Je me prends à rêver d’être l’eau où tu plonges les mains, Jésus, ce dernier jour, pour baigner les pieds de ceux que tu sers avant de les quitter. Toi, tu toucherais leurs pieds et tu toucherais leurs yeux s’ils acceptent de les ouvrir. Toi, tu prendrais tout ton temps pour oindre leur être, consoler leur être, les guérir de leur indignité en les aimant.
Des paroles aux actes
Dorothée Thévenaz Gygax a été nommée représentante de l’évêque pour les questions d’écologie le 30 septembre dernier. Responsable du secteur Sensibilisation et coopérations chez Action de Carême depuis plus d’une quinzaine d’années, elle anime également des ateliers de transition écologique et sociale en Suisse romande.
PAR CAROLINE STEVENS | PHOTOS : DR
Ethnologue de formation, Dorothée Thévenaz Gygax s’intéresse aux problématiques environnementales depuis son plus jeune âge : « On peut carrément dire que ça fait partie de mon ADN », confesse-t-elle.
En 2009, alors chargée de communication chez Action de Carême, elle participe au lancement d’une campagne sur la crise climatique et ses conséquences sur les plus vulnérables. L’impulsion théologique a donné à ce projet une résonance toute particulière où les questions de justice, de respect de la nature et d’équité sont centrales : « Dans le cadre de mon travail chez Action de Carême, je constate chaque jour l’impact du réchauffement climatique sur les pays du Sud. L’insécurité alimentaire touche une portion non négligeable des habitants du globe. Cette problématique interroge les fondements de notre relation à la terre. »
Changer nos représentations du vivant
Lancé en 2016 par l’organisation Pain pour le prochain, le laboratoire de transition intérieure met l’accent sur la transformation des cœurs et des consciences pour modifier nos regards sur la nature et les êtres vivants. En effet, comment peut-on changer nos comportements,
nos modes de vie sans passer par une profonde remise en question ? C’est dans ce cadre que la nouvelle représentante de Mgr Morerod a animé divers ateliers mêlant la spiritualité et la psychologie à l’écologie.
Car Dorothée Thévenaz Gygax en est convaincue, c’est à travers des actes forts que l’on cheminera vers davantage de sobriété. « Nous ne sommes pas hors de la nature, nous en faisons pleinement partie ! Et, a fortiori, nous sommes responsables de la terre, de notre environnement et de son habitabilité » insiste-t-elle. « Laudato si’ crée des ponts entre le social et l’écologie. En tant que chrétienne et catholique, le souci des pauvres et de son prochain est central. Dès lors, respecter les conditions de vie à l’échelle globale va de pair avec une prise de conscience environnementale. »
Le diocèse en marche !
La commission de l’écologie pour le diocèse élabore les grands axes des réflexions et des actions à mener. À l’occasion de la première rencontre du 28 janvier, l’évêché lui a transmis un cahier des tâches. Accompagner la conversion écologique requise par l’encyclique de 2015, soutenir les initiatives des personnes et des communautés au sein du diocèse et encourager les synergies font parties des objectifs prioritaires.
Concrètement, il s’agit d’accorder davantage d’importance aux liens qui nous unissent : « Remplacer les biens par des liens en somme ! » mais aussi redécouvrir certaines vertus oubliées telles que l’humilité pour aller vers davantage de sobriété. Si certains renoncements s’avèrent inévitables, il est essentiel d’entreprendre la démarche comme une conversion ; allant vers davantage de sens, davantage de joie.
« À travers des espaces physiques et des temps de réflexion, nous cheminerons ensemble vers une sobriété heureuse. En ce sens, la pandémie et ses conséquences nous a déjà forcés à nous interroger » conclut cette militante-méditante.
La Montée vers Pâques revient !
Chaque année une joyeuse équipe de jeunes prépare et anime une Montée vers Pâques (MvP) pour d’autres jeunes. Après deux années chamboulées par la pandémie, la MvP revient avec quelques nouveautés. Ainsi, Pascaline, la mascotte, et son équipe t’invitent à l’édition 2022 qui sera « œuforique » !
Faire rayonner la foi
Très discret, le Service de Développement et Communication reste néanmoins la cheville ouvrière de l’Eglise catholique romaine-Genève (ECR). Frédéric Chevalier, son responsable, n’a qu’un souhait: créer des synergies au travers de projets pour faire rayonner l’Eglise à Genève.
PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : ECR
Frédéric Chevalier ne le cache pas : « L’argent ne tombe pas du ciel et la première mission du service reste clairement de mener des campagnes de recherche de fonds pour financer l’activité pastorale à Genève. » De fait, la séparation claire entre l’Eglise et l’Etat du canton ne permet pas à l’ECR de toucher des subventions ou un impôt ecclésiastique obligatoire comme c’est le cas dans certains autres cantons. Son budget de fonctionnement est donc financé en partie par des donateurs. «Aujourd’hui, un grand nombre de catholiques se situe plutôt dans une catégorie de personnes éloignées de l’Eglise. Nous développons donc d’autres canaux pour entrer en lien avec eux.»
Le service a élargi l’offre digitale sur le site internet de l’Eglise en proposant notamment des actualités, des témoignages et réflexions sur des thématiques spirituelles et de foi. Pour se rapprocher des catholiques et des Genevois, des événements sont organisés, lors desquels « l’Eglise sort de ses murs et va à la rencontre des gens ». Des manifestations telles que le festival de films IL EST UNE FOI invitant la communauté genevoise à des rendez-vous cinéma dans les salles obscures du Grütli, ou encore lors de l’exposition de 2020, L’Homme debout, qui a permis aux visiteurs d’admirer cinq expositions d’art et d’écouter cinq concerts de musique classique.
Actuellement, le projet principal du service concerne le financement de l’aménagement de la Maison d’Eglise. Le Vicariat, ainsi que d’autres services de l’ECR, déménagera dans les murs de l’actuel Sacré-Cœur, situé à la pointe de la Plaine de Plainpalais. « Nous voulons vraiment développer ce lieu pour que les pastorales puissent y trouver un lieu accueillant et déploient ainsi leurs activités de manière à faire rayonner encore plus l’Eglise à Genève. » En quittant la colline de la Vieille-Ville, le Vicariat et l’ECR témoignent d’une réelle envie « d’être plus proche des catholiques et simplement des Genevois. Cela tout en offrant un pôle d’échanges, un lieu ressource au centre-ville où les gens pourront venir prier, suivre des conférences et même manger » dans le restaurant qui verra le jour au Sacré-Cœur, conclut Frédéric Chevalier sur son rire communicatif.

Au service, mais comment ?
De quelle manière avez-vous développé l’offre de l’Eglise en contexte de pandémie ?
Frédéric Chevalier: Nous avons cherché à nous rapprocher de nos fidèles. D’une part, avec le développement des messes du Vicaire épiscopal retransmises sur la chaîne YouTube de l’ECR, mais également par des courriers afin de leur signifier que nous sommes proches d’eux dans cette situation difficile. Nous avons également demandé aux prêtres et agents pastoraux des différentes paroisses d’identifier les personnes qui se trouveraient seules et d’aller à leur rencontre.
Quel « service » apportez-vous aux catholiques genevois dont on ne se rend pas compte ?
FC: Il s’agit de mettre en lumière ce que font nos agents pastoraux, nos prêtres, nos bénévoles sur le terrain, afin que les catholiques connaissent mieux la pluralité des activités et missions accomplies par l’ensemble des collaborateurs de l’Eglise, en plus des célébrations, soit sur le site internet, au travers du journal Regard ou encore lors des campagnes d’appel de fonds. Nous mettons tout en œuvre pour leur donner la parole sur nos supports de communication.
Le chemin de croix
La période du carême que nous vivons en ce moment nous invite à nous pencher, à l’approche de la Semaine sainte, sur le mystère de la croix et la pratique dévotionnelle du chemin de croix. J’aimerais revenir sur l’histoire de cette pratique et sa représentation dans l’art à partir de l’exemple du chemin de croix du Christ-Roi réalisé par l’artiste fribourgeois Armand Niquille.
PAR SÉBASTIEN DEMICHEL | PHOTOS : J. MÜLHAUSER
« Car le langage de la croix est folie pour ceux qui vont à leur perte, mais pour ceux qui vont vers leur salut, pour nous, il est puissance de Dieu. » (1 Co 1, 18) Par ce passage, saint Paul lie le langage de la croix à celui du salut. Les souffrances du Christ crucifié en rachat des péchés humains ramènent à l’essentiel de la foi catholique en la mort et la résurrection.
Histoire du chemin de croix
Le chemin de croix est un exercice de piété qui a traversé les siècles jusqu’à être intégré dans le calendrier liturgique de l’Église. Le symbole de la croix comme représentation de la Passion du Christ remonte aux premières communautés chrétiennes. Au IIe siècle, on constate un intérêt croissant pour les lieux historiques de la Passion du Christ qui deviennent des lieux de pèlerinage. Des chrétiens se rendent à Jérusalem pour faire la via dolorosa et ainsi s’unir à la Passion du Christ.
L’édit de Milan en 313 autorise la liberté de culte et met fin aux persécutions dont les chrétiens étaient victimes. Les pèlerinages en Terre Sainte deviennent alors plus fréquents. Les chrétiens de l’Antiquité reproduisent le chemin suivi par le Christ entre le prétoire (tribunal de Pilate) au bas de Jérusalem et le Golgotha (Calvaire) au sommet de la ville, lieu de la crucifixion.
Au Moyen Âge
Durant les siècles suivants, le chemin de croix ne se pratique qu’en Terre Sainte, mais les récits de voyageurs le font connaître en Europe. Ce n’est toutefois qu’au Moyen Âge, sous l’impulsion de figures marquantes telles que saint Bernard de Clairvaux et saint François d’Assise, que la pratique du chemin de croix se diffuse. À cet égard, le rôle des Franciscains est particulièrement important. Ils se voient en effet confier la garde des lieux saints au XIVe siècle et réalisent des représentations de la Passion du Christ pour permettre la méditation des fidèles sur ces mystères. Soucieux d’offrir le chemin de croix aux pauvres et invalides ne pouvant se rendre en Terre Sainte, les Franciscains souhaitent diffuser sa pratique à l’ensemble de la chrétienté.
D’abord limité à deux points (le prétoire et le calvaire), le chemin de croix est ensuite segmenté en stations dont le nombre varie entre le XVe et le XVIIe siècle pour se fixer à 14 au XVIIe siècle. En 1731, le pape Clément XII reconnaît le chemin de croix comme une prière de l’Église. Dès le
XVIIIe siècle, cette forme de dévotion se propage dans l’ensemble du monde catholique. Le privilège franciscain est également levé et sa pratique est généralisée.
Aujourd’hui, le chemin de croix a une triple dimension. Une dimension historique puisqu’il célèbre le dernier chemin parcouru par Jésus du prétoire au Golgotha en se fondant sur les textes des évangiles (Jean-Paul II en a d’ailleurs modifié certaines stations pour mieux respecter le récit évangélique) ; une dimension liturgique puisqu’il s’agit d’une prière célébrée en 14 stations ; et enfin une dimension artistique, puisque le chemin de croix est généralement représenté dans les églises.
Le chemin de croix d’Armand Niquille
L’église du Christ-Roi nous offre un bel exemple de la présence du chemin de croix dans l’art. Construite en 1951, cette église accueille sa première messe en 1953 devant 1500 fidèles et est consacrée l’année suivante. En 1955, sur mandat de l’architecte Honneger, le peintre fribourgeois Armand Niquille (1912-1996) réalise le chemin de croix du Christ-Roi. L’année précédente, il avait déjà réalisé celui de Nuvilly, dans la Broye fribourgeoise. Armand Niquille est particulièrement marqué par le mystère de la croix : « Mon enfance a été ainsi marquée par le Crucifié dont le mystère, fascinant et inquiétant, faisait partie des émois d’un garçon rêveur et bagarreur. Ce n’est pas impunément que l’on représente le Christ crucifié. L’on se pose des questions. On se plonge dans la mystique chrétienne […]. Avec le Christ, il y a toujours la croix. La croix de notre rédemption et de la divinisation de notre âme. »
Le chemin de croix d’Armand Niquille s’articule autour de 14 tableaux de la Passion du Christ qui représentent chacun une station (liste en annexe). Niquille s’appuie sur la technique de l’icône. Fidèle à cette tradition, il insère ses tableaux dans le mur de béton comme dans une iconostase. Les fonds dorés polis à l’agathe, fidèles à la tradition byzantine et médiévale, symbolisent la gloire de Dieu et la lumière céleste, annonces d’une résurrection à venir.
Au niveau artistique, ce chemin de croix est assez dépouillé et représente généralement trois personnages, dont le Christ (voir station I : condamnation), dans une attitude hiératique (sacrée) et expressionniste. Certains personnages, tels que Simon de Cyrène (station V) sont vêtus d’habits contemporains. Cet anachronisme voulu doit illustrer le caractère contemporain de la Passion, que le fidèle revit à travers une méditation lors du chemin de croix. Enfin, l’artiste a veillé à représenter la figure du prêtre (station XIII). Des détails, tels que les fleurs présentes au pied de la croix pour annoncer la résurrection, contribuent à la richesse de l’œuvre.
Le frère dominicain Luc Dumas admire ce chemin de croix peu après sa réalisation et y voit une correspondance, un dialogue entre l’effet sensible et la cause intelligible à faire entendre : « Toute œuvre qui parle exige qu’on lui réponde ; et lorsque cette œuvre dit tout entière la Passion du Christ, lui ôter la chance d’un dialogue c’est lui faire perdre son sens et sa fin. »
14 stations du chemin de croix d’Armand Niquille:
- la condamnation à mort de Jésus
- le chargement de la croix
- la première chute de Jésus sous le poids de la croix
- la rencontre avec Marie
- le portement de croix par Simon de Cyrène
- le visage du Christ essuyé par Véronique
- la deuxième chute de Jésus
- Jésus consolant les saintes femmes
- la troisième chute de Jésus
- le dépouillement des vêtements
- la mise en croix
- la mort de Jésus
- la déposition
- la mise au tombeau
La joie vient du don
TEXTE ET PHOTO PAR JOHAN SALGAT
J’ai grandi à Fully dans une grande famille, où joie et humour sont très présents. J’aime beaucoup ma position de troisième: deux grands qui peuvent montrer l’exemple, et cinq frères et sœur plus jeunes, avec qui j’ai cette position de grand frère. Nous avons toujours vécu une belle foi au sein de la famille, de manière très personnelle, sans en discuter beaucoup entre nous.
Ma première rencontre avec Dieu s’est donc faite dans ma famille. C’est un beau cadeau que de recevoir le Christ par ses parents, même si je n’en avais pas vraiment conscience. Le parcours de confirmation a été pour moi marquant. Nous étions un beau et grand groupe sur le secteur, motivés. Après quelques années de cheminement, nous avons reçu ce sacrement vers la fin de notre scolarité. Un an plus tard, je partais aux Journées Mondiales de la Jeunesse à Cracovie avec une centaine de Valaisans. Cela a été une expérience importante dans ma vie. J’ai rencontré d’autres jeunes du diocèse, de la Suisse, du monde ! J’ai découvert que la foi pouvait être festive et qu’elle se devait d’être partagée, sinon elle est en danger.
Avec le réseau des « DéJeune qui Prie », nous avons monté un spectacle sur Bienheureux Pier Giorgio Frassati. Ce jeune transalpin, montagnard, proche des pauvres et de Dieu, m’a particulièrement touché dans sa manière de vivre et sa simplicité.
Ma rencontre la plus touchante avec Dieu est certainement celle vécue sur mon chemin vers Compostelle. J’ai appris à voir Dieu au quotidien, dans chaque situation, en chaque personne rencontrée. Je l’ai senti proche de moi et je me suis senti proche de Lui. Aujourd’hui, j’essaie de continuer de voir ses actions dans chacune de mes journées.
Toutes ces rencontres m’invitent à me donner pour le Seigneur. En me mettant au service, je chemine avec Dieu. Cela est essentiel dans ma vie, Jésus est source de bonheur, j’en suis l’heureux témoin. Pour moi, il est évident que la joie vient du don. Car si rencontrer Dieu incite à le servir, c’est aussi en le servant qu’on le rencontre.
Jeunes en chemin
On les appelle «catéchumènes» quand ils et elles demandent le baptême, «confirmands» pour le sacrement de la confirmation, et (devinez quoi !) «communiants» pour la première des eucharisties.
PAR THIERRY SCHELLING | PHOTOS : DIVERS
Quand un jeune demande le baptême, c’est (souvent) une catéchiste qui reçoit sa requête et œuvre en réseau (curé, communauté, parents) pour y répondre au mieux : pour marquer notre accueil, le jeune est marqué (on dit « signé ») du signe de la Croix sur le front, la bouche, les oreilles, le cœur et les épaules, pour marquer que c’est le Christ tout entier qu’il va revêtir. Et cela se fait dans le cadre de la communauté (messe) – à Saint-Joseph, c’est une messe de semaine qui a accueilli Joséphine, Gaspard et Néry, et ce sont l’assistante pastorale Anne-Marie Colandrea, et les sœurs Anstena et Aischu, servantes de messe, qui ont posé ces gestes au nom de la communauté paroissiale.
Pour une jeune adulte qui demande la confirmation, telle Maël ou Manon, le chemin est également un échange en duo (avec le prêtre) et en groupe, qui inclut une cérémonie d’accueil de leur demande dans le cadre de la communauté (ce fut fait à Sainte-Thérèse juste avant Noël, un mardi soir), où nous leur avons oint les mains, instrument par excellence de « mise en pratique » de leur foi de confirmands.
Dans notre région pastorale, le nombre d’adultes demandant le baptême et / ou la confirmation a tendance à croître ; l’ère Covid nous a permis de cheminer en petits groupes, dans la communauté locale et de ne pas planifier de grands raouts… qui souvent sonnent la fin de leur participation ! Car les sacrements se vivent en chemin, et ne sont pas le terminus du voyage !
Je crois que Dieu est là lorsque je rencontre des bonnes personnes dans ma vie.
Je crois que Dieu est là lorsque j’ai des douleurs. Il m’écoute, il me soigne et me redonne de la force.
Je crois que Dieu se manifeste à moi lorsque j’ai peur, lorsque j’ai mal,
lorsque j’ai des doutes et que j’ai besoin d’aide pour me retrouver.
Je crois que Dieu soigne mes maux, qu’ils soient gros ou plus petits.
Qu’il est mon seul ami lorsque la vie est plus dure et qu’il est toujours là pour m’écouter.
Je crois que Dieu m’a aidée dans mes études, dans mon travail actuel et dans ma future vie
professionnelle. Qui me motive à poursuivre mes rêves et à ne jamais rien lâcher.
Je crois que pour tout ce que Dieu m’apporte dans mon quotidien,
je me dois de faire un pas de plus avec lui.
Manon Desjacques
Catéchuménat des enfants
Voici deux témoignages de trois jeunes filles de la paroisse Saint-Paul, qui répondent à cette question :
Pourquoi demandes-tu à être baptisée?
1. «Nous demandons le baptême parce que nous croyons en Dieu et que nous voulons nous rapprocher de Lui.»
Chloé, 14 ans, et sa sœur Alix, 11 ans
2. « Je veux accueillir Dieu dans ma vie. Je voudrais que Dieu m’accompagne. »
Alexa Vidal Durand, 9 ans et demi
Se former en ligne
Nous poursuivons avec le quatrième volet de notre série consacrée aux moyens numériques pour vivre sa foi.
Place à présent à la formation en ligne. Si la foi est avant tout un don de Dieu, une relation de confiance, elle n’en reste pas moins une connaissance qui demande à être approfondie, car celui qui aime cherche à toujours mieux connaître celui qu’il aime.
PAR PAUL SALLES | PHOTO : DR

Posons tout d’abord le contexte : il s’agit certainement du domaine qui offre le plus de possibilités sur le web, et il est difficile d’en faire une sélection. Nous en resterons aux propositions catholiques francophones.
Commençons par les offres de formation les plus simples et les plus basiques. Vous avez une question sur Dieu, sur Jésus, sur l’Église. Le site jesus.catholique.fr vous offre un répertoire de questions et de réponses simples à ces questions, des éclairages bibliques ou artistiques, des pistes pour aller plus loin ou une proposition de prière. Porté par l’Église catholique en France, ce site fait intervenir différents acteurs et des ressources variées pour vous permettre d’entrer dans une première compréhension de la foi sans être rattaché à une école particulière.
Dans la même idée, le site croire.fr rassemble tous les articles parus dans le journal La Croix avec du contenu de formation, des explications bibliques et liturgiques, de la spiritualité ou des présentations de figures spirituelles. Sur différents supports (textes, vidéos…), vous aurez une courte réponse à vos questions.
Approfondir sa foi
Vous n’avez pas de questions particulières, mais toujours de l’intérêt pour approfondir votre foi, vous avez d’ailleurs toujours un bon livre de spiritualité sous la main. Vous pouvez essayer la version audio : c’est le monde merveilleux des podcasts qui mériterait à lui seul une rubrique dans ce magazine. À écouter sur son téléphone portable, en voiture ou en préparant le repas, les offres sont légion. Pensons tout d’abord à la chaîne de télévision KTO ou aux chaînes de radio comme RCF, Radio espérance, Radio Maria, Radio Notre-Dame qui proposent de réentendre leurs émissions sur leurs sites ou sur les plateformes dédiées à ce média dans l’air du temps. De la même manière, les podcasts de la communauté de l’Emmanuel ou du Chemin Neuf proposent des enregistrements de témoignages ou d’enseignements dispensés durant des veillées de prière, des retraites ou des sessions. Par ailleurs, les cours publics du collège des Bernardins à Paris sont aussi libres d’accès sur leur site. La plateforme payante exultet.net héberge à elle seule plus de 7’000 enseignements à télécharger. D’autres médias se sont aussi lancés sur les plateformes de podcast: c’est le cas de Famille Chrétienne et ses podcasts décalés, ou encore les prêtres de l’équipe du Padreblog. Avec toutes ces offres, vous pouvez accéder à une émission ou à un enregistrement sur un thème donné.
MOOC
L’étape d’après connaît elle aussi un développement croissant, surtout depuis le début de la pandémie en 2020. C’est l’offre des parcours de formation en ligne, autrement nommés MOOC. Derrière cet acronyme, qui signifie en anglais « massive open online course », se cachent des parcours généralement gratuits proposés par des instituts de formation désireux de partager à plus large échelle une initiation à leurs enseignements. Chaque semaine le participant qui s’est inscrit au MOOC reçoit une vidéo et des exercices à faire pour s’assurer de la bonne compréhension de la matière. Au fur et à mesure ou au terme du parcours, une forme de validation des acquis est mise en place et un diplôme est remis par l’autorité qui délivre la formation. Un forum permet aux étudiants d’échanger, et petit à petit une communauté d’étudiants se forme. Le succès de cette offre de formation est impressionnant : en 2016, les premiers MOOC du collège des Bernardins à Paris regroupaient plus de 6’000 participants. En 2020, le MOOC de la messe comptait 40’000 étudiants. Plus modestement, la communauté de l’Emmanuel propose sur son site différents parcours de formation avec des thèmes variés, de même que la communauté du Chemin neuf. Une mention toute particulière s’impose pour ThéoDom, le parcours proposé par les frères dominicains, en raison de ses efforts pédagogiques et de son accessibilité. L’intervenant du prochain parcours pour le carême 2022 est d’ailleurs le Frère Philippe Lefebvre, bien connu à Fribourg. Ces parcours peuvent être suivis seuls, en couple, en groupe, dans une paroisse, un quartier,… l’objectif pour le participant est de découvrir un aspect de la foi dans lequel il souhaite progresser. Les cours et les échanges avec les autres participants tout au long du parcours lui permettent de partager sur son cheminement. Ceci nécessie donc un réel investissement en temps ; la plupart des offres affichent d’ailleurs en amont le temps estimé pour suivre l’entier du parcours.
Enfin, la proposition de formation en ligne la plus élaborée reste les études universitaires à distance auprès des plateformes comme Domuni (l’université en ligne des dominicains), le CETAD (Centre d’enseignement de théologie à distance) ou la faculté de théologie de Lyon, de Strasbourg ou de Paris.

Acteurs ou spectateurs ?
PAR L’ABBÉ DANIEL REYNARD
PHOTO : RAPHAEL DELALOYE
Quand je pense à l’Eglise, je la voudrais telle qu’elle n’est pas: attirante, encourageante, percutante, militante, sans doute variée, qui plaise aux enfants, aux jeunes et aux moins jeunes.
J’aimerais que cette Eglise m’offre tout ce que je ne donne pas.
Seigneur, cette Eglise, tu la connais aussi bien, si ce n’est mieux que moi : elle souffle trop souvent comme une bougie épuisée. Trop petite pour ta grandeur et trop grande pour notre petitesse, mal aimée et ne sachant pas aimer.
Au fond, facile de critiquer cette Eglise, cela m’arrange de la critiquer, ainsi je suis dispensé d’y travailler.
C’est facile de voir ses faiblesses par le trou de la serrure pour me protéger de franchir la porte.
Quittons le banc des spectateurs et des moqueurs pour nous asseoir au banc des acteurs et des célébrants.
C’est seulement ainsi que j’arrêterai de regarder ton Eglise, qui est aussi la mienne, pour y vivre avec les autres.
Tu nous rassembles chaque jour, comme le berger rattrape la brebis qui boite et qui s’attarde.
Ton fils est à la tête d’un corps aux membres disjoints. Il est le premier-né d’une famille d’enfants séparés.
Mais c’est bien à l’Eglise que tu tiens et non pas seulement aux individus qui se préfèrent chacun eux-mêmes.
C’est à l’humanité entière que tu tiens et non seulement aux membres d’un club.
Ton Eglise est ainsi le signe visible de ton Esprit.
J’y suis attaché à cette Eglise, comme vous pour le pire et le meilleur et nous sommes liés par la liberté de l’Esprit.
C’est toi Seigneur qui nous rassemble bien au-delà de nos mesquineries et de nos histoires de sacristies.
Une centaine d’ouvriers pour un chantier en construction
La première rencontre du décanat de Fribourg dans le cadre du cheminement synodal a dépassé toutes les espérances des organisateurs. Près de 120 participants, de tous âges et de tous milieux, se sont réunis le samedi après-midi 22 janvier au Werkhof autour du thème « une Église qui s’interroge ».
TEXTE ET PHOTOS PAR BERNARD BOVIGNY
« Ce n’est pas le bureau des revendications, mais un chantier en construction », a lancé l’abbé Philippe Blanc, en introduisant la rencontre, avant de présenter les animateurs et de clore ses propos. Car cet après-midi-là, la parole est d’abord donnée aux participants. Ceux-ci se sont réunis tant bien que mal par groupes d’environ dix dans tous les coins de la salle, à la cuisine ou dans le corridor. Transportés symboliquement dans une montgolfière, ils ont relevé les lourdeurs qui empêchent l’Église d’avancer et les courants qui la transportent.
Les synthèses exprimées dans la mise en commun qui a suivi, sous la conduite de Raphaël Pomey, ancien rédacteur en chef de La Télé VD-FR, et du sociologue Philippe Gonzalez, relèvent bien davantage de croyants déjà engagés dans l’Église que de personnes en marge. Plusieurs participants ont ainsi exprimé leur souffrance face à l’absence de transmission de la foi entre les générations ou le manque de liens fraternels dans leurs communautés. D’autres estiment que le langage ecclésial reste trop spécialisé. « On est loin des jeunes, il faut aller vers tous, en particulier vers les éloignés », ont affirmé quelques groupes. Pour d’autres, les préjugés, les divisions et les jugements empêchent l’Église (et même les Églises) d’avancer, tout comme les turbulences qui la traversent parfois et qui ont été trop souvent cachées. Des groupes ont également relevé des messes pas assez festives ou encore les « critiques négatives et peu constructives » que l’on entend souvent, dans la presse, comme dans la population.
Des signes d’espérance
Mais les signes d’espérance et les propositions ont été encore plus nombreux et ont même parfois contrebalancé certaines lourdeurs. Ainsi plusieurs groupes ont affirmé apprécier les initiatives d’entraide et les signes d’ouverture apparus dans leurs paroisses. D’autres ont défini l’Église comme un lieu de diversité magnifique, où l’on se sent « en famille ». Et pas seulement au sens figuré. Car « la famille reste la première Église, même s’il y a souvent rupture avec les adolescents et les jeunes ».
Parmi les propositions, le développement de l’engagement des bénévoles a été souligné, de même que l’importance de rejoindre les personnes plus marginalisées, chez qui le langage ecclésial ne passe pas. Mais « malgré les difficultés et les scandales qu’elle a traversés, l’Église est toujours là », a relevé un rapporteur de groupe.
De nombreuses autres expressions se sont fait entendre, comme davantage d’Évangiles vécus, une invitation à aller vers les autres et se mettre à leur écoute, ou encore devenir une Église de proximité.
Transmettre le trésor de la foi
Au terme des comptes-rendus de groupes, deux témoins désignées et un spontané ont exprimé comment ces paroles ont résonné en elles et en lui.
La catéchiste Élisabeth Piller a notamment mis en garde contre « le venin du jugement qui étiquette les autres » et a insisté sur « l’importance de transmettre le trésor de la foi ». Avant de lancer cet appel : « On a tout dans notre tradition, pourquoi chercher ailleurs ? »
Sœur Maguy Joye, conseillère provinciale des Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, a ressenti la présence du Christ dans les groupes de partage. Elle a souligné l’importance de la participation de tous et a proposé
de prendre le temps de s’arrêter, de rencontrer les personnes et surtout de « les regarder ». « Mettons-nous en marche », a-t-elle invité.
Remplaçant au vol un autre intervenant, Serge Ignatovitch a avoué qu’il craignait de voir une trop grande dispersion, mais a finalement apprécié les dialogues très riches dans les groupes et a invité à respecter la diversité.
« Nous avons péché contre l’optimisme ! », a lancé Philippe Blanc devant cette affluence qui a surpris les organisateurs, avant d’annoncer que la prochaine rencontre aura lieu à la maison paroissiale de Saint-Pierre, plus vaste, qui permet aussi d’accueillir les groupes dans des petites salles.
Et la suite ? « Ce soir, il n’y aura pas de conclusion, mais des ouvertures », a relevé le curé modérateur de l’UP Notre-Dame, en demandant aux personnes présentes d’inviter d’autres participants aux prochaines rencontres.
Les synthèses des expressions des groupes seront envoyées à l’évêque du diocèse, qui a chargé une équipe de les récolter et de les synthétiser à nouveau, avant de les faire parvenir au Vatican, la démarche synodale ayant été lancée par le pape pour l’ensemble de l’Église.
Participer au cheminement synodal
La dernière rencontre qui marquera ce processus de réflexion et de partage dans le décanat aura lieu de 13h30 à 18h :
– Samedi 19 mars (lieu à définir) sur le thème « une Église qui célèbre et annonce ».
Il est également possible de participer à ce cheminement d’une autre façon :
– dans les groupements ou groupes spontanés en choisissant des thèmes proposés dans les documents « Participer au synode » ou « Pour une Église synodale » ;
– individuellement à partir de ces mêmes thématiques.
Les documents d’accompagnement sont à disposition sur le site www.cath-fr.ch/synode
Comment des jeunes voient-ils l’engagement religieux ou sacerdotal ?
Nous sommes allés à la rencontre de quelques jeunes en leur demandant comment ils percevaient, aujourd’hui, l’engagement religieux ou sacerdotal.
On ne va pas s’crêper l’chignon?
PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS : FLICKR
Salée ou sucrée, même les maladroits peuvent s’y essayer. Collée au-dessus de l’armoire de la cuisine, elle apportera fortune à l’économie familiale durant toute l’année. Tombera, tombera pas? Petite histoire de la crêpe de la Chandeleur.
Ah bon? Le chandeleur n’est pas celui qui tient la chandelle lorsque deux amoureux font des crêpes? Il s’agit bien ici de chandelles, mais de celles du nom populaire latin de festa candelarum rappelant la date à laquelle on procède à la bénédiction des cierges. Centrée sur la lumière, cette fête, d’abord païenne, rappelait que dans l’hémisphère nord, les jours rallongent, signe de l’arrivée du printemps. Christianisée, le rap- port à la lumière demeure. Elle est célébrée à Jérusalem dès le IVe siècle, dans son récit Peregrinatio Aetheriae (vers 380), la pèlerine Egérie en fait déjà mention. Etendue à l’ensemble de l’Orient chrétien, l’empereur Justinien fixe la date de la fête au 2 février et l’introduit à Constantinople en l’an 542.
Lumière du monde
Cette fête fait depuis référence à Jésus comme lumière du monde. Tel que relaté dans l’Evangile de Luc, le récit narre la Présentation de Jésus au Temple. Comme le voulait la loi de Moïse, les parents conduisaient au temple de Jérusalem tout garçon premier-né pour y recevoir une bénédiction quarante jours après sa naissance. Siméon, un homme juste et pieux, se rend au Temple poussé par l’Esprit Saint. Là, il rencontre les parents de Jésus venant accomplir les rites prescrits par la loi. Il prend alors Jésus dans ses bras et remercie le Seigneur, car il reconnaît en cet enfant la «lumière pour éclairer les nations».
Une préparation simple
Comme d’autres pâtisseries que l’on mange à cette même époque de l’année – beignets, bugnes, gaufres, merveilles – ces préparations requièrent peu d’ingrédients, faciles à se procurer et rappellent qu’après l’hiver, les provisions ne manquent pas. On a tenté de christianiser cette tradition culinaire au Ve siècle en attribuant au pape Gélase Ier la préparation de gaufres pour réconforter des pèlerins venus à Rome… mais pas de quoi se crêper le chignon.
Recette: Crêpes Suzette
| Temps de préparation | Temps d’attente | Portions |
|---|---|---|
| 30 minutes | 1 heure | 8 |
Ingrédients pour la pâte à crêpes
- 75 g de farine blanche
- 1 pincée de sel
- 1 ½ dl de lait
- ½ dl d’eau minérale gazeuse
- 2 œufs frais
- 25 g de beurre liquide, refroidi
Cuisson
- Un peu de beurre ou d’huile
Ingrédients pour la sauce à l’orange
- 60 g de sucre
- 2 cs d’eau
- 1 cs de beurre
- 2 oranges bio, le zeste prélevé avec un zesteur, tout le jus
- 3 cs de liqueur d’orange (p. ex. Grand Marnier)
- 2 oranges pelées à vif et détaillées en suprêmes • 2 cs de cognac

Préparation des crêpes
- Dans un saladier, mélanger la farine et le sel et creuser un puits au milieu.
- Mélanger le lait, l’eau, les œufs et le beurre.
- Verser le liquide petit à petit dans le puits tout en remuant avec le fouet, jusqu’à obtenir une pâte bien lisse.
- Couvrir et laisser reposer env. 30 min. à température ambiante.
- Faire fondre un peu de beurre à rôtir dans une poêle antiadhésive ou y mettre un peu d’huile.
- Verser juste ce qu’il faut de pâte dans la poêle pour recouvrir le fond d’une couche très fine. Baisser le feu. Lorsque le dessous est bien cuit et se détache facilement, retourner la crêpe et terminer la cuisson.
- Couvrir et réserver au chaud. Procéder de la même façon avec le reste de pâte.
Préparation du sirop à l’orange
- Dans une grande poêle, porter l’eau à ébullition avec le sucre sans remuer. Baisser le feu et laisser frémir en donnant un mouvement de va-et-vient à la poêle jusqu’à obtention d’un caramel doré.
- Retirer la casserole du feu, ajouter le beurre, le zeste et le jus d’orange ainsi que la liqueur, puis laisser réduire le tout en sirop.
- Ajouter les crêpes l’une après l’autre, les plier en 4.
- Répartir les suprêmes d’orange par-dessus, arroser de cognac, faire flamber, hotte aspirante éteinte.
Quoi de neuf à Genève ?
Dans cette rubrique, L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg, à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix. Ce mois, c’est l’abbé Pascal Desthieux qui prend la plume.
PAR L’ABBÉ PASCAL DESTHIEUX, VICAIRE ÉPISCOPAL
POUR LE CANTON DE GENÈVE | PHOTO : SH AGENCY
Les travaux de la future Maison d’Eglise viennent de commencer. Ravagé par un terrible incendie en juillet 2018, nous la construisons au Sacré-Cœur. En ajoutant un étage supplémentaire entre l’église et la salle des fêtes, nous la reconstruisons « plus belle qu’avant » : elle abritera dans deux ans le Vicariat épiscopal (que l’on appellera bientôt Région diocésaine) et les différents services actuellement disséminés dans les paroisses de Genève. Nous envisageons aussi un restaurant et toutes sortes de salles de conférences et de rencontres pour que la future Maison d’Eglise soit un lieu accueillant et convivial.
Un autre événement marquant de ces prochaines semaines sera la messe à la cathédrale. Une première historique depuis la Réforme, grâce à l’invitation réitérée de la paroisse Saint-Pierre ! Elle aura lieu le samedi 5 mars à 18h, à l’entrée du Carême. Nous voulons poser un geste œcuménique fort pour témoigner que la situation a bien changé depuis les tensions d’autrefois et que les
collaborations sont bonnes et multiples, à tous les niveaux.
Dimanches solidaires
J’aimerais aussi vous parler des « Dimanches solidaires » : ces repas organisés pour les sans-abris ont repris depuis le 9 janvier à Sainte-Clotilde. Vous vous souvenez de ces files interminables de gens qui venaient
récupérer un sac de vivre. Plusieurs paroisses se sont mobilisées, et voyant qu’il y a beaucoup moins de possibilités le dimanche pour un repas et un accueil, la paroisse Sainte-Clotilde a mobilisé des bénévoles et des ressources pour offrir une centaine de repas sur place et autant à l’emporter ainsi qu’un vestiaire social. Chaque fois que je le
peux, je me joins à la joyeuse équipe des bénévoles et je suis frappé par la diversité des personnes accueillies. « Il y a des gens qui attendent le dimanche pour pouvoir venir ici où on est si bien accueilli », me confiait un jeune homme pendant que je lui préparais son café. Voilà une bien
belle manière de sanctifier le « jour du Seigneur » !
Une femme médecin s’engage dans un hôpital au Bénin
Romaine Pouget est native d’Orsières. Durant 9 ans, elle a été médecin-chef à l’hôpital de Martigny. En 2020, elle a fait le choix de cesser momentanément sa carrière pour s’engager dans un hôpital de Cotonou au Bénin. Romaine est connue pour avoir les pieds sur terre, un caractère bien trempé, un sourire communicatif et une générosité jamais prise en défaut ! Entretien.
PAR MICHEL ABBET
PHOTOS : COLLECTION ROMAINE POUGET
Romaine, l’année dernière fut une année charnière…
Oui et non. Je sentais intérieurement qu’il fallait changer, donner une autre orientation à ma vie. L’épuisement professionnel guettait, il fallait dire stop.
Et vous avez démissionné du poste de médecin-chef de l’hôpital de Martigny, que vous occupiez depuis neuf ans. Vu de l’extérieur, c’était surprenant !
Certainement, puisque je n’avais pas d’autre poste en vue. Toutefois quand on s’épuise dans une situation et qu’il n’y a pas de développement possible malgré tous les efforts fournis, je crois qu’il faut savoir se retirer, quitter. J’ai longtemps hésité avant de prendre cette décision, notamment par souci de ce que cela allait impliquer pour le site de Martigny. J’ai confié mon avenir professionnel à la vierge Marie et finalement il m’est paru clair qu’il fallait aller « plus loin », même si on ne sait pas d’emblée « où » cela va nous mener. Maintenant, avec le recul, je me dis que c’était une « décision inspirée ». Mais cela n’a pas été tout seul.
Vous avez « galéré » quelque peu ?
Disons que dans ma vie, j’ai l’habitude de répondre à un Appel… Et là, à part l’appel à quitter, je n’entendais pas l’Appel avec A majuscule, donc ça me stressait forcément un peu. C’est comme quand on marche en montagne dans le brouillard et qu’on voit un piquet après l’autre mais pas le but. J’avais depuis un moment l’idée de m’octroyer une année sabbatique pour prendre de la distance et donner de ma personne autrement et ailleurs. Des séjours en Argentine, au Togo et au Vietnam étaient envisagés… mais tous ces projets ont été systématiquement contrariés par la pandémie… rien de ce que je programmais ne se concrétisait. Comme je suis peu patiente de nature, je n’ai pas trouvé ça très confortable sur le moment !
Les piquets ?
Un des piquets a été par exemple « Notre Dame du Mont-Carmel ». Mon père Gaspard avait fait l’AVC (qui a conduit à son décès) le 16 juillet 2019, jour de Notre Dame du Mont-Carmel, alors que j’étais précisément à Lourdes (c’est aussi le dernier jour des apparitions). Par la suite, de façon assez incroyable (cf. suite…), je me retrouvais sans l’avoir prémédité très souvent dans des lieux qui lui étaient dédiés.
Et…
En septembre 2020, alors que le « plan Argentine » devenait une nouvelle fois très incertain, le Seigneur a soufflé à ma sœur Bénédicte d’aller demander au prêtre béninois Gildas Chibozo (en poste dans le secteur Entremont) de « prendre Romaine au Bénin ». Il lui a répondu : « Oui, bien sûr, c’est une très bonne idée on va demander au père Théophile Akoha »… qui a dit : « Qu’elle vienne et on verra ! » Une fois de plus il a fallu attendre… La deuxième vague du Covid est arrivée en automne. Evidemment il fallait aider, j’ai repris provisoirement du service à l’hôpital de Martigny pour six mois, pour passer le gros de la crise.
Finalement…
Finalement la situation sanitaire s’est calmée et j’ai enfin pu « mettre les voiles ». Je suis partie pour Cotonou le lundi de Pâques 2021 et y suis restée presque trois mois. La semaine je travaillais à l’hôpital Saint-Luc (qui est le deuxième plus grand hôpital de Cotonou en termes d’affluence et qui dépend de l’archidiocèse de Cotonou), m’occupant surtout de la médecine interne et de la réanimation. J’étais logée à la résidence des prêtres, près de l’institut Jean-Paul II (Institut de formation notamment en pastorale de la famille où les diocèses d’Afrique de l’Ouest envoie des prêtres, agents pastoraux se former pour 2-3 ans), ce qui m’a permis d’avoir la messe quotidienne et de faire communauté avec eux.
Et… j’ai découvert après deux semaines que la statue de l’oratoire qui est dans cour de l’hôpital Saint-Luc est… Notre Dame du Mont-Carmel !
On voit vos yeux briller !
Oh oui ! Rien ne m’a coûté ! J’ai très rapidement réalisé que j’allais devoir longtemps dire merci pour cette Afrique. C’est comme si le Seigneur m’avait mise globalement en été. Je n’avais qu’à soigner les personnes, à prier, à découvrir des frères et sœurs aux magnifiques valeurs humaines et un nouveau pays. Grande joie intérieure de partager avec eux cette simplicité de vie, de découvrir une autre culture, de chanter et prier avec eux et de prendre soin d’eux comme ils ont si bien pris soin de moi.
Magnifiques valeurs humaines ?
La première chose qui m’a sauté aux yeux quand je suis arrivée au Bénin, c’est la vie ! La joie, la relation avec Dieu, avec les autres, en toute simplicité. Je me suis sentie d’entrée bien, dans une société où les valeurs essentielles vont de soi. Les gens parlent naturellement de Dieu par exemple et ceci quelle que soit leur religion. On « rend grâce » parce que l’on a bien dormi, on « bénit » le Seigneur d’être en vie, on demande une « pluie de bénédictions » pour celui qui a son anniversaire, on lui demande de nous soutenir dans tous les passages difficiles, bref, Dieu fait partie du « quotidien ». Le contexte fait que l’on a vraiment conscience que la vie est passagère et qu’elle peut basculer à tout moment.
Et par rapport à nos valeurs ?…
Par rapport aux « couleurs et à la chaleur » africaines, une impression un peu de « gris et de froid » au niveau de l’humanité occidentale, comme si l’on s’était mis un peu en hypothermie générale… Peut-être parce que de ce côté-ci, pour le moment, on a mis de côté la Source de la Vie… en pensant être des sources nous-mêmes et en éludant au maximum les questions existentielles essentielles… en courant dans tous les sens…
Au niveau médical…
Bien sûr, c’est un peu un « désert » au niveau des moyens techniques et il faudra vraiment les aider pour ceci. On peut aussi parfois imaginer une meilleure organisation pour sauver des vies, mais les qualités humaines des soignants sont remarquables, de même que l’attitude des malades et de leurs proches qui se plaignent rarement. Beaucoup de malades relativement jeunes ne peuvent être sauvés, mais quand on a fait « tout ce qu’on a pu » on le confie à Dieu. Il y a très peu de révolte par rapport au départ d’une personne.
Vous allez donc retourner au Bénin ?
Grace à Dieu, oui ! A mon retour, j’ai vraiment ressenti le désir de pouvoir donner un peu de mon temps et de mes compétences à cette chère terre africaine qui me fait d’ailleurs tant de bien. Comme le Seigneur nous fait toujours désirer ce qu’Il veut nous donner, Il m’a trouvé un super plan professionnel « africo-compatible ». Je suis engagée dès septembre comme médecin-chef adjoint dans le service d’urgences de l’hôpital du Jura ce qui me permet de partir deux fois deux mois par an au Bénin, ce qui me permettra, entre autres, de contribuer au développement des soins aigus de l’hôpital Saint-Luc et de former les médecins sur place. La proposition écrite des ressources humaines m’est arrivée…le 16 juillet (jour de Notre Dame du Mont-Carmel)…
Alors, pour en parler, on prend rendez-vous pour un prochain entretien ?
Volontiers. A Cotonou ?
Merci beaucoup Romaine, bon vent et que Dieu vous accompagne !
Accompagner un frère ou une sœur…
Voici, à travers mon vécu, les multiples facettes de mon ministère. Une fois par mois, je rejoins le groupe des aînés (retraités) et celui « des ateliers » pour vivre des animations spirituelles reliées par un thème et un objet évolutif ; par exemple, l’ami de Dieu est comme l’arbre avec des boîtes empilables contenant des images, objets et couleurs… pour rejoindre les sens et la compréhension. Je partage régulièrement leurs repas pour vivre des moments informels où ils peuvent se dire en toute simplicité.
« Tu reçois plus que ce que tu donnes ! »
En mai 1968, je suis entré au Séminaire de Martigny sans aucune expérience de vie avec des personnes handicapées. Un jour, deux éducatrices de l’Ecole La Bruyère m’ont dit : « Vous devez venir faire le catéchisme chez nous ! » Après la première leçon, dans trois classes un enfant trisomique m’a dit : « Nicolas, ça va la tête toi ? » J’avais réussi « mon examen d’entrée » !
Les personnes handicapées…
… Sont-elles une chance pour l’Eglise ?
… Quelle est leur place dans nos communautés chrétiennes ?
PAR L’ABBÉ THEOPHIL MENA | PHOTOS : JUTTA FASEL
Nous entendons beaucoup de choses sur la situation des personnes porteuses de handicap dans l’Eglise. Il est vrai, même si tout n’est pas encore parfait, que les personnes handicapées ont leur place dans l’Eglise. En effet, nous savons combien dans l’histoire de l’accueil des personnes handicapées, l’Eglise a longtemps joué un rôle essentiel et très important. Mais quelle est aujourd’hui celle que nous leur donnons ? Comment les accueillons-nous ? Comment leur transmettons-nous la Bonne Nouvelle ? Quelle idée nous faisons-nous de leur capacité à accéder à la vie de foi, d’accéder aux sacrements, y compris lorsque le handicap est majeur ? Plus le handicap est global et sévère, plus on est tenté d’en douter. Ces personnes ont-elles une place particulière dans le dessein de Dieu ? Donc quelle devrait être leur place parmi nous dans nos communautés chrétiennes ?
En Suisse, plus particulièrement dans le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, plusieurs études et enquêtes officielles récentes consacrées à la place des personnes en situation de handicap mettent en lumière qu’il y a une prise de conscience. Cependant des progrès restent à faire en matière d’accessibilité,
d’accueil et de participation à la vie de l’Eglise.
Le bilan est encourageant. Les catholiques pensent en majorité que les personnes handicapées « commencent à être mieux accueillies dans l’Eglise ». Toutefois, cet accueil est perçu différemment selon le handicap et la paroisse n’apparaît pas encore assez comme un lien d’inclusion.
Nous sommes l’Eglise
A l’occasion de la journée internationale des personnes en situation de handicap, le pape François, s’adressant directement à ces dernières, disait : L’Eglise est notre maison. Tous ensemble nous sommes l’Eglise parce que Jésus a choisi d’être notre Ami. Le baptême fait de chacun et chacune de nous un membre à part entière de la communauté ecclésiale et donne à chacun, sans exclusion ni discrimination, la possibilité de s’exclamer : « Je suis l’Eglise. »
Pour un meilleur accès aux sacrements des personnes handicapées, le pape François plaide en faveur de l’accueil des personnes au sein de nos paroisses, de nos associations et de nos mouvements ecclésiaux. Beaucoup a déjà été fait, mais il faut continuer à aller de l’avant. Il demande que soit reconnu leur faculté apostolique et missionnaire et la valeur de leur présence dans le corps ecclésial. Dans la faiblesse et la fragilité dit-il, se cache des trésors capables de renouveler nos communautés chrétiennes.
Sur la question de l’accès aux sacrements, laquelle occupe une place dans l’inclusion de personnes handicapées, le pape François regrette profondément qu’il y ait encore des doutes, des résistances et même des refus. Ceux qui adoptent une telle attitude souligne-t-il, n’ont pas compris le sens authentique des sacrements. La communauté chrétienne est appelée à faire en sorte que tous les baptisés puissent faire l’expérience du Christ dans les sacrements.
Autre défi à relever : la place et la participation active des personnes handicapées aux assemblées liturgiques. Il insiste pour développer une mentalité et un style qui mette ces personnes à l’abri des préjugés, de l’exclusion, de la marginalisation et de favoriser une réelle fraternité dans le respect des diversités appréciées en tant que valeurs.
Oui, beaucoup de chemin à parcourir
Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour un réel accueil et une intégration des personnes en situation de handicap dans nos communautés paroissiales. Il ne s’agit pas de mettre ces personnes handicapées au premier rang et de leur donner la priorité. Il s’agit de les mettre au milieu de nos communautés chrétiennes comme le Christ mettait les enfants au milieu de ses disciples en ayant conscience qu’on a, sans doute, au moins autant à recevoir des personnes fragiles, qu’on espère pouvoir leur donner. Nos expériences pastorales avec les personnes avec handicap, nous montrent qu’une paroisse qui sait accueillir et faire place à une personne en situation de handicap ou à des gens fragiles, est une paroisse qui est toujours plus humaine, plus accueillante, plus fraternelle, plus spirituelle et aussi que, paradoxalement, elle est davantage apte à se réjouir.
Faire place aux personnes handicapées : ce n’est pas seulement les accueillir et les intégrer au sein de nos communautés chrétiennes, mais c’est la mission de l’Eglise, un combat à mener pour toute l’Eglise pour que ces personnes fragiles prennent pleinement part à la vie de l’Eglise.
Valentines et Valentins sur la sellette
Le 14 février, les fleuristes ont fort à faire ! Et d’où cela vient-il ? D’un certain Valentin, un grand absent du calendrier liturgique romain actuel. Mais quelle est donc cette date si révérée des amoureux ?
PAR PASCAL TORNAY
PHOTO : PIXABAY
L’encyclopédie participative Wikipédia nous apprend que le 14 février correspondait, dans la religion romaine, aux Lupercales, c’est-à-dire à des fêtes faunesques 1 qui se déroulaient du 13 au 15 février à Rome. On apprend aussi que « l’origine réelle de cette fête est attestée au 14e siècle dans la Grande-Bretagne encore catholique où le jour de la Saint-Valentin était fêté comme une fête des amoureux car on pensait que les oiseaux choisissaient ce jour pour s’accoupler. Restée vivace dans le monde anglo-saxon, comme Halloween, cette fête s’est ensuite répandue à travers le continent à une époque récente ».
Dans l’Eglise catholique, au moins trois Valentin « se sont disputé » les honneurs du 14 février. Cependant, Valentin de Terni – un évêque martyrisé au 3e siècle – prend le dessus sur les autres en 1496. En effet, dès cette date, le pape Alexandre VI l’ancre dans le calendrier romain et lui attribue le titre de « patron des amoureux ». Cela n’a pas empêché l’Eglise de combattre la tradition du valentinage… 2.
Et ceci fut en vigueur… jusqu’en 1969, juste après le Concile Vatican II. C’est à ce moment que Paul VI décide premièrement de faire le ménage dans le calendrier liturgique général et – entre autres – deuxièmement d’y rayer Valentin ! Bien que certains diocèses aient maintenu sa mémoire, on y trouve aujourd’hui en lieu et place les compagnons Cyrille et Méthode, deux frères évêques connus pour avoir apporté l’Evangile chez les peuples slaves d’Europe centrale.
C’est au courant du 20e siècle que la fête liturgique de saint Valentin devient la fête commerciale que l’on connaît aujourd’hui : La Saint-Valentin. Cette récupération commerciale, il va de soi, continue d’en agacer certains et d’en réjouir d’autres. Il n’en reste pas moins qu’au-delà de pratiques commerciales un peu convenues, ce peut être l’occasion d’un geste qui manifeste à l’être choisi et aimé qu’il l’est véritablement (quoique).
Wikipédia nous apprend encore que la fête a pu être « associée plus étroitement à l’échange mutuel de » billets doux » ou de » valentins » illustrés de symboles tels qu’un cœur ou un Cupidon ailé. A l’envoi de billets au 19e siècle a succédé l’échange de cartes de vœux. Cependant, en Amérique du Nord, les échanges de cartes ne se font pas selon la conception européenne où la carte de Saint-Valentin est envoyée à une personne unique. Il n’est pas rare qu’une personne envoie une dizaine de cartes et même que des élèves d’écoles primaires en envoient à leur maîtresse d’école ».
A l’heure actuelle, offrir à son épouse, le 14 février de chaque année, un nombre impair de roses rouges – entre 1 et 9 et plutôt 9 évidemment – reste un must très apprécié… des commerçants ! D’une manière générale pour les épouses, je n’en sais rien. Mais peut-être, me dis-je par expérience, préféreraient-elles parfois, un peu plus souvent, un bon coup de main pour le ménage…
1 « La fête des Lupercales est une fête de purification qui avait lieu à Rome. Les Lupercales ou Lupercalia sont, dans la Rome antique, des fêtes annuelles célébrées par les prêtres romains (luperques) en l’honneur de Faunus, dieu de la forêt et des troupeaux.
2 « Coutume médiévale par laquelle, une fois l’an, les épouses pouvaient avoir des relations sexuelles hors mariage. » On parle plus généralement d’un « espace ponctuel de liberté, où les règles pouvaient être transgressées ».
La gratuité face à la souffrance
PAR LÉONIDAS UWIZEYIMANA
PHOTOS : MP | PATRICK DISIÈRE, HOSPITALIER
De tout temps, notre société a été marquée par tant de souffrances physiques ou psychiques. Toute personne humaine, durant sa vie, doit avoir éprouvé l’une des variantes de ces souffrances ou maladies. Une des conséquences positives est que la personne reconnaît ses limites, sa dépendance devant les autres et même devant Dieu. Elle perçoit qu’elle a besoin de la présence et de l’écoute attentive de l’autre pour l’aider en des situations délicates.
Le 11 février – Fête de Notre-Dame de Lourdes – journée mondiale du malade, nous invite à penser aux malades, aux souffrants, à tous les handicapés en prenant le Christ comme modèle. Sous l’impulsion de l’Esprit, nous pouvons exercer la miséricorde et la compassion et cheminer davantage dans l’esprit du service qui est un élément central de la vie de l’Eglise. En effet la présence des hommes et des femmes auprès des souffrants rend visible la véritable présence de l’Eglise auprès des malades, au milieu du monde.
Le dévouement et la générosité qui se déploient à travers tous les bénévoles et les professionnels constituent la manifestation de l’Eglise dynamique et agissante du Christ. Rappelons-nous combien la mission de l’Eglise est de pouvoir rejoindre les souffrants en différents milieux dans la confiance et dans la dignité de chacun. Cette mission implique l’accueil des grâces divines afin de les déployer en différentes situations. A toutes et tous, un bel apostolat auprès des malades et des souffrants.
Oser le défi de la rencontre
A l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées 2020, le pape François a relevé, dans son message, trois points : la menace de la culture du déchet, le roc de l’inclusion et le roc de la participation active. Trois pistes valables non seulement pour la société, mais indubitablement pour l’Eglise, peuple rassemblé en un seul corps à partir de ses diversités, de toutes ses diversités.
PAR THIERRY SCHELLING
PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER, DR, CATH.CH/GRÉGORY ROTH, FLICKR
« La vulnérabilité appartient à l’essence de l’homme », écrivait le pape François en 2017. Concept fondamental non seulement pour l’Eglise, mais aussi pour la société humaine en général. Et le Pape de dénoncer la culture du déchet, de l’exclusion et de l’assistanat – on pense alors bien « gérer » la différence que représente le handicap… – au détriment de la collaboration avec les personnes concernées : « L’attachement de ces personnes, la différence vécue dans le respect, l’amitié dans les relations m’ont touché », partage l’abbé Giovanni Fognini, prêtre collaborateur à la COPH (Communauté œcuménique des personnes handicapées à Genève).
Sur les sites de nos diocèses romands, l’expression employée pour parler du travail d’aumôniers auprès de personnes handicapées est « pastorale spécialisée ». En effet, il convient non seulement d’être formé comme aumônier mais également d’apprendre à communiquer, évangéliser, faire participer, collaborer avec les personnes ciblées.
Se former
Nicolas Baertschi a terminé sa formation comme agent pastoral auprès du CCRFE (Centre catholique romand de Formation en Eglise). Ancien ingénieur du son, il a rebondi en ministère d’Eglise en se consacrant… aux malentendants et malvoyants de nos paroisses : « J’ai à cœur de sensibiliser les paroisses à porter une attention particulière aux personnes souffrant de surdité et de malvoyance – on parle de surdicécité – car il est nécessaire de s’adapter à leur handicap en dialoguant avec elles », souligne-t-il.
Ainsi, des solutions existent : boucle magnétique, bon éclairage, micro cravate plutôt que micro pomme ; mais avant tout ouvrir le dialogue avec les concernés, et donc, parfois, aider à délier les langues entre les paroissien(ne)s et le curé. Pour que tous et chacun se sentent membres de la même communauté : « J’aime à favoriser la possibilité, de part et d’autre, d’exprimer ses propres besoins », explique-t-il ; il convient de privilégier les petits groupes de parole, pour que celle-ci s’exprime, et les binômes pour travailler ensemble, comme les ateliers et autres activités en paroisse qui nécessitent l’usage des mains et des yeux.
Participer
Le pape François l’a rappelé : « Des personnes souffrant de handicap devraient pouvoir avoir accès au ministère de catéchiste » 1. Il lutte contre une tendance à exclure et cacher la faiblesse humaine. « Car lorsque je suis faible, alors je suis fort », pour paraphraser saint Paul. Et l’Eglise est le lieu par excellence où l’on prend soin – devrait prendre soin ! – de la faiblesse humaine. Pas uniquement morale (confession) mais sous toutes ses formes… « Un hôpital de campagne »,
précisait le pape François.
Sofia, 10 ans, atteinte du syndrome de la trisomie 21, fait son parcours catéchétique avec son frère et ses collègues de kt. Avec enthousiasme – « j’aime bien venir avec Duncan (son frère) » – et fidélité : « Elle ne manque aucun mercredi », sourit sa catéchiste Marianne. Interrogés, ses parents n’auraient simplement pas imaginé une autre façon de procéder quant à son
éducation religieuse : « Déjà son école est spécialisée, ses loisirs sont arrangés. Alors il nous a paru nécessaire de lui proposer au moins quelque chose comme tout le monde… de nous proposer », précise la maman. « Notre infinie gratitude va à la coordinatrice en catéchèse de notre paroisse, Anne-Marie, qui a su y faire avec elle… avec nous. »
Adaptations
« A mon âge, je n’ose plus monter les marches à l’ambon pour y lire les lectures, ce que j’ai fait pendant tant et tant d’années », confie un jour, un peu dépitée, sœur Janine au groupe des lectrices. Et si on installait une main courante ? L’église est-elle classée ? Le coût des travaux ? Ces questions concrètes se posent non seulement au bénévolat – respiration essentielle de toute vie paroissiale – mais aussi au Conseil de paroisse pour ce qui est de la gestion du patrimoine… et de ses adaptations aux nécessités de nos usagés… âgés.
Le handicap est visible et invisible, atteint les sens mais aussi l’entendement (cerveau) ainsi que les mouvements. Il peut être graduel (Alzheimer…), soudain (tétraplégie à la suite d’un accident de la route…), ou inexpliqué : « Du jour au lendemain, j’ai perdu la vue ! », raconte Daniel. Devenu quasi aveugle, père de famille, employé dans une succursale bancaire, sportif, le voilà dépendant de tant de bonnes volontés… et obligé de tout réorganiser sa vie : « Je me suis inscrit auprès de l’Association des Aveugles de Genève, pour y apprendre à voir avec les doigts (braille), avec les oreilles et le nez ! Oui, renchérit-il, je vois avec le nez ! » Cocasse rebondissement : « L’encens me manque tellement », susurre-t-il. Cette marque de vénération à la messe lui complétait sa participation. Sa canne blanche lui permet de signaler son handicap, à la messe, dans l’église ; il se met devant, tient à s’avancer dans la file pour recevoir la communion : « Mes jambes ne sont pas impotentes », répète-t-il, « je compte sur la patience de la personne qui me suit à la communion, car je suis un peu plus lent que les autres, mais tout aussi recueilli ! »
Espoir
« J’ai entendu dire que le train Paris-Lourdes de nuit allait être remis en service », fanfaronne Marie-Claire. Cette habituée des pèlerinages à Lourdes, pour les malades, en a été privée depuis 2015 lorsque la SNCF avait décidé de supprimer les convois ambulances. « Peut-être qu’avec l’après-pandémie, je pourrai y retourner une dernière fois… » Le 12 décembre 2021 est réinstaurée la ligne Paris-Lourdes de nuit pour « valides ». Marie-Claire avait vu juste. Peut-elle espérer plus ? Ancienne pétanqueuse, elle s’est rabattue sur la boccia qui lui ressemble, mais surtout peut se jouer ensemble entre valides et handicapés : « Diminués, corrige Marie-Claire. Je suis diminuée mais pas incapable. Il faut juste s’adapter à moi ! » La boccia est en effet, avec le goalball, le seul sport uniquement paralympique (sans équivalent aux Olympiques).
Partenaires
« Relever le défi de la rencontre, oser s’ouvrir et être soi-même, bannir la peur et la crainte, se laisser rejoindre dans ses propres fragilités », voilà les conseils de l’abbé Giovanni. Des attitudes au cœur
de l’évangélisation en somme, tout comme Jésus jadis et maints témoins de l’apostolat auprès des personnes souffrant d’un handicap. « Ce que tu fais pour moi, si tu le fais sans moi, tu le fais contre moi » : maxime de Gandhi à méditer…
1 cf. Le Pape a dit page 4.













