osé Jordan aura passé près de 20 ans «dans les sacristies» de la Bâtiaz (2000), de Martigny- Croix (2008) et de la Ville (2012), succédant, pour celles et ceux qui les ont connus à Andrée Jacquemettaz, Ami Bossetti et Damien Bauza… Et, pour lui succéder, il a fallu trouver trois personnes différentes: Jean Richon à Martigny-Croix, Pierre-André Chamboyey à la Bâtiaz et Paulo Martins Au Bourg et en Ville…
Ces deuils à vivre ensemble !
Il est certain que novembre se revêt volontiers de la couleur du deuil et, en particulier, de la mémoire d’êtres chers qui nous ont quittés. Toutefois, si l’on en croit le philosophe Jean-Michel Longneaux, l’expérience du deuil marque nos vies de façon plus fondamentale et plus permanente.
Les offrandes de messe
Par Calixte Dubosson
Photo: DRLorsque des fidèles demandent à un prêtre de célébrer une messe, ils proposent une offrande en argent. Si une somme est remise au prêtre avec l’intention de messe, ce n’est pas pour la payer, car elle n’a pas de prix. Ou plutôt son prix est celui qu’a payé le Christ en se sacrifiant. On parle donc d’offrande.
La pratique des messes célébrées à des intentions particulières, surtout pour les défunts, s’est développée et maintenue jusqu’à aujourd’hui. Au sujet des défunts, cette tradition trouve son origine dans l’Ancien Testament.
Le 2e livre des martyrs d’Israël rapporte que, lors d’une guerre, des soldats étaient morts. En relevant leurs corps, on découvrit « sous la tunique […] des objets consacrés aux idoles de Jamnia que la Loi interdit aux Juifs. Il fut ainsi évident pour tous que c’était là la raison pour laquelle ces soldats étaient tombés ».
Leur chef, nommé Judas Maccabée, « ayant fait une collecte, envoya jusqu’à deux mille drachmes à Jérusalem, afin qu’on offrît un sacrifice pour le péché, agissant fort bien et noblement dans la pensée de la résurrection. Si, en effet, il n’avait pas espéré que les soldats tombés ressusciteraient, il eût été superflu et sot de prier pour les morts… Voilà pourquoi il fit faire pour les morts ce sacrifice expiatoire afin qu’ils fussent absous de leur péché ». (2 M 12, 37-45)
Parcours Siloé: remise des diplômes
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), novembre-décembre 2020
Par Liliane Blanchard-Dauvillier, participante
Les participants au parcours Siloé ont reçu leur diplôme samedi 26 septembre à la chapelle Saint-Robert lors d’une messe présidée par le vicaire épiscopal pour le canton de Vaud, l’abbé Christophe Godel.Le parcours Siloé est une formation en Eglise sur trois ans à raison de deux soirées par mois. Il permet de se ressourcer en puisant à la Parole de Dieu et à la tradition chrétienne et invite à porter un regard neuf sur la foi et les questions d’aujourd’hui. Il s’adresse aux bénévoles actifs en pastorale, mais aussi à toute personne souhaitant suivre une formation permanente et approfondir ses connaissances. Le parcours est pris en charge par le service de formation des adultes de l’Eglise catholique du canton de Vaud (SEFA).Un belle aventure humaine
Lorsque nous nous sommes inscrits au parcours Siloé il y a trois ans, certains d’entre nous se sont dit : « Les deux premières années d’accord, mais pour le travail final… je ne crois pas ». Et nous voilà au jour de la remise des certificats.
Ce parcours d’approfondissement de la foi fut une belle aventure humaine : des amitiés se sont forgées, se sont approfondies, ont grandi. Des événements sont advenus dans nos vies pendant ces trois ans. Certains nous ont quittés, nous avons pouponné après une naissance, et… nous avons pris trois ans de plus !
Des décisions ont mûri, ont été prises : engagement, service, mise à disposition pour l’Eglise, en Eglise. L’aventure n’est pas terminée pour la plupart d’entre nous aux niveaux de la formation, personnel, familial ou collectif. Ce parcours a été un vrai temps de discernement pour trouver notre place, oser faire le pas pour un engagement plus concret, faire s’épanouir notre foi au service des autres. Des temps forts, en Terre sainte et à Taizé, nous ont rapprochés et nous ont permis de mieux nous connaître.
La Parole est devenue une compagne de route encore plus vivante qui nous fortifie et nous permet de traverser les épreuves.
La célébration dans la chapelle de Founex nous a permis de rendre grâce pour les dons reçus. Merci à Dieu qui nous a donné la santé pour commencer et terminer ce parcours en ce temps de pandémie. Merci à nos chers animateurs : Monique, Jean- Daniel et Alain, qui se sont dépensés sans compter pour animer, chanter, jouer, écouter, nous guider, nous encourager et nous soutenir dans l’élaboration de nos travaux. Merci à vous, chers « siloistes » qui poursuivez le chemin. Dans quelques années, nous pourrons dire : « Siloé ? Oui, nous en étions, et cela a changé nos vies ».
Jeux, jeunes et humour – novembre 2020
Par Marie-Claude Follonier[thb_image image= »5263″ img_link= »url:%2Fwp-content/uploads/2020/10/Jeux_novembre2020. »]
Question d’enfant
Pourquoi, en Eglise, fête-t-on Nouvel An à la fin novembre ?
Le calendrier des fêtes chrétiennes ne commence pas au 1er janvier, mais au 1er dimanche de l’Avent, cette année le 29 novembre. Le dimanche qui le précède, on fête le Christ-Roi de l’Univers qui rappelle le retour de Jésus à la fin des temps. Le calendrier chrétien suit en cela l’annonce de la venue de Jésus et le déroulement de sa mission tels que décrite dans les Evangiles : naissance à Noël, crucifixion et résurrection à Pâques puis montée au ciel à l’Ascension avec la promesse qu’il sera présent à nos côtés jusqu’à son retour. Etre chrétien, c’est donc pouvoir fêter Nouvel An deux fois !
Par Pascal Ortelli
Humour
Un curé, arpentant les allées d’un cimetière, voit une dame penchée sur la tombe de son mari.
Sur le monument est écrit « Jean Aymar (1900-1999) » avec la mention « Pourquoi si tôt ? ». Le curé est surpris et dit à la veuve que 99 ans, c’est plutôt un bel âge que la plupart n’atteignent pas.
La veuve rétorque : « Vous n’y comprenez rien. Mon mari est décédé à 2 heures du matin et je n’ai pas réussi à me rendormir ! »
Par Calixte Dubosson
Cartes de condoléances
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), novembre 2020
Par Marie-Madeleine Bruchez | Photo: Virginia Da Silva
En mai 2012, sous l’impulsion de notre curé Bernard Maire, le conseil de communauté a décidé d’envoyer au nom de la paroisse une carte de condoléances personnalisée aux familles endeuillées. Etant native de Saxon et connaissant assez bien les gens du village, j’ai accepté de prendre la plume pour écrire des mots de consolation. Chaque courrier commence par une référence à la communauté paroissiale se joignant à moi pour apporter un message de sympathie et de soutien à la famille puis je laisse parler mon cœur. Chaque vie a été teintée de couleurs différentes, les joies et les peines ont jalonné la route de chacune des personnes qui nous ont quittés, proches ou éloignées de l’Eglise : toutes laissent une empreinte que j’aime souligner.Sur les cartes que j’envoie, j’ai choisi d’y mettre un extrait d’un poème d’une écrivaine et poétesse vaudoise Anne Perrier (Mme Hutter) qui a passé ses dernières années de vie aux Floralies puis aux Sources. Même prise par la maladie d’Alzheimer elle a gardé jusqu’au bout une foi vivante et profonde. La voir prier était très inspirant. Ses mots reflètent la vie dans tous ses états et la beauté de la création, j’aime offrir ce cadeau aux familles.
Quelques années plus tard, nous avons choisi de prolonger le lien avec les familles par une carte du souvenir dont la rédaction a été confiée à notre amie Judith qui a toutes les qualités de cœur requises pour cela. A elle la parole…
Fratelli tutti
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), novembre-décembre 2020
Par Mgr Alain de Raemy, évêque auxiliaire | Photo: DR, JoÃo Carita
Mgr Alain de Raemy, évêque auxiliaire de Lausanne, Genève et Fribourg livre, au nom des évêques suisses, un premier commentaire sur l’encyclique Fratelli tutti du pape François publiée le 4 octobre 2020.
On a vraiment l’impression que le pape François veut donner le fondement ou la consistance chrétienne des déclarations du document précité d’Abou Dabi, mais aussi souligner encore l’aspect social de son encyclique précédente sur les enjeux écologiques, Laudato sì’. Saint François d’Assise et la parabole du bon Samaritain, analysée en profondeur, donnent le ton, en rappelant au passage que « nous avons tous quelque chose d’un homme blessé, quelque chose d’un brigand, quelque chose de ceux qui passent outre et quelque chose du bon Samaritain » (no 69). Et de rappeler en passant que Jésus lui-même avait été conspué de « samaritain »… (selon Jean 8,48, no 83). Mais le souci du Pape pour une juste compréhension de l’apport chrétien aux problèmes de l’humanité se voit notamment dans les passages sur « le conflit inévitable, les luttes légitimes et le pardon, la vraie victoire, la mémoire » (nos 237-254). Il est question du pardon qui ne quitte pas la justice mais sort de la haine. Puis aux numéros 255-270 sont analysées et rejetées les deux façons « d’éliminer l’autre », celle qui concerne les pays, la guerre, et celle qui concerne les personnes, la peine de mort. Des pages très complètes d’une profondeur remarquable. Il y est même répété, puisque le Pape se cite lui-même : « La prison à perpétuité est une peine de mort cachée. » (no 268) Il y va de l’inaliénable dignité de tout être humain. Point. Mais justement un « point », qui dans l’esprit de l’encyclique, pour convaincre, doit rester ouvert au dialogue!
Un examen de conscience
Cette encyclique est un appel aussi passionné que raisonné lancé à tous les hommes « de bonne volonté, quelles que soient leurs convictions religieuses » (no 56), à tous les peuples, à toutes les institutions et gouvernements, en faveur d’un authentique souci post-pandémique de changement radical pour un respect actif et universel des plus petits, des plus pauvres, des plus exposés aux dangers, dont la dignité ne saurait souffrir aucune exception. « Si la disparition de certaines espèces nous préoccupe, nous devrions nous inquiéter du fait qu’il y a partout des personnes et des peuples qui n’exploitent pas leur potentiel ni leur beauté, à cause de la pauvreté ou d’autres limites structurelles, car cela finit par nous appauvrir tous. » (no 137)
Le Saint-Père y décrit ainsi le racisme comme un virus de la pire espèce « qui mute facilement et qui, au lieu de disparaître, se dissimule, étant toujours à l’affût. » (no 97), et l’individualisme radical comme « le virus le plus difficile à vaincre » (no 105).
L’amour est présenté comme le seul fondement solide, non seulement entre personnes, mais aussi entre cultures, religions et nations : « Nous avons été créés pour une plénitude qui n’est atteinte que dans l’amour. » (no 68) Tout ce qui ne serait qu’un accord ou compromis dont chacun tire profit reste fragile. Et même les vertus, « sans la charité, n’accomplissent pas strictement les commandements comme Dieu les entend ! » (no 91). Car « le plus grand danger ne réside pas dans les choses, dans les réalités matérielles, dans les organisations, mais dans la manière dont les personnes les utilisent ». (no 64) C’est la découverte de l’autre et de la différence qui permet de se compléter et donc de grandir en humanité. Pour cela, le dialogue est la voie royale et certifiée !
Il ne suffit pas de croire en Dieu
Les croyants en prennent pour leur grade : « Croire en Dieu et l’adorer ne garantit pas de vivre selon sa volonté » (no 74, no 86). Il en donne bien des exemples, tout au long de l’encyclique, qu’il s’agisse de comportements personnels ou collectifs…
Ainsi, la responsabilité personnelle est aussi soulignée : « Tout attendre de nos gouvernants serait puéril » (no 79) ! Ainsi, « si quelqu’un a de l’eau en quantité surabondante et malgré cela la préserve en pensant à l’humanité, c’est qu’il a atteint un haut niveau moral qui lui permet de se transcender lui-même ainsi que son groupe d’appartenance » (no 117). Mais surtout, à la fin de l’encyclique, le Pape rappelle qu’évincer Dieu c’est livrer l’homme aux idoles (nos 271-284).
La fraternité en humanité
Si saint François s’est bien adressé à ses frères en religion en leur disant « tous frères », et si le saint d’Assise s’est comporté envers toute femme et tout homme en frère, jusqu’auprès d’un sultan en égypte, cela remonte bien sûr à Jésus, nous dit le pape homonyme ; car en Matthieu 23, 8, Jésus dit bien : « Vous êtes tous des frères et sœurs. » (no 95) Autrement dit : vous n’y pouvez rien, c’est ainsi. C’est le fondement même de l’amitié sociale, le fondement de cette humanité qui nous est si commune. La revendication incontournable de mêmes droits pour tout être humain « découle du seul fait de posséder la dignité humaine inaliénable » (no 127). Au point d’appeler « à renoncer à l’usage discriminatoire du terme minorités » (no 131) et à agir plutôt avec et à l’écoute des autres, et notamment des pauvres, que pour eux (no 169). Être tous frères et sœurs est pour ainsi dire la plus belle des fatalités, occasion providentielle de découvrir le bonheur d’aimer et d’être aimé ! C’est ce sentiment fondamental d’appartenance à une même famille (no 230) qui ouvre au sens du bien commun. En plus, rien de ce qui est fait par amour ne sera perdu ! (no 195)
Fratelli tutti ? Un appel qui est mise en garde et prière
Le pape lance bien cet avertissement : « ou bien nous nous sauvons tous ou bien personne ne se sauve » (no 137) ! Mais il conclut, plein d’espérance, en prière, en nous en offrant une version interreligieuse et l’autre chrétienne.
Concours de coloriage spécial Noël!
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), novembre-décembre 2020
[thb_image image= »5188″ img_link= »url:/wp-content/uploads/2020/10/Concours-de-coloriage.pdf||| »]Marie dans les arbres
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), novembre-décembre 2020
Par Elisabeth Piller et Danièle Moulin | Photos: Jean-Yves Menoud
Sur le chemin de Compostelle qui traverse la forêt de Belle-Croix à Villars-sur-Glâne, un petit oratoire dédié à la Vierge Marie accueille à nouveau les promeneurs. Dans les années 2000, des catéchistes avaient demandé à la paroisse de créer un modeste lieu de pèlerinage pour les enfants des écoles, un signe discret de la présence de Marie parmi nous. Malheureusement, l’oratoire fut vandalisé il y a peu, par quelques malveillants.
Il n’est pas rare de voir des promeneurs s’arrêter quelques instants sur le banc pour prier, déposer des soucis, demander protection à celle qui intercède pour tous les humains.
Ce petit oratoire marial perché dans un arbre de la commune de Villars-sur-Glâne n’est de loin pas un exemple isolé. En se promenant dans notre beau canton de Fribourg, parsemé de multiples églises, sanctuaires, chapelles, oratoires et croix, il est fréquent, en levant les yeux, de découvrir des statues ou des images de la Vierge Marie « accrochées » à des arbres. Durant la Contre-Réforme, dans un contexte de querelle entre catholiques et protestants à propos des images, de nombreuses légendes concernant la Vierge Marie voient le jour, avec l’intention de revivifier et de justifier le culte des images. À cette période, certains réformateurs protestants détruisent images et statues religieuses, afin de démontrer que le Christ est le seul médiateur des hommes auprès de Dieu. Pour de nombreux catholiques, les images ayant subi ces déprédations sont considérées comme de véritables martyres, ayant souffert, à l’instar de personnes vivantes, dans leur chair de toile et de bois. Ces événements susciteront de la part des fidèles catholiques une plus grande attention, une nouvelle dévotion ainsi qu’une attitude de profond respect en présence de ces images-victimes.
Des lieux inédits
Des images de la Vierge apparaîtraient de manière miraculeuse dans des lieux inédits : à Berlens, une statue de la Vierge serait ainsi apparue au milieu d’un buisson d’aubépines. De plus, il n’est pas rare que ces images, que les fidèles tentent de déplacer dans des lieux de cultes pour diverses raisons, reviennent à leur emplacement initial. Le cas de ces Vierges « têtues » se retrouve à Berlens, à Notre-Dame de Tours à Montagny ainsi qu’à Notre-Dame du Portail à Romont. Ces phénomènes démontrent que les fidèles ne considèrent pas ces Vierges comme de simples images, mais comme des protagonistes « que l’on écoute, à qui l’on obéit et dont on sollicite l’avis » 1 . La manifestation de ces images survient le plus généralement dans la nature ou dans des lieux isolés, bien souvent dans des arbres, à l’emplacement où l’on construit ensuite des chapelles ou des sanctuaires.
Ces dévotions à la Vierge ont un caractère très clairement populaire, dans la mesure où elles surgissent souvent en marge des lieux de cultes reconnus et officiels, et où leur mise sur pied relève souvent d’initiatives personnelles.
Mais pourquoi Marie apparaît-elle si fréquemment dans des arbres ? D’un point de vue symbolique, la signification de l’arbre est d’une grande richesse. À la fois refuge et signe de fécondité, l’arbre est un symbole de vie, qui meurt et renaît chaque saison. Dressé vers le ciel, profondément enraciné dans le sol, l’arbre est aussi le symbole de l’homme sage qui respecte la terre et regarde Dieu. Dans la Bible, l’arbre représente également la foi : « Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur, dont le Seigneur est la confiance. Il sera comme un arbre planté près des eaux, qui pousse vers le courant ses racines. Il ne craint pas quand vient la chaleur : son feuillage reste vert. L’année de la sécheresse, il est sans inquiétude : il ne manque pas de porter du fruit » (Jr 17, 7-8).
Puisse Marie, sous les traits d’une jeune maman entourant de tendresse son enfant, inviter le passant à ralentir le pas… lui offrir sa présence bienveillante, un petit moment de réconfort… et lui accorder, dans un souffle de silence, la paix du cœur…
Lors de vos promenades, si vous découvrez des petits sanctuaires mariaux, n’hésitez pas à les prendre en photo et à les envoyer à communication@upsaintjoseph.ch ! D’avance un grand merci !
1 BALZAMO, Nicolas, L’Atlas Marianus de Wilhelm Gumppenberg, Neuchâtel, 2015.
Sources :
– BALZAMO, Nicolas, L’Atlas Marianus de Wilhelm Gumppenberg, Neuchâtel, 2015.
– YERLY, Frédéric, La religion populaire dans le canton de Fribourg (fin du XVIIIe – milieu du XIXe siècle : nature, caractéristique et évolution, mémoire de licence présenté à la Faculté des lettres de l’Université de Fribourg, 1990.

Quels liens avec nos morts?
La Toussaint nous invite à honorer les défunts, à prier pour eux et avec eux. Voilà l’occasion de réaliser comment ceux que nous aimons peuvent être proches de nous.
Par Bénédicte Jollès | Photos: Pxhere, Pixabay, DR« Depuis quelques mois une entreprise grisonne transforme le carbone issu de la crémation d’un corps en diamant souvenir », s’inquiète Christian Ghielmetti entrepreneur de pompes funèbres à Neuchâtel. Aujourd’hui, les liens avec les défunts sont confus : « On a un vague sens de l’au-delà, mais déconnecté de la foi chrétienne, constate le Père Philippe Aymon, curé de la cathédrale de Sion. Dans les sépultures on se souvient du défunt, on lui rend hommage, mais on saute à pieds joints sur la question de la séparation sans s’interroger sur ce qu’il devient, ni prier pour lui. » Marlène, infirmière genevoise victime de cette confusion, a gardé contact avec sa grand-mère par le biais du spiritisme. La collègue qui l’a initiée lui a reconnu une forte sensibilité spirituelle, un don pour communiquer avec les esprits ; pendant deux ans elle les interroge. « Impossible d’oublier les prédictions, j’attendais avec impatience les séances, angoissée par les phénomènes anormaux qui les accompagnaient : en particulier des bruits métalliques et des coups inexpliqués la nuit. J’étais si mal que je suis allée parler avec le prêtre qui m’avait confirmée dix ans plus tôt. » Sur ses conseils elle stoppe tout et redécouvre la confession.
Attention danger
Tables tournantes, verres qui se déplacent, crayons ou écrans utilisés pour une écriture automatique… les façons d’entrer en contact avec les morts par le spiritisme se recoupent.
Mgr Vernette, théologien français au parcours atypique, a pratiqué l’ésotérisme pendant sa jeunesse en Inde avant sa conversion. Il avertit : « Un chrétien ne peut communiquer avec les morts sans se mettre en danger. » En effet, dès l’Ancien Testament, le livre du Deutéronome demande : « On ne trouvera chez toi personne qui use de magie, interroge les spectres et les esprits ou consulte les morts. » (Dt 18-11)
Le Père Couette, moine cistercien de l’abbaye d’Hauterive (FR), partage la même retenue et l’explique ainsi : « La tradition chrétienne demeure très réservée face aux moyens d’entrer en contact avec les morts qui prétendent s’affranchir du lien explicite avec le Christ. Il n’existe pas d’entités médianes, si les esprits invoqués ne sont pas de Dieu, de qui sont-ils sinon de l’ennemi ? » Pour lui, ces pratiques qui ne sont ni innocentes ni indifférentes laissent des séquelles difficiles à éradiquer, elles trahissent la volonté illusoire de maîtriser ce qui nous échappe.
Il existe un autre écueil face à la disparition de nos proches, remarque le Père Aymon : « Vouloir que nos défunts servent nos intérêts, mais ils ne nous appartiennent pas. Il nous faut accepter la séparation douloureuse apportée par la mort. » A nous d’articuler cette séparation avec la communion des défunts et des saints à laquelle nous sommes appelés. « Si Dieu permet que tel défunt ou tel saint intervienne, c’est pour nous aider à nous rapprocher de Lui », précise le curé de Sion. L’accompagnement spirituel des saints qui nous précèdent et contemplent le Seigneur est développé dans le Catéchisme de l’Eglise catholique. Il cite en particulier sainte Thérèse de Lisieux, docteur de l’Eglise, qui assure avant de mourir : « Je passerai mon ciel à faire du bien sur la terre. »
Il peut même arriver que nos chers disparus nous aident à continuer notre pèlerinage terrestre par des signes inattendus et exceptionnels. « Va à Lourdes », demande à plusieurs reprises Elisabeth Leseur (mystique française du XXe siècle) à Félix son époux. La voix de son Elisabeth bien-aimée est ressentie avec une telle clarté que Felix, anti-clérical acharné et notoire, obéit. Au pied de la grotte, sa vie bascule, il devient dominicain quelques années plus tard.

Intercession
En réalité, il se passe entre le ciel et la terre des échanges constants dont nous avons trop peu conscience. Avons-nous réalisé que les défunts décédés sans être proclamés saints, et qui ne sont pas encore en mesure de contempler la face du Seigneur (appelés âmes du purgatoire) ont besoin de notre prière pour être purifiés ? « Elle peut non seulement les aider mais aussi rendre efficace leur intercession en notre faveur détaille le Catéchisme de l’Eglise. » (CEC § 958)

Double mouvement de prière
Cécile, catéchiste à Lausanne, détaille le double mouvement de prière qu’elle entretient avec les défunts : « Je prie ceux qui étaient proches du Seigneur, je leur confie mes préoccupations, mes enfants s’ils les ont connus par exemple. Quant à ceux qui n’étaient pas croyants, je demande à Dieu de se souvenir du bien qu’ils ont accompli et je fais dire des messes pour eux. » « Cette prière faite de part et d’autre est un échange d’aide mutuelle très précieux, résume le Père Couette. Ainsi s’exprime notre foi en la communion des saints qui réunit dans une même communauté spirituelle tous les sauvés, qu’ils soient encore sur terre ou qu’ils soient entrés dans l’éternité. »
Le miracle de Waldenburg, la main protectrice de saint Nicolas de Flüe
Photo: DR
Quand les saints interviennent et nous protègent
Prié par le peuple chrétien inquiet, le saint ermite a protégé la Suisse d’une invasion nazie, le 13 mai 1940, jour de la Pentecôte. A la veille d’une invasion allemande imminente, sur la frontière, dans le canton de Bâle-Campagne, une quinzaine de personnes voient pendant une dizaine de minutes une longue main lumineuse identifiée comme la main de saint Nicolas de Flüe. Si l’apparition n’a pas été reconnue par l’Eglise beaucoup la considèrent comme un miracle. Une chapelle la commémore. L’invasion allemande annoncée n’a pas eu lieu, les troupes nazies n’ont pas traversé le Rhin mais ont filé vers les Ardennes françaises.
Nos disparus proches de nous
Extraits. Ce que nous dit la foi chrétienne, d’après le livre : Réincarnation, résurrection, communiquer avec l’au-delà, de Mgr Jean Vernette (Salvator)
La vie se poursuit au-delà de la tombe, parce que Notre-Seigneur a vaincu la mort par sa Passion, sa Croix et sa Résurrection.
Nos disparus sont des vivants, parce que l’amour est plus fort que la mort. Leur mort qui est absence pour nous est aussi nouvelle naissance pour eux.
Nos disparus nous sont présents d’une présence à la fois spirituelle et réelle, quoique invisible. Ils attendent eux aussi le moment des retrouvailles.
Nos disparus gardent leur personnalité et leurs tendresses : ils continuent de nous aimer de tout leur cœur.
Nous sommes d’autant plus proches d’eux que nous essayons d’être plus proches de Dieu, puisqu’ils vivent alors de sa vie.
Le Pape est mortel
Par Thierry Schelling
Photo: Ciric« La question de la mort est la question de la vie », écrivait François à la Toussaint 2019. En bon jésuite, il sait que « tout est moyen vers une fin », y compris notre mortalité, qui relativise tout 1. En « franciscanisant 2 », il prie Dieu pour « notre sœur la mort corporelle », invitant à « prêter attention à chaque petite fin du quotidien, à chaque fin de mot, de silence, de page écrite… » dans un lâcher-prise que permet la foi en Christ mort et ressuscité (le kérygme), et qui prépare à l’étape finale…
Il évoquait d’ailleurs la sienne, dès son élection, en titillant les journalistes : « J’aurai un pontificat plutôt court… » Erreur ! Un septennat plus tard, c’est l’occasion pour lui d’appliquer les règles de discernement de vie et de mort quant à l’apparatus ecclésial…
Memento mori !
Changement à la Curie, nominations épiscopales de par le monde, choix des pays et des communautés visités, ton de ses encycliques, zoom sur certaines réalités humaines plutôt que d’autres, tout concorde vers une patiente conversion, qui est une petite mort : à des habitudes, des traditions… Pour toujours mieux vivre de l’Esprit du Christ. Ce qu’il répète dans ses sermons prononcés à la « Tous-Défunts »
(2 novembre) dans les cimetières et les catacombes de Rome. Et, face à la mort, et aux persécutions contre les chrétiens, il propose les Béatitudes et Matthieu 25 (« le grand protocole », il le nomme) comme carte d’identité authentiquement chrétienne à deux faces : « heureux », et « ce que l’on fait à autrui » au nom de notre foi…
Un Pape qui sème, d’autres moissonneront, si la graine tombée en terre meurt… (cf. Jn 12, 24).
1 Une intéressante méditation « à l’article de la mort » est proposée par Ignace dans ses Exercices Spirituels, au numéro 186.
2 Néologisme pour signifier son attrait plus que prononcé pour François d’Assise et la spiritualité franciscaine comme outil de son pontificat.
La chapelle de la Rosière (VS)
Sur la route du Grand-Saint-Bernard, Orsières offre un parcours dépaysant et spirituel qui conduit sur les traces du bienheureux chanoine Maurice Tornay, assassiné en 1949 au Tibet et mort en martyr de la foi.
Texte et photos par Bénédicte Jollès
Le chemin du bienheureux conduit de l’église d’Orsières où Maurice Tornay fut baptisé à son village natal : La Rosière. Il permet une jolie promenade à flanc de montagne au-dessus de la vallée de la Dranse.
Itinéraire : 4 km, durée : 1h30 aller, dénivelé : 320 mètres
1. A Orsières, rentrer dans l’église et visiter au sous-sol l’espace souvenir dédié au bienheureux chanoine, entrée par l’escalier à gauche du chœur. Il contient des objets personnels, le télégramme annonçant sa mort ainsi que des panneaux présentant cette personnalité hors norme dès l’enfance.
2. Rendez-vous sur la place centrale du village, devant la pharmacie. Repérer à côté des habituelles flèches jaunes indiquant le sentier, la vignette verte du visage de Maurice Tornay, c’est elle qui vous guidera.
3. Remonter la rue de la Commune, tourner à droite sur la rue Charrière Challant.
4. A gauche avant le pont, prendre la route de Potdemainge. Continuer, juste au niveau de l’école, prendre à gauche un petit chemin qui monte le long d’une barrière ornée de roues de bois.
5. En haut, traverser la route, laisser la fontaine à droite et continuer à monter quelques dizaines de mètres pour passer sous le pont.
6. Suivre le balisage qui emmène à droite. Continuer en passant Chez les Giroud et Chez les Addy.
7. A La Rosière, le hameau mérite un arrêt. La chapelle Sainte-Anne y retient l’attention, la Vierge et sa mère y sont régulièrement priées par les couples stériles. De touchants ex-voto offerts après des naissances de bébés inespérées ornent ses murs. Les vitraux colorés racontent la vie de Maurice Tornay.
8. En sortant de la chapelle, la rue à droite conduit à sa maison natale qui se visite.
Bon à savoir
Pour plus d’informations : mauricetornay.ch
Il est possible d’être hébergé en groupe à l’abri du pèlerin de La Rosière : salle de réunion (30 places), cuisine et dortoir (20 places). Réservation auprès de Sabine Lattion, tél. +41 78 628 73 55.
Le dernier samedi du mois d’août fête en l’honneur de Maurice Tornay à l’église d’Orsières.
En librairie – novembre 2020
Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin
Des livres
Sur les traces de l’au-delà
Jean-Pierre Longeat et Monique Hébrard
Pourquoi je vis ? Pourquoi je meurs ? Y a-t-il une autre vie après la mort ? Un enfer et un paradis existent-ils ? Beaucoup de nos contemporains, déconnectés des religions, s’interrogent sur les fins dernières de leur existence. Et ils s’en vont glaner des réponses dans les sagesses orientales ou l’ésotérisme. Dans ce livre, un moine bénédictin renommé et une journaliste reconnue proposent d’offrir à un large public des réponses tirées de la spiritualité et de l’expérience chrétiennes.
En lisant cet échange passionnant d’un bout à l’autre, on est frappé par la confiance en la vie, par l’énergie vitale qu’il diffuse.
Ed. Salvator
Acheter pour 32.10 CHFA la vie à l’amour
Marie-Axelle Clermont – Clémentine Le Guen – Camille Canard
Trois mamans qui ont perdu un enfant témoi-gnent de ce que la vie et la mort de leurs fils leur ont appris. Chacune à sa manière, elles nous racontent comment elles ont continué à avancer, au jour le jour, dans la souffrance mais aussi l’espérance. Comment elles font le choix de la vie. Parce que la vie et l’amour peuvent gagner. Ces témoignages mettent des mots sur les maux et redonneront courage à tous ceux qui sont dans la peine.
Ed. Emmanuel
Acheter pour 25.50 CHFMgr Vladimir Ghika: vagabond apostolique
Gaëtan Evrard – Louis-Bernard Koch
« J’irai là où l’amour de Dieu me conduira. » Né dans l’orthodoxie, Vladimir Ghika est éduqué, avec ses frères et sœurs, dans les bonnes écoles françaises de l’époque : voilà de jeunes orthodoxes dans un pays catholique qui suivent leur gouvernante au culte protestant ! Agé de 80 ans, il est arrêté en novembre 1952 et torturé, sans aucun égard pour son grand âge. Mais, tel saint Paul sous les verrous, il professe encore avec douceur que « rien n’est plus honorable que d’être détenu pour la cause de Jésus-Christ ». C’est une BD en hommage à la figure complexe d’un missionnaire laïc devenu prêtre pour le diocèse de Paris et qui a été un pont entre orthodoxie et catholicisme.
Ed. du Triomphe
Acheter pour 23.90 CHFDonne-toi le temps de vivre
Notker Wolf
Le manque de temps caractérise l’homme moderne qui vit à un rythme effréné, imposé par une société qui ne vise que le rendement et l’efficacité. Comment, dans ces conditions, prendre du temps pour soi, pour les autres, pour Dieu, pour nourrir sa vie intérieure et sa prière ? C’est à cette question que Notker Wolf tente de répondre. Dans un langage très simple, il nous donne son témoignage en tant que moine bénédictin. Confronté lui aussi au manque de temps, il nous donne des clés pour vivre le temps autrement et nous propose quelques moyens concrets comme savoir faire une pause dans sa journée de travail, redécouvrir le sens du dimanche, se rendre présent à la Présence de Dieu au milieu de ses activités.
Ed. des Béatitudes
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Patrick Cerchia: prier avec et pour les autres
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), novembre-décembre 2020
Par Jean-Marie Monnerat | Photo: C. Cerchia
«Nos activités pastorales ne peuvent porter un fruit qui demeure que si elles sont confiées au Père qui pourvoit à tout ce dont nous avons besoin», telle est la devise de Patrick Cerchia, diacre et chargé du ministère de prière et d’intercession pour les paroisses de Fribourg et environs. Sa vie est une succession d’étapes, parfois compliquées, qu’il surmonte avec le soutien du Seigneur dans la prière. À l’aube de ses soixante ans, il a déjà eu plusieurs expériences de vie. Voici quelques éléments de son histoire. Patrick Cerchia a vu le jour en janvier 1961 à Lausanne. C’est un enfant prématuré, né après six mois de grossesse seulement. Le temps passé en couveuse sera de deux semaines. Un temps bien trop court pour avoir une belle santé: son handicap découle de lésions irréversibles au cerveau, ce qui l’empêchera toute sa vie de se déplacer normalement. Pour lui, son handicap ne fait pas l’objet d’une importance particulière. Il le voit plutôt comme une complication dans son existence. Il s’attache à terminer une formation dans le domaine de la bureautique quand, à l’âge de 20 ans, il comprend que Dieu est au centre de sa vie. « J’ai voulu offrir aux autres ce que j’avais reçu, mais comment ? » explique-t-il. Devenir prêtre ? Trouver une autre voie ? Se marier ? Que de questions ! La réponse lui apparaîtra lors de sa formation à l’École de la foi, à Fribourg, complétée par trois ans d’études à l’Institut de Formation aux ministères (IFM), un mariage et un métier, celui d’assistant pastoral. « Notre couple est sans enfant, mais en accompagnant les jeunes dans différents domaines de la pastorale paroissiale, je peux dire que j’en ai eu des centaines » sourit-il.Le prochain changement important dans sa vie interviendra au cours de la quarantaine. « Jusque-là, je vivais comme si je n’avais pas de handicap, mais en fait celui-ci se manifestait de manière toujours plus importante, douloureuse et intrusive dans ma vie. Je sentais que mon corps n’arrivait plus à suivre. Par exemple, pour être en mesure de donner un cours dans une classe à 8h du matin, je devais me lever à 4h30. J’étais toujours plus fatigué et il ne m’était plus possible de continuer une activité à plein temps », poursuit Patrick Cerchia.
Dans ma tête je n’avais pas de handicap
Il lui aura alors fallu plusieurs années pour accepter que la perte graduelle de la motricité et les efforts qu’il avait dû fournir avaient usé son corps et que désormais il ne pourrait plus garder le même style de vie. Pour tenir compte de son état, il a d’abord travaillé à mi-temps, puis à 10 %, puis pour de courtes missions ponctuelles. « Dans ma tête je n’avais pas de handicap, j’ai été obligé d’apprendre à vivre avec celui-ci, c’est-à-dire à vivre le mieux et le plus paisiblement possible, sous le regard de Dieu » explique-t-il.
En accord avec son épouse, il a été ordonné diacre en 2002. « Je savais que je ne pourrais pas être au front de la même façon que mes confrères, mais il y a autant de manières d’être diacre que de personnes appelées. Selon une expression héritée du premier diacre permanent de notre diocèse, aujourd’hui décédé, M. Noël Aebischer, la vocation de diacre est celle d’un « serviteur inutile » et pourtant profondément essentielle à la vie ecclésiale : « inutile » parce que le travail que fait le diacre peut être effectué par d’autres personnes, assistant pastoral, laïc ou encore prêtre. Mais un diacre est encore bien davantage qu’un « serviteur inutile », sa mission est essentielle, car il se trouve au seuil de la porte de l’Église. Il fait le lien entre la communauté des fidèles et tous ceux qui se trouvent en périphérie. » C’est ainsi que Patrick Cerchia définit sa vocation.
L’efficacité de la prière
Depuis 10 ans, c’est donc par la prière qu’il vit sa mission de diacre et de fidèle engagé dans l’Église. « Je ne prie pas d’abord pour moi, mais pour tous ceux qui en ont besoin, même si je ne les connais pas. Je crois énormément à l’efficacité de la prière. Elle est essentielle à ma vie. »
Depuis deux ans, il est devenu animateur et coordinateur du groupe des supporters priants. Des supporters ? Une allusion aux supporters des matchs de football pour la terminologie, mais des supporters qui portent dans leurs prières les intentions des paroisses. Certains d’entre eux se rencontrent une ou deux fois par mois dans la chapelle de l’église Sainte-Thérèse et tous reçoivent chaque mois une liste d’intentions, envoyées par courriel ou par poste, rédigées par Patrick Cerchia, pour lesquelles ils vont prier. Ces intentions sont tirées de la vie des paroisses: rencontre des catéchistes, baptêmes, messe en famille ou rencontre des servants de messe, pour ne citer que quelques exemples.
Certes la situation sanitaire actuelle a pas mal modifié le fonctionnement du groupe, mais la prière reste toujours. « La prière est un chemin sûr pour donner un sens à ma vie, vivre et surtout transmettre et offrir aux autres ce que j’ai reçu. Je ne m’ennuie pas une seconde aujourd’hui » conclut Patrick Cerchia.
Avant la mort…
«On se demande si on sera vivant après la mort, au lieu de se demander si on sera vivant avant la mort» 1. Cette réflexion de Maurice Zundel signale un danger qui nous guette et nous échappe si souvent, celui de ne pas être vivant et de croire qu’on l’est!
La grotte de l’Ermitage de Saint-Ursanne, Jura
Par Amandine Beffa
Photo : Jean-Claude Gadmer

Alors que se clôture l’année jubilaire des 1400 ans de la mort de saint Ursanne, il n’est pas trop tard pour affronter les près de 200 marches qui mènent à l’ermitage où il vécut.
Dans la grotte, désormais fermée, l’ermite est représenté couché. Si elle ne semble pas spontanément inviter à un enthousiasme débordant, sa position n’est pas sans rappeler les nativités médiévales où la Vierge Marie médite sur toutes ces choses qu’elle gardait dans son cœur (cf. Lc 2, 19). Qu’est-ce que la vie érémitique, sinon se séparer du monde pour s’approcher du Christ et méditer ses mystères ?
Une statue d’ours semble veiller sur le saint. On raconte en effet qu’un ursidé ayant mangé l’âne qui lui permettait d’effectuer toutes les petites tâches de son quotidien, saint Ursanne lui aurait demandé de prendre sa place. Légende ou réalité, peu importe, l’ours fait partie des bêtes féroces qui seront rendues inoffensives et vivront sans distinction avec les animaux domestiqués. Nous lisons dans le livre d’Esaïe : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur. La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits auront même gîte. » (Es 11, 1-2.7) Ainsi, l’histoire de cet ours annonce la venue du Royaume de Dieu, à la fois déjà là (présent par la venue du Christ sur la terre) et pas encore.
La vie de saint Ursanne, comme celle des autres saints, nous invite à mettre nos pas dans les siens pour rechercher la proximité avec le Seigneur et nous préparer à la venue de ce Monde à venir.
Le mois de novembre sous le signe de l‘Espérance
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), novembre 2020
Par Anne-Marie Colandrea | Photo: DR
Le calendrier liturgique rythme le mois de novembre des fêtes de tous les Saints, de la mémoire de tous les fidèles défunts, à l’entrée dans le temps de l’Avent. Ne serait-ce pas une certaine illustration des promesses de l’Espérance ? Mais qu’est-ce que l’Espérance ?L’une des plus belles odes à l’espérance demeure celle de Péguy dans Le Porche du Mystère de la deuxième vertu, dont voici un extrait.
« La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’Espérance. La Foi ça ne m’étonne pas. Ce n’est pas étonnant. J’éclate tellement dans ma création. La Charité, dit Dieu, ça ne m’étonne pas. Ça n’est pas étonnant. Ces pauvres créatures sont si malheureuses qu’à moins d’avoir un cœur de pierre, comment n’auraient-elles point charité les unes des autres. Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’Espérance. Et je n’en reviens pas. L’Espérance est une toute petite fille de rien du tout. […] La Foi voit ce qui est. La Charité aime ce qui est. L’Espérance voit ce qui n’est pas encore et qui sera. Elle aime ce qui n’est pas encore et qui sera. […] Et en réalité c’est elle qui fait marcher les deux autres. Et qui les traîne, et qui fait marcher le monde. »
L’espérance en acte, n’est-elle pas également illustrée à l’occasion de fêtes liturgiques que nous célébrons tout simplement en assemblée paroissiale ? Ainsi, nous nous sommes retrouvés pour la fête patronale, autour de la « Petite Thérèse », ce dimanche 4 octobre qui s’annonçait avec sobriété : nous ne pouvions pas envisager de repas paroissial, ni d’animations pour les enfants. Et pourtant, la joie d’être réunis s’est pleinement manifestée dans la simple et belle célébration eucharistique, quoi de plus ? Elle réunissait des représentants de nos 3 communautés : Sainte-Thérèse, Saint-Joseph et la communauté polonaise. La présence des enfants de tous âges et de leur famille rassemblant toutes les générations. Et les regards pétillants des tout-petits découvrant l’histoire de cette enfant qui voulait passer son ciel à envoyer des grâces sur la terre comme des pluies de roses. De même, les célébrations des premières communions attendues depuis le mois de mai ont touché une fois de plus les fidèles paroissiens comme les nouveaux visages venus accompagner les familles et les amis des communiants. Même si ce sont des rendez-vous habituels, fort heureusement il n’y a pas de routine pour la grâce ! Au cours des deux jours de « retraite » des enfants, nous voyons les changements, les grâces dans l’émerveillement qui traverse leur regard. Par petites touches, ils s’approprient l’expérience de la rencontre dans l’eucharistie. La routine n’envahit pas non plus le cœur à l’ouvrage de tous ceux et celles qui offrent de leurs talents au cours de ces journées pour que la Beauté et la Bonté se manifestent parmi nous.
Que faire du Notre Père?
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), novembre 2020
Photos: Photothèque Unige, lachristite.canalblog.com
Le Notre Père est la prière chrétienne par excellence. Les évangiles de Matthieu et de Luc rapportent que c’est Jésus lui-même qui l’enseigna à ses disciples. Prière commune à toutes les confessions chrétiennes, enseignée, récitée, pastichée, elle fait partie de notre patrimoine culturel. Pourtant, les récents débats sur la traduction française du Notre Père ont rappelé les difficultés posées par la lettre du texte ; et l’appellation même de Père n’est plus consensuelle. La récitation du Notre Père appartient-elle dès lors aux temps anciens ? Cette prière est-elle à reléguer dans les mémoires d’un christianisme (dé)passé ?Pour tenter de répondre à ces questions, le cours public de la Faculté de théologie de l’Unige donnera la parole, cet automne, à des spécialistes des différentes disciplines de la théologie (voir programme https://www.unige.ch/theologie/actualites/que-faire-du-notre-pere-cours-public/).
En ouverture de ce cours, Andreas Dettwiler, professeur de Nouveau Testament à l’Unige, s’est posé cette question : le Notre Père est-il une prière chrétienne ? Voici un bref aperçu de ses réflexions.
Un étrange paradoxe
En prélude, le professeur Dettwiler a donné lecture d’un extrait de la première strophe du Qaddish (sanctification), qui est une des rares prières araméennes de la liturgie synagogale : « Que soit magnifié et sanctifié son grand nom… Et qu’il fasse régner son Règne… ».
Il l’a mise en parallèle avec Matthieu 6.9.10 : « … Notre Père qui es aux cieux ! Que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne… ».
Pour le professeur Dettwiler, le constat est sans appel, le Notre Père est une prière juive, ni plus ni moins. Toutes les affirmations du Notre Père, sans exception aucune, s’inscrivent dans le judaïsme de l’époque. Alors, comment se fait-il que cette prière juive soit devenue la prière par excellence du christianisme ? Toute prière, y compris le Notre Père assume une fonction identitaire. Dis-moi quelle prière tu récites et je te dirai à quel groupe religieux tu appartiens.
Le Notre Père remonte-t-il au Jésus de Nazareth historique ?
Tout plaide en faveur de cette thèse, pour le professeur Dettwiler qui a rappelé que Jean Zumstein, théologien, a ainsi résumé les arguments principaux qui soutiennent la thèse de l’authenticité historique de cette prière : « Le Notre Père s’intègre parfaitement dans le monde juif du Ier siècle… Sa langue, les images et les notions qu’il utilise sont profondément enracinées dans la pratique juive de la prière et la liturgie de la synagogue. Seul un Juif nourri par la piété et la foi de son peuple peut s’être exprimé de cette manière. Et Jésus était précisément ce Juif-là. » Autre argument : « Le Notre Père ne contient aucune affirmation sur la personne de Jésus, sur la foi qui serait liée à son nom, sur la signification de sa mort et de sa résurrection. Elle ne fait pas davantage appel à des notions centrales pour les premiers chrétiens, telles que l’Esprit saint… ou l’Eglise. » Enfin, le Notre Père s’intègre harmonieusement dans ce que nous savons de la prédication de Jésus (conviction de l’avènement imminent du Règne de Dieu, etc.). Jésus aurait-il récité lui-même cette prière ? Pour le professeur Dettwiler, rien n’interdit de le penser.
Le Notre Père : quelle vision de Dieu et de l’être humain ?
Ulrich Luz, bibliste et théologien protestant suisse récemment disparu, en a donné la version suivante, a rappelé le professeur Dettwiler : « Le Notre Père commence par trois demandes centrées sur Dieu lui-même. Ce sont elles – et non mes demandes pour la réalisation des désirs humains – qui ouvrent la voie. Le fait que ces trois demandes centrées sur Dieu n’excluent pas l’être humain, mais incluent ce qui constitue le fondement de sa vie, devient immédiatement perceptible dans ce qui suit. Dieu n’est jamais sans l’être humain ; il est toujours son Créateur, le fondement de la vie, son partenaire et son vis-à-vis aimant. »
Dieu est donc un souverain bienveillant – métaphore familiale du « père » – et un souverain tout puissant – métaphore du « ciel ». L’humain, pour sa part, ne maîtrise pas sa vie, il est dépendant, fragile, faillible, tout en étant cependant capable du pardon et d’une confiance élémentaire (prière), a ajouté le professeur Dettwiler.
Le jeu des comparaisons : pièges et promesses
« Le Notre Père est tout sauf – en anglais – “naive” selon Hans Dieter Betz, spécialiste du Nouveau Testament, a rappelé le professeur Dettwiler. Malgré son extrême brièveté et son caractère polysémique, il condense en quelques lignes plusieurs éléments essentiels de la théologie de Jésus de Nazareth, sa manière de comprendre Dieu et l’être humain. Faudrait-il dès lors prendre le Notre Père pour un ABC de l’enseignement de Jésus ? Le professeur Dettwiler dit hésiter. Ulrich Luz, également spécialiste du Nouveau Testament, s’est ainsi prononcé sur le lien entre le Notre Père et son locuteur : “Est enfin typique de Jésus l’eschatologie, la vision de l’avenir, du Notre Père. Elle correspond à celle des paraboles de Jésus sur le Règne de Dieu, des paraboles qui ne veulent pas parler sur le Règne de Dieu, mais qui veulent, à partir (de l’expérience) du Règne de Dieu, éclaircir la vie quotidienne”. »
A qui appartient le Notre Père ?
A Jésus ? Jésus a partagé le sort de tous les auteurs d’hier et d’aujourd’hui qui, au moment de diffuser leurs textes, leurs idées, leurs pensées font l’étrange expérience que ce qu’ils ont produit ne leur appartient plus. Certes les Eglises ont eu le mérite d’avoir transmis ce texte de génération en génération. Mais en préservant cette mémoire, a conclu le professeur Dettwiler, les Eglises ont pris un risque considérable : elles ont décidé de maintenir en vie une parole qui les mettait constamment en question, une parole qui sollicitait le pardon divin mais exigeait également des gestes de pardon entre les humains, une parole enfin qui évoquait l’énigme du mal sans fournir de solutions très rassurantes, une parole qui, du coup, dénonçait la volonté illusoire de la maîtrise sur tout, de nous-mêmes et de nos vies.
Mort et vie
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), novembre 2020
Par Thierry Schelling | Photo: DR
Mourir : trépasser, succomber, s’éteindre, décéder, expirer, mais aussi caner, clamser, claquer, calancher…Un jour. Une fois. Une seule fois ?
Mourir à des idées, des préjugés, des projets, des relations. Mourir à soi, un peu chaque jour. Pour (re)naître. Selon le cycle non pas tant naturel – éternel recommencement… – mais « résurrectionnel » – toujours vers l’après… –, à l’image du Christ, « mort une fois pour toutes », et « vivant éternellement ». Et si nos morts étaient en fait des passages vers plus de reviviscence ?
Mourir, nourrir, sourire, pourrir… pour ne citer que quelques rimes dans un champ sémantique élargi. Entre réalisme et espérance. « Il y a quelque chose après, j’en suis sûr », me confient des parents de défunt lors de la préparation de ses obsèques. Fin espoir, rai d’un lendemain, mince comme un cheveu d’ange ?
La mort brutale, cruelle, violente, sanglante, comme celle de martyrs ou de défenseuses et -eurs des Droits humains interpelle. Dérange. Fragilise. Mobilise, aussi : ACAT, Amnesty International…
La mort inattendue, comme celle de l’abbé Marc Passera, déconcerte, rend aphone. La mort, seul.e, comme celle d’un.e conjoint.e lors du confinement strict, déchire, chamboule, « tsunamise » les survivant.e.s.
La mort, plus attristante quand elle prend la chair d’êtres que j’aime : Esther Cordero, ma grand-mère ? Annie Cordy ? Sari, le chien de mon voisin…
« Rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu », assure saint Paul. Telle est notre foi. Rien, donc y compris la mort, la souffrance, la solitude. Ni la haine, la calomnie, la diffamation, l’insulte qui sont des armes mortelles… Les mots tuent, parfois.
Or, on peut aussi mourir… de rire, d’aimer, de chagrin, de faim, au monde (pour qui entre dans un ordre religieux), au péché… Mourir conduit aussi à la vie… à plus de vie… Pourquoi pas à la « mieux-vie » ?