Jeux, jeunes et humour – octobre 2023

Par Marie-Claude Follonier

Question jeune

Quel est le « boulot » des anges gardiens ?
L’essentiel de leur vocation consiste à contempler Dieu et chanter sa louange, non sans lien avec la mission de l’Eglise. Dans la Bible, ils ont le rôle d’envoyés. Chacun a, à ses côtés, un ange comme protecteur et pasteur pour le conduire à Dieu. Ne l’oublions pas lorsqu’on les fête le 2 octobre.

par Pascal Ortelli

Humour

Une patrouille de police est intriguée par une voiture qui zigzague dangereusement. Parvenu à la hauteur du véhicule, le gendarme fait signe au conducteur de se rabattre sur le côté.
– Bonjour Monsieur, est-ce que vous auriez abusé de la dive bouteille ?
– Deux ou trois verres, mais pas grand-chose. 
– Je me vois obligé de vous demander de souffler dans le ballon.
Le conducteur s’exécute, mais commence par enlever ses lunettes.
– Je ne vous ai pas demandé d’ôter vos lunettes, Monsieur, mais de souffler dans l’alcootest.
– Vous savez, Monsieur l’agent, deux verres en moins, ça compte !

par Calixte Dubosson

Connexion

Par l’abbé Jean-François Luisier
Photo : CC Linnaea Mallette

« Je connais des gens qui ont traversé les évangiles mais n’ont pas été traversés par l’Evangile ! »

Le journal d’octobre nous laisse émerveillés au milieu des couleurs d’un bel automne. Colorée tout autant, la délégation des jeunes du Valais qui sont allés aux JMJ : ils sont revenus, eux aussi, avec des couleurs plein la tête. Celles des drapeaux et des bannières qui ont symbolisé toutes les nations réunies en Dieu. « Nous sommes catholiques, nous sommes universels ! », répétaient nos évêques.

Le quotidien de ce pèlerinage planétaire était, pour les groupes de jeunes parsemés dans tout Lisbonne, de chercher le matin la nourriture de l’âme et celle du corps : trouver la catéchèse dans la bonne langue et puis le bon resto où la queue ne serait pas trop longue. Bel enthousiasme et belle parabole pour notre nouvelle année pastorale : chercher les bonnes nourritures du corps et de l’âme. Un évêque là-bas nous disait : « Je connais des gens qui ont traversé les évangiles mais n’ont pas été traversés par l’Evangile ! »

Le dossier du mois d’octobre nous rappelle les perpétuelles mises à jour de la catéchèse dans ses moyens pour que les enfants et les familles se laissent saisir par de belles conversations avec Dieu. Serons-nous traversés dans le cœur par la Parole du Christ ? Traverserons-nous nos week-ends à l’écoute de ce que Dieu nous dit par la liturgie ? Vivrons-nous nos repas du dimanche, la nourriture du corps et de l’esprit de famille en goûtant d’abord à l’antipasto : la liturgie de la parole et du pain offerte par l’Eglise à l’église la plus proche ?

« Vous devez savoir en quoi vous croyez ; vous devez connaître votre foi avec la même précision avec laquelle un spécialiste en informatique connaît le système d’exploitation d’un ordinateur, vous devez la comprendre comme un bon musicien connaît sa partition. » (Benoît XVI)

Bon courage pour balayer les feuilles d’automne… Bonne route dans ce magazine pour se reconnecter à L’Essentiel !

Entre deux mondes

Jean-Pierre Voutaz est également l’auteur de plusieurs publications sur l’histoire de l’Eglise et celle du Grand-Saint-Bernard.

Lieu de passage privilégié entre l’Italie et l’Europe, l’Hospice du Grand-Saint-Bernard, avec sa vocation d’accueil millénaire, vient d’ouvrir une année jubilaire pour fêter le centenaire de son saint patron, protecteur des alpinistes et des habitants de la montagne. Interview alpestre avec le nouveau prévôt, Jean-Pierre Voutaz.

Par Myriam Bettens | Photos : Jean-Claude Gadmer

Votre nomination en tant que nouveau prévôt coïncide avec le jubilé de la proclamation de saint Bernard. Que nous réservez-vous en termes de festivités ?
Jean-Pierre Voutaz – Le jubilé concerne à la fois le 900e anniversaire de la canonisation de saint Bernard et le centenaire de sa proclamation en tant que protecteur des habitants et voyageurs des Alpes. Chose assez exceptionnelle pour l’époque, il est le premier saint patron d’une activité touristique. Les festivités seront en rapport avec les gens qui passent sur le col : botanistes, guides, etc. Nous prévoyons aussi des conférences d’histoire ou encore des spectacles. Quelque chose de totalement déjanté qui ne correspond pas à l’idée que l’on se fait d’une communauté religieuse. (rires)

Bientôt millénaire, comment l’hospice a-t-il dû se réinventer au fil de l’histoire ?
JPV – Déjà sa fondation est une refondation. La première communauté assiste ceux qui transitent par les Alpes depuis Bourg-Saint-Pierre. Puis tout le monde est liquidé au Xe siècle…Au XIe siècle, avec l’expansion du commerce, il faut trouver comment aider les gens à ne pas mourir en montagne. L’idée est de fonder une maison au sommet de l’endroit le plus dangereux du monde à l’époque et d’y habiter. La communauté a pour devise : « Ici Christ est adoré et nourri » et celle-ci a constamment été réadaptée au cours de l’histoire afin de poursuivre la mission première de rencontre et de dialogue avec les gens qui passent.

La situation géopolitique de l’hospice était également essentielle et très disputée au cours des siècles…
JPV – L’hospice se trouve dans une zone tampon entre la papauté et l’empire et il y a eu quantité de tensions au cours des siècles. Un point de frontière entre l’Eglise, le monde et les différentes mentalités. Malgré les changements dans la politique et la religion, il y a toujours eu un dialogue actif avec le monde et ses intérêts. Je pense que c’est parce que nous sommes, d’une part, de droit pontifical [ndlr. dépendance directe du Pape] et, d’autre part, le danger que représente la montagne offre une liberté de dialogue qui rend les convictions « secondaires ».

Entre le col du Grand-Saint-Bernard et celui de Latza au Tibet, sur lequel la congrégation possédait aussi un hospice, peut-on vous considérer comme un ordre attaché à la montagne ?
JPV – Oui, il y a vraiment un attachement à la montagne et dans cette difficulté à transiter, mais aussi à ce lieu où l’on perd la carapace, les apparences. On se met à transpirer, à sentir des pieds et quelle que soit la classe sociale, on arrive tous dans le même état de fatigue. (rires)

De quelle manière le saint-bernard (le chien) a-t-il contribué à la création du mythe ?
JPV – Les chiens du Saint-Bernard sont à l’hospice depuis la fin du 17e et commencent à être connus durant la Révolution française. Quand vous êtes poursuivis par des corps d’armée qui veulent votre peau pour toutes sortes de raisons, mais que vous êtes accueillis dans une maison ou non seulement vous êtes chez vous du point de vue des humains et même des animaux, il y a une expérience existentielle tellement forte qu’elle s’est propagée dans le monde entier. Nous sommes sur cette frontière entre l’Eglise et le monde depuis bientôt mille ans… Un lieu où la dignité humaine est une expérience et non pas de la théorie.

A livre ouvert

Jean-Pierre Voutaz est né le 4 avril 1973 à Sembrancher, il a obtenu une maturité scientifique au collège de Saint-Maurice avant d’intégrer la congrégation des Chanoines réguliers du Grand-Saint-Bernard. Il poursuit sa formation en théologie à l’Université de Fribourg, puis auprès des Archives apostoliques du Vatican. Depuis 2015, il est responsable de la formation religieuse pour la congrégation. Il est également l’auteur de plusieurs publications sur l’histoire de l’Eglise et celle du Grand-Saint-Bernard.

L’Hospice avait pour but premier d’aider les gens à ne pas mourir en montagne.

Sacrements de guérison

Texte et photo par Marius Stulz

Croix ancienne de l’église d’Aumont-Aubrac (GR65).

Le thème du journal de ce mois portera sur la trame « médecin et chrétien ».

Il est très étonnant de voir combien les grandes figures du christianisme : la petite Thérèse, Bernadette Soubirous, Bienheureux Frédéric Ozanam, Marthe Robin, saint Damien, saint François d’Assise et même notre sainte Glânoise, Marguerite Bays, ont souvent dû lutter contre des maladies de toutes sortes et ceci malgré leur proximité avérée et leurs liens très étroits avec le Seigneur. Sainte Bernadette de Lourdes a même reçu un message étonnant de Marie : « Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde, mais dans l’autre. » Maladies, handicaps et souffrances ne sont pas absents de la vie chrétienne.

Et pourtant nous avons reçu deux magnifiques sacrements de guérison : le sacrement de la réconciliation et le sacrement des malades.
A travers eux et par d’autres manières encore, Jésus nous soigne et nous guérit même parfois. Certes, Jésus est notre médecin, il a guéri de nombreux malades, nous pouvons lire de nombreux témoignages dans les Evangiles et il guérit encore aujourd’hui pour le bien de l’Annonce de sa Bonne Nouvelle ; mais surtout, il guérit notre être profond, notre âme ; il guérit notre force intérieure de vie persécutée par le mal auquel nous avons succombé ou que nous subissons. Par le pardon il nous libère des conséquences désastreuses du mal dans nos vies et par le sacrement des malades il nous offre sa force, son Esprit d’Amour qui nous permettra d’affronter toutes les épreuves auxquelles nous sommes appelés à faire face dans nos vies. Grâce à lui et avec lui, nous savons que dans n’importe quelles situations de souffrance, comme pour lui sur la croix, il nous donne son Esprit d’Amour qui nous permettra de transcender la souffrance, de passer au-delà de nos blessures, pour laisser à ce qui est vie en nous prendre la première place, pour mettre au centre la force d’Amour qui nous permettra de tenir debout malgré nos paralysies, nos béquilles, nos tumeurs et nos désespoirs.

L’espérance revivifiée qui n’est autre que le renouvellement de la confiance au Christ, reste le chemin de guérison le plus accessible et le plus efficace pour tous. Il nous guérit intérieurement, nous ouvre aux autres et nous permet d’accueillir l’aide de nos frères dont nous avons besoin, quels que soient leurs charismes et leur spécialisations médicales ou autres.

Bon chemin de guérison à tous, bonne route avec le Christ.

Vitraux de la chapelle de la Pelouse à Bex (Vaud)

Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer

La chapelle de la Pelouse accueille de grandes baies à hauteur de regard qui permettent au visiteur de méditer sur un chemin de croix lumineux.

Au centre de l’œuvre, attribuée à Emma Segur Dalloni, se trouvent trois femmes. Il s’agit en effet de la huitième station. Le Christ, ici symbolisé par le bois de la croix, déclare : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants. » (Luc 23, 27-31)

Quel est donc ce « moi » et ce « vous » que Jésus pose devant les femmes ? On considère traditionnellement que le Christ les invite à pleurer sur leur péché. Mais, est-ce une simple mise en garde avant le Jugement ? 

L’artiste a choisi de ne pas inscrire les phrases qui accompagnent cette station, mais de leur préférer la deuxième béatitude (Mt 5, 4). Il y a là plus que le lien entre des versets qui parlent de pleurs.

Certains courants psychologiques définissent les émotions selon l’action qu’elles entraînent. La colère pousse à l’approche, la peur à la fuite, mais la tristesse stoppe tout élan. 

Se mettre en mouvement

Dans sa traduction de l’Evangile, Chouraqui préfère l’expression : « en marche » au plus habituel : « bienheureux ». La clef est peut-être cette invitation à se mettre en mouvement. En effet, le Christ n’est pas dans le jugement qui enferme. Il invite constamment à un pas supplémentaire. 

Ainsi, nous pourrions entendre Jésus demander aux femmes de Jérusalem que la douleur qu’elles ressentent les mette en mouvement. Là où Il va, elles ne peuvent pas Le suivre, mais elles peuvent poser un autre regard sur leur vie pour, à leur tour, aimer jusqu’au bout.

Après sa Résurrection, le Seigneur demande d’ailleurs à Marie-Madeleine de ne pas Le retenir parce qu’Il doit aller vers le Père (Jn 20, 17).

La béatitude citée ici invite ceux qui pleurent à se mettre en mouvement grâce à la certitude qu’ils seront consolés. 

Le chemin de croix est une méditation en mouvement. C’est une invitation à marcher pour contempler l’amour du Christ pour nous. Après la pause de l’été, laissons-nous donc déplacer.

Médecin et chrétien

Baptême en notre église.

Par l’abbé Vincent Roos | Photo : DR

Médecine et chrétienté sont (trop) souvent perçues comme deux univers différents. C’est oublier que saint Luc est le saint patron des médecins ; avant d’être l’un des évangélistes et l’auteur des Actes des Apôtres, il était médecin lui-même. Parmi ceux qui ont relaté les épisodes marquants de la vie de Jésus, c’est dans l’évangile de Luc que l’en retrouve plus de détails des guérisons effectuées par Jésus : modeste et compatissant, il retient plus que les autres évangélistes tout ce qui marque la bonté du Sauveur.

Médecine et chrétienté se trouvent étroitement mêlées. La vie, la compassion, l’amour du prochain guident de la même manière l’action du médecin et du chrétien qui célèbrent la Vie et l’Amour du prochain.

Comme il est écrit dans l’Ecclésiaste 9, 12-13 : « Mon fils, quand tu es malade ne te révolte pas, mais prie le Seigneur et il te guérira. Puis aie recours au médecin, car le Seigneur l’a créé lui aussi, ne l’écarte pas, car tu as besoin de lui. Il y a des cas où l’heureuse issue est entre leurs mains. A leur tour en effet, ils prieront le Seigneur. » Aimons nos médecins ainsi que nos médecins de l’âme. 

Sa présence : tous les jours

Des jeunes de divers cantons romands profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. Rencontre avec la Vaudoise Bénédicte Sahli. 

Bénédicte Sahli.

Par Bénédicte Sahli | Photos : DR

Au fil des années en tant que catholique, je me suis rendu compte que je n’étais jamais aussi proche de Dieu que lorsque j’étais dans l’épreuve. C’est dans les évènements difficiles, quand tout me dépasse, que je place mon espérance dans le Seigneur et il est réconfortant de pouvoir m’en remettre à Lui, de Le laisser m’atteindre et m’aider. Toutefois, malgré le sentiment de proximité avec Dieu lorsque je souffre, une fois la tempête passée, il est difficile de maintenir un même engagement dans la relation que j’entretiens avec Dieu. En effet, dans la vie de tous les jours et avec les avancées qui permettent de contrôler chaque centimètre de sa vie, il est moins naturel de remettre les commandes au Créateur. Comment contrer cette tendance ?

C’est en me rendant en pèlerinage à Lourdes que j’ai réalisé que les piqures de rappel de l’existence de Dieu ne se trouvent pas seulement dans les moments de souffrance, mais aussi dans les retraites. En effet, loin de la routine, il est plus aisé de se mettre en communion avec l’Esprit Saint et de vivre jour après jour avec la présence du Seigneur. Un tel recueillement procure un nouveau souffle pour avancer au quotidien. Une seconde chose qui m’a particulièrement marquée à Lourdes fut de voir des foules s’amasser devant la grotte, à la messe ou pour le chapelet. Réaliser que chaque pèlerin vient déposer une intention, confier une personne, sa santé ou sa vie aux pieds de la Vierge nous invite d’une manière profonde et douce à en faire de même. Ce souvenir impressionnant marque et nous appelle à poursuivre sur le chemin de foi que nous avons vécu durant le pèlerinage. Vivre sa foi en communauté parmi d’autres croyants nous incite à voir l’action de Dieu sur nous et sur les autres au quotidien et à l’apprécier.

Journée JRJ, le 3 juin 2023

Par Brigitte Kaltenrieder | Photos : Lazare Preldakaj, Mélanie Dutoit

Cette rencontre était initialement prévue à Notre-Dame de Tours mais suite à un problème d’agenda indépendant de l’organisateur, M. Lazare Preldakaj (responsable de la pastorale jeunesse de la Broye) a trouvé dans l’urgence une solution pour accueillir plus de 100 jeunes Broyards de 13 à 25 ans et une vingtaine de jeunes Focolaris issus des cinq continents. Accompagnée d’une météo clémente et un ciel dégagé, c’est finalement au Centre des Focolari de Montet que la journée a débuté avec un tournoi de jeux, des ateliers créatifs, la réalisation d’une banderole suivis d’une célébration œcuménique avec un témoignage de Rémy Berchier, ancien vicaire général du diocèse. La rencontre s’est terminée dans la soirée par des grillades au feu de bois ainsi qu’une fête musicale (chants et danses).

Pour cette journée JRJ basée sur le thème « il est avec toi sur ta route », référence aux disciples d’Emmaüs qui marchent en compagnie de Dieu, l’équipe organisatrice dont trois jeunes de notre Unité pastorale (Alex Degiorgis, Charline et Bryan Kaltenrieder), s’est réunie plusieurs soirées au centre paroissial de l’église catholique à Payerne. Durant ces préparatifs, Lazare Preldakaj a pu expérimenter deux choses : la joie de travailler avec des jeunes et la difficulté de les motiver, mais lorsqu’ils viennent et voient, ils ont du plaisir à participer aux activités proposées. Ce fut pour lui un beau défi : rejoindre cette jeunesse, l’inviter à une animation festive, sportive et spirituelle.

Les questions de Gabriel Le Bras

Gabriel Le Bras (1891-1970).

Par Pierre Guillemin
Photo : DR

Gabriel Le Bras (1891-1970) est un universitaire, juriste, sociologue des religions et en particulier sociologue de la religion catholique.

La sociologie catholique étudie la place du catholicisme dans les sociétés avec des méthodes scientifiques en y associant un objectif partiellement spirituel ou pastoral.

Gabriel Le Bras publie ses objectifs et ses interrogations autour de la question de la pratique de la religion catholique au début des années 1930. Mais la sociologie catholique ne prend son essor qu’après 1945, avec le concours d’hommes d’Eglise, au premier rang desquels figure Fernand Boulard. 

Outils modernes

La sociologie catholique peut se caractériser par une démarche et la production de connaissances à partir de l’enquête de terrain et non par simple spéculation. Elle utilise des outils modernes d’investigation comme les sondages, le recours aux statistiques en cherchant à donner une vision la plus objective possible aux travaux menés. Mais c’est aussi une intention, car elle souhaite fournir les éléments scientifiques permettant d’infuser les principes du catholicisme dans l’espace social.

Dans son article fondateur de 1931, Gabriel Le Bras nous donne le fil directeur de sa pensée au travers des questions suivantes :

1) Qui (où, combien) sont les conformistes saisonniers qui viennent à l’église pour les grandes étapes de la vie ?

2) Qui (où, combien) sont les pratiquants qui assistent à la vie religieuse ?

3) Qui (où, combien) sont les personnes engagées dans des associations confessionnelles ?

4) Qui (où, combien) sont les personnes étrangères à la vie religieuse catholique ?

De nos jours, la sociologie catholique telle que pratiquée précédemment n’est plus en vogue. Si elle décrit les phénomènes, elle est incapable par ses méthodes d’expliquer ces mêmes phénomènes. Le sujet de la déchristianisation des sociétés occidentales en est un parfait exemple. 

Mais les questions demeurent

En particulier, il sera intéressant de voir si l’évolution actuelle d’une partie de l’Eglise catholique, privilégiant, dans le sillage du pape François, une approche plus inductive sera à même de fournir les réponses qui nous manquent aux questions soulevées par la sociologie catholique. 

Rappelons-le, la méthode inductive est une méthode de travail scientifique qui part d’un fait avec des données brutes, réelles et observables pour expliquer un phénomène. 

L’intérêt de cette méthode est de trouver des explications grâce à des observations plus concrètes et moins théoriques des sociétés.

JMJ: des souvenirs plein les yeux

Témoignages en images des jeunes de la région qui racontent comment ils ont vécu l’aventure des JMJ de Lisbonne, du 2 au 6 août 2023.

Un monument et un nom

Considérée comme sainte par beaucoup, Eva Calay ne sera probablement jamais officiellement canonisée. La religieuse belge a néanmoins reçu post mortem la plus haute distinction honorifique attribuée par l’Etat d’Israël et son nom est gravé sur le « Mur d’Honneur » dans le « Jardin des Justes » au mémorial de Yad Vashem de Jérusalem.

Eva Calay en 1931, à son entrée dans la congrégation.

Par Myriam Bettens | Photos : DR

Eva Calay s’oriente très tôt vers la vie religieuse et entre, en 1931, chez les Filles de la Croix, à l’âge de 23 ans. Son papa a néanmoins tenu à ce qu’elle achève des études avant son engagement dans la vie religieuse. Diplômée en littérature et en sténographie, elle est envoyée à Bèfve, dans la province de Liège, pour enseigner. La congrégation y dirige une école de filles avec pensionnat et une maison de repos pour personnes âgées. Durant la guerre, Eva et une de ses consœurs cachent des enfants juifs en les intégrant sous de faux noms au pensionnat. Elle restera à Bèfve jusqu’en 1955, date à laquelle elle retourne à Liège pour y prendre les fonctions d’économe, à la maison mère. 

En tant qu’économe générale, Eva a beaucoup de relations et se sent à l’aise partout. En 1965, la communauté la charge donc de mener à bien les travaux de construction et d’aménagement d’une nouvelle clinique gérée par les sœurs. Celle-ci sera ouverte en 1971. Or les médecins décident de la boycotter, car Eva s’attaque de front à leurs privilèges. Elle ne négocie pas, cette clinique destinée à soigner les gens dans le besoin n’est pas là pour enrichir les médecins. La faculté de médecine de Liège, désireuse de former ses stagiaires dans cette clinique d’avant-garde finit par accepter toutes les conditions d’Eva. La religieuse aura la gestion de cet hôpital pratiquement jusqu’à la fin de sa vie. Décédée en 1992 d’un infarctus, elle repose dans le caveau de la congrégation sous une dalle sans nom. En 2010, Eva est honorée du titre de « Juste parmi les Nations » pour avoir protégé et caché des enfants juifs dans le pensionnat de Bèfve, durant la guerre.

JMJ Lisboa 2023: le drapeau de la Coreb a flotté à Lisbonne

Douze jeunes Broyards ont accueilli le pape François aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) de Lisbonne, dont quatre de notre UP. Retour sur une incroyable aventure.

Par la rédaction 
Photos : Lazare Preldakaj, JMJ Lisbonne

C’était un première : le pape François a été accueilli le 3 août à Lisbonne avec un drapeau de la Communauté régionale de la Broye (Coreb). Plus d’un million et demi de jeunes chrétiens participaient aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) dans la capitale du Portugal, en provenance de 150 nations du monde. Le logo broyard, blanc, noir, vert et bleu avec son soleil jaune, a été présent dans la foule tout au long des JMJ et jusqu’à la messe finale du dimanche 6 août 2023. Avant de partir aux JMJ, nous avons cherché avec les jeunes un symbole qui nous unit et nous représente en tant que Broyards… le drapeau de la Coreb était la meilleure solution. Nous sommes heureux de l’avoir emporté et nous remercions la Coreb pour son prêt. Notre Broye est désormais un peu plus connue en Suisse (lors de la fête nationale du 1er août où plus d’un millier de Suisses étaient présents) et dans le monde (lors des grands rassemblements). « C’était la première fois qu’un groupe de jeunes de la Broye intercantonale participait à ce rassemblement mondial et nous voulions marquer ce moment »,  nous confie Lazare Preldakaj, coordinateur régional pour la pastorale jeunesse. 

Les douze jeunes Broyards, qui faisaient partie des quelque 500 Romands présents à cet événement surnommé « les Jeux olympiques de la foi » par son gigantisme, ont d’abord passé une semaine de préparation dans les paroisse et les familles de l’archidiocèse de Braga avant de rejoindre la capital du Portugal.

« Nous étions logés à Colares à la périphérie de Lisbonne (deux heures en transports publics). Les journées étaient denses mais les yeux et les corps ne sentaient pas la fatigue, parce que la joie d’être ensemble, le désir de vivre et de partager la foi avec d’autres jeunes étaient grands. Après le petit déjeuner organisé par les paroisses et les familles d’accueil lisboètes, les jeunes Romands ainsi que quelques centaines de Français se donnaient rendez-vous sur un terrain de foot pour une catéchèse avec un évêque invité. Le pape François avait intitulé les catéchèses « Rise-up », qui veut dire « Lève-toi ». Une nouvelle manière de faire la catéchèse : louange, lecture de la parole de Dieu, témoignage d’un jeune pour lancer le thème et approfondissement catéchétique et théologique par un évêque francophone invité. 

« C’était génial de voir des milliers de jeunes de tous les pays chanter pour louer le Seigneur partout, dans le bus, dans les trains, dans la rue. Les jeunes ont pu vivre leur foi connectés avec le monde entier », explique Lazare Preldakaj. Il avait déjà participé aux JMJ de Rome en l’an 2000 : « Le pays, la culture des jeunes, la société et la technologie ont beaucoup changé depuis l’an 2000. Mais le  plus important n’a pas changé. Ce qui fait la beauté des JMJ est identique, à savoir : le désir de créer des liens et de chanter ensemble les louanges au Seigneur avec des jeunes du monde qui vivent la foi comme nous, et nous sentir vraiment une seule Eglise catholique», dit Lazare.

Le Pape a prié jeudi pour « ceux qui n’ont pas pu venir en raison des conflits et des guerres ». « J’éprouve une grande douleur pour la chère Ukraine, qui continue de beaucoup souffrir », a-t-il dit. Dimanche, le souverain pontife a lancé au terme de la messe : « Merci à toi, Lisbonne, qui restera dans la mémoire de ces jeunes comme une «  maison de fraternité  » et une ville des rêves. » Les jeunes avaient veillé sur place et beaucoup y avaient passé la nuit. Le drapeau de la Coreb a pu rentrer dans la Broye au terme d’une folle expérience.

Témoignage des jeunes Broyards et des familles d’accueil

Une partie des jeunes Broyards et Romands avec les familles d’accueil de la paroisse de Cunha, archidiocèse de Braga.

Témoignage de Rafael Martins (porte une casquette avec la croix blanche) et de sa maman Elisabeth (elle est au milieu du groupe et elle porte un sac à dos vert devant) de la paroisse de Cunha, la paroisse d’accueil dans le diocèse de Braga. 

Nous avons été heureux de passer une semaine chez vous. Rafael, peux-tu nous dire quelque chose de cette semaine passée ensemble ?
Nous sommes dans la deuxième semaine des JMJ, mais pour moi les meilleurs moments de ces JMJ c’était quand vous étiez chez nous, dans notre paroisse (le jeune est ému). Je remercie le Seigneur que vous  soyez venus chez nous, dans notre paroisse. Je ne savais pas à quoi m’attendre quand vous êtes arrivés. Mais j’ai découvert de belles personnes, non pas d’une beauté extérieure, même si vous êtes belles et beaux, mais intérieure.

Est-ce que cela a changé quelque chose en toi ?
Vous m’avez aidé à grandir dans la foi. J’était croyant avant, mais maintenant ma foi est plus résistante et plus grande. Merci !

Elisabeth Martins, la maman de Rafael.
Quelle image avais-tu des Suisses avant de nous rencontrer et a-t-elle changé ?
L’image que nous avions des Suisses, c’est que ce sont des personnes très sérieuses, strictes, carrées. On imaginait recevoir des personnes froides et réservées. Maintenant je suis complètement chamboulée : l’image que j’avais des Suisses à complètement changé. Vous nous avez donné une chaleur humaine et un témoignage de foi vivante qui nous a fait du bien. La preuve, c’est que maintenant que nous sommes à Lisbonne, nous sentons le besoin de vous rencontrer. Un lien d’amitié très fort est né entre nous. J’espère pouvoir continuer à nourrir cette amitié. J’ai beaucoup appris avec les jeunes que nous avons reçus, je me sens plus riche qu’avant. Je rends grâce au Seigneur qui vous a adressés à nous. 

Quentin Hostettler de Neyruz, 26 ans (UP Notre-Dame de Tours).
Combien de JMJ as-tu faites ? Pourrais-tu nous dire quelques mots concernant ton expérience ? 
A Cracovie j’ai reçu une claque du Seigneur pour m’avoir dit : réveille-toi, tu n’es pas seul à croire.
A Panama j’ai expérimenté la force et la miséricorde de Dieu. 
Et maintenant à Lisbonne, je cherche son appel.
L’accueil chaleureux en diocèse m’a marqué Nous avons créé une belle fraternité, une fraternité que j’espère continuer à nourrir après ces JMJ. 

Pourrais-tu faire une synthèse de tes trois JMJ ?
Si je devais faire une synthèse des trois : partout où on va, Dieu reste le même. Dieu reste amour.

Andréa Bersier d’Estavayer, 24 ans.
Combien de JMJ as-tu vécues, Andréa ? Peux-tu nous dire quelques mots concernant ton expérience ? 
J’ai fait trois JMJ, tout comme Quentin : Cracovie, Panama et maintenant Lisbonne.
A Cracovie j’ai reçu un coup de cœur. J’ai vécu des moments très forts, une vraie communion commune si je peux le résumer ainsi. Maintenant j’ai envie à faire toutes les JMJ, tant que mon âge me le permettra.
Les JMJ m’ont permis de me connecter et de vivre la foi avec d’autres jeunes. Dans nos régions nous avons des jeunes qui croient mais qui ne pratiquent pas la foi. C’est beau de voir que je ne suis pas seule à vivre la foi. Une autre chose qui m’a marquée, c’est la vie en communauté. Lisbonne est un challenge pour moi, j’avais besoin de me ressourcer et me reconnecter avec moi-même et avec le Seigneur.

Alix Degiorgis de Villarepos (UP Notre-Dame de Tours), 15 ans.
Comment est-ce que tu vis tes premières JMJ ?
Je ne m’attendais pas du tout à tout ça. Je craignais de ne pas réussir à m’adapter, mais cela est arrivé très naturellement. Je pars d’ici avec la conscience que je ne suis pas seule à croire. J’ai rencontré des amis de mon âge qui croient comme moi. Je retourne en Suisse ressourcée. J’ai pu renforcer ma foi et je désire continuer à la vivre et à m’engager pour la paroisse. Ce qui m’a marquée, c’est que partout les gens s’entraident comme si on était une famille, alors qu’on ne se connait pas. On parle à des gens comme si on les connaissait depuis 10 ans alors qu’on vient de se croiser. Alix précise qu’à Braga, « c’était superbe. Surtout de voir la manière chaleureuse avec laquelle nous avons été accueillis. »

Adonay Habtemariam de Payerne, 17 ans.
Ce sont tes premières JMJ… Qu’attendais-tu de cette expérience ? 
Quand j’ai entendu parler des JMJ, j’imaginais y voir beaucoup de jeunes croyants mais je ne m’attendais pas de tout à ça. Je pars avec la joie d’avoir vu beaucoup de jeunes du monde qui se sont déplacés pour vivre et partager la foi. 

Emanuel Preldakaj de Payerne, 19 ans.
Se protège du soleil avec le drapeau de la Broye.
Mon père m’a parlé des JMJ… il avait participé à Rome en l’an 2000, il avait vécu une belle expérience. Il m’a proposé de vivre cette expérience unique. Je suis heureux d’être là. Il m’avait parlé de son expérience mais je suis venu pour le découvrir. Je ne m’attendais pas du tout à ça mais je suis très heureux d’avoir vécu cette expérience. Ce qui m’a marqué c’est de voir des milliers de jeunes qui louent le Seigneur et chantent dans les rues, dans les trains, dans les bus, dans les restaurants et dans les métros. Une belle expérience qui m’a fait du bien et que je conseille à tous les jeunes.

Comment devenir des athlètes performants au service de Dieu ? 

L’abbé Pierre-Yves Pralong.

Les conseils de l’entraîneur Pierre-Yves Pralong

En rentrant de Lisbonne, les jeunes Broyards ont fait halte à Buglose, dans la commune de Saint-Vincent-de-Paul, dans les Landes. L’abbé valaisan Pierre-Yves Pralong a prononcé une homélie sportive, comparant la vie du chrétien à la composition tactique d’une équipe de football. Chers jeunes, nous avons vécu des belles choses pendant ces JMJ, mais il est important de continuer l’entraînement pour rester connectés.

Sur la ligne de défense, on commence par l’action de grâce : « Dire merci pour tout ce que nous avons reçu. » Il s’agit d’être ensemble, pour être dans « la joie de croire et de vivre ensemble la foi. » L’union est nécessaire, car « un chrétien seul est un chrétien en danger ». La tactique de la défense requiert aussi d’appréhender le présent et « d’éviter de vivre avec la nostalgie d’une expérience passée ».

L’action du milieu de terrain commence par la prière. Il s’agit de commencer sa journée avec le Seigneur. L’entraînement consistera à la parole de Dieu (un bout chaque jour) et à vivre les sacrements. L’entraîneur-prêtre nous recommande de « construire notre week-end à partir de la messe. Autrement, nous n’aurons jamais le temps ». L’action passe aussi par l’engagement: que puis-je faire pour ma paroisse ? 

A l’avant, le jeu d’attaque gagnant, c’est de « ne pas avoir peur du futur » et à « grandir en sainteté chaque jour ». Il est important enfin de « laisser Dieu remplir notre vie ».

En librairie – septembre 2023

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Nous veillerons sur votre dignité
Elisabeth de Courrèges

A travers son métier d’ergothérapeute auprès de personnes âgées et malades, Elisabeth de Courrèges s’engage au quotidien auprès de patients en fin de vie. Elle est le témoin de ces derniers instants qui changent les cœurs et les ouvrent à la Lumière. Et elle se bat sans relâche pour qu’ils se déroulent dans la paix et la dignité. « J’espère qu’un jour, nous n’entendrons plus parler d’euthanasie. Pas seulement parce que cela me semble indigne de l’être humain, mais aussi parce que nous n’en aurons plus besoin. Parce qu’il y aura suffisamment de moyens, financiers et humains, pour veiller et prendre soin de toute vie qui, naturellement, s’éteint. »

Editions Mame

Acheter pour 14.70 CHF

Un art de vivre et d’aimer par temps de catastrophe
Jean-Yves Leloup

Dans un monde où l’activité humaine maltraite l’environnement et malmène l’individu, où les crises économiques et sociales se succèdent, comment rester lucide sans être désespéré ? Inspiré par les grands penseurs de l’Antiquité (Epicure, Aristote, Socrate, Epictète, Philon d’Alexandrie ou le Bouddha), Jean-Yves Leloup propose un ensemble de conseils accessibles à tous pour construire une vie libérée de l’inquiétude. Son enseignement, soutenu par une quinzaine de méditations concrètes, nous appelle à surmonter les obstacles, vivre avec nos maux, écouter notre corps, respecter nos émotions et nos désirs.

Editions Points

Acheter pour 11.10 CHF

Les médecines alternatives.
Des clés pour discerner

Pascal Ide

Comment choisir une thérapie ? L’interrogation face aux médecines dites alternatives et complémentaires, douces ou traditionnelles est complexe tant il est difficile de s’y retrouver entre les avis tranchés qui émanent du corps médical, la prudence légitime des autorités religieuses et l’enthousiasme des heureux bénéficiaires, sans compter les informations glanées sur internet… Plutôt que de dresser une liste des bonnes et mauvaises thérapies, le père Pascal Ide offre des critères de discernement en se demandant : ces médecines sont-elles compatibles avec la méthode scientifique ? Avec la foi ? Avec l’enseignement du Magistère ? Favorisent-elles une influence démoniaque ?

Editions Artège

Acheter pour 21.70 CHF

Les soignants en BD
Les chercheurs de Dieu en BD

Un nouvelle BD autour de médecins engagés au service des personnes fragilisées par la maladie. Albert Schweitzer, Françoise Dolto et Frère Luc de Tibhirine : trois figures de soignants, trois bons samaritains qui ont marqué leurs contemporains au XXe siècle et peuvent nous inspirer dans le soin à apporter à son prochain. Chacune de ces trois figures incarne à sa manière l’engagement du médecin au XXe siècle : au Gabon, auprès des enfants et en Algérie (enfants à partir de 7 ans).

Editions Bayard Jeunesse

Acheter pour 17.80 CHF

Pour commander

Portrait du docteur Jean-Blaise Tudisco

Médecin et chrétien. C’est tout trouvé ! C’est avec joie que je fais le portrait de notre cher docteur Jean-Blaise, qui a ouvert son cabinet de médecin généraliste à Sierre en 2015.

Texte et photos par Marie-Françoise Salamin

Un peu d’histoire

Jean-Blaise Tudisco est né à Sierre en 1981, à la Clinique Sainte-Claire. A l’époque où il était étudiant, je l’ai connu à la cure Sainte-Catherine car il était là tous les samedis matin, avec les « Déjeune qui prie » (ou Des Jeunes qui prient). C’est un groupe de jeunes qui se réunissent d’abord à l’église pour prier (chez nous c’était à Notre-Dame-des-Marais), puis viennent déjeuner à la cure. Une sacrée équipe d’ailleurs, ouverte et généreuse, composée essentiellement d’étudiants doctorants et de jeunes porteurs d’un handicap mental. Ensemble ils baignaient la cure d’une joyeuse ambiance ! 

Jean-Blaise a commencé ses études comme futur dentiste, puis il a bifurqué vers la médecine. Il devient médecin en 2008 et médecin FMH en 2013. Il a choisi la médecine générale, à l’exemple du docteur Jean-Paul Frochaux, pour le contact avec les patients, la proximité, le suivi, la vision globale. 

Un médecin croyant 

Le fait d’être chrétien donne sens à son choix de la médecine générale. « C’est un métier très social, tourné vers les autres, où les valeurs chrétiennes peuvent être appliquées tous les jours. Je m’occupe des aspects physiques, psychologiques et sociaux. Car souvent, je fais aussi des démarches administratives pour aider mes patients, ou des médiations dans des conflits de famille ou de voisinage, ou des conseils pour orienter les enfants de mes patients vers des spécialistes. C’est un des beaux côtés de mon métier. »

Un jour, une religieuse a remarqué qu’il n’avait pas de crucifix dans son bureau. Elle lui en a donc proposé un. Il lui a répondu : « Si c’est vous qui me l’amenez, je lui trouverai une place. » Ce qui fut fait.

Les priorités

Les temps ont changé. De nos jours, les médecins ne travaillent plus 24 h sur 24, 7 jours sur 7. Mais le docteur Jean-Blaise Tudisco a des semaines d’au moins 50 heures. Ce qui lui permet de consacrer du temps à sa famille : son épouse, Maryline, qui travaille au secrétariat un jour par semaine, leurs deux filles Anaïs et Amélia, dont les dessins et les portraits ornent son bureau. Une vie équilibrée pour le plus grand bien de chacun.

De Anaïs Tudisco : le bureau du docteur Tudisco, mon papa.

Hippocrate à la lumière du Christ

Hippocrate refusant les présents d’Artaxerxès, par Anne-Louis Girodet.

Par le Dr François Kuntschen*
Photo : DR

La déontologie médicale a été influencée par le christianisme. Etabli au Ve siècle avant notre ère par le médecin grec Hippocrate, le serment des médecins professe des similitudes de pensée avec l’enseignement du Christ, en promouvant la prise en charge globale de son prochain, en promouvant l’entraide et le respect et en renonçant au mensonge, à la délation et à l’usure. 

Comme l’enseignement du Christ, le serment d’Hippocrate a été repris par de nombreux organismes un peu partout dans le monde. Citons à titre d’exemples la Déclaration de Genève ou les Principes d’Ethique Médicale Européenne. 

Les principes de déontologie médicale ne montrent pas de contradiction avec l’éclairage chrétien, mais permettent au soignant de pouvoir trouver un sens supplémentaire aux obligations de son activité envers son patient. 

Médecin sans être chrétien est possible, mais être médecin et chrétien est un plus qui aide le praticien dans son activité. 

* Médecin valaisan, catholique, spécialiste en endocrinologie-diabétologie

Médecin et chrétien

Salle des malades des Hospices de Beaune, aujourd’hui un musée.

Médecine et religion sont liées. Dans l’Antiquité, les prêtres exercent couramment la médecine. Jésus-Christ, Fils de Dieu, est aussi un « médecin » des âmes et des corps. Les Evangiles sont remplis d’anecdotes, d’histoires décrivant comment, dans sa vie publique, le Christ guérit les malades. Dieu nous guérit, directement ou indirectement, par l’entremise des saints et bienheureux.

Par Pierre Guillemin | Photos : DR

Dieu guérit par les sacrements : réconciliation, Eucharistie, onction des malades.

Dieu guérit par des miracles de guérison qui sont les signes et surtout les rappels de sa compassion et de Son Amour infini.

Dieu guérit par la médecine et les médecins : c’est son action la plus normale, la plus commune. Ainsi, l’Eglise n’est pas éloignée de la médecine. Bien au contraire, car toute guérison est un retour à plus de vie, à cette vie que Dieu est toujours prêt à nous donner.

L’Eglise est à l’origine des hospices, des hôtels-Dieu, des hôpitaux. Combien de missionnaires, de religieux, de religieuses se sont sacrifiés au service des souffrants, des exclus, des sans-abris ? Saint Damien, saint Camille de Lellis, saint Jean de Dieu, saint Vincent de Paul, la bienheureuse Mère Teresa, entre autres, qui nous montrent que l’Eglise a toujours été la première à s’occuper des malades, des lépreux, des handicapés, des sidéens, des exclus.

Ferveur et désintéressement

Et elle continue ! Ainsi, par exemple, en matière de lutte et de soins contre le sida, c’est l’Eglise catholique qui prend en charge 28 % de l’activité mondiale. A la suite
de l’Eglise, de nombreux médecins se sont attachés au soin des malades avec ferveur et désintéressement. Dans l’histoire du christianisme, plus de 50 médecins ont été béatifiés ou canonisés ; parmi eux citons :
Luc, patron des médecins, Côme et Damien, les médecins anargyres (c’est-à-dire les saint médecins byzantins qui exerçaient leurs talents sans être payés), saint Martin de Porrès, le bienheureux Nicolas Sténon, saint Joseph Moscati, sainte Jeanne Beretta Molla et tant d’autres.

La question du lien entre Eglise et médecine n’est pas récente. Mais contrairement à l’idée commune, l’Eglise ne condamne ni la médecine ni la chirurgie. Nous pensons souvent en effet que le concile de Tours de 1163 interdit la pratique de la chirurgie en citant Ecclesia abhorret a sanguine (L’Eglise a horreur du sang). Or cet adage ne se trouve nulle part dans les actes du concile de Tours. Il n’apparaît qu’en 1744 à la page 35 de l’histoire de la chirurgie française composée par François Quesnay. En réalité, le concile de Tours défend aux religieux profès (religieux qui a prononcé ses vœux pour s’engager dans un ordre) de sortir de leur cloître pour exercer la médecine, étudier les lois civiles et s’adonner aux affaires sous prétexte de charité (canon 8). Le concile ne flétrit pas la médecine, le droit ou le commerce, mais les religieux qui se mêlent d’affaires séculières. 

Citons deux exemples de médecins chrétiens qui n’auraient pas pu exercer leur art si ce concile de Tours l’avait interdit. 

Au XIVe siècle, Guy de Chauliac, chanoine de la collégiale Saint-Just dans la région lyonnaise, fut médecin et chirurgien de quatre papes : Benoît XII, Clément VI, Innocent VI et Urbain V. Il aurait, par exemple, trépané Clément VI pour le soigner de céphalées. Il est considéré comme le plus grand chirurgien du Moyen-Age : son ouvrage Chirurgie, Chirurgia Magna restera un ouvrage de référence jusqu’au XVIIIe siècle.

Guy de Chauliac soignant le pape Clément VI.

Ambroise Paré, chrétien fervent, ne cessa jamais de célébrer dans ses œuvres la gloire de Dieu. Paré soignait tous les hommes, sans tenir compte de leur confession, fait extrêmement rare au XVIe siècle, période des guerres de religion. Mais Paré ne limita pas son art à soigner les rois et les pauvres gens, qu’il plaçait, en tant que thérapeute, sur un pied d’égalité. Gynécologue avant la lettre, il se préoccupa avec une magnifique attention des femmes enceintes, des techniques d’accouchement et des soins aux nouveau-nés, « petites créatures de Dieu », écrit-il, qui l’émerveillaient comme l’émerveillaient toutes les beautés de la création, plantes incluses. La foi chrétienne d’Ambroise Paré s’épanouit dans son esprit d’entreprise, dans son inventivité, dans sa compassion envers ses patients, rois, notables et simples soldats, et plus que tout dans sa volonté de transmettre un savoir exigeant par amour du bien public, trait de cet humanisme du XVIe siècle dont, aux côtés d’Erasme, de Rabelais ou de Montaigne, il nous offre un exemple admirable.

Engagements actuels

Et aujourd’hui ? Si l’Eglise et la médecine sont si proches, comment, par des exemples d’engagement de médecins et de chrétiens, pouvons-nous comprendre ce lien qui est si difficile à comprendre dans nos sociétés modernes ?

Le Père Philippe Gauer – prêtre, médecin, spécialiste de bioéthique – nous rappelle que l’homme, voulu et aimé par Dieu, est au cœur du regard du médecin chrétien sur son patient. Dans son ouvrage Soigner : la découverte d’une mission à la lumière du Christ médecin, il nous rappelle que « jamais nous ne voyons Jésus s’apitoyer sur une maladie, son regard se fixe toujours sur la personne ». S’inspirant de l’attitude du Seigneur, les médecins catholiques apprennent à poser un regard d’amour sur le patient et à en être les serviteurs.

Des soins pour l’âme

Le docteur Xavier Emmanuelli, médecin, philosophe, chrétien, voue sa vie et surtout son action en tant que médecin au profond engagement chrétien qui l’anime. Il est cofondateur de « Médecins sans frontières » en 1971, médecin-chef à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis de 1987 à 1993, fondateur du SAMU Social de la ville de Paris en 1993, secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, chargé de l’Action humanitaire d’urgence du 18 mai 1995 au 2 juin 1997, président du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées du 29 août 1997 au 23 août 2015, fondateur du SAMU Social International en 1998, parrain d’Action Froid (Association citoyenne à but non lucratif venant en aide aux sans domicile fixe toute l’année).

Dans une interview de 1995, réalisée par Jean-Claude Noyé, Xavier Emmanuelli s’exprimait ainsi : « A vrai dire, c’est la fin d’un monde, d’une civilisation, qui a commencé au XVIe siècle et qui a eu des étapes marquantes comme le XVIIIe siècle, dit des « Lumières », le XIXe siècle et son lot de souffrances terribles qui ont accompagné la révolution industrielle, puis ce XXe siècle vraiment apocalyptique avec ses deux conflits mondiaux et tout le reste. Un monde sans Dieu voué à la production. On est arrivé au bout de cette logique. Le communisme lui-même, sorte de « christianisme de la terre » sans transcendance, amorce de communion des saints en termes matérialistes, a déçu ceux qui avaient placé en lui leurs espoirs. L’apocalypse est là. C’est l’exclusion qui nous sépare les uns des autres. C’est se couper de nos racines. »

N’y a-t-il pas du saint Vincent de Paul dans ces propos et ces actions ? 

Laissons enfin le dernier mot à Monique Cuany, PhD, Professeur HET-PRO en Histoire du christianisme qui nous rappelle que pour Basile le Grand (330-379) « la médecine est une image des soins dont notre âme a besoin ». Comme certains médicaments, les soins et avertissements du Seigneur peuvent parfois nous être désagréables et pénibles. Mais son but, comme celui du médecin ou du chirurgien, est de nous guérir et de nous restaurer.

Un hôpital catholique en Irlande.

Des «pierres» vivantes

Depuis plus d’un siècle, les communautés chrétiennes du Moyen-Orient sont confrontées à de nombreux défis. A l’occasion d’une conférence, au printemps dernier, la paroisse du Christ-Roi de Lancy a vécu un voyage exploratoire dans le berceau géographique de la chrétienté. Interview de l’orateur de la soirée, Pascal Maguesyan.

Par Myriam Bettens 
Photos : Pascal Maguesyan

L’Association Chemin de solidarité avec les chrétiens d’Orient et les populations victimes des violences au Moyen-Orient (CSCO) a invité Pascal Maguesyan à venir s’exprimer sur la situation des chrétiens d’Orient et ce qu’il restait encore de leur patrimoine, dans une région où ils sont confrontés au défi de leur propre survivance. Le chargé de mission pour l’association Mesopotamia connaît sa partition, mais nous l’interpellons tout de même pour répondre à quelques questions en marge de son intervention.

Les attentats du Bataclan ont plus marqué les esprits que les perpétuels massacres des chrétiens d’Orient, pourquoi ?
Cela fait bien longtemps que les chrétiens d’Orient disent que l’islamisme progresse, aussi en Europe. Suite à l’attentat de la Cathédrale Sayidat al-Najat, en 2010, à Bagdad [préfigurant, par la violence et la méthode employées, l’attaque du Bataclan en 2015, ndlr.] il y a eu une vraie prise de conscience du drame que vivaient les chrétiens d’Orient. Mais nous étions encore loin d’imaginer que les actions criminelles de Daesh pourraient se porter également sur notre sol et de cette manière-là.

De quelle manière se positionner entre un angélisme qui prévaut parfois dans les relations avec le monde musulman et une méfiance tous azimuts ?
Le dialogue est un processus très exigeant. Il existe, à mon sens, une troisième voie. Celle-ci repose sur l’intelligence collective dont la société est capable pour dépasser les clichés. Cette capacité est nourrie par un grand nombre de représentants de l’islam appelant à la modération tout en dissociant l’Islam de ceux qui l’instrumentalisent à des fins criminelles.

Quelle est aujourd’hui la situation des chrétiens d’Orient et leurs perspectives ?
Par chrétiens d’Orient, je pense aux communautés natives dans ce territoire « source » de l’Alliance, qui va du Nil au Tigre. Les chrétiens qui y vivent sont pour l’essentiel des populations autochtones de traditions et de langues copte, guèze, syriaque, grecque, hébraïque, arménienne, turque, perse et arabe. Leurs espaces territoriaux s’y réduisent drastiquement et le 20e siècle a précipité ce mouvement : destruction des communautés arméniennes, assyro-chaldéennes et syriaques de l’Empire ottoman (1915-1918), cession par la France de la Cilicie (1921) et du Golfe d’Alexandrette (1939) à la Turquie, guerre civile (1975) et exil incessant des chrétiens libanais. Le 21e siècle prolonge cette tendance avec une pression fondamentaliste-islamiste croissante, comme en Syrie (depuis 2011) et en Irak (2003-2017). A cela s’ajoute la politique de l’Azerbaïdjan, qui vise l’éradication de l’identité arménienne par le blocus et l’asphyxie des 120’000 habitants de l’Artsakh. En définitive, les chrétiens d’Orient sont des résistants. Ils luttent pour se maintenir sur leurs terres. Cependant, comme en Irak depuis 2017, un nouvel horizon d’espérance s’est ouvert, là où les chrétiens ont pu reprendre racine. C’est le cas dans la plaine de Ninive et dans le Kurdistan d’Irak.

Un héritage immémoriel

L’association Mesopotamia réalise des missions culturelles et patrimoniales au cœur de la Mésopotamie, notamment en Irak, où le patrimoine a subi des outrages révoltants. 

Mesopotamia a notamment réalisé un inventaire du patrimoine des communautés fragilisées à l’extrême (chrétiennes et yézidies) au travers d’un site web qui recense aujourd’hui plus d’une centaine d’édifices emblématiques irakiens. Mesopotamia organise également des expositions et des conférences. L’association mène également des programmes de restauration. Elle met en place enfin un ambitieux programme de camion du patrimoine en Irak. 

Ces initiatives contribuent à la revitalisation de ces communautés autochtones confrontées à des destructions massives, parfois irréversibles. 

A consulter sur mesopotamiaheritage.org

Monastère syriaque de Mar Moussa. 2010. Syrie.

Luc, médecin et évangéliste

Par François-Xavier Amherdt | Photo : DR

Parmi les médecins chrétiens les plus fameux, la palme revient sans nul doute à Luc : compagnon de Paul, ses salutations sont transmises avec celles de Démas, au terme de la lettre aux Colossiens (4, 14). Luc ne fait pas partie du groupe des douze apôtres, mais il est l’auteur d’une œuvre en deux parties complémentaires : le 3e évangile et les Actes des apôtres. Il est souvent représenté dans l’Antiquité et l’iconographie par le symbole du taureau, à cause de la crèche de l’Enfant Jésus dans son Evangile (Luc 2, 7), qu’entouraient l’âne et le bœuf. Certes, le texte lucanien n’en parle pas explicitement, mais les deux animaux proviennent de passages de l’Ancien Testament (Isaïe 1, 3) où on les voit entourant leur maître auquel ils restent fidèles.

Le « cher médecin » dont parle Paul n’est jamais présenté en activité professionnelle, mais nous pouvons affirmer que les deux volets de ses écrits contribuent puissamment au bien-être des cœurs. Le 3e évangéliste, en effet, est celui des quatre qui ménage la place la plus abondante à l’action de l’Esprit Saint que Dieu octroie à ceux qui l’en prient. Si même les pères terrestres, tout mauvais qu’ils soient, sont aptes à donner « de bonnes choses » à leurs enfants, à combien plus forte raison le Père céleste transmettra-t-il l’Esprit à celles et ceux qui le lui demandent (Luc 11, 9-13). La troisième personne de la Trinité est du reste l’agent principal des Actes.

En outre, le médecin Luc déploie le plus abondamment de tous le cadeau de la miséricorde dont le Seigneur comble les êtres. C’est lui qui en visibilise le mieux les bienfaits à travers les belles paraboles du chapitre 15, celle de la brebis perdue que le berger prend tous les risques d’aller ramener sur ses épaules (Luc 15, 4-7) ; celle de la drachme égarée que la maîtresse de maison met tout son zèle à retrouver, à l’exemple de Dieu qui part en quête des pécheurs (15, 8-10) ; et celle du Père prodigue en amour pour ses deux fils, le cadet dépensier et l’aîné jaloux (15, 11-30).

C’est ainsi que le Seigneur guérit les âmes à la manière de son Fils qui fait bon accueil aux publicains et mange avec tous les égarés. Confions-nous sans hésitation aux soins de Luc.

Foi et éthique médicale

De saints médecins.

Par David Roduit
Photo: éd. Téqui

Comme tout chrétien (et peut-être plus qu’un autre), le médecin se trouve confronté à des questions difficiles d’éthique. Comment sa foi chrétienne l’aide-t-elle dans son combat pour la vie ?

Ce sont les questions proposées par la rédaction de L’Essentiel pour la préparation de ce présent numéro. Avec le groupe local du décanat de Sion, nous avons tenté d’approcher des chrétiens issus du milieu de la santé.

Avec l’aide du mouvement des Focolari, nous avons pu recueillir quelques échos d’un sujet pour lequel, après enquête, il ne semble pas si évident de parler.

Une médecin de famille avouait se sentir mal à l’aise avec ce sujet, ne se sentant pas légitimée à imposer sa propre éthique à ses patients.

Un ancien responsable d’EMS, maintenant retraité, ne pensait pas maîtriser ce sujet, mais cependant connaissait un prêtre vers qui se tourner pour obtenir un éclairage plus autorisé.

Voici comment de son côté s’exprimait une infirmière : « Personnellement, pour moi être un thérapeute chrétien, c’est plus par la vie que par la parole si on peut dire. C’est rare les personnes avec qui je parle de religion, mais je cherche plutôt à découvrir quelles sont leurs valeurs profondes, ce qui fait sens pour eux ou leur transcendance, leur ressource intérieure pour surmonter une épreuve. Nous avons aussi un service d’aumônerie avec des personnes laïques qui offrent un espace d’écoute ou de partage aux personnes qui le désirent. Pour moi l’accompagnement spirituel aujourd’hui est plus vaste que seulement chrétien. C’est l’ouverture comme on le vit dans le mouvement : « se faire un avec l’autre ». »

Dans un monde marqué par le pluralisme des convictions comme nous le dévoile ces quelques propos, quel défi exigeant pour un médecin de concilier professionnalisme, fraternité universelle et fidélité à l’Evangile de la vie !

« Le malade passe avant la maladie »

Par Thierry Schelling
Photo : DR

A la Saint Luc, en octobre 2021, le pape François reçoit des membres de la Fondation du campus bio-médical de Rome. Il leur dit trois petites choses :

« Le malade passe avant la maladie » ; « pas juste des professionnels, mais des personnes qui s’accueillent et s’entraident », la thérapie de la dignité humaine ; « les soins sans la science sont vains et la science sans les soins est stérile. » De belles petites « capsules » de méditation pour le corps médical dans son entier.

Il continue par décrier la mise du profit comme première intention au lieu des besoins des malades, spécialement ceux qui ne peuvent pas payer les coûts exorbitants de leur traitement. Une constante bienveillance pour la profession qui ne date pas d’hier.

« Détabouiser » le sujet !

Pie XII, en 1949, reçoit les médecins catholiques pour les exhorter à être des « agisseurs sur le corps et l’esprit » du patient. Il parle de « vocation » de médecin. Mais ce seront les photos de son visage agonisant qui seront divulguées par son propre médecin (!) aux médias, qui feront un réel scoop : désormais, la santé du pape, son agonie même, sont « détabouisées » !

Entre secret et polémique…

C’est dès Léon XIII que l’on a des écrits liant pape et médecins1 – le sien, personnel, appelé archiatra pontificio – titre hérité de la Byzance chrétienne – dont la liste commence au XVIIIe siècle déjà ! Mais cela ne signifie pas que l’on peut divaguer sur la santé du pontife. Qui se souvient que Paul VI a été opéré « d’une souffrance de routine chez les hommes d’un certain âge » (la prostate !) ou que Papa Wojtyla souffrant de la Parkinson a été montré au monde jusqu’à la toute dernière apparition du Palais Apostolique et dont les proches affirmaient : « Ce sont les meilleures années de son pontificat ! » (sic !) 

Jadis indicible, la santé du Pape aujourd’hui alimente potins et journaux : pour une inflammation d’un genou, on évoque un prochain conclave ! Pour un aveu de « névrose » – François avait confié à N. Castro d’écrire l’ouvrage précité « dans lequel je vais vous parler de mes névroses » ! –, on crie à l’inaptitude à gérer les affaires… 

Sans oublier les morts de deux papes pour des problèmes cardiaques, Pie XI et Jean-Paul Ier, mais qui, le jour d’après, auraient dû prononcer des discours forts…De là à diagnostiquer un complot, il n’y a qu’un coup de bistouri !

1 Cf. N. Castro, La santé des papes : médecine, complots et foi. De Léon XIII à François, Piemme, 2021.

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