Les messes et repas interculturels de la paroisse Saint-Joseph à Lausanne-Prélaz

 

Par Pascal Ortelli
L’interculturalité fait partie de l’ADN de la paroisse Saint-Jo- seph du quartier Prélaz-Malley à Lausanne. Depuis trois ans et sous l’impulsion de l’abbé Boniface Bucyana (curé modérateur de l’UP Prilly-Prélaz), des messes et repas interculturels sont organisés pour partager les richesses des uns et des autres.

Chacun reçoit, chacun donne
Au départ, les différentes communautés linguistiques célébraient la messe dans leur coin, « un peu comme un cheveu sur la soupe », déplore l’abbé Boniface. Les habitués de la paroisse regardaient cela de loin. Pour favoriser un rapprochement, le prêtre a proposé alors à ces communautés d’animer à tour de rôle chaque deux mois, la messe ordinaire du dimanche matin avec des chants dans leur langue et quelques gestes liturgiques propres à leur culture.

«C’est formidable! L’organiste a même accepté de jouer des partitions tirées de leurs musiques traditionnelles. On échappe ainsi à l’ostracisme d’une célébration faite dans son coin et cela nous fait voyager, tout en restant sur place», précise l’abbé Boniface. La recette fait mouche.

Aujourd’hui, il peut compter sur la présence régulière des communautés camerounaise, vietnamienne, érythréenne, italienne et rwandaise, tandis que de nouvelles demandes lui parviennent de la part des communautés indonésienne, polonaise et tamoule.

La communauté qui anime la messe prépare ensuite un repas typique. Cela permet de vivre en acte ce que l’on vient de célébrer en prolongeant le partage dans la convivialité.

Même si la pandémie empêche encore de se réunir, la paroisse ne perd pas espoir; en plus de cela, elle souhaite proposer au plus vite des repas solidaires interculturels à intervalle régulier.

Une paroisse haute en couleurs
La paroisse Saint-Joseph ras- semble les catholiques de l’Ouest lausannois. Elle est composée de plus de 80 nationalités et cultures différentes. Elle a été voulue dès 1934 dans ce quartier en pleine expansion, sous l’impulsion du curé Jacques Haas (1934-1958), à qui l’on doit la création du Centre catholique de radio et de télévision devenu aujourd’hui Cath-Info.

Nous sommes tous appelés à servir

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Val d’Hérens (VS), octobre 2020

Par Laurent Ndambi | Photo : DR

Les changements inattendus que nous venons de connaître au sein de notre secteur pastoral du Val d’Hérens avec la démission de l’abbé Claude Pauli et l’accueil du nouveau vicaire, abbé Andrien Taha, nous invitent à être à l’écoute de l’Esprit. Ces mêmes changements nous invitent aussi à ne pas oublier que l’irruption de Dieu dans l’histoire des hommes a été accueillie comme une bousculade. L’homme a senti que ses assurances étaient tombées ! Il s’est senti désinstallé, déménagé, renversé ! 

Tout changement avec ses inconnues nous plonge quelque part dans une certaine incertitude. Mais, celle-ci est toujours du côté de l’homme dans la mesure où il est incertain de lui-même et de son avenir. C’est une bonne chose que pareille incertitude puisse nous permettre de compter sur la certitude de la foi dans l’action de Dieu, dans notre abandon en sa divine providence. Ce n’est pas un abandon aveugle, si ces changements pouvaient être une occasion de nous rendre compte que le service de l’Eglise n’est pas seulement l’apanage des prêtres, mais de chaque communauté où des paroissiens n’ont pas besoin de la présence du prêtre pour se réunir et prier le chapelet, pour faire l’adoration du Saint Sacrement, pour un partage biblique, une visite des malades, pour accompagner les familles éprouvées, pour apprendre la vie chrétienne en famille, pour aller à la messe dans une autre paroisse car l’heure est à la mobilité, ou encore pour vivre une solidarité avec les plus pauvres, etc.

Bref, ne nous interrogeons pas sur l’avenir de notre Eglise, mais prenons-en tous, en tant que chrétiens, la responsabilité.

«On n’est jamais heureux que dans le bonheur qu’on donne. Donner c’est recevoir»*

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Clins Dieu sur les Contrées (VS), octobre 2020

Par Marie-Noëlle Favre, responsable du magasin solidaire | Photo: DR

Combien de familles, de personnes seules ont été aidées par le magasin solidaire NOLOCOPARTAGE depuis son ouverture en novembre 2016 ?

Grâce aux communes, aux églises, aux bénévoles, chauffeurs, commerces de la région, fondations, et vous qui nous aidez lors des récoltes, par vos dons, nous arrivons à rendre des gens heureux…

Proches & solidaires
Contact : Marie-Noëlle Favre – 079 818 45 86

Noble et Louable Contrée Partage 
Fournir nourriture, habits, régler des factures urgentes, donner la possibilité à des enfants de vivre sans honte et tristesse.

La faim, la peur, l’angoisse, la solitude, le mal vivre, la rage, tout cela on le côtoie au magasin et pourtant les bénévoles ont compris qu’en plus de leur travail, de leur écoute, de leur joie à fournir de la nourriture :

«Un sourire coûte moins cher que l’électricité, mais il donne autant de lumière. *»

Que dire de la joie des chauffeurs lorsqu’ils nous apportent tous les lundis, mercredis et vendredis les invendus des commerces ? Ils savent que cela sera utile pour des familles. Combien de fois nous entendons « mais si nous n’allons pas chercher cette marchandise? »

«Il ne faut pas attendre d’être parfait pour commencer quelque chose de bien. *»

Vous qui êtes dans le besoin, vous qui pouvez aider bénévolement et qui avez envie de le faire, venez, nous sommes là.

«Le plus grand échec c’est de ne pas avoir le courage d’oser. *»

* Citations de l’abbé Pierre.

Mission salésienne en terre octodurienne ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), octobre 2020

Par André et Valérie Pianta | Photo: DR

Pourquoi Don Bosco s’intéresserait-il à Martigny ? Forts de ces mots de leur Père spirituel Don Bosco qui dit : « Les jeunes sont la partie la plus délicate et la plus précieuse de notre société », André et Valérie Pianta, Salésiens Coopérateurs de Don Bosco, ont décidé d’ouvrir une mission salésienne : Les Ateliers Jean Bosco.L’Office fédéral de la statistique relève que « les jeunes qui renoncent prématurément aux études représentent potentiellement une population à risque parce que les perspectives sur le marché du travail sont limitées pour des personnes sans formation postobligatoire ». Or, ce même office constate qu’en 2019, 5% des jeunes âgés entre 18 et 24 ans sont sans diplôme et ne fréquentent pas un cycle de formation ! Les éducateurs de rue de Martigny estiment que « près de 150 jeunes âgés de 16 à 25 ans sont sans formation et, très souvent, sans emploi. Le risque est donc qu’ils se marginalisent et se replient sur eux-mêmes ». 1

Agé de 19 ans, Jérôme * a déjà un parcours de vie difficile : à 15 ans, c’est la fin de la scolarité obligatoire. Il en fait voir de toutes les couleurs à ses enseignants car il ne comprend rien : étant dyslexique, les textes lui sont incompréhensibles. En maths, il ne comprend pas les consignes des problèmes à résoudre ; en français, il n’aime pas lire. Il occupe donc son temps en classe à bien d’autres choses ; en autres à faire des bêtises. Il a redoublé en classe primaire, et à 15 ans, on lui dit qu’il ne peut pas continuer l’école. Ouf ! Enfin la liberté. Mais il n’a pas de diplôme, pas le niveau scolaire pour commencer un apprentissage : c’est la galère qui commence. Il traîne dans la rue, fait de mauvaises rencontres : la spirale infernale débute : vivre la nuit, dormir le jour, le dimanche et le mercredi, c’est la même chose ! Il sort quand ses parents rentrent du travail, et rentre pour dormir quand ils partent au travail… Certains de ses copains ne sortent même plus, accrochés à leur smartphone sur des jeux et des réseaux sociaux qui les coupent de toute vie sociale réelle.

On lui propose des programmes d’insertion, sans succès ; des cours qui sont toujours semblables. Il ne gagne pas d’argent mais en dépense pour assouvir sa consommation de drogue ! Aujourd’hui, il veut s’en sortir : il demande à pouvoir réapprendre à se former. Il rêve de décrocher un CFC, de trouver du travail et vivre de manière indépendante, avec ce qu’il a gagné.

Les structures officielles d’orientation et de placement lui ont proposé des stages en entreprises, des cours. Mais son désintérêt, son découragement et son instabilité ont fait échouer toutes ses tentatives d’insertion. Il réalise que toutes les portes lui sont progressivement fermées et il ne lui reste plus que le service social pour lui permettre d’avoir un toit et de quoi vivre chichement. Jérôme exprime maintenant clairement sa volonté de s’investir dans une formation car il sait qu’il peut apprendre, mais qu’il a tout perdu et il a conscience qu’il lui manque de nombreuses connaissances qu’il n’a pas assimilées au Cycle d’Orientation. Malheureusement, plus grand monde ne croit en lui et en ses capacités à rebondir dans une démarche de formation. Il se retrouve sans aucune ressource financière car il n’est plus à charge des parents et il n’a jamais exercé une activité professionnelle rémunérée.

Les Ateliers Jean Bosco (AtJB) lui proposent le regard de Don Bosco, qui lui permettra peut-être enfin de croire en un avenir. Comme l’a fait et enseigné Don Bosco, notre mission est de chercher cette petite lumière de vie qui existe et qui est parfois enfouie et protégée au plus profond de chacun. Celle-ci permettra au jeune de reprendre confiance en lui et de se sentir aimé de l’amour de Dieu. Grâce à ce regard qui relève, il peut commencer à sortir de cette spirale de l’échec, de la désocialisation, voire de la délinquance et envisager de réapprendre à vivre en société et à acquérir les compétences scolaires, sociales et psychologiques nécessaires pour débuter et réussir une formation professionnelle.

Les AtJB proposent aussi un Accueil Sénevé destiné aux enfants dès 8 ans pour les accompagner dans leurs devoirs scolaires et offrir un espace d’écoute aux parents.

Les Ateliers Jean Bosco font partie du Réseau Don Bosco Action Sociale, mais ne reçoivent aucun soutien financier public. Ils ne peuvent donc exister qu’avec l’aide de fonds privés. L’avenir de cette mission ne peut être assuré qu’avec la participation de personnes bénévoles convaincues de cette présence auprès de ces enfants et de ces jeunes, ainsi que de donateurs apportant leurs soutiens financiers.

Poussez la porte des Ateliers Jean Bosco, Rue d’Octodure 1, à 50 m de l’église de Martigny-Ville. Nous vous accueillerons avec plaisir.

1 Le Nouvelliste, 4.12.2019

* Nom d’emprunt

30 ans de sacerdoce pour l’abbé Dominique Theux

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs Monthey et Haut-Lac (VS), octobre 2020 Par Sandrine Mayoraz | Photos: Pascal Theux, Bernard Cachat«Viens, suis-moi», pouvait-on lire sur les cartes d’ordination de Dominique Theux le 10 juin 1990. Après trente ans de sacerdoce, il est toujours heureux d’être prêtre, à la suite de notre Seigneur. Ordonné prêtre à la […]

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Le Rocher de la Dame (VD)

Entre Chexbres et Rivaz, le séculaire chemin de la Dame offre l’un des plus beaux points de vue sur le Léman et les Alpes.

Texte et photos par Bénédicte JollèsLe chemin de la Dame débute au bas du village de Rivaz et serpente entre les parcelles de vignes ourlées de murets de pierres. En le parcourant, vous traversez le domaine du Dézaley, un grand cru du Lavaux. Au XIIe siècle, les moines cisterciens développent leurs cultures sur ces coteaux ensoleillés. Profitez des paysages à couper le souffle, sources d’inspiration de nombreux peintres. Dans le prolongement du chemin de la Dame, un sentier herbeux conduit au Rocher de Notre-Dame surplombé d’une croix métallique. C’est un lieu de pèlerinage fréquenté jusqu’en 1863 : il permettait aux pèlerins qui ne pouvaient aller jusqu’à la cathédrale de Lausanne, interdite au culte catholique, de la contempler, particulièrement lors de la fête de l’Annonciation. 

En redescendant dans le village de Rivaz, siège du Conservatoire mondial du chasselas, poussez jusqu’au village viticole de Saint-Saphorin. Il compte parmi les plus beaux villages suisses, son centre historique aux ruelles pavées et sinueuses mérite le détour. L’église gothique renferme des restes gallo-romains, en particulier une splendide colonne romaine milliaire de l’an 53 (à droite de la porte d’entrée). Au sous-sol, profitez de son petit musée.

Itinéraire et durée du parcours

Gare de Rivaz, Rocher de la Dame : aller-retour 1 heure, dénivelé : 300 mètres

1. Rejoindre la gare de Rivaz, à 20 minutes de Lausanne. En voiture, places de parking autour du village.

2. Remonter la route de Sallaz vers le centre du village, tourner à gauche et prendre la rue du Collège puis à droite le chemin du Forestay.

3. Passer le pont, monter à gauche le chemin du Dézaley et continuer sur le chemin de la Dame.

4. Arrivé en haut du chemin de la Dame, traverser la route de la Corniche et prendre en face le petit escalier de pierre et le chemin herbeux dans les vignes. 

5. Monter sur 200 m et prendre le chemin à gauche vers la porte métallique. L’ouvrir, vous êtes à 50 mètres du rocher de la Dame surplombé d’une grande croix.

Variante jusqu’à Saint Saphorin : 45 minutes aller et retour

Dans Rivaz rejoindre le chemin du Rosset et passer devant le cimetière, suivre les indications fléchées en jaune.

Les Jeunes Bénévoles

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs Monthey et Haut-Lac (VS), octobre 2020

Par Emilie Hohenauer | Photo: Gaëtan Steiner

Pour un adulte, être bénévole en paroisse, c’est assez simple, on reçoit 2-3 consignes et hop c’est bon ! Mais pour un ado ou un jeune, ce n’est pas si simple ! A l’âge des incertitudes et des doutes, même si la motivation est là, il est bon de se former. Le Service Diocésain de la Jeunesse l’a bien compris et a mis en place une solide formation pour nous ! Ce challenge est relevé par Gaëtan Steiner et son équipe sous le nom de JB comme « Jeunes bénévoles ».Les jeunes ont tous entre 11 et 18 ans (voire même plus) et se rencontrent le temps d’un week-end dans le but de devenir aides-animateurs et même animateurs. Cette formation se divise en quatre catégories d’âge.

JB START : pour les jeunes qui sont dans leur 8e année Harmos ; ils travaillent sur l’initiation et une découverte de ce qu’est réellement la fonction d’animateur ou aide-animateur.

JB1 : pour les jeunes à partir de 12 ans ; ils approfondissent leurs connaissances sur la façon d’animer un petit groupe pour la catéchèse par exemple.

JB2 : pour les jeunes à partir de 14 ans ; ils développent des compétences personnelles ainsi que des connaissances sur la Bible qui sont plus développées. Ils apprennent aussi à animer des messes et des moments de prière comme l’adoration du Saint-Sacrement. Ils apprennent aussi à organiser un camp avec des activités.

JB3 : pour les jeunes adultes à partir de 18 ans ; ils participent à six journées de formation sur la Bible et la théologie et prennent la responsabilité d’un nouveau projet dans leur paroisse ou secteur. La première volée avec ses six JB3 obtiendra son attestation de responsable-animateur en juin 2021. 

Rencontres de formation
La rencontre de formation est organisée en général à l’internat du collège de l’Abbaye de Saint-Maurice. Au programme, après des jeux pour faire connaissance, les sujets suivants : la connaissance de soi, le développement personnel, le fonctionnement et la gestion d’un groupe. Un programme vaste et varié, qui n’empêche pas la rigolade et la joie pendant ce super week-end !

Les moments de prières comme la procession du samedi soir jusqu’à la chapelle des martyrs de Vérollier, une messe et des moments de réflexion viennent enrichir ce formidable week-end. 

Un envoi pour s’investir en paroisse
A la fin de cette formation, tous les jeunes reçoivent une attestation. Comme un envoi à s’investir plus dans nos paroisses ! Mais le jeune n’est pas « largué », au contraire, car chacun a un référent de formation qui le suit tout au long de son parcours en paroisse : une aide pour l’assurer à s’investir davantage.Une nouvelle formation JB1 et JB2 est organisée sur le week-end des 14 et 15 novembre à l’Abbaye de Saint-Maurice. 

Info et renseignements : sdj@cath-vs.ch, Gaëtan Steiner au 077 446 31 09.

Infos et inscriptions jusqu’au 25 octobre : Sandrine Mayoraz au 079 739 24 22 et Valentin Roduit au 079 855 44 39.

«Tu aimeras le Seigneur et ton prochain»

Par François-Xavier Amherdt
Photo: Pixabay
Au fond, c’est dans le grand commandement de la Bible que les communautés religieuses puisent leur élan d’engagement. Elles se mettent au service des autres pour que nous fassions tous de même.

La vie religieuse par ses trois vœux de pauvreté, obéissance et chasteté anticipe ce à quoi nous sommes tous promis dans la vie éternelle et rappelle à l’ensemble des baptisé-e-s le sens de l’existence chrétienne : Dieu seul nous comble, il nous rend totalement libres et son amour nous suffit.

Puisqu’elles sont dans le monde sans être du monde, les congrégations de consacré-e-s recréent des liens dans la société pour que l’amour de Dieu se donne à voir concrètement.

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même » correspond à « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. » (Marc 12, 30-31)

Telle est la vraie « religion », du latin « religare », relier : en tissant des relations entre les êtres, nous imitons à notre humble mesure ce qui fait l’essence même de Dieu Trinité des Personnes.

« Si quelqu’un jouissant des biens de ce monde voit son frère dans la nécessité et lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeurerait en lui ? » (1 Jean 3, 17)

Affirmer servir Dieu et ne pas servir ses frères et sœurs en humanité, c’est s’installer dans le mensonge. C’est en actes et en vérité, pas seulement en mots et en langue, que nous sommes invités à nous aimer les uns les autres. Un véritable programme de vie « reliée – religieuse » !

Le temps et l’écoute

Par Sœur Catherine Jerusalem
Photo: DRServir Dieu pour servir l’autre ! Je pense que l’on peut tout à fait le formuler ainsi. Les fondatrices et fondateurs de communautés religieuses, tout en cherchant Dieu, ont voulu mettre en pratique le premier alinéa du Catéchisme de l’Eglise catholique : Dieu appelle l’homme, l’aide à Le chercher, à Le connaître et à L’aimer de toutes ses forces… Ceux qui à l’aide de Dieu ont accueilli l’appel du Christ et y ont librement répondu, ont été à leur tour pressés par l’amour du Christ d’annoncer partout dans le monde la Bonne Nouvelle.

Mais comment aimer et servir Dieu, le grand invisible, sinon dans le prochain ? L’Evangile nous donne des pistes (Mt 25). Traverser la vie en ayant les yeux ouverts, sauter dans la brèche, s’engager là où personne n’est disponible, c’est ce que les communautés religieuses ont su faire tout au long des siècles. Et quand l’Etat et la politique ont compris un peu mieux le « Droit de l’homme », les communautés religieuses ont su se retirer humblement pour trouver d’autres lieux d’apostolat. La différence du travail d’une religieuse par rapport à un salarié c’est l’écoute, c’est le temps… A la religieuse on ne demande pas un dévouement en rapport avec son salaire, elle peut donner un plus sans rendre de comptes à l’Etat.

Service, François!

Par Thierry Schelling
Photo : Jean-Claude GadmerMini-révolution dans la nomen­clature de l’Annuario Pontificio 2020 : des usuels huit titres pontificaux, seul celui d’évêque de Rome reste en première page sous le nom de François ; les autres sont regroupés sous « titres historiques »… dont celui de Servus Servorum Dei, Serviteur des serviteurs de Dieu 1… Le Pape servant autrui serait-il donc un détail de l’histoire ecclésiastique ?

Servir vraiment les pauvres
François conjugue le mot « service » à tous les temps : service des migrants d’abord, avec ses visites à Lampedusa et Lesbos, ses innombrables (r)appels de leur drame en Méditerranée aux Angélus dominicaux, l’élévation inédite au cardinalat 2 du sous-secrétaire de la section « Migrants » du dicastère correspondant 3. Service des pauvres évidemment : rôle redimensionné du jadis très cérémonial 4 Elemosiniere di Sua Santità (aumônier de Sa Sainteté), désormais envoyé auprès des barboni (clochards) à qui ils offrent douches, centre dentaire, soirée ciné, sortie à la plage, et même des glaces ! Service des souffrants également : coups de téléphone à une veuve, à des parents dont l’enfant est décédé, à une victime de racket, etc. Enfin – et non des moindres –, service des personnes en marge de la bonne catholicité : divorcés, personnes homo et transsexuelles, prêtres en difficultés personnelles, en essayant de les intégrer et non de les stigmatiser. La personne concrète avant la théorie de la personne… L’Eglise, hôpital de campagne…

La joie du service !
Il l’a écrit : « L’Evangile invite avant tout à répondre au Dieu qui nous aime et qui nous sauve, le reconnaissant dans les autres et sortant de nous-mêmes pour chercher le bien de tous. […] Si cette invitation ne resplendit pas avec force et attrait, l’édifice moral de l’Eglise court le risque de devenir un château de cartes, et là se trouve notre pire danger. » (Evangelii gaudium, 39)

Roma locuta, causa finita !

1 On attribue à Grégoire I (590-604) l’invention de ce titre pour un pontife romain.
2 Le choix d’un cardinal reste souvent une façon de donner un message sur sa vision de l’Eglise.
3 Le nom du dicastère est d’ailleurs « pour le service du développement humain intégral » !
4 François avait dit au titulaire, le cardinal Krajewski : « Tu ne marcheras plus derrière moi aux cérémonies ! »

Servir l’autre pour servir Dieu…

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), octobre 2020

Par Karin Ducret

Qu’est-ce que cela signifie finalement de « servir Dieu » ? Jésus disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. » Les disciples se souviennent bien du plus grand commandement de la loi : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là.  Mais comment aimer Dieu en vérité ? Dans notre vie de tous les jours avec nos mille occupations et responsabilités ? Voici le conseil de Thérèse d’Avila 1, une figure majeure de la spiritualité chrétienne : « Le Seigneur nous demande seulement deux choses : que nous l’aimions et que nous aimions notre prochain. Si nous nous efforçons à cela, nous accomplissons sa volonté. Il nous est difficile de savoir si nous aimons Dieu, mais nous pouvons savoir avec certitude que nous aimons notre prochain ! Soyez certains de ceci : plus vous ferez des progrès dans l’amour du prochain, plus vous en ferez dans l’amour de Dieu ! » Quel conseil lumineux ! Ne rencontrons-nous pas constamment des personnes engagées dans un service d’amour du prochain ?

Voici Germaine. Elle avait appris de son père que « c’était une honte d’accepter un salaire pour rendre service. » ! Infirmière, elle s’était occupée de ses parents malades, a fait du catéchisme et s’occupe encore aujourd’hui de la grotte de Notre-Dame, du service à la sacristie, de l’animation hebdomadaire de l’Adoration eucharistique, du nettoyage du linge liturgique avec Madeleine…. Et voici Aïda. Cette ancienne assistante sociale réunit en 2013 ses connaissances protestant-e-s et catholiques autour du projet d’une « épicerie solidaire ». Aujourd’hui une quinzaine de bénévoles et quelques requérants d’asile distribuent des denrées alimentaires et produits d’hygiène à une centaine de familles envoyées par l’Hospice général… Et encore Pierre. Pour lui c’est une évidence, « c’est dans ses gènes » de vivre tous les jours ce que l’Evangile nous enseigne le dimanche… Enfant de chœur, scout, catéchiste, président de CC, féru d’œcuménisme, il était membre il y a déjà 25 ans d’un groupe œcuménique s’occupant de requérants d’asile, il était membre actif du Groupe œcuménique Tiers-Monde, et encore aujourd’hui est de tous les combats pour aider son prochain – Epi-Sol, SORA, 3ChêneAccueil… Quand nous servons l’autre, nous servons Dieu !

1 Prière extraite du Château Intérieur (Ve demeures – ch. III) de sainte Thérèse d’Avila (1515-1582), une religieuse espagnole, réformatrice des Couvents Carmélites, Docteur de l’Eglise catholique et Sainte patronne de l’Espagne.

Petite révolution dans l’Eglise

Première femme à occuper le poste de déléguée épiscopale «au nom de l’évêque» pour la partie germanophone du canton de Fribourg, la nomination de Marianne Pohl-Henzen reste encore assez exceptionnelle dans l’Eglise catholique. Rencontre avec une «vicaire épiscopale» pas comme les autres.

Par Myriam Bettens
Photos : Myriam Bettens, DRUne agréable fraîcheur enveloppe le visiteur dès son entrée au 38 du boulevard de Pérolles. Après une première volée de marches, la porte vitrée du premier étage s’entrouvre sur le regard interrogateur de Marianne Pohl-Henzen. La surprise laisse rapidement place à un chaleureux sourire. Elle avoue qu’avec cette soudaine notoriété, beaucoup de journalistes ont pris contact avec elle. Quelques instants lui ont donc été nécessaires afin de se remémorer lequel d’entre eux se trouvait face à elle. Depuis le 1er août dernier, cette théologienne engagée occupe le poste de déléguée épiscopale « au nom de l’évêque » pour la partie germanophone du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. Cette nomination féminine est un fait encore rare au sein de l’Eglise catholique. Elle a d’ailleurs provoqué quelques haussements de sourcils en Suisse et à l’étranger, le poste ayant toujours été occupé par des hommes, et prêtres de surcroît.

De multiples missions

Bien que ce choix s’inscrive dans une volonté de donner plus de responsabilités aux laïcs et aux femmes, « s’il y avait eu un prêtre remplissant toutes les conditions, peut-être que je n’aurais pas obtenu le poste », avance prudemment Marianne Pohl-Henzen. Aucune velléité de pouvoir ne l’anime, affirme-t-elle, et rien dans son parcours professionnel ne la destinait à occuper une telle fonction. Elle entame des études de philologie classique et ce n’est que plus tard qu’elle se forme en théologie et s’engage en paroisse. Sa route la conduit ensuite à assister trois vicaires épiscopaux en tant qu’adjointe. Aujourd’hui, outre l’administration du vicariat et les ressources humaines, la déléguée épiscopale est chargée de promouvoir une pastorale en adéquation avec les besoins du terrain. « Nous avons par exemple discuté de la possibilité de poursuivre les messes télévisées initiées durant la période du coronavirus ou encore de l’organisation de l’aumônerie dans les homes pour personnes âgées », indique-t-elle. Un autre volet, plus délicat, lui incombe aussi. Celui de veiller à prévenir toute forme d’abus (sexuel, spirituel ou d’autorité) dans la partie germanophone du diocèse. Marianne Pohl-Henzen est à la fois personne de contact lorsqu’un abus est soupçonné, mais aussi en charge de l’élaboration d’un code de conduite afin de les prévenir à l’avenir.

Outre l’administration du vicariat et les ressources humaines, elle est chargée de promouvoir une pastorale en adéquation avec les réalités du terrain.

Du changement, mais en douceur

Marianne Pohl-Henzen a été nommée par Mgr Morerod, évêque du diocèse.

Les premiers temps de l’engagement de la Fribourgeoise d’adoption ont été marqués par les chamboulements induits par la pandémie. Avec le relatif retour à la normale, un rattrapage des événements annulés ces derniers mois a pu se mettre en place. Les diverses réunions et rencontres se sont donc enchaînées, souvent jusque tard dans la soirée. Elle est souvent sollicitée pour animer les rencontres des équipes pastorales. Au début de l’été dernier, Marianne Pohl-Henzen a été invitée à en coanimer une à Morat. « Cette rencontre a commencé à 9h30. L’équipe ne se connaissait pas encore très bien et souhaitait ma présence afin de faciliter le démarrage », relate-t-elle. De retour à Fribourg une séance avec les curés modérateurs de la partie alémanique du diocèse l’a occupée la majorité de l’après-midi. Ce n’est qu’aux alentours de 16h qu’elle s’est attelée à la préparation du Conseil pastoral qui s’est tenu le soir même à Saint-Antoni. La nouvelle déléguée épiscopale apprivoise encore son cahier des charges et n’exclut pas que ce dernier, déjà chargé, se remplisse encore ! Marianne Pohl-Henzen considère que sa nomination marque un petit changement dans l’Eglise et que l’engagement de femmes à des postes à responsabilités pourrait changer la vision des jeunes vis-à-vis de l’institution.

Un tour d’horloge

→ 8h
Traitement des affaires courantes au vicariat

→ 9h30-12h30
Coanimation de la rencontre de l’équipe pastorale à Morat

→ 13h30-16h
Réunion des curés modérateurs à Fribourg

→ 16h
Préparation du conseil pastoral

→ 18h30 à 22h
Conseil pastoral à Saint-Antoni

Religieuse parmi des personnes séparées ou divorcées

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte-Claire (FR), octobre-novembre 2020

Par Sœur Anne-Roger Prétôt | Photo: Père Francis Zufferey

Membre de la congrégation des Sœurs de charité de la Sainte Croix d’Ingenbohl, Sœur Anne-Roger Prétôt fait partie de ces religieuses et religieux dont le parcours de vie reste tout orienté par le service incarné de multiples manières. Elle témoigne ici d’un engagement particulier en faveur de personnes séparées ou divorcées.Elle est probablement vraie la parole du Psalmiste qui nous dit : « Que les voies de Dieu sont impénétrables. » (Psaume 139)

C’est le 14 mai 2008, après déjà un long parcours en Eglise que je suis nommée par Mgr Bernard Genoud « Juge-auditeur » auprès de l’Officialité diocésaine du Diocèse de Lausanne, Genève, Fribourg et Neuchâtel. Appel d’Eglise qui me surprend. Projet d’Alliance avec Dieu qui ajoute à mon ministère une autre couleur, un autre grand défi. Une mission pour accueillir ceux et celles qui souffrent et se font mutuellement souffrir, pour que les larmes versées ne coulent plus en vain. « Mon divorce est un tsunami » me confiait un jour une personne concernée par ce dernier. Une vague de fond qui bouleverse tout soudain un amour promis pour la vie et dont on aspire à retrouver les eaux calmes de la sérénité et de la paix. La place de la religieuse dans un tel ministère, c’est tout d’abord la place de la femme. Celle qui dans un corpus majoritairement ecclésiastique est celle qui entend autrement, qui perçoit différemment, qui décode les messages reçus avec une acuité toute particulière pour déceler la fine brisure de la blessure. Et sa consécration religieuse donne à l’échange un autre éclairage d’une « vie amoureuse » vécue dans le don total de la chasteté.

Avec le temps, mon ministère à l’Officialité s’est élargi à la pastorale des familles qui me donne l’occasion d’approcher les groupes « Revivre » dans la mouvance des rencontres « Alphalive ». Ces parcours « Revivre » s’adressent à toute personne séparée qui vit ou a vécu un divorce. Il donne à la personne de rencontrer, d’échanger avec d’autres personnes divorcées. Au sein de ces parcours, j’anime des groupes de paroles et chemine plus longuement avec celles qui le souhaitent.

Une religieuse avec les personnes divorcées ou séparées. Une femme d’abord témoin de l’invisible présence.Au sein de l’Unité pastorale Sainte-Claire, le groupe « Ensemble séparé-e-s » propose rencontres et loisirs destinés à des personnes ayant vécu une rupture de couple. Sœur Anne-Roger a joué un rôle important dans la mise en route de ce groupe. Renseignements concernant les activités proposées : www.paroisse.ch ou auprès de Joël Bielmann (joel.bielmann@cath-fr.ch / ( 079 718 55 56)

Religieux, religieuses et autres baptisés: merveille des vocations!

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte-Claire (FR), octobre-novembre 2020

Par le Père Alain Voisard | Photo: Joël Bielmann

« Ce qui m’émerveille en ton Eglise, c’est le nombre de congrégations religieuses, ayant chacune un but particulier, et tous ensemble, vous êtes une seule Eglise. » Parole d’un ami pasteur.

Les congrégations religieuses sont nées, au cours de l’histoire de l’Eglise, en réponse aux faims des gens, à la misère et la pauvreté. Les fondateurs des communautés ont été sensibles à certains de ces aspects et ont tout fait pour que l’Eglise puisse être présente, de façon particulière, à telle ou telle catégorie de personnes : auprès des malades, dans les hôpitaux, les prisons, les écoles, les orphelinats, au service de la catéchèse, de la prédication, des missions, de la charité… Leur but profond est de rendre l’Eglise proche de ces personnes, qui, dans la foi, sont présence de Dieu parmi nous. D’autres congrégations ont un but de présence au monde par le silence, la prière.

La présence d’une communauté religieuse en un lieu peut être pour les familles un lien de paix et de confiance. Pour l’Eglise, une force de témoignage, à côté des prêtres souvent seuls avec 3, 4 ou 5 paroisses ou même plus.

Il y a 50 ans, l’évêque avait fait appel à notre congrégation pour une présence priante au cœur de la capitale des Philippines. Dans les premiers mois de leur présence en ce lieu, les gens se disaient :
« Viens voir, il y a des hommes qui prient. »

Un évêque français, lui aussi religieux d’une autre congrégation, a fait appel à notre congrégation, il y a 6 ans, pour que 3 de nos religieux soient à la tête d’une paroisse au cœur de la ville principale.
« Pour moi, il est très important que dans une paroisse de la ville il y ait une présence religieuse ! »

Avec le temps, l’Etat a pris en charge ce que religieuses et religieux avaient si bien mis en route. Ce qui permet aux communautés religieuses de s’engager ailleurs, dans de nouvelles situations en ce monde qui change et qui fait naître d’autres lieux appelés à devenir terrain d’Evangile.

En notre Europe, même si certaines congrégations arrivent au bout de leur engagement, faute de relève, il est d’autres congrégations nouvelles qui peuvent éclore en réponse aux faims de notre temps.

Je ne puis parler des communautés religieuses sans m’émerveiller en même temps de la place des baptisés dans la vie de l’Eglise aujourd’hui. Notre Concile a ouvert un formidable puits de jeunesse de l’Eglise en permettant aux baptisés de vivre pleinement leur foi. Le nombre de prêtres diminue, certaines congrégations ont fini leur engagement, mais il y a cette merveilleuse place donnée aux laïcs pour poursuivre le chemin de vie de l’Eglise.

Congrégations religieuses, paroisses, laïcs engagés, la chance de l’Evangile dans le monde ! L’Esprit Saint n’est pas moins présent qu’autrefois au cœur de l’Eglise. A nous de l’écouter. A nous de suivre son chemin.

Où en suis-je face à cette pandémie?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), octobre 2020

Par Dominique Perraudin | Photo: ldd

Ne disait-on pas des premiers chrétiens: «Voyez comme ils s’aiment?» Aujourd’hui on pourrait se dire: «Voyez comme ils ont peur!» Lors du confinement j’ai ressenti comme un abandon, comme si j’avais été mis en quarantaine de Dieu… Plus de bergers!Beaucoup ont organisé des chaînes ou des groupes de prières. J’en ai fait partie… Merveilleuse initiative. Mais il y a tout de même des choses incompréhensibles : pas de possibilité de communier ! Les épiceries vendaient bien du pain alors pourquoi ne plus pouvoir goûter au Corps du Christ ? Et surtout pourquoi ne pas avoir pu aider des personnes qui se sentaient vraiment abandonnées en leur apportant la communion évidemment avec certaines règles précises ?

Par ailleurs, j’ai lu deux articles dans l’Echo Magazine. Le premier celui d’un prêtre jurassien, l’abbé Bernard Miserez, qui expliquait que l’Eglise et ses ministres avaient très peur et ont eu tendance à se renfermer sur eux-mêmes. Le deuxième, du Père Nicolas Buttet, qui explique que l’Eglise a manqué son rendez-vous avec le Covid-19. Je ne juge pas ces prises de positions. Il y a certainement du vrai au cœur de ces textes. Mais je pense qu’il n’y a pas de fumée sans feu ! En fouillant internet sur ce sujet, j’ai trouvé cette interview du pape François 1 dont je vous livre quelques extraits :

Conseils du pape François
« Comment le vivre spirituellement ? Je prie plus, parce que je pense que je dois le faire, et je pense aux gens. […] Je pense à mes responsabilités actuelles et aux conséquences… Les conséquences ont déjà commencé à être tragiques, douloureuses, alors il vaut mieux y penser maintenant. Ma plus grande préoccupation – du moins, celle que je ressens dans la prière – est de savoir comment accompagner le peuple de Dieu et être plus proche de lui. »

En ce qui concerne l’attitude des évêques et des prêtres, le Pape a redit que « le peuple de Dieu a besoin que le pasteur soit proche de lui, qu’il ne se protège pas trop… La créativité du chrétien doit se manifester en ouvrant de nouveaux horizons, en ouvrant des fenêtres, en ouvrant la transcendance vers Dieu et vers les hommes, et elle doit être redimensionnée dans le foyer. Il n’est pas facile d’être enfermé à la maison ».

Les défis de l’Eglise après la crise. A propos de l’Eglise d’après-crise, François confie : « Il y a quelques semaines, un évêque italien m’a appelé. En détresse, il m’a dit qu’il allait d’un hôpital à l’autre pour donner l’absolution à tous ceux qui se trouvaient à l’intérieur, en se mettant dans le hall. Mais certains canonistes qu’il avait appelés lui ont dit non, que l’absolution n’est permise que par contact direct. « Père, que pouvez-vous me dire ? », m’a demandé l’évêque. Je lui ai dit : « Monseigneur, faites votre devoir de prêtre. » Et l’évêque me dit : « Merci, je comprends. » Puis j’ai appris qu’il donnait l’absolution partout. »

« En d’autres termes, l’Eglise est la liberté de l’Esprit en ce moment face à une crise, et non une Eglise enfermée dans des institutions… Le dernier canon dit que tout le droit canonique a un sens pour le salut des âmes, et c’est là que la porte nous est ouverte pour sortir et apporter la consolation de Dieu dans les moments de difficulté », explique le Pape. L’Eglise et le reste de la société doivent donc tout faire pour « prendre en charge l’Histoire ». « Ce que je demande aux gens de faire, c’est de prendre en charge les personnes âgées et les jeunes », et toutes les personnes « dépouillées » ou « escroquées » en ce temps de crise.

Enfin, j’en reviens à la peur. Jésus n’a-t-il pas affirmé : « Si vous ne revenez pas comme ces enfants vous n’entrerez pas au royaume des cieux. » Et moi ai-je la foi et la confiance d’un enfant envers Jésus ? 

1 Interview avec le journaliste britannique Austen Ivereigh publiée dans plusieurs médias anglophones et dans La Civiltà Cattolica.

Servir l’autre pour servir Dieu

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Aigle (VD), octobre-novembre 2020

Texte et photo par Jean-Bastien Mayoraz 

« Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait. Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. » (Mat 25, 40)

Ce passage de l’Evangile peut nous amener à penser que servir l’autre est un « devoir » inhérent à la vie chrétienne. Cependant, une telle conception comporte deux dangers. Le premier est de réduire la notion du service à des fins intéressées, c’est-à-dire en vue d’obtenir ou de ne pas perdre quelque chose, comme l’approbation de Dieu ou, tout simplement, son « ticket d’entrée » au ciel. Servir l’autre dans le sens d’un devoir nous amène finalement à ne servir personne d’autre que nous-même. Le deuxième danger est d’envisager qu’en servant l’autre, Dieu nous aimera davantage. Or, avec un tel raisonnement, nous réduisons Dieu à notre amour conditionnel et limité, et Dieu est beaucoup plus grand que cela, Il est Amour sans limite. Inutile donc de servir son prochain dans l’espoir de gagner l’Amour de Dieu, puisque nous l’avons déjà dans son infinité, malgré tout ce que nous faisons ou ne faisons pas ! Servir l’autre ne doit, par conséquent, pas être compris comme un devoir chrétien ou une condition pour que Dieu nous aime, mais comme la conséquence inévitable de son Amour pour nous et de notre amour pour Lui.

Servir l’autre implique également de renoncer à certains concepts propres à la rationalité humaine, comme l’efficacité, le rendement ou l’utilité. Ces notions qui nous sont si chères dans le contexte professionnel risquent, en effet, de dénaturer la gratuité du service et d’en supprimer la dimension essentielle. Dieu ne demande pas de « comptes » ou de « chiffres verts », Il demande simplement un cœur aimant, avec toutes les conséquences qui en découlent. A cette fin, évitons de nous convaincre que nous sommes capables de disposer d’un cœur aimant par nos propres forces, comme nous pouvons, par exemple, contracter un muscle. Avoir un cœur aimant demande, au contraire, un lâcher-prise de notre part, puisqu’il requiert avant tout de se laisser aimer par Dieu. Ce n’est qu’en nous laissant aimer profondément par Lui, que nous pourrons alors aimer un peu plus comme Lui. Plus nous nous laisserons bronzer par son Amour infini et inconditionnel, et plus nous pourrons, consciemment ou non, le diffuser autour de nous, que ce soit à travers notre regard, nos paroles ou nos actes. Ce n’est que rempli de l’Amour de Dieu que nous pourrons aimer véritablement l’autre. Et ce n’est qu’en aimant véritablement l’autre que nous servirons Dieu.

Servir l’autre pour servir Dieu

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), octobre 2020

Par Anne-Laure Gausseron | Photo: Ldd

Par une belle journée d’été, ont déboulé les uns et après les autres, des hommes et des femmes venant au Prieuré demander un petit quelque chose: un peu d’argent, un peu de réconfort, un peu de nourriture… J’ai l’habitude, c’est mon travail. Mais ce jour-là, c’était particulièrement dense : un véritable défilé improvisé de bras cassés.

Dans l’après-midi c’est un homme qui a sonné. En descendant pour l’accueillir, j’étais un peu moins fraîche et disponible qu’en début de journée. Légèrement agacée aussi d’être encore une fois interrompue dans ce que je faisais. Nous avons un peu parlé. Il ne voulait pas prendre un café. Mais comme il n’avait plus rien à manger, je lui ai préparé un sac de nourriture. Il est reparti content et moi aussi. Ça n’avait pas traîné. Service rendu, devoir accompli, bravo ma fille ! Hop-là, je pouvais retourner à mes occupations en espérant fort secrètement que ce soit le dernier importun de la journée. 

Mon gaillard avait de quoi manger ce soir-là et c’était déjà une bonne chose. En apparence avec mon tablier de service, j’avais été charitable, accueillante et même efficace. Mais au fond de moi, je savais que j’avais laissé aux abonnés absents le plus précieux de tout : l’amour. Ce jour-là, j’ai préparé un sac de nourriture à la va-vite et sans tendresse. Ce jour-là, j’étais pressée d’en finir au plus vite. Ce jour-là, j’avais bien mon tablier de service mais j’étais – soyons honnêtes – indisponible à la rencontre et indisposée par la détresse de cet homme.

J’ai aidé sans aimer. Ce n’est ni la première fois et ce ne sera certainement pas la dernière. Je suis une apprentie. Comme vous. Nous le sommes tous : apprentis de Dieu, de l’amour, de la rencontre. Ce que l’on fait pour aider l’autre, si utile, si urgent et indispensable soit-il, n’est pas l’essentiel. C’est l’amour qui est premier ! Sans amour, le pain donné reste du pain. Mais s’il est donné dans l’amour et par amour, il devient sans fanfares ni trompettes ce grand festin qui brûle l’âme et le cœur. Notre seule mission c’est d’aimer !

Servir la messe

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur de l’Entremont (VS), octobre 2020

Par Michel Abbet | Photos: Anne-Lyse bérard, Michel Abbet

Jadis réservé aux garçons, aujourd’hui accompli par une majorité de filles, ce service apprécié des prêtres garde toute son actualité, même si la relève se fait difficile. Rencontre avec Eliot Terrettaz de Sembrancher, à l’occasion d’un office dominical.L’heure de l’office approche. Dans la sacristie, on s’affaire pour les derniers préparatifs en chuchotant, discrétion oblige. Eliot Terrettaz enfile son aube. Aujourd’hui, il est accompagné de deux autres servants de messe, Nicolas et Emmanuel Bernhard. Ces derniers habitent désormais Sion, mais sont heureux de servir la messe lorsqu’ils reviennent à Sembrancher. Même si les garçons accordent une importance moindre à la tenue vestimentaire, il importe d’ajuster au mieux l’aube. On redresse le col, on s’assure qu’il n’y a pas de faux pli, que les manches de la chemise sont bien cachées. Un dernier regard, une dernière vérification. C’est l’heure de pénétrer dans le chœur. La chorale entame le chant d’entrée, l’office a débuté.

Eliot, quelle impression ressens-tu quand tu enfiles l’aube ?
Rien de spécial, je me sens simplement prêt alors dans mon rôle de servant de messe.

Une fonction que tu connais bien ?
Oui, j’ai commencé à neuf ans, cela fait donc déjà trois ans que je remplis ce rôle.

Et tu as appris comment ?
En regardant servir les plus âgés, dont ma sœur et mon frère qui l’ont fait avant moi. Quelquefois, des personnes nous donnent des conseils, cela permet de corriger les éventuels défauts ! 

Tu sers régulièrement ?
Durant l’hiver, je viens pratiquement tous les dimanches, un peu moins souvent l’été.

Cela ne te coûte pas ?
Non, j’aime mieux vivre la messe ainsi. Je me sens utile, il faut bouger, le temps passe vite.

Un moment fort dans l’office ?
Le plus important se déroule au moment de l’offertoire. J’apporte le calice, l’eau et le vin vers l’autel. Et je verse l’eau au moment où le prêtre se lave les mains. 

Y a-t-il un groupe formé de servants de messe ?
Ici, je suis le seul servant. J’ai essayé de faire venir d’autres copains, mais sans grand succès. 

Pour l’anecdote, un a commencé lors de la célébration du Samedi saint. Il faut croire que c’était trop long, car la durée de son engagement a été très courte… Mais cela ne me gêne pas ! J’ai du plaisir à rendre service, et on me le rend bien !

Ah ! Peut-on en savoir davantage ?
Les paroissiens et les prêtres sont très agréables avec moi. A la sortie de l’office, souvent quelqu’un vient me féliciter ou me remercier. J’ai même reçu une boîte de chocolat.

Donc la motivation est toujours présente ?
Bien sûr ! Je le fais avec cœur, en toute simplicité. Si ce que je fais est apprécié, tant mieux ! 

Servir… un chemin de joie

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteurs Monthey et Haut-Lac (VS), octobre 2020 Par le Père Jean-René Fracheboud | Photo : Bernard HalletLa manière de vivre de Jésus n’en finit pas de nous interpeller. Son parcours d’existence sera l’expression originale de ce que devient la vie lorsqu’elle est irradiée du dedans par l’amour et la justice de Dieu. […]

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Servir l’autre pour servir Dieu

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral des Coteaux du Soleil (VS), octobre 2020

Nous avons choisi d’aborder le thème romand de ce mois en allant à la rencontre de ces bénévoles qui œuvrent dans l’ombre au service de leur prochain, une façon de servir Dieu à l’exemple du Christ. Nous leur avons demandé: «Dans ton activité, quel lien fais-tu entre le service de l’autre et le service de Dieu?»

Hélène et Nicolas ont servi comme auxiliaires de l’Eucharistie pendant le confinement

Jésus donné aux âmes.

Durant le confinement, mon mari et moi nous nous sommes demandé quel service nous pouvions rendre à l’Eglise pour permettre à Jésus d’être donné aux âmes malgré le virus. Nous nous sommes donc mis à la disposition de la paroisse pour aider à la mise en place d’un service de communion à domicile. Je ne pensais pas que ce service me toucherait autant. Les échanges humains et spirituels étaient beaux, même si nous avions parfois deux générations d’écart. Nous restons aujourd’hui en communion de prière. Quelle belle manière de découvrir le vrai esprit d’une « communauté chrétienne » ! 

Amener Jésus aux gens, être proche, et vivre la compassion : quel beau service !

Pascal, sacristain

Pascal, sacristain avec entrain.

Quand je dis que je suis occasionnellement sacristain, parfois les gens plaisantent et rient. Cela ne me dérange pas car pour moi servir Dieu peut se faire dans la prière et dans l’action, avec joie et le sens de l’humour.

Mon service consiste à préparer, dans le silence, tous les éléments pour un bon déroulement de la célébration et pour permettre au prêtre et à l’assemblée de se concentrer sur la prière.

Comme sacristain, j’ai à cœur de faire grandir en moi les dispositions intérieures nécessaires pour agir de façon à être témoin de Jésus-Christ. Chrétien, je me sens appelé, à la mesure de mes moyens et de ma disponibilité, à sortir de moi-même et à m’engager dans la vie de la paroisse et de tous les jours pour servir au mieux Dieu et mon prochain.

Grégory, de Conthey, visiteur de prison, membre de Parole en liberté

Sous l’angle du chrétien, nous sommes tous pécheurs, la personne en face de nous, derrière la vitre du parloir, quelles que soient sa race, sa religion, ses croyances, est soumise aux lois du péché auxquelles elle a succombé. C’est là qu’entre en jeu le pardon, pardonner à soi-même, pardonner aux autres…

Sous l’angle de la justice, la personne détenue a franchi la ligne rouge. Elle est coupable. Mais cette personne reproduit certains schémas qu’elle a peut-être vécus (maltraitance, violence…). Où placer le curseur de sa culpabilité ?

C’est le travail d’Hercule de la justice de trancher, c’est le devoir des psychologues d’éviter la récidive, c’est le travail du curé d’insuffler l’Esprit Saint. Quant à nous, visiteurs de prison, nous apportons un rayon de soleil à la personne en face de nous, du moins nous essayons…

La prison de Sion.

Thaïs, Coralie, Anaïs et Ethan, servants de messe

Servants de messe à Vétroz le 6 septembre.

Ces quatre tous jeunes servants de messe ont répondu avec beaucoup de spontanéité aux questions de Sr Elisabeth et nous partagent leur vision de leur activité de service :

– Ça me permet d’être en contact avec Dieu et d’aider les autres. J’aide l’assemblée à prier et j’aime ce que je fais (Thaïs).

– J’apprends un peu plus sur l’histoire de Dieu et j’aide les autres (Coralie).

– Je sers Dieu. J’aime aider les autres à prier et être à l’Eglise (Anaïs).

– J’aime être à l’église, aider les autres, et j’aime sonner la cloche. J’aide à prier et j’aide le prêtre à dire la messe (Ethan).

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