ou la maladie.

Comment est-ce que ça se passe ?

L’art-thérapie propose l’expression de soi à travers divers matériaux et techniques : peinture, dessin, argile, plâtre, fusain, collage, images, conte, écriture, etc. Le processus créatif amène des prises de conscience qui permettent une transformation. Libérée des croyances limitantes, des schémas répétitifs, de ce qui l’encombre, la personne peut alors progresser plus légèrement et plus allègrement en découvrant ses potentiels pour aller vers une meilleure version d’elle-même.

Quels en sont les effets ?

Un accompagnement art-thérapeutique s’envisage dans le sens d’une quête identitaire et propose à la personne d’aller à la rencontre d’elle-même, de découvrir d’autres aspects de son être, de puiser dans ses propres ressources et d’utiliser ces nouvelles énergies pour dépasser les difficultés et avancer vers le mieux-être. Les effets mesurables sont nombreux et divers : baisse ou disparition de l’angoisse, meilleure compréhension et gestion des émotions, rétablissement de la confiance et de l’estime de soi, diminution ou disparition de certains symptômes physiques (mal de vente, de tête, douleurs diverses, etc.), apaisement, reconnexion à la joie de vivre, au mieux-être, etc. La liste n’est pas exhaustive.

A qui s’adresse l’art-thérapie ?

L’art-thérapie s’adresse à tous les âges, des enfants de 4 ans jusqu’aux personnes qui se trouvent dans le grand âge. Aucune connaissance ou compétence artistiques ne sont nécessaires. Dans ma pratique privée, je reçois des enfants, des jeunes et des adultes de tous âges. Dans l’unité des soins palliatifs où j’interviens également, je prends en charge des personnes avec des difficultés liées à la maladie ou je les accompagne dans leur fin de vie. Je suis également les familles dans leur processus de deuil. J’ai aussi eu un engagement dans un EMS auprès des personnes âgées. A plusieurs reprises, je suis intervenue dans des classes, ainsi qu’auprès d’associations.

Quand y avoir recours ?

Les demandes de prises en charge sont motivées par des difficultés qui nécessitent un soutien thérapeutique momentané : stress, déprime, manque de confiance en soi, sentiment d’abandon, difficultés relationnelles, perte de sens, détresse émotionnelle, deuil, séparation, troubles anxieux, crise existentielle, questions autour de la mort, etc.

La pandémie que nous traversons et sa kyrielle de mesures restrictives ont eu un impact négatif très fort sur tout le monde. Nous avons tous été touchés à divers degrés. Certaines personnes s’en sortent très bien, d’autres peinent : absence de motivation, d’envie de vivre… Ici encore, l’art-thérapie offre une possibilité de dire et de se dire, pour préserver la santé mentale, rétablir la confiance en soi et en la vie, se reconnecter à son essentiel.

Est-ce que des ateliers auront bientôt lieu ?

Oui, j’anime avec une amie thérapeute, Nathalie Getz, des ateliers d’écriture créative où les techniques d’art-thérapie sont utilisées pour amener une écriture spontanée. Nous explorons les grandes étapes de la vie : enfance – adolescence – âge adulte – grand âge en les parcourant sous des angles inhabituels. Nous proposons un voyage autobiographique à la quête du merveilleux qui se trouve au fond de chacune, chacun et qui attend de venir à jour par le chemin des mots.

Prochains ateliers d’écriture:
Les lundis soir de 19h à 21h30
25 avril puis 2-9 et 16 mai 2022 à Martigny
et le week-end des 11 et 12 juin 2022 à Sion
Détails et infos : www.atelierjoze.com ou 079 314 24 84

Impressionnant !

 

PAR THIERRY SCHELLING | PHOTOS : PASCAL VOIDE

Commentaire

Solidarité jamais démentie

Par Frédéric Monnin

Choqué, atteint au plus profond de ma sensibilité… Ces sentiments m’ont envahi à la vue, lors du confinement, de ces files d’attente interminables de gens démunis en quête de nourriture. A Genève !

Emu, mais certainement pas incapable d’agir, car il m’était insupportable, en tant que chrétien, de rester les bras ballants devant cette pauvreté que cette Genève si riche donnait à contempler au reste du monde. Ce virus mettait en lumière une misère que, jusqu’alors, on cachait tel une maladie honteuse.

J’ai donc pris mon téléphone, appelé quelques amis que je savais impliqués dans les distributions de nourriture aux Vernets ou au sein de la Pastorale de rue, et j’ai lancé un appel, conjointement sur ma page Facebook, et par les moyens de communications de la paroisse Saint-Paul. Et les dons sont arrivés : quelques-uns sous forme de versements d’argent, mais beaucoup d’autres en vêtements, nourriture, produits d’hygiène et cartes cadeaux.

Le plus formidable dans cette aventure ? C’est que, aujour­d’hui encore, nos fidèles sont encore et toujours solidaires des plus pauvres, et les heures sombres que nous vivons sont un appel réitéré du Christ souffrant : il a étendu ses bras sur la croix pour embrasser le monde, à nous maintenant d’ouvrir les nôtres, pour mieux accueillir nos sœurs et nos frères désemparés, privés de toit, privés de tout.

 

 

La solidarité est un acte qui révèle le cœur des donateurs et donatrices, mais aussi leur désir de pallier à la peur qui étreint, à l’angoisse qui secoue et à l’incertitude du lendemain devant les événements affligeants qui meurtrissent des voisin.e.s.

Pas une paroisse ou communauté d’Eglise n’a oublié d’ajouter sa part à l’aide et l’assistance des Ukrainiens et Ukrainiennes. Il y a peu encore, personne ne parlait de ce grand pays européen ; aujourd’hui, comme l’a dit le Nonce en Grande-Bretagne au nom du pape François : « Nous sommes tous Ukrainiens. »

D’autant plus que depuis novembre travaille parmi nous un prêtre de rite byzantin, catholique, marié, Sviatoslav Horentskyi – son portrait avait été publié dans le numéro de décembre dernier.

Curé des deux communautés ukrainiennes à Genève et Lausanne, il est également au service de l’Unité pastorale La Seymaz. Il a appris le rite romain et se lance désormais seul pour présider des célébrations dans nos églises de la région.

Il n’y aurait pas assez de pages pour décrire les élans concrets de solidarité dont vous, paroissien.ne.s,
lecteurs et lectrices, avez témoigné au cours des dernières semaines au Père Sviatoslav ; et vous serez heureux de savoir que les biens, médicaments et autres denrées non périssables, sont acheminés tant bien
que mal aux frontières auprès de qui en a besoin.

La prière de ces derniers temps a également été alimentée par le mot « Ukraine », mais aussi « Paix » !

Ce temps de Carême qui va exploser de joie dans le souvenir et la célébration de la Résurrection n’aurait pas de sens si nous ne croyions pas que « mort et résurrection » est le paradigme central de notre foi, de notre vie, de notre espérance.

Modestement, fidèlement, inlassablement, restons vigiant.e.s et solidaires, en paroles, prières, pensées et actes, avec les victimes de tous les conflits : Tigray, Myanmar, Colombie, et – malheureuesement ! – j’en oublie. Et pour faire écho aux paroles de Paul VI à l’ONU : « Plus jamais la guerre ! »

 

 

Parcours Théodule… un sacré chemin !

Trois personnes de la paroisse de Martigny, Fabienne Seydoux, Stéphanie Fracheboud et Rafaela Nigg vont terminer bientôt la formation Théodule qui prépare ceux et celles (celles surtout !) qui vont collaborer dans les paroisses du diocèse pour la catéchèse et la diaconie. Fabienne et Stéphanie nous partagent leurs impressions et leurs expériences.

PROPOS RECUEILLIS PAR FRANÇOISE BESSON
PHOTOS : DR

Pourquoi j’ai commencé cette formation ?

Fabienne : Je suis ce que l’on appelle une « recommençante ». Après m’être éloignée de la religion catholique pendant près de 30 ans, une expérience très particulière m’a ramenée vers Dieu et donnée un désir ardent de le connaître davantage. De plus, comme bien souvent avec les recommençants, la vie ecclésiale ne semblait pas répondre à mes attentes. Ainsi au lieu de continuer à me plaindre des manquements que je constatais, j’ai décidé de me mettre au service de ma paroisse. Le parcours Théodule s’est présenté comme la formation idéale pour moi, car elle me permettait non seulement d’acquérir des notions théologiques de base, mais également de la pratique.

Comment se déroule cette formation ?

Cette formation est assez exigeante, car elle se déroule sur trois ans. Elle est constituée de cours (un soir par semaine durant les périodes scolaires), de journées d’approfondissement et d’un stage pratique réalisé dans un domaine pastoral particulier. Mais l’investissement en vaut la peine, car cette formation est passionnante et très enrichissante.

Ce que cela m’a apporté

En tant qu’enseignante au cycle d’orientation depuis plus de 20 ans, j’aurais pu opter pour la catéchèse, mais je me sentais appelée à autre chose. Mon désir de découverte a été plus que comblé ! Mon stage pratique ayant pris une tout autre tournure que prévu, je me suis retrouvée à m’engager dans divers secteurs, ce qui m’a permis de découvrir ma paroisse, d’apprendre son fonctionnement et de faire connaissance avec ses paroissiens qui, soit dit en passant, sont charmants et attachants. J’ai donc eu l’occasion de m’occuper du groupe des BCBG (des jeunes de 12 à 16 ans ayant fait leur confirmation), des servants de messe, d’un atelier pour les plus petits au Bourg, de l’atelier de la Parole. J’officie également comme aide-sacristine, auxiliaire de l’eucharistie, lectrice et suis secrétaire du Conseil de communauté. Le fait de m’être engagée dans des domaines que je ne maîtrisais absolument pas, m’a fait sortir de ma zone de confort. Certaines expériences n’ont pas toujours été faciles à vivre, mais elles constituent une belle école de vie qui m’ont permis de travailler le savoir-être en plus du savoir-faire…

Les ateliers de la Parole

Stéphanie : Je me suis engagée dans le parcours Théodule pour faire de la catéchèse dans le cadre de la paroisse. J’avais commencé à en faire avec la première de mes filles puis j’ai eu envie de continuer et je suis restée dans l’équipe… Actuellement, j’anime les ateliers de la Parole. C’est vraiment riche, on prépare les textes et on se laisse surprendre par les questions ou les réflexions des enfants… Ils ne voient pas du tout les choses comme nous ! Je me souviens de la discussion autour de la parabole « des ouvriers de la onzième heure » : pour les enfants, c’était normal que ce soit le chef qui décide et si celui qui n’a travaillé qu’une heure a faim, il doit recevoir ce qu’il faut pour manger ! Ils ont le don de comprendre et ils ne se rendent pas forcément compte de la profondeur de leur réflexion… J’ai beaucoup de plaisir à animer ces ateliers !

Richesse du parcours Théodule

Le parcours Théodule m’a apporté un certain « bagage » car j’ai vraiment démarré cette formation avec l’enseignement catéchétique de mon enfance. Pour moi tout était nouveau et enthousiasmant : les cours de liturgie, les cours bibliques donnés par des intervenants formidables comme Monique Dorsaz ou Vincent Lafargue… Vraiment, ces personnes sont de « l’or en barre » !

Moi qui ai une formation de libraire, je me suis passionnée pour l’étude des textes bibliques et quand on y ajoute la dimension de la foi, c’est magnifique ! Il y a des textes sur lesquels on aurait pu rester des mois… Ce qui est génial avec la Bible, c’est qu’on ne pourra jamais se dire : « C’est bon, il n’y a plus besoin de creuser, on a fait le tour ! » Il n’y a pas beaucoup de livres qui peuvent se targuer de ça…

Dans la formation, on est presque toutes des mamans et c’est souvent le parcours de nos enfants qui nous ont « ramenées » à l’église, c’est grâce à eux qu’on fait un bout de chemin en plus… Entre nous, dans nos rencontres, on discute beaucoup et c’est une chance, on échange sur nos expériences, nos pratiques qui peuvent être différentes d’une paroisse à l’autre, c’est très enrichissant !

Et vous ?

S’il y a des personnes qui souhaitent s’engager dans ce parcours, je peux leur dire qu’il faut oser ! Le parcours est exigeant, nourrissant, mais il n’est pas hors de portée, il est accessible à tous. De plus, on se sent en Eglise, on a en commun d’avoir beaucoup reçu et de souhaiter redonner quelque chose. J’encourage vraiment celles et ceux qui hésitent à faire le pas !

Plus d’informations sur cette formation sur https://www.catesion.com/theodule/

L’appel du curé

par Jean-Pascal Genoud

C’est pour moi un profond motif de joie et de reconnaissance de voir des personnes qui disent « oui » à un appel à s’engager en Eglise et à accepter de se former. Dans le contexte difficile d’une prise de distance de beaucoup de baptisés par rapport à la communauté chrétienne, comment ne pas être réjoui (et presque étonné !) qu’il soit possible, pour un secteur pastoral comme le nôtre, d’accompagner trois étudiantes au parcours de formation que le diocèse a mis en place ?

Le parcours Théodule offre un long chemin de trois ans, un chemin de découverte et d’approfondissement de la foi, par des cours du soir où peuvent être réexplorées les ressources que sont la Parole de Dieu et la pensée de l’Eglise. Les étudiants voient s’ouvrir des fenêtres sur d’immenses champs de connaissance, mais ils peuvent aussi faire l’expérience, dans une ambiance fraternelle et joyeuse, d’une équipe qui partage et où l’on se porte les uns les autres pour mieux avancer.

Membre du comité de la formation Théodule, je peux voir de près le soin avec lequel les formateurs font tout pour s’adapter aux besoins des personnes. C’est une recherche constante, appliquée pour établir les passerelles entre les personnes qui se forment et le passionnant dépôt dont dispose l’Eglise.

Mon vœu le plus cher serait de trouver à nouveau trois ou quatre candidats pour le prochain parcours qui commencera en 2024. Il est vital pour notre communauté paroissiale d’investir dans la formation. L’appel est lancé !

La foi au service de la vie

Avec une option pédagogique enracinée dans l’incar­nation du Christ, l’équipe de la Formation de l’ECR, a rejoint la catéchèse et le catéchuménat dans une seule entité depuis septembre 2021. Elle contribue activement au développement des compétences des agents pastoraux, prêtres, laïcs et bénévoles œuvrant au service de l’Eglise, ainsi que de toute personne désireuse d’en apprendre davantage sur la foi et l’Eglise.

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTO : SERVICE FORMATION ECR

«Le profil des gens à qui s’adresse la Formation a beaucoup évolué et les demandes sont aujourd’hui plus spécifiques», indique Bruno Fuglistaller. Alors qu’à l’origine il s’agissait surtout de former les agents pastoraux, prêtres et laïcs tout en offrant quelques propositions ouvertes à tous, actuellement le panel de formations proposées s’est élargi, tout comme le public à qui elles s’adressent.

«Nous rencontrons de plus en plus de participants qui désirent connaître les fondements de la foi chrétienne, car il n’y a pas eu de “socialisation ecclésiale” préalable. D’autres sont bouleversés parce que l’Eglise, en tant qu’institution, n’a pas accompagné le changement sociétal. Dès lors, ils demandent s’ils veulent continuer à être chrétiens. Il y a quelque chose de l’ordre de la foi personnelle, mais il y a aussi un vrai questionnement sur l’appartenance institutionnelle», poursuit Guillermo Kerber. Ils ont, par exemple, organisé des parcours de formation pour les auxiliaires de l’eucharistie, sur l’histoire des Eglises genevoises ou encore des ateliers pour approfondir les structures de l’Eglise dans le diocèse et le rôle que chaque chrétien peut y jouer.

Les deux théologiens sont également actifs dans l’enseignement à l’Atelier œcuménique de théologie (AOT) dont chaque volée accueille une soixantaine de participants. Ils suivent, durant deux ans, des cours donnés par des enseignants catholiques, protestants et orthodoxes. « A l’AOT et dans d’autres formations théologiques que nous proposons, nous enseignons la manière de susciter les bonnes questions. Faire théologie c’est ça ! » lance Guillermo Kerber avec emphase. La théologie n’est pas destinée uniquement aux académiciens et aux religieux, bien au contraire. Bruno Fuglistaller abonde : « L’expérience humaine peut à la fois témoigner et découvrir la présence de Dieu dans le monde d’aujourd’hui. »

Au service, mais comment ?

Qu’est-ce que l’« option pédagogique enracinée dans l’incarnation du Christ » ?

Bruno Fuglistaller : La foi ne se situe pas en dehors de la vie. Le Christ s’est incarné, il a accepté de courir le risque d’être un Homme, d’entrer dans l’Histoire. L’expérience humaine peut à la fois témoigner et découvrir la présence de Dieu dans le monde d’aujourd’hui. Cette option pédagogique essaie d’établir le lien entre la foi et la vie. Cela, en portant un regard sur le monde qui révèle la présence de Dieu, son action, l’attente que cette présence suscite et la manière d’y répondre.

Quel « service » apportez-vous aux catholiques genevois dont on ne se rend pas compte ?

BF : Il permet ou aide des femmes et des hommes à prendre des responsabilités pour que l’Eglise soit présente dans différents lieux, tels que les aumôneries ou lors de funérailles, par exemple. Cela leur permet d’être une présence d’Eglise autre que des prêtres ou des agents pastoraux professionnels.

Guillermo Kerber : Le Service de formation n’est pas limité aux frontières cantonales. Nous avons de nombreuses collaborations en dehors de Genève et de Suisse. C’est aussi une façon de montrer la catholicité de l’Eglise, à comprendre dans son sens premier d’universalité.

« Qui dites-vous que je suis ? »

La manière dont je considère la personne de Jésus détermine la manière dont je vis ma vie, opère des choix, prends des décisions, appréhende les relations, affronte les difficultés, mais aussi la façon dont je conçois la mort, la vie éternelle. Il s’agit de la question la plus importante. Jésus interpelle ses disciples: «Qui dit-on que je suis?» Puis, il s’intéresse à connaître leur propre perception: «Et vous, qui dites-vous que je suis?» (Mt 16, 15)

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