Le confinement, une expérience personnelle inédite

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP des Boucles du Rhône (GE), juin 2020

Par Augustin Onekutu | Photo: Jade

J’écris cet édito en avril (du fin fond de mon confinement) pour qu’il soit publié en juin. Alors je ne pourrais être influencé que par les événements du moment présent ; le Coronavirus paralyse le monde entier en imposant le confinement.

Depuis ma naissance je n’ai jamais connu une telle situation où une ville ou tout un pays est prié de rester chez soi. Alors, pour moi, c’est vraiment bizarre, cette expérience ! En l’espace de quelques semaines c’est le « shutdown » dans le monde entier. Le mot d’ordre est devenu « restez chez vous ! ». La maison où on passe normalement peu de temps dans la journée est devenue véritablement le lieu d’habitation. La famille est devenue un vrai foyer où on vit ensemble. Nos belles églises étant fermées, nos maisons et appartements sont devenus les églises. Nos belles liturgies dominicales, celles de Pâques y compris, normalement vécues en communauté, sont toutes interdites. Des prêtres célèbrent non plus face au peuple mais face à la caméra et aux bancs vides. Les musées sont fermés. Tous les grands magasins sans lesquels nous croyions qu’on ne pourrait pas vivre sont tous fermés, hormis ceux d’alimentation et des produits de stricte nécessité.

Proverbe africain
Au départ, tout me paraissait vraiment biscornu et invraisemblable à tel point que je ne prenais pas trop au sérieux cette histoire de Coronavirus, surtout qu’on croit toujours que cela ne peut arriver qu’aux autres. Mais le jour où j’ai appris qu’un proche paroissien et un prêtre que je connais l’avaient attrapé, là, je me suis dit que ce n’était plus de la blague. Il y a un proverbe africain qui dit que « quand tu vois la barbe de ton voisin prendre feu, il faut que tu commences à arroser la tienne ». Je me suis donc vraiment confiné car le Covid-19 est un virus qui n’épargne personne. Des personnes âgées ont été contaminé tout comme des jeunes, même des enfants, des princes comme des roturiers, puissants comme faibles, riches comme pauvres, croyants comme athées, on est tous vulnérables.

Le Coronavirus ne connaît pas de frontière. Il passe par tous les continents. Il ravage en ce moment même l’Afrique et les pays du tiers monde démunis. Les gouvernements africains sont désemparés ainsi que les populations. On demande aux habitants  qui n’ont ni l’eau potable, ni de l’électricité ni de la nourriture de rester chez eux. Comment est-ce possible ? Les gens ont plus peur de virus de la faim que du Coronavirus, d’où le slogan en Haussa « Ba Korona ! » (pas de Corona), un slogan que chantaient des émeutiers affamés au Nigeria. Pour eux, le Corona n’existe pas. Le virus dont ils sont plus victimes s’appelle « Esuriovirus » (virus de la faim). C’est la faim qui est leur problème immédiat. Ils veulent manger d’abord pour vivre avant de « philosopher » au sujet du Corona. Ils s’inscrivent dans cette philosophie de « primum vivere deinde
philosophare » (Vivre avant de philosopher).

En Occident on est dans des pays riches, nous avons au moins de quoi tenir pendant le confinement. Nous avons de quoi nous nourrir. Mais, comment nourrir sa foi pendant ce temps de confinement ? Comment garder allumée une lueur d’espérance ?

Pour moi, ça n’a pas été facile au début. Il a fallu tâtonner quelque temps avant de réaliser que c’était la Bible qui m’aiderait à surmonter le confinement. Dans mon tâtonnement, un beau jour, j’ai ouvert la Bible au hasard et je suis tombé sur Isaïe 20 : 26 qui dit :
« Va, mon peuple, entre dans ta chambre, Et ferme la porte derrière toi ; Cache-toi pour quelques instants, Jusqu’à ce que la colère soit passée. »

Jouer le jeu
Je me suis dit que cette parole était pour moi. Si le confinement est une véritable façon de mettre fin à cette épidémie, jouons le jeu malgré le fait que ce soit difficile. Malgré tout, le confinement, si difficile soit-il, n’a rien de comparable avec les difficultés des victimes et de ceux qui sont sur le front de ce combat contre le virus. Ils sont très nombreux à risquer leur vie pour que nous puissions vivre. Il y a le corps médical, bien sûr, mais il y aussi beaucoup de personnes d’autres professions et des bénévoles qui risquent leur vie pour nous. La meilleure façon de leur être reconnaissants c’est de faire en sorte que cette chaîne de transmission du virus soit coupée. On a beau mettre 10 millions de bougies sur les fenêtres pour les applaudir, ils préféreront qu’il n’y ait plus cette épidémie. C’est en ayant conscience de toutes ces réalités que j’ai commencé à vivre le confinement non plus comme une épreuve déprimante mais comme un passage qui ouvre sur la vie. J’ai donc commencé à le vivre avec plein espoir, car le désespoir est le signe le plus évident d’un arrêt spirituel… lorsque vous êtes au point où vous ne croyez plus que le changement est possible pour vous ou ceux qui vous entourent, vous développez une mentalité défaitiste qui est contagieuse. 

Leçon à tirer
Moi, je crois que l’arc-en-ciel réapparaîtra après cette pluie. On s’embrassera de nouveau, on se retrouvera sur la place de nouveau pour chanter et danser, mais nous n’oublierons pas qu’il y aura beaucoup de leçons à tirer de cette expérience, ne serait-ce que celle de la vanité de ce monde. Vanité des vanités tout est vanité (cf Ecclésiaste 12 : 8). La vie ne tient qu’à un fil, alors pendant qu’on est en vie, n’hésitons pas à partager avec les autres car ce qui restera de nous, ce n’est pas ce que nous avons gagné ou amassé mais ce que nous avons donné, ce que nous avons partagé.

La messe Dieu point zéro (2.0)

Par Myriam Bettens

Photo: Pascal Meyer SJ

La crise du Coronavirus a dure- ment frappé la vie communautaire en forçant les églises à annuler toutes formes de rassemblement dès le 12 mars dernier. Maintenir le lien avec ses fidèles malgré l’éloignement et le confinement, tel est l’enjeu pour le Père jésuite Bruno Fluglistaller. Pour ce faire, il s’est allié les avantages de la technologie pour proposer des messes en vidéoconférence à un petit groupe de fidèles.

Le Covid-19 bouscule les habitudes. Pas la messe
«Ce moyen a l’avantage d’offrir aux fidèles la possibilité de participer aux lectures et aux intentions de prière», affirme le Père Bruno. Pour la petite communauté de Saint-Boniface, il n’était pas uniquement question d’assister à la messe «en direct»,
mais également de conserver des moments d’échanges et de partages, comme cela se pratique lors des célébrations habituelles. Même si Bruno Fluglistaller admet volontiers avoir dû mettre en place une solution avec «les moyens du bord», il a avant tout été motivé par la demande de ses paroissiens. Le jésuite les retrouve donc quotidiennement pour une célébration par écran interposé. Peu avant 18h45, le prêtre installe son ordinateur portable dans le séjour de la communauté et se connecte à un logiciel de vidéo-conférence. Il envoie ensuite un lien permettant de rejoindre la messe. Bien que le jésuite considère cette méthode un peu frustrante, par l’impossibilité de partager la communion, le retour des fidèles est très positif quant à cette manière de célébrer.

Centrés sur la Suisse et tournés vers le monde
La communauté jésuite a posé ses valises dans la Cité de Calvin en 1959. Aujourd’hui, les pères sont répartis sur deux lieux de vie, l’un situé au centre-ville et l’autre à Carouge. Le ministère de la communauté de Genève est très large voire même supra-parois- sial. Elle est notamment engagée dans le monde international par le bais de ses institutions (Nations-Unies et Bureau inter- national du travail), auprès de la revue culturelle Choisir, de l’Atelier œcuménique de théologie (AOT), et aussi très impliquée dans l’œcuménisme.

Point de vente

Découvrez la messe Dieu point zéro (2.0) en vidéo
Reportage de Léman Bleu télévision.
Réalisation de Priscilla Chacòn

youtu.be/JHQfTu4FLxc

Apparitions et miracles

Reconnus par l’Eglise ou non, les sites liés aux apparitions attirent les pèlerins et occupent une place importante dans la piété populaire. Décryptage de ce phénomène à travers les yeux du chanoine Paul Mettan, qui en est un habitué.

Par Nicolas Maury
Photos: Jean-Claude Gadmer, Marcel Maury, Nicolas Maury, Nicolette Bruchez, DR
Chanoine régulier de l’Abbaye de Saint-Maurice d’Agaune, Paul Mettan est aussi accompagnateur et aumônier lors de pèlerinages. Il n’est pas rare de le croiser aussi bien à San Giovanni Rotondo qu’à Medjugorje, qui attirent chaque année plus de 5 millions de fidèles. S’il a rencontré le Padre Pio il y a 64 ans et va sur ses terres depuis 19 ans, il est allé « au moins 12 fois » à Medjugorge, où apparaîtrait la Vierge, et où, sans affirmer le caractère surnaturel du lieu, l’Eglise catholique autorise depuis peu l’organisation de pèlerinages diocésains et paroissiaux.

Le site de Medjugorje voit défiler des millions de fidèles.

Paul Mettan, l’impression que les gens ne vont plus forcément à la messe mais se rendent plus volontiers sur les sites d’apparition est-elle vraie ou fausse ?
Les gens que j’accompagne sont des pratiquants qui, à 80%, participent à la messe du dimanche en paroisse. Mais c’est ma petite expérience personnelle. A Lourdes, c’est peut-être un peu différent. Ce que j’entends surtout, ce sont les éloges faits sur les messes qui y sont célébrées, sous-entendant qu’« on ne vit pas ça dans notre village… ».

Quelle est la motivation à se rendre sur des lieux liés à des apparitions ou à des miracles ?
L’homme et la femme sont ainsi faits qu’ils se déplacent si quelque chose les attire. 

Pourquoi se déplace-t-on ? Pour voir quelque chose sortant du quotidien : un spectacle, un exploit sportif, un match de foot particulier…

Dans le sujet qui nous intéresse, je dirai qu’il y a une aspiration humaine naturelle à connaître Dieu, à dépasser le quotidien et à tendre vers le bonheur. 

Le Padre Pio n’est plus là, mais sa présence est perceptible à San Giovanni Rotondo.

Ne peut-on pas le faire à la messe le dimanche ?
Les gens que j’accompagne ont déjà fait une démarche, ils sont sortis de leur train-train. Et ils sont accompagnés par certains qui désirent connaître autre chose. Certains cherchent un but à leur vie, d’autres veulent être consolés ou requinqués. Alors bien sûr, on peut prier chez soi, dans sa chambre, dans son église. Mais on est vite distrait et on ne le fait plus guère. L’extraordinaire est attractif. Le Padre Pio n’est plus là et la Vierge ne nous apparaît pas à nous. Mais leur présence est perceptible et nous prions. C’est une question de foi.

Mes pèlerins me disent que la prière est au centre du pèlerinage. Je l’ai vécu à Lourdes où j’ai été comme « touriste ». Et puis il y a la réconciliation: à Medjugorje, il y a 40 confessionnaux. Il y a quelques années, il n’y en avait que 20… 

Est-il plus facile de se confesser loin de chez soi ?
La confession est l’un des buts du pèlerinage. Se réconcilier avec Dieu, le monde, les gens. Se réconcilier est une façon d’instaurer la paix dans le monde.
Certains se confessent parce qu’ils ne trouvent pas de confesseurs chez eux… Et n’oublions pas que l’aveu de ses fautes est une démarche qui n’est pas facile pour tous. Le Padre Pio demandait qu’on se confesse toutes les semaines. Et il en avait, des fidèles! 

La piété est-elle différente à Medjugorje, à San Giovanni Rotondo ou ici ?
Les gens sont plus à l’aise pour y montrer leur dévotion. Tous sont pris dans un mouvement de foule. Parfois, ici, on n’ose pas montrer qu’on croit. Une des raisons d’aller là-bas est que notre foi peut s’exprimer sans crainte, sans pudeur. On ne se gêne pas. Combien, ici, croient mais ne sont pas expansifs ? Depuis le temps que je célèbre, je vois ici qu’on reste au fond de l’église. Dans un pèlerinage, on se presse pour être devant…

Est-ce important pour vous que le site soit reconnu ?
Sur 200 apparitions de la sainte Vierge, dans le monde, une quinzaine sont reconnues au même titre que Lourdes ou Fatima. Certes, certains pinaillent par rapport à cette terminologie. Le pape François n’a pas reconnu Medjugorje comme Lourdes, mais il dit pourtant que les évêques peuvent y aller en paix avec leurs ouailles. Que voulez-vous de plus ? Une plaque comme à Notre-Dame de Laus près de Gap ? Il y a 400 ans, ce site d’apparitions était un but de pèlerinage où se rendaient des foules, évêques en tête, sans être reconnu. Il y a un peu moins de 20 ans s’est déroulée une grande cérémonie avec un cardinal ou deux, des archevêques, et une plaque a été gravée dans le marbre disant que c’était reconnu. Ça a changé quoi ? Rien du tout. En fait, c’était déjà reconnu par la pratique diocésaine.

Ce qu’on remarque, c’est que la Vierge apparaît dans des endroits inconnus et à des enfants, qui sont encore ouverts à l’extraordinaire et ne viennent pas avec leurs raisonnements sceptiques d’adultes.

Pourquoi y vont-ils ? Des habitués des pèlerinages témoignent

Quelles sont les motivations des Romands qui se rendent régulièrement sur les sites d’apparition ? Quand on lui pose la question, Luc Maillard – sexagénaire habitant Bulle qui a participé à quinze pèlerinages à Lourdes et quatre à Medjugorje – répond : « Je vais confier ma vie et celle de mes proches à la Vierge, lui demander d’intercéder auprès de son Fils afin que tout se passe bien pour nous et bien sûr lui dire merci pour toutes les grâces que l’on reçoit. » 

Axelle Duay s’est quant à elle rendue à Fatima, à Lourdes, à Medjugorje et en Italie, « à Rome, dans la ville natale du Padre Pio et aussi dans le village où repose saint Rita, la sainte préférée de maman ». Son but ? « Je cherche à renforcer ma foi et entrer en communication avec la très sainte Vierge. Dieu est constamment en notre présence, mais je trouve cela plus mystérieux de trouver ce que je recherche dans des endroits eux aussi mystérieux, comme Lourdes. Voir tous les miracles qui sont inscrits sur les murs, c’est impressionnant ! » Fervent pratiquant, lecteur et auxiliaire de communion à la paroisse de Bulle, Luc Maillard ajoute : « Le temps est trop court le dimanche. En pèlerinage, on en a plus pour oublier toutes les vicissitudes de ce bas monde. Je suis plus détendu et plus recueilli pour prier la sainte Vierge et suivre les célébrations. » 

Habituée de Medjugorje, la Valaisanne Nicolette Bruchez résume le sentiment général : « Un pèlerinage permet de partager une semaine de prière dans la paix. C’est une autre ambiance, une autre ferveur, que je ne peux pas expliquer. Il faut la vivre. »

Ces propos, l’organisatrice pour le diocèse de Sion du pèlerinage de printemps à Lourdes, Véronique Denis, les reprend presque mot pour mot :  « On dit souvent que Lourdes ne s’explique pas, cela se vit. On y est tous pèlerins, frères, sœurs, quelles que soient nos origines, situations personnelles ou professionnelles. Nous sommes tous égaux, en prière à la Grotte de Massabielle ou lors des célébrations vécues dans la joie, la ferveur et la simplicité. Nous expérimentons l’Eglise, le Peuple de Dieu en marche vers le Royaume. Nous sommes tous concernés, la grâce de Lourdes comble à profusion les cœurs de ceux et celles qui viennent et reviennent chaque année. »

Mariophanie

Par Thierry Schelling
Photo: Jean-Claude Gadmer
« La foi trouve ses racines dans les Evangiles, dans la Révélation et dans la Tradition mais jamais dans les apparitions », expliquait François sur la chaîne italienne TV2000 en décembre 2018. Et se faisant l’écho du bon cardinal Etchegaray – ancien archevêque de Marseille et chantre des missions diplomatiques difficiles du Saint-Siège –, il est bon de se redire que « les apparitions ne sont ni un article de la foi ni une obligation d’y croire en conscience ».

Qu’à cela ne tienne : Medjugorje, Lourdes, Fátima, Guadalupe, et – la seule autre Eglise à reconnaître le phénomène – les apparitions en Egypte reconnues par le patriarcat copte, voient affluer les pèlerins tout au long de l’année. Et à écouter non seulement les fidèles mais également les prêtres et évêques accompagnateurs, il s’y fait beaucoup de bien…

Marie, porte du ciel
Ces mariophanies sont utiles si elles portent au Christ, encore et toujours, comme le rappellent les papes pétris de dévotion mariale, Jean-Paul II en tête. D’ailleurs, dans l’iconographie byzantine, l’icône de la Vierge portant sur ses genoux Jésus – originellement copiant celle d’Isis portant Horus dans la religion égyptienne 1 – est clairement appelée Hodigitria, « qui montre le chemin », et compte parmi les représentations mariales les plus répandues.

Vox populi, vox Dei ?
Comment l’Eglise institutionnelle procède-t-elle pour se prononcer ? A la suite du phénomène des voyants, une équipe d’experts est mise en place : théologiens, mais aussi psychiatres, médecins, historiens, sociologues. C’est l’évêque du lieu qui chapeaute officiellement l’enquête par délégation. Si complexe, le dossier est porté à la Congrégation de la doctrine de la foi, à Rome. Le temps avançant, il sera décidé l’une ou l’autre forme d’acceptance : reconnaissance de l’apparition comme vraie ou autorisation de la dévotion des fidèles, l’organisation de pèlerinages, des articles en vente en rapport avec l’apparition, etc. Vox populi, vox Dei ? Pas toujours donc…

1 Voir les travaux de C. Uehlinger et J. Eggler : http://www.religionswissenschaft.uzh.ch/
idd/index.php

En librairie – mai 2020

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Bernadette et Lourdes, l’enquête…
Yvon Bertorello et Alban Guillemois

New York 2019, une jeune Américaine découvre le récit d’une guérison extraordinaire qui a eu lieu à Lourdes, en France. Troublée par le récit, elle décide d’enquêter pour comprendre. A Lourdes, elle fait la connaissance de l’abbé John Clarke, un jeune prêtre américain de passage, et lui demande de lui conter cette fabuleuse histoire qui débute sous Charlemagne et qui, avec le récit d’une jeune fille pauvre qui prétend avoir vu la Vierge Marie, va faire de Lourdes une capitale religieuse internationale, dont l’aventure continue aujourd’hui… 

Artège

Acheter pour 22.20 CHFLes larmes du Soleil Levant
Marie-Renée Noire

Il est une étrange statue de Marie au sein de cette jeune communauté religieuse d’Akita, au Japon. Réalisée en 1963 par un sculpteur bouddhiste réputé, elle porte les traits d’une jeune Japonaise. Sœur Agnès, l’une des religieuses du monastère, perçoit durant l’adoration de forts éblouissements venant du tabernacle. Par trois fois, des paroles lui sont dites « par une belle dame ». Par la suite des larmes coulent des yeux en amande de Marie, compatissante à notre monde secoué par tant de violences et de multiples souffrances. Depuis, les pèlerins affluent du monde entier, dans ce sanctuaire reconnu par l’Eglise catholique comme l’un des seize lieux d’apparition mariale.

Nouvelle Cité

Acheter pour 21.20 CHFLa lumière de Marie
Amélie Leconte

Depuis toujours la Vierge Marie veille sur ses en-fants. Ainsi elle a choisi d’apparaître dans divers lieux du monde pour transmettre l’amour et la parole de son fils, son message de miséricorde et de paix. En France, elle est apparue dans douze lieux, devenus de nos jours des lieux de pèlerinage à la gloire de son nom. Cette bande dessinée nous les présente et nous fait découvrir d’autres lieux d’apparition que Lourdes, La Salette ou Pontmain.

Editions du Signe

Acheter pour 28.80 CHFMarie Immaculée
Jean-Claude Michel

« Choisie pour être la Mère du Fils de Dieu, Marie fut préparée depuis toujours par l’amour du Père pour être l’Arche de l’Alliance entre Dieu et les hommes. » Cette citation du pape François a inspiré l’auteur de ce livre. Derrière les méditations qu’il nous présente se cache l’expérience inattendue d’une rencontre avec la Vierge Marie et la découverte de sa beauté. D’origine protestante, Jean-Claude Michel nous livre ici les fruits de son cheminement, explorant les différents aspects du mystère de l’Immaculée Conception qui est l’« annonce de notre beauté à venir ».

Editions des Béatitudes

Acheter pour 10.70 CHF

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Voir pour suivre: Bartimée (Marc 10, 46-52)

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR
C’est le dernier miracle avant l’entrée à Jérusalem (qui débute, par exemple, en Marc 11) dans les trois Evangiles synoptiques. Seul Marc nomme le mendiant aveugle de Jéricho Bartimée, c’est-à-dire fils de Timée (du grec timè, estime). Celui-ci crie sa foi, quand il apprend le passage de Jésus : « Fils de David, toi Dieu qui sauve (selon l’étymologie du nom Jésus), aie pitié de moi ! » Sa conviction est telle que la foule qui essaie de le rabrouer ne parvient pas à le faire taire. D’obstacle, la multitude devient servante, puisque sur l’ordre du Maître, elle fait venir Bartimée. Et quelle parole elle prononce alors : « Aie confiance, lève-toi, il t’appelle ! » Arrive alors le plus incroyable : l’aveugle bondit, rejette son manteau et fonce vers Jésus, sans aide – en tout cas, le texte n’en mentionne pas.

Foi et relation avec le Christ
Toute guérison dans les Evangiles s’inscrit sur fond de foi et de relation avec le Christ. « Que veux-tu que je fasse pour toi ? », demande-t-il à l’aveugle de manière tout aussi surprenante. C’est que le Fils de Dieu veut susciter en l’homme son désir le plus secret. « Va, ta foi t’a sauvé », lui dit-il, d’une parole qui en même temps lui redonne la vue, une parole efficace qui réalise ce qu’elle signifie.

Signes du Royaume
Les miracles évangéliques se présentent comme des signes du Royaume qui vient et qui en même temps est déjà là. Ils anticipent le jour où, dans le sein de Dieu, tous les yeux obstrués s’ouvriront, où toutes les larmes seront essuyées. Ils présupposent et suscitent la foi : que nous puissions voir pour croire. Car c’est l’adhésion à Jésus-Christ qui sauve et qui permet de le suivre, ainsi que le fait Bartimée, jusqu’à sa Passion et à sa Résurrection.

Le plus grand miracle aujour­d’hui ? Quand des enfants, des jeunes, des femmes et des hommes s’éclairent mutuellement, lisent ensemble la Parole, échangent et transmettent, se laissent toucher par le Fils de Dieu et prennent leur croix à sa suite. Jusqu’à la splendeur de Pâques.

Le temps des miracles?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Aigle (VD), mai-juin 2020

Texte et photo par Tarcisio Ferrari

Ce dernier voyage veut être différent, prendre le temps d’une escapade d’un week-end non loin de chez nous, en Suisse. Il se présente comme inespéré, parce qu’il a été réalisé juste quelques jours avant la pandémie que nous vivons tous à présent. Traverser la Suisse par les routes de campagne nous fait découvrir notre territoire et ses magnifiques paysages, nous recentrer sur notre propre réalité ; pas besoin de prendre l’avion ou parcourir des milliers de kilomètres. Je veux voir « l’Essentiel », me tourner vers notre passé et son histoire et réfléchir au futur.

Après la Gruyère et Berne, on bifurque vers l’Emmental et sa splendide campagne où les imposantes fermes dominent les vertes prairies. Ici, tout semble idyllique. Mais n’oublions pas le labeur, la peine et le temps consacrés, n’oublions pas non plus la difficulté et la rudesse de la vie paysanne.

On poursuit par l’Entlebuch ; ici la campagne est moins riche et je pense que la vie y est plus difficile. Nous arrivons à la périphérie de Lucerne, à Emmenbrücke, où un entrecroisement presque inextricable de routes, d’autoroutes, de ponts et de voies ferrées nous amène à la réalité brutale d’aujourd’hui. Le calme s’achève.

On continue par Rotkreuz et sa moderne zone industrielle vers Schwyz, pour atteindre enfin la paisible et étroite vallée du Muotathal. La première vraie étape est la découverte de Schwyz qui, grâce à ses musées, nous fait revivre l’histoire, un peu oubliée, de l’origine de la Suisse à partir du XIIIe siècle, de la création de la Confédération par les trois premiers cantons et de son développement par l’agrégation d’autres cantons. Une visite bien idyllique dans sa présentation. Dans la réalité, en lisant un peu les livres d’histoire, on découvre combien de luttes externes à la Confédération ou entre les cantons ont attaqué l’esprit de paix et d’unité du pacte de 1291. Non loin de Schwyz, le détour par l’Abbaye d’Einsiedeln s’impose.

L’abbaye bénédictine d’Einsiedeln
Sa fondation remonte au moine ermite Meinrad qui, venant du monastère de Reichenau, vécut dans ce lieu jusqu’à sa mort en 861. Le nom Einsiedler en allemand signifie d’ailleurs « ermite ». La première pierre fut posée en 934 et l’abbaye bénédictine consacrée en 938. Après plusieurs incendies, la construction d’un immense monastère baroque débute en 1704. La chapelle Notre-Dame, de marbre noir, conservée à l’intérieur de l’abbatiale, est l’endroit où saint Meinrad bâtit son premier ermitage. Elle est célèbre, car elle conserve une sculpture en bois de poirier de la Vierge noire. Elle a miraculeusement échappé à de nombreux incendies, tandis que sa célèbre couleur noire est due à la restauration de 1803. Einsiedeln est aujourd’hui un lieu très prisé où se rendent pèlerins et touristes du monde entier. La richesse de la bibliothèque est le fidèle reflet de la vie intellectuelle de l’abbaye : 1200 manuscrits, 1100 incunables, 230000 volumes imprimés du XVIe au XXe siècle. 

Le miracle espéré
La visite à l’abbaye d’Einsiedeln, réalisée dans une période encore très calme, non submergée par les pèlerins et les touristes, mais brusquement abrégée par la pandémie, me fait réfléchir. 

Nous vivons actuellement une période très particulière ; des pays entiers sont à l’arrêt. Les gens se retrouvent confinés, chez eux ou, pour les moins chanceux, dans un établissement hospitalier, éloignés de leurs proches. Tout tourne au ralenti. Par la force des choses, on se recentre sur l’essentiel et on voit se développer une solidarité magnifique ; dans les hôpitaux, des miracles sont réalisés. La situation dans le monde entier et dans certains pays est dramatique, mais comment sera le futur à la reprise de la vie dite « normale » ?

Cette période servira-t-elle vraiment à une grande réflexion ? De grandes décisions seront-elles prises par les gouvernements, les politiciens et par chacun d’entre nous ? Serons-nous capables de définir l’essentiel ? Penser d’abord aux autres, à ses proches, au respect de la nature, aux défis climatiques, travailler avec engagement dans une ambiance saine, consommer de manière raisonnée et raisonnable. Continuera-t-on à aider nos proches, dans un élan de solidarité, la crise passée ? Abandonnera-t-on le superflu, les produits miracles et bon marché ? La liste de ces interrogations peut, bien sûr, s’allonger. Mon espérance, c’est que le temps des miracles est vraiment venu ; mais sommes-nous prêts à nous y engager ?

Miracle!

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur de l’Entremont (VS), mai 2020

Texte par Michel Abbet | Photo: DR

Définition du miracle : fait extraordinaire où l’on croit reconnaître une intervention divine. 

Qui n’a pas espéré un jour de sa vie un miracle ! Pour retrouver la santé, pour se sortir d’une situation difficile, pour raviver un amour défaillant, pour la guérison d’un proche ou la résolution d’un problème relationnel ou financier ! L’existence est en effet jalonnée d’épreuves de toutes sortes, qui bien souvent mettent à mal la capacité à gérer le quotidien ! Quelle aubaine de pouvoir alors être débarrassé de ses « misères » d’un coup de « baguette magique » et de pouvoir reprendre son train-train habituel ! 

Mais la définition même du miracle met en lumière tout le scepticisme qui entoure ce mot ! Le terme « … où l’on croit reconnaître… » explicite bien la retenue, pour ne pas dire plus, de l’humain face à un phénomène qui le dépasse. Sans trop l’admettre, on se méfie un peu du miracle…

L’Eglise, prudemment, les recense au compte-gouttes et, de son propre aveu, ne retient que les cas indiscutables, « ne prêtant pas le flanc à la critique des rationalistes ». Certainement un signe de sagesse, tant peuvent arriver de tous côtés de supposées guérisons qui ne résistent pas à une analyse approfondie.

Et pourtant ! Durant sa vie publique, Jésus n’a pas été avare de miracles, changeant l’eau en vin, multipliant les pains, faisant ressusciter Lazare et le fils de la veuve de Naïm, guérissant lépreux, aveugles, malades de toutes sortes ! Avec une constante et un but toujours identique : tourner les cœurs vers Dieu ! Si cela n’a pas suffi à changer les cœurs de ceux qui voulaient sa perte, ces faits extraordinaires ont non seulement modifié la vie « physique » des bénéficiaires, mais aussi transformé leur vie spirituelle ! 

Plus près de nous, des témoignages bouleversants de personnes « miraculées » devraient nous interpeller. Marthe Robin qui a vécu 50 ans sans être nourrie autrement que par l’eucharistie, André Levet qui rencontre Dieu dans sa cellule, Bernadette Moriau, la dernière miraculée reconnue de Lourdes, ces personnes et tant d’autres nous disent l’Amour immense de Dieu. En ces temps très incertains, nous avons plus que jamais besoin de cet Amour !

De notre côté, nous pouvons pratiquer en y mettant plus ou moins d’assiduité, nous pouvons prier, un peu ou beaucoup, nous pouvons croire tout en gardant quelque distance, histoire de laisser une place à notre scepticisme… Mais quand survient l’expérience de la Rencontre avec Dieu, le vrai miracle alors se produit. Mon Dieu, si ça nous arrivait, accepterions-nous d’être ainsi transformés ? 

Jeux, jeunes et humour – mai 2020

Par Marie-Claude Follonier[thb_image image= »4814″ img_link= »url:/wp-content/uploads/2020/04/JEUX_SPECFR_MAI2020202. »]

L’Esprit Saint, ça sert à quoi ?

Après la Résurrection, Jésus apparaît encore physiquement à ses disciples jusqu’à l’Ascension où il remonte au Ciel. Cela ne veut pas dire qu’on ne peut plus se relier à lui. A la Pentecôte, il envoie l’Esprit Saint qui est un peu comme notre wifi spirituel. Il permet en tout temps de nous connecter à Dieu. Les images du souffle qui guide, du feu qui purifie, de l’eau qui donne vie et de la colombe, signe de paix, caractérisent l’action de l’Esprit Saint dans la Bible.

Par Pascal Ortelli

Une grand-maman qui garde Camille parce que ses parents sont à l’hôpital pour l’accouchement de leur deuxième enfant, vient toute heureuse annoncer la nouvelle à la petite fille de 5 ans : « Cette nuit, un ange t’a apporté un petit frère ! Veux-tu que nous allions le voir ? – Nan ! dit Camille, Ze veux voir l’anze. »

Par Calixte Dubosson

Porteuse de paix

Rédactrice végétale, sculptrice de nouveaux mondes en… pâte à modeler, marathonienne des sacrements d’initiation, Douve Frieden-Spicher déploie maintenant ses nombreux talents à l’institut Philanthropos. Elle contribue à l’accompagnement de ceux qu’elle considère presque comme «ses» enfants. Rencontre avec une Fribourgeoise aux mille vies.

Texte et photos par Myriam BettensUne petite ride se forme sur son front. Son regard me scrute. Elle semble effeuiller les pages mentales d’un agenda. D’un coup, son regard change, elle me gratifie d’un lumineux sourire. « Allons dans la salle des collaborateurs », propose Douve Frieden-Spicher, tout en indiquant la direction. Elle fait quelques pas, s’arrête devant la photocopieuse, collecte les copies, retourne à son bureau, revient, vérifie le bac à courrier, se dirige à nouveau vers ce qu’elle appelle « son bocal » (un bureau vitré, ndlr), pour enfin me rejoindre près de la salle. « Vous connaissez un peu Philanthropos ? » me demande-t-elle. Pour la pétillante Fribourgeoise, la devise de l’Institut européen d’études anthropologiques (Réapprendre le bonheur d’être humain) est à l’origine de son intérêt pour le poste, mais pas uniquement. « C’est le Seigneur qui m’a conduite ici en 2017. Il est la réponse à toutes les questions que l’être humain se pose », développe-t-elle.

De l’état de la nation au service après-vente

Toutes les questions, ou presque. « Un étudiant m’a demandé si Douve était mon prénom ou ma fonction », raconte-t-elle. En contact direct avec les étudiants et le personnel de l’institut, la mission principale de l’assistante de direction consiste à s’assurer que « tout et tout le monde va bien ». La tâche peut sembler à première vue simple, mais ses journées n’en sont pas moins remplies. Les portes de Philanthropos à peine franchies aux alentours de 8h, Douve Frieden-Spicher « fait l’état de la nation » en prenant acte des éventuelles absences des étudiants ou des problèmes rencontrés par le reste du personnel. « L’heure suivante est consacrée au service après-vente », décrit-elle avec un sourire, mandat qu’elle réalise par l’apport de solutions concrètes aux difficultés rencontrées l’heure précédente. Puis généralement, entre 10h et 10h30, elle s’accorde une pause avec les professeurs de l’institut. « Cela permet de se rencontrer de manière informelle », indique l’assistante de direction. Le café avalé, la tranche horaire avant la messe de 11h15 est consacrée au travail de fond, comme la compatibilité ou le site internet. Elle aime particulièrement ce moment de messe, car « il n’y a plus de hiérarchie, nous sommes tous ensemble sur un même pied d’égalité devant la verticalité divine ». Elle participe ensuite au repas communautaire à 12h15, avant d’entamer la seconde partie de sa journée à 13h30, avec de la comptabilité ou la préparation des conférences à l’agenda. Douve Frieden-Spicher n’a pas de mal à passer d’une chose à l’autre, c’est d’ailleurs sa marque de fabrique.

Les mille et une vies

« Etre femme, c’est avoir plusieurs vies », affirme-t-elle en considérant son parcours professionnel. Tour à tour, chercheuse en éthique économique, rédactrice d’une rubrique sur le jardin et la maison pour une revue genevoise et détentrice de sa propre petite entreprise de pâte à modeler, Douve Frieden-Spicher estime que le Seigneur a fait de toutes ces vies une vertu. C’est cette dernière qu’elle essaie de transmettre à ses huit enfants, dont deux « importés et aimés dans sa chair comme les autres », en les accompagnant dans toutes les étapes de la vie chrétienne. « Je vois le Seigneur à l’œuvre, quelque chose se passe dans leurs vies malgré moi », souffle-t-elle émue. Mille vies et un prénom si particulier. Je la regarde. Une question me taraude : si Douve n’est pas la fonction, que signifie le prénom ? « Il vient du livre Du mouvement et de l’immobilité de Douve écrit par le poète Yves Bonnefoy », m’apprend-elle. Quant à moi, je lui dévoile que douve est probablement la traduction de colombe en anglais médiéval. De quoi donner un nouvel envol à un patronyme aux accents de liberté.

Douve Frieden-Spicher n’a pas de mal à passer d’une chose à l’autre.

Un mercredi dans la vie de Douve Frieden-Spicher

8h-9h Traitement des affaires courantes, puis vérification que tout
et tout le monde va bien à l’Institut.

9h-10h Gestion des problèmes détectés l’heure précédente.

10h-10h30 Pause avec les professeurs et le reste du personnel.

10h30-11h15 Tranche horaire dévolue au travail de fond. 

11h15 Messe à la chapelle.

12h15 Participation au repas en commun.

13h30-15h Préparation des conférences à venir et comptabilité.

15h Douve entame sa « seconde journée » auprès de ses enfants.

Sacrée ligne de crête

Par Pascal Ortelli
Photo: DR
« Chassez le surnaturel, il revient au galop », voilà comment – non sans tordre l’expression – qualifier le regain d’intérêt actuel pour la piété populaire. L’essor des pèlerinages vers les lieux d’apparitions reconnus – ou non – par l’Eglise témoigne du besoin de retrouver une spiritualité tangible et cache parfois une quête immodérée de sensationnel.

Face au risque de trop intellectualiser la foi, cet engouement est à saluer, mais aussi à accompagner. Les mesures prises contre le coronavirus (suppression des messes publiques et de la communion pour les fidèles) le montrent : certains y ont vu un manque de foi en la puissance de l’eucharistie. C’est oublier que même si le Christ est réellement présent dans l’hostie, les propriétés du pain persistent avec le danger de propager le virus par contact. 

Tel est le merveilleux de l’Incarnation : la grâce ne supplante pas la nature, mais la hisse vers le haut. Articuler foi et raison : c’est une sacrée ligne de crête à tenir et aussi l’occasion de rappeler que nous sommes naturellement faits pour l’éternité. « Supprimez le surnaturel, il ne reste que ce qui n’est pas naturel », disait Chesterton, autrement dit, la superstition ou l’idéologie. En ce sens, il est urgent de réaffirmer à la suite du pape François que la piété populaire représente le meilleur « système immunitaire de l’Eglise ». 

L’ermitage de Sainte-Vérène (SO)

Pour une visite à distance, en raison de la situation extraordinaire liée au coronavirus, et à planifier une fois la vague passée.

Par Pascal Ortelli
Photo: DR
Situé à proximité de la ville de Soleure, l’ermitage de Sainte-Vérène se trouve au cœur des gorges du même nom. Comme le veut la tradition, c’est là qu’au IVe siècle se réfugie Verena, une Egyptienne qui a suivi la légion thébaine commandée par saint Maurice. Pour échapper au massacre, elle se rend à Soleure avec deux autres rescapés, Urs et Victor. Là ils se font martyriser à leur tour tandis que Verena arrive à se retirer dans les gorges pour y mener une vie de recluse. 

Le site composé de deux chapelles baroques construites au XVe siècle et de la maison de l’ermite appartient à la bourgeoisie de Soleure. Un chemin bien entretenu permet de se rendre facilement à l’ermitage, tandis que l’association « Einsiedelei St. Verena » propose plusieurs circuits thématiques guidés.

Plus d’infos (en allemand seulement) sur : https://einsiedelei.ch/

Accès possible
1. Entrée des gorges
2. Parking à proximité de l’église et du restaurant Kreuzen
3. Parking à proximité du restaurant Einsiedelei.

La visite

1. Pour accéder à l’entrée des gorges, comptez 45 minutes à pied depuis la gare ou prenez le bus 4 (arrêt St. Niklaus). 

2. Empruntez le chemin de la gorge, aménagé dans un style romantique à la fin du XVIIIe siècle. Facile d’accès, il s’étend sur 2 kilomètres avec un léger dénivelé de 40 mètres. Vous atteindrez le site en moins de 20 minutes.

3. Ne manquez pas d’entrer dans la chapelle Saint-Martin où un saint-sépulcre vraiment impressionnant a été aménagé dans le rocher.

4. A côté de la chapelle Sainte-Vérène, n’oubliez pas de jeter un œil à la grotte occupée par le premier ermite dont la présence est attestée dès 1442.

5. Avant de repartir, contemplez le magnifique jardin devant la maison actuelle de l’ermite. Vous pouvez soit revenir sur vos pas soit poursuivre jusqu’au restaurant Einsiedelei pour vous désaltérer.

Vitrail de la Pentecôte

Stravinski, église St-Pierre d’Yverdon (VD)

Par Amandine Beffa
Photo: Jean-Claude Gadmer

Le vitrail de Théodore Stravinski donne une lecture de la Pentecôte.

A l’heure où j’écris ces lignes, il n’est pas question de sortir de chez soi pour aller visiter des églises. Nous sommes un peu comme les apôtres le jour de la Pentecôte, cloîtrés pour éviter un danger extérieur. Pour autant, comme dans le cas des apôtres, les portes fermées n’empêchent pas le Christ de nous rejoindre là où nous sommes.

Le vitrail de Théodore Stravinski qui se trouve en l’église Saint-Pierre d’Yverdon nous propose une lecture de cet événement.

Vers les bras de la Vierge
La scène est comme figée au moment où l’Esprit Saint descend sous la forme de langues de feu. Mais cet esprit de vie n’a pas encore touché les cœurs. Les couleurs choisies pour les visages des apôtres semblent traduire une certaine angoisse.

Tout dans la perspective conduit dans les bras ouverts de la Vierge Marie qui accueille ce petit peuple refermé sur lui-même.

Jamais seuls
Au premier plan, Jésus ressuscité semble surgir du calice et de la Bible (symbolisée par les inscriptions AT et NT). Les deux tables de l’Eucharistie et de la Parole de Dieu sont les deux lieux particuliers de la présence du Christ. Cette partie de l’œuvre nous rappelle qu’il est avec nous, tous les jours jusqu’à la fin (Mt 28, 20).

Que la méditation de ce vitrail, en vrai ou en image, nous rappelle que dans la détresse nous ne sommes jamais seuls (le Christ nous l’a promis) ; que nous pouvons toujours demander l’Esprit de force et de courage et que la Vierge Marie nous accueille comme une mère aimante réconforte ses enfants.

Des miracles grâce à internet!

En cette période où les contacts physiques humains ont été réduits au maximum, l’outil internet prend une importance considérable… jusqu’à en devenir indispensable pour vivre la communauté. Mais internet peut-il vraiment être source de miracles?

Par Chantal Salamin
Photo: DR
Longuement, j’ai cherché des miracles sur internet… sans succès ! Parce que les miracles s’opèrent dans les cœurs, dans les corps et dans les communautés pour faire signe… ils sont invisibles pour les yeux. 

Pourtant, au milieu de cette pandémie, grâce à internet, des initiatives de croyants trouvent une nouvelle visibilité – comme UnMiracleChaqueJour –, ou se développent, comme les messes filmées et diffusées sur le web, les ondes radios ou le téléviseur.

Un Miracle Chaque Jour
Un miracle chaque jour, vraiment ? Seul Dieu le sait. Cependant, chaque jour un message est envoyé à qui le désire par mail ou peut être écouté en ligne ou en podcast.

Des messages qui disent avec beaucoup de justesse et de force l’amour que Jésus a pour chacun de nous qui ont pour titre : « Dieu veut que votre vie soit remplie de paix et de joie », « Jésus n’attend pas votre perfection pour œuvrer avec vous », « Décidez de faire la volonté de Dieu », « Chaque instant est un moment parfait pour aimer », « Le Père a semé son amour en vous » ou encore « Ne vous limitez pas en limitant Dieu ».

En tout cas, le miracle s’opère dans les cœur, comme le té­moigne Agnès : « Je sais qu’au travers de votre ministère, votre témoignage, vos invités, Dieu m’a restaurée, m’a parlé et m’a visitée. J’ai reçu la guérison du cœur. »

Célébrer ensemble la messe devant nos écrans
Alors que nous ne pouvons plus aller rencontrer le Christ et nos frères à l’église pour participer à la messe, c’est Jésus qui vient chez nous nous visiter. Mais, à nous de lui ouvrir la porte, de disposer notre cœur, de dépasser la solitude ou le cercle familial pour imaginer la communauté, pour être présence… un effort supplémentaire qui engage notre volonté, mais un effort qui ouvre à une plus grande communion des cœurs.

Vers un monde meilleur ?
Le pape François le disait aux jeunes à Panama : « Le monde sera meilleur si l’on croit à la force de l’amour de Dieu… » Oui, nous croyons que cette pandémie nous rapproche plus qu’elle nous éloigne des autres et du Christ. Elle va même nous permettre de rejoindre tous ceux qui n’osaient pas venir à l’église.

Le site: https://unmiraclechaquejour.topchretien.com

Guérir, à tout prix?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs de Sierre (VS), mai 2020

Texte et photo par Raphael Delaloye

Ces dernières semaines on a beaucoup invoqué Marie et tous les saints du ciel pour nous protéger de ce virus. Les neuvaines et les dizaines se sont multipliées au cœur de nos quarantaines, la guérison en ligne de mire.Chacun rêve des effets positifs de cette crise et s’imagine comment notre monde va s’en sortir grandi, apparemment uni autour d’une cause commune. Pourtant il ne fait aucun doute que le mal continue son œuvre.

On attend comme le messie le vaccin miracle, porté par un scientifique zélé, une couronne de laurier autour du cou. Brandi dans le climat de peur actuel ce nouveau graal pourrait vite devenir « l’air de rien » une monnaie de pouvoir, avec la complicité de petits malins bien placés. Quand les opportunités se présentent, la corruption et l’orgueil se servent au passage. Pardon de peindre le diable sur la muraille…

Il en va de même à notre niveau, lorsque, face à nos mal-êtres, ou désemparés devant hémorragies ou brûlures, nous faisons appel à toutes sortes de guérisseurs, pétris de promesses dont eux seuls ont le secret…

La question à se poser est celle des détectives : « A qui profite le crime ? » Ouvrons l’œil et le bon… un opportuniste rôde, même derrière ces bienfaits apparents : le démon est un pauvre diable (le Christ a déjà vaincu le mal), mais il ne lâche rien…

II se faufile derrière nos peurs et nos idoles. Il se faufile même quand, consternés face au mal, on sème autour de nous le découragement et le pessimisme. Il se faufile quand on désespère de ne pouvoir sauver le monde par nous-même, en somme…

Par contre, quand Jésus envoie ses disciples (Lc 10), deux par deux, pour guérir les malades et chasser les démons, la peur tombe. Il n’y a rien de secret, rien d’opportuniste, et même… rien de miraculeux ! c’est le programme de base : guérir ! voilà ce que Dieu choisit pour nous rejoindre, la manière normale d’agir de l’Esprit Saint. Le résultat dépend évidemment de l’accueil que nous lui réservons.

Trop souvent nos lèvres disent « oui Seigneur, tu peux me guérir », mais notre cœur pense que c’est impossible… notre manque de foi fait obstacle !

Trop souvent nous avons peur de ne pas y arriver, d’avoir trop de choses à changer… signe que nous comptons encore trop sur nos propres volontés…

Trop souvent aussi nous voulons dire à Dieu comment nous voulons être guéris… encore une manière discrète de garder la main… et d’éteindre l’Esprit !

Quand Dieu veut nous guérir, il veut que nous lui donnions TOUT.

Quand nous lui donnerons tout, nous verrons alors quels bénéfices accompagnent cette guérison : une plus grande proximité avec Lui et avec les sacrements, un plus grand amour pour nos ennemis, une paix véritable, des conversions autour de nous.

Les guérisseurs de tout bord peuvent-ils en dire autant ?

Ma vie est un miracle

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Marguerite Bays (FR), mai 2020

Par le Père Maciej Gajewski | Photo: DR

C’est le titre du livre-témoignage de Bernadette Moriau reconnue officiellement en 2018 par le Vatican comme la 70e miraculée de Lourdes.C’est une religieuse franciscaine qui vit depuis pas mal d’années sa vocation dans un petit couvent à Bresles en France. 

Elle entre à dix-neuf ans au couvent de Nantes dans la congrégation des sœurs franciscaines oblates du Sacré-Cœur de Jésus en 1958. Elle obtient son diplôme d’infirmière en 1965. En 1966, elle a vingt-sept ans lorsque débutent des douleurs lombo-sciatiques. Cela se traduisait concrètement par une quasi-paralysie. En 2005, son pied gauche se transforme en équin nécessitant une attelle. Son dos, sa colonne et son bassin étaient en compote. Ils étaient soutenus par un corset rigide cervico-lombaire. Ce qui n’empêchait pas son corps de souffrir, ses jambes étaient traversées de décharges électriques. Elle était sous haute dose de morphine pour amortir la brûlure de ces épines invisibles. A la fin, on lui avait implanté sous la peau un neuro-stimulateur médullaire tellement la vivacité aiguë du mal était insupportable. 

Voilà en quelques mots l’histoire de 42 ans des souffrances (1966-2008) de Bernadette Moriau qui devenaient d’année en année plus douloureuses ! 

En 2008, son médecin généraliste, le docteur Christophe Fumery, lui a suggéré de retourner à Lourdes. Voilà comment elle le relate : « Ah sans lui rien ne se serait passé. Je viens le voir tous les vingt-huit jours pour le renouvellement de cette satanée morphine. Ce laïc, catholique engagé, et avant tout médecin, emmène chaque année depuis quarante ans le train des malades du diocèse de Beauvais. C’est lui qui m’a suggéré de retourner à Lourdes. – Vous ne viendriez pas en pèlerinage à Lourdes avez les malades du diocèse ? – Mais, docteur, cela fait belle lurette que je ne crois plus aux miracles pour moi ! C’était plus fort que moi, mais c’est aussi mon tempérament, répondre souvent trop vite, du tac au tac ! En sortant de chez lui j’ai eu honte d’avoir proféré une telle ânerie. Moi, religieuse depuis bientôt cinquante ans, la foi chevillée au corps, je lui répondais que je ne croyais plus aux miracles pour moi ! On ne se refait pas mais comment pouvais-je imaginer qu’une telle grâce me tomberait dessus […] Si quelqu’un devait être guéri pendant ce pèlerinage, cela ne pouvait pas être moi […] La proposition du docteur trotta cependant dans ma tête au point de m’habiter de plus en plus. Lourdes, pourquoi pas ? Elle se profilait comme un aboutissement. J’en parlai à la supérieure générale… Elle me répondit sans tarder : « Vas-y, tant que tu peux y aller ! » Après, c’est vrai, le fauteuil roulant m’était promis, mon corps devait se déformer de plus en plus, jusqu’à la fin… Pourquoi attendre ? Curieusement, plus la date du départ approchait, plus je me sentais poussée à me rendre à Lourdes. […] Après tout, je me laissais guider par la Providence et par l’Eglise, même si les voies de Dieu sont impénétrables puisque cette fois, c’est par mon toubib qu’IL m’avait appelée ! […]

A Lourdes, il s’est effectivement passé quelque chose en moi de très profond, encore invisible, mais bien réel. Je suis comme habitée. […] De ma vie entière, je n’avais jamais été visitée à ce point par le Christ. De toute ma vie, je n’avais été à ce point saisie. Que dire de mieux ? J’ai fait à Lourdes, pendant cette procession eucharistique le 4 juillet 2008 à 17h, une expérience directe de Dieu. […] Sous le feu de la bénédiction du saint sacrement j’avais été brûlée par l’amour sans limite de Dieu. Deux fractions de seconde : l’eau, le feu… Cela marquait en moi, pourtant religieuse, le début d’une nouvelle vie. […] Mais elle commençait mal, cette nouvelle vie. Il fallait déjà repartir. Quitter ce paradis de Lourdes seulement perceptible aux yeux et aux oreilles du cœur. Boucler ma modeste valise. Affronter le long trajet de retour, ce train de fer. Sans changement apparent. J’étais une autre dans mon intérieur. J’étais la même dans mon extérieur. »

Trois jours après le pèlerinage, de retour dans sa communauté, Bernadette est inondée d’une chaleur qui part du cœur et se répand partout. Une voix intérieure lui dit de se débarrasser de son corset, de son attelle de pied, de son neuro-stimulateur, de ses hautes doses de morphine… et de s’extraire de la douleur qui lui rongeait la colonne vertébrale depuis quarante ans. Etonnée, bouleversée, Bernadette marche. Elle sort de sa chambre et appelle Sœur Marie-Albertine. Elle lui demande : « Mais qu’est-ce qui t’arrive ? – Bernadette lui dit : Je ne sais pas ce qui m’arrive, Je n’ai plus rien. Je n’ai plus mal. » 

Au moment de sa guérison Bernadette était âgée de 69 ans.

Vont suivre dix années d’examens, de visites médicales – plus de 300, toutes disciplines confondues –, de commissions d’experts…

Le 11 février 2018, la guérison de Bernadette Moriau est déclarée « inexplicable en l’état actuel de nos connaissances scientifiques ». Elle est reconnue officiellement comme la 70e miraculée de Lourdes ; elle qui avouait qu’elle ne priait pas pour sa guérison mais toujours pour la guérison des autres malades.

Apparitions et miracles?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Clins Dieu sur les Contrées (VS), mai 2020

Par l’abbé Alexandre Barras, curé de Crans-Montana | Photo: DR

Les miracles ne sont pas « nouveaux » pour les chrétiens, puisque les Évangiles nous relatent ceux que Jésus a accomplis, ainsi que ses apparitions après sa Résurrection. Faisons attention à ne pas prendre Notre-Seigneur pour un magicien, un faiseur de sensationnel ! Par ses miracles, Il manifeste son amour et sa compassion pour celui ou celle qui souffre. Il vient sauver l’Homme de ses péchés mais aussi de toutes les entraves qui le paralysent, l’enferment, le diminuent. Au-delà de la toute-puissance de Dieu qui est à l’oeuvre en Lui, les miracles du Christ sont des signes de Dieu, créateur et roi de tout ce qui existe. Dieu peut agir directement, au-delà des lois de la nature, en faveur de la créature que nous sommes, pauvre mais tellement aimée de Lui, son chef-d’oeuvre, placé au-dessus des créatures matérielles et animales.

Pourquoi y a-t-il moins de miracles aujourd’hui ? Du moins le pensons-nous… Certainement à cause de notre peu de foi, comme Jésus le reproche déjà aux Apôtres (cf. par exemple Mt 8,26). Veut-on guérir, comme Jésus le demande déjà à l’infirme de la piscine de Bezatha (Jn 5,6) ? Peut-être en avons-nous peur, lorsque nous savons que cela demandera un témoignage, avec le risque de subir des moqueries, de nous faire traiter de falsificateur ou de menteur ? N’oublions pas, cependant, qu’il y a de nombreux petits miracles encore aujourd’hui comme de retrouver la paix, de nous réconcilier avec un ennemi, de rencontrer Dieu dans notre âme, etc.

Quant aux apparitions, Dieu s’est manifesté au monde à travers les siècles par des apparitions de Lui-même ou de ses serviteurs et servantes, comme la Vierge Marie ou les saints et les saintes. L’apparition déconcerte ceux et celles qui ont la chance de la vivre. Souvent ils doivent subir méfiances, incrédulités, violences. Pourtant un jour elle est reconnue comme vraie et acceptée. Elle est souvent une invitation à la conversion, au retour vers le Père. Elle prévient d’un danger imminent. Elle demande un lieu de prière, de rencontre. Elle est une manifestation d’amour et une invitation à nous améliorer, à changer quelque chose dans nos comportements, nos manières de faire. Elle est aussi un signe : elle dispose à la foi et nous aide à redécouvrir et à approfondir l’Évangile.

Apparitions et miracles, oui ça existe !

Un sanctuaire

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Aigle (VD), mai-juin 2020

Par Vincent Lafargue | Photo: Daniel Lenherr

Lourdes ne se comprend vraiment que si l’on s’y rend en pèlerinage, d’une part, et aux côtés de pèlerins malades, d’autre part.

Bien sûr, il faut dépasser la ceinture de marchands de toutes sortes de chapelets et de saintes vierges, parfois du plus mauvais goût. Mais c’est là souvent l’excuse avancée par ceux qui ne veulent pas faire le voyage.

Une fois que vous entrez dans l’espace des sanctuaires, sur cette immense esplanade, il se passe quelque chose. Avec 2’000 pèlerins de Suisse romande, la forte impression est encore amplifiée.

Tous les pèlerins de Lourdes vous le diront, Lourdes ne se raconte pas, cela se vit (voir p. 7). Et pour l’avoir vécu de nombreuses fois et de multiples manières, je ne peux que vous encourager à faire un jour le voyage, à vous rendre à la grotte pour boire à la source que vit jaillir sainte Bernadette, à déambuler dans l’immense basilique souterraine de 25’000 places, à méditer paisiblement dans les prairies de l’autre côté du Gave, à grimper le chemin de croix de la colline…

Et si vous accompagnez le pèlerinage romand, celui de printemps ou celui d’été peu importe, vous aurez encore la joie de trinquer à l’heure de l’apéro avec les merveilleux brancardiers et hospitaliers, parmi lesquels il n’est pas rare de reconnaître, aussi humble que les autres, tel conseiller d’état ou tel « people » de chez nous. Lourdes abaisse toutes les barrières pour nous remettre tous aux pieds de la « belle dame » qu’a vue une petite bergère du coin, plusieurs jours durant en 1858…

Allez à Lourdes… Marie vous y attend, croyez-moi !

La bonté de Dieu face à la pandémie?

Les événements de ces derniers mois interrogent notre foi et celle de nos enfants. Si Dieu est bon, comment peut-il permettre ces milliers de morts innocents? 

Par Bénédicte Jollès
Photo: Pxhere
Si Dieu est tout-puissant pourquoi n’arrête-il pas les fléaux, les guerres ou les catastrophes naturelles ? Ces questions existentielles et essentielles nous heurtent ; nous y sommes tous confrontés et parfois très jeunes. Pourquoi ? Qui est responsable ? Face à ces interrogations douloureuses nous restons démunis, sidérés. Et, le Seigneur laisse le plus souvent les lois de la nature se dérouler et l’homme à sa responsabilité.

Nous chrétiens, nous croyons que le Père ne s’est pas soustrait à ce mal et pour le combattre, il a envoyé son fils unique, Jésus. L’innocent par excellence a été injustement condamné, torturé et mis à mort pour nous sauver.

La création est bonne
A la suite de théologiens comme Thomas d’Aquin ou des psaumes, nous affirmons que Dieu est bon, infiniment bon. Il ne peut vouloir le mal, il le permet seulement. Et surtout, il est à nos côtés pour traverser la souffrance et en tire mystérieusement du bien ; d’autant plus que nous crions vers lui avec confiance et persévérance. Voilà pourquoi sainte Thérèse de Lisieux ou saint Paul affirment que « tout est grâce » ou que « tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu ». (Rm 8, 28)

Oui, la création confiée à l’homme est bonne, mais marquée par le péché, par celui des origines d’abord, clé incontournable du mystère du mal, et ensuite par nos péchés personnels. 

Gestes de courage
Si les chiffres des victimes du coronavirus sont saisissants, dignes du pire des cauchemars… avons-nous pris conscience des gestes de courage, d’amour et de foi qu’il a engendrés et qui rayonnent durablement ? Des médecins et des infirmières en retraite ont repris du service au péril de leur vie, des jeunes chrétiens ont assuré les courses de personnes âgées pour leur éviter de sortir, des chaînes de prières dans toutes les langues ont soutenu des personnes angoissées et souffrantes, diffusant la Parole de Dieu comme jamais, des prêtres visitant les malades ont converti des services hospitaliers surchargés. Montrer aussi cela à nos jeunes est fondamental, de même que les responsabiliser pour qu’ils fassent ce qui est à leur portée. Le courage, la bonté et le don de soi s’apprennent, car les réponses de Dieu au mal passent par nos mains, notre créativité et notre générosité.

La vie suspendue

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), mai-juin 2020

Par l’Abbé Frank Stoll | Photo: JHS

Les rues de Sion sont vides, quelque peu fantomatiques. La nuit enveloppe la ville, la confinant un peu plus. Derrière une fenêtre brûle une bougie, modeste signe de solidarité pour les victimes du covid-19, pour celles et ceux qui travaillent dans le domaine de la santé et pour toutes les personnes menacées d’isolement dans la situation actuelle. Difficile de bien vivre quand le monde qui m’entoure est à l’arrêt et a mal. Mais je suis en attente de la résurrection avec des milliers de croyants en Jésus-Christ, confinés chez eux, ici, ou ailleurs dans le monde.

Privés de nos célébrations habituelles, nous sommes devant un vide, un vide sacramentel. La crise que nous traversons nous oblige à retrouver notre Père des cieux dans le secret. Le secret de nos chambres, de nos maisons, des déplacements limités, des commerces et des guichets désertés, des deuils. A travers la prière, nous avons beaucoup à offrir et nous pouvons transformer notre vie en eucharistie. Je sais que chacun se relaie et veille. La société devient ce corps commun, à la fois absent en dehors, dans les rues, et présent derrière les murs de nos appartements.

Sur la croix, Jésus s’est retrouvé esseulé, anéanti. Pourtant, il a choisi d’aimer jusqu’au bout. Serons-nous capables, en disciples du Christ, de vivre ce temps pascal, le regard tourné vers le cœur aimant du Christ ressuscité, associant l’épreuve du moment à sa croix ? C’est ainsi, cette année, que je me serai préparé à la joie de Pâques. Faire Eglise autrement, comme un voyage intérieur, immobile et pourtant en lien les uns avec les autres, sans calendrier mais pas sans boussole, dans cette attente patiente. Et en ce temps pascal, le Christ nous invite à nous laisser saisir par sa lumière pascale. Elle va se dilater pendant 50 jours, jusqu’à la Pentecôte. 

L’épreuve générée par le covid-19 prendra fin et j’espère qu’elle sera pour chacun l’occasion de changer pour le meilleur. Bonne montée vers la Pentecôte à chacun, avec ces mots d’Etty Hillesum : « Même si on ne nous laisse qu’une ruelle exiguë à arpenter, au-dessus d’elle il y aura toujours le ciel tout entier ! »

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