La louange plutôt que le fléau

Par Thierry Schelling
Photo : DR

« Ma pénitence, mon Père ? », me demande une fidèle à peine confessée. « Remercier Dieu pour vous avoir permis de comprendre ceci… »
« Mais… c’est nul, comme pénitence, ça fait pas mal du tout ! » Elle part, dépitée. Reviendra-t-elle ?

Je suis un piètre confesseur : proposer la louange de Dieu plutôt que le martinet… Accueillir la caresse de sa main maternelle, de son regard fraternel qui relève toujours, de son espérance en moi en mieux, plutôt que gainer sa courroucée désespérance de ma médiocrité en régulant sa délectation de mes « aïe ! » et de mes « ouille ! »… Pourtant, Dieu n’est scandaleusement qu’AMOUR. Et confesser cela peut être contraignant pour ma vie de chrétien.ne ! Car c’est le contraire d’un Dieu vengeur ou béatement enamouré qui laisserait tout passer… Non : n’être qu’amour inconditionnel demande qu’on s’y habitue dans la durée…

Ma pénitence ? Demeurer témoin d’un Dieu bon, juste et vrai en restant bon, juste et vrai… dans la mesure du faisable… Afin que cet incommensurable Amour transperce, tôt ou tard, la carapace (sécuritaire ?) de nos résistances nourries de culpabilisation pendant des siècles. Quelle bonne nouvelle de Car’aime !

En librairie – mars 2021

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Tout savoir sur saint Joseph
Dominique Le Tourneau

L’homme silencieux, le père discret des Evangiles, l’humble travailleur de Nazareth est sans doute le saint le plus prié après la mère de Jésus. Que sait-on de lui pour autant ? Vous trouverez ici son histoire racontée à partir des Evangiles et des écrits non officiels souvent repris par les Pères de l’Eglise. Maître de vie intérieure, proche de tout travailleur et gardien des familles, Joseph accompagne chacun à sa façon. Vous découvrirez son culte à travers le monde, comment le prier et une multitude d’anecdotes étonnantes… Un ouvrage pour tous, du débutant à l’érudit, qui met au grand jour la vie cachée et la splendeur du père de Jésus.

Editions Artège

Acheter pour 25.20 CHF

Joseph – L’éloquence d’un taciturne
Philippe Lefebvre

Dominicain et bibliste de renom, Philippe Lefebvre qui vient d’être nommé par le pape François membre de la Commission biblique pontificale, nous propose un voyage dans les Ecritures pour découvrir la figure de Joseph. L’Ancien Testament jette ainsi une lumière inédite sur Joseph, tandis que l’étude approfondie des textes du Nouveau Testament nous révèle la profondeur de ce personnage. Un ouvrage de choix et de qualité, fouillé, passionnant, qui nous offre de découvrir, Bible en main, ce Joseph tant cité par l’Eglise et si silencieux en apparence.

Editions Salvator

Acheter pour 32.40 CHF

Vivre du Christ avec saint Joseph
Frère Noël-Marie Rath

Vivre du Christ est une manière de voir le monde. Un art de vivre. Une invitation à pratiquer la Bonne Nouvelle à l’instar de saint Joseph, époux de Marie, père nourricier de Jésus, gardien de sa famille dans les jours heureux et dans les épreuves. Si l’Evangile est peu disert sur ce monument de silence, l’auteur en fait cependant une relecture qui démontre la sainteté exemplaire du charpentier de Nazareth : ainsi sa docilité à l’Esprit Saint et son humilité, source de bonté. Patron de l’Eglise universelle mais aussi des travailleurs, saint Joseph est un veilleur, un gardien qui aide à vivre du Christ comme lui-même l’a vécu : en témoin et en acteur de la grâce agissante de Dieu parmi les hommes.

Editions Salvator

Acheter pour 27.60 CHF

Le Veilleur – Une vie de saint Joseph
Christophe Hadevis et Rodéric Valambois

Cette bande dessinée, aussi belle que spirituelle, nous raconte d’abord la vie de saint Joseph, en restant au plus près des Evangiles et de la réalité historique. Elle nous invite ensuite dans une famille d’aujourd’hui qui, dans ses joies et ses épreuves, se confie à Joseph. Vie, dévotion, fioretti nous dévoilent le visage de celui qui prend soin de nous comme il a pris soin de la Sainte Famille, en épousant le projet de Dieu.

Editions Emmanuel

Acheter pour 22.50 CHF

Pour commander

Souffrir pour être sauvé?

Bien des gens pensent que c’est en punition à une faute qu’une maladie leur tombe dessus.

« Il faut souffrir pour être sauvé » : des soignants et des aumôniers rapportent entendre encore régulièrement cette phrase terrible dans la bouche des malades. Comme si plus l’on souffre, plus on serait proche de Dieu. Alors que le Christ est venu précisément pour nous guérir et nous libérer de tous maux. Comment faire la part des choses entre les fausses conceptions doloristes et la juste participation à la Passion du Christ ?

Par François-Xavier Amherdt
Photos : Ciric, Jean-Claude Gadmer, Pxhere, DR

Un texte fondateur

C’est au Mont des Oliviers que le Christ nous livre la clé d’interprétation : « Fléchissant les genoux, Jésus priait en disant : « Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ! Cependant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse ! » Alors lui apparut, venant du ciel, un ange qui le réconfortait. Entré en agonie, il priait de façon plus insistante, et sa sueur devint comme de grosses gouttes de sang qui tombaient à terre. » (Luc 22, 41-44) Le Fils fait tout pour écarter la souffrance loin de lui. Ce n’est pas son vœu. Il ne reste pas seul en ce moment de combat, mais il demeure en lien étroit avec le Seigneur. Finalement, il comprend qu’il ne peut pas faire autrement. Il conserve sa totale confiance envers le Père et s’abandonne à la volonté de ce dernier. Dieu ne laisse pas Jésus seul, mais lui envoie la force d’un soutien pour lui permettre de traverser l’ultime épreuve de la sueur de sang et de la mort. Même sur la croix, le Christ crie : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Marc 15, 34) Et finalement, « il remet entre ses mains son esprit ». (Luc 23, 46)

Des conceptions erronées : la rétribution
« Nous savons faire de belles phrases sur la souffrance. Mais dites aux prêtres de n’en rien dire, nous ignorons ce qu’elle est. » (Cardinal Veuillot, ancien archevêque de Paris, atteint d’un terrible cancer)

Dans un sens, il vaudrait mieux que je me taise. Ce à quoi cet éclairage peut s’avérer utile, c’est à déconstruire certaines fausses conceptions continuant de « polluer » l’esprit de bien des patients.

Nous l’expérimentons régulièrement : les vieux clichés ont la vie dure ! Il faut toute la traversée des Ecritures pour briser la fausse théorie de la rétribution, encore si présente dans le monde juif : Jésus s’oppose vigoureusement au point de vue de ses disciples qui lui demandent, en présence de l’homme aveugle de naissance : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » Le Maître leur réplique : « Ni lui ni ses parents n’ont péché, mais c’est afin que soient manifestées en lui les œuvres de Dieu. » (Jean 9, 2-3)

Dans cette ligne, bien des gens continuent de penser – parce que l’enseignement de l’Eglise l’a longuement inculqué et qu’un certain fatalisme superstitieux l’a véhiculé – que c’est en punition à une faute, visible ou cachée, qu’une tuile, une catastrophe ou une maladie leur tombe dessus : « Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour qu’une chose pareille m’arrive ? » S’y mêlent indistinctement les influences potentielles d’un « karma » défavorable, associées aux errances d’une « vie antérieure », selon la croyance illusoire en la réincarnation, ou d’un destin aveugle inspiré de la « nécessité et de la fatalité des mythologies païennes anciennes » ou de vieux restes de notions d’équilibre cosmique : « Au fond, tout se paie un jour : il n’a que la monnaie de sa pièce, il reçoit la punition des dérèglements qu’il a provoqués par ses manigances. »

Un faux dolorisme
A cela s’est ajoutée une vision du sacrifice de la croix, selon laquelle le Christ aurait dû « satisfaire » à la colère du Père et compenser la faute des humains, depuis le péché des origines, comme si c’est dans les douleurs horribles de son Fils que Dieu aurait trouvé une « substitution » suffisante pour « apaiser son courroux » (voir le cantique de Noël « Minuit chrétien ») ou dans le sang versé par le Christ de quoi réaliser sa vengeance. Ces images parfois abominables et théologiquement contestables ont habité l’imaginaire de la chrétienté pendant des siècles et n’ont hélas pas complètement disparu. Elles ont nourri un faux dolorisme et une recherche de la souffrance, comme si celle-ci permettait de gagner le paradis à coup de douleurs.

Or, tout l’Evangile le dit, c’est par sa foi radicale envers son Père, par son espérance folle en la promesse de Dieu et par amour passionné envers l’homme opprimé que le Christ nous rachète. Ce n’est pas la souffrance en elle-même de Jésus qui sauve, mais c’est son attitude d’homme pleinement croyant, espérant et aimant au cœur de sa souffrance. Ce qui rachète ne peut être que ce qui construit la personne. Ma souffrance ne peut être rédemptrice et contribuer à sauver le monde que si je partage la même attitude que le Christ, dans l’amour et le don de moi, dans la compassion et la solidarité. Je ne puis « offrir mes souffrances » que si cela signifie : donner ma vie malgré le mal, quand bien même elle est défigurée par la douleur. Le plaisir de Dieu, c’est de voir que sa présence manifestée en son Fils par l’action de l’Esprit est capable de permettre à un homme accablé de retrouver le goût de la vie et de s’en remettre entre les mains du Père.

Car le Christ n’a jamais exalté la douleur, il ne cesse au long des quatre Evangiles de soigner les blessures : « Il a pris nos infirmités et s’est chargé de nos maladies. » (Matthieu 8, 17, accomplissant la prophétie du serviteur souffrant d’Isaïe 53, 4) C’est en dépit des souffrances et malgré le mal que nous sommes sauvés, pas en les recherchant. Nous sommes autorisés, voire encouragés, à hurler contre le non-sens du malheur, ainsi que les cris des Psaumes nous y invitent. Il s’agit de passer du pourquoi au pour quoi, du passé des explications à l’avenir d’une possible fécondité : comme le grain de blé ne porte pas de fruit s’il ne tombe en terre et ne meurt (cf. Jean 12, 24) ; comme la femme dans les douleurs de l’enfantement pressent déjà quelque chose de son allégresse future (Jean 16, 21) ; ainsi, dit Paul, « J’estime qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire qui doit être révélée ». (Romains 8, 18) C’est aimer et donner sa vie qu’il faut pour être sauvé, en communion avec la Passion du Christ : « Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » (Jean 15, 13) Les souffrances ? Il convient de tout faire pour les écarter et, si elles deviennent inévitables, de continuer à les traverser avec amour.

A lire : 

Témoignage du vénérable François-Xavier Nguyen Van Thuan, évêque vietnamien emprisonné (Sur le chemin de l’espérance, Paris, Éd. du Jubilé, 1991)

Témoignage de Casimir Formaz, chanoine du Grand-Saint-Bernard (A l’école du Christ souffrant, Paris, Cerf, 1975) 

« Je n’ai vraiment plus envie de disserter sur la souffrance. Il n’y a plus qu’à se taire quand le mal est là. Depuis quelque temps déjà, il me tient compagnie : assis, debout, couché, c’est toujours la même chose. La fatigue, la paresse, ne me laissent plus beaucoup de réactions. C’est le moment de me ressaisir et de trouver moyen de joindre cette douleur à la douleur du Christ !

D’écrire cela, ce n’est pas difficile, mais de le vivre, à certains moments, quand la douleur ne laisse aucun répit et qu’on n’a même plus la force et l’idée de regarder un Crucifix ! Tout à l’heure je regardais le Christ en croix, je pensais que sa position était encore plus inconfortable que la mienne, je pensais qu’il n’y a rien de mieux pour nous réduire au silence, à l’adoration. Et je pensais aussi à l’éblouissante lumière qu’a apportée et qu’apporte au monde la Croix du Christ. « Par sa mort, le Christ a vaincu la mort. Alléluia ! »

Pensant à cela, je demande humblement au Christ de m’associer à sa souffrance et de faire ce qu’il a toujours fait, prendre ma souffrance sur lui, me donner force et courage pour la supporter. »

«Je complète en ma chair»

Paul veut dire qu’il est appelé à mener à terme son propre itiné­raire apostolique pour annoncer l’Evangile.

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR

Que voilà une parole difficile et apparemment inacceptable : « Je complète ce qui manque aux tribulations du Christ en ma chair, pour son corps qui est l’Eglise ! » (Colossiens 1, 24) D’une part, Paul n’entend pas suggérer que le Christ n’aurait pas pleinement réalisé ce que selon le dessein du Père il devait accomplir pour le salut du monde. L’apôtre n’insinue pas non plus que Jésus n’aurait pas assez souffert et que sa médiation ne serait pas parfaite, si bien que le disciple devrait porter à leur achèvement les souffrances rédemptrices.

Ce que Paul veut dire, c’est qu’à l’exemple du Fils de Dieu, il est appelé lui-même à mener à terme son propre itinéraire apostolique pour l’annonce de l’Evangile, quitte à devoir, bien malgré lui, passer par les épreuves. De même que Jésus a tout fait pour éloigner de lui la coupe de sa Passion, priant Dieu de l’éloigner de lui et s’abandonnant finalement à la volonté du Père (Matthieu 26, 42), de même Paul désire assumer totalement la charge que le Seigneur lui a confiée : révéler le mystère resté caché depuis des siècles et désormais manifesté pour toute l’humanité (Colossiens 1, 26-27). 

Et donc, pour annoncer le Christ parmi les hommes, l’apôtre des nations se dit prêt à « instruire tout homme en toute sagesse et conduire à la perfection tout être humain dans le Fils ». (Colossiens 1, 27-28) C’est uniquement pour cette cause supérieure à n’importe quelle autre, qu’il se déclare disposé à « se fatiguer et à lutter avec l’énergie du Christ qui agit en lui avec puissance »
(v. 29). Il sait que pour ce faire, il est contraint de passer par des tribulations, et donc de reproduire dans son propre corps ce que Jésus a enduré durant son existence jusqu’au calvaire.

C’est pour l’Evangile et pour l’Eglise que l’apôtre se prépare à un tel combat et qu’il va même jusqu’à y trouver de la joie. C’est la béatitude des persécutés pour le Royaume : rien de « masochiste » dans cette visée, mais au contraire, une participation plénière à l’offrande par amour de Jésus-Christ.

Empathie

La statue inaugurée par François en 2019 représente 140 migrants.

Par Thierry Schelling | Photo : dr

« Ignorer la souffrance des hommes, c’est ignorer Dieu ! » Le suc de l’Evangile (parabole du Bon Samaritain…) en raccourci, selon le pape François. Le disciple de Jésus est intéressé, interpellé, touché par la souffrance humaine sous toutes ses formes (maladie d’un enfant, drame des migrants en Méditerranée…) ; il déclarait même à Bogotá en 2017 : « Laissez la souffrance de votre frère vous gifler et vous faire bouger ! » ; et il tente d’y répondre : en actes, mais aussi par la prière et la présence dans tous les foyers de la souffrance humaine (hôpitaux, EMS, prisons, etc.). Bergoglio a commencé son pontificat par une visite à Lampedusa…

Sympathie
« La manière dont nous affrontons la souffrance […] est un critère de notre liberté de donner sens aux expériences de la vie, même lorsqu’elles nous semblent absurdes et imméritées », déclare-t-il lors du Jubilé des malades et handicapés (2016). Là réside le « secret » du disciple de Jésus : donner sens à ce qui fait mal. Le Crucifié est l’emblème chrétien par excellence, non pas par dolorisme, mais par son message : « Regardons le crucifix et lisons l’Evangile », suggérait-il lors du Carême 2020 en plein confinement. Revenir à la base, dans le fond…

Accueil
En 2019, il inaugure, sur la Piazza San Pietro, une imposante statue représentant 140 migrants, paradigme de la cruelle injustice des temps dits modernes. L’hospitalité, mot clé : accueillir l’étranger, le malade, « Sœur la mort » dans l’esprit de saint François, patronyme de ce pape jésuite pour qui « tout est moyen vers une fin », y compris la souffrance… dans la mesure où on l’accueille… 

La nature, une échelle dressée vers le ciel

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte Marguerite Bays (FR), février 2021

Tout le monde connaît les références agraires ou pastorales des paraboles du Christ et chacun reconnaît qu’elles
sont nombreuses. Mais la nature se cantonne-t-elle à un rôle illustratif dans la spiritualité chrétienne, ou occupe-t-elle une place plus importante dans notre montée vers Dieu ? Faisons un bref voyage scripturaire, pour y répondre.

TEXTE ET PHOTOS PAR L’ABBE VINCENT LATHION

Dans le récit de la Genèse tout d’abord, nous voyons Dieu créer toutes choses : le ciel et les étoiles, la terre, les volatiles et les espèces marines, les êtres vivant sur terre et toutes les bêtes sauvages. A chaque nouvelle étape de sa création, Dieu constate que toute son œuvre est bonne et s’en réjouit. Signalons ici un point important : Dieu a voulu la création et l’a voulue bonne. Relevons qu’à l’opposé d’autres textes religieux de l’époque, la Bible exclut tout mélange entre Dieu et sa création. Ainsi, alors que certains peuples environnants adoraient le soleil et les astres, la Genèse les présentent sobrement comme des luminaires et les range résolument du côté des créatures ; il n’est donc pas question de se prosterner devant eux (cf. Jr 8, 2). On pourrait d’ailleurs étendre cette remarque à tous les animaux, puisque d’autres passages interdisent strictement de les adorer (cf. Sg 12, 24 et Sg 13, 10). Ainsi la Bible nous pousse à voir au-delà de la splendeur de la création. La beauté du monde est une marque de la gloire de Dieu et nous renvoie à la bonté du créateur ; en cela, elle nous aide à nous élever jusqu’à lui.

Nous voyons ensuite Dieu confier à l’homme tous les autres vivants dans le récit de la création (Gn 1, 28-29). Le Seigneur l’appelle à « dominer » sur eux, c’est-à-dire à exercer sur eux son autorité pour faire croître leur vie. L’homme est donc responsable devant Dieu des autres créatures et doit s’en occuper avec soin. Citons le livre de la Sagesse qui développe le passage de la Genèse (Sg 9 ,2) :

« Toi qui, par ta Sagesse, as formé l’homme pour dominer sur les créatures que tu as faites, pour régir le monde en sainteté et justice et exercer le jugement en droiture d’âme. »

On pourra aussi se souvenir de Noé qui, à la demande de Dieu, prend un couple de chaque espèce animale pour les préserver du déluge et pour qu’ainsi, aucune ne disparaisse. La domination de l’homme sur la nature n’est donc pas une invitation à abuser de ses ressources, ni à exercer quelques violences que ce soit contre les créatures vivantes, mais elle pose simplement une hiérarchie, un ordre, voulu par Dieu et qui participe à l’harmonie du monde.

Bien plus, la Bible à plusieurs reprises recommande à l’homme d’observer les bêtes pour acquérir la sagesse. Ainsi l’homme paresseux est invité à regarder les fourmis pour apprendre le zèle au travail (Pr 6, 6-8). De même, les damans, les lézards et les sauterelles sont aussi donnés en exemple aux hommes (Pr 30, 24-28). On pourra encore mentionner Job qui encourage ses amis à s’instruire auprès des animaux pour connaître les œuvres de Dieu (Jb 12, 7-10) ou le Christ qui invite ses disciples à s’abandonner à la providence divine comme le font les corbeaux et les lys des champs (Lc 24-27).

La Révélation nous dévoile également que la nature est directement influencée par la bonté ou par la malice des hommes. L’écologie ne saurait donc être détachée de la morale et de l’éthique dans la vision biblique. C’est ainsi que les prophètes Jérémie et Osée déclarent que la mort des animaux en Israël est due à l’inobservance de la Loi (Jr 12, 4 et Os 4, 1-3). Saint Paul lie également le renouvellement de la création au salut des hommes (Rm 8, 19-21) :

« Car la création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu : […] avec l’espérance d’être elle aussi libérée de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu. »

Enfin, dans plusieurs passages des Ecritures, nous voyons la création entière glorifier Dieu, comme dans le psaume 148 ou dans le cantique des trois jeunes gens du livre de Daniel (Dn 3, 57-90). Dans ces textes, chaque créature rend grâce à Dieu d’une manière qui lui est propre et se joint à la prière de l’homme.

Au terme de ce bref tour d’horizon biblique, il nous est plus aisé de répondre à la question du début : non, la nature ne sert pas uniquement à offrir quelques exemples au chrétien dans sa vie de foi, comme une référence lointaine parmi d’autres. En effet, par sa richesse, elle révèle au croyant différents aspects de la perfection divine ; placée par Dieu sous l’autorité de l’homme, elle possède néanmoins sa propre fin et, tout en participant à sa louange du Seigneur, elle lui ouvre des trésors de sagesse. Enfin, la nature partage la destinée de l’homme dans son retour vers Dieu : elle s’épanouit s’il est proche de son Créateur, elle dépérit s’il s’en éloigne. La nature occupe donc une place très précieuse dans le rapport de l’homme à Dieu : avec son langage, elle nous parle du Seigneur et nous chante sa grandeur.

 

L’homme chassé hors de la nature

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte Marguerite Bays (FR), février 2021

PAR L’ABBE VINCENT LATHION
PHOTO : DR

Parler de nature n’est pas chose facile, car le sens de ce mot est multiple et a sensiblement changé au cours du temps : la nature signifiait d’abord chez les anciens cette force interne que possède chaque être vivant et qui lui permet de se développer selon ce qu’il est. Ainsi, l’arbre a sa nature, le chien a sa nature, mais aussi l’homme. Par extension, on utilisa ce terme pour des êtres inanimés également. Il est alors synonyme de « caractéristique » de la chose ; nous parlons par exemple de la nature de la pierre ou de celle de l’air.

Mais au fil des siècles, un autre sens du mot « nature » s’est progressivement imposé, opposé à celui de culture ou de civilisation. L’adjectif « naturel » est devenu alors le contraire d’artificiel ou de civilisé et a pris un sens proche de celui de brut ou de sauvage (pas touché par l’homme). Le changement peut paraître futile, mais il a pourtant des répercussions sur notre vision de l’homme et de sa place dans la création. Dans cette perspective, l’homme est pour ainsi dire sorti de l’ordre de la nature et dépouillé de la sienne propre. En schématisant peut-être à outrance, nous pourrions dire que l’homme dans notre société, parce qu’il ignore sa nature, se retrouve un peu comme une page blanche sur laquelle il pense être libre d’écrire ce qu’il veut, en faisant fi de son origine, de son but et de ses limites. Si cette approche montre admirablement que l’homme dispose en tout temps de sa liberté, elle le fait de telle manière qu’il devient presque un être déraciné. Bien plus, elle semble interpréter à tort la liberté de l’homme qui ne consiste pas dans la simple possibilité de choisir quelque chose ou son contraire, mais dans la capacité de choisir son bien. En effet, nous en faisons l’expérience, celui qui agit bien – selon sa nature –, devient plus humain et par là plus libre ; au contraire, la personne qui choisit un mal s’asservit toujours à quelque chose (souvent à une passion) et sa liberté s’en trouve amoindrie.

Voilà pourquoi, de même que le mouvement écologique a permis de redécouvrir que l’environnement possédait des règles et qu’en les respectant, la nature en devenait plus vivante et belle, de même il serait bénéfique que l’homme moderne redécouvre qu’être homme, c’est aussi posséder une nature qui a ses propres règles et que, pour développer toutes ses potentialités, il est bon de les suivre. Sans doute alors, l’homme deviendra plus homme et la création entière plus belle.

 

 

Dieu se met au vert

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Aigle (VD), février 2021

PAR PASCAL LUKADI | PHOTO : FABIENNE THEYTAZ

Par ce temps qui court, nous entendons partout parler de l’environnement, de l’écologie. Dans quelle mesure faire participer Dieu pour nous en sortir ? Le respect de la création doit être une conséquence du respect dû à Dieu.

En effet, il n’est pas malvenu d’inviter le Créateur de tout
ce qui existe à nous en dire un peu plus. Dans sa deuxième encyclique, Laudato si’ (Loué sois-tu), le pape François nous donne des pistes pour nous rappeler que le respect de la Création était dans le plan même de Dieu. Dieu, en bénissant l’Homme, l’invite en même temps au respect de cette création. Voilà pourquoi en ce temps de carême, nous sommes invités à une prise de conscience pour une conversion écologique globale (Jean-Paul II), en évitant en même temps une sorte de consumérisme et un développement irresponsable qui dégradent l’environnement et provoquent le réchauffement climatique. C’est aussi un appel à des relations plus humaines qui nous rendent responsables les uns des autres : comment penser aux autres pendant ce temps de carême qui pointe à l’horizon ? Comment consommer de façon que le faible ne se sente pas exclu et pour une écologie intégrale, vécue avec joie et authenticité ? Nous sommes invités à prendre conscience pour comprendre « jusqu’à quel point sont inséparables la préoccupation pour la nature, la justice envers les pauvres, l’engagement pour la société et la paix intérieure » (Pape François, Laudato si’, no 10).

Aujourd’hui, si nous disons que Dieu se met au vert, c’est qu’Il est préoccupé par les tournures que prennent les choses, ainsi que l’étaient les péchés, les abominations des peuples au temps hébraïque d’autrefois. Cependant, les souffrances de Ses enfants ne le laissaient pas indifférent. Et les sanctions
ne tardaient pas. Nous ne sommes plus là. Aujourd’hui comme au début
de la création, Dieu continue son œuvre de création par l’Homme que tu es, que nous sommes tous : Il nous responsabilise. Il nous faut à tout prix éviter le langage de Caïn qui ne se sentait pas responsable non seulement de la
mort d’Abel son frère, mais aussi de sa vie. « Suis-je le gardien de mon frère ? » (Gn 4, 9) Quelle inconscience ? quel égoïsme ?

Aujourd’hui, nous avons une occasion en or par le Carême qui nous interpelle sur notre manière de nous comporter vis-à-vis de la création, notre consommation des biens de la terre, donc de l’Homme (comment le traitons-nous). J’ai toujours eu la joie d’entendre une maman, un papa dire à l’un de ses enfants envers celui qui se sent blessé : c’est ton frère/ta sœur ! donc une invitation au pardon, au partage, à la responsabilité de l’un envers l’autre. C’est ce qui amène à la cohésion interne, humaine ! Sans cette cohésion, pas d’écologie
ni de développement !

Que ce temps de Carême nous apporte plus de grâces pour vivre notre
responsabilité à l’égard de Dieu, mais aussi à l’égard de l’Homme, facteur de ce développement ! Un développement intégral !

 

 

Les animaux dans la Bible

La fourmi

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Nendaz – Veysonnaz (VS), février 2021

PAR FELICIEN ROUX | PHOTOS : PIXABAY

Dans la Bible, la fourmi a une excellente réputation.

Elle s’y retrouve en deux endroits dans le livre des Proverbes (6, 6 et 30, 25).

Ce petit insecte est le modèle de la prévoyance et de l’activité. Son exemple est souvent repris dans les Fables de Jean de La Fontaine ou bien d’Esope.

L’auteur des Proverbes, au chapitre 6, verset 6, conseille aux paresseux de suivre l’exemple de la fourmi. Ces conseils nous rappellent ceux de la fable bien connue de La cigale et la fourmi.

Notre seconde occurrence du chapitre 30, verset 25, qui fait partie de la Collection VII des Proverbes, est un proverbe numérique, dont le procédé est de faire appel au nombre pour éveiller l’attention du lecteur.

Ainsi, en Proverbes 30, 25, la fourmi fait partie des quatre petits êtres sur terre qui sont sages. Les trois autres animaux considérés comme sages sont les damans 1, les sauterelles 2 et les lézards.

La sagesse chez la fourmi est le soin qu’elle a de préparer durant l’été des provisions pour l’hiver. Pourtant, certains savants trouvent cette observation erronée. Car selon eux, les fourmis sont des insectes qui hibernent et qui n’ont donc pas besoin de réserve pour l’hiver. Cependant, on trouve en Israël deux espèces de fourmis qui font des provisions pour l’hiver…

 

1 Le daman est un petit mammifère qui ressemble à une marmotte.

2 La Nouvelle Bible de Segond,
bible protestante, traduit par
« les criquets ».

 

Bible de Jérusalem

Pr 6, 6-8

6 Va voir la fourmi, paresseux !

Observe ses mœurs et deviens sage :

7 elle qui n’a ni magistrat,

ni surveillant ni chef,

8 durant l’été elle assure sa provende

et amasse au temps de la moisson,
sa nourriture.

 

Pr 30, 24-28

24 Il est quatre êtres minuscules sur la terre.

mais sages entre les sages :

25 les fourmis, peuple chétif,

mais qui, en été, assure sa provende ;

26 les damans, peuple sans vigueur,

mais qui gîtent dans les rochers ;

27 chez les sauterelles, point de roi !

mais elles marchent toutes en bon ordre ;

28 le lézard que l’on capture à la main,

mais qui hante les palais du roi.

 

Traduction officielle liturgique (2013)

Pr 6, 6-8

6 Va vers la fourmi, paresseux !

Regarde-la marcher et deviens sage :

7 elle n’a pas de supérieur,

ni surveillant ni gouverneur,

8 et tout l’été, elle fait ses provisions,

elle amasse, à la moisson, de quoi manger.

 

Pr 30, 25-28

24 Il y en a quatre, tout petits sur la terre,

mais sages entre les sages :

25 les fourmis, race bien faible,

qui font en été leurs provisions ;

26 les damans, race chétive,

qui, dans le rocher, se font un gîte ;

27 point de roi chez les sauterelles,

mais elles avancent toutes en bon ordre ;

28 le lézard, on l’attrape à la main,

mais il est chez lui au palais du roi.

 

Traduction œcuménique de la Bible (2012)

Pr 6, 6-8

6 Va vers la fourmi, paresseux 3 !

Considère sa conduite et deviens sage.

7 Elle n’a pas de surveillant, ni de patron 4.

8 En été elle assure sa provende, pendant
la moisson elle amasse sa nourriture.

 

Pr 30, 25-28

24 Il existe sur terre quatre êtres tout petits
et pourtant sages parmi les sages :

25 les fourmis, peuple sans force, qui, en été, savent assurer leur nourriture.

26 les damans, peuple sans puissance,

qui savent placer leur maison dans le roc ;

27 les sauterelles qui n’ont pas de roi

et qui savent sortir toutes en bande ;

28 le lézard qui peut être attrapé à la main

et qui pourtant est dans le palais des rois !

 

3 En note, nous lisons : « La référence à la fourmi comme modèle de travail et prévoyance est commune à bien des littératures :
en Grèce (chez Esope) et déjà en Canaan. Voir aussi 30, 25 où la fourmi est symbole de sagesse. »

4 En note le traducteur commente : « La libre activité de la fourmi est mise en opposition avec le travail contrôlé de l’homme, véritable assujettissement. Les termes employés sont certainement des termes de métier dont les nôtres ne peuvent prétendre être l’équivalent exact. »

 

 

Via Jacobi: Posieux-Autigny

Le mythique chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle traverse la Suisse romande, de Fribourg à Genève. Au-delà des sentiers battus, la Via Jacobi regorge de curiosités. Chaque mois, L’Essentiel prend son bâton de pèlerin et en réalise un tronçon sous forme d’une balade familiale à faire sur la journée. Aujourd’hui, cap sur Autigny.

Texte et photos par Pascal Ortelli

Départ depuis le parking de l’auberge de la Croix-Blanche à Posieux, 2h15 aller simple, 8, 8 km.

  1. Longez la route principale puis prenez à droite sous l’autoroute en direction d’Ecuvillens. Après avoir dépassé l’église d’une centaine de mètres, prenez sur la gauche en ne manquant pas l’allée des assoiffés.
  2. Le chemin vous conduit jusqu’au bout de la piste de l’aérodrome.
    Continuez en lisière du bois Cornard et rejoignez la route goudronnée perpendiculaire. Traversez la forêt et entamez la descente sur Posat.
  3. Là une pause s’impose pour découvrir la chapelle du bienheureux Apollinaire Morel, un capucin originaire de Posat, mort en martyr sous la Révolution française.
    Plus d’infos sur la chapelle
    Plus d’infos sur le bienheureux Apollinaire Morel
  4. Descendez ensuite le sentier boueux jusqu’au pont sur la Glâne puis remontez en direction d’Autigny. Ne manquez pas d’admirer les vitraux du chœur de l’église Saint-Maurice, réalisés par Alexandre Cingria.
  5. Si vous avez le courage de poursuivre jusqu’au terrain de foot, vous pourrez alors vous prélasser dans la zone alluviale protégée d’Autigny en empruntant le sentier didactique.

Pour le retour, il est difficile de faire une boucle hormis dans le bois Cornard.

Curiosité: l’eau miraculeuse de Posat

Sous la chapelle, se niche une fontaine en forme de coquille Saint-Jacques. Les gens viennent de loin pour son eau qui soigne les yeux. 

Coup de coeur

Un poulet au panier à l’auberge de la Croix d’Or, située à côté de la chapelle de Posat et construite sur les fondations d’un ancien couvent de Prémontrées (chanoinesses de la stricte observance).

Verdir aussi le Christ!

Par Pascal Ortelli
Photo: DR
Parler d’écologie chrétienne, n’est-ce qu’un simple coup de marketing pour gagner de nouveaux fidèles ? C’est que l’Eglise a vraiment le chic pour christianiser les valeurs païennes : Noël, la Chandeleur, Halloween… Un vieux truc ! L’accusation est un peu courte : bien des gens approfondissent leur compréhension des valeurs chrétiennes par le biais de petits gestes « écolos ». Non sans en venir parfois à déifier la nature. 

Pour éviter cet écueil, ne « christianisons » pas les choses à moitié. Je m’explique : quand on parle d’écologie chrétienne, on le fait principalement sous l’angle de la sauvegarde de la Création. Il s’agit de cultiver et protéger le jardin que Dieu nous a confié. Or, c’est oublier le volet de l’incarnation. Dieu ne nous confie pas seulement d’en haut un bien à gérer ; il s’implique dans sa Création par la venue de son Fils, et ce pour la transformer de l’intérieur et la ramener à Lui.

Comme le relève Thierry Collaud dans notre dernier livre 1, « s’il y a une écologie chrétienne, celle-ci ne peut pas faire l’économie de sa tâche qui est de prendre conscience et de faire prendre conscience au monde de ce qui se joue pour lui dans le mystère du Christ ». Oui à une éco­spiritualité chrétienne, mais pas sans référence à son moteur, le Christ vert, au risque sinon de passer pour des usurpateurs…

1 Ecologie et technologie au prisme de l’enseignement social chrétien, pp. 248-249.

Retable d’Estavayer de Hans Geiler

Monastère d’Estavayer

Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer

Le retour du retable de Hans Geiler chez les dominicaines d’Estavayer est l’occasion de se pencher sur cette remarquable œuvre du XVIe siècle. Comme l’étymologie l’indique (retable vient du latin retro tabula altaris qui signifie en arrière de la table d’autel), les retables étaient à l’origine placés derrière les maîtres-autels. Leur fonction permet d’évoquer la vie du Christ et de la Vierge Marie. 

Celui d’Estavayer présente le Christ hier (les panneaux latéraux) et aujourd’hui (le panneau central).

Le panneau de gauche figure la visite des bergers à la crèche. Joseph se tient à l’écart de la scène. Son rôle a longtemps été considéré comme secondaire, mais certaines lectures y voient aussi une forme d’humilité. Les premiers plans sont laissés à Jésus et à celle dont le « oui » a tout permis. 

Le panneau de droite met en scène la visite des mages. Leurs différences de barbe et de position sont la marque traditionnelle de leurs différences de sagesse et de compréhension du mystère. Celui qui est imberbe est considéré comme le plus jeune et celui dont la barbe est la plus longue comme le plus âgé. Ce dernier est à genoux et a retiré son couvre-chef, marquant ainsi son adoration. Celui du milieu semble indiquer au plus jeune que l’enfant qui est devant eux vient des Cieux.

Au centre, la Vierge à l’Enfant est entourée de saint Dominique (à droite) et de saint Thomas d’Aquin (à gauche). Saint Dominique tient dans ses mains les Evangiles. 

Saint Thomas d’Aquin portait à l’origine un ostensoir dont il ne reste plus que le socle. De son autre main, il montre l’Enfant-Jésus. Il propose en quelque sorte une rapide catéchèse sur la présence réelle dans l’eucharistie : c’est le même Christ présent dans les bras de sa mère et dans l’hostie consacrée.

L’Evangile est un des attributs de saint Dominique et l’eucharistie celui de saint Thomas d’Aquin. S’ils ont surtout été choisis pour faciliter leur identification, cela n’empêche pas une lecture plus théologique. La Parole de Dieu et l’eucharistie sont deux moyens de rencontrer le Christ aujourd’hui. Ce même Christ que bergers et mages ont eu la chance de rencontrer à la crèche.

Accompagner sur un chemin de foi

Par Chantal Salamin
Photo: DR
« Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. » (Mc 10, 14) Nous connaissons tous cette parole de Jésus. Et Marc nous dit même que Jésus se fâchait quand les disciples éloignaient les enfants de lui. Bien plus qu’une remontrance à l’égard des disciples et une invitation à leur ressembler, c’est une urgence pour nous de nous approcher de Jésus avec les enfants. S’approcher de Jésus avec les enfants, comme nous le disent les catéchistes du site idees-cate.com, c’est « se laisser interpeller, se laisser déplacer, se laisser transformer… c’est aussi recevoir énormément ! Recevoir en plein cœur l’écume de l’enfance : sa pureté, sa légèreté, son innocence, sa fraîcheur, sa joie, sa tendresse, son optimisme ».

Et pour nous accompagner dans cette belle aventure, deux grands réservoirs d’activités et de contenus : idees-cate.com et kt42.fr. Ces deux sites internet sont remplis de trésors à découvrir : des jeux, des contes, des prières, des chants, des vidéos, des bricolages, des dessins, des pistes de réflexion… des activités de toutes sortes. 

Des activités aujourd’hui
Tout au long de l’année, vous trouverez de quoi vivre chaque jour le présent de Dieu : des calendriers liturgiques ludiques et pédagogiques, des réflexions sur les textes de la messe, des activités pour chaque temps… et notamment pour le Carême.

Pour un avenir meilleur
Sur kt42.fr, vous trouverez des thématiques qui préparent pour demain : communion et eucharistie, sacrements, Bible et Evangiles, charité-solidarité… et « création-écologie ».

Quelques exemples de ce que vous pouvez trouver pour ce thème proche de celui de ce numéro : un quiz pour les enfants sur l’environnement, un livret sur l’histoire des déchets (à compléter avec ce que nous vivons aujourd’hui), un livret de jeux sur les récits de la Genèse, des vidéos, un vitrail à créer, des BD, etc.

Bonne recherche et découverte !


Le site: idees-cate.com

Le site: kt42.fr

De l’Eden au Paradis céleste: un jardin

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR
Le récent parcours « L’Avent autrement » 2020, proposé par une équipe œcuménique du canton de Vaud, nous invitait fort justement à découvrir chaque jour, durant les quatre semaines avant Noël, une nouvelle plante à connotation biblique, liturgique ou théologique. C’était bien vu, car des premières pages (Genèse 1-3) aux dernières (Apocalypse 22) de la Bible, Dieu « se met au vert ».

Au début de l’Ecriture, il « plante » Adam, puis Eve, dans le jardin d’Eden pour qu’ils le gardent et lui fassent porter du fruit (Genèse 2, 15). Le Seigneur s’y promène à la brise du jour (Genèse 3, 8) à la recherche de l’homme qui se cache de honte. Au terme de la Révélation, le Dieu de l’Apocalypse nous promet, par son ange porteur de bonnes nouvelles définitives, de part et d’autre du fleuve de la vie, dans la terre nouvelle sous les cieux nouveaux, des arbres qui fructifient douze fois, une fois chaque mois, et dont les feuilles sont un remède pour tous, croyants ou non (Apocalypse 22, 2, citant Ezéchiel 47, 12).

Source d’espérance
Que voilà une belle source d’espérance pour tous les agriculteurs et vignerons que nous sommes appelés à être ! Car le Créateur fait « verdir la terre de verdure : des herbes portant semence et des arbres fruitiers donnant sur la terre selon leur espèce des fruits contenant leur semence » (Genèse 1, 11-13). Il dit, et les choses sont, 3e jour : la fécondité durable est installée, avec une réserve infinie de semences contenues dans les fruits eux-mêmes.

Comment dès lors l’être humain créé homme et femme à l’image de Dieu (Genèse 1, 27) pourrait-il ne pas se faire jardinier et veiller à la sauvegarde de la création ? Chaque chrétien·ne est appelé ainsi lui aussi à se mettre au vert, car il n’est que le représentant du Seigneur au cœur du cosmos, il ne peut s’en croire le propriétaire. Et les arbres se déploient dans les deux Testaments, comme les cèdres du Liban et les palmiers, si bien que le « juste » selon le cœur de Dieu leur ressemble (Psaume 1). Et Jésus promet le Royaume telle la graine de moutarde devenant un arbre tellement majestueux que les oiseaux du ciel s’abritent dans les branches (Matthieu 13, 32). Quand François verdit l’Eglise avec Laudato si’, il ne fait que traduire les Ecritures.

Dieu se met au vert

Aujourd’hui à en croire certains, chacun doit être écoresponsable, vivre dans un écoquartier avec son petit écojardin. Mais bientôt tous les écogestes ne suffiront plus à sauver notre planète. Il faut donc revenir à des fondamentaux sous peine de finir dans des écocimetières. Le point sur l’écospiritualité.

Par Myriam Bettens | Photos : DR, Pxhere, PixabayPour les tenants de l’écospiritualité, changer le monde passe avant tout par une transformation de soi-même. Figure emblématique de ce mouvement en francophonie, Michel-Maxime Egger pointe le besoin de retrouver un équilibre intérieur. Selon lui, les problématiques écologiques et socio-économiques sont spirituelles et manifestent une perte du sens. Cette inclination à lier écologie et spiritualité fait partie d’une tendance nouvelle en Suisse romande. On entend des écologistes faire référence à des thèmes spirituels comme des acteurs religieux intégrer la transition climatique à leur spiritualité. C’est ce qu’ont observé les chercheurs de l’enquête Vers une spiritualisation de l’écologie ? soutenue par le Fonds national suisse (FNS) et menée par une équipe de recherche sous la direction d’Irene Becci à l’Université de Lausanne. Christophe Monnot s’intéressait particulièrement aux liens entre Eglises et écologie dans le cadre de ce projet. Il constate que dans la complexité de la crise climatique, le religieux par ses grands récits fournit des moyens simples et pratiques d’aborder cette crise.

De nouvelles formes du croire

« Malgré la sécularisation, une part importante d’individus reste en quête de sens. L’écospiritualité permet de réenchanter les aspects alarmistes de la crise. L’accent sur la responsabilité individuelle redonne un but à cette militance », relève Christophe Monnot, maître de conférences à l’Université de Strasbourg. « Ces spiritualités autour de l’écologie sont moins contraignantes et dogmatiques que les religions. Nous les avons désignées comme une forme subtile de spiritualité. » Pour Nils Phildius, l’écospiritualité implique « un travail des profondeurs ». Ce pasteur officiant pour l’Eglise protestante de Genève (EPG) estime que nous avons perdu « le rapport au vivant sacré ». Ceci a conduit l’humanité à la situation dans laquelle elle se trouve actuellement. Depuis deux ans, l’EPG a créé un poste autour de ces questions, afin « de retrouver le lien avec le créé » et Nils Phildius l’occupe depuis septembre 2020. Encore en phase exploratoire, le réformé désire s’appuyer sur les propositions du Laboratoire de transition intérieure, fondé en 2017 par Pain pour le Prochain et Action de Carême. Ce projet postule que la transition socio-écologique véritable implique une mutation des cœurs et des consciences par une profonde révision des valeurs qui sous-tendent nos modes de vie. Il s’inscrit dans le mouvement plus large de l’écopsychologie.

Une écologie intérieure

Les ateliers pratiques invitent à explorer le lien au vivant.

« Témoigner des émotions qui habitent chacun et faire le point sur ce qui émerge en nous » fait partie intégrante du parcours d’écospiritualité lancé en septembre dernier au Centre Sainte-Ursule de Fribourg. Destinés à prendre conscience de l’urgence climatique en se connectant à ses émotions, ces ateliers s’inspirent du « Travail qui relie » (TQR) de l’écopsychologue Joanna Macy. Les ateliers pratiques de TQR invitent à explorer le lien au vivant, à ressentir et exprimer les émotions, souvent négatives, face à un système destructeur de vie et à construire progressivement une éco-cons­cience. Déployés sur cinq rencontres, à raison d’une séance par mois, l’animatrice Sœur Laurence Foret invite ainsi les transitionneurs en herbe à changer d’attitude vis-à-vis de la Création, en éprouvant intérieurement, à partir d’exercices pratiques, gratitude et compassion vis-à-vis de la Terre. « Ce changement de positionnement débouche sur un engagement concret dans la durée, car enraciné dans une relation différente au vivant », note-t-elle. Christophe Monnot relève néanmoins que « les limites à la sacralisation de la nature se pose fortement », bien que « l’écospiritualité dispose de ressources positives pour appréhender les problématiques écologiques ». Dès les années 1970, au début de la prise en compte de la Création dans la théologie, la tension entre animisme et christianisme a immédiatement été soulevée. Nils Phildius souligne aussi le danger de faire de la nature un Dieu. Pour lui, la mission de l’écospiritualité doit avant tout rester le moyen de « revenir à un rapport à la nature « don de Dieu » » en nous rappelant sans cesse que nous faisons partie intégrante de cette Création.

Du cœur aux mains

L’initiative EcoEglise, lancée en Suisse romande en octobre dernier par plusieurs œuvres d’entraide chrétiennes, arrive au constat que les ressources humaines et terrestres atteignent leurs limites. Il est donc urgent d’agir. L’objectif : offrir un éventail d’idées pratiques à mettre en œuvre dans sa communauté afin de concrétiser le désir de prendre soin de la Création dans les divers domaines impliquant l’Eglise. Les paroisses intéressées peuvent se soumettre à un écodiagnostic sous forme de questionnaire à choix multiples (QCM) afin d’évaluer les points à améliorer. Les domaines sont subdivisés en cinq catégories (célébrations et enseignements, bâtiments, terrain, engagement local et global, mode de vie) et permettent aux communautés « d’amorcer un changement qui parfois paraît insurmontable » aux dires de Lara-Florine Schmid, coordinatrice technique du projet. Elle souligne toutefois que « le changement de cœur amène du sens à toutes les autres actions ». En bref, l’écologie doit passer du cœur aux mains.

Les Eglises ratent-elles le coche ?

A l’occasion de la Journée internationale du climat, l’évêché de Lausanne, Genève et Fribourg a révélé son bilan carbone pour l’année 2019. Est-ce là le signe d’une transition écologique bien implantée et vécue dans les milieux ecclésiaux ? Ce n’est pas ce que semble dire Christophe Monnot dans son dernier ouvrage. Eglises et écologie. Une révolution à reculons, paru aux Editions Labor et Fides (2020), pointe plutôt la lenteur des Eglises catholiques comme protestantes à se mettre au vert.

La « révolution verte » s’est effectuée à reculons dans les Eglises, cela d’autant plus en Francophonie…
Christophe Monnot : Plusieurs facteurs expliquent ce retard. Les Eglises ne peuvent pas se lancer dans plusieurs projets simultanément, la justice sociale étant restée prioritaire. Les questions écologiques ont été déléguées à des œuvres chrétiennes externes. Il faut aussi relever que les ressources des Eglises romandes sont moins élevées que celles de leurs consœurs alémaniques.

Vous attribuez à l’Eglise le rôle de suiveuse. Est-ce contrainte par une prise de conscience plus générale qu’elle a dû se mettre au vert ?
CM : Les Eglises auraient pu être prophétiques, car il existait déjà très tôt des théologies en ce sens. La bulle de Jean-Paul II nommant saint François comme patron des écologistes date de 1979 ! Il a pourtant fallu attendre la pression de la rue et des membres pour que cela avance.

Des études montrent que l’affiliation à une Eglise peut même avoir un impact négatif sur l’engagement écologique.
CM : Oui, mais légèrement négatif. En fait, les membres conservateurs des Eglises neutraliseraient les prises de position et les engagements progressistes des autres. Les non-affiliés pratiquants se considérant comme spirituels sont aussi plus impliqués dans l’écologie.

L’arrivée des Eglises orthodoxes porteuses de conceptions théologiques alternatives sur la Création au sein du Conseil œcuménique des Eglises (COE) a amené un changement de perspective.
CM : Cela a ouvert d’autres voies d’interprétation. Il manquait chez les protestants un chaînon entre les Ecritures et notre lien à la Création. La rencontre avec la compréhension des orthodoxes de l’Esprit Saint, présent dans toute la Création, a permis une réinterprétation plus écologique des textes.

Le Pape vert

Par Thierry Schelling
Photo: DR
Le 18 juin 2020, à cinq ans de l’encyclique Laudato si’, un document est publié par le Saint-Siège, travail interdicastériel, intitulé In cammino per la cura della casa comune (En chemin vers la guérison de la maison commune). Il s’agit d’un vade-mecum pour utiliser au mieux les ressources de la première encyclique sur l’environnement. C’est aussi le fruit d’une collaboration de plusieurs départements de la Curie romaine – une synergie encouragée par le Pontife depuis sa volonté de réforme de l’institution.

0,44 hectares écolos !
L’intérêt du Pape est concrétisé par ce nouvel ouvrage, qui ne doit pas être perdu sur un rayonnage de bibliothèque, fût-ce celle du Vatican ! Et ce n’est pas juste de le dire, mais c’est de le faire qui intéresse les auteurs : lors de la conférence de presse, on y apprend que les bâtiments de la Cité du Vatican sont équipés de panneaux photovoltaïques, que les coûts énergétiques pour allumer la voûte de la chapelle Sixtine ont été réduits de 60%, et ceux de la place Saint-Pierre et de sa colonnade, de 80%, tout comme l’installation électrique de la basilique Saint-Pierre elle-même ! Sans oublier la domotique intel­ligente dans les bureaux vaticans.

Bref, la fibre verte a non seulement été réclamée de la part du pape à toute l’humanité, mais elle a été suivie d’effets dans la Cité de 0,44 hectares ! Alors François, un éco-pape ? Le 9 octobre 2020, il a reçu de la Conférence épiscopale japonaise une papamobile qui fonctionne à l’hydrogène conçue par Toyota Mirai.

Recyclage et tutti quanti
Dès novembre 2016, une « île écologique » au cœur des jardins du Vatican a été dédiée au traitement et recyclage des déchets organiques. On sait également que ovins et gallinacés qui se retrouvent dans les assiettes de la Domus Santa Marta ont été élevés au grain et à l’air libre à Castel Gandolfo dans le respect de Mère Terre… 

François vegan ?
Une inconnue demeure : François a-t-il renoncé aux délicieux asados argentins, les fameux plats de viande de son pays natal, incontournables dans la gastronomie locale ?

Jeûner en famille?

Soyons francs, le jeûne n’a guère la cote, et le Carême pas beaucoup plus. Et pourtant il est un temps de grâces proposé par l’Eglise. Et si nous profitions de l’occasion pour les vivre en famille ? Des portes et des échanges inattendus s’ouvriront. 

Par Bénédicte Drouin-Jollès | Photo : pixabayEt si pour une fois on voyait le Carême comme un moment à saisir, un temps unique et béni pour (re)venir ensemble à l’essentiel ? Cela nous motiverait pour oser proposer de pratiquer le jeûne en famille. Je ne sais pas ce qui se passe chez vous, mais moi j’y vais toujours sur la pointe des pieds… Mission impossible diront certains ; une chose est sûre, il faut préparer les esprits et les cœurs pour que chacun adhère de près ou de loin à cette démarche pourtant infiniment riche. Jean-François et Sylvia, parents de deux préadolescents, expliquent que « choisir ensemble une association à soutenir aide à faire passer l’idée de la restriction de nourriture, il a fallu deux ans avant que nous adoptions sereinement cette habitude ». Le coût modique des desserts et des goûters du vendredi est multiplié par 3 par les parents. Il a été offert l’année dernière pour les repas des orphelins du bidonville de Manille. Les enfants complètent en prenant ce qu’ils veulent de leurs économies.  « Beaucoup d’associations ont des vidéos bien faites qui permettent de s’ouvrir à d’autres réalités et motivent les plus récalcitrants », a remarqué Sylvia. 

Apprendre le partage
Le Carême devient alors l’occasion unique de ressentir de façon ponctuelle et volontaire la faim que plusieurs millions de personnes ou d’enfants subissent de façon continuelle. Nos jeunes en ont-ils conscience ? Nous faisons trop partie des nantis de la planète pour ne pas avoir le souci d’apprendre le partage, pour ne pas penser à remercier Celui de qui vient tout bien sur cette terre.

Traditionnellement l’Eglise évoque les trois P pour résumer le Carême : Pénitence, Partage et Prière. Une formule simple, facile à retenir, pour comprendre que la plus courageuse des privations reste une coquille vide si elle n’est pas nourrie par un véritable élan du cœur qui nous rapproche de Dieu et de nos frères. Une formule pour nous interroger chacun secrètement : quelle est ma faim de Dieu ? Quel est mon souci des pauvres ? Et enfin, qu’est-ce qui pourrait les faire grandir ? Beau et saint Carême !

Valeurs et engagement

Conseillère aux Etats et vice-présidente des Verts au parlement, Lisa Mazzone nous parle de ses convictions, de la manière dont les chrétiens peuvent s’engager dans la sauvegarde de notre maison terrestre et de Dieu… à vélo.

Par Myriam Bettens
Photo: Jean-Claude Gadmer
Croyez-vous en Dieu ?
(Rires) La question est à la fois compliquée et très personnelle. (Pause) Je ne pense pas que je crois en Dieu. Par contre – mais ce n’est pas facile à expliquer – il y a quelque chose qui nous relie au-delà du matériel. Une force que l’on doit soigner.

Si Dieu existait, serait-il plutôt vélo ou voiture ?
Il serait vélo ! Ce moyen de transport représente une certaine forme d’humilité face au besoin de toujours aller plus vite et de performer. Il a une dimension plus humaine. Je suis persuadée que dans l’amour du prochain il y a aussi celui de notre environnement. En préservant ce que nous avons reçu, nous permettons des conditions de vie dignes à autrui. 

Comment vos convictions et valeurs vous guident-elles dans vos engagements politiques ?
Elles constituent le centre de mon engagement. Je me suis toujours dit que les valeurs chrétiennes qui m’ont été transmises – tournées sur la parole de Jésus – restent très ancrées chez moi.

Pensez-vous que nous ayons utilisé les ressources terrestres à mauvais escient à cause de notre arrière-plan judéo-chrétien ?
Certainement que la question de l’humilité est à nouveau importante ici, mais la ligne du temps l’est également. Nous devons prendre conscience de la nécessité de laisser quelque chose pour les suivants. Je ne suis pas certaine que ce message soit institutionnellement porté par l’Eglise, mais j’en suis éloignée, bien que
Laudato si’ ait déjà permis d’ouvrir les yeux sur cette réalité.

De quelle manière la chrétienté peut-elle s’engager pour la sauvegarde de notre maison terrestre ?
Il y a un vrai enjeu d’exemplarité. L’Eglise peut déjà prendre la mesure de son impact sur l’environnement en évaluant la manière dont elle fonctionne ou comment est-ce qu’elle place son argent. Lorsque le pape parle, cela a une autorité certaine et joue un rôle important. Car le changement doit être précédé d’une prise de conscience. (Pause) Je trouve que dans ce cadre, le terme maison terrestre est important.

Avez-vous constaté des changements dans la société suite à la parution de Laudato si’ ?
Il y a eu un intérêt certain pour cette publication et la réflexion autour de la spiritualité dans les milieux écologistes. C’est un message fort. Une forme d’horizon, de croyance et d’espoir pour chacun de nous – notre destin commun autour de mêmes défis à relever.

Les chrétiens ont-ils une responsabilité morale plus grande vis-à-vis de la planète ?
Nous avons tous la même responsabilité morale vis-à-vis de la planète. Et nous ne pourrons relever les défis auxquels nous sommes confrontés qu’en étant unis. Nous nous trouvons encore trop dans une société valorisant le matérialisme – le profit plus que le lien –, c’est là que l’Eglise peut porter un message. L’adhésion à l’écologie est trop souvent comprise comme contraignante et rébarbative, alors qu’elle se caractérise par un réel espoir et une hiérarchie de valeurs qui peut nous guider.

Le Christ: un écolo qui s’ignore!

Si Jésus était né au XXe siècle, aurait-il pris part aux manifestations pour le climat ? Serait-il une icône du militantisme contre le réchauffement climatique comme Greta Thunberg ? Lisa Mazzone relève que « Jésus a chassé les marchands du temple, car ce n’est pas des valeurs tournées vers le matérialisme qu’il désirait pour ce monde ». Pour le Christ, la nature et le règne animal occupent une place importante dans son enseignement. Il utilise des images issues de la Création pour enseigner ses auditeurs. Jésus est infiniment respectueux de l’environnement, qui constitue le moyen par excellence d’entrer en relation avec Dieu. Il enseigne dans les synagogues, mais n’y prie pas, préférant s’isoler dans la nature pour parler à son Père. D’ailleurs, pour la politicienne genevoise, « l’attention portée à l’environnement a pris une importance plus vécue » depuis qu’elle est devenue maman en mai dernier.

Biographie express

Lisa Mazzone est née le 25 janvier 1988 à Genève. Elle grandit à Versoix (GE) où elle poursuit sa scolarité obligatoire. Elle obtient sa maturité, puis étudie les lettres à l’Université de Genève (langues, littératures française, latine et comparée, études genre).

2011 : Election au Conseil municipal du Grand-Saconnex (-2013)

2013 : Election au Grand Conseil genevois (-2015)

2014 : Présidente des Verts genevois (-2016)

2015 : Election au Conseil national

2016 : Vice-présidente des Verts suisses (-2020)

2019 : Election au Conseil des Etats

2020 : Vice-présidente du groupe des Verts au parlement

En librairie – février 2021

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Matthieu Talbot, de l’alcoolisme à la sainteté
Frédéric Kurzawa

La figure de Matthieu Talbot (1856-1925) incarne surtout le combat d’un ouvrier très modeste contre l’alcoolisme. Alcoolique très tôt lui-même, comme d’autres membres de sa famille, Matthieu Talbot va connaître une conversion radicale et renoncer à la boisson, au prix de profonds sacrifices et d’une forte volonté personnelle. Sa découverte de la foi catholique l’aide à surmonter son addiction et transforme son quotidien. Soucieux d’une exigeante vie chrétienne, attaché à la lecture en dépit de son faible niveau d’éducation, Matthieu Talbot rejoindra le tiers-ordre franciscain. Proclamé vénérable par le pape Paul VI et particulièrement populaire aux Etats-Unis, il offre un témoignage d’espoir à tous ceux qui souffrent du fléau de l’alcool, pour eux-mêmes ou dans leur entourage.

Editions Salvator

Acheter pour 24.40 CHFL’espérance est un chemin escarpé
Philippe et Charlotte Franc

La maladie psychique est une réalité qui fait peur. C’est pourquoi on préfère généralement la cacher, rajoutant à la souffrance qu’elle provoque, chez les malades et leur entourage, la douleur du rejet et de l’incompréhension. Charlotte et Philippe Franc souhaitent contribuer à briser ce tabou. Avec courage et humilité, ils témoignent de leur quotidien de parents confrontés à la schizophrénie de deux de leurs quatre enfants. Entre parcours médical chaotique, deuils successifs et luttes pour assurer à leurs enfants le meilleur avenir possible, ils partagent les épreuves qu’ils ont rencontrées. Mais ils témoignent aussi d’un amour familial qui a su les surmonter et rejoindre chacun dans son humanité. Un témoignage qui saura parler au cœur de tous.

Editions Mame 

Acheter pour 23.80 CHFPrends mes mains dans les tiennes
Attilio Stajano

Attilio Stajano est volontaire dans l’unité de soins palliatifs d’un hôpital bruxellois. A travers les personnes qu’il rencontre au sein de ce service, mais aussi à travers sa propre expérience de la fin de vie, il nous donne à voir des histoires et des sensibilités très différentes, qui ont pourtant toutes un trait commun : à la fin, quand les gestes et les mots se font rares, il ne reste que l’amour. 

Editions Mols

Acheter pour 31.90 CHF

Les éducateurs de l’espoir
Collectif

Au cours des siècles, des éducateurs se succèdent pour apprendre aux enfants à grandir en intelligence et en humanité. Cette bande dessinée des chercheurs de Dieu raconte la vie de trois d’entre eux : Jean-Baptiste de la Salle et Don Bosco, qui ont consacré leur vie à l’éducation et à la formation des enfants pauvres ; et Maria Montessori, qui s’est occupée des enfants handicapés, jusqu’alors maltraités et délaissés. Ils ont su, chacun à sa façon, s’adapter à ces enfants, pour leur apporter reconnaissance et juste estime de soi.

Bayard Jeunesse

Acheter pour 17.50 CHF

Pour commander

[thb_image full_width= »true » image= »4371″ img_link= »url:https%3A%2F%2Flibrairie.saint-augustin.ch||target:%20_blank| »]

Le Cénacle

De la communauté religieuse à Tripadvisor

Par Myriam Bettens
Photos : DR
Au cœur de la Genève effervescente, les deux hectares de verdure du parc du Cénacle font presque oublier le tumulte du centre-ville tout proche. Ici, les voyageurs d’affaires, les touristes de passage dans la cité du bout du lac et certains services de l’Eglise catholique romaine à Genève (ECR) se côtoient quotidiennement. Un mélange de genre initié par le directeur du lieu dont le succès ne se dément pas.

La gestion du site est assurée par Alain de Sandol-Roy.

Un changement de cap
C’est en 1954 que les Sœurs du Cénacle ouvrent cette maison à l’accueil. Après plusieurs années d’intense activité, la communauté cherche à passer la main. L’ECR se porte acquéreur de la propriété et en confie la charge aux Pères du Saint-Sacrement, secondés par les Sœurs franciscaines missionnaires de Marie. En août 2002, les deux communautés désirent retourner à leur vocation missionnaire. La bâtisse nécessite de sérieuses rénovations et la possibilité de vendre se pose. Changement de cap, la gestion du Cénacle est ainsi confiée à Alain de Sandol-Roy et le défi est de taille. Le jeune directeur hôtelier doit trouver un moyen d’assurer l’autofinancement tout en pérennisant la vocation d’accueil. Le but est atteint en 2003 grâce à la diversification des sources de revenus.

Une clientèle diversifiée
« Nous avons aujourd’hui une clientèle religieuse, humanitaire, sociale et commerciale », détaille Alain de Sandol-Roy. L’établissement a ouvert ses portes à des organismes tels que l’UNICEF, Terre des Hommes, l’Hospice général ou encore Pro Senectute, autant dans le cadre de l’hôtellerie que de l’hébergement d’urgence. Le Cénacle n’en poursuit pas moins son objectif premier en favorisant la rencontre religieuse. Des groupes y viennent pour des retraites, des semaines de spiritualité, des sessions ou des journées religieuses. Le mouvement œcuménique des Cursillos y passe par exemple chaque année quelques jours. L’association « Fontaine de la Miséricorde », en hôte régulier, dispose de locaux à demeure dans le bâtiment et l’Aumônerie de prison ainsi que la Pastorale du monde du travail de l’ECR sont également installés au Cénacle. Le directeur déplore, par contre, l’absence de prêtre pour célébrer l’eucharistie : « Nous cherchons et espérons que nous pourrons bientôt avoir cette chance à nouveau. » Par ailleurs, la chapelle attenante à l’édifice principal est occupée chaque soir par des groupes de prière.

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
LinkedIn
Share
WhatsApp