La théologie en ateliers

PAR CHANTAL SALAMIN

PHOTOS : DR

L’AOT ?… une sacrée aventure à vivre ! L’ayant vécue moi-même de l’intérieur, c’est avec d’autant plus de force que je vous invite à vous poser la question de votre participation à la prochaine volée. Les Ateliers œcuméniques de théologie (AOT) proposent une formation théologique de qualité sur deux ans pour toute personne quelles que soient sa formation de base et sa confession. Une seule condition : être motivé.

Un thème qui questionne

Le prochain parcours aura lieu de septembre 2021 à juin 2023 à Genève sur le thème « Dieu aujourd’hui ? Entre incertitudes et confiance ». Chaque semaine des cours donnés par des tandems multiconfessionnels de théologiens, chaque mois des rencontres en petits groupes autour d’un enseignant pour se questionner. Et quelques samedis pour nouer des amitiés et célébrer ensemble.

Une nouvelle fois, le thème est choisi pour provoquer le questionnement qui fait avancer : Le temps de Dieu n’est-il pas très différent du temps humain ? Et comment penser, agir, vivre dans notre monde, alors que les changements climatiques nous rattrapent ? que la cause des femmes et des minorités piétine ? que la crise sanitaire nous inquiète ? Est-il encore possible de croire en Dieu ?

Une sacrée aventure humaine

La dimension humaine, fraternelle et œcuménique de cette formation est essentielle. Au fil des rencontres dans les groupes, en questionnant notre foi, nous apprenons à nous connaître. Les différences de confessions partagées sur les mêmes questions ainsi que la participation autant à la messe qu’au culte ensemble nous enrichissent.

Au milieu de la première année, l’occasion nous est donnée de revoir notre vie à la lumière de notre foi et de partager cette expérience aux autres. Accueillir nos vies dans la foi, des vies faites de blessures et de joies, de doutes et de confiance… ce sont des cadeaux inestimables, des moments indescriptibles, surtout quand des récits se rejoignent, s’auto-éclairent et nous rapprochent les uns des autres.

Alors convaincu ? Plus d’informations et inscriptions sur le site de l’AOT aotge.ch

Pour pouvoir voir toutes les vidéos en lien avec l’article, cliquez sur l’icône liste en haut à droite de la vidéo.

Survol historique

PAR THIERRY SCHELLING | PHOTO : DR

Depuis 1738 – avec la bulle In eminenti de Clément XII – à 1983 – date de la Declaratio de associationibus massonicis, de la Congrégation pour la doctrine de la foi 2, on compte une trentaine de textes officiels du Saint-Siège condamnant l’appartenance de catholiques à la franc-maçonnerie. On y décèle trois axes quant à la critique du Saint-Siège à son égard : le secret, le complot et le relativisme.

L’hostilité entre la Rome catholique et la franc-maçonnerie culmine en 1884 avec l’encyclique de Léon XIII Humanum genus, y dénonçant le libéralisme, le relativisme, le comparatisme, le naturalisme, le laïcisme… tous menaçant la société chrétienne comme encore rêvée par le Pontife qui vivait reclus dans son Palais du Vatican après la fin des Etats pontificaux (1870) et la non-résolution de la Question romaine (quel statut donner à la ville de Rome en fin d’unification de la Péninsule italienne ?)…

Après Vatican II

A la suite du Concile Vatican II et de la demande du pape Paul VI, notamment aux Jésuites, de dialoguer avec l’athéisme et les autres doctrines autrefois pourfendues pour leur anticatholicisme, certains épiscopats demandent une révision de l’article du Code de droit canon 3, permettant à un laïc converti au catholicisme…de demeurer membre de sa loge !

Rome suffoque devant une telle ouverture et le cardinal Ratzinger, nouvellement nommé préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (1981), fait ajouter un article au nouveau Code de droit canon (1983) greffé sur le précédant mais… étrangement plus laconique : « Celui qui s’inscrit dans une association qui complote contre l’Eglise sera puni d’une juste peine ; celui qui promeut ou dirige une telle association sera puni d’interdit. » (Canon 1374)

Interconnaissance

On reconnaissait que l’excommunication était trop lourde comme peine, et que la franc-maçonnerie varie de pays en pays 4… Le dialogue et l’inter-rencontre, plutôt que le « duel des préjugés », a porté du fruit dans l’interconnaissance des deux entités… Un modus procedendi issu du Concile, justement…

1 Une présentation des rapports est consultable sous : http://expositions.bnf.fr/franc-maconnerie/arret/03-8.htm (consulté le 1er février 2021).

2 A ce jour le dernier document romain traitant de la question franc-maçonne.

3 Le premier Code de droit canon (1917) contient déjà un article excommuniant qui appartiendrait à l’Eglise et à la Franc-maçonnerie (canon 2335).

4 Il en fut de même pour les formes de communisme reconnues différentes entre Pologne, Viêtnam ou Amérique latine…

 

Ces catholiques francs-maçons qui interpellent

L’Eglise catholique romaine est l’une des rares confessions à considérer l’appartenance à une loge maçonnique comme incompatible avec la foi chrétienne. Comment expliquer une telle position, alors que des catholiques francs-maçons expérimentent l’inverse ?

PAR PASCAL ORTELLI | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER, DR

De prime abord, franc-maçonnerie et Eglise catholique ne font pas bon ménage. Au-delà de l’anticléricalisme de certaines loges et des condamnations papales à replacer dans leur contexte, le fidèle qui adhère à la maçonnerie est en état de péché grave. Certes, il n’est plus excommunié comme par le passé, mais l’incompréhension demeure.

Roma locuta, causa finita ?

Le dialogue reste compliqué depuis la dernière déclaration de la Congrégation pour la doctrine de la foi en 1983. L’incompatibilité y est réaffirmée. Tenir les deux engagements reviendrait à « vivre une relation avec Dieu selon deux modalités, en la scindant en une forme humanitaire – supra-confessionnelle – et une forme intérieure chrétienne ». Aux yeux de Rome, la franc-maçonnerie se place comme au-dessus des religions révélées avec ses rites ésotériques et sa discipline du secret.

En 2020, des loges françaises approchent à nouveau le Vatican avec un dossier nourri de témoignages de catholiques francs-maçons qui insistent sur la compatibilité des deux approches : « Je considère mon engagement maçonnique comme une complémentarité active et comme une mise en pratique de ma foi catholique. C’est cette complémentarité qui a fait engager mon couple dans la vie paroissiale, puisque ma femme était franc-maçonne. » La Congrégation pour la doctrine de la foi refuse de reconsidérer les choses.

Progrès et Vérité

En Suisse romande, des francs-maçons cherchent aussi le dialogue avec les autorités politiques et religieuses. L’historien Robert Giroud, auteur du livre 250 ans de franc-maçonnerie à Bex et Claude Oreiller, membre de la loge bellerine Progrès et Vérité ont coécrit en avril un dossier sur la maçonnerie dans le Confédéré pour tordre le cou aux idées reçues. La loge de Bex, par sa situation et son histoire, a accueilli les Valaisans qui ne pouvaient entrer en maçonnerie dans leur canton catholique. Parmi eux, il n’y avait pas que des anticléricaux ! « Aujourd’hui encore, confie Claude Oreiller, il y a d’authentiques chrétiens. Je connais un frère maçon engagé dans sa paroisse qui apporte la communion à domicile. »

Ce Valaisan, ancien député PLR, a reçu une éducation catholique. Il ne s’est jamais vraiment lancé dans une introspection spirituelle durant sa jeunesse. C’est en entrant en loge, il y a bientôt quarante ans, qu’il a approfondi ces questions, car l’Eglise remettait en cause les fondements de son appartenance chrétienne, bien qu’il ait prêté serment sur le Volume de la Loi Sacrée, la Bible ouverte sur l’Evangile de Jean.

Pour lui qui s’exprime à titre personnel, la franc-maçonnerie reste un acteur majeur de la culture judéo-chrétienne : « Elle n’a aucun grief contre l’Eglise, elle laisse libre ses membres de partager leur foi dans la confession de leur choix. » Et de rappeler qu’en loge, toute prise de position d’ordre politique ou religieux est interdite.

Un secret incompatible ?

Serge Abad-Gallardo, haut fonctionnaire français, n’est pas de cet avis. Il quitte la franc-maçonnerie après sa conversion au catholicisme. Son dernier livre Secret maçonnique ou vérité catholique met en lumière les intentions hostiles à l’Eglise véhiculées dans certains hauts grades du Rite écossais ancien et accepté. La base ignore ce qui se décide au sommet : « Durant tout mon parcours initiatique, je n’ai jamais réellement été à même de mesurer le conditionnement mental subi. Il me fallut par conséquent retrouver la foi et porter un regard neuf pour en comprendre le danger : j’étais réellement utilisé, plus ou moins consciemment, au service de l’Ordre. » A ses yeux, le Magistère a vu juste en faisant porter son interdit sur l’ensemble de la franc-maçonnerie sans distinguer les obédiences plus ou moins chrétiennes.

Pour l’abbé François-Xavier Amherdt, le problème se situe davantage au niveau de la foi. La connaissance gnostique dispensée est-elle compatible avec le Credo que nous professons ? « D’après les maçons, il n’y a pas de salut par grâce et miséricorde de Dieu en Jésus-Christ, mais une initiation progressive par degrés à un système symbolique. L’homme peut se perfectionner lui-même par étapes en accédant progressivement à une gnose (une connaissance cachée) réservée à des initiés. » Très tôt, l’Eglise a écarté une telle approche du salut. « Ce qui n’empêche pas de conserver le souci du dialogue », ajoute-t-il.

Le primat de la conscience

Le jésuite Etienne Perrot qui s’intéresse de près à la question est néanmoins d’avis qu’aujourd’hui « une condamnation de principe n’est plus de mise au regard de la diversité des engagements et des interprétations des symboles et rites maçonniques ». L’Eglise regarde la maçonnerie comme si elle se voyait dans un miroir : « Elle demande au Grand Architecte de l’Univers [auquel se réfèrent les francs-maçons] d’assumer toutes les qualités théologiques du Dieu personnel chrétien, comme si un catholique franc-maçon ne pouvait pas l’investir d’une expérience religieuse personnelle. »

En ce sens, comme le déclare un témoin cité dans le rapport transmis à Rome, « la franc-maçonnerie ne se substitue en aucun cas à la vie ecclésiale, ni à l’action des sacrements, mais peut constituer une préparation de tout l’être à l’actualisation en soi de la Parole, et de la communion intérieure au Verbe Divin, que les sacrements réaliseront ».

Evêques à l’appui

La Conférence des évêques de France a délégué Mgr Jean-Charles Descubes et Mgr Michel Dubost pour rencontrer entre 2017 et 2020 les représentants des loges françaises régulières (Grande Loge nationale française ; Grande Loge traditionnelle et symbolique Opéra ; Grande Loge traditionnelle et moderne de France) pour appuyer leur démarche auprès de Rome et dans le but de rendre compte de la diversité d’approches se référant à un Dieu personnel, compatible avec la foi chrétienne.

Tailler sa pierre pour devenir un homme meilleur

Pour Maurice Badoux de la loge Progrès et Vérité, le franc-maçon, à l’aide des outils et symboles des bâtisseurs de cathédrale, « doit accomplir un travail sur lui-même. Passer de la pierre brute à la pierre cubique. On y retrouve des liens avec le christianisme : le Christ, en donnant à Simon le nom de Pierre, a reconnu le fait que son disciple a réussi cette transformation ». La franc-maçonnerie n’est pas une religion ; elle offre un lieu pour se perfectionner moralement.

Jeux, jeunes et humour – juin 2021

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Pourquoi Jésus a un sacré cœur ?
L’expression se réfère à la fête du Sacré-Cœur qui a lieu le 3e vendredi après la Pentecôte. Dans l’évangile de Jean, lorsque le soldat romain perce le cœur de Jésus, il en sort du sang et de l’eau. Les chrétiens y voient un symbole de  son amour qui se donne jusqu’àla dernière goutte. Invoquer le cœur sacré de Jésus, c’est s’en remettre à la profusion de son amour qui inonde chacun de nous.

par Pascal Ortelli

Humour

Une dame âgée prenait le bus chaque semaine et une amitié était née naturellement avec le conducteur. Régulièrement, elle lui apportait un petit sac de noisettes. Le chauffeur lui a demandé où elle allait chercher toutes ces noisettes. « C’est bien simple, mon ami, comme je n’ai plus de dents, j’achète du chocolat aux noisettes,je mange le chocolat et je récupère les noisettes pour vous les donner ! »

par Calixte Dubosson

Compatible ?

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER, DR

C’est vrai que depuis le nouveau Code de droit canon, publié en 1983 à la suite du concile Vatican II, le Magistère de l’Eglise catholique a supprimé la mention des francs-maçons parmi ceux qui se mettaient «automatiquement» hors de la communion de l’Eglise, ce que l’on appelle aussi «l’excommunication». Et les textes officiels valorisent les collaborations possibles au service de la paix et de la justice sociale avec les francs-maçons, considérés comme des personnes estimables, des hommes et des femmes de bonne volonté, dont la quête spirituelle et symbolique mérite d’être prise en considération dans sa part de vérité.

Il n’en reste pas moins que la question demeure : est-il vraiment possible d’appartenir totalement à la maçonnerie et de croire pleinement au Christ qui, par sa Résurrection, nous comble de son Esprit, nous sauve par sa grâce et nous conduit au Père ? La foi en la Trinité ne se situe-t-elle pas au-delà des rites initiatiques maçonniques ? Et en christianisme, aucun «secret» ne se justifie en rigueur de terme: c’est à tous, surtout aux petits, que Jésus-Christ se révèle.

Via Jacobi: Montpreveyres – Lausanne

Basilique Notre-Dame du Valentin.

Texte et photos par Pascal Ortelli

Le mythique chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle traverse la Suisse romande, de Fribourg à Genève. Au-delà des sentiers battus, la Via Jacobi regorge de curiosités. Chaque mois, L’Essentiel prend son bâton de pèlerin et en réalise un tronçon sous forme d’une balade familiale à faire sur la journée. Aujourd’hui, cap sur Lausanne pour une étape urbaine entre lac et forêt.

Départ depuis Montpreveyres, 4h30 aller simple, 17,6 km

1. Longez la route principale puis entrez dans le bois du Grand-Jorat que vous traverserez en lisière jusqu’au Chalet-à-Gobet. Descendez ensuite à Vers-chez-les-Blanc. Après avoir traversé le Flon-Morand, contournez les dernières maisons d’Epalinges jusqu’au Centre Sylvana.

2. Là ne manquez pas de faire une halte au temple des Croisettes pour admirer le paysage. Descendez dans la zone résidentielle en suivant bien les panneaux jaunes, car le tracé se perd dans les quartiers. Aux Croisettes, visez la gare du métro puis traversez la route principale pour rejoindre Les Tuileries.

3. Sur votre droite, une jolie route forestière s’engouffre dans le vallon du Flon. Après avoir retrouvé la route principale, longez-la sur votre droite.

4. Vous entrerez alors dans le bois de Sauvabelin avec son fameux lac et sa tour. Au Signal, admirez la vue dégagée sur la ville puis descendez en lisière du verger jusqu’à la Fondation de l’Hermitage. De là, vous rejoindrez facilement la Cité.

5. Après vous être recueilli dans la cathédrale, ne manquez pas de traverser la place de la Riponne pour découvrir la basilique Notre-Dame du Valentin et sa librairie.

6. En vous prélassant dans les rues piétonnes, vous gagnerez facilement le haut des quartiers du Flon et le Grand-Pont avant de plonger sur la gare par la rue du Petit-Chêne.

Pour le retour à Montpreveyres, il vous suffit d’emprunter le métro jusqu’à Croisettes puis le bus en direction de Moudon-Gare.

Curiosité

Le lac de Sauvabelin avec son magnifique parc de jeux qui fait la joie des enfants.

Coup de cœur

La librairie du Valentin où vous trouverez la perle rare en plus de succulents produits monastiques.

Culture chrétienne, où es-tu?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unité pastorale Sainte Marguerite Bays (FR), mai 2021

PAR L’ABBÉ THEOPHIL MENA

PHOTO : DR

En Suisse, plus particulièrement dans le canton de Fribourg, les statistiques officielles nous révèlent que notre canton est de tradition chrétienne. L’Eglise catholique constitue la communauté principale, suivie de l’Eglise protestante (reformée). Le paysage religieux a fortement évolué
au cours des dernières décennies : la part de personnes sans appartenance religieuse a progressé tandis que d’autres religions et sectes chrétiennes sont apparues.

Aujourd’hui, culture chrétienne, où es-tu ? Il est vrai que cette dernière ne jouit plus de l’intérêt général ; elle est devenue une langue étrangère voire inconnue pour une grande partie des jeunes générations dans notre Eglise. Si nous nous demandons ce qu’il reste des connaissances de base de
la religion catholique, sa doctrine, son enseignement, ses dogmes, ses rites, ses prières, ses fêtes religieuses (Noël, Pâques…) et surtout leur sens, on constate une sécularisation exacerbée de notre société. Les études officielles récentes menées à ce sujet nous montrent que la culture chrétienne dans notre canton de Fribourg se maintient, même elle connaît une baisse importante chez les jeunes, phénomène qui n’épargne pas non plus
les catholiques pratiquants. De plus en plus, on rencontre des jeunes et aînés dans la foi qui manquent de repères pour bien appréhender la société dans laquelle ils évoluent et à laquelle ils sont confrontés.

En effet, cela nous interroge sur la transmission de notre culture chrétienne. Dans nos familles, on parle de moins en moins, rarement voire jamais de la religion ou de la foi chrétienne. A l’heure où les parents catholiques se questionnent sur l’enseignement religieux à l’école, reconnaissons que le canton de Fribourg est le seul canton qui conserve encore un enseignement religieux scolaire confessionnel (facultatif). Mais pour combien de temps encore ?

Tous, nous savons bien que la survie de l’Eglise repose sur les générations futures, mais le défi est de taille. Le Saint-Père mise beaucoup sur une nouvelle évangélisation pour reconquérir l’âme de nos sociétés. C’est notre mission à tous. C’est sur nos familles et paroisses qu’il faut compter pour favoriser des cheminements de foi et pour transmettre l’héritage précieux que nous avons reçu.

Culture chrétienne, où es-tu ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), mai-juin 2021

PAR L’ABBÉ PHILIPPE AYMON

PHOTO : PIXABAY

Une amie polonaise m’a raconté cette histoire de la procession de Notre-Dame de Jasna Góra. Une année, sous le communisme, les autorités décidèrent d’empêcher la traditionnelle procession en obligeant le clergé à conserver l’image de la Vierge à l’intérieur du sanctuaire. Le jour de la fête, une procession aussi importante que les années précédentes se mit en route. L’icône de la Mère de Dieu resta bien à l’intérieur du sanctuaire, mais les fidèles portèrent en procession le cadre vide qui entourait habituellement le tableau. Et la Vierge fut acclamée avec autant d’enthousiasme que les années précédentes ! Notre-Dame de Jasna Góra est le fruit de la foi et de la résistance des Polonais au cours de leur histoire. Elle a façonné leur culture, et même si l’image est interdite, la foi demeure : c’est bien la foi qui modèle la culture.

Une culture aussi bien présente chez nous. En conduisant les visites de la Cathédrale, c’est cette culture chrétienne que l’on découvre au travers les œuvres d’art. Mais qu’il est triste de noter une si grande ignorance religieuse dans la découverte des vitraux, tableaux et autels. La culture se donne à voir, mais la foi n’est plus là pour la comprendre. Qui peut nommer la scène biblique d’un vitrail, les symboles représentés sur le triptyque, le pourquoi des objets qui permettent de nommer le saint qui se trouve sur le tableau ? Qu’il est difficile alors à la culture de conduire à la foi.

Au Moyen Age le peuple ne savait pas lire, mais les prédications lui permettaient de reconnaître à coup sûr ce que l’art lui donnait à voir. Et ceci à travers toute l’Europe. Aujourd’hui nous savons lire, mais notre analphabétisme religieux nous laisse silencieux devant une œuvre qui exprime la foi.

Quant à l’art religieux abstrait, il semble nous dire qu’il n’a plus rien à dire. En effet : « Culture chrétienne, où es-tu ? »

 

Le tour des chapelles

La chapelle de Notre-Dame de la Garde

h5>Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur du Val d’Hérens (VS), mai 2021

PAR GISÈLE PANNATIER | PHOTOS : MONIQUE GASPOZ

Combien de sanctuaires édifiés sur le territoire de nos paroisses témoignent de la foi des habitants ! Sur un éperon rocheux surplombant les rochers et les éboulis du défilé de la Garde fut construite vers 1620 la chapelle de Notre-Dame de la Garde. C’est sur le flanc abrupt et escarpé de la vallée, au bord de l’ancien chemin muletier qui remontait jusqu’à ce replat pour relier Evolène à la partie inférieure de la vallée et à la limite naturelle qui séparait les paroisses d’Evolène et de Saint-Martin, que s’élève le sanctuaire dédié à la Vierge afin d’implorer la protection des voyageurs.

L’architecture y est exceptionnelle : la blanche chapelle est érigée sur un plan hexagonal et abritée par un toit conique couvert d’ardoises. Le porche, placé à l’est, repose sur deux colonnes. A l’intérieur, l’autel de style baroque date de la seconde moitié du XVIIIe siècle et comporte au centre une grande statue de Notre Dame portant l’Enfant. Elle est vêtue d’une robe blanche et parée du tsapèlètt.

Parmi les autres statues en bois polychrome figurent celle de sainte Catherine, patronne du Valais, et celle de saint Gothard, évêque. En effet, vers 1700, la chapelle, bâtie pour protéger les voyageurs, fut aussi dédiée à ce saint. En outre, l’antependium le présente encore dans un médaillon peint sur du bois. De chaque côté de l’autel, deux huiles sur toile sont accrochées aux murs, l’une représentant saint François et l’autre saint Martin.

Depuis quatre siècles, les générations de croyants expriment leur dévotion entière à Notre Dame de la Garde et lui confient leurs demandes d’intercession et de protection. Le pèlerinage et la messe du mois de mai rassemblent toute la paroisse quand le coronavirus ne s’invite pas.

 

Culture en quête de sens

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs de Sierre (VS), mai 2021

Dès sa naissance l’homme est intégré dans une culture, une tradition. Celle-ci oriente sa vie et ses comportements. Chaque culture prône une philosophie et des valeurs clés. Quelles sont les valeurs de la culture chrétienne et quelle est l’influence de la Foi ?

PAR SERGE LILLO | IMAGE : LDD

La culture chrétienne met en avant les valeurs de vérité, de justice et de liberté pour la recherche avec sagesse du bien commun et de la paix.

Foi et raison au service de la vérité

La recherche de la vérité et la compréhension du monde qui l’entoure occupe
l’esprit de l’homme quelle que soit la culture dans laquelle il vit ; de la réponse aux questions de fond qui caractérisent le parcours de l’existence humaine dépend l’orientation qu’il va donner à son existence. « Qui suis-je ? D’où viens-je et où vais-je ? Pourquoi la présence du mal ? Qu’y aura-t-il après cette vie ?

Pour la culture chrétienne, cette recherche de la vérité fait appel à la raison et à la Foi, comme l’écrivait saint Jean-Paul II dans Fides et Ratio : « L’Eglise est partie prenante à ce parcours de recherche de la vérité. En effet, depuis ses débuts, Elle est en pèlerinage sur les routes du monde pour annoncer que Jésus Christ est  » le Chemin, la Vérité et la Vie  » (Jn 14, 6). » (Fides et ratio, 1-2) Il ajoutait : « la foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité. C’est Dieu qui a mis au cœur de l’homme le désir de connaître la vérité et, de Le connaître lui-même afin que, Le connaissant et L’aimant, il puisse atteindre la pleine vérité sur lui-même. »

La justice n’est pas l’égalité :

Quant à la justice, l’Eglise la définit comme « la vertu morale qui consiste dans la constante et ferme volonté de donner à Dieu et au prochain ce qui leur est dû ». (CEC §1807) Pour comprendre cette définition, rien de telle que la parabole des talents, dans laquelle Dieu n’exige pas la même chose de tout le monde, mais il exige plus de ceux à qui il a donné plus. A l’image de la photo ci-contre, la justice éclairée par l’Amour, recherche donc plutôt l’équité et la complémentarité que l’égalité.

Le « oui » libre de Marie

Enfin la culture chrétienne prône la liberté. En effet, Dieu nous a créés libres pour que nous puissions répondre à ses appels de façon volontaire et sans contrainte. Et ceci tant au niveau de nos activités, que dans le domaine de la foi. Jésus dit en effet : « Qu’il te soit fait selon ta foi. »
(Mt 9, 29) Il montre ainsi que la foi appartient en propre à l’homme, puisqu’elle relève de sa décision personnelle. L’exercice de notre liberté requiert donc bon sens et sagesse, car l’homme tire également les conséquences de ses choix libres. Nous nous en rendons bien compte, lorsque nous regardons dans le rétroviseur de notre vie : de bons choix augmentent notre liberté et portent du fruit, alors que de mauvais choix nous enchaînent.

Qui mieux que Marie pour nous guider vers un bon usage de notre liberté ? En ce mois de Marie, laissons-nous inspirer par son « oui » libre à l’ange Gabriel qui a conduit à la naissance de notre Sauveur : « Voici la servante du Seigneur ; Qu’il me soit fait selon ta parole. » (Lc 1, 38) Saint Jean-Paul II concluait d’ailleurs son encyclique Fides et Ratio avec ces mots : « Puisse Marie, Trône de la Sagesse, être le refuge sûr de ceux qui font de leur vie une recherche de la sagesse ! Puisse la route de la sagesse, fin ultime et authentique de tout véritable savoir, être libre de tout obstacle, grâce à l’intercession de Celle qui, engendrant la Vérité et la conservant dans son cœur, l’a donnée en partage à toute l’humanité pour toujours ! » (Fides et ratio, 108)

 

Le retour de Marie

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs de Sierre (VS), mai 2021

Il y a peu, une ancienne statue de la Vierge a retrouvé son lustre et une place à l’église Sainte-Catherine. Nous avions confié une œuvre datée de la fin du XIXe siècle en très mauvais état à la restauratrice d’art Claudia Guntern. Notre statue nous est revenue « comme neuve ». Rencontre avec celle qui a su lui redonner son aspect d’origine.

PAR LÉONARD BERTELLETTO

PHOTOS : HERBERT HEISS, LÉONARD BERTELLETTO

C’est grâce à notre confrère Herbert Heiss que nous avons pu restaurer cette statue de la Vierge. Le curé de la paroisse germanophone de Sierre connaissait Claudia Guntern pour lui avoir déjà confié du travail. Claudia habite Geschinen dans la vallée de Conches. Son atelier de restauration d’art se trouve à 3 kilomètres de là, dans le village de Reckingen, dont l’église baroque est bien connue. Claudia avait commencé sa formation à Brigue puis l’a continuée à Berne et à Rome.

Ses clients

Ses clients sont des paroisses, qui désirent rénover leur patrimoine, ou des particuliers. Claudia redonne une nouvelle jeunesse à des statues, des tableaux, des fresques, des maîtres-autels dorés à la feuille… La Vallée de Conches recèle un très vaste patrimoine religieux, qui trouve son origine dans la Contre-Réforme catholique du XVIe siècle.

Un travail d’exception

De quel travail garde-t-elle un souvenir particulier ? Sans doute de la châsse du saint pape Jean XXIII que Claudia a dorée quand elle était en stage à Rome. Cette œuvre destinée à présenter aux fidèles le corps du bon pape Jean se trouve maintenant dans la basilique Saint-Pierre. Plus proche de nous, citons la rénovation de l’autel à l’église de Ze Hoheflüe (Mörel), ou encore des travaux à l’église d’Ernen, dans le village d’origine du cardinal Schiner. Quant à la rénovation de notre statue de la Vierge, elle a nécessité 17 heures de travail. Puisse-t-elle soutenir notre dévotion et notre affection filiale envers la Mère de Jésus et notre Mère. Grand merci à notre ami Jean Formaz pour la réalisation du socle en bois.

Des jeunes !

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), mai-juin 2021

Les adolescents et les jeunes ont de nombreuses possibilités de vivre leur foi sur nos paroisses…

TEXTE ET PHOTOS PAR ALINE JACQUIER

… des après-midi fun et foi

Le groupe composé de jeunes dès la 8H, se retrouve un samedi après-midi par mois, à la salle paroissiale de la Cathédrale. Pour le côté « Foi », la rencontre débute par un enseignement et se termine par la célébration de la messe à laquelle les jeunes participent activement à travers les lectures. La partie « Fun » intervient en cours de route avec le goûter suivi d’un film, un bricolage ou un jeu. Un pèlerinage à Rome est agendé début 2022, affaire à suivre !

… les Relais

Il s’agit d’un mouvement issu de l’Action Catholique qui s’adresse aux adolescents (11-15 ans) et propose des rencontres sous forme d’activités, jeux, discussions, échanges et prières. Deux groupes sont actuellement actifs sur nos paroisses. Le premier, du côté de la paroisse de St-Guérin, se retrouve régulièrement depuis bientôt trois ans et planche actuellement sur un projet de jardin solidaire en lien avec l’encyclique Laudato si’ du pape François. Quant au deuxième, il regroupe des jeunes Léonardins dont le projet, lui aussi inspiré par le texte du Saint-Père, consiste à aménager un local paroissial avec du matériel de seconde main.

… des chorales

Le Chœur des Jeunes de Bramois, tout comme celui de St-Guérin, la Schola ou l’Ecole Maîtrisienne comptent dans leurs rangs des jeunes qui mettent leurs talents musicaux au service la liturgie. Nous pensons bien à toutes ces chorales réduites publiquement au silence depuis novembre dernier, en raison de la situation sanitaire. Nous espérons les retrouver très bientôt !

… des soirées Fun & God

Cinq fois par année, un peu moins cette année en raison des restrictions dues à la pandémie, des ados et des jeunes se retrouvent à la salle paroissiale de St-Guérin pour des rencontres, soirées jeux, films, témoignages… Un pèlerinage d’un jour ou deux est également au programme.

… des Jeunes Bénévoles en Eglise

Une dizaine de jeunes œuvrant comme aide animateur dans un groupe, directeur d’une chorale ou responsable des servants de messe ont suivi la formation « Jeune Bénévole » JB2 ou suivent actuellement celle du JB3. Ces parcours sont diocésains et permettent d’acquérir des compétences et d’enrichir ses expériences.

… et encore

Une présence dans les aumôneries d’école (Collège de la Planta, des Creusets, ECCG-EPP) ainsi que diverses activités organisées pour et par les jeunes dans notre diocèse et en Suisse romande : DJP, Cure Ouverte, JMJ, OpenSky…

Une de ces propositions t’intéresse ?

Tu souhaiterais obtenir plus d’informations ou soumettre une idée ?

N’hésite pas à prendre contact par e-mail jeunesse.sion@gmail.com ou par téléphone au 079 325 74 04.

 

Les enfants et la Semaine sainte

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur de l’Entremont (VS), mai-juin 2021

PAR MICHEL ABBET | PHOTOS : BÉNÉDICTE BENDER

Semaine sainte animée pour le secteur des paroisses d’Entremont. Si les adultes doivent toujours ronger leur frein et attendre que la situation se normalise, les enfants ont pu, dans le respect des règles sanitaires, prendre conscience à travers divers ateliers de la dimension spirituelle de cette semaine à nulle autre pareille pour les Chrétiens. Ainsi, près de 80 enfants du secteur ont pu s’imprégner de la Passion, d’adoration, de fabrication de pain azyme ou ont pu transmettre en décorant des palettes la joie de Pâques dans le village d’Orsières. Et cela grâce à une quinzaine de mamans et à des jeunes qui ont offert leur temps et leur enthousiasme pour que tous ces projets deviennent réalité. Un tout grand merci et un non moins grand bravo pour la richesse des activités proposées.

 

Culture chrétienne, où es-tu?

De plus en plus de chrétiens choisissent la dispersion des cendres dans la nature.

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Clins Dieu sur les Contrées (VS), mai 2021

Par Pierre-Martin Lamon, enseignant en philosophie, Chermignon
Photo: DR

La question révèle un profond désarroi. La « culture chrétienne » se serait comme évaporée en Occident avec l’émergence de la modernité (autour du 16e siècle), même si dans nos régions, elle n’a vraiment commencé de s’imposer que plus tard – depuis une centaine d’années environ. Le christianisme, en effet, n’organise plus, n’inspire plus fondamentalement notre vivre-ensemble. Inculture religieuse, déplorent les profs de lettres de l’enseignement secondaire et de l’Université. Explosion exponentielle de l’indifférence religieuse, constatent les sociologues. Effondrement de la foi, sont tentés de dire les clercs et les rangs clairsemés des fidèles à l’église. Culture chrétienne, où es-tu ?

Hé, les amis ! On se reprend !

1. Tentation
Réaction première mais stérile. Maintenir le passé en l’état ; bloquer le mouvement de l’histoire en restaurant habitudes, rites et coutumes de jadis, en répétant mécaniquement les dogmes élaborés, dit-on, depuis toujours et pour toujours. On pense ainsi sauver la tradition, rester fidèle à l’esprit du Christ. Nostalgie sans avenir, hélas ! L’Evangile propose une espérance qui nous projette non pas en arrière mais au-devant de nous. La Bonne Nouvelle est sans cesse nouvelle.

2. Ouvertures
Comment, avec réalisme, raviver parmi nous et au-delà de nous l’esprit du christianisme, c’est-à-dire une forme de « culture chrétienne » ?
➢ Redécouvrir des textes évangéliques, leur puissance d’éveil, grâce à une parole qui circulerait au sein de groupes de lecture indistinctement ouverts à tous, où chacun(e) pourrait s’exprimer sans contrainte ni fausse modestie, avec confiance en soi et dans les autres. Un lieu de parole : réflexions partagées, surprenantes, innovantes.
➢ Préparer des homélies ensemble, laïcs et prêtres – par exemple à l’occasion des messes en famille. Rappel. La vie chrétienne se branche sur trois références : la Parole de Dieu, les sacrements, une éthique conforme aux perspectives de l’Evangile. « Ce qui est premier n’est pas le sacrement, mais bien la Parole de Dieu. » 1 D’où les suggestions précédentes.

N.B. : En consultant le site internet www.noble-louable.ch, le lecteur trouvera une version « annotée », étayée, étoffée, argumentée, très intéressante par les citations-choc qui en constituent la teneur essentielle. (nda).

1 Louis-Marie Chauvet, Études, mars 2021.

L’exigence de la culture chrétienne

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Saint-Barnabé (VD), mai-juin 2021

Le cahier romand de L’Essentiel nous propose en ce mois de mai, sous forme interrogative, le thème de la culture chrétienne : « Culture chrétienne, où es-tu ? » C’est à ce propos que nous voulons nous poser deux questions : quelles sont les exigences de la culture chrétienne ? Ma culture est-elle chrétienne ?

PAR PATRICK CHUARD ET LAZARE PRELDAKAJ

PHOTOS : VISITE VIRTUELLE DU PALAIS FÉDÉRAL, PARLEMENT.CH, LAZARE PRELDAKAJ

Depuis des mois, le Covid et ses « nouveaux variants » déroule son cortège de souffrances et de morts. Mais le monde est ravagé par des virus encore pires. Ils ont un dénominateur commun, l’« égoïsme ». En effet, c’est à cause de ce fléau et de ses multiples variants, comme la famine en temps d’abondance, des guerres en temps de paix, des conflits en dépit des accords bilatéraux, des violences malgré un monde globalisé, que des millions d’innocents fuient leur pays et meurent chaque année dans le monde. A voir la durée de vie persistante de cette pandémie « d’égoïsme », nous serions tentés de dire que «contre ces virus, il n’y a pas de vaccin», comme l’a rappelé notre curé modérateur et doyen de la Broye, l’abbé Luc de Raemy, lors de son homélie à la veillée de Pâques.

Le « vaccin », a ajouté l’abbé Luc, existe non seulement depuis toujours, mais nous le connaissons tous, car nous le possédons. Il est capable par la seule volonté de créer « l’immunité collective » tant désiré en temps de pandémie. Ce « vaccin » se nomme « charité ». En hébreu, le mot est synonyme de justice, alors que dans la théologie chrétienne, il désigne l’amour de Dieu pour l’homme et l’amour de l’homme pour Dieu, pour lui-même et pour le prochain : « Aimer Dieu de tout son cœur, de toute son intelligence et de toute sa force, et aimer le prochain comme soi-même, vaut mieux que tous les holocaustes et tous les sacrifices » (Mc 12, 33).

Autrement dit, la charité est au cœur de la culture chrétienne, même s’il est parfois difficile de sortir de notre zone de confort. La charité a bouleversé et bouleverse en permanence le ron-ron du monde. C’est pourquoi, dans l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium (« La Joie de l’Evangile »), le pape François écrivait qu’il « est nécessaire d’évangéliser sans cesse les cultures afin d’inculturer l’Evangile. » Chez nous, on trouve des restes de cette culture chrétienne partout. Les croix qui nous accueillent aux entrées de nos villages, de même que la croix sur le drapeau helvétique en sont des signes évidents. « La force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres », dit la Constitution, traduction laïque d’une valeur héritée de l’Evangile.

La culture chrétienne doit être ravivée et préservée, certes. Mais est-ce suffisant ? Si la foi n’irrigue plus la culture contemporaine, « ce n’est pas seulement à cause de la sécularisation, mais aussi de la tiédeur des chrétiens », soulignait le pape François, lors d’une conférence de presse à son retour de Suède, en 2016. Autrement dit, la vague de religiosité fleurissant depuis quelques années, les rites, les coutumes, de même que nos célébrations ne remplacent pas la foi et l’amour du prochain.

Sans vouloir tomber dans la culpabilité, laissons-nous provoquer par ces paroles de Raoul Follereau qui résonnent encore, aujourd’hui comme il a plus de cinquante ans, avec la même urgence : « La faim écrase aujour­­d’hui le monde et ne nous permet plus à nous, si nous prétendons être des chrétiens, voire simplement des hommes, un seul instant de repos ou de véritable bonheur. Est-ce que nous continuerons de manger trois fois par jour, de dormir et de rire, alors que nous savons que tout hurle, pleure et se désespère autour de nous ? » (Une bataille pas comme les autres, 1964)

 

Comment partager sa foi ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP de la Champagne (GE), mai 2021

PAR PAULETTE TREMBLET | DESSIN : PIXABAY

Parler de Dieu pour un chrétien, c’est d’abord témoigner de son amour. Témoigner de l’amour de Dieu peut se faire par la parole, par des actes… en fait par la combinaison des deux, car si les actes et la parole ne concordent pas, la crédibilité est faible.

Combien de fois avons-nous essayé de parler de Dieu ou expliqué notre foi et avons-nous subi un échec ? Car même si on croit fortement, exprimer sa foi est par expérience un exercice particulièrement difficile. Nous pouvons nous rassurer en lisant les Evangiles. Jésus, malgré toute sa perfection et sa capacité à réaliser des miracles,
a également connu des échecs.

En ce temps pascal, il est peut-être plus aisé de parler librement de Celui qui est mort et ressuscité. Nous pouvons parler de Dieu avec joie, force et simplicité, Lui qui nous a tant aimés jusqu’à donner sa vie pour nous.

Selon le dictionnaire, la définition de la foi est : fidélité à tenir sa parole, confiance en quelqu’un ou quelque chose et le fait de croire en Dieu.

Il y a matière à réfléchir et à par­tager. Pour ma part, deux témoignages me touchent : une paroissienne qui récite quotidiennement son chapelet depuis des années et notre organiste qui met un terme à son engagement après 50 ans d’activité au service de nos communautés, pour agrémenter nos célébrations.

Respect et merci.

Et en ce mois de mai, mois de Marie, n’ayons pas peur de nous engager et, à son image, formulons notre « oui », afin que nos rassemblements soient un témoignage de notre foi.

 

« Parler de Dieu ?… Il y a matière à réfléchir.»

La culture chrétienne en recul

PAR CALIXTE DUBOSSON

PHOTOS : CIRIC, DR

L’histoire se passe il n’y a pas si longtemps, plus précisément le Mercredi des cendres. La présentatrice d’une chaîne de télévision française conclut son bulletin météo en lançant chaleureusement aux téléspectateurs : « … et bonne fête à toutes les Cendres. » Le jour de la Toussaint 2020, une journaliste de l’émission « Mise au Point » lance son sujet en ces termes : « En ce jour des morts… » Et au lieu d’un reportage sur des fidèles se rendant à la messe ou d’une enquête sur le processus de béatification dans l’Eglise catholique, on nous a servi ces perpétuels reportages sur les employés des pompes funèbres et sur la progression des incinérations par rapport aux inhumations. Dans mon village de Vernayaz, quand on demande aux enfants ce qu’est la Fête-Dieu, certains répondent sans hésiter : « Le tournoi de foot ! » En effet, la Fête-Dieu coïncide ici avec le traditionnel tournoi organisé par le FC du coin.

Des anecdotes comme celles-là, tout le monde, à commencer par les conservateurs de musée ou les professeurs de français ou d’histoire, pourrait en citer des quantités. Il y a aussi l’aspect de la culture biblique à prendre en considération. « Nul n’est prophète en son pays, tuer le veau gras, trouver son chemin de Damas, séparer le bon grain de l’ivraie » : toutes ces expressions tirées du vocabulaire biblique n’ont souvent plus d’écho chez les jeunes générations totalement étrangères à cette culture dans laquelle ils n’ont pas baigné. Et chacun s’accorde à déplorer l’ignorance religieuse contemporaine. Il faut donc se poser la question : comment en est-on arrivé là ?

Echec dans la transmission des valeurs

« Nous sommes chrétiens, au même titre que nous sommes allemands ou périgourdins. » Cette affirmation de Montaigne au XVIe siècle, qui la partagerait encore aujourd’hui dans une société dont il est convenu désormais que l’un de ses traits les plus caractéristiques est le pluralisme ? Comment se fait-il, nous disent des grands-parents, que nous ayons pu tout mettre en œuvre pour une éducation de la foi aussi intelligente que possible et que le résultat soit tellement médiocre, sinon négatif ?

Quand les enfants sont baptisés, presque tous sont inscrits au catéchisme pour pouvoir être admis à la communion, à la confirmation et, un jour, au mariage religieux ; et voici que, au lendemain de la communion ou de la confirmation, « on ne les voit plus », en ce sens qu’il n’en reste qu’une minorité dont la fidélité se marquera visiblement par l’assiduité à la messe dominicale. Un curé se plaignait à ses confrères de la présence persistante de chauve-souris dans son église. Il avait utilisé tous les moyens pour s’en débarrasser mais sans succès. Un de ses confrères lui a suggéré de les baptiser et de les confirmer, et c’est ainsi qu’il put résoudre son problème. Boutade humoristique qui traduit assez bien le sentiment général devant une catéchèse qui n’atteint pas son but.

La dynamique de la foi chrétienne commande de transmettre ce que nous avons reçu. Par deux fois, Paul emploie, comme en un couple indissociable, les verbes « recevoir » et « transmettre » : « Voici ce que j’ai reçu et ce que je vous ai transmis » ; « Je vous ai transmis ce que j’avais moi-même reçu. » (1 Co 11, 23 ; 15, 3) Telle est la logique, dès l’origine, de l’Eglise : le passage du témoin des uns aux autres. La foi n’a jamais été, et ne sera jamais, une expérience absolument autonome et solitaire.

Il semble bien dès lors que là se situe le vrai problème de la perte d’une grande partie de la culture chrétienne qui s’est longtemps nourrie de traditions et de façons de vivre bien ancrées socialement et que personne n’avait l’idée de remettre en question. Il se pourrait ainsi que l’Evangile ait été mis au second plan et qu’il n’ait pas pénétré le sens profond qui donnait à ces traditions et manifestations religieuses leur entière légitimité. Résultat : un abandon progressif de la pratique religieuse par une génération qui, à l’image de la société, se tourne vers un individualisme qui ne trouve plus sa place dans les phénomènes de masse qui étaient monnaie courante chez ses aînés.

Résurgence de pratiques individuelles

A cela s’ajoute un vaste courant de déchristianisation que pourrait illustrer ce débat qui a eu lieu dans le Parti démocrate-chrétien pour savoir s’il fallait abandonner le « C » et ainsi changer de nom pour devenir : « Le Centre ». Cela laisse à penser que « le christianisme est devenu un repoussoir dans un pays dont le drapeau est orné d’une croix – pour combien de temps encore ? », affirme Thibaut Kaeser dans l’Echo Magazine du 8 octobre 2020. « Reléguer le christianisme qui nous a tant façonnés, en avoir honte, voire l’effacer… C’est à ce défi que nous sommes confrontés. Il est monumental », poursuit notre interlocuteur.

Un autre défi qui attend la nouvelle évangélisation voulue par saint Jean-Paul II, c’est la résurgence de pratiques spirituelles individuelles. On voit ça et là naître un « culte de la nature » encouragé par les vagues vertes de la politique qui met au centre la lutte contre le réchauffement climatique, la défense et la protection de l’environnement. De plus en plus de personnes, dont des chrétiens, choisissent l’incinération et la dispersion des cendres dans la nature dans leur testament. Initiatives qui pourraient être comprises comme un acte d’athéisme puisque en disparaissant sans laisser de trace, ils revendiquent « un retour au néant ». Dieu n’est plus le Créateur et c’est la créature qui devient Dieu.

Comme la nature a horreur du vide, il faut bien remplacer les rites anciens par des rites modernes. « Voyez, monsieur le curé », me confiait un paroissien, même dans notre village à 90% chrétien, il y a maintenant une salle pour le yoga dont les responsables doivent refuser du monde, des expériences parents-enfants sous la dénomination de « Moments magiques », des ventes de pierres philosophales que l’on porte sur soi pour attirer les ondes positives ! »

Une lumière dans la nuit

La situation nouvelle, dans une société comme la nôtre, est celle d’une transmission qui est appelée à se faire explicitement en direction de jeunes ou d’adultes qui n’ont jamais rien reçu, soit qu’ils n’aient jamais été catéchisés, soit même qu’ils n’aient pas été baptisés ; ce qui est relativement différent du cas de ceux qui ont reçu une éducation chrétienne et qui ont délibérément choisi de penser et de vivre selon des représentations de l’existence étrangères à la foi en Jésus-Christ. Ces jeunes et ces adultes sans passé chrétien, ou même sans aucun passé religieux, comment peuvent-ils être rejoints par une démarche de transmission ? « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins. » (Evangelii nuntiandi, 1975, nº 41) Peut-être aussi, dans une ou deux générations, ceux et celles qui auront vécu sans notion précise de l’Evangile, le découvriront comme un trésor
et en deviendront les hérauts ? L’histoire nous le dira.

Patrimoine sacré

PAR AMANDINE BEFFA | PHOTOS : DR

Vous souvenez-vous de ce que vous faisiez le 15 avril 2019 en fin de journée?

L’espace d’une soirée, le monde entier retenait son souffle alors que Notre-Dame de Paris s’embrasait. Les médias ne faisaient pas dans la demi-mesure dans le choix des mots, et l’incendie d’une cathédrale apparaissait soudain comme un choc planétaire.

Cela peut sembler étonnant. Après tout, pour un non-croyant, qu’est-ce qu’une église si ce n’est un bâtiment appartenant à un passé désormais révolu ?

Et pourtant, guide bénévole depuis près de dix ans, je suis chaque été témoin du pouvoir de l’art. C’est qu’il y a dans la beauté quelque chose qui touche au plus profond. Quelque chose qui arrête le touriste pressé de visiter tout Paris en une journée ou qui captive l’adolescent embarqué malgré lui par ses parents.

Les Pères de l’Eglise, et certains papes après eux, parlaient de la voie de la beauté. A nous d’en retrouver le chemin pour rejoindre ceux que nos mots, parfois maladroits, ne convainquent pas toujours.

En librairie – mai 2021

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Le soir approche et déjà le jour baisse
Nicolas Diat – Robert Sarah

« A la racine de l’effondrement de l’Occident, il y a une crise culturelle et identitaire. L’Occident ne sait plus qui il est, parce qu’il ne sait plus et ne veut pas savoir qui l’a façonné, qui l’a constitué, tel qu’il a été et tel qu’il est. De nombreux pays ignorent aujourd’hui leur histoire. » Cette constatation du cardinal Sarah est sans appel. Pourtant, tout en faisant prendre conscience de la gravité de la crise traversée, le cardinal démontre qu’il est possible d’éviter l’enfer d’un monde sans Dieu, d’un monde sans homme, d’un monde sans espérance.

Pluriel

Acheter pour 16.80 CHF

Pourquoi avons-nous si peur de la mort ?
Joël Pralong

Pourquoi avons-nous si peur de la mort ? La pire épidémie est celle de la peur. A cause d’elle, nous fuyons la vie sans éviter la mort. La foi devrait pourtant nous en prémunir. Est-ce aussi simple ? Le Père Joël Pralong décrit les mécanismes en jeu dans la peur de mourir et indique les moyens d’avancer dans la vie avec davantage de sérénité, adoptant un point de vue à la frontière du psychologique et du spirituel. Avec clarté et de manière concrète, Joël Pralong nous permet de prendre conscience des mécanismes qui nous empêchent d’avancer. Et nous propose les moyens de nourrir la paix de l’esprit et du cœur.

Artège

Acheter pour 20.70 CHF

7 jours – 7 dons – 7 béatitudes
François-Xavier Amherdt

Mettre en relation à chaque fois un jour de la semaine avec un don de l’Esprit et une béatitude : l’option est inédite et suscite des associations originales. L’ouvrage propose ainsi un petit aperçu de la vie spirituelle au quotidien, polarisée par le Christ, notre unique « trésor », et fournit même un scoop : le numéro personnel du mobile du Seigneur, afin de rester en contact permanent avec lui, au cœur de toute activité pastorale. 

Lit Verlag

Acheter pour 26.90 CHF

Notre-Dame de Paris, la nuit du feu
Delalande, Bertorello, Fernandez

Paris, le 15 avril 2019. Vers 18h20, un feu démarre sous la charpente de Notre-Dame de Paris. Une demi-heure plus tard, l’incendie se généralise à l’ensemble de la cathédrale. Les yeux du monde entier assistent alors, impuissants, à ce qui pourrait devenir la destruction en direct de l’un des plus grands fleurons du patrimoine de l’humanité. A travers cette bande dessinée, revivez heure par heure les circonstances du drame et tentez de mieux comprendre. Par touches, revivez également les moments clés de la construction de Notre-Dame et plongez au cœur de l’histoire de ce monument, qui reste l’un des plus visités au monde à l’heure actuelle.

Glénat

Acheter pour 25.00 CHF

Pour commander

Les médias, source d’échanges inépuisables

PAR BÉNÉDICTE DROUIN-JOLLÈS | PHOTO : GETTY

Interrogez-vous vos enfants sur leurs sources d’information et de distractions ? Regardez-vous avec eux leurs chaînes et vidéos fétiches sur Youtube ? Allez-vous sur les réseaux sociaux qu’ils fréquentent ? Et vous, leur montrez-vous vos journaux préférés ? Voilà autant d’occasions de partage de moments enrichissants.

On peut penser que c’est une perte de temps, que leur vie privée ne nous regarde pas, préférer donner la priorité au travail… Personnellement je n’ai jamais regretté d’avoir favorisé ces échanges. Ils sont l’occasion de pénétrer dans leur univers culturel si différent du nôtre. Aujourd’hui les médias sont très segmentés selon les âges, les sexes et les centres d’intérêts. Des discussions passionnantes émergent ainsi. D’abord nos jeunes sont tellement heureux de nous faire découvrir ce que nous ignorons. A notre tour ensuite d’interroger, de souligner le positif ou au contraire d’inviter à la prudence face aux éventuels écueils. Nos ados, grands consommateurs d’écrans, acquièrent relativement vite une certaine méfiance vis-à-vis des fake news ou des clichés répétés en boucle. Mais, ils ont aussi tellement besoin d’interlocuteurs pour les aider à les identifier,
pour approfondir une réflexion encore parfois vacillante ou superficielle.

Pour peaufiner l’exercice, pourquoi ne pas prendre le temps nous aussi de montrer ce qui nous tient à cœur : un exemple d’attitude héroïque qui « tire vers le haut », un témoignage de foi et d’engagement, un reportage inédit qui nous enthousiasme. Tous les jours, grâce aux médias, nous pouvons trouver de quoi échanger, débattre, apprendre à s’émerveiller et ainsi éveiller petit à petit l’intelligence, l’esprit critique et la vie intérieure des plus jeunes.

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
LinkedIn
Share
WhatsApp