Nos amies les bêtes!

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), décembre 2020

Par l’abbé Frank Stoll | Photo: Pxhere

«Il n’y a pas de respect de l’animal qui ne passe d’abord par le respect de l’homme…»La vie animale est en péril sur la Terre. De l’avis des scientifiques, l’extinction de nombreuses espèces animales s’accélère. Selon eux, cette disparition est la rançon inévitable du progrès. Mais est-ce là ce que Dieu voulait ? A-t-il livré les animaux aux caprices des humains ? 

Nos amies les bêtes marquent leur territoire dès le livre de la Genèse. Dans le premier récit de la Création, Dieu crée les animaux, après la végétation et avant l’arrivée de l’être humain, qui apparaît en même temps que les animaux terrestres (Gn 1, 26). Mieux, Dieu bénit les animaux (Gn 1, 23). Mais si Dieu a une parole pour les animaux, il n’instaure pas avec eux un dialogue comme il le fait avec l’être humain. Ce dernier, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, est un être à part. C’est cette ressemblance qui le distingue de l’animal. 

Diacre et vétérinaire, Loïc Guiouillier met en garde contre la dérive d’un anthropomorphisme qui tend à faire passer l’animal avant l’homme. « Derrière les cas difficiles que j’ai eus à résoudre en tant que vétérinaire, j’ai toujours trouvé des situations de détresse humaine : solitude, difficultés économiques, manque de respect pour le travail des éleveurs et de leur production… Il n’y a pas de respect de l’animal qui ne passe d’abord par le respect de l’homme, car c’est lui qui est à l’origine du lien avec l’animal. »

« La Bible ne dit pas explicitement comment l’animal participe au salut en Jésus-Christ, explique Fabien Revol, spécialiste de la Création, à l’Institut catholique de Lyon. En revanche, des indices permettent de penser que l’animal, comme toute créature, a une destination eschatologique. » En conclusion, si Rex, Minette, Nemo et consorts, sont des créatures de Dieu, rien n’assure que nous les retrouverons au paradis.

Des animaux et des hommes

Dans l’Ecriture sainte, on rencontre beaucoup d’animaux. Ils ont un rôle mais aussi une valeur symbolique; ils touchent l’être tout entier. Sans nier la réalité, ils lui ajoutent une nouvelle dimension en établissant des liens avec le Créateur.

Par Calixte Dubosson
Photos : Jean-Claude Gadmer, cath.ch/Jacques Berset, pxhere, ciricRécemment, lors d’une séance de catéchèse avec des enfants de 8 ans, je leur ai proposé de dire le prénom de leur papa, de leur maman et de leurs éventuels frères et sœurs. L’un d’entre eux a pris la parole : « Mon papa s’appelle Nicolas, ma maman Laetitia, mon frère Kevin et Tessy. » « Tessy, c’est le nom de ta sœur ? » « Non, c’est le nom de notre chienne ! » Une anecdote qui pourrait se multiplier à l’infini tant il est désormais acquis pour les enfants qu’un animal qui a une si forte présence dans le quotidien fait partie de la famille.

Le chien, le chat et Dieu

Présence, le mot est lâché. Et puisque notre article aborde le sujet des animaux comme créations de Dieu, il est bon de s’arrêter à ce qu’un animal symbolise : non seulement la présence continue de Dieu à sa création mais aussi une image de ce que Dieu est en lui-même. Par exemple, un chien pourrait traduire par son comportement la fidélité et la joie. Tous ceux qui en possèdent un, même si cela demande beaucoup plus d’entretien qu’un autre animal, sont unanimes pour exprimer la joie que leur procurent les marques de tendresse et d’affection dont il est capable et cela sans les baisses d’humeur que nous connaissons tous.

Autre exemple, celui du chat qui est au contraire plus difficile à cerner et qui penche plutôt vers une indépendance et une liberté souveraine. Le chat peut nous révéler que Dieu n’est pas quelqu’un qui est là pour faire nos quatre volontés mais qu’il est une personne à part entière qui, malgré un apprivoisement réciproque garde toute sa liberté et son indépendance. Pour illustrer ce propos voici ce qu’en dit un confrère prêtre qui nous rappelle que notre Dieu est trinité : « Quand je médite le mystère de la Trinité, je suis traversé par une sensation plutôt curieuse qui fait que je crois un instant avoir tout compris et dans les secondes qui suivent, à cause d’un détail qui vient tout remettre en question, j’ai l’impression de ne plus rien comprendre. Cela me fait penser à ce chat que j’ai tenté l’autre jour d’approcher en le regardant bien dans les yeux, en lui disant des paroles rassurantes et qui, au moment où je décidai de le prendre dans mes bras, s’est enfui à la vitesse de l’éclair. » En caricaturant on peut conclure qu’en parlant de son propriétaire, le chien dit : « Mon maître ! » alors que le chat, dans sa superbe, déclare : « Mon esclave ! »

Les animaux dans la Bible

Pour revenir aux enfants du catéchisme, une de leurs questions revient assez souvent : « Y aura-t-il  une résurrection pour l’animal que j’aime ? Y aura-t-il des animaux au paradis ? »

Pour y répondre, un détour par la Bible s’impose tout naturellement. Comme on peut s’y attendre, les animaux sont très présents dans les textes sacrés. J’en retiendrai deux passages. Le premier est l’ancêtre des fables de La Fontaine puisqu’il fait parler l’ânesse de Balaam. Lors d’un voyage que Dieu jugeait inutile, Balaam et son ânesse arrivèrent vers un lieu escarpé, et soudain la bourrique vit l’ange du Seigneur posté sur le chemin, son épée dégainée à la main. Le baudet se serra contre le mur et coinça le pied du cavalier. Alors Balaam se mit à frapper l’ânesse qui se mit à parler : « Que t’ai-je fait pour que tu me frappes par trois fois ? » (Nb 22, 28) L’ange du Seigneur donna raison à l’ânesse et dit à Balaam qu’elle lui avait sauvé la vie. On le voit, les animaux domestiques sont une aide essentielle pour l’homme et souvent, ils sont plus « sages » que l’homme. Le prophète Isaïe (1, 3) ne dit-il pas que « le bœuf connaît son propriétaire, et l’âne, la crèche de son maître. Israël ne le connaît pas, mon peuple ne comprend pas » ?

Y aura-t-il des animaux au paradis ? Il y en a parfois à la messe…

Les bêtes associées au salut

Le deuxième texte est un extrait du psaume 35 au verset 7 : « Tu sauves, Seigneur, l’homme et les bêtes. » Il est rare que la Bible associe le salut de l’homme avec celui des animaux. Le Père Robert Culat émet une hypothèse intéressante que je vous livre : « Le mode alimentaire donné à l’homme et à la femme dans la Genèse est un signe de la paix et de l’harmonie qui règnent entre toutes les créatures. Dans le paradis terrestre, avant le péché, aucun être n’exerce de violence sur un autre et ne le tue pour s’en nourrir. Ce n’est qu’après l’irruption du péché, dont les conséquences sont clairement montrées au chapitre 3 de la Genèse, que la situation se dégrade : rupture des relations harmonieuses entre l’homme et Dieu, entre l’homme et la femme, entre l’homme et les autres créatures… Et ce n’est qu’après le déluge que Dieu permettra à Noé de tuer les animaux pour s’en nourrir. » 1

Pour le Père Culat, l’état paradisiaque détruit par le péché de l’homme sera un jour définitivement restauré. Lorsque tout sera accompli, l’homme pécheur disparaîtra pour laisser la place à l’homme nouveau recréé par et dans le Christ. C’est aussi en Isaïe (11, 6-8) que l’on trouve cette annonce du Royaume à venir : « Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. » Oui, Dieu sauve l’homme et les bêtes et il est certain que celui qui a créé une telle diversité dans la flore et la faune sur la terre, donnant aux animaux une personnalité qui les distingue des autres créatures, saura bien nous préparer un ciel où l’animal et les hommes ne se comporteront plus en prédateurs mais comme des êtres, vivant désormais en parfaite harmonie. D’ailleurs sous Noé, Dieu établit une alliance avec eux. S’il décide de sauver les espèces animales du déluge, est-ce pour les supprimer à tout jamais dans l’éternité ? On peut donc avancer sans trop de témérité qu’il y aura des animaux au paradis de Dieu. 

1 Robert Culat, « Tu sauves, Seigneur, l’homme et les bêtes ». Pour une théologie de la  non-violence.

Dieu a donné aux animaux une personnalité qui les distingue des autres créatures.

La résurrection des animaux

Quant à dire si la chienne Tessy va ressusciter, le réformateur anglican John Wesley au XVIIIe siècle pensait que la création avait une dignité en soi et qu’au ciel les animaux seraient dotés non seulement d’une intelligence améliorée mais aussi de liberté. Dans un livre dont je vous conseille la lecture, le Père dominicain Franck Dubois affirme : « Peu importe de savoir quel animal sera présent au Ciel et sous quelle forme. On peut retenir toutefois que seul l’homme, à proprement parler, ressuscitera, dans et par le Christ. D’une manière ou d’une autre, le reste des vivants et la création tout entière seront associés à cette résurrection. Ce qui compte, c’est de comprendre que la solidarité entre l’homme et le reste de la création ne s’interrompt pas avec la mort et la venue du monde à venir. Or, cela implique des conséquences précises pour l’homme d’aujourd’hui dans son rapport avec la nature. Il ne peut l’abandonner. Il doit bien plutôt l’embarquer avec lui dans sa course vers les Cieux. » 2 Voilà qui devrait rassurer le petit frère de Kevin.

2 Frank Dubois, Pourquoi les vaches ressuscitent (probablement), Le Cerf, 2019.

La solidarité entre l’homme et le reste de la création ne s’interrompt pas avec la mort.

Entre le bœuf et l’âne gris dort le petit fils

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), décembre 2020

Par Geneviève Thurre | Photo: Gaspard Moulin

« Si tu veux bien, lui dit-il, célébrons à Greccio la prochaine fête du Seigneur; pars dès maintenant et occupe-toi des préparatifs que je vais t’indiquer. Je veux évoquer en effet le souvenir de l’Enfant qui naquit à Bethléem et de tous les désagréments qu’il endura dès son enfance ; je veux le voir, de mes yeux de chair, tel qu’il était, couché dans une mangeoire et dormant sur le foin, entre un bœuf et un âne… ». « Le saint passa la veillée debout devant la crèche, brisé de compassion, rempli d’une indicible joie. Enfin l’on célébra la messe sur la mangeoire comme autel, et le prêtre qui célébra ressentit une piété jamais éprouvée jusqu’alors. »

Voici un extrait du texte de Thomas de Celano, 1228, qui témoigne de la crèche de saint François d’Assise. De cette crèche, on conserva du foin que l’on fit manger aux femmes pendant les accouchements difficiles ou au bétail malade et des miracles se produisirent. 

Le décor de la naissance de Jésus est décrit dans le protévangile de Jacques et l’évangile de Luc. Ils parlent d’une grotte aux abords de Bethléem, d’une mangeoire dans laquelle l’enfant fut déposé. L’âne et le bœuf sont cités dans une prophétie d’Isaïe. Des écrits datés des IIe et IIIesiècles font état de la grotte et de la crèche de Bethléem que l’on vient vénérer. Puis des écrits situés entre 330 et 450 parlent d’une basilique érigée sur le lieu même de la nativité. Les pèlerins qui visitaient l’endroit en repartaient avec des reliques (éclats de pierre de la grotte, terre). Revenus chez eux, ils construisaient des répliques du lieu vénéré (chapelles, peintures, bas-reliefs). Cependant Noël ne sera célébré par les chrétiens qu’à partir du IVe siècle et c’est progressivement que la représentation de la nativité se propage dans le monde. La crèche de Saint François racontée dans le texte plus haut date de 1223. Puis on fait mention de crèches permanentes dans les églises, surtout en Italie, au XVe siècle et de crèches « mobiles », plus petites et démontables, au milieu du XVIe siècle. 

Voici brièvement l’histoire d’une scène devenue tradition pour tous les chrétiens. Mais au-delà de la tradition, n’oublions pas la signification de cette naissance si pauvre. Martin Luther dira : « Il est impossible de reconnaître Dieu ni par ton imagination ni par tes spéculations, mais en t’approchant de sa crèche. Mon ami, n’escalade par le ciel ! Va d’abord à Bethléem. »

Bibliographie :
M. Wackenheim, « La crèche de Noël, histoire d’une représentation », 2019, Ed. Bayard

Les oiseaux de nos jardins, ces agréables voisins

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Saint-Barnabé (VD), décembre 2020

Par Elisabeth Vorlet | Photo: Roger Mburente

L’aube est le moment de la journée où le ciel commence à s’éclaircir avant le lever du soleil. C’est donc aux premières lueurs du jour que les oiseaux nous gratifient de leurs belles mélodies en fréquence et en diversité. 

Le chœur de l’aube se produit principalement durant la période de reproduction dès mars et est plus prononcé entre mai et juin. Les femelles pourraient repérer les mâles par leur répertoire plus riche. La défense d’un territoire constitue l’une des fonctions du mâle et l’importante activité vocale à l’aube pourrait constituer un signal fort d’avertissement pour les intrus potentiels. Le chant de l’aube servirait donc de moyen de communication.

Le merle, ce ténor au chant mélodieux et plein de variations, est difficile à décrire car, très inventif, il contraste avec son plumage noir ébène.

La pie, bavarde, réputée voleuse en raison de son attirance pour les objets brillants qu’elle emporte, est très élégante avec sa marche saccadée faite de grands pas puis une succession de petits bonds.

L’hirondelle niche dans les granges et les étables. De couleur noir bleuté, avec une queue en fourchette, elle gazouille ou trisse. En automne, elle s’en va vers le sud à cause d’une carence alimentaire liée à la basse température, les petits insectes n’étant plus présents. L’hirondelle reviendra au printemps et retrouvera naturellement son nid.

Mais l’automne fait revenir nos petits oiseaux de jardin. Ils sont là qui s’affairent, picorent, volètent, s’activent et, partout, ce sont des bruissements d’ailes, pépiements et gazouillis. Rouges-gorges, chardonnerets, verdiers, pinsons, tous cachés mais reconnaissables par leur mélodie !

Nous savons que saint François d’Assise parlait aux oiseaux. Cependant, il n’était pas simple d’esprit : il avait plutôt la grâce de la simplicité. Par ses causeries, il était donc un des précurseurs du dialogue interreligieux. Italien, il fonda la famille franciscaine. Défenseur de la nature, il vivait en harmonie avec elle et savait que la nature était un équilibre à préserver. C’est certainement la raison pour laquelle il a composé le Cantique des Créatures.

En 1979, le pape Jean-Paul II l’a nommé « Patron céleste des écologistes » car, huit siècles plus tard, son message est toujours d’actualité.

Remercions ce Dieu-créateur pour tant de beautés et, comme saint François d’Assise, apprenons à les écouter et à les aimer. Car, si les oiseaux ont des ailes pour voler, les hommes ont des cœurs pour aimer.

Les animaux dans nos églises

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral des Coteaux du Soleil (VS), décembre 2020

Par Isabelle Vogt | Photos: Marie-Paule Dénéréaz

Pour faire écho au thème du cahier romand « Des animaux et des hommes », nous vous proposons de partir à la découverte de quelques animaux représentés dans les églises de notre secteur pastoral et de leur signification symbolique.

Les quatre évangélistes

Saviez-vous que les quatre évangélistes, Matthieu, Marc, Luc et Jean, sont souvent représentés accompagnés d’un animal ou d’un homme ailé, et ce que cela signifie ? Regardez bien les photos prises à l’église de Vétroz.

En fait, ces animaux sont les quatre figures du « tétramorphe (du grec tetra, quatre et morphé, forme) » qui tirent le char évoqué dans la vision d’Ezéchiel (Ez 1, 1-14) puis repris dans la description des « quatre vivants » dans l’Apocalypse selon saint Jean
(Ap 4, 7-8). Ils font aussi référence à la façon dont chaque évangile débute. Matthieu est accompagné d’un homme ailé (un ange), qui symbolise à la fois l’inspiration reçue pour écrire son évangile et le fait qu’il commence son récit en évoquant la généalogie de Jésus, Dieu fait homme. Marc est accompagné d’un lion car son évangile débute par une citation d’Isaïe évoquant une voix criant dans le désert, comme un lion. Luc est accompagné d’un bœuf, animal utilisé pour les sacrifices, car au début de son évangile il met en scène Zacharie, prêtre au Temple. Et enfin Jean est représenté avec un aigle parce que c’est le roi des oiseaux, capable de fixer le soleil sans se brûler les yeux, tout comme Jean le Baptiste qui, au début de son évangile, est venu pour rendre témoignage à la Lumière.

Le bœuf, l’âne et l’agneau

Scène de la Nativité.

Sur cette photo prise à l’église de Vétroz, nous voyons au premier plan un agneau dans une position étrange, sur le dos, les pattes liées, comme s’il était déjà prêt au sacrifice, et plus discrets en haut à gauche, le bœuf et l’âne comme retenus par un personnage et dont on ne distingue que le museau.

« Dans l’iconographie de la Nativité, le bœuf renvoie au Nouveau Testament, tandis que l’âne symbolise l’Ancien. La présence des deux animaux dans la crèche (qui relève d’une tradition apparue au VIe siècle) figurant en outre la reconnaissance du Messie de la part des êtres les plus humbles. 1 »

L’agneau est quant à lui l’un des principaux et des plus anciens symboles christiques. Dans l’Ancien Testament c’était l’animal sacrifié pour la Pâque juive. Pour nous chrétiens, le Christ est l’agneau de Dieu qui a donné sa vie pour effacer les péchés des hommes. On retrouve d’ailleurs cette image de l’agneau mystique sur la photo ci-contre prise à l’église de St-Pierre-de-Clages. La symbolique est d’autant plus claire qu’il porte une croix et une auréole crucifère (ornée d’une croix), représentation traditionnelle de l’auréole du Christ.

L’agneau mystique.

Saint Antoine le Grand

Saint Antoine le Grand.

La photo prise à l’église d’Ardon nous montre un vitrail représentant saint Antoine avec à ses pieds un cochon. Né au IIIe siècle en Egypte, il choisit de vivre en ermite dans le désert. Certaines traditions voient dans le cochon le mal qu’il aurait domestiqué, tandis que d’autres évoquent les cochons du monastère de l’ordre des Antonins, fondé dans le Dauphiné au XIe siècle, qui avaient une clochette autour du cou et erraient librement dans les rues à la recherche de nourriture. Ce saint-là, à ne pas confondre avec saint Antoine de Padoue, est d’ailleurs le saint patron des bouchers et charcutiers.

La blanche colombe

La colombe au rameau d’olivier.

Terminons par une photo que vous avez déjà vue dans ce journal. Il s’agit d’une colombe photographiée à l’église d’Aven. La colombe est par sa blancheur un symbole de pureté, et le fait qu’elle tienne un rameau d’olivier dans son bec l’associe immédiatement à celle qui, dans la Genèse, revient à l’Arche de Noé pour annoncer la fin du déluge. Le rameau d’olivier symbolise l’espoir, la paix, l’alliance renouvelée avec Dieu. La colombe est aussi pour les chrétiens la représentation de l’Esprit Saint qui descend du ciel sur Jésus lors de son baptême par Jean le Baptiste, manifestant qu’il est le Fils de Dieu.

Nous avons ainsi accompli un beau voyage à travers les œuvres artistiques qui ornent nos églises, mais aussi à travers toute la Bible, de la Genèse à l’Apocalypse.

L’âne, le bœuf, l’avion de ligne

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Vallée d’Illiez (VS), décembre 2020

Par Gérald Voide | Photo: DR

« Des animaux et des hommes », c’est le thème central de ce magazine L’Essentiel. En décembre, comment ne pas penser à l’âne et au bœuf de la crèche ? Nous trouvons mentionnés ensemble ces deux animaux dans le prophète Isaïe : « Le bœuf connaît son propriétaire, et l’âne, la crèche de son maître. Israël ne le connaît pas, mon peuple ne comprend pas. » (Is 1, 3) Dans ce verset, Dieu se plaint : le bœuf et l’âne connaissent leur propriétaire et la crèche de leur maître, alors que le Peuple ne connaît pas son Maître, Créateur, Sauveur et Seigneur. 

Nous pouvons envier et imiter l’âne et le bœuf. A la crèche, ils étaient tout proches du Fils de Dieu qui venait de naître à la vie humaine. Au début de ce temps de l’Avent et de cette nouvelle année liturgique, je voudrais vous souhaiter une proximité toujours plus grande avec le Seigneur.

J’ai reçu une petite lettre avec cette histoire qui nous encourage à être proches de notre Dieu. Un garçon demande à son père : « Papa, quelle est la taille de Dieu ? » Le papa lève les yeux vers le ciel. Il voit un avion passer et demande à son fils : « Quelle est la taille de cet avion ? » Le garçon répond : « Il est très petit. Je peux à peine le voir. » Le père l’amène à l’aéroport et, s’approchant d’un avion, il demande : « Maintenant, mon fils, quelle est la taille de cet avion ? » – « Papa, il est énorme ! » Et le père de poursuivre : « La taille de Dieu dépend de la façon dont tu es près ou loin de lui. Plus tu es proche de lui, plus il sera grand et énorme ! C’est ça la vérité. Ton intimité avec Dieu te montrera la grandeur de Dieu dans ta vie ! »

Que Dieu nous aide à nous approcher de lui et à nous attacher à lui. C’est mon souhait pour nous tous en ces temps perturbés. 

Mon lien avec la faune

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Aigle (VD), décembre 2020

Texte et photo par Jean-Michel Lonfat, c.r.b

En raison du thème proposé par le dossier romand «Des animaux et des hommes», nous avons invité le chanoine Jean-Michel Lonfat à rédiger cet éditorial, lui qui vit au cœur de la montagne à longueur d’année, à l’Hospice du Grand-Saint-Bernard.J’ai grandi aux Marécottes, à quelques centaines de mètres du zoo. J’y ai découvert de très près les animaux typiques des Alpes : le lynx, le loup, le chamois, le bouquetin et autres marmottes. Je les apercevais parfois, de plus loin, lors de mes promenades au-dessus du village. Le loup restait invisible, mais mon frère et moi entendions parfois ses hurlements à travers la nuit.

En entrant dans la congrégation du Grand-Saint-Bernard, ma relation à l’animal s’est un peu estompée. Durant mes années de ministère en paroisse, je n’ai pas eu beaucoup d’occasions de contact avec eux.

Depuis maintenant sept ans que je vis au Grand-Saint-Bernard, j’ai l’impression d’avoir renoué une amitié : je vois parfois, depuis ma chambre, des bouquetins ; je surprends des marmottes filant devant mes pas ; j’ai trouvé des traces de loups dans la neige, cet hiver. J’ai redécouvert la faune sauvage : libre, furtive, et belle surtout.

Et puis, qui dit Grand-Saint-Bernard dit chiens. Figure emblématique du col, ils ont, durant des siècles, aidé les chanoines à sauver des vies dans la montagne, souvent au péril de leur propre vie. Ça n’est plus le cas aujourd’hui. Les technologies modernes les ont remplacés. Leur histoire reste cependant intimement liée à celle de notre Maison. Beaucoup de gens découvrent l’histoire –et parfois même l’existence – de notre congrégation en s’intéressant d’abord à ces fidèles compagnons à quatre pattes. Et nous autres, chanoines, regardons avec bienveillance ces chiens superstars, plus célèbres que nous. Ils vous attendent avec nous, l’été prochain !

Bénir les animaux a tout à fait un sens !

Le dossier du Cahier romand qui se trouve au centre de ce journal traite du rapport entre l’homme et les animaux. Avec l’Eglise, une question qui suscite des avis divers: faut-il organiser des célébrations au cours desquelles sont bénis nos fidèles compagnons à quatre pattes? Certaines paroisses le font depuis longtemps. En prolongement du dossier de la Rédaction romande, nous vous livrons ci-dessous la réflexion de notre curé-modérateur, lequel nous a dit vouloir organiser une telle cérémonie dans le courant de l’année 2021, selon un cadre encore à définir. Voilà une nouvelle qui réjouira nombre de paroissiens!
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«J’aimerais immortaliser le genre humain…»

Une rencontre prévue du côté de la Combe me fait entrer inopinément en contact avec Carmen. Je sens à distance son rayonnement et sa joie pétillante. En un instant, j’apprends quelques éléments de sa trajectoire de vie : qu’elle a été accueillie dans cette famille, qu’elle a un goût prononcé pour l’humain et...
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Jeux, jeunes et humour – décembre 2020

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Jésus est-il vraiment né le 25 décembre ?

Les Evangiles ne nous donnent pas le jour exact de la naissance de Jésus. Il est peu probable que cela soit le 25 décembre. Alors, pourquoi y fête-t-on Noël ? C’est que les premiers chrétiens ont repris à leur compte la fête du Sol invictus commémorée par les Romains. Cette fête marque la victoire de la lumière sur la nuit, car les jours commencent à rallonger à partir du solstice d’hiver, soit autour de Noël. La symbolique est puissante : elle permet de montrer, sur le plan de la foi, que Jésus est la vraie lumière qui guide nos vies.

Par Pascal Ortelli

Humour

C’était le temps où on était assez emprunté pour expliquer aux enfants les origines de la vie. Dans un village valaisan, le jour de la Fête-Dieu, Louis, 6 ans, et sa mère assistaient à la procession qui passait juste devant un poulailler. L’enfant aperçut un coq juché sur une poule et demanda à sa mère le pourquoi de cette attitude. La mère, gênée lui intima l’ordre de regarder les fidèles réunis autour du Saint-Sacrement et de prier le petit Jésus. 

Louis obéit mais revint à la charge :
« Pourquoi le coq est monté sur la poule ? »

Réponse agacée de la maman :
« C’est pour mieux voir la procession ! »

Par Calixte Dubosson

Et si je me posais des questions pour mieux fêter Noël?

Par Chantal Salamin

Photo: DRA l’approche de Noël, nous ne sommes pas tous dans les mêmes dispositions selon ce que nous vivons actuellement ou ce que cette fête nous rappelle : deuil ou naissance, conflits familiaux ou heureux souvenirs, solitude ou grand rassemblement. Alors qu’avez-vous besoin de retrouver pour bien vivre cette fête ? De l’espoir, de la tendresse, de la chaleur humaine ou simplement le sens de Noël ?

Le site internet noel.catholique.fr a été élaboré sur la base de nos questions, auxquelles il propose des réponses diversifiées par leurs formes et leurs sources. Vous y trouverez donc des vidéos, des témoignages, des chants et des éclairages de religieux et religieuses, de saints, d’artistes… et d’enfants.

A la base du site… nos questions !
Des questions sur la fête en elle-même : Noël n’est-il qu’un joli conte ? Qu’est-ce que la couronne de l’Avent ? Pourquoi le Père Noël ressemble-t-il à saint Nicolas ?

Et des questions sur comment la vivre : Triste ou seul à Noël, que faire ? Pourquoi des décorations à Noël ? Comment vivre Noël dans la paix et la joie ? Comment vivre Noël en famille ? Comment vivre Noël autrement ?

Des réponses diversifiées… notamment des plus petits !
Dans l’émission « Paraboles d’un curé de campagne », le Père Pierre Trevet Noël, nous offre quelques « enfandines ». Quand les enfants découvrent tout ce qui tourne autour de Noël, les confusions et imprécisions de ceux-ci sont pour nous un rappel. Noël loin d’être une fête infantilisante est une fête à la source de notre rajeunissement, car si nous vieillissons, Dieu est toujours plus jeune que nous. L’évangile du jour de Noël nous le dit : « A tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné le pouvoir de devenir enfant de Dieu. »

Merci les enfants !

«Jésus est né à ′Aime les bêtes′.»
Une petite perle d’enfant, une contrepèterie pour Bethléem


Le site: noel.catholique.fr

L’Avent: l’attention à l’autre

Et si vous profitiez de l’Avent pour mettre l’accent sur l’attention aux autres? Les occasions pour développer le sens de l’effort sont nombreuses en cette période de Noël où l’on cherche à faire plaisir, profitons-en!

Par Bénédicte Jollès
Photo: PixabayLes calendriers de l’Avent truffés de confiseries et de cadeaux ne nous facilitent pas la tâche. Ils amoindrissent les réjouissances de Noël en privant nos enfants de l’attente. Comment, dans ce contexte, leur permettre de découvrir la joie d’attendre et de penser aux autres, de préparer des surprises qui égaieront ceux qui les recevront ? Car notre « métier » de parents nous impose d’essayer d’ouvrir le cœur de nos têtes blondes pour éviter de les transformer en monstres d’égoïsme, en enfants-rois heureux d’accumuler et sourds à toute demande. Ici ou là, des paroisses ou des écoles proposent d’ailleurs des calendriers de l’Avent « à l’envers ». Chaque enfant, chaque famille est invité à déposer 24 objets dans un carton qui sera porté à une association. Voilà l’occasion pour chacun de prendre conscience que nous avons souvent beaucoup et trop de tout : nourriture, vêtements, jeux… Nous pouvons facilement les partager.

Permettez-vous à vos enfants d’expérimenter que le don de soi rend heureux ? Une urgence éducative aujourd’hui dans nos sociétés individualistes et consuméristes ! Avez-vous déjà été avec eux au contact de personnes démunies ? C’est sûrement un des plus grands cadeaux que nous pouvons leur faire, en prenant le temps de les y préparer et en respectant la réserve des plus timorés. Oui, il n’y a pas d’âge pour écouter, réjouir ou aider une personne isolée et rejetée. Le plus simple est de s’appuyer sur les talents personnels de chacun : le plus gourmand cuisinera un gâteau, le plus bavard prendra des nouvelles, l’artiste dessinera une carte de vœux ou jouera un morceau de musique… « Merci de m’avoir parlé avec votre fils, me disait un homme assis sur le trottoir, d’habitude les gens me fuient. » Ces expériences permettent à nos enfants de gagner en maturité et surtout, elles incarnent l’Evangile. C’est bien là un des trésors de notre foi : croire que ce que nous donnons aux plus petits et aux plus isolés (y compris de nos familles), c’est au Christ que nous le donnons. 

Follie, une drôle de paroissienne

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Sacré-Cœur, Ouchy-Lausanne (VD), décembre 2020

Par Alicia Jossi-Zamora et Vincent Roos | Photo: Jean-Claude Gadmer

La chienne Follie, que nous connaissons bien pour son assiduité à nos messes, a bien voulu perdre son temps pour répondre à quelques questions théologiques un peu «bêtes».

Follie, avec notre curé Vincent.

1. Que penses-tu de l’ordre naturel de la Création qui vous a octroyé, à vous animaux, une place subalterne par rapport aux humains ?
Dans Genèse 1, Dieu crée les animaux et les hommes le sixième jour. Nous ne sommes donc pas si éloignés de vous, ce que la science a par ailleurs confirmé. Avez-vous remarqué la ressemblance de tous les embryons de mammifères dans l’utérus de leur mère ?

Bien sûr, vous humains avez été créés à Son image contrairement à nous, humbles créatures. Vous en êtes-vous rendus dignes ? Au regard de l’histoire on peut en douter.

2. Connais-tu le péché, la notion du bien et du mal ?
Au Paradis, nous vivions tous en harmonie, le lion cohabitait avec l’agneau puisque Dieu nous avait donné les plantes pour nourriture. Puis, les humains ayant cédé à la tentation de l’interdit, et notre sort étant lié au vôtre, nous avons tous été chassés du jardin d’Eden et rejetés dans un monde de violence et de mort.

Comme nous n’avions pas mangé la pomme de l’arbre de la connaissance, notre nature innocente a été préservée : nous ne distinguons pas le bien du mal, nous ne savons pas ce que signifie pécher. Si nous tuons, c’est pour manger ou nous protéger. Nous ne violons pas mais cherchons juste à nous reproduire, comme nous y pousse notre instinct de survie. 

Par contre, si vous les humains vous vous laissez aller à agir comme des animaux, vous dénaturez votre nature et la pervertissez.

3. Crois-tu que vous ayez une âme et que vous irez au Paradis ?
L’âme, anima en latin, est le souffle de vie qui anime tout être vivant. Après les philosophes grecs, saint Thomas décrit trois sortes d’âmes, la végétative qui concerne les végétaux, les animaux et les humains ; puis l’animale pour les animaux et les hommes ; finalement l’âme spirituelle qui est le propre de l’homme. En 1978 déjà, le pape Paul VI déclarait : « Un jour, nous reverrons nos animaux dans l’éternité du Christ. Le Paradis est ouvert à toutes les créatures de Dieu. » Donc, n’ayez pas peur, nous nous retrouverons plus haut.

Dans cette époque troublée, accablée par toutes sortes de maladies, de désastres écologiques, vous les humains devriez écouter les paroles du pape François dans son encyclique Laudato si’ pour notre sauvegarde commune :

« J’invite tous les chrétiens à expliciter cette dimension de leur conversion, en permettant que la force et la lumière de la grâce reçue s’étendent aussi à leur relation avec les autres créatures ainsi qu’avec le monde qui les entoure, et suscitent cette fraternité sublime avec toute la création, que saint François d’Assise a vécue d’une manière si lumineuse. »

Des animaux et des hommes

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte Marguerite Bays (FR), décembre 2020

Texte et photo par Père Francis Basani

Ce jour-là, le loup habitera avec l’agneau, le léopard dormira avec le chevreau, le veau et le lionceau mangeront ensemble, et un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse seront dans un même champ et leurs petits dans la même grange. Le lion, comme le bœuf, mangera du foin… (Le prophète d’Isaïe, 11:1-9)La question animale se fait de plus en plus présente dans le débat public : on réfléchit, on discute et on s’affronte au sujet de la préservation des espèces menacées, du bouleversement des équilibres écologiques, ou encore des conditions d’élevage et de la place de la viande dans les régimes alimentaires. La maltraitance animale est également un sujet brûlant, auquel un public toujours plus large est sensibilisé grâce à des initiatives, des reportages et des enquêtes de qualité. 

Dans les récits bibliques, la viande est consommée seulement les jours de fête. Mais l’interdiction de manger de la viande n’est jamais affirmée. Le peuple d’Israël, plus tard le christianisme considèrent qu’il y a un saut de nature entre l’homme et l’animal. 

Dans Genèse 1, Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance… Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. »

Dans l’Evangile, nous constatons que Jésus était « avec les bêtes sauvages ». Cette brève indication de l’Evangile peut ouvrir la proximité de Jésus avec la création animale. En cela consiste la dignité, la valeur du monde animal. Chaque animal a été pensé dans le Verbe ; il a été animé par Dieu ; il a été, avant même de naître, l’objet d’une intention et d’une sollicitude.

L’image des « bons bergers » qui portent avec amour leur brebis sur les épaules, comme on le voit dans la Bible, est dans toutes les mémoires. 

François d’Assise nous interpelle dans son cantique des créatures. La nature chez saint François est considérée comme l’œuvre de Dieu, plus exactement de la Trinité créatrice Père-Fils-Esprit. Toute créature est pour François, un frère ou une sœur. François d’Assise a une relation complètement différente avec la nature, il dialogue avec elle, c’est-à-dire qu’il considère tous les animaux et toute la création, les pierres, les plantes, comme des sujets avec lesquels on peut dialoguer. La fraternité touche aussi les animaux.

A Gubbio, la ville qui était aux prises avec les meutes de loups féroces, où la grêle ravageait les vignes, François appela tout le monde à la conversion. C’était le prix à payer pour être délivré de ces fléaux. Les habitants de la ville furent témoins de la marche du saint dans la forêt, pour aller au-devant du méchant loup, qui mit sa patte dans la main de François, après s’être engagé par pacte à ne plus faire de mal à personne. 

Bonaventure, le célèbre théologien franciscain relate, dans sa « Legenda maior », toute une série d’épisodes qui illustrent la relation entre François d’Assise et les animaux. Dans chaque récit, Bonaventure essaie moins de célébrer le Pauvre d’Assise en tant qu’ami des animaux particulièrement respectueux, que de le présenter comme l’exemple d’une foi passionnée en la création et en ses biens. 

A l’époque médiévale, l’animal était au cœur de la vie quotidienne. Compagnon des paysans, force de travail, source de nourriture, monture de guerre, sa place était complexe et paradoxale dans la société médiévale. Les hommes pouvaient être proches et féroces.

Au demeurant, ce qui est certain, c’est que les liens entre êtres humains et animaux étaient étroits – peut-être plus qu’à notre époque où l’urbanisation, l’élevage intensif et les logiques industrielles ont éloigné l’animal de l’humain. 

A cela s’ajoute un changement dans nos conceptions du monde puisque, après le Moyen Age, l’Occident moderne a progressivement instauré la distinction entre nature et culture, séparant l’individu civilisé de l’animal sauvage. Dans l’ordre de la nature, le plus gros mange le plus petit. 

Ces réflexions historiques restent encore en suspens car, les questions de violence animale et les modes d’alimentation qui en découlent connaissent une audience grandissante dans l’opinion ainsi que dans certaines sciences humaines.  

Il faut repenser le concept de dignité et d’intégrité de l’animal, il faut tirer les conséquences de notre quotidien. Pour exemple, convivialité, comportement et utilisation de la nourriture. Aujourd’hui, le rapport entre l’homme et l’animal est plus affectif. L’homme est destitué de son piédestal. C’est pour cela que beaucoup ne veulent plus manger de la viande.

L’été, les chiens de berger sont mes compagnons de vie

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte-Claire (FR), décembre 2020 – janvier-février 2021

Propos recueillis par Manuela Ackermann | Photo: Dominique Pasquier

Conteur et éleveur de vaches et de brebis, Dominique Pasquier rêvait depuis toujours de partir en estive, ce qu’il fait depuis cinq étés en France, puis en Suisse. Il nous raconte :

J’ai vécu ma première estive en 2016 dans les Pyrénées, une région où le mouton est roi, comme la vache en Gruyère. D’ailleurs, les moutons paissent d’abord la bonne herbe avant les vaches. C’est un endroit et des gens que j’ai beaucoup aimés. Je m’étais retrouvé avec un vieux berger de 69 ans, physiquement diminué, mais il trayait tous les matins 250 brebis à la main pendant plus de quatre heures ! Cela m’avait impressionné. 

A l’ancienne
Pendant l’été, le temps ne compte pas, tout est fait à l’ancienne. Ce berger, Marcel, avait passé ses 57 estives tout seul. Pour la première fois, il était accompagné. Je le trouvais rude avec les bêtes mais je me suis très vite rendu compte à quel point il était rude avec lui-même. Toute sa richesse tenait dans trois cartons à bananes, ça paraît d’un autre temps. Une belle leçon d’humilité, de passion. 

Ce qui me plaît beaucoup dans cette activité, c’est de passer huit heures par jour avec les moutons : partir le matin avec le troupeau, jusqu’à la chôme de midi vers un point d’eau, puis marcher jusqu’au soir pour les rassembler dans un parc de nuit. C’est une vie rythmée par les horaires, c’est chaque jour différent par le temps, le comportement des brebis. Il faut les conduire sur toutes les zones du pâturage, les moutons doivent profiter de l’herbe. La gestion de l’herbage est importante pour éviter de ruiner un endroit ni le laisser embroussaillé. 

Les chiens sont d’une grande aide. Avec eux une relation incroyable se crée, ce sont des compagnons de vie, on est ensemble 24h sur 24. Sur tout le flanc ouest du pic Chaussy, cette dernière année, ou la Dent de Jaman les étés précédents, j’ai eu l’impression de me sentir particulièrement petit. Cette montagne et cette nature sont plutôt indifférentes à l’homme. Les plus pénibles sont les journées de brouillard où on ne voit plus que vingt bêtes et on croise les doigts le soir pour en retrouver 550. 

Le temps de ruminer
Le moment le plus paisible c’est le matin, lorsque les moutons s’étalent gentiment pour pâturer et que la vue porte jusque sur le lac Léman d’un côté et les Alpes bernoises de l’autre. J’ai eu le temps de ruminer des contes dans ma tête, c’est une activité assez prenante et contemplative, je me déconnecte d’énormément de choses, c’est proche de l’expérience mystique. Ces alpages dégagent une belle énergie et en rentrant j’avais de nouveau plus d’imagination et de créativité. Etre berger, c’est le meilleur moyen de décrocher de ce mouvement dans lequel on est entraîné, sans se marginaliser grâce à son utilité. 

Beaucoup de gens aiment cette figure du berger, qui les fait rêver. « J’ai vécu des rencontres extraordinaires empreintes d’émotions, de grands moments hors du temps et insolites, comme un grimpeur âgé qui jouait « Jésus que ma joie demeure » de Bach à la flûte, avant d’attaquer la via ferrata. »

Parfois, un seul regard suffit…

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Sacré-Cœur, Ouchy-Lausanne (VD), décembre 2020

Par Alicia Jossi-Zamora et Vincent Roos | Photo: pxhere

Comme le dénonce le pape François dans son encyclique Laudato si’, pendant trop longtemps, les humains et l’Eglise ont privilégié un anthropomorphisme déviant qui a conduit à la maltraitance animale.

C’est vrai que, dans la Genèse, Dieu met la création à notre disposition, mais Il ne nous en donne pas la propriété, nous n’en sommes que les gérants et, comme dans tout contrat de gérance, viendra le jour où nous devrons rendre des comptes à son propriétaire.

Car Dieu aime toutes ses créatures et, lorsqu’Il dialogue avec Moise, Il n’oublie pas les animaux ; eux aussi auront droit au repos de shabbat :

« Pendant six jours tu feras tes travaux, et le septième jour tu chômeras, afin que se reposent ton bœuf et ton âne et que reprennent souffle le fils de ta servante ainsi que l’étranger. » (Ex 23, 12)

Cependant, siècle après siècle, l’animal a été relégué au rang d’objet, maltraité, surexploité, même s’il y a 800 ans le souci de la création existait déjà à l’exemple de saint François, patron des écologistes, et de son merveilleux « Cantiques des créatures ».

Depuis Darwin et jusqu’aux dernières découvertes en éthologie, nous ne cessons de découvrir des similitudes entre l’animal et nous. Nos émotions telles que la peur, la joie, la tristesse et même l’humour trouvent leur source dans notre animalité que nous ne devons ni refuser, ni ignorer, mais intégrer et identifier pour la
dominer.

La place que Dieu a donnée aux hommes ne doit pas nous conduire au mépris des autres créatures, de nos frères animaux comme dirait saint François. Ils ont tous une valeur par elles-mêmes et ce n’est certainement pas aux hommes de décider lesquels doivent disparaître. Ce serait un grave péché d’orgueil.

« J’aime les bêtes parce que j’aime Dieu et que je l’adore profondément dans ce qu’Il a fait. » (Léon Bloy)

Les animaux dans la Bible

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Nendaz – Veysonnaz (VS), décembre 2020

Par Félicien Roux | Photo: pixabay

Travailleuse et organisée, l’abeille est le symbole de l’intelligence. Elle transforme le nectar et le pollen des fleurs en miel, symbole de la sagesse. Son symbolisme a une portée spirituelle profonde. 

Dans la Bible, l’abeille est mentionnée quatre fois dans le texte hébreu (voir Dt 1, 44 ; Jg 14, 8 ; Ps 117(118), 12 ; Is 7, 18), six fois dans sa traduction grecque (voir Dt 1, 44 ; Jg 14, 8 ; Ps 117(118), 12 ; Pr 6, 8A-8C1 ; Si 11, 22 ; Is 7, 18) et cinq fois dans la traduction latine de la Vulgate (voir Dt 1, 44 ; Jg 14, 8 ; Ps 117(118), 12 ; Si 11, 2 ; Is 7, 18).

L’auteur sacré utilise ce mot soit au sens propre soit au sens figuré.
On en parle au sens propre dans deux endroits :

• Dans un épisode de l’histoire de Samson (Jg 14, 8), les abeilles produisent dans la carcasse d’un lion du miel, et Samson en le mangeant acquiert la sagesse.

• Et, en Si 11, 23, le sage en parle pour l’excellence de son miel, seulement dans les textes grecs et latins.

Ce petit insecte est souvent utilisé au sens figuré, comme comparaison d’une armée nombreuse pressant ses ennemis en leur infligeant de cruelles blessures (Dt 1, 44 ; Ps 117(118), 12 ; Is 7, 18). Cette comparaison est d’autant plus exacte que les abeilles d’Orient sont plus dangereuses que celles de nos pays : leurs piqûres sont plus douloureuses et entraînent la mort en quelques minutes.

La Septante présente un ajout intéressant sur l’abeille en Pr 6, 8A-8C, placé juste après la description de la fourmi.

1 La couleur violette signifie que cette référence est uniquement dans le texte grec.
2 La couleur verte indique que la référence est commune au texte grec et au texte latin.
3 L’Ecclésiastique (ou Siracide) est un livre deutérocanonique ou apocryphe, c’est-à-dire qu’on ne le trouve pas dans la liste des livres de la Bible hébraïque, ainsi que dans les Bibles protestantes.

Voici ces textes

Bible de Jérusalem (1998)

Dt 1, 44
Les Amorites habitant cette montagne sont saortis à votre rencontre, vous ont poursuivis comme l’auraient fait des abeilles et vous ont battus en Séïr jusqu’à Horma.

Jg 14, 8
A quelque temps de là, Samson revint pour l’épouser. Il fit un détour pour voir le cadavre du lion, et voici qu’il y avait dans la carcasse du lion un essaim d’abeilles et du miel.

Ps 117(118), 12
[Les peuples] m’ont entouré comme des guêpes, ils ont flambé comme feu de ronces, au nom de Yahvé je les sabre.

Si 11, 3
L’abeille est petite parmi les êtres ailés, mais ce qu’elle produit est d’une douceur exquise.

Is 7, 18
Il arrivera, en ce jour-là, que Yahvé sifflera les mouches qui sont à l’extrémité des fleuves d’Egypte et les abeilles qui sont au pays d’Assur.

Traduction officielle liturgique (2013)

Dt 1, 44
Mais les Amorites qui habitent cette montagne sont sortis à votre rencontre et, comme un essaim d’abeilles, ils vous ont poursuivis ; ils vous ont mis en pièces, de Séïr jusqu’à Horma.

Jg 14, 8
[Samson] revint quelques jours après pour la prendre, mais il fit un détour pour revoir le cadavre du lion. Il y avait dans sa carcasse un essaim d’abeilles et du miel.

Ps 117(118), 12
[Les nations] m’ont cerné comme des guêpes : (ce n’était qu’un feu de ronces) au nom du Seigneur, je les détruis !

Si 11, 3
L’abeille est un des plus petits êtres qui volent, mais ce qu’elle produit est d’une douceur exquise.

Is 7, 18
Il arrivera, en ce jour-là, que le Seigneur sifflera les mouches depuis les embouchures des fleuves d’Egypte et les guêpes du pays d’Assour.

Traduction œcuménique de la Bible (2012)

Dt 1, 44
Alors les Amorites qui habitent cette montagne sont sortis à votre rencontre et, comme un essaim d’abeilles, ils vous ont poursuivis ; ils vous ont mis en pièces de Séïr jusqu’à Horma.

Jg 14, 8
Quelques jours après, [Samson] revint pour l’épouser, mais il fit un détour pour voir le cadavre du lion : voici qu’il y avait dans la carcasse du lion un essaim d’abeilles et du miel.

Ps 117(118), 12
[Les nations] m’ont encerclé comme des guêpes ; elles se sont éteintes comme un feu d’épines, au nom du SEIGNEUR, je les pourfendais.

Si 11, 3
L’abeille est petite parmi les êtres ailés, mais ce qu’elle produit est ce qu’il y a de plus doux.

Is 7, 18
Il adviendra, en ce jour-là, que le SEIGNEUR sifflera les mouches qui sont à l’extrémité des canaux d’Egypte et les abeilles qui sont au pays d’Assyrie.

Le PLUS de la Septante:
Proverbes 6, 8A-8C

Bible d’Alexandrie 4 17 (2000)
Ou bien va-t-en vers l’abeille et apprends comme elle est travailleuse et comme il est noble, le travail qu’elle fait : 8B les fruits de ses peines, les rois et les particuliers les consomment pour leur santé, elle est désirée par tous et tenue en honneur ; 8C s’il est vrai qu’elle est faible quant à la force physique, c’est en honorant la Sagesse qu’elle s’est distinguée.

Bible de Jérusalem (1998)
On lit en note du verset :
Le grec ajoute :
« Ou bien, va vers l’abeille et vois comme elle est laborieuse, et combien auguste l’œuvre qu’elle accomplit. Rois et particuliers, pour leur santé, usent de ses produits, elle est recherchée et fameuse auprès de tous ; quoique chétive sous le rapport de la vigueur, elle se distingue pour avoir honoré la sagesse. »

Traduction œcuménique de la Bible (2012)
On lit en note du verset : Ici la version grecque introduit une glose caractéristique de la tendance édifiante de sa traduction de Pr :
« Ou bien va vers l’abeille et considère combien elle est laborieuse et combien noble est l’œuvre qu’elle accomplit. De ses produits les rois et les simples usent pour leur santé. Elle est désirée de tous et renommée. Bien que chétive sous le rapport de la vigueur, elle s’est distinguée pour avoir honoré la sagesse. »

Passage absent dans la Traduction officielle liturgique de la Bible (2013), qui traduit le texte hébreu.

4 Il s’agit de la traduction de D.-M. d’Hamonville des Proverbes, qui fait partie de la collection « La Bible d’Alexandrie » (n. 17), collection inaugurée en 1986, qui bénéficie de la compétence d’une équipe d’universitaires français réunis autour de M. Harl.

Notre maison commune

Par Thierry Schelling
Photo: DR
Laudato si’ (2015), regard unique de la part d’un Pape sur la maltraitance de notre planète, qui a voulu l’écrire sur la base de constats scientifiques et de leur relecture théologique pour les implications incombant à chaque baptisé.e. Cette appellation de « maison commune » est le nouveau nom pour « l’environnement », terme un peu galvaudé par les milieux politiques et économiques…

Contempler
Le premier pas du croyant envers Mère Terre est… sa contemplation qui demande silence, lenteur et gratuité. Car « la nature [est] comme un splendide livre dans lequel Dieu nous parle et nous révèle quelque chose de sa beauté et de sa bonté » (Laudato si’, 12). Mais pas seulement : nous pouvons y apprendre sur nous-mêmes, qui sommes tant « animaux » que parfois… bestiaux !

Aimer
Caresser plutôt que dompter ! On a longtemps appliqué à la lettre le biblique « Soumettez-la » (cf. Gn 1, 28). Du coup, propriétaires fonciers, les papes se gaussèrent d’avoirs ovins et bovins, quand ils n’entretenaient pas de sacrées écuries ! Paradoxe : la papauté fut régulièrement louée ou moquée par un riche bestiaire 1 ! Jusqu’au XXIe siècle, avec Jude Law (Pie XIII) jouant à cache-cache avec son kangourou dans l’excellente série The Young Pope2 !

Nourrir
François d’Assise calma la voracité du loup de Gubbio en demandant aux villageois de le nourrir, et non de le pourchasser. Et Fratello Lupo devint leur compagnon. En renversant le rapport de dominant-dominé, le Pape, dans la veine de l’Evangile des chamboulements, invite à la conversion : « Il y a […] une mystique dans une feuille, dans un chemin, dans la rosée… » Commençons petit.

1 Cf. A. Pavacini Bagliani, Le bestiaire du pape, Belles Lettres, 2018.
2 Mini-série écrite par P. Sorrentino (1re diffusion, 2016).

Nos animaux au paradis

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Troinex, Veyrier-Vessy et Compesières (GE), décembre 2020

Par Elsa Wack | Photo: Rico Wack

Notre chatte avait trois petits.
Un jour, l’un cessa de jouer.
Il avait une maladie.

Du coup il n’était plus petit.
Il mourut avec dignité.
Par rapport à moi enfant, il fut grand.

Au fond, que m’avait-il appris ?
Pas grand-chose, ou peut-être si :
Qu’on peut mourir sans pousser un cri.

Même après une courte vie,
Quand vient le temps, vient le temps. 

Je crois bien que Jésus l’agneau
L’a pris dans son paradis
Et mes autres animaux aussi.

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