Enterrement dans l’intimité

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), novembre 2021

Si les restrictions liées au COVID ont forcé certaines familles à dire au revoir à leurs proches dans une intimité forcée, on constate que d’autres familles choisissent tout à fait librement d’enterrer leur défunt dans l’intimité.
Michel Bornet, «ancien» représentant de l’agence funéraire Pagliotti frères de Martigny pour la paroisse de Riddes partage avec nous son expérience.

TEXTE ET PHOTO PAR JEAN-CHRISTOPHE CRETTENAND
D’APRÈS UN TÉMOIGNAGE DE MICHEL BORNET

Après 25 ans passés dans le métier, je dois dire que les enterrements dans l’intimité ont représenté pour moi quelque chose de plutôt rare et je n’ai, pour ma part, pas constaté d’augmentation particulière de cette pratique ces dernières années.

De manière générale, ce choix de l’intimité ne change pas grand-chose en termes de travaux à réaliser. Nous devons préparer le défunt de la même manière et la cérémonie à l’église suit le même schéma qu’une messe en grand comité.

Une grosse différence apparaît au niveau de la crypte où il faut assurer une présence et c’est bien plus agréable lorsque la famille est là pour accueillir les visiteurs et qu’une veillée de prière a lieu. Dans ce cas, je viens avant l’heure prévue afin de discuter des détails organisationnels avec la famille et quitte la crypte après que le dernier visiteur s’en soit allé.

Pour moi, une veillée de prière ou un enterrement est aussi l’occasion de partager, d’échanger avec la communauté ; ce sont des moments beaucoup plus riches.

Les quelques rares situations complexes que j’ai en tête surviennent dans des cas très restreints où les familles sont en conflits internes et où il faut prendre en compte plusieurs avis. Il faut essayer d’arranger les différends avant la cérémonie d’enterrement afin que les choses
se déroulent au mieux. Une manière de prévenir ces mauvaises surprises est peut-être la voie que choisissent certaines
personnes qui ont déjà tout préparé en vue de leurs obsèques (descriptif du déroulement, avis mortuaire…). Dans certains cas, même la partie financière, c’est-à-dire le montant qui permettra de couvrir les frais, est déjà prête à la banque.

A titre personnel, je dois admettre que, dans tous les cas, émotionnellement, plus les gens (défunts et famille directe) me sont proches et plus c’est difficile. Dans tous les cas, il faut s’efforcer de ne pas « ruminer » sinon ça devient trop dur. C’est ma fille Méry qui a pris le relais maintenant, comme elle a le même
caractère que moi, je suis rassuré. Je reste prêt à l’aider en cas de besoin ou à la suppléer en cas d’absence. De plus, la famille Pagliotti de Martigny est toujours à nos côtés et il a toujours été possible de
s’arranger afin de résoudre les quelques problèmes qui auraient pu apparaître.

L’intimité

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), novembre 2021

TEXTE ET PHOTO PAR GENEVIÈVE THURRE

Caractère de ce qui est intime, très personnel.

Avec la pandémie, de nombreuses familles ont dû se résoudre à enterrer leur proche dans l’intimité et ce fut une souffrance. Pour d’autres familles, c’est un choix délibéré. Quelles que soient les motivations des unes et des autres, elles correspondent à un vécu et elles sont à respecter sans aucune condition.

D’un point de vue sociologique, il est reconnu que les rituels entourant le décès permettent aux proches de faire le deuil. Mais est-ce que les proches sont les seuls membres de la famille ? Je pense qu’on en a tous fait l’expérience : au cours d’une vie, nous rencontrons moult personnes avec lesquelles nous créons un lien particulier qu’il est difficile de décrire par des mots car il est de l’ordre du ressenti : amitié, respect, admiration, haine, que sais-je encore ? La palette des sentiments et des émotions est si vaste. Seuls les protagonistes du lien savent ce qu’ils vivent, ressentent. Nous nous retrouvons là véritablement dans le monde de l’intime.

Les personnes qui accompagnent un mort ont, pour la plupart, un ressenti le concernant, un lien qu’elles seules connaissent. Participer au rite funéraire, quel qu’il soit, leur permet de le conscientiser, le sublimer ou l’exorciser, à terme de faire le deuil. Ce qui reste important, c’est de faciliter l’accès au ressenti à travers des rituels, essentiels à toutes civilisations. Ils participent à notre spiritualité, élément indispensable à notre santé physique et psychique.

La prière ouvre à la communion avec les défunts

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), novembre 2021

L’abbé Rémy Delalay, prêtre de notre secteur, témoigne de la façon dont il accueille les familles qui viennent de perdre un proche.

TEXTE ET PHOTO PAR RÉMY DELALAY

Quand on me demande une sépulture, une des premières questions que je dois poser est de savoir si la famille la souhaite dans l’intimité ou avec toute la communauté paroissiale. De plus en plus souvent, on me répond qu’elle sera dans l’intimité. Je dois alors demander si elle sera à l’église paroissiale, dans la chapelle des pompes funèbres ou dans un centre funéraire. Il était autrefois évident que toute la vie chrétienne se déroulait dans l’église du village : du baptême à la sépulture. De nos jours, l’important est d’accompagner nos défunts de notre prière et de les confier à Dieu avec amour et dignité et cela est possible aussi en dehors de l’église paroissiale, que beaucoup de nos contemporains ne visitent plus forcément régulièrement. Ils en sont donc moins attachés.

Comme il n’y a pas de chorale pour animer la célébration, la famille s’investit et s’implique pour choisir un chant et une musique, pour faire la lecture et la prière universelle et dire quelques mots sur la personne qui nous a quittés. Comme l’assemblée est assez petite, on se sent plus proche les uns des autres, plus en famille, plus en sécurité, les larmes coulent ainsi plus facilement et simplement que dans une grande assemblée qui peut impressionner. Comme prêtre, comme pour une sépulture publique, je tente d’y apporter une parole d’espérance et de consolation en m’adressant directement aux personnes les plus éprouvées qui sont souvent à deux mètres de moi. Cette proximité rend la compassion et l’empathie encore plus fortes. Ma présence est signe de la présence du Christ à leur côté et aussi de la présence de la paroisse dans leur deuil. L’assemblée des fidèles prie en effet à chaque messe pour tous nos défunts. Prier pour les défunts et leurs familles dans la peine et l’épreuve du deuil est une œuvre d’amour et de charité. Même sans présence physique, par la prière et la foi, les paroissiens ont une présence spirituelle auprès des endeuillés.

Une sépulture dans l’intimité se déroule généralement sans la distribution de la communion. Celle-ci aura lieu lors de la messe de 7 e ou du souvenir que beaucoup de familles souhaitent vivre en paroisse. Là, surtout s’il n’y a pas eu de visites à la crypte, les connaissances et les membres de diverses sociétés peuvent s’associer au deuil des proches par une présence amicale et réconfortante.

Que par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles trépassés reposent en paix. Amen.

Une intimité forcée

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), novembre 2021

PAR CLAUDE BUMANN, SAAS-FEE
PHOTOS : MISES À DISPOSITION PAR L’OFFICE DU TOURISME DE SAAS-FEE

Au début du mois de mars 2020, les événements de ma vie, tant professionnelle que privée, se sont succédé à un rythme effréné. En tant que chef du Service parlementaire, j’ai dû assumer la responsabilité de la décision de tenir la session du Grand Conseil malgré la menace d’une pandémie, même si le Parlement fédéral avait interrompu sa session. Et puis, alors que la semaine de session s’achevait, j’ai reçu la nouvelle que mon beau-père avait été victime d’une embolie pulmonaire. Il est décédé la nuit suivante.

Le lendemain, les premières mesures urgentes du Conseil fédéral sont entrées en vigueur et nous avons été la première famille de la vallée de Saas à devoir organiser des funérailles en prenant en compte ces nouvelles circonstances. Nous avons d’abord été attristés par le règlement officiel, car mon beau-père était extrêmement populaire et de nombreuses personnes auraient probablement tenu à assister au service funéraire.

La famille n’a eu d’autre choix que de se plier à cet ordre officiel et d’accepter que seuls les enfants et les petits-enfants ainsi que quelques amis très proches du défunt soient présents dans l’église. Etant donné que les contacts avec le défunt étaient limités dans la maison de retraite, il était extrêmement important pour la famille que le service funéraire permette un adieu réel et durable au défunt. Ils ont donc cherché un moyen de remplacer les rituels habituels (prières pour les morts, visites de condoléances, offrandes d’eau bénite) par un autre acte solennel qui leur permettrait d’exprimer leur chagrin et de comprendre que le défunt avait définitivement quitté ce monde. La famille a trouvé la solution dans un service religieux très personnalisé avec une rétrospective multimédia de la vie du défunt, avec des intercessions spécifiquement liées à sa personne et avec des interludes musicaux préparés par certains membres de la famille. Après l’inhumation de l’urne, un toast à sa santé a été porté devant l’église avec un Pastis, la boisson préférée de mon beau-père, mais ensuite l’assemblée a dû se disperser car un repas commun était rendu impossible par l’arrêté du Conseil fédéral.

Ce que nous ne pouvions pas savoir à ce moment-là, c’est que ma belle-mère a suivi son mari dans la mort sept semaines plus tard. Le service funéraire a à nouveau eu lieu dans le cadre intime de la famille et a été accompagné des mêmes sentiments et expériences émotionnelles.

La famille de mes beaux-parents s’accorde à dire qu’elle n’a jamais connu de services funéraires aussi beaux et impressionnants. Les mesures propres au COVID, qui n’ont d’abord été acceptées qu’avec déplaisir, se sont révélées être un « coup de chance », notamment parce que les nombreuses cartes de condoléances qui sont ensuite arrivées par la poste étaient beaucoup plus personnelles que d’habitude. La famille a également été réconfortée par le fait qu’un service commémoratif a été organisé après la première vague.

Entre utopie et réalité

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), octobre 2021

Le P. Hermel Tonato est en Suisse depuis mai de cette année. Il a été engagé sur le secteur des Deux-Rives. Il nous raconte l’évolution de l’Eglisecau Bénin, depuis l’arrivée des missionnaires jusqu’à aujourd’hui.

TEXTE PAR LE P. HERMEL | PHOTOS : ROBERT ZUBER

Dans le contexte religieux, la foi est la croyance en un Dieu révélé, le Dieu de Jésus- Christ. Elle vient « de ce qu’on entend et ce qu’on entend vient de la parole de Dieu » (Rm 10, 17). Plusieurs années après le débarquement des missionnaires, une brève relecture de l’implantation et des enjeux de la foi, au Bénin en général et à Azovè en particulier, se révèle imposante. L’évolution exponentielle de la foi au Bénin est une preuve que les premiers annonceurs de la Bonne Nouvelle ont été envoyés par le Christ (cf. Rm 1, 1) car aucune œuvre humaine ne peut faire tant d’années et résister à tant de déchaînements. Le voyage parfois périlleux de ces porteurs aussi en est une preuve. Concernant la pastorale des terres du Bénin et d’Azovè, l’enjeu étant d’ordre divin, on voit la foi dans son dynamisme qui s’est exprimée comme la lumière qui a dissipé tant de ténèbres. Les résultats de la réception de la foi transmise par les Apôtres continuent d’abonder. A titre d’exemple, on peut évoquer l’éducation religieuse (à travers la création des écoles catholiques, le catéchisme hérité), l’ordination des prêtres autochtones, etc. Le nombre des baptisés chaque année et l’abandon volontaire des pratiques animistes constituent aussi un témoignage de l’évolution de la foi. L’héritage pastoral continue de servir de jalons pour une pastorale d’incarnation au sein même des peuples béninois et de ses cultures. La majorité de la population béninoise et celle d’Azovè est chrétienne. Ils sont plusieurs à être impliqués dans la vie de l’Eglise (la prière, les mouvements, les associations, les chorales…). Les chrétiens catholiques forment aujourd’hui des communautés dynamiques, joyeuses et soudées. La vie religieuse et spirituelle des chrétiens se trouve renforçée par les activités permanentes des groupes de prières, mouvements et associations. L’harmonie, la cohésion et la paix qui caractérisent la communauté ainsi que le dévouement, la spontanéité désintéressée et l’implication active des fidèles dans les sollicitations diverses sont le reflet de la franche collaboration entre les fidèles et leurs pasteurs. Ces groupes constituent souvent un cadre très propice pour raviver la foi chrétienne des chrétiens militants et pour affermir leur adhésion à Jésus-Christ.

Cependant, comme dit dans l’Evangile de saint Jean, il y a toujours des mercenaires qui cherchent à disperser les brebis. On assiste, en effet, à une profusion de « l’offre chrétienne » expliquée par le foisonnement des Eglises et des religions de tout type. La recherche exagérée et incontrôlée de Dieu et de l’extraordinaire fait découvrir le phénomène du paganisme dans l’Eglise. Le décuplement anarchique en vogue des Eglises ne peut que conduire à une sorte de syncrétisme : « Les temples, les églises et les lieux non officiels du culte parsèment les villages et quartiers de ville » (Ambroise Kinhoun, Les Nouveaux païens dans l’Eglise. Connaître les pathologies des religions, Ed Ids, Cotonou 2018, p. 18). Ce qui est déplorable, c’est l’incohérence et la dichotomie observées à des moments donnés entre le vécu spirituel et le vécu en société. Certains n’hésitent pas à avoir recours à d’autres pratiques dès que surviennent des épreuves liées à la finitude humaine. Ces épreuves humaines sont pourtant liées à la condition humaine. Ils sont à la recherche d’un « Dieu automate ». La recherche de la sécurité, de la protection, de la promotion, du bonheur sans peine, du merveilleux, du sensationnel, d’une vie paisible et calme sont des motivations avancées par les syncrétistes. De cette façon, on recrée Dieu à l’image humaine.

Or, la foi en Dieu doit élever l’âme et permettre à l’homme lui-même de s’élever. La foi des fidèles du Bénin en général et d’Azovè en particulier est à réévangéliser. « […] il ne s’agit pas certainement d’annoncer un autre évangile, mais de faire un examen pointu de l’actuelle situation de désolation spirituelle, de situer les responsabilités […] ce travail s’impose non seulement à l’égard de ceux qui ont abandonné la foi et les pratiques sacramentelles, mais aussi à l’égard de ceux qui pratiquent le syncrétisme religieux. » (Akoha Théophile, « Vers une nouvelle humanité à travers une nouvelle évangélisation », in Revue d’Anthropologie Théologique et d’Ethique Sociale, 1 (2017), p. 78).

Malgré les risques et déviances possibles, la foi du peuple chrétien d’Azovè et assurément du peuple chrétien béninois a connu une grande évolution. Le déchaînement des uns et des autres ne pourra jamais emporter l’Eglise car le Christ, son Epoux, demeure en elle.

Raconte-moi ton Eglise !

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), octobre 2021

PAR VÉRONIQUE DENIS | PHOTOS : JULIEN VERGÈRE ET PIERRE-YVES MAILLARD

Selon la définition du dictionnaire, raconter signifie « faire le récit d’une histoire ou relater les faits » ! Loin de moi l’idée de retracer l’histoire de l’Eglise qui dure depuis plus de 2000 ans.

J’aimerais plutôt nous inviter à nous arrêter au présent et à nous projeter sur l’avenir.

L’Eglise d’aujourd’hui n’est plus celle d’hier. Mais faut-il s’en émouvoir ? ou s’en réjouir ?

Pour ma part, j’y vois plutôt un signe d’espérance, ouvert sur l’avenir.

Car le Christ n’abandonnera jamais son Eglise. Ce que nous vivons en ce moment, est certes difficile et la situation du COVID ne joue pas en notre faveur. Et l’apôtre Pierre nous invite à garder confiance : « Mais vous, vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut, pour que vous annonciez les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. » (1P 2, 9)

L’Eglise, mon Eglise, votre Eglise est le reflet de ce que je veux et peux offrir. Je ne vais pas énumérer la longue litanie des manques ou des critiques qu’on relate malheureusement trop souvent. Je nous invite à raconter les signes positifs : les parents qui s’engagent dans le cheminement de la foi de leurs enfants, les anciens qui veillent et prient pour les plus jeunes, des jeunes qui misent tout sur le Christ, des couples qui font le pari de la fidélité, des paroissiens qui s’engagent pour embellir nos églises, nos chapelles, animer nos célébrations avec les chants et la musique, aider les prêtres dans le service de l’autel, veiller sur les plus fragiles et les plus faibles, visiter les malades et leur offrir le Pain de vie, proclamer les lectures, les laïcs engagés et les prêtres du secteur qui portent le souci de l’unité et accompagnent chaque baptisé dans leur cheminement spirituel, …

Chacune et chacun peut continuer cette énumération et il faudrait plus qu’une page pour raconter tout ce qui est vécu.

Rendons grâce à Dieu pour notre Eglise et demandons au Christ le courage pour continuer sa mission. Avec la force de l’Esprit Saint, notre témoignage débordera ainsi en torrent de lumière.

« Raconte-moi ton Eglise »

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), octobre 2021

TEXTE ET PHOTOS PAR PIERRE ANÇAY

Lorsque l’on m’a proposé de «raconter mon Eglise» pour L’Essentiel, j’ai hésité quelque peu avant d’y répondre. Que pourrais-je bien dire ? Il ne s’agissait, bien entendu, pas de décrire l’édifice où nous autres chrétiens célébrons le culte, mais plutôt de «raconter mon Eglise» dans son sens premier que l’on retrouve dans le christianisme, soit «l’Institution rassemblant l’ensemble des chrétiens en communion avec le Pape et les évêques».

Ainsi, comme pour beaucoup, « mon Eglise » est d’abord « l’église paroissiale » où se vivent concrètement tous les faits, les gestes, les cérémonies liées à notre vie chrétienne. Au fil des ans, en plus des messes dominicales et de semaine notamment lorsque nous étions désignés pour servir la messe, c’est à l’église paroissiale que nous avons reçu les différents sacrements, en premier celui du baptême.

De toutes ces cérémonies, je me souviens tout particulièrement du jour de ma première communion où nous sommes descendus en rang par deux, de la cour de l’école jusqu’à l’église, d’abord le groupe des filles « encadrées » par des institutrices suivi du groupe des garçons tous munis d’un brassard blanc sur la manche gauche du costume. L’après-midi de ce même jour, nous nous sommes retrouvés à l’église pour la consécration à Marie à qui nous chantions, en levant nos bouquets de fleurs, l’inoubliable cantique : « Vierge Marie, je te confie mon cœur ici-bas. Prends ma couronne, je te la donne, au Ciel n’est-ce pas tu me la rendras, au Ciel n’est-ce pas tu me la rendras ! »

C’est à l’église qu’aujourd’hui encore la communauté paroissiale se retrouve pour les messes, les fêtes ponctuant l’année liturgique, les ensevelissements et autres rencontres ou célébrations religieuses.

Finalement, c’est dans et par cette « église paroissiale », que petit à petit s’est « conscientisée » mon intégration et ma participation à cette « Eglise universelle » qui, comme le dit saint Paul dans sa Lettre aux Ephésiens 1 : « Dieu a établi le Christ au-dessus de tout être céleste… Il a fait de lui la tête de l’Eglise qui est son corps, et l’Eglise, c’est l’accomplissement total du Christ, lui que Dieu comble totalement de sa plénitude… »

Aussi, arrivé à l’automne de ma vie, je ne saurais assez dire ma « reconnaissance » à « l’église de ma paroisse » ainsi qu’à toutes les personnes qui l’ont servie au cours
du temps. Oui, vraiment merci pour tout ce qui a été fait pour moi et pour nous tous « dans » et « par » cette « Eglise paroissiale et universelle qui est le Corps du Christ » !

«Pas à pas…»

PAR JANIE LUISIER
PHOTO : VÉRONIQUE DENIS

A l’image d’un pèlerin décidé, je vis mon Eglise avec cette volonté d’avancer, mais aussi avec cette vulnérabilité qui me pousse à me placer humblement sous le regard de Dieu. En Père attentif et aimant, respectant toujours ma liberté et mes choix, Il pose sur mon chemin des jalons : l’adoration hebdomadaire, la prière des mères, la Vierge Pèlerine, des témoins qui ont vécu concrètement leur foi en laissant à Dieu les commandes de leur vie… Aussi, j’aimerais vous partager un message de sainte Teresa de Calcutta qui m’encourage à toujours mieux le connaître, à l’inviter dans mon quotidien, avec la volonté de lui faire plaisir dans le service et la prière :

« Nous pouvons certes passer du temps à la chapelle… mais avez-vous vraiment fait connaissance avec Jésus vivant, non à partir de livres, mais pour l’avoir hébergé dans votre cœur ?… Demandez-en la grâce. Il a l’ardent désir de vous la donner… Vous lui manquez quand vous ne vous approchez pas de lui. Il a soif de vous. »

Mon Eglise…

TEXTE ET PHOTO PAR VIRGINIA DA SILVA

Mon Eglise est l’écoute, le partage, l’ouverture et le service à l’autre.

Je ne peux pas vivre ma foi sans ces éléments. Elle est, dans ma vie, une source de force, d’écoute et en même temps de refuge dans les moments difficiles. A mon arrivée en Suisse, les premières personnes à me tendre la main étaient des fidèles paroissiennes de Saxon. A ce moment-là, je me suis reconnue dans cette Eglise. Depuis, je travaille pour que l’on aille de plus en plus vers l’autre.

Malheureusement, en Eglise, on est souvent dans le faire et pas dans l’être. On veut tellement accomplir les tâches qui nous sont demandées que l’on oublie le contact humain. Et pourtant il n’y a pas besoin de grand-chose, quelquefois un simple sourire. Avec le COVID, on s’est retrouvés à l’entrée de nos églises. Pour ma part, quelle chance ! j’ai pu échanger avec les gens, les accueillir, pour finalement avoir la meilleure des récompenses : une personne qui me dit : « Quel bonheur de se sentir accueilli avec ce grand sourire. » Eh oui… cela suffit de montrer que l’on est là pour accueillir, accompagner, partager et laisser la place à l’autre. C’est ce que on a fait avec moi « l’étrangère ».

La devise de ma vie est : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25, 40)

Chaque personne que je rencontre est le visage du Seigneur. Seulement ainsi, je peux vivre mon Eglise en accord avec le plus profond de moi-même.

Echos de la fête des ordinations

Etre la sœur de Simon et Valentin

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), septembre 2021

PHOTOS : LAURENCE BUCHARD ET GÉRARD RAYMOND
PAR NADINE BENDER

Si les émotions des ordinations elles-mêmes sont indescriptibles, belles et fortes, plus intenses furent pour moi les premières messes du lendemain : est-ce vraiment mon petit frère Valentin à la place du curé de ma paroisse de Saillon que je voyais tous les dimanches de mon enfance ? Est-ce bien mon petit frère Simon qui prêche à l’hospice du Grand-Saint-Bernard ?

Quelques souvenirs me reviennent alors.

Lorsque Valentin nous annonce son choix de devenir prêtre, mû par des réflexions intérieures et silencieuses, la surprise est au rendez-vous. Mais c’est pour moi une évidence. Puis Simon nous fait part de son appel à entrer au Grand-Saint-Bernard, plus attendu depuis son cheminement à la garde suisse, mais tout autant évident pour moi.

Des inquiétudes de grande sœur ont évidemment suivi : le choix de l’un ne va-t-il pas éclipser celui de l’autre, très similaire, alors que leurs vocations sont différentes ? Nous avons presque le même âge : n’est-ce pas trop jeune pour un tel choix ? Tant de questions assez vite balayées par une grande confiance en Celui qui les appelait et grâce à leur grande joie.

De petits frères, ils étaient déjà devenus mes amis à l’adolescence. Avec leur Oui, ils sont devenus mes « grands frères » dans la foi. Merci, simplement.

PAR ÈVE-MARIE FAHRNI

Si vous me demandez comment j’ai vécu les ordinations de mes deux « petits » frères Simon et Valentin, je dirais que ce dimanche-là a été une des journées les plus exceptionnelles de ma vie.

Mes deux frères sont devenus prêtres. VRAIMENT ! Même s’ils se préparaient depuis de longues années à le devenir, c’est pendant la messe d’ordination, à ce moment unique et précis que cela s’est réalisé, VRAIMENT ! Les paroles de mon fils de 5 ans, après que Simon et Valentin ont revêtu la chasuble, le montrent : « Maintenant c’est vraiment des prêtres, ça se voit ! »

Les mots me manquent pour exprimer les émotions ressenties pendant la célébration, mais aussi toute la journée, la veille et le lendemain. Les deux moments forts ont été pour moi le chant d’invocation à l’Esprit Saint et la litanie des Saints. J’ai senti très fort la puissance et la présence de Dieu. Je n’ai pu retenir les larmes qui se sont mises à couler sur mes joues… Et ce n’étaient ni les premières, ni les dernières de la journée ! La chorale et les musiciens nous ont offert des chants d’une qualité incroyable et ont ainsi porté nos prières durant toute la célébration. MERCI à eux !

MERCI mon Dieu pour les grandes grâces dont tu nous as comblés ce jour-là (météo idéale, règles sanitaires allégées, etc.).

MERCI aux organisateurs (Marc-André en particulier).

MERCI Simon, MERCI Valentin !

Catholique et franc-maçon ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), mi-juin – août 2021

PAR JUDITH BALET HECKENMEYER

(SOURCES/INSPIRATION :
WWW.MASONIC.CH ET WWW.JEPENSE.ORG)

PHOTOS : JUDITH BALET HECKENMEYER, PIXABAY

La Franc-Maçonnerie est un ordre initiatique traditionnel et universel fondé sur la fraternité.

Elle constitue une alliance d’hommes et de femmes libres et de bonnes mœurs, de toutes races, toutes nationalités et de toutes croyances. Le but est d’aider au perfectionnement de l’individu et de l’humanité.

Longtemps, les relations entre la Franc-Maçonnerie et le catholicisme ont été houleuses. Pourtant les sources de la Franc-Maçonnerie sont authentiquement chrétiennes. Mais comme dans leur pratique, ils utilisent d’autres outils de connaissance comme la philosophie, les mythes et les religions antiques ou des références à d’autres religions, cela a déplu au Vatican.

Au XIXe siècle (dans le sillage de la révolution française) certaines loges maçonniques sont devenues anticléricales avec la même virulence que des catholiques s’opposaient à la Franc-Maçonnerie. L’affaire Léo Taxil a jeté de l’huile sur le feu : entre 1885 et 1887 il a monté un canular anti-maçonnique de grande ampleur en faisant croire qu’ils s’adonnaient à des cultes sataniques. Cette intox a fortement encouragé les diffamations, les injures, les tensions dans les deux camps.

Un retour à un dialogue se fera après la Deuxième Guerre mondiale. Le concile Vatican II appelle alors à l’œcuménisme.

Pourtant, si la nature des démarches maçonnique et catholique est différente, elle n’est pas incompatible et peut même être vue comme complémentaire.

La quête de sens, du sens de sa vie et du sens de la vie met en route de nombreuses personnes. Cette noble quête ne pourrait-elle prendre diverses formes, divers « emballages » ?

Si des tensions émergent entre différents courants, différentes idéologies, différentes religions, ne seraient-elles pas tout simplement des luttes de pouvoir bien humaines ?

Pourtant, à y regarder de plus près, ne poursuivons-nous pas tous un même but : aimer mieux : soi-même, les autres et le monde qui nous entoure ?

 

Un ancien franc-maçon

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), mi-juin – août 2021

INTERVIEW RÉALISÉE PAR UN MEMBRE DE L’ÉQUIPE DE RÉDACTION,
AVEC MARCO, ANCIEN FRANC-MAÇON (PRÉNOM MODIFIÉ)

PHOTO : PIXABAY

Pourquoi as-tu rejoint la maçonnerie ?

Je pressentais qu’il existe un autre monde au-delà du monde terrestre et matériel. J’étais à la recherche de spiritualité, d’une certaine profondeur. Et l’idée d’avoir accès à certains «secrets» était excitante.

Qu’est-ce qui t’a attiré ?

L’idée de suivre une tradition me plaisait, de même que le sentiment de faire partie d’une communauté existant tout autour du monde… Autant d’éléments que je retrouve pleinement dans l’Eglise, et de manière approfondie !

Y a-t-il des similitudes avec la foi catholique ?

Ce sont deux univers très différents. En principe, la franc-maçonnerie est adogmatique et respecte chaque croyance religieuse de ses membres. Cela dit, certaines loges, en particulier en France, se sont montrées, et continuent de se montrer hostiles au catholicisme. La Franc-Maçonnerie propose de travailler à la gloire du «Grand architecte de l’univers», qui est un dieu éloigné du Dieu chrétien, beaucoup plus abstrait et distant, un dieu assurant l’ordre cosmique. La Trinité, la rédemption par la Croix ou les Sacrements ne font pas partie du système de pensée maçonnique. En définitive, la maçonnerie propose à l’Homme de travailler sur lui-même pour accéder à la Lumière: chacun peut se sauver lui-même par une démarche d’effort, de méditation et d’approfondissement de la connaissance. Au sein de l’Eglise catholique, les choses sont très différentes puisque sans Dieu, l’homme ne peut rien.

Pourquoi l’as-tu quitté à un moment donné ?

Au fond de moi-même, j’ai senti assez vite que je n’étais pas sur le bon chemin: sans doute le Seigneur m’a-t-il guidé et a-t-il agi en silence en moi? La maçonnerie est une démarche intéressante, notamment au niveau des méthodes de travail, mais c’est une voie de garage, car elle ne mène pas au Christ, qui est le chemin, la vérité et la vie. Certains éléments me posaient problème : la maçonnerie prétend apporter la Lumière, mais les enseignements sont marqués par un certain secret, les rituels se déroulent dans une ambiance sombre; cette incohérence m’a frappé. Au fond, mon cœur restait froid et le vide que je ressentais n’a été comblé qu’en présence du Christ.

Culture moderne et culture chrétienne

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), mai – mi-juin 2021

TEXTE ET PHOTO PAR RÉMY DELALAY

La culture européenne est indéniablement imprégnée par le christianisme qui a façonné la notion de personne, le respect qui est dû à chaque être humain au nom de son inaltérable dignité qu’aucune épreuve ne peut briser. Transmettre la culture, c’est aussi l’enseignement du fait religieux. Mais alors qu’il ne viendrait à la pensée de personne de nier l’influence de l’hindouisme en Inde, de l’animisme en Afrique, de l’islam au Moyen Orient, associer christianisme et culture fait parfois naître chez nous toutes sortes de suspicions et de cabales. Cela freine malheureusement sa transmission et appauvrit les jeunes générations qui en ont tant besoin, car la culture chrétienne leur permet de s’interroger sur Dieu, l’Homme, la vie, la mort, le bien et le mal, ainsi que sur les autres grandes questions que l’Homme se pose de tout temps ; elle leur donne également des connaissances élémentaires pour mieux comprendre notre héritage chrétien : patrimoine religieux, monuments, icônes, peintures, sculptures… La disparition de la culture chrétienne signifierait l’affaiblissement de la culture générale. De plus, dans un monde où l’immédiateté devient une « règle de vie », la culture religieuse, qui ouvre au temps long en enjambant allègrement les siècles, est indispensable, surtout pour les jeunes esprits qui cherchent les repères qui les aideront à construire solidement leur
avenir.

Notre époque a créé un monde virtuel et toute une manière de vivre dans l’image avec les conséquences sociales qui en découlent. Voilà notre culture moderne, nous en sommes tous responsables pour nous et pour la génération qui vient. Comment vivre dans cette culture ? C’est la question cruciale aujourd’hui. Notre manière de vivre doit sanctifier cette culture et y semer les vertus chrétiennes, alors la grâce agira et celle-ci deviendra une culture christianisée, source de bonheur et de paix pour notre société moderne comme elle l’a été dans les siècles passés.

 

Ethique et cultures religieuses à l’école

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), mai – mi-juin 2021

TEXTE ET PHOTOS PAR DORIS BUCHARD

Un monde en couleurs

Il fut une époque où l’enseignement religieux était donné par le prêtre de la paroisse ou une personne formée sous le titre de la « Fame ». L’enseignant faisait partie de la classe comme observateur puis faisait le prolongement. Ce type d’enseignement, basé sur le dogme catholique et sur la Bible, dit de « catéchèse », avait pour but d’approfondir la Foi et la connaissance du monde chrétien.

Et aujourd’hui ?

Le nom de la branche s’est transformé en « Ethique et cultures religieuses » afin de toucher toutes les populations de nos classes et fait partie du domaine Histoire. La partie « catéchèse » s’est transformée en « journées catéchétiques », moments hors du temps de classe où les parents sont libres d’inscrire leur enfant. Ce sont des moments appréciés par les enfants car variés avec un bricolage, un approfondissement, un geste ou une prière apprise…

Le but premier de la branche est d’étudier quelques personnages bibliques importants à travers les textes bibliques et les paraboles comme Jacob, Joseph, Esther, Ruth et Noémi, le fils prodigue, le riche insensé, les ouvriers dans la vigne, les exclus, les malades…

Ces moments racontés sous forme d’histoires ou de contes tiennent les enfants en haleine.

« J’ai appris que Joseph a été nommé ministre car il peut expliquer le rêve du pharaon avec l’aide de Dieu. »

« Comment une mère peut aimer plus un enfant qu’un autre ? »

« Comment deux frères peuvent-ils se détester au point de vouloir tuer l’autre ? »

En découlent des discussions sur les valeurs éthiques et existentielles véhiculées comme le respect, l’honnêteté, le courage, la solidarité, la responsabilité, la générosité et comment les mettre en pratique en vivant ensemble.

C’est aussi la première découverte des trois grandes religions monothéistes (judaïsme, christianisme, islam) et de leurs caractéristiques principales: fêtes, lieux de culte, personnages emblématiques, livres sacrés, l’observation d’œuvres d’art qui nous permettent de partager sur les différences et les ressemblances entre les cultures et les pratiques religieuses.

J’apprécie cette nouvelle façon de voir le monde qui nous entoure avec mes élèves car elle permet à chaque enfant d’apprendre à connaître ses propres valeurs, réfléchir sur leur sens et construire une facette de sa personnalité en respectant les convictions des autres, en ayant des connaissances acquises et ainsi de devenir un futur adulte libre de ses choix.

Chemins de foi

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), mai – mi-juin 2021

Pour ce nouveau numéro de L’Essentiel consacré au thème de
la culture chrétienne, l’équipe de rédaction a souhaité donner
la parole à Solène et Aurore, deux jeunes confirmandes qui
ont été confirmées avec les autres adultes du diocèse le samedi 24 avril 2021, à l’église de Leytron par Mgr Jean-Marie Lovey.

PAR SOLÈNE, AURORE, JULIEN ET VÉRONIQUE DENIS

PHOTOS : JULIEN ET LAURENCE VOCAT

Je m’appelle Solène, j’ai 16 ans et j’habite le petit village de Branson à Fully depuis ma naissance. Je suis en 3e année au collège à Sion, en option anglais-italien, en filière bilingue allemand.

J’apporte une assez grande importance aux langues et je prends plaisir à les apprendre, car je pense qu’elles sont une des clés pour communiquer avec le monde. Je ne sais pas vraiment ce que je vais faire plus tard, mais une chose est sûre : je prévois d’être heureuse et épanouie dans ma vie future. Comme activité extrascolaire, je fais de la gymnastique. Pendant un entraînement, je m’évade, je transmets mes émotions à travers des mouvements et je libère mon esprit. C’est ce qui fait que j’aime tant ce sport : le fait de pouvoir communiquer sans parler.

J’ai un grand frère et une grande sœur : avec mes deux parents, ils m’apportent beaucoup d’amour au quotidien. Dans la vie de tous les jours, j’essaie d’apporter autant de joie et de bonheur que la foi m’en donne. Il y a évidemment des jours où je suis un peu moins heureuse, où je doute et je me remets en question, mais ça fait partie de ma vie d’adolescente et tout simplement de ma vie d’être vivant.

Après mon baptême, la catéchèse et ma première communion, je me suis arrêtée au bord du chemin. Aujourd’hui, je décide de continuer et de cheminer jusqu’à la confirmation grâce à ma meilleure amie qui m’a remis cette idée en tête. J’ai changé d’avis, car j’aimerais beaucoup pouvoir prendre quelqu’un sous mon aile, pouvoir guider une personne, la conseiller, la consoler… plusieurs nouveau-nés sont attendus dans ma famille et j’espère pouvoir faire le bonheur d’un d’entre eux.

A l’école, l’approche de la religion est, je trouve, un peu trop formelle. On ne voit pas la religion en elle-même, mais plutôt les événements qui la marquent et souvent ce sont des conflits, des guerres. On ne parle que rarement des bienfaits qu’elle procure ; comme ce qu’elle peut nous faire atteindre, elle peut nous guider, nous aider dans notre parcours ou à sortir d’un deuil, à trouver la paix, le bonheur et bien d’autres choses encore.

Je m’appelle Aurore Océane Angélique. J’habite ce magnifique petit village de Branson depuis mon enfance. Actuellement, je suis étudiante en 3e année au Collège des Creusets, en section économie et droit. J’aimerais devenir, dans le futur, ambassadrice. Pour cela, je vais faire la formation d’avocate, pour bien connaître les lois et qui sait, peut-être un petit stage à la Police cantonale afin de pouvoir devenir inspectrice à la police judiciaire ou prof. de droit.

J’aime m’évader dans la nature pour oublier les tracas de la vie et admirer les merveilles que Dieu a créées. Autant par leurs diversités, leurs couleurs, allant du minuscule insecte aux magnifiques chants des oiseaux où on oublie tout… On se sent bien… légère. On oublie le stress des examens, les rejets familiaux et les soucis de la vie courante.

Concernant la confirmation, si j’avais eu une année de plus, j’aurais suivi le cursus normal pour la préparation en primaire. Malheureusement, je faisais partie de la nouvelle réorganisation pour ce sacrement qui se préparait sur quatre années au lieu d’un an. Donc, j’avais renoncé. Je m’aperçois ce jour, que ce sacrement de la confirmation est essentiel pour accompagner ma future petite filleule sur le chemin de la vie, ainsi que pour mon éventuel futur mariage. Donc j’ai décidé de suivre la préparation pour le sacrement de la confirmation.

Il est vrai que parfois j’ai beaucoup d’incertitudes concernant toutes les religions : lorsqu’on les étudie, on constate qu’elles ont engendré des guerres, ce qui me bloque et me hérisse le poil concernant ces actes de barbarie, notamment actuellement les attentats. Pour moi la religion ne devrait pas être source de conflits, bien au contraire, on devrait tous s’aimer et s’accepter tels que nous sommes. Ce qui veut dire qu’il y a encore un très long chemin, lorsque nous voyons malgré toutes ces années de vie terrestre où cela perdure. Heureusement, j’ai toujours de l’espoir que cela s’améliore…

Voilà en gros mon parcours de vie, mes questionnements et injustices sur la vie courante et religieuse.

Julien, de confession protestante a souhaité entrer dans l’Eglise catholique. Déjà baptis (le baptême protestant est reconnu par l’Eglise catholique), Julien a reçu la confirmation et fait sa première communion, lors de la messe de Pâques à Fully, le dimanche 4 avril.

J’ai la foi depuis mon enfance. En quête d’une vie spirituelle renouvelée, je me sens attiré vers le catholicisme. L’Eglise catholique est l’Eglise originelle, fondée par le Seigneur et c’est aussi la religion de ma fille et de mon père.

Après plusieurs années de réflexion, j’ai envie et besoin de vivre ma foi au sein de l’Eglise catholique, de poursuivre un chemin me permettant d’être un homme meilleur, en suivant l’exemple du Christ.

Souffrir pour être sauvé ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), mars 2021

TEXTE ET PHOTOS PAR JUDITH BALET HECKENMEYER

Jésus a souffert sous Ponce Pilate, disons-nous en récitant le symbole des apôtres.

Nous souffrons tous. En s’arrêtant un instant dans notre quotidien, nous trouvons facilement une douleur, une souffrance physique ou morale. Certaines restent dans l’ombre, d’autres sont évidentes.

A quoi peut servir la souffrance ? Nous laissons-nous écraser par elle ? Nous inviterait-elle à un dépassement ? Nous pousserait-elle à chercher à être meilleurs ?

Je rechigne à imaginer un Dieu qui serait assis sur son nuage, se délectant de la souffrance de son peuple pour mieux l’accueillir une fois trépassé. Permettez-moi un trait d’humour :

Un homme se réfugie sur le toit de sa maison car il y a une sévère inondation. Des voisins possédant une barque viennent lui demander de se joindre à eux pour aller se mettre en sécurité. L’homme répond : « Je suis très croyant, Dieu me sauvera. » L’eau monte de plus en plus. La protection civile est mise en action et vient trouver notre homme. Il ne veut toujours pas quitter son toit et redit la même phrase. L’eau monte encore et les secours héliportés viennent lui demander de partir. Il refuse toujours, et… il meurt noyé. Arrivé devant Saint Pierre, il est furieux : « Moi, je croyais fermement en Dieu. Il n’a rien fait pour me sauver ! » Sur ce saint Pierre réplique : « Les trois moyens de secours qui sont venus à toi, tu les as refusés. C’est pourtant Dieu qui te les a envoyés ! »

Un des choix de l’homme résiderait-il dans la manière de réagir à la souffrance ? Ce bref instant où tout peut changer. On parle de résilience dans la faculté à rebondir lors de traumatismes. Et si c’était cela être sauvé ? De pouvoir continuer son existence fort des expériences vécues, les utilisant comme des tremplins pour être un peu meilleur, plus aimant, plus tolérant envers soi et envers les autres, en bref plus vivant.

 

Prière de guérison et de conversion

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), mars 2021

PRIÈRE PROPOSÉE PAR L’ÉQUIPE DE SAILLON
TIRÉE DU SITE DES DOMINCAINES D’ESTAVAYER-LE-LAC | PHOTO: LAURENCE BUCHARD

Seigneur Dieu,
je viens à toi comme un enfant qui s’égare
mille fois le jour,
comme un être tiraillé entre mille soucis
et préoccupations, entre rêves et imaginations.
Prends pitié de moi et aide-moi.

Guéris ma mémoire pour que je ne ressasse
plus ces souvenirs qui me font tant de mal,
mais que je te rende grâce pour chacun
des événements de ma vie
et à travers eux pour ton amour qui me construit.

Eclaire mon intelligence pour qu’en toute réalité
je découvre ton dessein d’amour sur moi
et sur le monde.

Bénis ma volonté pour qu’oubliant tous mes échecs,
je me lance joyeusement chaque jour sur la voie
de l’amour.

Je te consacre mon imagination.
Tu le sais, Seigneur, elle m’a souvent fait errer loin de toi.
Qu’elle soit maintenant à ton service et à ta gloire.

Montre-moi les actes que je peux poser
pour marcher jour après jour sur tes chemins.

 

L’onction des malades

Qu’est-ce que c’est ? Pour qui ? Quand la recevoir ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), mars 2021

PAR VÉRONIQUE DENIS
PHOTOS: BERNARD HALLET, JEAN-CLAUDE GADMER

Le sacrement de l’Onction des malades fait partie du rituel « Les sacrements pour les malades » 1. En effet, l’Eglise offre à la personne atteinte par l’épreuve de la maladie, plusieurs manières pour faire face à cette difficulté et à la souffrance :

la visite des malades : moment privilégié pour la personne en souffrance de rester reliée au monde

la communion aux malades : instant de communion intime avec le Seigneur, proposée régulièrement par les équipes de visiteurs de nos paroisses

l’onction des malades dont nous allons parler ci-dessous

le viatique : pain de Vie pour l’éternité offert à la personne qui se prépare à vivre le passage de la mort vers la Vie.

Autrefois on parlait « d’extrême-onction », à la dernière seconde avant de mourir, c’était en quelque sorte la porte ouverte sur le ciel. Dès le Concile Vatican II, la perspective a changé, puisque l’Onction des malades peut être reçue plusieurs fois dans la vie : avant une opération, au moment de la découverte d’une maladie, pendant la durée de la maladie, au moment de la vieillesse, pour les personnes âgées dont les forces déclinent, même si aucune maladie grave n’est diagnostiquée, aux enfants s’ils ont un usage de la raison suffisant.

Le sacrement de l’Onction des malades montre toute la sollicitude de l’Eglise entière envers ceux qui sont dans une situation de maladie ou de vieillesse. Son origine est très ancienne, car il est l’un des 7 sacrements institués par le Christ lui-même, suggéré dans l’Evangile de Marc (Mc 6, 13), promulgué par Jacques, apôtre : Si l’un de vous est malade, qu’il appelle ceux qui exercent dans l’Eglise la fonction d’Anciens : ils prieront sur lui, après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur. Cette prière inspirée par la foi sauvera le malade : le Seigneur le relèvera et s’il a commis des péchés, il recevra le pardon. (Cf. Jc 5, 14-15)

Le rite actuel reprend ce qui est évoqué par l’apôtre Jacques, en mettant en évidence les deux gestes :

l’imposition des mains par les prêtres avec une prière inspirée par la foi

le rite de l’onction sur les mains et le front avec l’huile sanctifiée par la bénédiction de Dieu, huile bénite au cours de la messe chrismale par l’évêque.

Par la prière prononcée par le prêtre, la personne malade reçoit le courage et la force pour tenir bon dans ces moments de souffrance, vaincre l’angoisse de la mort et vivre l’espérance de la résurrection. La grâce du Sacrement, c’est la force donnée par Dieu à la personne en souffrance pour être en paix, garder l’espérance, lutter contre le mal et la maladie, continuer à vivre et à témoigner de sa foi.

Par cette onction sainte, que le Seigneur, en sa grande bonté, vous réconforte par la grâce de l’Esprit Saint. AMEN !

Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu’il vous sauve et vous relève. AMEN !

Dans notre diocèse, le premier dimanche de mars est appelé « dimanche des malades ».

A cette occasion, même si les contacts humains seront toujours limités, nous pourrons accompagner les malades de notre entourage, les soutenir, veiller sur eux, prier avec et pour eux, et peut-être envisager une courte visite ou l’envoi d’une carte, d’un message d’espérance.

 

1 Sacrements pour les malades, pastorale et célébrations, Editions Chalet-Tardy, Paris, 1997.

 

Rencontre avec Marguerite Carrupt…

… infirmière indépendante

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), mars 2021

TEXTE ET PHOTOS PAR VÉRONIQUE DENIS

Marguerite Carrupt est infirmière depuis plus de 35 ans. Après plusieurs années
à l’hôpital du Valais, elle complète sa
formation en soins palliatifs et en accompagnement de la personne âgée pour devenir infirmière indépendante. Elle a souhaité en quelque sorte se concentrer sur l’accompagnement des personnes
en fin de vie, car elle considère cette étape ultime primordiale pour toute personne. Un événement l’a fortement marquée :
l’accompagnement de son papa en fin de vie, il y a plus de 20 ans, en collaboration avec l’antenne François-Xavier Bagnoud. Suite à cette expérience forte en émotions, elle a entendu et répondu à cet appel : devenir infirmière indépendante.

Son choix a été aussi motivé par une prise en charge globale, pluridisciplinaire des patients à domicile, se développant sur un temps plus ou moins long, en lien étroit avec la famille et les proches.

Un mot pourrait résumer son travail : RELATION : relation d’aide, d’écoute sans jugement et dans une confiance réciproque. Marguerite précise en disant que l’essentiel de son travail, en plus des gestes techniques et des soins accomplis, consiste à être avec, à rejoindre la personne en souffrance là où elle est et l’accompagner à son rythme, jusqu’où elle veut aller. C’est une adaptation de tous les jours à vivre dans la confiance et l’abandon.

Les personnes qui arrivent au bout de leur chemin de vie sont confrontées à
une souffrance globale : douleurs physiques, souffrance psychologique, sociale (isolement, pertes des contacts) et spirituelle (Qu’ai-je fait de ma vie ?). Seule la personne peut exprimer ce qu’elle ressent. Ce qu’elle vit est parfois d’une violence extrême. Confrontée à ces situations de souffrances intenses, Marguerite se fait proche, chemine avec la personne, lui apporte ses connaissances professionnelles pour soulager, aider, anticiper, planifier les ressources disponibles. La souffrance reste un mystère, individualisé et vécu par chaque personne, de manière différente et particulière.

Croyante et ayant accompli le parcours FAME VI, Marguerite confie son travail, ses patients à la prière. Elle prie avant chaque rencontre, et elle confie à l’amour du Père les personnes décédées. Elle dit trouver dans la prière les gestes appropriés, les attitudes compatissantes pour chaque personne. A sa manière, elle témoigne
de sa foi, non par des discours, mais
par des attitudes ajustées et des actions adaptées à chaque situation.

Merci Marguerite pour le feu sacré qui t’habite : puisse ta passion d’être et de cheminer avec les personnes vers qui
tu es envoyée, se développer et te combler de joie, longtemps encore.

 

Je souhaite, j’espère…

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), janvier 2021

Texte et photo par Jean-Christophe Crettenand 

« Appelés à l’espérance », tel est le titre de ce premier numéro de l’année. Au moment de rédiger cet édito qui est aussi l’occasion de vous souhaiter, à vous lecteurs et à vos proches, tout le meilleur pour 2021, je me demande bien que faire de cette espérance… Qu’espérer ? Que souhaiter ?

Evidemment, dans un contexte de fin d’année 2020, mon premier réflexe serait de dire tourner la page afin de découvrir un nouveau chapitre plus lumineux (j’allais écrire plus positif mais n’ai pas osé le faire…)

Puis, en prenant le temps de la réflexion, je me dis que cette coupure avec nos habitudes est là comme une sorte d’électrochoc. Un signal fort qu’il nous faut mettre à profit afin de ne pas retomber dans les « trains-trains » qui nous sont apparus, durant la première vague en particulier, comme plein de petits éléments que nous voulions changer…

Je souhaite à chacun de vivre les choses avec un regard neuf. Ce texte de l’Evangile qu’il me semble connaître par cœur, est-ce que j’en ai bien compris tous les mots, est-ce que j’en ai bien compris le sens, quelle est sa résonance « aujourd’hui », qu’est-ce qu’il peut m’apporter ? Idem pour les prières où là la sensation du par cœur est encore plus forte. Est-ce que je pense à ce que je dis ou est-ce que je récite à la manière d’une chanson en anglais dont je répète les sons sans me soucier du contenu ?

Voilà ce que je nous souhaite. Regardons les choses avec des yeux nouveaux, plein d’espérance… au risque d’y prendre goût.
Ma fille Léa (10 ans) m’a proposé de l’aide. Je lui ai donc demandé quels étaient ses vœux.
« Je vous souhaite du bonheur, de l’amour et de la joie et de rester positifs 1 dans les moments de joie comme dans les moments de peine. »

1 Elle a osé le « positif ». Bravo Léa !

…On ne peut réduire au silence une voix qui chante l’espérance…

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), janvier 2021

Par Isabelle Minger, diacre protestante | Photo: DR

Cette petite phrase résume bien la situation de nos amis chrétiens d’Egypte. Nous l’avions utilisée lors des fêtes de Pâques du Printemps Arabe, en 2011 ! Bientôt 10 ans qu’un vendredi j’ai levé les bras sur la Place Tahrir, pas au milieu, plutôt bien au bord, mais nous y étions, Raymond et moi !

Persécutés les chrétiens ? Peut-être, mais sachons que le gouvernement a fait d’immenses efforts pour les protéger, car il faut admettre cette évidence, les Coptes sont les premiers croyants de l’Egypte, les cousins des pharaons, ils sont chez eux !

Ainsi les églises du quartier chrétien, en ruine depuis si longtemps, ont retrouvé leurs splendeurs et surtout leurs toits, cela fait bien aux yeux des touristes ! Peut-être, mais le résultat n’est pas négligeable, même si ces édifices sont gardés par des soldats en armes.

Persécutés les chiffonniers du Caire ? Peut-être ! Mais ils ont retrouvé leurs places d’éboueurs officiels sur la colline du Mokkatam, la Montagne qui bouge, celle de sœur Emmanuelle, car là-bas, on y croit que la foi déplace les montagnes.

Persécutés les enfants ? Peut-être ! Mais n’oublions pas Sœur Marie Venise, religieuse catholique et cairote, qui dirige  avec droiture, compétence et amour, une maison protestante accueillant 84 filles, dans un pays musulman ! Abonnée à la grâce de Dieu et aux miracles ma chère Sœur !

Persécutées les Eglises ? Oui, peut-être, mais nous avons aussi vécu la réouverture de la cathédrale Saint-Marc, y avons reçu la bénédiction du pape Tawadros, qui nous a demandé de la transmettre en Suisse !

Persécutés nos frères au Caire et à Alexandrie ? Peut-être mais pas abandonnés, le pasteur a la charge des deux paroisses, 500 kilomètres aller et retour ! Là-bas une communauté des plus vivantes a sa place grâce aux étudiants africains de l’université Senghor !

Persécutés nos amis égyptiens ? Peut-être ! Mais leur foi est vraiment à toute épreuve, vivante, chantante, résistante, elle ne faiblit pas, elle ne se contente pas de renverser les montagnes, elle traverse les frontières, les nuages, elle vient jusqu’à moi régulièrement, je vous la transmets avec l’énergie de l’espoir. Ils prient pour nous, rendons-leur ces divines demandes, persécutés que nous sommes par le confort, la sécurité, la paix de notre calme petit pays !

Entre le bœuf et l’âne gris dort le petit fils

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), décembre 2020

Par Geneviève Thurre | Photo: Gaspard Moulin

« Si tu veux bien, lui dit-il, célébrons à Greccio la prochaine fête du Seigneur; pars dès maintenant et occupe-toi des préparatifs que je vais t’indiquer. Je veux évoquer en effet le souvenir de l’Enfant qui naquit à Bethléem et de tous les désagréments qu’il endura dès son enfance ; je veux le voir, de mes yeux de chair, tel qu’il était, couché dans une mangeoire et dormant sur le foin, entre un bœuf et un âne… ». « Le saint passa la veillée debout devant la crèche, brisé de compassion, rempli d’une indicible joie. Enfin l’on célébra la messe sur la mangeoire comme autel, et le prêtre qui célébra ressentit une piété jamais éprouvée jusqu’alors. »

Voici un extrait du texte de Thomas de Celano, 1228, qui témoigne de la crèche de saint François d’Assise. De cette crèche, on conserva du foin que l’on fit manger aux femmes pendant les accouchements difficiles ou au bétail malade et des miracles se produisirent. 

Le décor de la naissance de Jésus est décrit dans le protévangile de Jacques et l’évangile de Luc. Ils parlent d’une grotte aux abords de Bethléem, d’une mangeoire dans laquelle l’enfant fut déposé. L’âne et le bœuf sont cités dans une prophétie d’Isaïe. Des écrits datés des IIe et IIIesiècles font état de la grotte et de la crèche de Bethléem que l’on vient vénérer. Puis des écrits situés entre 330 et 450 parlent d’une basilique érigée sur le lieu même de la nativité. Les pèlerins qui visitaient l’endroit en repartaient avec des reliques (éclats de pierre de la grotte, terre). Revenus chez eux, ils construisaient des répliques du lieu vénéré (chapelles, peintures, bas-reliefs). Cependant Noël ne sera célébré par les chrétiens qu’à partir du IVe siècle et c’est progressivement que la représentation de la nativité se propage dans le monde. La crèche de Saint François racontée dans le texte plus haut date de 1223. Puis on fait mention de crèches permanentes dans les églises, surtout en Italie, au XVe siècle et de crèches « mobiles », plus petites et démontables, au milieu du XVIe siècle. 

Voici brièvement l’histoire d’une scène devenue tradition pour tous les chrétiens. Mais au-delà de la tradition, n’oublions pas la signification de cette naissance si pauvre. Martin Luther dira : « Il est impossible de reconnaître Dieu ni par ton imagination ni par tes spéculations, mais en t’approchant de sa crèche. Mon ami, n’escalade par le ciel ! Va d’abord à Bethléem. »

Bibliographie :
M. Wackenheim, « La crèche de Noël, histoire d’une représentation », 2019, Ed. Bayard

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