Par Nicole Andreetta Photo: M. MumenthalerEntre Eve, responsable alibi de la chute de l’humanité, et Marie, modèle de perfection inatteignable, l’Eglise a toujours entretenu avec les femmes des relations complexes et ambiguës.
Mises à part quelques exceptions, le mystère de l’Incarnation a davantage servi la cause masculine.
Et pourtant, dès l’origine du christianisme, en tant que disciples, apôtres et responsables de communauté, les femmes ont largement contribué à diffuser la Bonne Nouvelle apportée par Jésus-Christ.
Pour cette raison, nous, femmes de Suisse romande engagées en Eglise, avons choisi de nous associer solidairement à la grève du 14 juin autour d’une action commune.
Pour celles et ceux qui ont la possibilité de nous rejoindre, un rendez-vous est fixé à 8h devant l’entrée de la gare de Lausanne.
Par notre baptême nous sommes « prêtres, prophètes et rois ». Nous voulons le droit et l’espace pour nous exprimer, nous faire entendre et collaborer ainsi à la conversion de notre Eglise qui gagnera plus de cohérence en accueillant pleinement la parole des femmes.
Ni Eve, ni Marie, mais « Egalité des chances. Amen » !
Par Nicolas Maury Photo: Gérard PuippeDepuis décembre dernier, une roulotte particulière sillonne les routes du val de Bagnes : la Batintä. « Au départ, c’est le nom du marteau qui frappe sur les canalisations d’eau dans les bisses. S’il tape, tout va bien : il donne une pulsation, un rythme », explique José Mittaz, curé de Bagnes. « Dans la mosaïque de villages qu’est notre vallée, notre roulotte se veut une approche souriante. L’Eglise qui va vers
les gens. »
Concrètement, la Batintä se déplace sur les lieux de vie, en commençant par les cours d’école. « Nous la mettons aussi à contribution lors de manifestations sportives ou culturelles. Son accueil exprime la proximité des prêtres et des villageois qui animent des rencontres autour d’elle. »
Et de revenir sur l’origine du projet. « L’an dernier, il y a eu un renouveau au sein de l’équipe pastorale. Nous avons senti le besoin de nous faire coacher. Il en est ressorti l’idée de ne pas remplir l’agenda mais de rêver notre paroisse. C’est alors qu’Elie Meylan, un des plus anciens animateurs pastoraux, a dit : « Il nous faut une roulotte ». Le silence s’est fait, et nous avons trouvé ça excellent. »
Centre et périphérie José Mittaz déniche le constructeur près de Dijon. « Puis nous avons fait les démarches auprès du service auto. Le 2 décembre, nous avons pu la présenter à notre fête de paroisse à l’Espace Saint-Marc. » Avec une symbolique forte : « Cette fête est un lieu de rassemblement et nous en avons profité pour montrer le vecteur qui nous permet d’aller en périphérie. Les enfants l’ont tout de suite adopté. »
Le budget se monte à environ 35’000 francs. « Il est quasi bouclé. J’aime à dire qu’un bon projet trouve toujours son financement. Des donateurs anonymes ont mis jusqu’à 5000 et 10’000 francs. Nous n’avons pas sollicité les communes, mais le conseil de gestion de la paroisse de Verbier a souhaité engager 2000 francs parce que c’est aussi un outil de la pastorale du tourisme. »
Pesant 3,5 tonnes, la Batintä se déplace grâce aux tracteurs d’agriculteurs. « L’image biblique est celle de la tente de la rencontre. Cette roulotte au mobilier volontairement minimaliste – une table, des tapis, quelques chaises – se remplit des expériences de chacun ! »
Par Thierry Schelling
Photo: Jean-Claude GadmerLa joie de l’amour, Amoris laetitia, a fait couler beaucoup d’encre, et pas seulement dans les chaumières, mais également dans les sacristies et les palais cardinalices. Ce à quoi le Pape a répondu par un tonitruant… silence ! Pour laisser maturer, mûrir, croître la petitesse. Pour laisser respirer la fragilité humaine caressée d’un zéphyr nouveau de tendresse de la part de l’institution…
Le chapitre 8 est intitulé « Accompagner, discerner et intégrer la fragilité ». Un fantastique programme réaliste pour le christianisme du XXIe siècle ! Et pourtant, vouloir rendre plus actifs, voire proactifs, les concernés – personnes divorcées, en deuxième union, voire couples gays – dans leur cheminement de foi vers leur place au sein de l’Eglise-communion semble encourager tout à la fois maintes initiatives à la base – et souvent organisées par des laïcs ! – et d’étranges résistances au sein du clergé – qui se verrait dépossédé d’un pouvoir décisionnel ? Le Pape demande trois choses :
Accompagner Cela veut dire connaître, accueillir, apprécier la réalité de tant
de couples, effectivement et selon la norme écrite, « pas réglo ». Mais c’est une attitude profondément évangélique que de partir de la « réalité réelle » des paroissien-ne-s…
Discerner Cela veut dire qu’ensemble, les baptisé-e-s que sont les partenaires et les clercs concernés peuvent réfléchir, discuter, dialoguer, s’informer voire se former, pour une décision graduellement centripète, qui ramène tout un chacun vers le cœur de Dieu, le centre de la vie catholique – du moins l’un des principaux ! – à savoir l’eucharistie.
Intégrer Cela veut dire que le but de la pastorale, le but du ministère ordonné, le but de la vie sacramentelle, et donc du mariage religieux, est de vivre plus de communion, plus d’interaction, plus de joie à être Eglise ensemble dans la diversité des ministères, mais au service du même Seigneur. Dans la prise de soin des fragilités inhérentes à la condition humaine, mais dans une bienveillance éclairée et partagée par et pour tous.
Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin
Des livres
Les trois cercles d’or Odile Haumonté
Le même jour, dans la même ville, deux femmes qui ne se connaissent pas quittent leur mari. L’une, en partant avec un autre homme, espère vivre une nouvelle passion ; l’autre souhaite accomplir sa vocation d’artiste-peintre à laquelle elle a renoncé au moment de son mariage. Toutes deux vont chercher en dehors de leur famille des réponses qui ne se trouvent peut-être qu’en elles-mêmes. Un roman sur l’amour conjugal, l’accomplissement de soi, la séparation et ses conséquences familiales, qui nous interroge : un équilibre est-il possible entre la liberté et la fidélité ?
Jean-Pierre Denis est « un catholique libéré » : dans son dernier essai, il raconte comment il a pris conscience que le discours de l’Eglise perdait parfois de vue l’essentiel, c’est à dire la foi. Il appelle les chrétiens à regarder davantage vers l’avenir que vers le passé. Devenus aujourd’hui minoritaires, affaiblis par la crise des abus sexuels dans l’Eglise, les croyants peinent parfois à trouver leur place dans une société qui paraît n’avoir plus besoin d’eux. Faux, répond le journaliste : si le christianisme s’attache à répondre aux questions les plus essentielles, alors le sens et l’espoir qu’il peut apporter aux hommes de son temps sont plus que jamais nécessaires.
Rome, en 64 après Jésus Christ. Un incendie ravage la cité antique. Et tandis que les flammes se reflètent dans ses prunelles, Néron, l’empereur sanguinaire, sur les hauteurs de son palais, joue de la harpe. On sait avec certitude que Néron utilisa ce drame pour lancer une véritable chasse aux chrétiens. Des centaines d’entre eux sont arrêtés, torturés, massacrés. Parmi les suppliciés, le plus célèbre des apôtres du Christ. Celui qui deviendra le symbole de l’Eglise et que Jésus avait désigné comme le roc sur lequel il la bâtirait : Pierre. Un parcours de vie en BD à découvrir en ce mois de juin où il est fêté avec saint Paul.
La vie de couple est parfois comparée à une course de longue haleine où l’entretien de la flamme amoureuse, selon les périodes, semble naturel ou bien relève de l’exploit. Pour faire durer votre amour, renforcer votre complicité et votre tendresse, voici un mélange tonifiant de conseils théoriques et de petits travaux pratiques qui vont concrètement changer votre vie.
Fabienne et Stephan, accompagnés de l’abbé Charlemagne Doré.
Diacre, Stephan Rempe est un membre de lacommunauté d’Apples, non loin de Morges. Sa foi,il la vit avec sa femme Fabienne. Tous deux animentnotamment la messe dominicale.
Texte et photos par Nicolas Maury« Mon rôle est d’être un signe de l’Eglise au milieu des gens ! Mais je suis encore en phase de rodage. » Stephan Rempe a été ordonné diacre en décembre 2017. Quand on lui demande de définir plus précisément sa mission, sa réponse fuse : « Faire un lien entre la vie de l’Eglise et ceux qui sont en dehors ou juste à l’entrée. Un diacre protestant me racontait qu’on était un peu des chiens de berger, tournant autour du troupeau pour essayer de le rassembler. » Et de sourire : « Je ne suis pas tout à fait comme ça ! »
Son engagement est de longue haleine. « Un jour en France, j’ai rencontré un diacre qui célébrait les mariages. Je me suis dit qu’il savait de quoi il parlait, et que cette option était à retenir… »
Sa foi, il la vit avec son épouse Fabienne. « Je lui donne un coup de main pour animer les célébrations », indique l’intéressée. « Nous choisissons ensemble les chants. Mon truc, c’est les Psaumes, et les lectures. »
Collaboration dominicale
Si, durant la semaine, leurs métiers respectifs de menuisier et d’infirmière prennent beaucoup de place, leur collaboration est très palpable le dimanche. « Ma fonction me permet de concélébrer avec les prêtres », reprend Stephan. « Vu que Fabienne m’épaule, nous passons tous deux en revue le programme de la messe le samedi soir. »
Le jour J, levé avant 8h – « ça dépend à quelle heure nous sommes rentrés (rires) » – le couple répète les chants au son d’une guitare. « Vers 10h30, nous nous rendons à l’église, où mon père est sacristain. J’installe un ampli et je lui donne un coup de main pour la mise en place. » La messe débute à 11h15. « A Apples la communauté est petite. 30 à 40 personnes. Nous organisons à chaque fois un apéro pour que les gens prennent le temps de se renconter et de parler. Ça crée des liens. Pour moi, la messe est un peu le carburant de la semaine. »
Fabienne souligne ces propos. « Si je ne peux pas aller à la messe un dimanche, ça me manque. Elle est le ressourcement qui me permet d’affronter les jours suivants. Et c’est aussi important de prier pour les gens qui nous entourent. »
Après la messe, un moment de partage.
Communauté œcuménique
Entre l’apéro et le repas, « même si on prend le temps de pedzer un peu », Stephan pense déjà à l’après-midi. « Je fais une visite en EMS où j’apporte la communion. C’est aussi cela, faire le lien avec la communauté. »
Sur les hauteurs qui dominent le Léman, celle-ci se veut œcuménique. « Nous sommes dans un milieu mixte avec beaucoup de protestants, explique Fabienne.Mon mari fait partie de la plateforme de Morges qui regroupe deux paroisses réformées, une évangélique, l’Armée du Salut, et qui coordonne différentes activités durant l’année. » Pas étonnant dès lors que l’agenda soit chargé. « En début et en fin de journée, le diacre est en lien avec toute l’Eglise par la prière des heures. Je la fais seul le matin car je suis le premier debout, et le soir, on tente de prier les vêpres ensemble. Mais comme tous mes collègues le disent, c’est difficile de caser les vêpres le soir », sourit Stephan. D’autant qu’il tient à garder ses activités laïques, entre la chorale villageoise, le théâtre, de temps à autre les activités communales.
Equipes Notre-Dame
Fabienne et Stephan font en outre partie des équipes Notre-Dame, mouvement international de 55’000 couples ayant le désir de vivre pleinement les richesses du sacrement de mariage. « Avec des amis, nous cherchions un moyen d’échanger sur notre vie de couple avec un éclairage chrétien. Un thème est choisi dans l’année. Là, nous travaillons sur l’Evangile de Jean. Lors de nos rencontres avec cinq autres couples et un prêtre, il y a un moment de prière, un repas et des discussions. Cela nous raffermit de partager tout cela entre nous et avec d’autres. »
Au fil d’un dimanche
8h –> Réveil, suivi de la prière matinale 9h –> Ultime répétition des chants avantla messe 10h30 –> Déplacementà l’église 11h15 –> Messe puis apéro avec la communauté 13h –> Repas 15h –> Visite en EMS 18h –> Parfois la messe du dimanche soir
Trois couples, où l’un des conjoints au moinsest divorcé et remarié, racontent leur parcours pour trouver une place en Eglise. Entre accompagnementet incompréhension, ils évoquent une institutiond’où ils se sentent parfois exclus, «mais qui évolue».
Par Bernard Hallet
Photos: B. Hallet, Ciric« J’aurais aimé porter une robe blanche et célébrer mon mariage à l’église », confie Michèle*. Alain* étant divorcé, cela n’a pas été possible. Un prêtre a béni leur union en présence des proches et des amis. « Cela n’a rien changé à ma foi. J’ai fait différemment, voilà tout. Mais il était important qu’il y ait quelque chose. »
Le prêtre leur avait expliqué leur situation par rapport à l’Eglise. Michèle et Alain n’ont pas essayé de changer les choses. « Les prêtres font ce qu’ils peuvent avec le droit canon. » Ils se souviennent d’une belle fête. Ils sont mariés depuis 21 ans.
Quelle place dans l’Eglise pour les couples complexes ?
Bien accompagnés
Une rencontre peut changer du tout au tout le rapport très sensible qu’ont ces couples dit « irréguliers » avec l’Eglise. Michèle reconnaît avoir eu une certaine appréhension lors de la discussion avec le prêtre pour envisager leur union. « Nous avons eu affaire à une personne à l’écoute et ouverte. » « S’il nous avait refusé une bénédiction, je ne sais pas comment nous aurions réagi », ajoute Alain. Les deux Valaisans s’estiment chanceux d’avoir été bien accompagnés.
Dominique ne peut pas en dire autant. Au terme d’une union de vingt ans, qui a débouché sur un divorce, elle a rencontré un prêtre. « Il n’a pas trouvé les mots pour m’apaiser. »
Elevée dans la foi, cette Jurassienne d’origine culpabilise d’avoir rompu un sacrement. Elle accordait en effet « une valeur immense au mariage ». Un rendez-vous avec un autre curé la plonge dans la détresse : « Il n’a pas du tout entendu ma souffrance. Il a été monstrueux. » Un contact avec une religieuse a ensuite atténué son amertume.
Cette dernière l’a orientée vers un prêtre auprès duquel elle a trouvé de la sollicitude.
Elle rencontre Philippe en 2000. « Pour nous c’était une évidence, le chemin continuerait ensemble », affirme-t-il. Lui aussi est divorcé mais sa situation vis-à-vis de l’Eglise ne l’affecte pas. Il n’avait plus mis les pieds à la messe depuis l’âge de 18 ans, même s’il a gardé la foi. Il y accompagne désormais sa femme avec plaisir et librement.
Malgré la volonté du couple de réunir quelques proches, le prêtre qui les accompagne accepte de bénir leur union mais, par souci de discrétion, en toute simplicité, sans officialité ni invités. La bénédiction n’aura finalement pas lieu. « Il ne fallait pas s’imaginer que ce serait un « deuxième » premier mariage. »
« Humiliée et blessée »
«Beaucoup de gens sont blessés par l’institution », affirme pour sa part Marie, qui s’est sentie humiliée, lorsqu’en 2015, un prêtre lui refuse la confession au motif qu’elle est deux fois divorcée civilement. En 2017, alors qu’elle était en retraite spirituelle, on lui refuse la confession et la communion. Vient la révolte.
Elle a attendu un an avant d’en parler à un religieux. « Il a accusé le coup. » Le sujet est sensible, la blessure profonde. « L’Eglise ne vient pas vers les gens qui ne sont pas « dans les clous », alors ils se détournent d’Elle. Avec mes deux mariages, je me sens proche de la Samaritaine. » Elle estime que c’est une responsabilité de l’Eglise et de tous ses membres de faire preuve de miséricorde et de témoigner du Christ.
Le regard des autres
« Je continue à m’inquiéter du regard des autres lorsque je vais communier », reconnaît Dominique. Entre le Jura, le Valais et le canton de Vaud, avec Philippe, ils sont amenés à se déplacer et se trouvent rarement deux fois de suite dans la même église.
Ce qui les arrange. Outre la discrétion, ils recherchent également de belles célébrations.
Pendant sept ans, Michèle et Alain sont allés à la messe dans le village voisin. « Par souci d’anonymat. » Ils ont préféré éviter l’église du village où ils habitent. « On nous aurait jugé si nous nous étions trouvés devant et que nous étions allés communier. J’en aurais sûrement fait autant », admet Alain. Ils sont revenus au village lorsque leur fils a commencé la catéchèse. Ils n’ont jamais essuyé de reproche de la part de la communauté.
Trop de pression
« J’étais profondément blessée et Didier m’a redonné confiance en l’amour humain », enchaîne Marie, qui va se marier avec lui en 2020, après un long cheminement. « Si je suis restée dans l’Eglise, malgré le manque de compassion de certains prêtres et un dogme peu centré sur l’Evangile, c’est uniquement parce que j’ai fait l’expérience de l’Amour du Christ. Ce ne sont ni le dogme ni la morale qui m’ont ramenée à la foi, mais l’amour de Dieu. »
Marie pense que les prêtres devraient oser le « non » à des couples qu’ils n’estiment pas prêts à une union devant Dieu. Selon elle, beaucoup passent devant le curé par tradition plus que par conviction religieuse.
La foi malgré tout
« Je me suis marié à l’église. Il y a quarante ans, on ne faisait pas autrement », coroborre Philippe. Dominique a connu son futur mari à l’âge de 14 ans. Elle a souffert de ce mot « divorcée » et s’est sentie stigmatisée. Elle serait heureuse de rendre service en paroisse, « mais après m’être assurée que je serais bien acceptée ». Elle a malgré tout gardé la foi.
Depuis 2005, Alain et Michèle peuvent à nouveau communier et se confesser. L’accompagnement a porté ses fruits. Le curé lui a proposé le poste de sacristain. De son côté, elle s’est beaucoup impliquée dans le parcours de son fils, chante dans la chorale de la paroisse et fait parfois des lectures.
Ecoute et compassion
Ils saluent l’initiative de Mgr Jean-Marie Lovey. L’évêque de Sion a en effet invité en septembre dernier des couples divorcés et remariés pour un échange. Une première dans le diocèse. Tous, l’évêque en tête, ont été surpris par les prises de parole.
Mgr Lovey a rappelé la ligne de l’Eglise concernant les couples divorcés et remariés (voir encadré ci-contre).
« Il a été extrêmement humble et a fait preuve d’une grande délicatesse. Nous avons eu de l’écoute et de la compassion », détaille Marie. Dominique a été étonnée : « On a réalisé que nous n’étions pas les seuls dans ce cas. »
Les uns et les autres reconnaissent que si l’Eglise a un peu évolué sur le sujet… avec la société, l’institution doit être moins dogmatique et plus à l’écoute. Ils comprennent la situation délicate des prêtres, entre miséricorde et dogme. « J’ai redécouvert la foi et je suis revenu à l’Eglise grâce à Marie », conclut Didier.
*Prénoms fictifs
Mgr Jean-Marie Lovey: «L’accompagnement individuel doit être attentif»
Propos recueillis par Bernard Hallet
Photo: Bernard Hallet
Qu’en est-il exactement du mariage à l’église ? Le droit de l’Eglise ne reconnaît qu’une forme de mariage valide entre baptisés : le mariage religieux, sacramentel, entre un homme et une femme, qui constitue une alliance durable, ouverte à la vie et dans la fidélité. C’est en tout cas l’objectif. Concrètement dans l‘histoire, les gens inscrivent leur vie de couple plus ou moins dans cette ligne.
Qu’est-ce qu’être divorcé et remarié implique concrètement en Eglise? Il faut distinguer les personnes divorcées des personnes divorcées et remariées. Il y a une confusion systématique : on pense que les personnes divorcées sont excommuniées et n’ont donc plus accès à l’eucharistie. C’est faux.
Les personnes divorcées-remariées sont objectivement dans une situation irrégulière. Cela est un fait découlant du droit et non un jugement de valeur. Les sacrements sont des signes. Le mariage sacramentel, communion entre l’homme et la femme, est un signe qui renvoie à la communion entre Dieu et l’humanité. Ce dernier lien est indéfectible. Si un mariage est brisé par un divorce, il n’est plus adéquat à signifier une communion indéfectible. L’eucharistie a aussi sa dimension de signe de communion, d’unité et d’alliance avec le Christ. Des personnes en situation de rupture, de division et de séparation poseraient un geste contradictoire en allant communier. Voilà pourquoi ce geste-là, sur le plan du droit, n’est pas possible à une personne divorcée et remariée.
Quelque chose de semblable concerne le sacrement du pardon. Le péché est une rupture d’alliance. La confession comporte la décision de renouer avec une alliance rompue et non pas de rester dans une alliance seconde, en contradiction avec le point de départ. Pour ne pas faire mentir le geste de l’absolution, le sacrement n’est pas, objectivement, accessible aux personnes divorcées et remariées. Mais attention ! Ce regard objectif, juridique ne dit pas le tout de la vie et surtout, dans le fond, ne résout pas grand-chose. Parce que la personne qui est dans cette situation de remariage et qui a toute sa liberté et son honnêteté intérieure souhaite parfois renouer – il y a une cassure humaine mais pas forcément une cassure avec le Christ – et nourrir ce lien de l’eucharistie et de la demande de pardon. Et puis se trouver divorcé-remarié est-ce une situation de péché permanent ? C’est tout l’enjeu de l’accompagnement spirituel.
Tant que la norme ecclésiale reste à ce niveau, je pense que l’accompagnement individuel doit être attentif et permettre que des personnes ou des couples puissent vivre la démarche et aller, comme le dit Amoris Laetitia, jusqu’à la réception du sacrement. On peut souhaiter que cette norme évolue. Et – faut-il le préciser ? – le sacrement du mariage n’est pas non plus accessible aux personnes divorcées qui souhaitent se remarier.
Vous aviez dit en 2017 que l’accueil devait précéder tout jugement. Beaucoup de couples ressentent exactement l’inverse de la part de l’Eglise, et parfois de la communauté. Cette question est tellement à fleur de peau puisque les gens s’investissent à fond dans une union ! Je comprends leur sentiment. Dans le cas où cela se passe mal, les dégâts humains et psychologiques sont si profonds qu’il ne faut pas ajouter de blessures. Il faut absolument distinguer ce qui est de l’ordre de l’objectif de ce qui est de l’ordre de la relation personnelle et subjective. Quand un mariage casse, c’est objectivement un drame et un échec. Indépendamment de tout jugement de valeur sur les personnes.
Des gens qui se sont engagés en toute connaissance de cause et en toute sincérité en espérant que leur union tienne et qui constatent que ce n’est pas le cas, doivent bien reconnaître l’échec. Ce mot désigne l’objectivité de la situation qui n’a pas tenu la promesse de départ. Cela ne désigne en rien la culpabilité ou la responsabilité de l’un ou l’autre ou des deux conjoints.
Objectivement, il y a des termes qu’il faut pouvoir employer pour désigner quelque chose de précis. Il y a ensuite toute la dimension d’accompagnement personnel qui doit être mise en place et qui doit primer sur le jugement. Il ne s’agit pas de juger mais d’accompagner et de comprendre. C’est pour cette raison que lorsqu’on parle de couples en situation dite «irrégulière», c’est objectif, ce n’est en aucun cas un jugement de valeur. La règle c’est que le mariage tienne. Dans le cas contraire, le couple est en dehors de la règle comme le joueur qui se trouve «hors-jeu». Ce n’est pas une faute morale.
Vous aviez évoqué en 2017 la formation des prêtres à l’accompagnement des couples. Qu’en est-il ? Rien de spécifique n’est pour l’instant mis en place pour que des prêtres soient formés à l’accompagnement des couples. Il y a une sensibilisation d’autant plus large que je crois que beaucoup de prêtres prennent conscience que c’est la réalité d’un certain nombre de paroissiens et ils se rendent compte de la nécessité de s’intéresser à l’accompagnement. Un signe : dans les visites pastorales que j’ai pu effectuer, à trois endroits les agents pastoraux, prêtres et laïcs, ont prévu des rencontres entre des couples blessés et l’évêque. Il y a cette sensibilité à faire quelque chose pour que ces couples ne soient pas marginalisés.
Les couples présents à la rencontre du 1er septembre 2018, ont été recontactés et conviés à une rencontre avec l’abbé Vincent Lafargue, l’aumônier des Equipes Notre-Dame du secteur Valais. L’idée est de lancer une équipe “Reliance“, constituée de couples divorcés et remariés. Trois couples remariés sont intéressés et un quatrième couple est d’accord de les accompagner. Rien n’est encore décidé.
Quelle démarche doivent entreprendre les couples qui souhaitent un accompagnement pour rester en contact avec l’Eglise ? Il n’y a pas de démarche particulière à effectuer. Ils doivent prendre contact avec le prêtre qu’ils connaissent, le curé de la paroisse. Beaucoup de prêtres font de l’accompagnement de couples dans ces situations particulières, indépendamment et bien avant Amoris Laetitia. Des prêtres n’ont pas attendu l’exhortation consécutive au synode sur la famille de 2015 pour effectuer cet accompagnement.
Je ne veux porter aucun jugement sur l‘accompagnement d’avant Amoris Laetitia. Sans doute cette exhortation apostolique a-t-elle cadré de façon plus claire les types d’accompagnement.
Beaucoup de prêtres accompagnaient et l’ont fait généreusement, en toute conscience et très bien avec plutôt un a prioride totale ouverture. Mais lisez attentivement Amoris Laetitia : l’exhortation met l’accent sur l’exigence du discernement et de l’accompagnement. Cela ne signifie pas, je le redis, «tous feux au vert». L’accompagnant doit prendre en compte une histoire des personnes, un couple et le réseau de relations de chaque conjoint, les enfants et les familles.
Certains se sont sentis humiliés lorsqu’ils ont évoqué leur situation conjugale lors d’un contact avec un prêtre et qu’on leur a refusé la confession et la communion. Dans un état de blessure humaine, si on vient demander du secours, un appui et qu’on se voit mis sur la touche, je comprends vraiment que la personne puisse se sentir blessée de ne pas être accueillie. Je pense qu’une partie importante de l’accompagnement consiste à accompagner sans dire a priorique l’on est dans un état objectif de rupture d’alliance et donc «on ne peut rien pour vous» ni l’inverse, où tout le monde est le bienvenu sans aucun discernement. C’est une situation délicate. L’accompagnement consiste à éclairer la conscience des gens et non pas à prendre des décisions. Lorsqu’on signifie à quelqu’un : «Non je ne peux pas te recevoir dans le sacrement de pénitence ou de l’eucharistie», on prend une décision à sa place. Ce n’est pas de l’accompagnement pour que la personne, en conscience et en liberté intérieure, puisse se dire : «j’accueille en toute liberté cette limite momentanée qui m’est mise» ou bien : «Je comprends que je puisse intégralement participer à la vie de l’Eglise, y compris sacramentelle.»
Vous avez dit: «on s’est focalisés sur l’eucharistie, il y a beaucoup d’autres choses à vivre en Eglise pour les couples remariés.» A quoi pensez-vous ? Tout baptisé nourrit sa foi non seulement de l’eucharistie mais aussi de la vie communautaire et de la Parole de Dieu. Il faut regarder dans cette direction. Qu’est-ce que la vie communautaire peut apporter à un couple divorcé et remarié ? Ou comment un couple peut-il s’intégrer dans la vie de la communauté locale, indépendamment de la participation à la communion ? Il y a des pistes importantes. La Parole de Dieu est très nourrissante. Comment se fait-il qu’on focalise tout sur l’eucharistie et si peu sur l’Evangile ? Qui reste un lieu de nourriture spirituelle et reste accessible à tous. Je pense à des cours bibliques, à une année pastorale avec des lectures d’un Evangile en compagnie de couples ou encore la lectio divina. Dieu sait combien de personnes ont retrouvé l’accès au Christ et à l’Eglise à travers la lectio divina ! Cela se vit dans beaucoup d’endroits et fait partie de l’accompagnement que l’on peut offrir. Beaucoup ne le savent pas.
Vous parlez de l’intégration dans la communauté. Parfois le jugement vient de la communauté. C’est très douloureux. Il faut absolument éviter ce genre de jugement. La dernière des lettres anonymes que j’ai reçue aborde ces questions. Quelqu’un me dit à quel point il est scandalisé de voir des personnes distribuer la communion à des gens divorcés ou remariés. C’est un jugement sur des personnes impliquées dans un service de communauté et qui ont chacune leur histoire, pas forcément lisses ni parfaites. Qui sommes-nous pour juger le cœur des gens ?
Avez-vous été surpris par le nombre de personnes qui sont venues à la rencontre que vous avez organisée en septembre 2018 ? Une belle surprise. Une quarantaine de personnes étaient présentes. Majoritairement des couples. Une deuxième surprise a été de voir le côté apaisé et serein de tous ceux qui se sont exprimés par rapport à ce qui a été monté en épingle sur les réseaux sociaux en ce qui concernait l’appellation de couples dits en situation «irrégulière». Le terme avait choqué un certain nombre de personnes. Voulant clarifier la situation, j’en ai parlé avec le groupe. Personne n’en a rajouté. Une personne présente a donné la clé de lecture en disant que si l’on parlait de situation «irrégulière», c’est parce qu’il y avait une règle.
La souffrance des gens est bien partagée. Je l’ai vu le 1erseptembre dernier. Une personne s’est exprimée ouvertement, libérant la parole de beaucoup qui se sont exprimés sur leur souffrance, sur leur sentiment d’être rejeté, souffrance de la part des familles où s’expriment des objections très fortes. Les histoires sont très personnelles, y compris dans la reconstruction du couple mais le sentiment d’être rejeté est largement prédominent. Certains couples se sont remariés il y a 20 ou 30 ans avec enfants et même petits-enfants et ont établi une structure de vie et qui a du sens tout de même!
On ne peut pas ne pas prendre en compte ces situations dans notre regard sur le couple lui-même dans son chemin spirituel.
Nous avons eu à faire à plusieurs situations : des couples divorcés et remariés de longue date et toujours engagés en Eglise. Des gens qui ont gardé un lien fort avec leur paroisse. Des couples ont tout quitté, tout abandonné et attendaient une ouverture et se sont réjouis de cette invitation. Pour la plupart, les gens attendent la possibilité de communier, c’est la plus grande attente exprimée. Si c’est perçu comme la seule manière d’être chrétien dans le monde d’aujourd’hui : aller à la messe et communier, le reste n’ayant pas d’importance, on risque de se trouver en porte-à-faux.
Lorsque vous rencontrez des couples remariés, que vous disent-ils ? De manière assez unanime, ils ont une réaction d’incompréhension. Nous devons entendre que les gens ne comprennent pas. Ce qui ne simplifie rien dans la pastorale. Si les gens ne comprennent pas, à quoi bon exprimer des choses incompréhensibles ? A quoi bon continuer de bloquer les situations incompréhensibles ? Il faut aborder cette situation par un autre biais. Pastoralement, nous n’avons pas le choix. Parce que la pastorale est au service de la vie. Si nous sommes dans une situation de blocage, nous ne sommes pas dans l’élan et la dynamique de la pastorale. Cela pose une question très lourde et très difficile, pour les pasteurs, de l’accompagnement qui est au centre et au cœur de notre ministère.
Souvent les gens ont l’impression de se heurter à un mur. Deux personnes en couple, chacune en instance de divorce, me disaient au sujet de la communion à laquelle ils aspirent : «Nous avons le sentiment d’être à un feu rouge et on attend qu’il passe au vert. L’élan est là, le moteur tourne.» C’est une belle image, il y a en effet quelque chose de cet ordre-là. Ils ont l’impression de se heurter à une impossibilité, alors que tout semble en place pour que ce soit possible. Comment passer au vert ? Faut-il sans discernement mettre tous les signaux au vert ? Ce serait l’anarchie. Comment accompagner ? Le critère du temps est important. Lorsque les personnes ont fait un long chemin de discernement et que le feu est toujours au rouge, on peut comprendre qu’il y ait une réelle incompréhension.
Abus sexuels, abus de pouvoir… depuis plusieurs années les dérives du cléricalisme sont constamment dénoncées. Pourtant, l’Eglise peine à se remettre en question.
Face à cette inertie, la grève du 14 juin prochain est l’occasion de faire entendre la voix des femmes engagées dans l’Eglise.
Déjà, en 2016, un groupe de femmes, parti de Saint-Gall, s’était rendu à pied à Rome pour apporter au pape François une lettre demandant la parité dans l’Eglise au niveau des décisions. Mariette Mumenthaler est active dans l’Eglise de Neuchâtel : « Nous étions huit femmes et un homme à avoir parcouru la totalité du trajet (1200 km). Plus de 1500 personnes nous ont accompagnés sur de petits tronçons au cours de notre marche. Nous souhaitions remettre notre lettre en mains propres, au pape François. Malheureusement, malgré le soutien des évêques de Bâle et de Saint-Gall, la demande de le rencontrer ne lui est jamais parvenue, probablement stoppée par la Curie. »
Pour Catherine Ulrich, assistante pastorale dans le canton de Genève, la coupe est pleine : « Mes propres enfants ne comprennent plus qu’en tant que femme, j’accepte d’être discriminée, de ne pas avoir de place à l’autel ! Quelle image transmettons-nous aux jeunes que nous accompagnons ? Quelles que soient nos responsabilités, il se trouve toujours un homme au-dessus de nous. Tant que le pouvoir ne sera pas mieux partagé, les abus perdureront. »
Myriam Stocker est coordinatrice de la planification du diocèse de Lausanne Genève et Fribourg et première femme membre du Conseil épiscopal : « J’ai l’impression d’être parfois la femme alibi et surtout d’être très seule ! On fait AVEC parce que la femme est là… mais on ne fait pas toujours ENSEMBLE ! Je me sens souvent peu écoutée. »
Depuis la création du Réseau des femmes en Eglise, en 2016, qui compte à ce jour environ 60 personnes, Myriam ressent un peu moins cette solitude : « Particulièrement ces derniers mois avec les actions que nous menons. Jésus invite toujours à le suivre, mais pas à lui obéir… et il faisait passer la vie avant la loi ! Le 14 juin, nous revendiquerons la reconnaissance de notre travail, le droit à la parole, celui d’être écoutées ainsi qu’une participation significative de femmes dans les instances décisionnelles et de formation. »
Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR« Qui suis-je pour juger ? » La phrase avait fait le tour du monde : lancée par le Pape aux journalistes dans l’avion au retour de l’un de ses voyages, elle s’appliquait aux personnes homosexuelles. Mais elle vaut bien évidemment pour toutes les situations considérées comme « irrégulières » au regard de la conception ecclésiale. « Qui suis-je pour me considérer dans une situation régulière ? », pourrions-nous aussi ajouter à la suite de l’évêque de Rome.
Injonction vigoureuse « Ne jugez pas afin de ne pas être jugés ; car du jugement dont vous jugez on vous jugera. » (Matthieu 7, 1-2) Ces paroles de Jésus, préludant à la parabole de la paille dans l’œil du voisin mise en parallèle avec la poutre dans nos propres yeux (Matthieu 7, 3-5), ouvre le troisième chapitre du sermon sur la montagne (Matthieu 5-7). « Hypocrite, ôte d’abord la poutre de ton œil, et alors tu verras clair pour ôter la paille de l’œil de ton frère », conclut l’injonction vigoureuse du Christ. (Matthieu 7, 7)
Seul Dieu juge Car « la lampe du corps c’est l’œil. Donc, si ton œil est sain, ton corps tout entier sera lumineux », affirme déjà le nouveau Moïse au chapitre précédent (Matthieu 6, 22-23). L’enjeu est donc de taille.
Non seulement, il s’agit d’accueillir de manière inconditionnelle les « couples complexes » et chaque contexte particulier, sans poser d’appréciation extérieure. En effet seul Dieu juge, puisque lui seul peut sonder les cœurs et les reins et jauger les intentions profondes et le degré de justice de chacun(e).
Non seulement il convient d’accompagner chaque union et chaque famille dans sa spécificité, de l’aider à opérer un discernement et d’intégrer toute personne dans nos communautés, ainsi que l’exhortation apostolique post-synodale Amoris laetitia (La joie de l’amour) nous y incite instamment (en son chapitre 8). Mais renoncer à porter un jugement sur les autres, c’est soigner son regard sur toutes choses et remplir ainsi son être entier de lumière. « Change ton regard sur les autres et le monde changera », propose fort justement un chant de Noël Colombier !
Sœur Marie-Paule est cellérière de la communauté des Bernardines à Collombey. Un monastère qui produit des hosties et gère une sonothèque,mais où l’essentiel reste la prière.
Texte et photos par Nicolas MauryTablier bleu sur son habit de religieuse, Sœur Marie-Paule examine une plaque dont la cuisson vient de se terminer. « Il n’y a pas de recette miracle », note celle qui est cellérière de la communauté des Bernardines depuis onze ans. « Une hostie est composée d’eau et de farine, laquelle est un élément vivant qui ne se comporte pas toujours de la même manière. Il faut aussi un peu de savoir-faire. »
Si la manufacture d’hosties fait la réputation du monastère qui surplombe Collombey, elle n’est pas l’activité principale de cette congrégation de huit sœurs. « La raison d’être d’une communauté monastique est de louer le Seigneur et d’intercéder pour les gens qui nous entourent. Ensuite, il faut bien subvenir à nos besoins ! » D’où une Règle qui prévaut, celle de saint Benoît. « Ora et labora, qu’on peut traduire par prie et travaille. Notre labeur a deux objets : subvenir aux besoins de la communauté et être un soutien pour les gens qui sont dans le besoin. C’est ce que nous essayons de vivre ici. »
Lever avant l’aurore
Chaque matin, le réveil sonne à 4h25, « pour que je puisse avoir une chance de me lever à 4h30 », sourit Sœur Marie-Paule. « Nous commençons la journée avec le premier temps de prière : les vigiles, qui est aussi le plus long et le plus apprécié. Débutant à 5h, il dure une quarantaine de minutes. » Le petit-déjeuner et la Lectio Divina, de 6h à 8h, suivent dans la foulée. « On nourrit l’esprit avant le corps. Moi, c’est ce qui me permet d’assumer les aléas du quotidien. C’est un temps béni, où nous ne sommes pas assaillies de choses matérielles. »
L’office des laudes à 8h, puis la messe à 8h30 précèdent le temps de travail qui débute vers 9h30. « Si je travaille aux hosties, en général je fais la pâte le jour qui précède la cuisson. Sur l’année, il est difficile d’estimer la quantité réalisée. Mais en 2018, nous avons utilisé 3,6 tonnes de farine. »
La main à la pâte
Comme la production comporte plusieurs étapes, les compétences de chacune sont mises à profit. « Les sœurs qui ont 80 ans ne peuvent plus manipuler un sac de 25 kg. Par contre, elles peuvent gérer le tri et le conditionnement. Tout le monde est ainsi concerné. » Et ce, même au-delà de la communauté. « Elvira Morard est une laïque qui nous épaule », indique Sœur Marie-Paule en désignant une femme s’occupant des plaques. « Nous la considérons comme une des nôtres ! »
La fabrication s’apparente à celle des gaufres. « Le sucre en moins ! La clef, c’est l’humidité. La cuisson finie, les plaques sont humidifiées à 80 % dans une chambre spéciale. Cela permet la découpe. » Une fois conditionnées, les hosties sont envoyées dans les paroisses du diocèse de Sion.
Elvira Morard et Sœur Marie-Paule examinent une plaque d’hosties.
Alors que midi approche, les Bernardines se préparent pour sexte, office qui précède le repas. Suit un temps de pause jusqu’à 14h30 et none, puis le labeur reprend jusqu’aux vêpres (17h15). « Une autre partie de notre activité est liée à l’Etoile sonore. Cette sonothèque permet de proposer des livres audios aux personnes incapables de lire. » Des ouvrages qu’il s’agit d’enregistrer. « Deux de nos sœurs s’en chargent, de même qu’une cinquantaine de bénévoles externes. Pour moi, nos deux activités ont beaucoup en commun. La lecture permet de s’ouvrir et de créer des liens. Tout comme la communion ! »
Après les vêpres, la journée est déjà bien remplie. « Certaines sœurs vont se coucher à 19h, moi parfois un peu plus tard. » Si, à l’écouter, Sœur Marie-Paule n’a pas une minute à elle, elle dit ne pas avoir l’impression d’être stressée. « La vie monastique nous apprend à passer rapidement d’une chose à l’autre. Si je mets 20 minutes pour y parvenir, je ne vais pas m’en sortir. On acquiert au cours du temps la capacité d’être vite opérationnelle. » Et de plaisanter : « Ce qui est sûr, c’est que je ne suis pas menacée par le chômage ! »
Un agenda bien rempli
4h30 –> Réveil 5h –> Vigiles, temps de prière 6h –> Petit déjeuner et Lectio Divina 8h –> Laudes 8h30 –> Messe 9h30 –> Travailen atelier 12h –> Sexte,puis repas 14h30 –> None 14h45 –> Travailen atelier 17h15 –> Vêpres Le soir –>Complies
On parle beaucoup des «fake news», ces fausses informations qui trompent ceux qui les écoutent et sapent la confiance. En famille aussi, la tromperie altère les relations. Petites pistes pour que le mensonge n’ait pas le dernier mot.
Par Bertrand Georges Photo: DR• Lorsque l’enfant découvre la possibilité de mentir, la tentation est grande d’en user, car au premier abord, on peut trouver cela utile. Dans ce domaine comme dans d’autres, l’exemple est la meilleure école : s’ils perçoivent que leurs parents ne sont pas francs, les enfants ne comprennent pas pourquoi on exigerait cela d’eux.
• Celui qui ment le fait pour se valoriser, pour cacher quelque chose qui lui fait honte, ou par peur si une faute ou un manquement passé a entraîné une punition disproportionnée. Sans doute vaut-il mieux montrer que l’on a détecté le mensonge, en parler et souligner l’importance de vivre en vérité, plutôt que de sanctionner trop vertement.
• Si le mensonge entame la confiance, la confiance, au contraire engendre l’authenticité : « Lorsque quelqu’un sait que les autres ont confiance en lui et valorisent la bonté fondamentale de son être, il se montre alors tel qu’il est, sans rien cacher. Celui qui sait qu’on se méfie toujours de lui, qu’on le juge sans compassion, qu’on ne l’aime pas de manière inconditionnelle, préférera garder ses secrets, cacher ses chutes et ses faiblesses, feindre ce qu’il n’est pas », dit le pape François 1.
• Il est important de ne pas enfermer l’autre (ou soi-même) dans un travers. Un mensonge ne fait pas irrémédiablement un menteur. L’Espérance nous permet de croire en un progrès possible. « Une famille où on se refait toujours confiance malgré tout permet le jaillissement de la véritable identité de ses membres et fait que, spontanément, on rejette la tromperie, la fausseté ou le mensonge2. »
• C’est en contemplant Jésus, Chemin, Vérité et Vie, et en lui demandant sa grâce que l’on progresse dans une attitude de franchise.
• Le sacrement de réconciliation, source de pardon, de paix, de conversion et de guérison, donne la grâce de nous pardonner à nous-même et aux autres, et de vivre en vérité.
1 Amoris Laetitia 115 2 ibidem
Lorsque l’enfant découvre la possibilité de mentir, la tentation d’en user est grande…
Par Vincent Lafargue Photo: DRSi vous voyez la Bible comme un lourd volume pesant plusieurs kilos, laissez-moi vous dire qu’elle peut tenir dans votre poche et peser le poids d’un simple téléphone portable, le vôtre !
Des Bibles pour smartphones Si vous êtes l’heureux détenteur d’un smartphone ou d’une tablette, nous avons déjà vu le mois dernier comment en faire un outil de prière. Mais sachez que votre appareil peut également contenir la Bible. Oui, toute la Bible, et gratuitement en plus ! La « Bible YouVersion » est un petit bijou disponible tant sur l’AppStore que sur Androïd, une application qui s’apprête à changer votre rapport à la Bible !
Pas seulement la Bible Car la Bible que vous installez via cette application est loin de n’être qu’une Bible, même s’il est déjà remarquable de pouvoir non seulement trouver mais également annoter facilement le verset que vous cherchez, un mot ou une expression, et ce dans pas moins de TREIZE traductions françaises différentes… Cette application va beaucoup plus loin : en l’installant, c’est dans une véritable communauté que vous allez entrer.
Des encouragements quotidiens à la prière, de petits versets du jour que l’on peut paramétrer pour qu’ils vous rejoignent chaque jour à l’heure voulue, des témoignages de conversion ou de miracles dans la vie des gens d’aujourd’hui, des plans de lecture de la Bible très bien conçus, voilà ce que vous obtenez pour… zéro franc, puisque cette application est gratuite.
Un site internet Vous n’avez pas de tablette ou de smartphone ? La Bible YouVersion existe aussi en version site internet : www.bible.com/fr Tout ce dont j’ai parlé ci-dessus se trouve donc aussi à disposition sur l’écran de votre ordinateur.
La Bible YouVersion a profondément modifié le cours de mes journées. Fera-t-elle de même pour vous ?
Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin
Des livres
Vie reçue, vie donnée. L’offrande eucharistique Conférence des évêques de France
Communier dans la bouche ou dans la main ? Communier sous les deux espèces. La communion aux malades. L’adoration eucharistique. La procession de communion : tels sont les thèmes abordés par le Service national de la pastorale liturgique et sacramentelle de France. Un éclairage intéressant pour mieux comprendre et vivre nos célébrations eucharistiques.
Le pape François, depuis le début de son pontificat, a bousculé l’Eglise, réformé la curie romaine, entrepris de remettre en avant les grandes valeurs évangéliques : pauvreté, charité, miséricorde. Son souci se porte vers les plus humbles qui souvent ne connaissent comme prière que le « Je vous salue Marie ». En quelque 160 pages, le saint Père médite sur chacune des invocations de l’Ave Maria. Une excellente occasion de nous rapprocher de celle qui habite la prière des chrétiens en ce mois qui lui est consacré.
Tarcisius est le saint patron des enfants de chœur, mais on ignore souvent dans quel contexte il a fait le sacrifice héroïque de sa vie, en l’an 257, pour que les hosties qui lui avaient été confiées ne tombent pas entre des mains impies. Quelle est donc la grandeur de ce sacrement pour qu’un enfant de onze ans accepte de mourir afin de le sauver ? Une bande dessinée qui nous plonge au cœur de la jeune Eglise romaine du IIIe siècle après Jésus-Christ. Idée de cadeau pour les premières communions et pour tous les enfants de chœur !
Pierre Vivarès, prêtre dans le Marais à Paris, témoigne de son quotidien de prêtre des villes. Implantée dans un quartier dit « mondain », visitée par des millions de touristes chaque année, son église est aussi le refuge des laissés-pour-compte de la société. « Je prie au petit matin, je célèbre, je répare les fuites d’eau, je cours après les fonds pour entretenir mon église… Je suis un curé ordinaire dont la source de la joie est d’être là où Dieu m’a mis. » Un livre profondément humain et bienvenu en ces temps où la figure du prêtre est quotidiennement écornée par les scandales sexuels.
Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR« La coupe de bénédiction que nous bénissons n’est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons n’est-il pas communion au corps du Christ ? » (1 Corinthiens 10, 16) Devant le problème posé à la communauté des Corinthiens par les viandes sacrifiées aux idoles (les « idolothytes »), Paul les invite à revenir au sens du repas du Seigneur. Rien n’empêche de consommer des morceaux vendus au marché, car les chrétiens sont pleinement libres en Jésus Christ. Mais par délicatesse pastorale et attention fraternelle, il convient de s’en abstenir si cela peut amener à scandaliser les faibles. Surtout, il s’agit de fuir toute forme d’idolâtrie en tant que telle, au nom même de la signification de l’eucharistie.
Manger le même pain et boire à la même coupe, c’est signifier que nous faisons partie du même corps et que nous sommes littéralement des compagnons du Christ (du latin cum-panis, partager le pain, qui donne également le terme plus simple mais équivalent de « co-pains). Communier au pain de vie, c’est donc manifester explicitement notre appartenance au Fils de Dieu et à la famille trinitaire tout entière. Or celui qui s’associerait à la « table des idoles » signifierait qu’il entre en relation avec elles. Il y a donc incompatibilité. « Vous ne pouvez boire la coupe du Seigneur et la coupe des démons ; vous ne pouvez participer à la table du Seigneur et à la table des démons. » (10, 21) Il faut faire un choix !
Un lien profond Donner et recevoir la communion, c’est ainsi se relier profondément avec le Christ et exprimer notre union les uns aux autres. Cela est très fort, puisque l’étymologie la plus probable de « communion » est celle du latin cum-munus, partager la même tâche, fonction et dignité. « Parce qu’il n’y a qu’un pain, à plusieurs nous ne sommes qu’un corps car tous participons à ce pain unique. » (10, 17) C’est une solidarité fondamentale, « essentielle », que la communion nourrit. Le ministère des auxiliaires de l’eucharistie et la participation à la communion touchent de ce fait le centre de notre foi.
«Il faudra qu’on régularise cela un jour», avait confié, en 2009 à Nanterre, l’ancien évêque Gérard Daucourt, à la suite de courriers reçus à l’évêché sur… la gestuelle de la communion! «Pincette», «trône», «dans la bouche»ou «sur la langue», on peut communier de diverses façons. Vraiment?
Par Thierry Schelling Photos : Ciric, Jean-Claude GadmerAu numéro 161 de la présentation du Missel romain de 2002, on lit : « Si la communion est donnée seulement sous l’espèce du pain, le prêtre montre à chacun l’hostie en l’élevant légèrement et dit […] « Le corps du Christ ». Le communiant répond : « Amen » et reçoit le sacrement dans la bouche ou bien, là où cela est autorisé, dans la main, selon son choix. »
Clarté des mots : « selon son choix », dans la bouche ou dans la main. Le reste relève donc de la dévotion personnelle : à genoux, mains jointes, yeux fermés, ou après une génuflexion, ou en s’inclinant avant et après « réception », ou avec un objet pieux dans la paume qui « oblige » à déposer l’hostie dessus… Il y a aussi « la pincette » : on se saisit de l’hostie entre le pouce et l’index pour la porter à sa bouche. Tout est-il possible ?
Clarté des mots : « le communiant reçoit le sacrement dans la bouche… » semble être la norme, alors que l’exception – puisqu’il faut une autorisation de la conférence épiscopale – est de communier dans la main. Si l’Orient orthodoxe (rite byzantin en tous les cas) préfère de loin la communion buccale – étant donné qu’elle se fait toujours sous les deux espèces 1 avec un kochliárion ou cuiller de communion –, le rite romain a permis la communion sous l’une ou l’autre espèce – en règle presque absolue, le pain – pour des raisons pratiques avant tout… Ce qui pourrait être remis en discussion : « J’aime bien la messe de semaine ici car on peut communier au Corps et au Sang du Seigneur par intinction 2 », explique d’une traite Marisa. « Et pourquoi ne le faites-vous pas le dimanche ? » met-elle au défi.
1 On appelle « espèces » le pain et le vin utilisés pour l’eucharistie. 2 Lorsque le communiant trempe le Corps dans le Sang du Christ.
Pas de communion sans matériel adéquat.
La pratique
« Ce n’est pas toujours hygiénique ni pratique de devoir ouvrir la bouche et communier de la main du prêtre… qui n’est pas toujours adroit non plus ! » confie une paroissienne. « En temps de grippe, je préfère recevoir le Corps dans le creux de mes mains. » Saint Cyrille d’Alexandrie parlait, dit-on, de former un trône avec ses mains pour y recevoir le Roi… Des sites traditionalistes réfutent cette allégorie en prétendant que son authenticité est douteuse, leur préférent une lecture littérale de certains passages bibliques. C’est dommage de se battre à coup de citations.
Il y a déjà les prêtres qui ne regardent pas les fidèles dans les yeux en leur montrant l’hostie consacrée, mais la distribuent tête-bêche, en marmonnant. Cela n’aide pas à rendre le moment solennel. « C’est vrai qu’à mon âge, me confie un confrère aîné, je dois faire attention à rester audible et correct dans le geste… ce qui n’est pas toujours facile. » Humble sincérité…
Et il y a un lien tellement fort et intime à ce moment-là entre le ou la communiant-e et la Présence réelle 3 que toute remarque devient une agression de la part du clerc sur le laïc (expérience faite !). Sans parler de la possible catégorisation « tradi » ou « moderne » aussi dans la gestuelle.
« Je me suis déplacée d’un rang, raconte Solange, car en suivant cette fidèle, qui fait une génuflexion avant la communion, je risque de m’encoubler sur sa jambe à terre si je la suis de trop près. » Explication d’une gestuelle privée à possible dégât collatéral…
3 Expression traduisant la foi catholique et orthodoxe, selon laquelle dans les espèces consacrées le Seigneur est vraiment présent.
Les vases sacrés purifiés par un diacre.
Soin et sobriété
Tous les communiants réguliers sont conscients de la solennité du moment : à observer le soin avec lequel beaucoup prennent l’hostie – il y a des mini-gestes et mini-signes que chacun-e opère juste à ce moment-là –, on découvre, en grande majorité, une dévotion, un respect, une dignité que le célébrant serait bien en mal de juger excessifs ou insuffisants ! Tant que la base – recevoir le Corps du Christ dans la bouche ou dans la main puisque c’est autorisé en Suisse – est respectée.
Le soin porté dans la préparation à la première communion est un lieu à la fois de « démystification » et de sobre enseignement d’un… mystère. « Démystification », car les enfants veulent absolument goûter ce pain plat… et sont déçus de son absence de goût – quand cela ne leur rappelle pas le dessous du calisson 4 ! Alors on peut enseigner un tant soit peu le sens de la démarche de communion : « Ce sont les yeux de la foi qui font voir dans cette hostie consacrée la présence de Jésus », comme le souligne la catéchiste. Et cela prend du temps, d’entrer dans ce mystère…
4 Pâtisserie d’Aix-en-Provence posée sur du pain azyme. D’où le choix, comme dans l’UP Renens-Bussigny, de faire goûter l’hostie non consacrée avant, ou de faire faire du pain sans levain ni sel (communauté italienne) lors de la retraite des communiants, pour qu’au moment de la première des communions, grimaces, maladresses et empressement soient évités, et recueillement et simplicité dans le geste et l’attitude favorisés.
Donner la communion
« J’adore donner la communion à la messe, car je m’y prépare toute la journée intérieurement, et me lave les mains avant le début de la messe, rapporte André, de la communauté portugaise de Renens. J’ai l’impression que tout le dimanche où je suis auxiliaire de l’eucharistie, je pense à ce que je vais faire… »
Jadis un peu pour seconder le prêtre, aujourd’hui par vocation, des laïcs des deux sexes se forment à devenir « auxiliaires de l’eucharistie » ou « ministres extraordinaires de l’eucharistie ». Titres un peu ronflants par rapport au vécu des concernés. « J’aime bien auxiliaire car du temps où notre prêtre, malade, devenait plus âgé, il avait vraiment besoin d’une aide concrète pour la communion. » Rachel se réjouit qu’une fois le prêtre changé, elle a eu plaisir à continuer modestement. « Mais pas extraordinaire », non, je ne vois pas le sens ! »
Le prêtre est le ministre ordinaire, régulier, habituel, de la communion ; le ou la laïc-que engagé-e vient donc en plus, en extra, d’où extraordinaire. Ce qui n’a donc rien à voir avec féérique ou hyper génial !
Tout célébrant peut appeler, le cas échéant, un ou une fidèle qu’il connaît pour le seconder au moment de la communion ; d’aucuns s’avancent de fait, aux célébrations de semaine. « Tous ensemble nous prenons soin de communier, dit Xavier, et depuis le Concile Vatican II, je me suis senti responsabilisé par nos curés à contribuer, au nom de mon baptême, à ce que la liturgie soit celle de et pour tout le Peuple de Dieu. »
Des laïcs se forment à devenir auxiliaires d’eucharistie.
Une session pour les auxiliaires de l’eucharistie
Le Centre romand de pastorale liturgique organise annuellement une session à La Pelouse pour des paroissien-ne-s qui n’ont pas reçu le mandat épiscopal comme auxiliaires de l’eucharistie. A noter que c’est l’évêque qui mandate les concernés, sur inscription du curé de la paroisse ; que tout paroissien habitué est « appelable » ; que le mandat à l’auxiliaire consiste à donner la communion non seulement aux célébrations ordinaires, mais à domicile, en EMS, à l’hôpital. Le SEFA (Service de formation et accompagnement de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud) propose, lui, des soirées de « relecture de nos pratiques » ainsi qu’un « approfondissement d’un aspect du mystère de l’eucharistie » (cf.www.cath-vd.ch/formations/servir-en-eglise-benevolat/). Un ministère bénévole, à toujours alimenter…
Par Thierry Schelling
Photo: CiricA plusieurs reprises, en visite dans les paroisses romaines, le pape François échange avec les communiants 1. Comme à Saint-Joseph all’Aurelio, le 14 décembre 2014. Il leur a alors livré ceci : « Cela fait septante ans que j’ai fait ma première communion, c’était le 8 octobre 1944 ! » Et de raconter que ce fut la sœur Dolores qui lui enseigna le catéchisme, avec la sœur Alicia. « Rappelez-vous toute votre vie du nom de votre catéchiste, ok ? » Papa Bergoglio esquisse la cérémonie d’alors : « Nous étions à jeun – quelle dictature, merci à Pie XII de nous avoir sauvé de cela ! – en entrant à l’église les mains jointes et en chantant « O santo altar custodito… » Et de conclure : « Rappelez-vous toujours cette première fois où Jésus est venu en vous ; se faisant l’un de nous, il devient notre nourriture pour nous donner la force. »
Vocation Il confiera aussi, aux religieuses du Verbe incarné (une congrégation d’origine argentine), que ce fut quelques mois plus tard, vers juillet de cette même année 1944, que vint dans son cœur le désir de devenir prêtre et missionnaire.
Son prédécesseur, Benoît XVI raconta à des premiers communiants, dans le cadre de l’année de l’Eucharistie 2005, que pour lui – il fit sa première communion en mars 1936 –, « ce fut le début d’une amitié avec Jésus pour toute la vie ». Et de confier : « J’ai promis à Jésus de vouloir toujours être avec lui, et surtout que Lui soit toujours avec moi. »
Saint Tarcisius D’ailleurs, c’est Jean-Paul II, dans sa lettre aux enfants (13 décembre 1994), qui rappela qu’il y a un saint enfant, Tarcisius, appelé à juste titre martyr de l’eucharistie « parce qu’il préféra mourir plutôt que d’abandonner Jésus qu’il portait avec lui sous les espèces du pain ». Et la tradition de rapporter que saint Tarcisius aurait dit : « Ma jeunesse sera le meilleur abri pour l’eucharistie. » A méditer en ces temps de premières communions dans maintes paroisses…
1 Préparer la première communion, livre sorti en 2018 : El Papa Francisco y la Primera Comunión.
Par Pascal Ortelli Photo: Jean-Claude GadmerDonner et recevoir la communion : il y a là toute une démarche. Mais faut-il vraiment en faire un plat ? La manière dont on s’avance vers l’autel regarde tout un chacun. Oui et non ! N’oublions pas que l’Eucharistie est le sacrement de l’unité de la communauté. L’entier du Peuple de Dieu s’y engage et y participe, selon des modalités diverses. En témoignent le respect et la dévotion avec lesquels la plupart des fidèles s’avancent, conscients de la solennité du moment.
Il importe d’insister sur la signification de cette démarche, loin de tout individualisme ambiant. La Présentation générale du Missel romain le rappelle : « Les attitudes communes à observer par tous les participants sont un signe de l’unité des membres de la communauté chrétienne rassemblée dans la sainte liturgie. »
Lorsque j’enseignais la religion dans une école catholique, il m’est arrivé, sur demande du prêtre, de donner la communion à mes élèves. Une relation de confiance se nouait alors. Les fruits s’en ressentaient dans la classe en matière de cohésion de groupe, tandis que j’avais l’impression de transmettre une provision bien plus importante que n’importe quel enseignement. Pourtant, les deux sont nécessaires pour assurer l’unité de la communauté. Au risque, sinon, de s’avancer en boitant.
«Le dimanche est le seul jour de la semaine où je mets le réveil. Je me lève, j’enclenche la radio, je prends mon missel, j’allume une bougie et je prie avec la communauté qui célèbre» (une auditrice fidèle).
Par Nicole Andreetta Photo: B. Litzler/cath.chLes messes radio diffusées ont démarré dès les années 1940. La première liturgie télévisée, initiée par le Père Piccard, s’est déroulée en 1948, le jour de Noël, à Notre-Dame de Paris.
« L’Eglise a toujours été favorable à cette pastorale par les ondes, explique Bernard Litzler du Centre catholique des medias, elle permet de rejoindre des personnes qui n’auraient pas la possibilité de venir à la messe : les prisonniers, les malades, les personnes âgées… Tout l’enjeu consiste à créer une vraie communion d’assemblée entre les auditeurs, les téléspectateurs et les personnes présentes physiquement lors de la célébration. »
Une messe télévisée représente une importante somme de travail. Le contact avec la paroisse est pris neuf mois avant la retransmission. Le samedi précédant la célébration, techniciens, cameramans, célébrants, membres de la chorale… travaillent toute la journée aux derniers ajustements.
Gilbert est un téléspectateur assidu. « Ma femme et moi avions commencé, il y a une quinzaine d’années, à regarder la messe ensemble sur France 2. Le fait de voir cette célébration dans des lieux et des régions très différents représentait un grand intérêt. Actuellement, bien que mon épouse soit décédée, je continue d’être présent devant mon poste le dimanche matin. J’éprouve le besoin de m’évader de la vie actuelle et de ses dérives pour vivre un temps de communion spirituelle au-delà de mes frontières habituelles. C’est un moment bienfaisant et apaisant. Un seul regret : autrefois, la messe était dite à la TV romande tous les deux mois. Pour des raisons budgétaires, hélas, cela a complètement disparu, sauf pour les fêtes importantes. »
En effet, depuis 2017, la télévision romande ne produit qu’une seule messe par an, diffusée toutefois en eurovision. C’est de Bienne qu’a été retransmise, cette année, celle du dimanche de Pâques.
En revanche, il est possible d’écouter, sur Espace 2, l’office dominical chaque semaine à 9h.
Ancien vicaire épiscopal, Rémy Berchier fait partie de l’équipe d’aumônerie de l’hôpital fribourgeois. Une tâche qu’il voit comme une grâce.
Texte et photos par Nicolas MauryA l’étage de l’hôpital de Riaz, Mgr Rémy Berchier discute avec plusieurs infirmières. « Je m’annonce toujours en arrivant. Elles commencent à me connaître. Même si sa part administrative est importante, le personnel soignant garde un super contact avec les patients. Et mes collègues et moi sommes très bien accueillis », indique celui qui est aumônier sur les divers sites de l’hôpital fribourgeois (HFR) depuis 2017.
Cette tâche, celui qui fut longtemps vicaire général du diocèse de Fribourg la vit comme une grâce. « Dans mon ancienne fonction, mon agenda débordait. Là, quand je visite un malade, j’offre mon temps et ma présence. »
Natif de la Broye, Rémy Berchier est issu d’une famille d’agriculteurs. « Mes parents étaient pratiquants et croyants sans être bigots. Puis j’ai eu la chance d’avoir des curés géniaux. A ma première communion et à ma confirmation, l’un d’eux m’a demandé si je voulais devenir prêtre. Ça a fait son chemin… » C’est ainsi qu’il est ordonné le 18 septembre 1982 à Romont, avant d’être appelé à de plus hautes responsabilités. « En 2001, Mgr Genoud m’a sollicité pour devenir son vicaire. Les unités pastorales naissaient. Il a fallu rencontrer des équipes, négocier, discuter. J’ai ensuite repris à mi-temps le vicariat vaudois, avant d’être rappelé sur Fribourg à la demande de Mgr Morerod… »
Amputé du pied gauche
A l’époque déjà, Mgr Berchier compose avec une polyarthrite évolutive du pied gauche. « Elle est bien soignée, mais depuis 5 ou 6 ans les opérations se sont enchaînées. En 2017, j’ai annoncé à l’évêque que je préférais arrêter le service épiscopal. »
Compte tenu de son vécu, Mgr Berchier souhaite aller à la rencontre d’autres malades. Alors qu’il entame une formation ad hoc, sa santé dégénère. En janvier 2018, c’est l’amputation. « Etre privé d’un pied ne consiste pas seulement à se séparer d’une partie de son corps. On devient dépendant. Mais je prends comme une grâce ce qui m’est arrivé. Je suis passé du « faire » à « l’être ». Avant, les gens venaient me voir pour des solutions et des décisions. Désormais, je suis là pour les accompagner. Quand on me dit « le Seigneur est dur avec vous », je réponds que ce n’est pas Lui qui veut cela ! »
Habitant Bulle, Mgr Rémy Berchier se lève entre 6h15 et 6h45. Après un temps de prière et l’eucharistie, il se rend sur l’un des sites de l’HFR. « Nous sommes une dizaine à faire partie de l’équipe d’aumônerie. Quand j’arrive sur place, je consulte le carnet de notes. Je commence ma tournée vers 9h15. »
Sa tournée effectuée, Mgr Berchier met à jour le carnet de notes qu’il tient avec ses collègues.
« De grands croyants »
Lorsqu’il entre pour la première fois dans une chambre, Mgr Berchier s’annonce et enchaîne avec les questions basiques : « Qui êtes-vous, qu’est-ce qui vous arrive ? » Et de préciser : « Je cherche à rejoindre l’autre dans ce qu’il vit, au-delà de sa maladie ou de son accident. Si c’est lourd, je prends cinq à dix minutes pour déposer ça dans les mains du Seigneur. »
L’une de ses règles est de s’éclipser quand arrive le repas. « L’après-midi, je recommence ma tournée vers 13h30. La différence, c’est que des visites peuvent être présentes. »
Les rencontres sont de toutes sortes. « Si on me dit : « Il ne faut pas me parler de l’Eglise », ça me stimule. On discute d’autre chose, mais bien vite, on arrive sur la cause de la rupture. Souvent, je rencontre de grands croyants qui ont pris leurs distances avec l’institution. Il peut y avoir toutes sortes de raisons. Qu’ils en parlent est un sacré pas. Je tente de donner une image de l’Eglise qui tend une main. Nous sommes dans les périphéries dont François parle. »
Avisant son agenda, Mgr Berchier évoque une anecdote : « Un jour, entrant dans une chambre où il y avait un homme très âgé, je me présente en tant que prêtre catholique et aumônier. Le monsieur me dit : « C’est aussi grave que ça ? » On a ri puis on a eu une discussion géniale ! A chaque fois j’explique que le sacrement des malades n’est pas l’extrême-onction, mais qu’elle donne la paix et la force. C’est très différent ! »
Un pèlerinage à diriger>/h3>Ses soirées, Rémy Berchier les passe entre ses engagements de prêtre et des réunions de mise en place du pèlerinage de mai à Lourdes, dont il est le directeur. « 2000 pèlerins, cinq avions, sept à huit cars… Chaque année c’est une aventure à bâtir qui demande beaucoup de boulot mais qui apporte énormément de satisfactions ! »
Un agenda bien rempli
6h30 –> Réveil, puis temps de prière et eucharistie 9h –> Arrivée sur l’un des sites de l’HFR 9h15 –> Début de la tournée des malades Vers 12h –> Repas de midi Dès 13h30 –> Reprise des visites aux malades 17h –> Fin des visites
Mise à jour du travail effectué en journée
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