L’Église au temps du confinement

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), juillet-août 2020

Par Véronique Benz | Photo: DR

Durant ce temps de crise sanitaire, pour suivre les recommandations du Conseil fédéral, les messes ont été supprimées et les activités pastorales annulées. Alors comment l’Église a-t-elle été présente auprès des personnes qui en avaient besoin durant ce temps de confinement ?Tout comme les autres institutions, l’Accueil Ste Elisabeth a dû fermer ses portes à la mi-mars. « Les instructions du Conseil fédéral ont entravé notre mission directe d’accueil et de soutien », relève Olivier Messer, responsable de l’Accueil Ste Elisabeth. Cependant, dès le 21 mars, une hotline a été mise en place sur le décanat de Fribourg. Plusieurs personnes se sont relayées pour répondre aux appels. Du 21 mars au 24 mai, près de 160 personnes ont appelé la hotline. Les demandes reçues étaient très variées.

Il y avait les demandes liées aux sacrements (baptême, mariage, onction des malades, funérailles), les demandes de contact avec un prêtre ou pour recevoir la communion, les demandes pratiques liées à la situation de crise, notamment des demandes d’aide pour les courses. 

Certaines personnes ont appelé la hotline simplement pour parler et parer à la solitude. Il y a eu également de nombreuses demandes d’aide matérielle et financière. 

Toutes les demandes de la hotline étaient relayées auprès de personnes référentes dans les unités pastorales et les paroisses. La majorité des demandes étaient traitées par les Conférences Saint-Vincent-de-Paul. Des bénévoles étaient également à disposition pour faire les courses. 

« Cette crise a révélé des besoins et des situations que nous ne soupçonnions pas », souligne Olivier Messer. Le responsable de l’Accueil Ste Elisabeth cite les « working poor », ces personnes qui s’en sortent tout juste financièrement avec leur revenu. Le moindre souci, la perte du job d’appoint, un pourcentage de travail réduit… et elles se retrouvent dans les difficultés financières. Pour Olivier Messer cette crise sanitaire doit nous inviter à repenser notre offre de solidarité. 

Unir ses forces
Il faut reconnaître que cette crise a eu des aspects positifs. Les prêtres, les agents pastoraux, les catéchistes se sont mobilisés. Ils ont fait preuve d’une grande créativité pour essayer de rejoindre chaque paroissien. Les deux unités pastorales ont uni leurs forces et proposé des projets communs notamment la hotline et le « Bulletin hebdo des paroisses » de Fribourg envoyé par mail. Plusieurs personnes estiment que des offres, mises en place durant ce temps de crise, qui devraient être maintenues, par exemple faire les courses pour les personnes âgées ou isolées. 

Les Conférences Saint-Vincent-de-Paul
La situation du coronavirus ne semble pas avoir engendré pour l’instant davantage de demandes auprès de la Conférence Saint-Vincent-de-Paul. « à part un couple dont les deux travaillaient dans le domaine de la restauration, nous n’avons pas eu de demande liée spécifiquement à la situation sanitaire », relève Francesco Foletti, président de la Conférence Saint-Vincent-de-Paul du Christ-Roi. 

« Les demandes d’aide que nous recevons nous arrivent à travers l’Accueil Ste Elisabeth. Pour chaque personne à aider, Olivier Messer prépare un dossier présentant la situation et l’aide financière demandée », explique Daniela Favre, économe de la Conférence Saint-Vincent-de-Paul du Christ-Roi. 

« Les Conférences Saint-Vincent-de-Paul ont pour but d’offrir des aides ponctuelles », précise Francesco Foletti. « Nous orientons souvent la personne vers d’autres instances sociales, mais nous sommes parfois le dernier recours possible, lorsque les instances sociales n’entrent pas en matière. »

Les deux membres de la Conférence soulignent que la plupart des personnes qui sont aidées financièrement sont également accompagnées par l’un des membres de la Conférence. Derrière la précarité financière se cache souvent une pauvreté humaine. « Pouvoir offrir de son temps est quelque chose d’inestimable », estime Daniela Favre. Un des rôles de la Conférence est ce soutien humain que n’offrent peut-être pas les instances sociales.
Mon Dieu, qu’est-ce qui nous arrive ?
Et toutes ces angoisses ! Et toutes ces questions ?
Mais nous croyons que tu es toujours là,
Seigneur, avec nous quoiqu’il arrive,
comme un Père prend soin de ses enfants.
Nous pouvons nous abandonner en toute confiance
dans les bras de ton amour.
Donne-nous la grâce de garder au cœur
la certitude de ta tendresse, en particulier
à l’égard de celles et ceux qui sont les plus éprouvés
dans leur corps et dans leur âme.
Accorde-nous de demeurer reconnaissants
pour toutes les personnes qui luttent
contre le mal sans ménager leurs forces.
Évite-nous la tentation du repli sur soi,
alors que tant de personnes ont besoin
de notre solidarité par des paroles et
des gestes d’amitié au jour le jour.
Que la prise de conscience de nos fragilités humaines,
au lieu de nous conduire dans la tristesse
et la désespérance, nous rapproche de toi
par la méditation de ta Parole et par la prière.
Dans nos épreuves rayonne déjà la lumière pascale.

Claude Ducarroz

Être solidaires

Mgr Charles Morerod nous appelle à exercer concrètement la solidarité auprès des personnes tombées en précarité. Nous récoltons des denrées non périssables et produits d’hygiène aux endroits suivants :
–  l’église Saint-Paul au Schoenberg (de 7h30 à 12h) ;
–  l’église du Christ-Roi (de 7h à 18h) ;
–  la chapelle de Villars-Vert (tous les jeudis de 10h à 11h30 et de 15h à 16h30).

La marchandise est redistribuée en collaboration avec REPER et les Cartons du Cœur.

Si vous désirez faire un don financier : Banque cantonale de Fribourg, 1701 Fribourg
CCP 17 – 49 3, IBAN : CH 090076830013631720 2

Toute personne qui a besoin d’aide peut contacter l’Accueil Ste Elisabeth : accueil.ste.elisabeth@bluewin.ch, 026 321 20 90.

Le sacerdoce baptismal

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mai-juin 2020

Par Emmanuel Rey 

Être prêtre, prophète et roi, pour un baptisé, qu’est-ce que cela signifie ? Essayons de comprendre ce qu’est le sacerdoce baptismal et comment nous pouvons l’exercer.[thb_image image= »4896″ img_link= »url:/wp-content/uploads/2020/04/Le_sacerdoce_baptismal.pdf||| »]

Vu de Rome

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mai-juin 2020

Par Didier Grandjean, discernant au séminaire diocésain | Photo: DR

En suivant les cérémonies pontificales ces derniers jours, j’ai éprouvé un pincement au cœur. En effet, comment ne pas me remémorer la place Saint-Pierre noire de monde, la basilique pleine à craquer ? Cependant, il faut reconnaître que le Saint-Père et ses collaborateurs n’ont pas compté leurs efforts pour que ces jours saints soient solennisés et que les fidèles puissent les vivre intensément malgré la situation actuelle.

Mon expérience à la Garde suisse pontificale a duré huit ans, de 2011 à 2019. J’ai vécu des moments historiques tels que la renonciation de Benoît XVI, le conclave et l’élection de François en 2013 ou encore l’Année sainte de la miséricorde. D’innombrables rencontres et discussions avec les deux papes m’ont permis de tisser avec eux des liens que je n’aurais jamais cru possibles. La camaraderie entre gardes, la dolce vita italienne et les contacts avec des gens de tous horizons sont d’autres aspects uniques de la Garde.

Je me réjouis donc grandement de ce qu’un jeune de notre unité pastorale, Matthieu Hüging, ait intégré récemment ce corps militaire. Je lui ai demandé ses premières impressions que je vous livre. Je lui souhaite beaucoup de bonheur dans sa nouvelle mission !

Pourquoi ai-je décidé d’entrer dans la Garde suisse pontificale ?
J’ai rejoint la Garde suisse pontificale (GSP), parce que je voulais représenter l’Église catholique, défendre le pape et servir Dieu. Mais aussi pour pouvoir revivre l’esprit de camaraderie comme je l’avais fait lors de mon service militaire. La vie en communauté m’avait plu, avec la différence qu’à l’armée on était là parce que c’était un devoir alors qu’à la GSP c’est de notre volonté. Dans la Garde suisse se trouve la combinaison que je cherchais.

Même si le service de deux ans paraît long, le regret de ne pas avoir saisi la chance aurait était plus grand que d’y être allé.

Comment avez-vous vécu les premiers jours ?
Au début c’était stressant parce que c’était un changement de vie et d’entourage, mais ce qui me rassurait c’était de savoir que je n’étais pas le seul dans cette situation. Nous étions une grande école de recrue, tous prêts à continuer ce chemin, et très vite nous avons créé de nouvelles amitiés. 

L’école de recrue n’était pas difficile physiquement, mais plutôt au niveau des informations. Nous avons reçu une quantité de données à apprendre et surtout à ne pas oublier ! En tout cas, je peux dire que j’ai eu un début de service très agréable.

La seule chose que je n’avais pas prévue lors de mon arrivée était qu’un virus nous envahisse. Je ne peux plus aller visiter la magnifique ville de Rome, mais au moins on a le jardin du Vatican.

Avez-vous rencontré le pape ?
Oui, pendant mon service, j’ai pu lui serrer la main. J’étais excité et très heureux.

Les jeunes, la foi… et le coronavirus

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mai-juin 2020

Texte et photo par Paul Salles

Avec la crise du coronavirus, la vie n’est plus tout à fait la même : tout le monde à la maison, commerces et écoles fermés. Même les églises sont vides et les messes publiques sont annulées. Nous avons rencontré (virtuellement) quelques jeunes pour savoir comment ils ont vécu cette expérience, et quel retentissement elle a eu sur leur vie familiale et chrétienne.Jeanne, 16 ans, nous a rapporté avoir eu un peu peur. Lors des premiers jours de restrictions, elle a ressenti de l’incompréhension et de l’étonnement. Son monde environnant semblait s’écrouler face à une menace difficile à identifier. Petit à petit, un nouveau rythme s’est installé à la maison, tout le monde s’est adapté et une nouvelle vie a commencé, même si cela n’est pas toujours facile. « C’était difficile, car tout d’un coup, on ne pouvait plus sortir de la maison, rencontrer ses amis, et faire ce que l’on voulait ! J’ai découvert qu’on ne peut pas vivre chacun pour soi, mais ensemble, c’est-à-dire faire attention à l’autre, prendre sa part dans les tâches familiales (ménage, cuisine, lessive…) pour que tout ne repose pas sur les parents. On a aussi dû apprendre à se demander pardon parce qu’il y a eu de nombreuses tensions. Mais maintenant, c’est bien! Je peux dire que j’ai appris à mieux connaître les membres de ma famille à travers ce confinement. »

Pâques sur le canapé
Quant à la vie de prière, tous les jeunes témoignent de la difficulté à la vivre de manière virtuelle. « J’étais très déçue de ne pas pouvoir vivre les liturgies de la Semaine sainte, parce que ce sont celles que je préfère » témoigne Céline, 20 ans. « J’ai pu suivre un peu quelques célébrations sur internet ou à la TV, mais c’est nettement moins participatif, difficile de se concentrer sur ce qui se passe. Pâques sur le canapé ce n’est pas l’idéal ! »

« Regarder la messe à la télé, ce n’est vraiment pas facile », poursuit Jeanne. « On nous a beaucoup parlé de communion spirituelle, mais c’est super dur ! Il me manque l’ambiance, le cadre, le fait de se rassembler avec d’autres personnes (même si c’était souvent des personnes âgées). Même le trajet pour me rendre à l’église me manque : je me rends compte qu’il me permettait de me préparer à l’eucharistie. »

Vivre connecté
Mais heureusement, ils ont aussi découvert que la vie de prière ne se réduisait pas à la messe dominicale. Avoir moins d’espace pour vivre leur a donné plus de temps à vivre et donc aussi un certain rythme : la prière le soir en famille, souvent suivie de longs temps de discussion, ou encore ces temps de prières connectés. En effet, une multitude d’offres de prières en ligne a vu le jour sur différents réseaux sociaux : groupes WhatsApp, témoignages ou enseignements sur YouTube, chapelets ou discussions en vidéoconférence. Grégoire, 20 ans, témoigne avoir passé beaucoup de temps connecté pour vivre sa foi durant cette Semaine sainte : « Je me réjouis qu’il y ait eu plein de propositions pour vivre sa foi sur les réseaux. Il y a des choses qui ne m’ont pas convenu, et d’autres qui m’ont beaucoup plu. J’ai rencontré des réalités d’Église que je n’aurais jamais connues sans ce confinement. »

Enfin, comme tous les jeunes, ils ont pu compter sur les innombrables messages et appels téléphoniques qu’ils ont faits « pour garder le lien, prendre des nouvelles, entretenir les relations et se soutenir », témoigne Jeanne.

L’abbé Alexis Morard

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mai-juin 2020

Propos recueillis par Véronique Benz | Photo: Christoph Von Siebenthal

« J’ai vécu cette Semaine sainte un peu comme un moine. J’ai célébré tous les offices à huis clos avec trois chantres et un organiste. Les paroissiens pouvaient se joindre à nous à distance grâce à une diffusion de bonne qualité sur le web. C’était pour moi inédit mais très émouvant. J’ai fait une expérience concrète de ce qu’on appelle la communion des cœurs. » Depuis septembre 2018, l’abbé Alexis Morard est le curé modérateur de l’unité pastorale Saint-Joseph. Rencontre.

« Si je suis devenu curé modérateur de l’unité pastorale Saint-Joseph, c’est de la faute à saint Joseph », relève avec le sourire l’abbé Alexis Morard. En effet, le 19 mars 2018, alors qu’il est encore curé de Carouge, Alexis Morard répond à l’invitation des Capucines de Montorge à participer à une messe festive en l’honneur de leur saint Joseph, patron du monastère. Dans son homélie, le prédicateur présente saint Joseph comme un intercesseur de choix, qu’il faut invoquer pour des choses très concrètes, à la condition d’accepter l’imprévu, à l’instar des péripéties qui furent les siennes au cœur de la Sainte Famille. L’abbé Alexis Morard, qui devait avoir le lendemain un entretien avec son vicaire épiscopal à Genève au sujet de l’avenir de son unité pastorale, confie cette rencontre à l’intercession de saint Joseph, acceptant dans la foi que les choses ne soient pas comme il l’avait prévu. Or, le lendemain, l’abbé Desthieux, au lieu de lui parler du sujet convenu pour lequel l’abbé Alexis s’était préparé, a une requête à lui présenter de la part de l’évêque : à savoir s’il accepterait de revenir dans son canton d’origine pour succéder à l’abbé Blanc comme curé modérateur de l’UP Saint-Joseph à Fribourg ! « La surprise fut grande, car je devais normalement rester encore quelque temps à Carouge, mais étant donné la prière et la promesse faites la veille à saint Joseph, j’ai accepté sur-le-champ, non sans émotion ! », souligne l’abbé Alexis.

Arrivé à Fribourg, la première année a été pour l’abbé un temps de découverte de la réalité paroissiale fribourgeoise, au sein d’une unité pastorale formée de quatre paroisses très différentes. « J’ai la chance d’avoir une bonne équipe pastorale qui a été formée par mon prédécesseur, l’abbé Blanc. Une équipe dont les membres tirent tous à la même corde, la joie de l’Évangile. Je suis donc entré dans la dynamique existante, mais j’ai remarqué que les gens étaient attachés très différemment à leur communauté paroissiale. Il fallait favoriser davantage les lieux de proximité. J’ai vu cela comme un beau défi auquel toute l’équipe pastorale était prête à répondre. J’ai découvert beaucoup de bonne volonté, de compétences et d’engagement dans les paroisses confiées. »

Ce qui m’a ému, c’est la grande attente des gens
Ce qui a ému l’abbé Alexis Morard, c’est la grande attente des gens envers leur curé. « Les paroissiens attendent que le curé donne une direction. C’est beau, mais il faut faire attention à ce que tout ne dépende pas du curé ! Je considère comme mon devoir à ce que la pastorale ne soit pas centrée sur moi. Il ne s’agit pas seulement de déléguer, même si c’est un redoutable exercice de confiance auquel je m’attelle notamment avec mon équipe. Mon vœu est que chaque fidèle saisisse véritablement la mission qui est la sienne, au nom de son propre baptême ! « L’Évangile se transmet par attraction », a affirmé Benoît XVI. On pourrait même dire, sans mauvais jeu de mot en cette période de pandémie, que l’Évangile se transmet « par contagion » ! Ce n’est pas d’abord une question d’organisation, aussi fonctionnelle soit-elle. Il faut aller au-delà de l’organisation. » Pour l’abbé Morard, la situation de crise que nous vivons actuellement nous donne une chance de réfléchir concrètement à une autre manière d’inventer ou de vivre la pastorale, peut-être moins formelle.

Par un certain hasard, l’évêque a nommé l’abbé Alexis Morard doyen du décanat de Fribourg quelques semaines avant le coronavirus. « Un des rôles du doyen est de coordonner l’action pastorale sur le décanat. La survenue de cette crise a été un moment favorable pour intensifier la collaboration qui existe depuis longtemps entre les deux unités pastorales. J’ai eu à cœur de favoriser une action commune. Sur l’impulsion de notre vicaire épiscopal, l’abbé Jean Glasson, nous nous sommes demandé comment nous pourrions signifier concrètement à nos paroissiens que nous restons proches d’eux et solidaires, malgré les mesures de confinement. C’est ainsi qu’a vu le jour une « antenne solidaire » décanale portée par l’ensemble des agents pastoraux de nos équipes. Les différents moyens de communication (tout-ménage, bulletin hebdomadaire, WhatsApp, site web, page Facebook, etc.) ont été pensés également pour l’ensemble des paroisses du décanat de Fribourg. L’exercice n’est pas fini : nous devons réfléchir à la manière d’accompagner les familles endeuillées aussi après le confinement. Je formule le vœu que cette collaboration soit le prélude à une action commune plus durable pour les paroisses des deux unités pastorales ! »

Biographie

Alexis Morard est gruérien. Il a passé sa maturité au Collège du Sud à Bulle.
Il y a côtoyé l’abbé Bernard Genoud qui, en marge de ses cours de philosophie, proposait un cours facultatif d’introduction à la théologie. Il est entré au Séminaire diocésain à Villars-sur-Glâne en 1992. « Nous étions huit à entrer comme futurs prêtres, j’avais 19 ans ! » 

Alexis Morard a été ordonné diacre le 15 mars 1998 à l’église des Cordeliers, par Mgr Amédée Grab. Il a été ordonné prêtre le 22 mai 1999 à Bulle, dans l’église paroissiale de sa jeunesse, par Mgr Pierre Bürcher.

Après deux années de pastorale à Nyon, il est envoyé à Font comme curé in solidum pour le secteur Saint-Laurent. Il avait la mission de seconder l’abbé Suchet pour la mise en place de cette première unité pastorale du canton. Après 5 ans dans la Broye, il rejoint la ville de Lausanne à la paroisse de Sainte-Thérèse puis du Sacré-Cœur à Ouchy. Il est ensuite nommé à Carouge où il reste 11 ans comme curé modérateur de l’UP Cardinal-Journet. Il est nommé curé modérateur de l’UP Saint-Joseph en septembre 2018.

Vite oublier la pandémie?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mai-juin 2020

Par l’abbé Jean Glasson, administrateur de l’UP Notre-Dame de Fribourg | Photo: A. Volery

Pouvions-nous imaginer vivre une telle insécurité en Suisse, de telles souffrances ? Aurions-nous envisagé un seul instant ne plus pouvoir nous réunir pour la messe ? Que dire de toutes les célébrations sacramentelles reportées ? La fin du confinement va-t-elle signifier alors que nous allons tout reprendre comme avant et nous ruer de manière « boulimique » sur tout ce que nous ne pouvions plus faire ?

Dans l’évangile selon saint Luc (Luc 13, 1-9), des gens rapportent à Jésus deux événements violents : le massacre de Galiléens tués sur l’ordre de Ponce Pilate alors qu’ils offraient des sacrifices et la chute d’une tour qui avait fait plusieurs morts. Voici ce que Jésus enseigne : « Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. »

Le Seigneur interpelle ses interlocuteurs pour qu’ils accueillent ces événements comme une invitation à la conversion. Ainsi tout ce qui advient et qui bouleverse notre quotidien, parfois englué dans le confort ou l’indifférence à Dieu et aux autres, peut être compris comme un appel à la conversion, à un retour à l’essentiel. 

Disciples de Jésus-Christ, soyons de ceux qui interpellent notre société par leur comportement : qu’est-ce que ce temps de crise doit modifier dans notre comportement vis-à-vis de Dieu, des autres, de nous-mêmes et de la création ?

La contagion du coronavirus a-t-elle un sens spirituel?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mai-juin 2020

Par Frère Adrian Schenker, dominicain | Photo : Bernard Hallet / Province dominicaine de Suisse

Le dominicain Adrian Schenker est prêtre et réside au couvent de Saint-Hyacinthe à Fribourg. Durant de nombreuses années, il a enseigné la théologie et l’exégèse de l’Ancien Testament dans notre Alma Mater. En mars dernier, lors de la première messe à huis clos de la communauté dominicaine du Botzet, il a réfléchi au sujet qui est sur toutes les lèvres: la pandémie du coronavirus.Y a-t-il un sens spirituel à ce fléau mo­­derne ? Si oui, quel est-il ? Nous remercions Frère Adrian de nous avoir autorisés à reproduire son homélie.

« Les médias et les cœurs de tout le monde sont pleins des nouvelles de la contagion du coronavirus qui envahit les pays d’Asie, d’Europe et d’Amérique. Les mesures prises par les autorités, la situation médicale et les conséquences pour l’économie et pour la société sont à la une.

Mais ne faut-il pas nous demander aussi ce que Dieu veut nous dire à travers cette épreuve grave de notre temps ? À la lumière de l’Écriture sainte, il me semble que ce sont deux paroles qui jettent une lumière sur le sens de l’évènement.

Dieu sauve
La parole de Dieu parle d’un bout à l’autre du salut que nous recevons de Dieu. Il y a peu de mots qui reviennent si souvent dans la Bible que sauver, aider, guérir, éclairer, conforter, protéger, garder, répondre, écouter, guider, entourer, etc. Dieu sauve, et les hommes ont besoin de multiples secours. Les générations qui nous ont précédés savaient cela peut-être mieux que nous parce qu’ils avaient moins de moyens techniques et une science moins développée que l’époque moderne. Elles recouraient à Dieu dans leurs besoins en priant dans leurs litanies : a peste, fame et bello libera nos Domine ! (Des épidémies, des famines et des guerres, libère-nous, Seigneur !).

Devons-nous de nouveau apprendre à recourir à Dieu dans nos besoins ? À lui dire avec foi et humilité : Seigneur, sauve-nous, nous périssons ! Dans l’Ancien Testament, Dieu porte le beau titre de *Médecin d’Israël » (Exode 15, 26) et le Psaume 102, 3 (Ps 103, 3) exprime sa conviction croyante : « Le Seigneur te guérit de toute maladie. » Le savoir médical moderne n’exclut pas la prière. Les deux ne sont pas en concurrence, ils vont de pair dans la vie des croyants. Car guérison et maladie peuvent être toutes deux des voies par lesquelles Dieu sauve toute la personne humaine, dans son corps et dans son âme.

L’humanité n’est pas toute-puissante
Mais pour s’en convaincre, il faut se mettre dans la vérité et dans l’humilité : l’humanité n’est pas toute-puissante. N’est-ce pas la tentation moderne, en face de tout ce que les hommes ont découvert et savent faire, que d’imaginer l’homme souverain et maître de tout, capable de venir à bout de tous les problèmes ? N’est-il pas beaucoup plus heureux de pouvoir dire avec la foi : j’ai de nombreux besoins qui me dépassent, et qui me dépasseront toujours, mais j’ai un recours en Dieu ? Lui m’aidera, lui me sauvera car il aime aider et sauver, et il peut m’aider et me sauver. C’est pourquoi le Psaume 9, 21 (Ps 10, 21) adresse cette prière surprenante au Seigneur : « Mets une crainte sur l’humanité afin qu’elle apprenne à comprendre qu’elle est seulement humaine. »

Humain, c’est-à-dire dans le besoin d’aide et dans la joie d’avoir un sauveur qui aimera donner son aide. N’est-ce pas aussi un enseignement que nous pouvons retirer dans la foi de l’épreuve que nous vivons ? »

La chapelle Saint-Joseph, une oasis apaisante

Le 19 mars, nous fêtons le patron des pères de famille, des travailleurs et de l’Église universelle. L’occasion est belle de s’arrêter un instant dans la chapelle Saint-Joseph sous l’église Saint-Pierre dans le quartier de Beauregard, à laquelle nous avions consacré notre dernier article. Aussi, après l’ample vivacité de l’apôtre, passons à présent à la présence plus discrète du père adoptif de Jésus.Par Natalie Hervieux
Photos: DR

Image 1

Entre la salle paroissiale Saint-Pierre et le petit jardin de cette même église s’étend un escalier creusé à même le bâtiment, permettant d’accéder de l’une à l’autre. C’est dans le palier intermédiaire que s’ouvre la porte de la chapelle Saint-Joseph. En entrant, on est saisi immédiatement par les couleurs chaleureuses du bois qui domine l’oratoire. Devant soi, un paravent de fines lamelles de ce même bois forme une sorte de narthex qui offre au visiteur le temps d’un sas avant d’entrer plus avant, par les côtés.

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Un ensemble polyphonique et harmonieux
La lumière provient des vitraux qui s’alignent sur la droite de la chapelle, offrant la douceur de rayons obliques à cet espace de recueillement. Lesdits vitraux sont l’œuvre du peintre Yoki qui y a symbolisé des étapes de la vie du patron des lieux. On reconnaîtra ici les deux colombes apportées lors de la Présentation au Temple de Jésus, là le lys représentant la pureté de l’époux de Marie, ailleurs encore les outils de sa profession de charpentier (image 1). La fresque derrière l’autel (image 2), du même auteur, complète cette vie de Joseph de manière plus figurale : on y voit au milieu le père adoptif de Jésus, tenant son jeune garçon sur un genou. À gauche de ce motif central, le mariage avec la Sainte Vierge et à droite, la Fuite en Égypte.

Image 3

Yoki n’est pas le seul artiste a avoir été mandaté pour le décor de cette chapelle de semaine qui fut à l’origine un local de réunion et de théâtre. Antoine Claraz a laissé une large et très belle empreinte dans ce sanctuaire : on lui doit la croix (image 3) et le tabernacle de bronze (image 4), ainsi que la Vierge à l’Enfant (image 1) que l’on peut admirer à droite de l’autel – les émaux 1 sont l’œuvre de Liliane Jordan. La statue de saint Joseph (image 5) – située, comme le saint qu’elle représente, discrètement en retrait, est également à attribuer au sculpteur. L’ensemble revêt une douce cohérence où les coloris bronze et boisés se mêlent harmonieusement. Dans les mêmes tons, on observera, en levant les yeux, le plafond à caissons de bois ainsi que ses partitions et les étoiles centrales dorées, vestige restauré des transformations de 1959.

Image 4

Un chemin d’intériorité
Par terre, une touche de rouge et de bleu qui vient répondre à la palette de couleurs des œuvres de Yoki : un tapis circulaire plus récent représentant le labyrinthe de Chartres. L’idée de ce motif médiéval de microcosme est d’inviter à un pèlerinage condensé vers le dedans, vers le Christ – une démarche qui évoque notamment les mandalas qui rejoignent tant notre sensibilité actuelle. Autre itinéraire intérieur proposé : les mystères du rosaire, œuvre en dolomie du monastère de Bethléem (Mougère, F), contre la paroi de gauche. 

Image 5

On l’aura compris, la chapelle Saint-Joseph est un lieu idéal et très apprécié pour une halte passagère, que ce soit le matin à 8h30 pour la messe, l’après-midi pour un moment de solitude orante ou encore en soirée pour les diverses rencontres qui y sont proposées, notamment la très belle école d’oraison offerte par le Père Huguenin les jeudis soir. Légèrement en décalage par rapport à l’axe très fréquenté de l’avenue Beauregard menant à Villars-sur-Glâne, cette oasis vaut le léger détour qu’elle propose avant de retourner au quotidien de la vie citadine.

1 Matière fondante composée de différents minéraux, rendue très dure par l’action de la chaleur, destinée à recouvrir par la fusion le métal, la céramique, la faïence, la porcelaine à des fins de protection ou de décoration, et prenant alors des couleurs inaltérables.
www.cnrtl.fr

Remerciements :
Natalie Hervieux tient à remercier vivement Monique Pichonnaz Oggier pour ses généreuses et enthousiastes explications.

Sources :
Recherches personnelles de Monique Pichonnaz et Pierre Brasseur, service des Biens culturels.
http://www.cathedrale-chartres.org/Messe en l’honneur de saint Joseph jeudi 19 mars à 8h30 à la chapelle Saint-Joseph (paroisse Saint-Pierre), Fribourg

Christus Vivit: l’éclairage

Voici la quatrième partie de notre série sur l’exhortation Christus Vivit du pape François suite au synode sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel. Dans ce numéro, nous vous proposons de décrypter le septième chapitre du texte.Par Paul Salles
Photo: FJ

La première intuition que le pape ne cesse de rappeler, c’est que l’Église ne peut pas proposer une pastorale à destination des jeunes. Elle doit initier un chemin de rencontre avec les jeunes, et dans lequel les jeunes sont acteurs, sujets de la mission qui leur est adressée. Ainsi, les meilleurs évangélisateurs des jeunes sont les jeunes eux-mêmes. Nous ne devons pas proposer quelque chose pour eux, mais les accompagner de manière à ce qu’ils puissent développer leur créativité et les autres charismes que Dieu leur donne, dans l’Église. Mais nécessairement, ce sera avec leurs manières de faire qui ne sont pas forcément celles auxquelles nous aurions pensé. 

Les grandes lignes
Le pape François donne deux axes principaux de travail. Tout d’abord la recherche et l’invitation adressée aux jeunes qui n’ont pas encore fait cette expérience de l’amour de Dieu pour eux. Il s’agit d’une première annonce, celle du cœur de la foi qui mène à la rencontre personnelle avec Jésus. Cette annonce peut prendre toutes les formes, dans tous les milieux possibles, mais elle doit revêtir le « langage de la proximité » et la « grammaire de l’amour ». D’autre part, notre action doit viser la croissance et la maturation de la foi pour ceux qui ont déjà fait cette expérience. Le pape met en garde contre une formation qui resterait uniquement au niveau dogmatique ou moral. Il plaide pour un accompagnement qui leur permettrait d’approfondir l’essemble de la foi (le kérygme) et d’enraciner les expériences de la foi et de la vie chrétienne dans des propositions riches de sens et d’amour fraternel (entraide mutuelle, vie en communauté, service des plus pauvres…). Le pape souligne ainsi l’importance de développer des lieux qui soient de véritables foyers, où l’on peut faire l’expérience de la foi comme d’une vie de famille. Il demande même que l’on puisse laisser des locaux à disposition des jeunes pour qu’ils puissent créer cette vie fraternelle et prendre leur place dans la communauté ecclésiale.

Le pape cite ensuite différents domaines à renforcer : la prière et les rencontres favorisant le silence, le service du prochain, la musique, le sport ou la sauvegarde de la création, mais en soulignant que rien ne pourra jamais remplacer les fondamentaux de la vie chrétienne que sont la fréquentation de la Parole de Dieu, de l’eucharistie, du sacrement du pardon, à l’image des saints et à l’école de la longue tradition spirituelle de l’Église.

Accompagner une pastorale populaire et missionnaire
Le pape rappelle de nouveau l’importance de développer une pastorale « populaire », c’est-à-dire de ne pas se laisser enfermer dans un entre-soi qui nous fait perdre le souffle missionnaire. Il est bon de soigner la formation de jeunes leaders, passionnés par l’Évangile. Mais il ne faut pas oublier l’immense majorité des jeunes qui n’attendent (en apparence) rien de l’Église. Ce sont les brebis perdues pour lesquelles le bon pasteur ne craint pas de laisser le troupeau pour partir à leur rencontre. Il nous faut les rejoindre et créer des espaces de rencontre où chacun puisse trouver sa place. Sachons laisser aux jeunes l’initiative de créer de nouvelles formes de mission pour porter l’Évangile de façon nouvelle à leur génération. 

Enfin, le pape se fait l’écho des demandes des jeunes réunis en présynode qui demandent d’authentiques accompagnateurs. Trop souvent, ils se retrouvent seuls par manque de personnes qui puissent véritablement faire un bout de chemin avec eux, qui sachent marcher à leur rythme, être une oreille attentive. Ils décrivent ainsi les qualités de l’accompagnateur idéal : « Qu’il soit un chrétien fidèle et engagé dans l’Église et le monde, qui cherche constamment la sainteté, quelqu’un en qui l’on peut avoir confiance, qui ne juge pas, qui écoute activement les besoins des jeunes et y répond avec bienveillance, quelqu’un qui aime profondément avec conscience, qui reconnaît ses limites et comprend les joies et les peines d’un chemin de vie spirituelle. » (CV 246)

Aimer, ça vaut la peine!

Par l’abbé Alexis Morard, curé modérateur
Photo: DR

Le temps du carême – dans notre incons­cient collectif – rime souvent avec amertume. Mais, comme dit un cantique, « mon amertume amère me conduit à la paix » ! (Is 38)

Loin de s’inventer des pénitences pour se donner bonne conscience, le temps du carême est un temps privilégié où l’on se donne du temps, justement, pour mieux aimer. Se donner de la peine pour aimer comme Dieu nous aime : voilà une définition évangélique de ce qu’on appelle communément pénitence. Et si nous suivons le Christ « jusqu’au bout » (Jn 13, 1), il nous donnera rendez-vous à la Croix où l’Amour est crucifié, mais où il aura le dernier mot !

Je nous invite donc à entrer dans ces 40 jours comme en quarantaine, non pas pour nous protéger les uns des autres ou pour nous replier sur nous-même, mais pour apprendre à mieux nous aimer d’un amour de charité, c’est-à-dire de l’Amour même dont Dieu nous aime tant. Car, comme l’a dit le pape François, « si le mal est contagieux, le bien l’est aussi » ! 

Alors, que notre charité se donne de la peine, que notre charité se fasse inventive…

Bon carême, dans la paix du Christ !

Mission Jeunesse-Lumière

Par Paul Salles
Photo: FJ

Du 9 au 22 mars 2020, le canton de Fribourg accueillera une petite équipe de jeunes missionnaires de l’école d’évangélisation Jeunesse-Lumière. 

Il s’agit d’une école d’évangélisation et de prière fondée en France en 1984 par le Père Daniel-Ange. Son intuition : les premiers témoins de Dieu pour les jeunes, ce sont les jeunes eux-mêmes. Chaque année, des jeunes du monde entier, âgés entre 18 et 30 ans, prennent une année sabbatique pour se former à la vie spirituelle et à la mission. Avec Jeunesse-Lumière, ils apportent leur témoignage dans les paroisses ou les écoles. 

Pour être missionnaire, pour partager la joie de croire, nous n’avons pas besoin d’avoir une longue formation, d’avoir suivi une longue préparation. Toutefois, il est aussi bon de pouvoir prendre le temps de se former et d’approfondir notre relation avec ce Dieu qui nous sauve. C’est ce que font ces jeunes, et la pastorale des jeunes du canton les a invités à venir partager leur expérience avec les jeunes fribourgeois. 

Ainsi les jeunes missionnaires passeront dans les classes d’enseignement religieux des CO du Belluard et de Jolimont à Fribourg, ainsi que dans celui de la Veveyse et de la Glâne. Parallèlement à ces interventions, ils rencontreront les confirmands des unités pastorales concernées par ces CO, ils animeront des messes dominicales et des veillées de prière, visiteront différents groupes de jeunes et tiendront des stands de rencontre au marché. 

Inviter des jeunes missionnaires, ce n’est pas leur déléguer notre propre appel au témoignage, c’est se laisser entraîner par des jeunes qui ont fait cette expérience folle qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir et que c’est en partageant sa foi qu’elle grandit. 
Pour les rencontrer et, avec eux, partager notre foi, voici les principaux moments forts de leur visite : 

Du lundi 9 au vendredi 13 mars : passage dans les classes des CO du Belluard et de Jolimont

Mardi 10 mars : soirée avec les confirmands à Belfaux

Du lundi 16 au mercredi 18 mars : passage dans les classes du CO de la Veveyse et dans les groupes d’aumônerie

Du mercredi 18 au vendredi 20 mars : passage dans les classes du CO de la Glâne

Vendredi 20 mars : rencontre à l’aumônerie du CO de la Glâne, soirée avec les jeunes à Ursy

Samedi 21 mars : participation aux 24h pour le Seigneur à Fribourg

Dimanche 22 mars : messe paroissiale à Chatel-Saint-Denis (10h), rencontre avec les confirmands et messe des jeunes à Fribourg (18h30 – Sainte-Thérèse)

Rencontre avec une catéchumène

Texte et photo par Elisabeth Beaud

Angèle est née le 9 janvier 1984 à Abidjan d’une maman musulmane et d’un papa catholique. Afin de pouvoir se marier, son papa devait se convertir à la religion musulmane, ce qu’il était prêt à faire. Mais le grand-papa maternel s’y est opposé. Pour sa fille, il voulait un homme d’origine musulmane. Le couple s’est donc séparé et Angèle a été élevée par sa tante maternelle jusqu’à l’âge de huit ans. Ensuite, elle a vécu à tour de rôle chez son papa et sa maman. Durant son séjour chez sa tante, de confession évangélique, Angèle a su assez tôt que cette religion n’était pas pour elle et qu’elle préférerait devenir catholique comme son père.

Angèle, expliquez-nous pourquoi, depuis toute jeune, vous souhaitiez être catholique ?
Lorsque j’avais 15 ou 16 ans, les amis que je fréquentais étaient catholiques. Mes amis me parlaient souvent de la Vierge Marie. Un jour, j’ai eu une sorte de songe, un appel qui m’a fait comprendre que Marie voulait que je me convertisse. Quand j’ai fait le songe, une dame catholique du quartier m’a aidée à comprendre le message de la Vierge ; elle m’a raconté la vie de Jésus et m’a fait visiter plusieurs églises.   

Quel a été votre parcours pour demander le baptême ?
J’ai préféré attendre que ma maman soit d’abord décédée avant d’entreprendre les premières démarches. Je ne pouvais pas me convertir dans mon pays d’origine ; je suis arrivée en Suisse à Lausanne en 2018 afin de prendre des cours de français. En effet, je n’ai pas pu suivre toute ma scolarité dans mon pays. Puis je suis venue à Fribourg pour commencer le parcours de préparation au baptême. J’ai voulu venir à Fribourg car c’est une ville qui a encore certaines traditions catholiques. J’ai beaucoup d’amour pour cette ville et je m’y plais. Mon parcours a commencé il y a plus d’une année. 

Quand serez-vous baptisée ?
Le baptême aura lieu avec d’autres adultes lors de la Vigile pascale à l’église Saint-Paul au Schönberg. Je me réjouis beaucoup de vivre ce grand moment que j’attends depuis si longtemps. Je vous invite à venir tous à Saint-Paul pour découvrir des baptêmes d’adultes et vivre un moment unique.

Les catéchistes de l’UP Saint-Joseph s’inspirent de Marguerite Bays

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mars-avril 2020

Texte et photo par Bernard Bovigny

Une trentaine de catéchistes de l’unité pastorale Saint-Joseph se sont réunis samedi 18 janvier à la salle paroissiale de Villars-sur-Glâne pour une matinée de ressourcement et un moment de prière. Toutes et tous ont été à l’écoute de l’abbé Martial Python, auteur de plusieurs ouvrages sur la première sainte fribourgeoise.Le curé-modérateur installé à Romont a abordé le thème « Marguerite Bays, catéchiste ». Le XIXe siècle – celui où a vécu sainte Marguerite (1815-1879) – était une période très tourmentée pour l’Église catholique, a rappelé Martial Python. La Suisse est traversée par des idéaux anticléricaux issus de la Révolution française. 

Un courant de déchristianisation traverse les campagnes fribourgeoises et beaucoup d’enfants d’origine modeste ne fréquentent pas l’école. C’est dans ce contexte que s’est déployée l’activité de Marguerite Bays, membre du Tiers-ordre de Saint-François. Elle est très liée au couvent des Capucins de Romont, où elle prie et rencontre des religieux « très éclairés, même intelligents », comme le Père Apollinaire Deillon, auteur d’une Histoire des paroisses du canton de Fribourg. C’est par de tels liens que Marguerite Bays a eu accès à la Parole de Dieu, ce qui n’était pas courant à l’époque.

Elle vivait aussi la retraite annuelle avec les sœurs de la Fille-Dieu à Romont, où elle recevait une « nourriture spirituelle consistante », où vie et Écritures saintes s’unifient, conformément à la spiritualité franciscaine.

Marquée par la spiritualité de François d’Assise, Marguerite Bays a toujours manifesté une préférence pour les plus fragilisés, à commencer par les enfants illégitimes de sa région, destinés à l’orphelinat en raison de la honte ressentie par leurs parents. Son père lui-même était « illégitime » et son frère a eu un enfant hors mariage, prénommé François. Marguerite s’en est occupée alors qu’on le destinait à l’orphelinat. Elle a également éduqué plusieurs enfants de la famille et des très pauvres de la région. « De ces êtres fragilisés, elle en faisait des êtres droits et emplis de dignité. Elle ne supportait pas que l’on fasse travailler des enfants le dimanche », relève l’abbé Python.

La tendance, à l’époque, surtout dans les familles pauvres, était d’envoyer les enfants dès 7 ans dans des fermes pour travailler. Attendrie, Marguerite les rassemblait pour jouer avec eux, distribuant des victuailles aux affamés et les emmenant à la chapelle de Notre-Dame du Bois.

Les témoignages des contemporains de Marguerite Bays attestent de sa bonté, mais aussi de ses qualités pédagogiques : « Avec elle, les prières n’étaient jamais longues. » En bonne disciple de saint François, elle a introduit les crèches dans les maisons de la région. Sa propre crèche remplissait pratiquement une pièce et reprenait des scènes de l’Évangile et beaucoup d’éléments de la nature environnante. Marguerite racontait la vie de Jésus en la décrivant.

Elle faisait participer activement les enfants en leur demandant de cueillir des fleurs pour orner les oratoires à Marie qu’elle confectionnait avec son frère. Elle redonnait aux enfants leur dignité, les habillant et les nettoyant. « Catéchiste, elle l’était d’abord en demeurant attentive aux pauvretés des enfants, en les écoutant. Une pauvreté qui n’a d’ailleurs pas disparu », relève Martial Python. Récemment un enfant des écoles de Romont s’est évanoui, car il n’avait pas pris de repas depuis deux jours. Le curé de Romont invite ainsi les catéchistes à détecter ces formes de pauvreté dans leurs classes. « Chez Marguerite, il n’y avait pas de rupture entre la vie et la foi. Par son regard chaleureux, elle avait le don de rassurer et d’attirer à elle les défavorisés. Sensible à la justice sociale, elle estimait que les pauvres avaient des droits. »

Sœur Regina

Lorsqu’elle parle de Madagascar, les yeux de Sœur Regina brillent. Des noms inconnus résonnent à mes oreilles et j’essaie de les placer sur une carte du monde. Après y avoir passé 47 ans, la religieuse se sentait chez elle au milieu des Malgaches. «Si j’étais en bonne santé, je serais encore là-bas», affirme avec conviction Sœur Regina.Propos recueillis par Véronique Benz
Photo: V. Benz

« La vie consacrée est une grâce qu’on ne peut que recevoir, c’est une réponse à un appel qui ne se fait pas une fois pour toutes, mais qui est à renouveler chaque jour », souligne Sœur Regina. Cependant deux facteurs ont aidé Sœur Regina à répondre à cet appel : le scoutisme et la montagne. « J’ai commencé le scoutisme toute petite. J’ai été longtemps cheftaine des louveteaux. J’ai fait dans ma jeunesse beaucoup de montagne et d’alpinisme. »

Elle choisit d’entrer au Carmel Saint-Joseph. « La spiritualité du Carmel avec l’enseignement de ses grands saints, notamment Thérèse d’Avila, Jean de la Croix, Thérèse de Lisieux, m’a attirée. L’Ordre du Carmel n’a pas de fondateur, mais ses origines remontent à l’Ancien Testament avec le prophète Élie qui est l’image de notre vocation : une vocation à écouter Dieu, à se livrer à l’écoute de sa Parole pour en vivre et être transformé par elle, et une vocation à le dire dans l’apostolat, trouvant dans ce témoignage une nouvelle source de prière. J’ai été attirée par cette vie de prière et d’action comme le dit Élie : « Je suis rempli de zèle pour le Seigneur » », explique Sœur Regina.

Dès le départ, Sœur Regina désirait aller en mission dans les pays lointains. Elle savait que le Carmel Saint-Joseph était implanté en pays de mission. Après trois ans de formation à Saint-Martin Belle-Roche, elle est envoyée deux ans à Casablanca au Maroc. « Ce n’est pas ce que j’avais souhaité au départ, mais ce fut une riche expérience. » En 1966, elle part pour Madagascar. Sœur Regina l’avoue avec émotion : le moment le plus important de sa vie fut celui de son départ pour Madagascar. « Enfants, on nous disait que la mission c’était aller convertir les gens. Or ce n’est pas cela. A Madagascar, j’ai très vite compris que ma place était d’aider à implanter le Carmel Saint-Joseph dans le pays en vivant simplement avec les gens. »

A Madagascar, où elle fut active pendant 47 ans, Sœur Regina a travaillé dans l’enseignement en ville et en brousse. Elle a transmis de la pédagogie à des enseignants. Elle s’est occupée de petits enfants et de jeunes filles dans un foyer. Elle a participé à la formation des jeunes religieuses malgaches et a accompagné de nombreuses étudiantes. « Les évêques du pays ont demandé aux congrégations d’investir dans l’enseignement, car l’éducation des jeunes c’est l’avenir du pays. Dans l’un des pays les plus pauvres du monde, le vœu de pauvreté prend une autre dimension. On apprend à se passer de tant de choses et à aller à l’essentiel. En brousse, nous n’avions pas d’électricité et pas toujours l’eau courante. Ici cela semble normal d’ouvrir un robinet et d’avoir de l’eau chaude ; là-bas, si nous voulions de l’eau chaude, il fallait la chauffer au feu dehors ! Madagascar est un pays magnifique. La vie n’était pas toujours facile, mais j’y étais très heureuse. Les Malgaches sont extrêmement accueillants : dans la plus grande misère, vous avez toujours un sourire. J’ai appris à écouter et à prendre le temps. »

En 2013, lorsqu’elle rentre en Suisse pour raisons de santé, elle a dû se réadapter à la vie occidentale. Heureusement elle peut continuer à parler la langue qu’elle aime, le malgache, avec deux de ses consœurs malgaches qui vivent dans la communauté de Fribourg.

Biographie

Native de Fribourg, Regina Müller est d’origine alémanique. Après la maturité, elle a fait une formation d’enseignante à l’Université de Fribourg et a enseigné deux ans à l’école secondaire de Gambach. Elle est entrée dans la congrégation du Carmel Saint-Joseph en 1961. Après 47 ans passés en mission à Madagascar, elle rentre à Fribourg en 2013 pour raison de santé. Elle est prieure du Carmel Saint-Joseph au Schoenberg. La communauté est composée de cinq religieuses plutôt âgées, mais néanmoins très actives dans la paroisse et le quartier du Schoenberg.

Le Carmel Saint-Joseph
Le Carmel Saint-Joseph a été fondé en 1872 en France, à Saint-Martin Belle-Roche dans la banlieue de Mâcon, où se trouve la maison généralice. Il a été implanté en Suisse dans le canton de Fribourg en 1901. Une maison s’est ouverte en 1902 à Seedorf près de Rosé, et une en 1951 au Schoenberg à Fribourg.

Et si l’on chantait…

Par  l’abbé Paul Frochaux, doyen
Dessin: DR

Dès mon arrivée dans le canton de Fribourg, le vicaire épiscopal m’a demandé de représenter le vicariat du canton de Fribourg auprès du comité du GAC. Le GAC, c’est le Groupement des Associations de Céciliennes. Le mot Céciliennes veut dire chœurs d’église sous le patronage de sainte Cécile, patronne des musiciens. Le comité a pour mission de rassembler une fois par année les directeurs des associations de Céciliennes et leurs présidents. Il convoque les délégués desdites associations en assemblée générale. Le GAC se charge également de diverses publications et organise de temps à autre des sessions de formation liturgique. 

Une préoccupation est devenue de plus en plus présente : quel est l’avenir du chant d’Église en terre fribourgeoise ? Que vont devenir nos chœurs d’Église ? Quel répertoire va prendre toujours plus d’importance ? Ces questions, nous voulons nous les poser en vérité. Pour cela, le vicariat et le comité du GAC ont décidé d’organiser des assises autour des enjeux de la musique dans la liturgie. Deux événements sont ainsi organisés en 2020 à savoir :

– Une journée de réflexion et de partage le samedi 15 février de 9h à 16h dans les bâtiments du Collège du Sud à Bulle.

– Un acte liturgique et festif lors d’une messe présidée par notre évêque ainsi qu’un temps de convivialité le dimanche 27 septembre de 14h à 19h en l’église du Christ-Roi à Fribourg.

Directeurs, directrices, choristes, organistes, animateurs du chant de l’assemblée, prêtres, diacres, conseillers pastoraux et paroissiaux et toutes personnes préoccupées par ces questions sont invités à prendre part à ces deux événements au terme desquels sera promulguée une résolution visant à favoriser, développer et renouveler le chant d’Église dans notre canton. Comme le dit la circulaire qui annonce cet événement, il s’agit d’enjeux cruciaux ; ces journées permettront de déterminer des orientations fondamentales pour le futur du chant sacré en terre fribourgeoise.

Je compte sur une belle représentation des personnes concernées par ces enjeux dans le cadre de notre décanat et je les en remercie d’ores et déjà.

Christus Vivit: l’éclairage

Après nous être penchés sur le cœur de Christus Vivit dans le dernier numéro, ce troisième volet de notre éclairage sur l’exhortation apostolique nous propose de nous concentrer sur les troisième et cinquième chapitres du texte. Par Paul Salles
Photo: Fri-soul

L’aujourd’hui de Dieu
Parce que la Bonne Nouvelle du Christ ressuscité est appelée à rejoindre chacun là où il en est, il était bon que le synode se penche sur la réalité actuelle des jeunes : quel est ce monde dans lequel vivent les jeunes ? à quelles réalités sont-ils confrontés ? Il est ainsi relevé que même si l’on peut observer une certaine mondialisation, les réalités sont très diverses selon les pays et les situations dans lesquelles les jeunes vivent. Le pape rappelle aussi qu’il faut se laisser rejoindre par les joies, mais aussi par les souffrances des jeunes à travers le monde, confrontés aux problèmes des guerres, de la violence, de la pauvreté… 

Le pape François retient néanmoins trois thèmes qui ont marqué le synode. Premièrement, il relève le fait que le monde contemporain est un monde numérique, qui façonne en profondeur jusqu’à nos manières de communiquer, de penser et de vivre. Ce changement de paradigme ne peut être ignoré. Il est porteur de nouvelles opportunités formidables, mais aussi de dangers que l’on ne connaissait pas il y a encore quelques années. Vient ensuite le phénomène migratoire qui marque encore et toujours l’histoire de l’humanité et donc des jeunes. Avec lui, son flot de violences, de guerres et de souffrances que les chrétiens sont appelés à rejoindre. Dernier point relevé dans ce chapitre, celui des abus dans l’Église, qu’ils soient sexuels ou non. Exprimant sa honte et son repentir pour les péchés de ses membres, le pape affirme que « ce moment difficile, avec l’aide précieuse des jeunes, peut véritablement être l’occasion d’une réforme de portée historique pour déboucher sur une nouvelle Pentecôte et inaugurer une étape de purification et de changement qui confère à l’Église une nouvelle jeunesse ». (CV 102)

Chemins de jeunesse
Ce cinquième chapitre est une véritable ode à la jeunesse. Non pas que François idéalise les jeunes, mais il manifeste plutôt un émerveillement devant cette période passionnante de l’existence humaine. On sent ici le cœur paternel, toute l’expérience de celui qui se fait un peu le grand-père de la jeunesse du monde. En effet, la jeunesse est décrite comme le temps des rêves, mais aussi comme une période d’anxiété devant la découverte de la responsabilité et des choix à poser. Cette peur, le pape appelle à la sanctifier en la confiant à Jésus qui peut la remplir d’une espérance dépassant la pourtant très belle insouciance de la jeunesse. François invite les jeunes à ne pas se laisser paralyser par les choix à faire ni à se laisser endormir par les apparentes sécurités de ce monde. On retrouve ici des thèmes déjà abordés : « Jeunes, ne renoncez pas au meilleur de votre jeunesse, ne regardez pas la vie à partir d’un balcon. Ne confondez pas le bonheur avec un divan et ne vivez pas toute votre vie derrière un écran. Ne devenez pas le triste spectacle d’un véhicule abandonné. Ne soyez pas des voitures stationnées. Il vaut mieux que vous laissiez germer les rêves et que vous preniez des décisions. Prenez des risques, même si vous vous trompez. […] Ouvrez la porte de la cage et sortez voler ! S’il vous plaît, ne prenez pas votre retraite avant l’heure ! » (CV 143)

À ces défis de la jeunesse, le pape invite à joindre l’amitié avec le Christ : « Tu ne connaîtras pas la véritable plénitude d’être jeune, si tu ne rencontres pas chaque jour le grand ami, si tu ne vis pas dans l’amitié de Jésus. » (CV 150) De cette façon, chaque jeune grandira, et s’épanouira dans une authentique sainteté et pourra être ainsi dans le monde un ferment de fraternité, de réconciliation. Le fruit d’une véritable vie spirituelle se déploiera dans l’engagement social fort et constant au service du bien commun et de l’avènement du Royaume de Dieu. Cet engagement social est également inséparable de l’annonce de l’Évangile. Le Seigneur nous veut tous missionnaires, témoins de la résurrection. Le pape encourage les jeunes à faire l’expérience de la joie de la mission dans nos différents milieux de vie afin qu’avec saint Paul, nous puissions dire : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile. » (1 Co 9, 16)

Les groupes d’Évangile à la maison existent depuis plus de 8 ans

Par Bernard Bovigny
Photo: B. Bovigny

C’est à la suite du rassemblement œcuménique « Festibible » de 2010 à Fribourg qu’ont démarré les groupes d’Évangile à la maison. Le but de ce festival était de mettre la Parole de Dieu à la portée de tous.

Des groupes de découverte de la Bible se sont ainsi formés dès 2011. Agnès Jubin s’est directement mise à disposition et a accueilli chez elle à Pérolles un groupe de six, qui s’est agrandi à neuf, mais jamais davantage pour des raisons d’organisation. « Il était important de sortir des paroisses pour montrer que la maison familiale est aussi un lieu privilégié de partage de la Parole de Dieu », affirme-t-elle. À noter que ces groupes réunissent aussi quelques personnes qui ne participent pas souvent à la messe, mais s’intéressent à l’Évangile.

Lors de chaque réunion, les participants parlent du texte choisi en se basant sur un carnet contenant quelques clés de compréhension. Des rencontres de formation permettent aux animateurs (ainsi qu’à d’autres intéressés) de se familiariser avec les textes proposés. « Un suivi est nécessaire, afin de ne pas dire n’importe quoi », estime Agnès Jubin. 

Le Service de formation du vicariat épiscopal, qui gère les groupes d’Évangile à la maison, en a recensé une vingtaine dans le Grand-Fribourg. « Il y en a même eu davantage, jusqu’à 30 », précise Agnès Jubin, qui n’exclut pas que d’autres groupes fonctionnent actuellement incognito.

Chaque réunion débute par une première lecture chez soi. Puis, ensemble, on essaie de mieux comprendre le texte à l’aide du carnet, avant de se lancer dans un temps de partage où chacun s’exprime librement. Il est important que chacun prenne la parole, « et certains le font plus que d’autres ».

Ce moment de discussion se termine chez Agnès par une petite collation, durant laquelle on prend des nouvelles des familles et on discute d’autres choses.

L’idéal serait que chaque participant cherche à fonder un groupe à son tour. « C’est difficile, car on apprécie d’être ensemble », glisse Agnès Jubin, qui serait d’accord de prendre un nouveau groupe « mais sans laisser tomber l’actuel ». 

La cadence de chaque groupe est libre. Chez Agnès, il se retrouve le vendredi soir, toutes les 5-6 semaines. « Et je sais que certains groupes vont plus à fond dans la découverte de la Bible. » Les gens se réunissent par connaissance mutuelle, et pas forcément par paroisse.

Et si des personnes intéressées ont envie de se lancer dans l’aventure ? Le Service de Formation du vicariat épiscopal se charge de coordonner les demandes.
Personne de contact :
Florence Murphy, 026 426 34 71, florence.murphy@cath-fr.ch 

Les carnets d’Évangile à la maison peuvent s’obtenir :
Pour l’UP Saint-Joseph : à la cure Saint-Pierre
Pour l’UP Notre-Dame : dans les secrétariats paroissiaux

L’église Saint-Pierre à Beauregard, un bijou de l’art déco

Par Natalie Hervieux et Danièle Moulin
Photo: Stéphane Longchamp

Lorsqu’on arpente la rue Saint-Pierre aujourd’hui, on a du mal à s’imaginer que s’érigeait là la chapelle d’un hospice fondé par des chanoines réguliers du Grand-Saint-Bernard dont il est déjà fait mention en 1228. Cet hospice, appelé hospice de Saint-Pierre sur les Places, servait sans doute de refuge aux voyageurs pauvres et aux malades. Lorsque les chanoines se retirent du lieu au début du XVIIe siècle, il deviendra un couvent abritant provisoirement des frères capucins. La petite chapelle de Saint-Pierre sur les Places est démolie au XIXe siècle, la ville de Fribourg subissant de grandes évolutions démographiques et architecturales. À cette époque, Fribourg constitue une seule et même paroisse. Trois rectorats sont institués dans la ville en 1872, dont celui de Saint-Pierre, appelé ainsi en souvenir de l’hospice situé sur les Places. Si le rectorat de Saint-Pierre existe sur le papier, on doit à vrai dire encore trouver un endroit approprié pour son église et sa cure. L’église Saint-Michel devient le lieu de culte provisoire de la paroisse Saint-Pierre. Après de nombreux tâtonnements, un lieu est enfin trouvé en 1928. C’est Fernand Dumas qui remportera le concours pour l’architecture de l’édifice, puis le peintre Gino Severini pour la décoration.

La Remise des clefs de Severini, 1950-1951, 10.5 x 7 m, mosaïque d’émaux-ors-pierres (image 1).

L’actuelle église Saint-Pierre

En face de l’intersection où débouchent l’avenue du Moléson, l’avenue Jean Gambach et le Chemin de Jolimont – artères fréquentées le matin par les nombreux écoliers scolarisés dans les environs – s’élève l’actuelle église Saint-Pierre. Le soir, peu après le passage de ces mêmes écoliers dans l’autre sens, la rosace s’illumine dans le crépuscule hivernal. Si le sanctuaire fait désormais partie du paysage, s’il est même familier pour les paroissiens du quartier, l’on ignore souvent que cette église constitue, en fait, un réel bijou de l’art déco 1, inspiré du futurisme et du cubisme. De fait, Severini a fréquenté durant ses années parisiennes des géants comme Picasso, Modigliani, Braque et Matisse. L’intérieur est également très marqué par le groupe de Saint-Luc. 

Une fois passé le narthex – où les visiteurs curieux peuvent trouver un panneau explicatif et d’excellents fascicules leur permettant de découvrir l’édifice – on débouche dans la vaste et haute nef. Les longs vitraux de Jean-Edward de Castella s’élèvent au-dessus des arcades des collatéraux, ce qui confère à l’intérieur une luminosité plutôt diffuse. En face, l’imposante mosaïque du chœur (cf. image 1). Cette œuvre majeure de Severini représente la Remise des clés au saint patron par le Christ. Scène célèbre de l’iconographie chrétienne, elle se réfère au passage de l’évangile dans Matthieu 16, 18-19 : « Et moi, je te dis que tu es Pierre et que, sur cette pierre, je bâtirai mon Église et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elles. Je te donnerai les clés du royaume des cieux : ce que tu lieras sur terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur terre sera délié dans les cieux. »

Entourant l’apôtre et le Seigneur, le symbole des évangélistes 2 et à leurs pieds, deux scènes bibliques : à gauche, l’eau jaillie du rocher et à droite l’appel des disciples (Mt 4, 19. Il leur dit : « Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. ») Le tout, dans un assemblage de tonalités chères à l’artiste où prédominent le vert pâle, l’ocre et le jaune, rehaussés d’autres couleurs vives. En jetant un regard circulaire à l’église, on s’aperçoit que des dalles au plafond en passant par les fresques et les murs, l’ensemble est pensé à travers l’harmonie de ces couleurs audacieuses. 

À côté de cette œuvre monumentale, de nombreux autres bijoux artistiques honorent de leur beauté le sanctuaire, à tel point qu’il est difficile de choisir où poser son regard. On mentionnera cependant de manière privilégiée le chemin de croix (cf. image 2), dessiné également par Severini. Son art de la mosaïque s’y révèle plus directement à la hauteur du regard du spectateur, même si malheureusement l’éclairage fait un peu défaut. La finesse de chaque station invite à la contemplation, convaincante invitation à redécouvrir la pratique du chemin de croix itinérant. 

1 Issu des mouvements artistiques de la Belle Époque, l’Art déco s’inscrit dans le contexte des Années folles. Il exprime souvent une certaine modernité par des formes géométriques et pures. À ses débuts, l’Art déco, est purement ornemental, puis il est gagné par les ruptures esthétiques irréversibles apportées par le cubisme. (Le Larousse)

2 Le lion pour saint Marc, le bœuf pour saint Luc, l’ange pour saint Matthieu et l’aigle pour saint Jean.

Les œuvres des artistes locaux

Si la patte de Severini prédomine dans l’équilibre d’ensemble, il n’en demeure pas moins que de nombreux autres artistes – notamment locaux et choisis par l’artiste italien – ont collaboré à la décoration de l’intérieur de l’édifice. On relèvera la deuxième chapelle qui est l’œuvre de plusieurs artistes (Emilio Baretta, Cingria, Marguerite Naville, Feuillat). La mosaïque du Sacré-Cœur, chef-d’œuvre important de l’art déco, vaut particulièrement le coup d’œil : elle impressionne tant, nous conte notre guide Monique Pichonnaz, que les enfants qui la visitent en demeurent souvent à distance, fascinés.

On relèvera aussi l’Assomption aux pigeons (cf. image 3), à droite du chœur, qui se distingue notamment par le regard des anges tourné, non pas vers Marie, mais vers les fidèles – détail si typique de l’amour de l’artiste pour « les gens ». Autre caractéristique propre à Severini qui n’est pas sans lien avec cette dernière : son attachement simple aux lieux dans lesquels il a vécu. Cette particularité se lit dans la mosaïque de la sainte Famille, à gauche du chœur, où le visiteur attentif saura reconnaître la cathédrale. 

Pour finir, au fond de la première chapelle, une statue plus récente qui se démarque totalement de l’unité d’ensemble du lieu : Notre Dame de Fatima, offerte par la communauté portugaise fréquentant les lieux. Dressée sur un sobre présentoir moderne, la représentation de la Vierge émeut par les nombreux bouquets de fleurs fraîches dont elle est entourée en permanence, témoignages des gestes tendres qui lui sont accordés.

Remerciements
Natalie Hervieux remercie Monique Pichonnaz Oggier pour ses généreuses et enthousiastes explications. La visite guidée dont elle a pu profiter est également ouverte au public. À bon entendeur ! Pour plus d’informations, contacter directement la spécialiste : 079 686 20 04, monique.po@pwnet.ch

Sources
LAUPER Aloys, De Saint-Pierre à Gambach, les tribulations d’un saint patron, in : Patrimoine fribourgeois no 18, L’église Saint-Pierre à Fribourg, octobre 2008, pp. 4-9.
STRUB Marcel, Les monuments d’art et d’histoire du canton de Fribourg, Tomme III, Éd. Birkäuser, Bâle, 1959. 
Samedi 22 février à 18h à l’église Saint-Pierre, office des vêpres chantées.

Dimanche 23 février à 10h, fête patronale de la chaire de saint Pierre, église Saint-Pierre, Fribourg. La messe sera suivie d’un apéritif.

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