La chrismation

PAR DENIS FORNERONE
PHOTOS : PASCAL VOIDE

Le soleil commençait à peine sa course dans le ciel que nous nous sommes retrouvés pour une dernière répétition en ce matin du 30 avril. La journée s’annonçait belle avec ce petit quelque chose de frais qui annonce un renouveau, celui du printemps de l’Esprit Saint qui allait bientôt nous visiter.

A 16h, la fête pouvait commencer. L’église, joliment fleurie, accueillait familles et amis venus en nombre pour accompagner les confirmands. Sous les doigts experts de Lise Colas, le grand orgue ouvrait la célébration en accompagnant la procession d’entrée, le Christ en tête.

Mgr Alain de Raemy a admirablement présidé, assisté du Père Joël, notre curé. Les paroles de l’évêque sont allées droit au cœur de tous, ne laissant personne indifférent, sachant trouver les mots simples et directs dont chacun avait besoin.

Très émouvante fut la lecture (anonyme) d’extraits de lettres que les confirmands ont adressées à l’évêque afin d’expliquer avec leurs mots pourquoi ils demandaient à confirmer leur foi, révélant ainsi, non seulement une vraie réflexion personnelle, mais également l’importance pour eux de ce qu’ils ont reçu durant ces deux années de catéchèse (rassurant au passage le petit catéchiste que je suis qu’il n’a peut-être pas travaillé en vain).

Qu’il me soit permis, ici, de vous livrer ce qui pour moi restera le sommet de cette célébration qu’a été la chrismation. Me tenant à proximité de l’évêque, j’eus ce privilège, non pas d’entendre les paroles prononcées dans ce cœur à cœur avec les candidats, mais de voir croître de plus en plus sur ces visages, des sourires radieux, particulièrement au moment de recevoir le saint chrême. A mesure que chacun, accompagné, qui de son parrain, qui de sa marraine, défilait devant l’évêque, montait en moi une profonde Action de grâce pour chacun d’eux, produisant dans le profond de mon cœur comme en écho de l’esprit ces mots simples qui constataient pourtant de l’invisible : qu’ils sont beaux. Oui, ils sont beaux ces jeunes, devenus encore plus proches par l’union du Saint-Esprit, ils sont beaux de l’Esprit Saint venu habiter leur cœur et cette beauté transparaissait sur tout leur être.

Nous étions ici au cœur même de l’action divine qui se donne dans la simplicité des mains et des saintes huiles. Cette jeunesse avec qui j’ai pu cheminer, parfois turbulente, parfois plus fermée, qu’ils étaient resplendissants maintenant dans ce moment de vérité (vite, je faisais disparaître une larme écharpée).

Alors, bien sûr, la fête s’est poursuivie comme il se doit, et l’apéro servi au fond de l’église a été fort apprécié grâce à toute l’équipe de volontaire qui l’a préparé et servi. Je profite de les remercier tous chaleureusement au passage, car sans eux, la fête n’aurait pas été aussi belle. Un grand merci, encore, à Sabrina Faraone qui n’a pas ménagé sa peine afin que cette célébration se déroule au mieux, aux musiciens qui ont donné beaucoup de leur temps également dans la préparation, et à toutes les petites mains indispensables qui ont œuvré dans l’ombre, d’une manière ou d’une autre, contribuant au succès de cette belle journée. Je n’oublie pas de remercier le Seigneur lui-même qui nous fait toujours la grâce de sa présence en nos cœurs et qui nous en a particulièrement réjouis en ce jour.

Il y a de l’Esprit Saint là-dessous !

LE BILLET DE PASCAL DESTHIEUX, VICAIRE ÉPISCOPAL | PHOTOS : DR, CATH.CH / BERNARD HALLET

A l’invitation de nos sœurs et frères protestants, de nombreux catholiques genevois se sont rassemblés en la cathédrale Saint-Pierre, ce 5 mars, pour vivre une première messe historique depuis la Réforme. J’ai été profondément touché par la joie et l’émotion que l’on pouvait ressentir dans cette cathédrale archicomble. Parmi les nombreux témoignages reçus après cette messe, j’aimerais vous partager ces messages de deux participantes, une protestante et une catholique. Une paroissienne de la cathédrale a écrit à son pasteur : « Cet événement religieux est à jamais gravé dans ma mémoire. Notre cathédrale était belle, hier soir. Nous étions toutes et tous dans la même ferveur, dans le même Amour du Christ. Cette Foi, nous en avons tellement besoin dans ces tragiques moments que notre monde traverse. Genève a montré au monde chrétien que l’Œcuménisme existe et ce dernier a fait un grand pas en avant. Je suis contente d’avoir vécu ce moment. En rentrant, tous les passagers du tram parlaient de la messe et tous m’ont dit : merci à votre paroisse de nous avoir accueillis. Une religieuse de la Servette m’a dit qu’elle n’aurait jamais imaginé vivre ce moment. Si nous n’avions pas encore quelques restrictions sanitaires, elle m’aurait embrassée. » Et voici le témoignage d’une paroissienne catholique : « Comment décrire à la fois l’émotion, la joie, la simplicité, l’unité dans cette cérémonie historique empreinte d’œcuménisme, de ferveur, de prière, de respect et de délicatesse ? Tout respirait la beauté presque divine et cela portera ses fruits, j’en suis sûre ! Et si Dieu est avec nous au quotidien, cette démarche de l’Eglise protestante a permis de resserrer les liens entre nos deux communautés. A mon avis, bien humbles soient-elles, les prières pour l’unité des chrétiens servent à quelque chose et l’Esprit Saint travaille dans ce sens. »

J’ajoute encore ce message reçu de Fribourg : « C’est le Genevois en moi qui est venu à Genève. Je tenais à être présent (comme je l’aurais été il y a 2 ans). Toutefois, je dois avouer que je suis monté à la cathédrale un peu sceptique. Je m’attendais à tout… sauf à cette joie-là ! Il y a de l’Esprit Saint là-dessous ! »

Jeunes en vadrouille !

PAR THIERRY SCHELLING
PHOTO : SABRINA FARAONE

Joie, rire, faim, prières, jeux, découverte de l’histoire de Saint-Jo, d’une autre Eglise, des autres jeunes, qu’ils ne sont pas seuls dans la foi. (WhatsApp des jeunes en retour de la matinée)

Rassembler les jeunes de nos UP pour élargir leur horizon «paroisse», cela fait sens et fait… Eglise. Ce fut l’initiative de Sabrina et Anne-Marie (l’une coordinatrice en catéchèse pour La Seymaz et l’autre agente pastorale pour Eaux-Vives / Champel), avec les deux accompagnants de confirmands – Jean et Denis – qui a été vécue samedi 2 avril.

Entre Chêne et Saint-Joseph aux Eaux-Vives, l’ambiance s’est bien détendue après des jeux « mise en bouche » ; les jeunes ont petit-déjeuné puis dans le tram 12… la neige tombant en giboulées, pour débarquer dans l’église Saint-Joseph.

Ils y ont vécu en groupes le parcours sur « Combien de saint Joseph à Saint-
Joseph ? » – 27 semble être le chiffre clé ! – avant de se grouper dans la crypte dite Salle R. Damon (sous-sol de l’église) pour un temps de relecture et de pique-nique.

MERCI à chacune et chacun : Joie, rire, faim, prières, jeux, découverte de l’histoire de Saint-Jo, d’une autre Eglise, des autres jeunes, qu’ils ne sont pas seuls dans la foi.

Joli mois de mai…

… propice à une visite à la Vierge dans notre région. Les œuvres d’art la représentant sont partout présentes dans nos églises. Mais je ne suis ni artiste ni historien. Ces œuvres me parlent donc autrement. Sont-elles inspirées? Probablement, vu qu’elles sont inspirantes. Voyons donc ce qu’elles me suggèrent.

PAR PIERRE MOSER | PHOTOS : PIERRE MOSER

Stabat Mater

PAR THIERRY SCHELLING

L’œuvre de Pergolesi chantée dans notre église. Emouvante et tellement… actuelle !

Stabat Mater, «la mère se tient debout». Marie au pied de la croix, comme ces mères et ces épouses et ces fiancées et ces petites amies et ces filles qui tiennent debout malgré les outrages des hommes, les ravages de la guerre, la honte du mariage forcé ou de l’infibulation, le désastre du viol, la plaie de la misogynie… Oui, Stabat Mater dolorosa.

Iuxta crucem lacrimosa, « à côté de la croix, pleurant ». Marie pleure à côté de son Fils moribond, comme ces mères et ces sœurs qui ont vu leurs maris, leurs frères, leurs époux, leurs amis mourir, l’arme à la main, dépérir parce qu’en prison, disparaître parce que cherchant un avenir meilleur ailleurs. Et ils n’en reviennent pas vivants, entiers, apaisés… Oui, iuxta crucem lacrimosa.

Dum pendebat Filius, « pendant que le Fils pendait [au bois de la croix] ». Marie contemple l’ineffable, l’impensable, l’irréel, presque : la chair de sa chair, le fruit de ses entrailles, l’expression de son amour de Dieu et pour Joseph, l’héritier de sa douceur et fermeté… son Fils qui se meurt, cloué alors qu’innocent. Un parent ne devrait pas voir sa progéniture mourir, et pourtant : les enfants abusés, ou malades, ou accidentés à vie, ou handicapés, ou orphelins, ou soldats, ou prostitués de force… Oui, dum pendebat Filius.

Victoire, le Christ mort est ressuscité, le Christ est vivant… grâce à une femme, Marie, et à une autre, première témoin, Marie-Madeleine…

Des propositions…

PAR MYRIAM BETTENS

Photo : DR

… pour donner du sens à son assiette et…

… aider des jeunes à rebondir en mangeant un burger

Une roulotte est installée en plein milieu de la zone industrielle de Plan-les-Ouates. On peut y manger de classiques burgers, également végétariens, et du fish and chips. Rien d’extraordinaire ? Juste de la nourriture qu’on mange sur le pouce à la pause de midi ? La différence avec un food truck classique, c’est l’absence de prix… Ici, chacun paie ce qu’il peut afin d’offrir aux plus démunis la possibilité de manger un repas chaud. L’affaire naissante parvient à tourner grâce aux dons et aux personnes disposées à payer leur repas un peu plus cher. Cerise sur le burger : Francesco Giammarresi, fondateur de l’Action populaire intercommunautaire (API) et gérant de ce restaurant roulant, propose des places de stage à des personnes désireuses de rebondir. Où les trouver : tous les jours au Champ-des-Filles 5, à Plan-les-Ouates.

… manger « gastro » tout en favorisant l’inclusion sociale

Au Refettorio Geneva, les clients financent un repas identique au leur pour des personnes qui n’ont pas les moyens de s’en offrir un décent. Concrètement, le midi, la clientèle est payante, tandis que le soir, elle est adressée au restaurant par diverses associations d’entraide genevoises telles que Partage, l’Armée du Salut, Carrefour-Rue, La Caravane sans frontières, Le Bateau Genève ou Camarada. Ce principe de solidarité gastronomique, beaucoup plus répandu en Italie et en France, avec les cafés et repas « suspendus », a été importé par Walter el Nagar. Ce dernier a ouvert le premier restaurant du genre en Suisse à la fin janvier. L’établissement est également actif dans la durabilité et le zéro gaspillage alimentaire. Pour s’y rendre : Rue de Lyon 120.

… déconstruire les stéréotypes sur la surdité

Un projet novateur de restauration, pour faire évoluer les mentalités, a récemment ouvert ses portes à Genève. Baptisé de l’onomatopée servant à décrire le bruit de moteur d’une voiture, le restaurant Vroom est entièrement géré par des personnes sourdes ou malentendantes. Inclure le handicap dans des espaces de vie, tels que les restaurants, représente ici un premier pas pour lutter contre les discriminations causées par l’inégalité d’accès à la formation et le manque d’informations. Chez Vroom, les clients sont par exemple invités à découvrir la langue des signes en échangeant avec le personnel. Tout l’espace a été conçu de manière à favoriser le contact visuel et la communication (signée ou pas). Maintenan, il ne reste plus qu’à passer à l’étape de l’expérience gustative… et visuelle. Où les trouver : Rue des Rois 13, horaires sont du lundi-jeudi : 6h30-01h, vendredi : 6h30-02h et samedi : 18h-02h.

Impressionnant !

 

PAR THIERRY SCHELLING | PHOTOS : PASCAL VOIDE

Commentaire

Solidarité jamais démentie

Par Frédéric Monnin

Choqué, atteint au plus profond de ma sensibilité… Ces sentiments m’ont envahi à la vue, lors du confinement, de ces files d’attente interminables de gens démunis en quête de nourriture. A Genève !

Emu, mais certainement pas incapable d’agir, car il m’était insupportable, en tant que chrétien, de rester les bras ballants devant cette pauvreté que cette Genève si riche donnait à contempler au reste du monde. Ce virus mettait en lumière une misère que, jusqu’alors, on cachait tel une maladie honteuse.

J’ai donc pris mon téléphone, appelé quelques amis que je savais impliqués dans les distributions de nourriture aux Vernets ou au sein de la Pastorale de rue, et j’ai lancé un appel, conjointement sur ma page Facebook, et par les moyens de communications de la paroisse Saint-Paul. Et les dons sont arrivés : quelques-uns sous forme de versements d’argent, mais beaucoup d’autres en vêtements, nourriture, produits d’hygiène et cartes cadeaux.

Le plus formidable dans cette aventure ? C’est que, aujour­d’hui encore, nos fidèles sont encore et toujours solidaires des plus pauvres, et les heures sombres que nous vivons sont un appel réitéré du Christ souffrant : il a étendu ses bras sur la croix pour embrasser le monde, à nous maintenant d’ouvrir les nôtres, pour mieux accueillir nos sœurs et nos frères désemparés, privés de toit, privés de tout.

 

 

La solidarité est un acte qui révèle le cœur des donateurs et donatrices, mais aussi leur désir de pallier à la peur qui étreint, à l’angoisse qui secoue et à l’incertitude du lendemain devant les événements affligeants qui meurtrissent des voisin.e.s.

Pas une paroisse ou communauté d’Eglise n’a oublié d’ajouter sa part à l’aide et l’assistance des Ukrainiens et Ukrainiennes. Il y a peu encore, personne ne parlait de ce grand pays européen ; aujourd’hui, comme l’a dit le Nonce en Grande-Bretagne au nom du pape François : « Nous sommes tous Ukrainiens. »

D’autant plus que depuis novembre travaille parmi nous un prêtre de rite byzantin, catholique, marié, Sviatoslav Horentskyi – son portrait avait été publié dans le numéro de décembre dernier.

Curé des deux communautés ukrainiennes à Genève et Lausanne, il est également au service de l’Unité pastorale La Seymaz. Il a appris le rite romain et se lance désormais seul pour présider des célébrations dans nos églises de la région.

Il n’y aurait pas assez de pages pour décrire les élans concrets de solidarité dont vous, paroissien.ne.s,
lecteurs et lectrices, avez témoigné au cours des dernières semaines au Père Sviatoslav ; et vous serez heureux de savoir que les biens, médicaments et autres denrées non périssables, sont acheminés tant bien
que mal aux frontières auprès de qui en a besoin.

La prière de ces derniers temps a également été alimentée par le mot « Ukraine », mais aussi « Paix » !

Ce temps de Carême qui va exploser de joie dans le souvenir et la célébration de la Résurrection n’aurait pas de sens si nous ne croyions pas que « mort et résurrection » est le paradigme central de notre foi, de notre vie, de notre espérance.

Modestement, fidèlement, inlassablement, restons vigiant.e.s et solidaires, en paroles, prières, pensées et actes, avec les victimes de tous les conflits : Tigray, Myanmar, Colombie, et – malheureuesement ! – j’en oublie. Et pour faire écho aux paroles de Paul VI à l’ONU : « Plus jamais la guerre ! »

 

 

La foi au service de la vie

Avec une option pédagogique enracinée dans l’incar­nation du Christ, l’équipe de la Formation de l’ECR, a rejoint la catéchèse et le catéchuménat dans une seule entité depuis septembre 2021. Elle contribue activement au développement des compétences des agents pastoraux, prêtres, laïcs et bénévoles œuvrant au service de l’Eglise, ainsi que de toute personne désireuse d’en apprendre davantage sur la foi et l’Eglise.

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTO : SERVICE FORMATION ECR

«Le profil des gens à qui s’adresse la Formation a beaucoup évolué et les demandes sont aujourd’hui plus spécifiques», indique Bruno Fuglistaller. Alors qu’à l’origine il s’agissait surtout de former les agents pastoraux, prêtres et laïcs tout en offrant quelques propositions ouvertes à tous, actuellement le panel de formations proposées s’est élargi, tout comme le public à qui elles s’adressent.

«Nous rencontrons de plus en plus de participants qui désirent connaître les fondements de la foi chrétienne, car il n’y a pas eu de “socialisation ecclésiale” préalable. D’autres sont bouleversés parce que l’Eglise, en tant qu’institution, n’a pas accompagné le changement sociétal. Dès lors, ils demandent s’ils veulent continuer à être chrétiens. Il y a quelque chose de l’ordre de la foi personnelle, mais il y a aussi un vrai questionnement sur l’appartenance institutionnelle», poursuit Guillermo Kerber. Ils ont, par exemple, organisé des parcours de formation pour les auxiliaires de l’eucharistie, sur l’histoire des Eglises genevoises ou encore des ateliers pour approfondir les structures de l’Eglise dans le diocèse et le rôle que chaque chrétien peut y jouer.

Les deux théologiens sont également actifs dans l’enseignement à l’Atelier œcuménique de théologie (AOT) dont chaque volée accueille une soixantaine de participants. Ils suivent, durant deux ans, des cours donnés par des enseignants catholiques, protestants et orthodoxes. « A l’AOT et dans d’autres formations théologiques que nous proposons, nous enseignons la manière de susciter les bonnes questions. Faire théologie c’est ça ! » lance Guillermo Kerber avec emphase. La théologie n’est pas destinée uniquement aux académiciens et aux religieux, bien au contraire. Bruno Fuglistaller abonde : « L’expérience humaine peut à la fois témoigner et découvrir la présence de Dieu dans le monde d’aujourd’hui. »

Au service, mais comment ?

Qu’est-ce que l’« option pédagogique enracinée dans l’incarnation du Christ » ?

Bruno Fuglistaller : La foi ne se situe pas en dehors de la vie. Le Christ s’est incarné, il a accepté de courir le risque d’être un Homme, d’entrer dans l’Histoire. L’expérience humaine peut à la fois témoigner et découvrir la présence de Dieu dans le monde d’aujourd’hui. Cette option pédagogique essaie d’établir le lien entre la foi et la vie. Cela, en portant un regard sur le monde qui révèle la présence de Dieu, son action, l’attente que cette présence suscite et la manière d’y répondre.

Quel « service » apportez-vous aux catholiques genevois dont on ne se rend pas compte ?

BF : Il permet ou aide des femmes et des hommes à prendre des responsabilités pour que l’Eglise soit présente dans différents lieux, tels que les aumôneries ou lors de funérailles, par exemple. Cela leur permet d’être une présence d’Eglise autre que des prêtres ou des agents pastoraux professionnels.

Guillermo Kerber : Le Service de formation n’est pas limité aux frontières cantonales. Nous avons de nombreuses collaborations en dehors de Genève et de Suisse. C’est aussi une façon de montrer la catholicité de l’Eglise, à comprendre dans son sens premier d’universalité.

Populaire ou élitaire ?

PAR PIERRE MOSER

Vatican II a ouvert une brèche dans une foi, disons, obligée… Une foi de désir a désormais pu s’exprimer. Mais elle n’a pas forcément gagné l’adhésion de tout.e.s. Il n’y a qu’à constater les réactions que provoque François à chacune de ses apparitions. Oui, il est très populaire auprès du commun des mortels, mais beaucoup moins auprès d’une partie non négligeable de sa communauté. On lui reproche notamment un manque flagrant de cérémonial, de respect envers des traditions jugées inaliénables.

Une Eglise qu’il a voulue, disons, « dépouillée », alors que d’aucuns auraient été plus à l’aise dans une institution mieux « habillée ». Un paradoxe pour une religion qui base son message sur un certain niveau de détachement. De plus, lesdites traditions remontent péniblement, pour les plus anciennes, à cinq siècles sur les vingt d’histoire du christianisme. Cela signifie-t-il que la religion catholique se doit d’être élitaire ? Qu’une attitude « simple » n’est pas assez méritante ? Qu’il y a des efforts à fournir pour recevoir le don de Dieu ?

Autant de questions qui agitent le microcosme catho. Et qui, pour certaines, sont à l’origine d’une désaffection croissante de nos églises. Cette religion qui demande de mériter Dieu n’est pas si caricaturale que cela. Là où Il n’intervient pas, c’est malgré tout à moi de faire l’effort. Donc oui, quand il s’agit de la peine infligée à mon frère, de l’incompréhension imposée à ma sœur, je me dois de faire cet effort. De mériter leur don d’être comme ils sont. Mais c’est fou ce que ce discours peut être bateau… Entendu 1000 fois, et prononcé par des personnes qui clament haut et fort : faites ce que je dis et non ce que je fais.

Faut-il pour autant forcer le trait vers une Eglise qui n’acceptera pas n’importe qui, et surtout pas n’importe comment ? Pour nous apporter un début de réponse, les références à la gratuité du don peuplent les évangiles : le fils prodigue (Lc 15 11-32) et le serviteur impitoyable (Mt 18 23-35). Mais quel rapport entre élitisme et gratuité ? Ils sont à l’opposé l’un de l’autre : être élitaire consiste à mettre un certain nombre de barrières sur mon chemin pour en éprouver la difficulté, alors que le don ne produit pas ces mêmes obstacles, au contraire, il amène la sérénité et la paix. Reste à savoir ce que nous cherchons…

Ce qui reste de la beauté

TEXTE ET ILLUSTRATION
PAR CLAUDE AMSTUTZ

Chacun de nous est à l’image de Dieu, et chacun de nous est semblable à une icône endommagée. * Cet éclairage du métropolite Antoine Bloom prend un relief tout particulier en cette période de préparation aux fêtes pascales, marquées il est vrai par la fin programmée de la pandémie, mais aussi par les nuages sombres qui pèsent sur l’équilibre géopolitique et humain aux frontières de l’Europe. L’allégresse et l’accablement.

Cette ambivalence sociétale, n’est-elle pas en quelque sorte, le miroir de notre être profond ? Il faut ainsi bien admettre que souvent – même si nous ne passons pas aux actes – la face endommagée de notre personne occupe tout l’écran, surtout face à celle, éblouissante et parfaite du Christ. Indignes, ou pas de niveau, le sommes-nous vraiment ?

Sur le chemin de ce bel Amour éternellement recommencé, si nous en restons là, nous risquons bien d’abîmer, voire d’effacer le message central du Fils de l’Homme par lequel cette histoire d’amour incarnée entre Dieu et les hommes a commencé : « Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. » (Jn 17, 26)

Selon les parcours sinueux de nos existences jalonnées peut-être de blessures, de rejets ou de hontes, ce travail de réparation semble parfois bien long, voire impossible à vues humaines. Et pourtant, les Ecritures peuvent nous y aider ; l’Eglise aussi, par ses prêtres de bon conseil, voire le voisin imprévu assis près de nous à la messe, ou un ami de toute confiance. Sans oublier les sacrements de la Réconciliation et de l’eucharistie.

Un de mes amis m’avoua un jour être toujours contrarié et réticent avant une confession, mais toujours la joie au cœur et libéré après l’absolution… ! Il peut s’en suivre un ardent désir de recoller au regard bienveillant sur les autres, ayant fait la paix d’abord avec soi, par ce formidable élan venu du Christ Lui-même.

Si l’on nous donnait une icône endommagée par le temps, les événements, ou profanée par la haine des hommes, nous la traiterions avec tendresse, avec révérence, le cœur brisé. C’est à ce qui reste de sa beauté, et non à ce qui est perdu, que nous attacherions de l’importance. *

Tel est le regard même de Jésus qui traverse notre pays de l’ombre et nous partage cette folie contagieuse qui veut habiter chaque chrétien qui se sait enfin aimé de Quelqu’un et accepte d’être conduit, rendu meilleur par l’Esprit Saint !

* Antoine Bloom, dans : Guy Gilbert, Mes plus belles prières (Philippe Rey, 2008)

Semaine sainte dans nos deux UP et Saint-Paul

Voici la tabelle des célébrations de la Semaine sainte dans les 6 paroisses de nos deux unités pastorales et à Saint-Paul.
Il y a le choix !

PHOTO : CHRYSTOPHE RAKOTODRANAIVO

Dimanche des Rameaux (10 avril)
9h30 à Thônex
10h à Saint-Joseph
10h30 à Saint-Paul
11h à Presinge
11h à Saint-Joseph
11h à Sainte-Thérèse
18h à Choulex
18h30 à Saint-Paul

Jeudi saint (14 avril)
8h Office des ténèbres à Saint-Paul
19h à Puplinge
20h à Saint-Paul
20h à Saint-Joseph
20h à Sainte-Thérèse

Vendredi saint (15 avril)
8h Office des ténèbres à Saint-Paul
10h à Saint-Joseph
15h à Choulex
15h à Saint-Paul
15h à Sainte-Thérèse
19h Chemin de croix à Thônex

Vigile pascale (samedi soir 16 avril)
8h Office des ténèbres à Saint-Paul
20h à Chêne-Bourg
20h30 à Saint-Joseph
21h à Sainte-Thérèse

21h à Saint-Paul

Dimanche de Pâques (17 avril)
9h30 à Thônex
10h à Puplinge
10h à Saint-Joseph
10h30 à Saint-Paul
11h à Saint-Joseph
11h à Sainte-Thérèse
18h à Choulex

18h30 à Saint-Paul

Faire rayonner la foi

Très discret, le Service de Développement et Communication reste néanmoins la cheville ouvrière de l’Eglise catholique romaine-Genève (ECR). Frédéric Chevalier, son responsable, n’a qu’un souhait: créer des synergies au travers de projets pour faire rayonner l’Eglise à Genève.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : ECR

Frédéric Chevalier ne le cache pas : « L’argent ne tombe pas du ciel et la première mission du service reste clairement de mener des campagnes de recherche de fonds pour financer l’activité pastorale à Genève. » De fait, la séparation claire entre l’Eglise et l’Etat du canton ne permet pas à l’ECR de toucher des subventions ou un impôt ecclésiastique obligatoire comme c’est le cas dans certains autres cantons. Son budget de fonctionnement est donc financé en partie par des donateurs. «Aujourd’hui, un grand nombre de catholiques se situe plutôt dans une catégorie de personnes éloignées de l’Eglise. Nous développons donc d’autres canaux pour entrer en lien avec eux.»

Le service a élargi l’offre digi­tale sur le site internet de l’Eglise en proposant notamment des actualités, des témoignages et réflexions sur des thématiques spirituelles et de foi. Pour se rapprocher des catholiques et des Genevois, des événements sont organisés, lors desquels « l’Eglise sort de ses murs et va à la rencontre des gens ». Des manifestations telles que le festival de films IL EST UNE FOI invitant la communauté genevoise à des rendez-vous cinéma dans les salles obscures du Grütli, ou encore lors de l’exposition de 2020, L’Homme debout, qui a permis aux visiteurs d’admirer cinq expositions d’art et d’écouter cinq concerts de musique classique.

Actuellement, le projet principal du service concerne le financement de l’aménagement de la Maison d’Eglise. Le Vicariat, ainsi que d’autres services de l’ECR, déménagera dans les murs de l’actuel Sacré-Cœur, situé à la pointe de la Plaine de Plainpalais. « Nous voulons vraiment développer ce lieu pour que les pastorales puissent y trouver un lieu accueillant et déploient ainsi leurs activités de manière à faire rayonner encore plus l’Eglise à Genève. » En quittant la colline de la Vieille-Ville, le Vicariat et l’ECR témoignent d’une réelle envie « d’être plus proche des catholiques et simplement des Genevois. Cela tout en offrant un pôle d’échanges, un lieu ressource au centre-ville où les gens pourront venir prier, suivre des conférences et même manger » dans le restaurant qui verra le jour au Sacré-Cœur, conclut Frédéric Chevalier sur son rire communicatif.

Au service, mais comment ?

De quelle manière avez-vous développé l’offre de l’Eglise en contexte de pandémie ?
Frédéric Chevalier:
Nous avons cherché à nous rapprocher de nos fidèles. D’une part, avec le développement des messes du Vicaire épiscopal retransmises sur la chaîne YouTube de l’ECR, mais également par des courriers afin de leur signifier que nous sommes proches d’eux dans cette situation difficile. Nous avons également demandé aux prêtres et agents pastoraux des différentes paroisses d’identifier les personnes qui se trouveraient seules et d’aller à leur rencontre.

Quel « service » apportez-vous aux catholiques genevois dont on ne se rend pas compte ?
FC:
Il s’agit de mettre en lumière ce que font nos agents pastoraux, nos prêtres, nos bénévoles sur le terrain, afin que les catholiques connaissent mieux la pluralité des activités et missions accomplies par l’ensemble des collaborateurs de l’Eglise, en plus des célébrations, soit sur le site internet, au travers du journal Regard ou encore lors des campagnes d’appel de fonds. Nous mettons tout en œuvre pour leur donner la parole sur nos supports de communication.

Jeunes en chemin

On les appelle «catéchumènes» quand ils et elles demandent le baptême, «confirmands» pour le sacrement de la confirmation, et (devinez quoi !) «communiants» pour la première des eucharisties.

PAR THIERRY SCHELLING | PHOTOS : DIVERS

Quand un jeune demande le baptême, c’est (souvent) une catéchiste qui reçoit sa requête et œuvre en réseau (curé, communauté, parents) pour y répondre au mieux : pour marquer notre accueil, le jeune est marqué (on dit « signé ») du signe de la Croix sur le front, la bouche, les oreilles, le cœur et les épaules, pour marquer que c’est le Christ tout entier qu’il va revêtir. Et cela se fait dans le cadre de la communauté (messe) – à Saint-Joseph, c’est une messe de semaine qui a accueilli Joséphine, Gaspard et Néry, et ce sont l’assistante pastorale Anne-Marie Colandrea, et les sœurs Anstena et Aischu, servantes de messe, qui ont posé ces gestes au nom de la communauté paroissiale.

Pour une jeune adulte qui demande la confirmation, telle Maël ou Manon, le chemin est également un échange en duo (avec le prêtre) et en groupe, qui inclut une cérémonie d’accueil de leur demande dans le cadre de la communauté (ce fut fait à Sainte-Thérèse juste avant Noël, un mardi soir), où nous leur avons oint les mains, instrument par excellence de « mise en pratique » de leur foi de confirmands.

Dans notre région pastorale, le nombre d’adultes demandant le baptême et / ou la confirmation a tendance à croître ; l’ère Covid nous a permis de cheminer en petits groupes, dans la communauté locale et de ne pas planifier de grands raouts… qui souvent sonnent la fin de leur participation ! Car les sacrements se vivent en chemin, et ne sont pas le terminus du voyage !

Je crois que Dieu est là lorsque je rencontre des bonnes personnes dans ma vie.
Je crois que Dieu est là lorsque j’ai des douleurs. Il m’écoute, il me soigne et me redonne de la force.
Je crois que Dieu se manifeste à moi lorsque j’ai peur, lorsque j’ai mal,
lorsque j’ai des doutes et que j’ai besoin d’aide pour me retrouver.
Je crois que Dieu soigne mes maux, qu’ils soient gros ou plus petits.
Qu’il est mon seul ami lorsque la vie est plus dure et qu’il est toujours là pour m’écouter.
Je crois que Dieu m’a aidée dans mes études, dans mon travail actuel et dans ma future vie
professionnelle. Qui me motive à poursuivre mes rêves et à ne jamais rien lâcher.
Je crois que pour tout ce que Dieu m’apporte dans mon quotidien,
je me dois de faire un pas de plus avec lui.

Manon Desjacques

Catéchuménat des enfants

Voici deux témoignages de trois jeunes filles de la paroisse Saint-Paul, qui répondent à cette question :
Pourquoi demandes-tu à être baptisée?

1. «Nous demandons le baptême parce que nous croyons en Dieu et que nous voulons nous rapprocher de Lui.»

Chloé, 14 ans, et sa sœur Alix, 11 ans

2. « Je veux accueillir Dieu dans ma vie. Je voudrais que Dieu m’accompagne. »

Alexa Vidal Durand, 9 ans et demi

Un temps deressourcement…

… et de formation

LE BILLET DE PASCAL DESTHIEUX, VICAIRE ÉPISCOPAL | PHOTO : DR

Vous prenez une année sabbatique ?

– Non, pas une année, seulement quatre mois.

Vous allez vous reposer ? Partir loin ?

– Il ne s’agit pas de prolonger mes vacances, mais d’un temps de ressourcement et de formation qui permettra d’exercer encore mieux mon prochain ministère.

En effet, chaque agent pastoral, prêtre ou laïc, peut demander, après huit ans de ministère, un temps sabbatique de quatre mois (non cumulable). Il établit un projet, le présente au Service de la formation du canton, en vue d’une validation par le Conseil épiscopal. Dans la pratique, il n’est pas si facile de prendre ce temps sabbatique en pleine activité, car nous n’avons pas de « remplaçants » attitrés. Un changement de ministère peut offrir une belle opportunité pour ce temps de ressourcement.

C’est donc ce que je vais faire avant de laisser la charge de vicaire épiscopal, l’été prochain. Pendant ce temps sabbatique qui commence ce 1er mars, j’irai visiter des lieux d’Eglise novateurs et inspirants, comme la basilique du Sacré-Cœur à côté de la gare de Grenoble, les maisons d’Eglise dans le diocèse du Havre, les différents « tiers-lieux » d’Eglise qui offrent une pastorale complémentaire aux paroisses dans le diocèse de Lille. Je vous en parlerai probablement dans un prochain billet. Je profiterai de ce temps sabbatique pour écrire un quatrième livre : j’aimerais raconter aux jeunes comment va se passer leur messe de confirmation. Je cheminerai aussi une quinzaine de jours depuis Genève vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Pendant ces quatre mois, les affaires courantes du vicariat seront gérées par mes adjoints Isabelle Nielsen et Michel Colin.

Vous le voyez, le temps sabbatique fait partie de la « formation permanente ». Les agents pastoraux sont également invités à prendre une semaine chaque année pour des formations, en plus des sessions cantonales et diocésaines et je les y encourage car cela nous permet d’améliorer la qualité de notre ministère à votre service. C’est d’ailleurs valable pour toute personne. Alors, recevez ce billet comme un encouragement à prendre du temps pour votre propre « formation permanente » !

Quelle vocation ?

PAR THIERRY SCHELLING
PHOTO : DR

Dieu ne (se) trahit jamais et appelle chaque baptisé.e à vivre de sa vocation de base : on pourrait dire laïque. Oui, avant tout, l’Eglise, ce sont les laïcs qui sont appelés à louer, servir et révérer Dieu par leur service de l’autre et leur relecture d’eux-mêmes. Au quotidien. Par les mille et une façons que l’humain a de vivre: métier, amour, passion, prière… Et les religieuses et religieux discernent à partir de cette vocation de base un appel spécifique. Que trois vœux (parfois quatre) viennent scander tout au long de leur vie. Jusqu’au jour où l’un ou l’autre n’épanouit pas, ou plus.

Alors on quitte les Ordres, et s’oriente différemment, non sans mal. Mais toujours appelé.e à vivre sa vocation de baptisé.e, qui, elle ne souffre d’aucune rupture. Et mûrit à chaque étape de l’existence…

On parlait de « défroqué » au temps où le moine portait le froc ! Mais l’expression est définitivement désuète. Désormais, nous portons toutes et tous des jeans !

A prier pour les vocations, on ne saurait cependant être trompé par Dieu : 400 agentes et agents pastoraux laïcs dans notre diocèse de LGF ! La moisson abondante peut s’enorgueillir d’ouvrières et ouvriers nombreux ! Regardons au bon endroit la réponse de Dieu !

La joie de l’amour

Pour se rendre présente auprès des couples et des familles tout au long de la vie, tant dans les moments de joie que de difficulté, l’Eglise Catholique Romaine à Genève propose un lieu d’accueil, d’écoute et d’accompagnement ouvert à tous. Rencontre avec la pastorale familiale.

PAR MYRIAM BETTENS
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Le pape François a initié dès le début de son pontificat une importante réflexion concernant les familles dans l’Eglise d’aujourd’hui. De cet examen émane une exhortation apostolique parue en 2016, connue sous le nom d’Amoris Laetitia. Le pontife a réactualisé cette intuition en instituant une année de la famille qui a débuté le 19 mars dernier. L’intention étant de pousser les paroisses, les communautés et les églises locales à prendre soin en priorité des familles, quelles que soient les formes qu’elles prennent.

« Nous avons comme mandat de favoriser la présence de l’Eglise auprès des familles, notamment celles qui sont en chemin avec Dieu et qui ne se retrouvent peut-être pas dans une communauté paroissiale » précise Anne-Claire Rivollet. Un des grands axes de cette pastorale se situe autour de la préparation au sacrement du mariage pour les fiancés. « Nous avons également développé des propositions pour les personnes divorcées, car il existe encore des gens qui pensent, à tort, que s’ils ont rompu le lien du mariage, ils ne peuvent plus venir à l’église », développe la responsable de la pastorale des familles. Ainsi il est proposé des espaces de parole qui offrent à « toutes ces personnes la possibilité de venir déposer leurs soucis et discerner la présence de Dieu dans leur vie. »

Depuis le printemps dernier, la pastorale a ouvert un service d’un genre nouveau : Et si on se réconciliait ? Derrière cet intitulé se cache une proposition d’accompagnement, d’accueil et d’écoute pour la communauté LGBTIQ+ et leurs familles. « Parce que l’homosexualité et l’Eglise sont des réalités qui ont besoin de se réconcilier. Les uns avec les autres, mais aussi avec eux-mêmes, puisque Dieu a un projet d’amour pour chacun, quelle que soit sa situation matrimoniale ou familiale. L’Eglise se doit d’être présente auprès de tous.

De manière plus globale, « la société s’occupe du lien au niveau administratif, au niveau civil. Mais comment alimente-t-on ce lien pour en saisir la teneur ? Comment permettre à la famille de dépasser les temps de tension ou de difficulté ? » Anne-Claire Rivollet pointe la question du sens des relations aujourd’hui et affirme que « l’Eglise voit naitre pour elle une véritable vocation pour aujourd’hui : offrir des repères et l’espérance nécessaire pour développer une vie de couple, de famille qui soit porteuse pour la société ».

 

Au service, mais comment ?

Une chose que la pastorale familiale accomplit et dont on ne se rend peut-être pas compte ?
Anne-Claire Rivollet : Il y a un vrai travail intra-ecclésial autour de la question de l’homosexualité et nous venons de le débuter, à un niveau local. Pendant longtemps, l’Eglise a condamné certaines identités de genre. Aujourd’hui ce n’est plus possible de nier notre corps sexué. La pastorale des familles a initié ce travail-là : aider chacun à s’accueillir comme une personne, avec une identité sexuelle, des désirs, tout en sachant qu’il / elle est entièrement aimé de Dieu.

Quel « service » apportez-vous aux Genevois de manière générale ?
A-CR : Nous espérons pouvoir contribuer à un changement d’image de l’Eglise, qu’elle soit perçue non comme un lieu d’exclusion ou de moralisme, mais comme un lieu-source pour vivre ensemble.
La réconciliation est l’enjeu de cette quête : que dans tous les lieux de relations, en particulier ceux de la famille et du couple, nous puissions favoriser une pastorale du lien. Et que chacun se sente aimé de Dieu et reconnu par l’Eglise.

Noël dans l’Eglise ukrainienne

TEXTE ET PHOTOS PAR SVIATOSLAV HORENTSKYI

En Ukraine, l’Eglise gréco-catholique suit le calendrier julien (l’ancien calendrier), par conséquent, la fête de Noël tombe le 7 janvier. Cependant, certaines communautés de la diaspora ont adopté le calendrier grégorien ou même le calendrier julien révisé qui combine en quelque sorte l’ancien et le nouveau calendrier. Par exemple, nous fêtons Noël le 25 décembre à Genève, tandis que nous le célébrons le 7 janvier à Lausanne. Hormis cette différence de date, nous fêtons la Nativité du Christ comme tous les Chrétiens du monde, mais il est vrai que nos traditions lui confèrent une saveur toute particulière.

D’abord, la période de l’Avent est pour nous importante, puisque l’on se prépare à accueillir le Sauveur par la prière et un jeûne de quarante jours.

La veille de Noël, la tradition ukrainienne veut que l’on partage un repas composé de douze plats sans ingrédient laitier ni animalier. Le soir, les familles se rendent à l’église pour prier les grandes complies et ainsi entrer dans le mystère de la Nativité. De retour à la maison, elles s’attablent, allument une bougie, signe de la présence de Dieu, et commencent le dîner par une prière. Puis le chef de famille partage la « Koutia », un plat incontournable de Noël composé de blé bouilli, de graines de pavot, de noix, de raisins secs et de miel. Chacun doit également goûter aux douze plats de Noël qui symbolisent les douze apôtres. Puis, l’on entonne généralement les « koliadky », des chants traditionnels de Noël.

Le jour de Noël, les enfants ne déballent pas leurs cadeaux puisqu’ils l’ont déjà fait à la Saint-Nicolas. Les gens vont de nouveau à l’église pour vivre la Divine Liturgie de la Nativité du Christ. Tout le monde se salue joyeusement en disant « Christ est né » et en répondant « Glorifions-le » (et nous nous saluons ainsi jusqu’à la fête de la présentation de Jésus au Temple). La journée se poursuit ensuite en famille autour d’un repas festif.

Nous avons également une tradition très répandue qui consiste à former des crèches vivantes ambulantes. Des familles entières ou des groupes d’amis inventent ou empruntent des scénarios, endossent les costumes de personnages bibliques et vont de porte en porte pour annoncer et raconter la naissance de Jésus et chanter les koliadky. Ainsi, l’esprit de Noël nous accompagne encore durant plusieurs semaines.

L’espoir face à la pandémie

PAR LE FRÈRE ANIEDI OKURE OP, DÉLÉGUÉ PERMANENT DE L’ORDRE DES PRÊCHEURS AUPRÈS DES NATIONS UNIES, PROMOTEUR GÉNÉRAL DE JUSTICE ET PAIX (OP)

Lorsque Jésus a commencé son ministère public, les foules étaient remplies d’espoir, l’espoir d’être libérées de l’oppression, de l’occupation coloniale, de la taxation forcée, de la pauvreté. Aussi, lorsque Jésus a proclamé que Dieu l’avait oint pour apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres, la liberté aux captifs, la vue aux aveugles, la délivrance aux opprimés… (Lc 4, 8-9), il a dû attirer l’attention de ses auditeurs qui espéraient un libérateur de la puissance des ténèbres (Ac 10, 38).

La pandémie de covid a jeté un trouble sur nos vies, nous faisant aspirer à la libération des incertitudes qui nous affligent. Cependant, elle a également mis à nu le voile de ténèbres qui obscurcit les lignes d’exclusion et fait éclater au grand jour une injustice structurelle. Elle a révélé un monde marqué par de subtils programmes nationalistes et d’exclusion, par une mentalité grandissante du « nous et eux ». Même l’effort de collaboration pour s’attaquer à la pandémie a donné la priorité à des segments du monde plutôt qu’à d’autres, exposant davantage l’idéologie qui façonne notre perception de certains segments de la famille humaine.

Malgré les incertitudes auxquelles nous sommes confrontés, ce dévoilement est une bonne chose, car il a réveillé chez beaucoup un véritable esprit humain et une reconnaissance de notre interconnexion en tant que membres d’une même famille humaine. Il est réconfortant de constater que les gens s’impliquent de plus en plus dans la promotion de la justice et de la paix.

Afin de canaliser ces prises de conscience dans la bonne direction pour un plus grand impact, nous devons reconnaître que nous sommes intimement membres de notre société dont l’environnement social s’insinue dans notre pensée et notre comportement. Cela nous permettra de contrer les idéologies qui mettent à mal une approche intégrale de la vie : justice et charité, vie de prière et action publique en faveur des plus vulnérables, foi chrétienne et plaidoyer pour changer les structures de l’injustice. Cela nous aidera à réconcilier l’état d’esprit qui oppose un pan de la société à un autre et un ministère de l’Eglise à un autre, comme si le Christ était divisé (1 Co 1, 12-13) et contribuera à créer un monde meilleur que nous espérons.

Un tel état d’esprit nous permettra de surmonter ce qui semble être un schisme clandestin au sein de l’Eglise qui, à y regarder de près, trouve ses racines dans les divisions de la société. Il nous donnera les moyens de vivre notre mission de contre-culture, d’édifier la société avec les valeurs de l’Evangile afin que tous puissent vivre en sœurs et frères, qui découvrent le visage du Christ dans chaque personne rencontrée et dans chaque femme une sœur et dans chaque homme un frère ; de travailler activement à amener les membres de la famille humaine relégués aux « marges de la vie et de la société » dans le cercle familial du peuple de Dieu.

Genève, symbole de l’« unité mondiale » des Nations Unies, centre de promotion et de défense des droits de l’homme dans le monde, témoigne des efforts des frères dominicains de Salamanque qui ont pris l’initiative de défendre les droits des peuples indigènes des Amériques en appliquant les lois espagnoles au-delà des frontières de l’Espagne et en faveur des personnes abusées. Leurs efforts ont jeté les bases de la Société des Nations (ONU). La Délégation de l’Ordre auprès de l’ONU – Dominicains pour la Justice et la Paix poursuit cette tradition. La Divine Providence a voulu que la paroisse confiée aux Dominicains à Genève soit placée sous le patronage de saint Paul, le premier apôtre à dépasser la communauté fermée pour atteindre les « exclus » en dehors de Jérusalem. Puissions-nous travailler ensemble pour façonner un monde meilleur !

Espérer contre toute espérance

TEXTE ET PHOTO PAR CLAUDE AMSTUTZ

Avec Noël, la vie divine s’unit à la vie humaine. L’arbre de Noël évoque donc la renaissance, le don de Dieu qui s’unit à l’homme pour toujours, qui nous donne sa vie. Les lumières du sapin rappellent celles de Jésus, la lumière de l’amour qui continue de briller dans les nuits du monde. C’est par ces mots que notre pape François, recevant en décembre dernier les délégations péruvienne et italienne, rappelait le sens profond de ces symboles de Noël, porteurs d’espérance dans le secret de nos cœurs, de nos familles, de nos communautés.

Ce message a été entendu, comme chaque année – sauf en 2020 en raison de la pandémie – lors de la célébration œcuménique à la Résidence EMS des Bruyères, avec le pasteur Joël Stroudinsky et les animateurs du lieu, auprès des plus fragiles, mais aussi des plus attachants de nos proches, ces autres visages de Dieu.

Célébration de la Parole avec l’annonce de la Bonne Nouvelle dans saint Luc, des chants traditionnels rappelant nos origines, nos racines ; nos souvenirs de jeunesse dissipant pour un temps les brumes environnantes de la pandémie et les parasites des temps actuels, avec leur cortège de mauvaises nouvelles dont les médias et les réseaux sociaux sont si souvent les multiplicateurs.

Eteignons, pour quelques instants, nos portables, nos radios, nos téléviseurs et ouvrons nos yeux sur le monde qui nous entoure avec le regard aimant de la Vierge Marie sur son Enfant. Alors, peut-être, découvrirons-nous que les miracles petits ou grands ont lieu tous les jours comme au temps de Jésus et que les moments heureux – comme le Noël à la Résidence EMS des Bruyères – sont une histoire qui commence, loin de la confusion ambiante qui veut nous voler notre espérance.

Le monde tient debout par ce réseau d’amour que nous créons, vous et moi, chaque jour, et tous ces êtres qui, en cet instant, sont en train de faire quelque chose, des actes d’amour dans le monde, un regard de tendresse pour la terre qui nous entoure, pour la création. Cela tient le monde debout. Il ne s’agit pas de se détacher du monde, mais de le rencontrer à partir d’une autre force… (Christiane
Singer, Du bon usage des crises, Albin Michel / 1996).

Nous sommes des êtres de désir

LE BILLET DE PASCAL DESTHIEUX, VICAIRE ÉPISCOPAL | PHOTOS : DR

Nos plus profonds désirs sont la preuve même de l’existence de Dieu, affirme Sophia Kuby, dans un magnifique petit livre « Il comblera tes désirs. Essai sur le manque et le bonheur ». J’ai eu la joie de rencontrer cet été cette jeune théologienne allemande, qui travaille comme formatrice de leaders chrétiens chez ADF (adfinternational.fr).

Elle commence par cette constatation : nous sommes faits de désirs. De grands désirs. Nous ne sommes jamais pleinement satisfaits, nous ne serons jamais entièrement comblés. Même quand nous obtenons ce que nous espérions, il nous arrivera tôt ou tard de désirer d’autres choses. Mais il est bon que nous ayons ces profonds désirs en nous, car c’est ce qui nous rend réellement vivants et nos manques sont le moteur de beaucoup de nos actions. Une certaine spiritualité chrétienne visait à réfréner tout désir, avec le risque de devenir des personnes éteintes. Nous cherchons à apaiser notre désir insatiable par la consommation, la distraction, la recherche de plaisirs. Mais, en fait, notre désir est infini. Comme croyants, nous voyons que seul Dieu peut réellement nous combler et nous croyons qu’il veut notre bonheur. Nos désirs d’infini nous ouvrent à plus grand que nous et au bonheur du Ciel. L’enjeu dès lors est d’orienter vers Lui nos manques et de renoncer à des ersatz de bonheur pour qu’Il puisse nous combler entièrement.

Voilà qui peut éclairer notre Avent, temps de l’attente et de l’espérance, comme le chante magnifiquement cet hymne :

« Voici le temps du long désir,
Où l’homme apprend son indigence,
Chemin creusé pour accueillir
Celui qui vient combler les pauvres.
L’amour en nous devancera
le temps nouveau que cherche l’homme ;
Vainqueur du mal, tu nous diras :
Je suis présent dans votre attente. »

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