Retable de la Résurrection

Arcabas, église Saint-Clément, Collex-Bossy (Genève)

Par Amandine Beffa
Photo: Jean-Claude Gadmer
Il vaut souvent la peine de pousser la porte des églises à l’écart des grands centres urbains. Celle de Collex-Bossy, dans le canton de Genève, dissimule un magnifique retable d’Arcabas (1926-2018).

Reprenant les codes traditionnels du retable (la peinture sur bois, les thèmes…) pour les retravailler de manière contemporaine (les couleurs, la composition…), le peintre français propose une traduction pour aujourd’hui du mystère de la Rédemption.

Au centre, le Christ attire toute notre attention. De sa main droite, il indique la mort, symbolisée par les instruments de la Passion, la croix et la mise au tombeau. Si les émotions qui se dégagent du panneau sont fortes, elles appartiennent au passé : le Christ est représenté comme sortant du tombeau, la mort est vaincue.

De sa main droite, il indique l’agneau, figure de l’apocalypse et de la vision de la Jérusalem céleste : « Alors je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre ont disparu et la mer n’est plus. Et la cité sainte, la Jérusalem nouvelle, je la vis qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu, comme une épouse qui s’est parée pour son époux. » (Ap 21) 1

Ce temps n’est pas encore là, nous sommes encore confrontés à nos difficultés et nos souffrances et à tout ce qui fait la réalité de notre condition humaine.

Le panneau central figure cet entre-temps qui est le nôtre. Le mal est vaincu par la mort et la Résurrection du Christ, mais nous attendons encore sa venue dans la Gloire. 

Il ne nous reste plus qu’à tourner nos yeux vers le Seigneur. Tête baissée, il semble s’avancer vers nous pour nous accueillir les bras ouverts. Peut-être que ce que nous vivons est parfois plus proche de la mort que de la vie, mais qu’importe, le Christ vient à nous sans jugement pour nous présenter l’amour infini du Père.

Traduction œcuménique de la Bible.

Laudato si’, cinq ans après…

Laudato si’ : une nouvelle impulsion pour l’Eglise.

A sa sortie en 2015, le texte du pape François sur l’écologie intégrale a connu un large écho. Son appel à œuvrer pour la sauvegarde de la Création a-t-il été entendu en terre romande? Cinq ans après, tour d’horizon sur ce qui a germé dans nos communautés.

Par Pascal Ortelli
Photos: Ccrfe, Oeco, Pxhere, DR, Pasaj, Ciric
Si la plupart des acteurs ecclésiaux s’éveillent à la transition écologique, beaucoup peinent encore à passer à l’action par des initiatives concrètes. L’association « œco Eglise et environnement », l’organe de consultation de la Conférence des évêques suisses sur ces questions, le constate à propos des labellisations « vertes » : elles rencontrent encore peu de succès en Romandie.

Bientôt un Coq vert au Jura…

Fabien Vallat, le secrétaire-caissier de la paroisse de Beurnevésin (JU), est le seul coach à s’être formé outre-Sarine pour amener celle-ci à entrer dans le processus de labellisation Coq vert. « Aujourd’hui après plus d’une année de travail, nous sommes au milieu de la démarche, confie-t-il. Notre petite taille rend les choses plus faciles, l’idée étant ensuite de l’exporter à notre unité pastorale. » La mayonnaise prend, car il est maintenant appelé à donner des conseils ailleurs, aussi chez les réformés de Delémont.

Cette action entre dans la visée de Laudato si’. L’encyclique insiste sur le fait que « la conversion écologique requise pour créer un dynamisme de changement durable est aussi une conversion communautaire ». (LS n° 219)

… et une Eglise verte à Martigny »

Le secteur paroissial de Martigny vient de s’engager dans un tel processus : « L’équipe pastorale s’est réunie en week-end au vert à Bourg-Saint-Pierre pour appréhender ces aspects par nos tripes », précise le diacre Pascal Tornay. Plusieurs engagements ont été pris autour du label Eglise verte et des sept rendez-vous de Carême sur la joie de la simplicité, en intégrant des partenaires locaux comme par exemple Moret Fruits pour y donner une conférence sur Laudato si’.

Non aux placements toxiques

L’évêché de Lausanne, Genève et Fribourg a également donné le ton : il n’investit pas dans les énergies fossiles depuis l’arrivée de Mgr Morerod en 2012. Bien que symbolique, en raison de son faible poids économique, cette mesure permet d’être solidaire avec la campagne mondiale de désinvestissement des énergies fossiles qui fait pression sur les 200 entreprises cotées en bourse possédant les plus grandes réserves de CO2.

« Tout est lié »

Attention, la mise en œuvre de Laudato si’ ne se réduit pas au développement durable. Comme le relève Alain Viret, théologien formateur au Centre catholique romand de formations en Eglise, à la suite d’un colloque sur l’écologie intégrale, le leitmotiv « tout est lié » a sa source dans les mystères de la Trinité et de l’Incarnation : « L’encyclique nous pousse à penser théologiquement des notions comme le péché écologique et la justice climatique, pour les faire entrer de plein fouet dans le corpus de la Doctrine sociale de l’Eglise. » Promouvoir une écologie intégrale, c’est aussi reconnaître qu’« une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale ». (LS n° 49)

Il importe de travailler sur les résistances qui nous empêchent de passer à l’action. Michel Maxime Egger, auteur de plusieurs livres sur l’écospiritualité, anime le laboratoire pour la transition intérieure à Pain pour le prochain où il cultive une nouvelle forme d’engagement : celle du « méditant-militant ». Son but : allier contemplation et action dans une restauration des liens nourriciers à soi, aux autres, à la Terre et au Vivant. Laudato si’ met en lumière la synergie qui existe entre ces quatre relations constitutives de la personne. Tout est lié : telle est la force de son message, encore largement sous-exploité.

Des jeunes préoccupés

C’est le constat que fait Roberto de Col, responsable de la pastorale jeunesse (PASAJ) dans l’Eglise catholique vaudoise : « Nous n’avons pas encore pris conscience de toute la richesse de ce texte. Comme chrétiens, nous avons un rôle clé à jouer, car il s’agit d’une préoccupation centrale pour les jeunes. » Mieux les informer pour passer à l’action, tel est son but. Un groupe de travail a démarré pour produire entre autres un guide des bonnes pratiques à l’usage des animateurs.

En janvier, les aumôniers du gymnase, de la Haute Ecole et du Centre professionnel d’Yverdon ont créé avec leurs étudiants une exposition qui met en avant des solutions durables en s’inspirant de Laudato si’. Certains ont aussi accompagné leurs élèves durant les grèves pour le climat. Roberto de Col pousse son staff à se former dans ce sens. A l’EPFL, l’aumônerie anime des conversations carbone, une méthode pour réduire ses émissions de CO2 qui corrèle les aspects techniques aux résonances comportementales. 

La pastorale jeunesse vaudois s’engage avec des étudiants pour le climat.

Des écogestes qui font la différence

A Genève, les membres de l’association Cotmec, retraités pour la plupart, ont pris au mot l’appel du Pape à adopter un style de vie plus sobre pour « exercer une pression saine sur ceux qui détiennent le pouvoir ». (LS n° 206) Leur brochure Des germes d’espérance pour la vie sur la planète fait le lien entre la manière dont se posait – ou pas ! – la question de l’écologie durant leur jeunesse. Elle répertorie les petits gestes écolos du quotidien ainsi que des initiatives alternatives.

Agir ensemble

Le Pape rappelle que « toutes les communautés chrétiennes ont un rôle important à jouer ». (LS n° 214) Travailler en réseau devient une urgence. A Lausanne, François Périllon, coordinateur du projet Eco Eglise, réfléchit avec d’autres partenaires à proposer prochainement un parcours ad hoc pour mieux accompagner les processus de transition en paroisse. 

En ce sens, la synodalité mise en avant dans le récent document du pape François sur l’Amazonie n’est plus une option. Le diocèse de Saint-Gall démarre cet été un processus synodal à partir des thèmes de Laudato si’. L’écologie intégrale pousse nos communautés à revoir leur dynamique de fonctionnement au prisme de ce paradigme. Chacune à son rythme…

Et dans les monastères ?

L’Abbaye cistercienne d’Hauterive participe au réseau communion Laudato si’ – Des communautés en chemin de conversion écologique. Avec d’autres religieux, ils réfléchissent en compagnie d’Elena Lasida, professeure d’économie à l’Institut catholique de Paris, aux impacts de l’encyclique sur leur vie communautaire. Pour son abbé Dom Marc, « tous les paramètres de la conversion écologique se reflètent dans la vie monastique ». Leur domaine de 19 hectares est passé entièrement en bio en 2015. Toutes les décisions sont prises aujourd’hui à la lumière de l’éco-logie intégrale.

L’illusion d’une famille parfaite

Nous avons du mal à accepter les ratés dans notre vie familiale. Ils sont pourtant l’occasion d’apprendre à aimer en vérité, avec le soutien et la force que Dieu veut nous donner. 

Par Bénédicte Jollès
Photo: Pxhere
Qui ne rêve d’une famille où tout va bien ? Mais brusquement, un conjoint promis à une carrière sans histoire se retrouve injustement au chômage et déprimé. Ou encore, nous essayons d’être de bons parents… quand, tout à coup, les relations se grippent avec un ado insupportable et incompréhensible. Et la vie sous le même toit manifeste vite les limites de chacun, à commencer par les nôtres. 

La famille parfaite n’existe pas, ni chez nous, ni chez les autres ; chacune a tôt ou tard son lot de contrariétés à traverser. La foi chrétienne n’a rien d’une assurance vie.

Finalement cela tombe plutôt bien car Jésus n’est pas venu pour les bien-portants, mais pour « les malades et les pécheurs ». Il se « tient à la porte et il frappe ». Il n’attend qu’une chose : que nous nous tournions vers lui, plutôt que d’essayer de tout résoudre par nous-même. Il n’est pas un magicien, mais notre sauveur qui nous apprend à aimer, à patienter, à encourager. La sainteté à laquelle nous sommes appelés n’a rien à voir avec la perfection.   Elle est don de Dieu, Lui seul peut « réchauffer ce qui est froid », « assouplir ce qui est raide » ou « rendre droit ce qui est faussé »… comme nous le demandons à l’Esprit Saint au moment de la Pentecôte. 

Construire jour après jour
En même temps que le rêve de la famille parfaite, une autre illusion nous guette : croire que le bonheur est une question de chance. Il est plus le fruit de ce que nous construisons jour après jour avec la grâce de Dieu, que du hasard. Le pardon, la bienveillance, l’amour, l’écoute gratuite, voilà des attitudes qui unifient nos familles ; bien plus que de plaquer des schémas qui ne correspondent pas à ce qu’elles sont appelées à devenir ! Si nous en sommes persuadés, nos enfants pourront le découvrir. 

Laudato si’ (Loué sois-tu Seigneur!) sans baisser les bras!

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, paroisse Saint-Laurent Estavayer / Au large (FR), avril 2020 Par Gérard DévaudPar cette acclamation, le pape François nous invite à la joie et à l’action de grâces. Mais, peut-on vraiment se réjouir en voyant l’actualité de notre Eglise ? Peut-on crier de joie en voyant les nombreuses sorties d’Eglise qui arrivent […]
Ce contenu n'est disponible que pour les abonnés.
S'abonner

Jeux, jeunes et humour – avril 2020

Par Marie-Claude Follonier[thb_image image= »4733″ img_link= »url:/wp-content/uploads/2020/03/Dessin_avril2020. »]

Question d’enfant :

Pouvons-nous avoir plusieurs vies ?

Comme chrétien, nous croyons à la Résurrection. C’est le sens de Pâques : Jésus est mort sur la croix et ressuscité pour nous donner la vie en plénitude. En ce sens, nous n’avons qu’une vie désirée par Dieu depuis toute éternité et qui est appelée à se prolonger au-delà de la mort. D’autres traditions religieuses, comme l’hindouisme ou le bouddhisme, croient en la réincarnation. C’est le fait de revivre plusieurs vies terrestres, même sous forme animale, dans une condition meilleure ou pire en fonction du bien ou du mal que nous avons fait.

Par Pascal Ortelli

Un jour, M. le Curé aborde le sujet du Carême et veut apprendre aux enfants le sacrement du pardon. Après leur avoir répété qu’il fallait d’abord faire le signe de croix avant de dire au prêtre ses péchés, il les questionne pour savoir s’ils ont bien compris :

– Mes enfants, pour faire une bonne confession, par quoi faut-il commencer ?

– Il faut commencer par faire des péchés, répond un enfant, très sûr de lui…

Par Calixte Dubosson

Laudato si’: quatre témoignages

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, paroisse Saint-Laurent Estavayer / Au large (FR), avril 2020 Sylvie Bonvin Sansonnens, agricultrice bio : « Un texte spirituel fondamental pour un producteur » Pour Mme Sylvie Bonvin Sansonnens, députée verte, dont l’exploitation bénéficie du label « Bio Suisse », l’encyclique Laudato si’ est un texte spirituel fondamental. Par André Pillonel / Photo : LDD « Il […]
Ce contenu n'est disponible que pour les abonnés.
S'abonner

Les raisons d’un succès

Par Bénédicte Jollès
Photo: CiricAucun leader d’opinion n’est capable de s’adresser au monde comme François l’a fait avec Laudato si’. Mais pourquoi cette encyclique consacrée à la sauvegarde de la Création fut-elle un best-seller ? 

L’homme contemporain est inquiet. Il mesure les limites des systèmes basés sur la consommation et la production à outrance. Depuis quelques années, impossible d’ignorer l’impact sur l’environnement de cette fuite en avant. 

Autre point fort du Pape, interroger et obliger à faire des liens. « Ce texte unique articule entre elles des dimensions souvent séparées, comme l’écologie et la pauvreté », explique Mariagrazia Midulla, responsable Climat et Energie du WWF Italie. Chacun est remis en question et d’abord le chrétien. Comment sa foi en Dieu change-t-elle le rapport à son frère, au travail, à l’argent ou à la terre ? Il ne peut échapper à la recherche d’une « écologie intégrale ».

Un document qui s’adresse à tous : hommes de bonne volonté, croyants ou non, institutions gouvernementales ou politiques. La réflexion éthique et spirituelle du Pape responsabilise et met en route. A ce propos, l’avez-vous lue ?

Laudato si’ (Loué sois-tu)

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Vallée d’Illiez (VS), avril 2020

Texte proposé par Arlette Antony | Témoignage et photo par Lionel Avanthay

De l’encyclique du pape François aux pâtes alimentaires de Lionel Avanthay

Connaissez-vous Lionel Avanthay? C’est un enfant du pays. La tête au ciel et les pieds sur terre, il produit des pâtes alimentaires commercialisées sous le nom de Laudato si’. Surprenant?… Intrigant?… Je vous invite à faire connaissance avec ce jeune homme « bien dans ses bottes » et à le suivre sur son chemin de vie, hors des sentiers battus.Bonjour à tous,

Quelle joie et quel honneur que de pouvoir m’adresser à vous, habitants de la vallée. Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis le fils d’Alain et Danièle Avanthay. Né en 1985, j’effectuai ma scolarité à Val-d’Illiez, avant de débuter un apprentissage de cuisinier dans le canton de Vaud. A peine mon diplôme en poche, je fis une profonde expérience de l’existence de Dieu, à la suite de laquelle je partis vivre quatre ans dans une communauté religieuse, certain que la seule manière de pouvoir répondre pleinement à l’amour de Dieu était de m’engager dans les ordres. Mais quatre ans plus tard, ma grande tristesse et un sentiment d’inaccompli me firent comprendre que là n’était pas ma vocation : je pris alors la route de Rome où je servis deux ans comme Garde suisse. Je travaillerai ensuite six ans dans les chemins de fer. 

Ayant toujours le désir de vraiment mettre en pratique ma foi [et bien avant que Greta Thunberg ne soit canonisée de son vivant], j’étais de plus en plus dérangé de prier pour le monde entier, alors que mon mode de vie, en particulier mon alimentation, générait certaines des souffrances des personnes pour lesquelles je priais. En effet, acheter par exemple des tomates qui viennent d’Espagne, produites dans des conditions inhumaines pour économiser quelques francs sur celles que j’aurais pu acheter aux paysans du coin, à mon prochain en somme, me paraissait de plus en plus inconcevable et incohérent. 

Une année plus tard sortit la lettre encyclique du pape François Laudato si’, qui fut une révélation pour moi. Sa lecture me permit de mettre des mots sur mon intuition. Pour la résumer très succinctement, le Pape y explique que l’Occident, pour vivre au quotidien, a une partie de la planète qui travaille pour elle. « Economie de marché, dans un marché mondial », me disais-je. Cela serait le cas [et ça l’est sans doute parfois] si, pour ce faire, nous ne devions pas exploiter les travailleurs et les ressources pour consommer toujours plus. Je me suis alors renseigné par exemple sur les conditions de travail dans les champs de coton en Inde, ou sur le mode de production des jouets fabriqués en Chine. Le constat est clair : nous, Occidentaux, participons à l’exploitation de la terre et avons des esclaves qui travaillent silencieusement pour nous. Cela me semblait, et me semble toujours, une réalité bien plus importante et surtout plus tangible que le réchauffement climatique. 

Cela était devenu une évidence qu’il me fallait agir à mon échelle ; je ne pouvais continuer sans rien changer à ma vie, alors même que j’étais nourri par les hauts principes de justice, de solidarité et de charité que promeut l’Eglise. Je pris les résolutions suivantes : consommer le plus possible local et essayer d’avoir un mode de vie plus sobre. Mais cela ne suffisait pas, il me fallait faire quelque chose qui aille au-delà de moi, qui serve aux autres, à la société. 

Aussi, je pris mon bâton de pèlerin et partis faire le tour des communautés religieuses du canton de Fribourg, en leur rappelant que les moines et divers mou­vements d’Eglise sont à la source de bon nombre de nos techniques, institutions et de notre mode de vie d’aujourd’hui (techniques agricoles, enseignement, soins, recherche…). [Pour prendre un exemple, le monastère d’Hauterive : dès le XIIIe siècle, les moines excellaient
dans le travail de la laine, laine qui était ensuite transformée en draps d’une telle qualité que l’on fabriquait des bateaux en basse-ville de Fribourg pour transporter ces draps jusqu’en mer du Nord !] Je les invitais par là à se remettre à l’œuvre, afin de trouver des techniques modernes et viables d’agriculture et d’artisanat. Mais les monastères semblaient s’être passé le mot, car je ne reçus alors qu’une réponse unanime : « C’est une très bonne idée mais nous ne pouvons nous y engager, nous prierons pour toi. » Je finis par tomber sur une communauté italienne, les Focolari, qui me répondirent la même chose, alors que je leur proposais de fabriquer des pâtes avec des produits de la région, de bonne qualité (c’est-à-dire non arrosés de produits phytosanitaires), et payés au prix juste. Mais eux rajoutèrent : « Si tu veux, nous avons une cuisine que nous pourrions te louer pour faire ces pâtes. » Ce fut le déclic : je devais m’y mettre moi-même. Ce ne sont pas les grandes théories qui font avancer les choses.  Je me suis donc mis, dès le 4 octobre 2016, jour de saint Fran­çois d’Assise, à fabriquer des pâtes. 

Trois ans et demi plus tard, après beaucoup d’essais et de tergiversations, et surtout après la rencontre de celle qui m’inspire à faire toujours mieux et qui sera ma femme en mai, je commence à pouvoir en vivre. En effet, j’ai une septantaine de points de ventes dans la région de Fribourg et les premiers en Valais. Entre temps, l’abbaye cistercienne d’Hauterive m’a contacté pour me demander d’être leur cuisinier trois matinées par semaine et pour voir comment nous pourrions ensemble concrétiser l’encyclique. J’ai donc déplacé mon lieu de production dans ce lieu chargé d’histoire et encore bien vivant malgré le peu de frères.

Voilà comment, humblement, j’essaye de changer le monde, en y apportant ma goutte d’eau [ou devrais-je dire ma pâte], en essayant d’apporter des solutions concrètes aux problèmes d’aujourd’hui, et en m’efforçant de vivre ma foi à l’image de Dieu qui fait ce qu’Il dit.

« Et le Verbe s’est fait chair »…

J’invite celles et ceux qui veulent en savoir plus, et surtout déguster mes pâtes, à visiter mon site www.laudatosi.ch

«Laudato si’» et «Notre Mère la Terre»

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Clins Dieu sur les Contrées (VS), avril 2020

Par l’abbé Etienne Catzeflis
Photo: Tirée du film «Human» de Yann Arthus-Bertrand

Alors que l’encyclique «Laudato si’» a déjà produit une forte influence de par le monde pour une «conversion écologique» 1, un nouvel ouvrage du Pape, «Notre Mère la Terre» (édition Salvator, 2019) 2 renforce et résume son message sur notre planète Terre.Dans le livre «Notre Mère la Terre», le Pape invoque notamment les motivations spirituelles pour sauvegarder la planète.

• Il rappelle que « la Création est un don, un don merveilleux que Dieu nous a fait, afin que nous en prenions soin et que nous l’utilisions au profit de tous, toujours avec un grand respect et gratitude.»

• De plus, « pour les croyants en Jésus-Christ, Verbe de Dieu qui s’est fait homme pour nous, la spiritualité n’est déconnectée ni de notre propre corps, ni de la nature, ni des réalités de ce monde ; elle se vit plutôt avec celles-ci et en elles, en communion avec tout ce qui nous entoure ». Et donc « vivre la vocation de protecteurs de l’oeuvre de Dieu (…) n’est pas optionnel ni un aspect secondaire dans l’expérience chrétienne ».

• Dans cette optique François propose même un complément aux deux listes traditionnelles des sept oeuvres de miséricorde: ajouter à chacune la sauvegarde de la maison commune. D’une part sur le plan spirituel, cela demande de nourrir la contemplation reconnaissante du monde, qui nous permet de découvrir à travers chaque chose un enseignement que Dieu veut nous transmettre. D’autre part sur le plan corporel, la sauvegarde de la maison commune demande les simples gestes quotidiens par lesquels nous rompons la logique de la violence, de l’exploitation, de l’égoïsme, et se manifeste dans toutes les actions qui essaient de construire un monde meilleur.

• Et pour qui estime de tels efforts dérisoires face à la gravité et la complexité de notre monde, le Pape nous met dans la logique de la pauvre veuve : celle qui a mis dans le tronc plus que les autres (cf Marc 12, 43). « Il ne faut pas penser que ces efforts ne vont pas changer le monde. Ces actions répandent dans la société un bien qui produit toujours des fruits au-delà de ce que l’on peut constater, parce qu’elles suscitent sur cette Terre un bien qui tend à se répandre toujours, parfois de façon invisible ».

• Et « le développement de ces comportements nous redonne le sentiment de notre propre dignité, il nous porte à une plus grande profondeur de vie (…) ». Cette dernière affirmation me paraît vraiment essentielle. Je la comprends ainsi : Même si la planète devait exploser l’année prochaine, le sens de mes jours qui resteraient à vivre jusque là consiste en cette dignité humaine que je cherche à honorer – chaque jour – en continuant mes efforts solidaires pour le service de mes frères, incluant la sauvegarde de la création.

Qu’en pensez-vous ?

1 Voir par exemple la revue scientifique : Biological Conservation Volume 235, juillet 2019, pages 209-225 : … Le résultat est que l’intérêt public pour l’environnement s’est déjà accru.
2 Ce petit livre rassemble plusieurs textes du pape François sur les thèmes de la préservation de la Création et de la promotion d’une vie digne pour tout être humain.

Les enfants découvrent Laudato si’

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, paroisse Saint-Laurent Estavayer / Au large (FR), avril 2020 Par la classe de 8H de Châbles et Marianne Berset | Dessin: des élèves de la classe 8H de ChâblesLe temps du Carême est un beau moment pour faire découvrir la lettre encyclique sur l’écologie du pape François et surtout encourager les […]
Ce contenu n'est disponible que pour les abonnés.
S'abonner

En union de prière

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral des Coteaux du Soleil (VS), avril 2020

Par Laetitia Willommet

Le coronavirus fait des ravages dans notre pays également, et les autorités ont pris des décisions courageuses pour tenter de freiner son évolution. Le diocèse a dû suivre le mouvement et a imposé la suppression des messes, des sacrements, des réunions de prière. Comment vivre cette soudaine solitude?Dimanche 15 mars, 9h15… l’heure à laquelle je me mets en chemin vers l’église de mon village pour participer à la messe. Et ce dimanche ? Pas de mise en route car les messes sont annulées pour une durée indéterminée.

Cela me fait un drôle d’effet et je prends brusquement pleinement conscience de cette nouvelle réalité. Pas de messe, cela veut dire aussi pas de partage sur le parvis, pas d’échanges de nouvelles sur les personnes absentes ou malades, pas d’after-messe dans les bistrots du village avec quelques-uns des membres de la communauté, les moins pressés, les plus soucieux de convivialité.

Et surtout pas de temps de prières partagés avec d’autres croyant-e-s. Et pourtant dans ces jours d’incertitude et de contagion, la force de la prière commune serait une aide bienvenue.

Voici le temps de se rappeler que dans le monde la prière est continue, incessante. Il y a toujours quelqu’un-e en train de prier. Et je peux rejoindre cette communauté invisible et me sentir relié-e à ces priant-e-s inconnu-e-s.

Par exemple en pratiquant la prière des heures je me joins aux moines et moniales. Dans les monastères, la prière des heures se répartit en sept grands moments. Les Laudes au petit matin, Tierce vers 9h du matin, Sexte vers 12h et None vers 15h. A la tombée de la nuit, les Vêpres puis avant le coucher les Complies. Un dernier office est dit de nuit : les Vigiles.

Et si j’ai besoin de rejoindre visuellement une communauté ? La chaîne de télévision KTO répond à mon souhait. Je peux prier le chapelet avec les pèlerins à Lourdes, rejoindre des monastères pour les laudes, l’angélus et autres temps de prière. Je peux aussi rejoindre le réseau mondial de prière du pape François sur Internet https://clicktopray.org/fr ou sur mon natel.

Alors dans cette période particulière que nous vivons tous, si vous ressentez le besoin de ne pas prier seul-e, je vous invite à rejoindre grâce à la télévision, à votre ordinateur ou à votre natel, ou en pensée les autres priants de l’Eglise universelle. 

En union de prière avec vous tous !

EcolEaux-Vives

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel  / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), avril 2020

Par Pierre Moser | Photo: DR

Lors d’un article précédent, je me suis permis de fustiger le ton grinçant des médias. Je voudrais revenir ici sur un autre aspect négatif de ces mêmes médias : leur silence concernant certains sujets. J’ai tout faux ? Soit ; faites tout de même les requêtes Google suivantes : « Greta Thunberg tsr » pour commencer, suivi par « Laudato si’ tsr ». Malgré mon admiration sans bornes pour cette jeunesse si active, le traitement de faveur pour Greta me paraît évident. Et pourtant le message est le même. Dans le cas de « Laudato si’ » cela va même plus loin. La décroissance est le leitmotiv de cette jeunesse, alors que le Pape nous demande d’apprendre à donner et non simplement à renoncer. Non seulement changer nos réflexes quotidiens afin de consommer plus intelligemment, mais encore partager avec ceux qui n’ont pas ou ont moins : nous ne pouvons pas exiger de populations entières de se conformer aux règles des différents protocoles de Kyoto et suivants, alors qu’elles n’ont même pas atteint notre niveau de confort et de satiété. Le partage étant une des valeurs majeures du christianisme, ne serait-il pas judicieux de partager avec ces peuples notre droit à polluer (crédit carbone par exemple) ? Accompagner ces régions pour qu’elle sautent les échecs que nous avons-nous-même connus, sans pour autant revenir au colonialisme, serait un bon début.

Mixité sociale
Mais bonne critique ne se fait pas sans montrer l’exemple. Au sens du partage, le quartier des Eaux-Vives est un exemple réussi de mixité sociale. La quiétude du quai Gustave-Ador ne se trouve qu’à quelques minutes du fourmillement de la rue des Eaux-Vives. Plusieurs initiatives de la ville ainsi que d’associations de quartier aident à soutenir ce partage, cet échange, cette mixité, et les églises n’y sont pas étrangères.
L’Association pour la Sauvegarde du Léman, Pro Natura Genève ainsi que le Point Info de la ville de Genève ne sont que quelques exemples de la vitalité et de l’ancrage d’activités socio-écologiques dans notre quartier.

Etre prêt à œuvrer
Qu’en est-il alors de la paroisse Saint-Joseph ? Elle est en route pour favoriser encore plus cette mixité. Cependant la communauté n’est pas encore représentative de ce melting-pot social. La tolérance, l’acceptation de la différence font quelquefois encore défaut. Et il nous faut être prêt à œuvrer pour le bien de notre maison maintenant : agir selon les moyens que chacun de nous a à disposition, et non pas en fonction des biens de l’autre. Sans cette saine réaction, les problèmes que nous connaissons aujourd’hui, à savoir un monde de plus en plus inégalitaire, vont s’accroitre. L’eau se fera de plus en plus rare, mais certains auront toujours les moyens d’en acheter, même en bouteille. La circulation restreinte sera de plus en plus souvent appliquée, mais certains disposeront de plusieurs véhicules. Les produits alimentaires seront de plus en plus produits par des régions lointaines (Amazonie par exemple), mais certains auront toujours les moyens d’en importer, malgré des droits de douane de plus en plus exorbitants.

Ce que la charité nous pousse à entreprendre, le bon sens nous y invite aussi. Les exemples ci-dessus peuvent paraître évidents, mais rien n’indique que les populations favorisées aujourd’hui le seront aussi demain. Alors mettons-nous au travail et soyons équitables, tolérant-e-s et solidaires.

Une équipe Notre Dame lit l’encyclique Laudato si’

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), avril 2020

Texte par l’équipe Notre Dame – Martigny – 6 | Photo: Christine Biselx

LAUDATO SI’

1) Pourquoi le choix de ce thème ?
Le sous-titre « Le souci de la maison commune » nous a de suite interpellés.
Le cardinal G. Müller, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, écrit d’ailleurs dans sa présentation de la Lettre encyclique 1 : « C’est la responsabilité de tous les hommes envers la terre vue comme notre maison commune qui est le thème principal. » Il précise un peu plus loin : « Tous les habitants de la terre, dans la crise écologique actuelle qui met en jeu l’avenir de l’humanité sur notre planète, doivent prendre soin de la grande et belle demeure où Dieu Créateur et Père, a donné à tous une place et un foyer. »

2) Quelles implications dans la vie concrète ?
Dans sa Lettre encyclique le pape François nous a aussi touchés par ses réflexions :
« Il ne suffit plus de dire que nous devons nous préoccuper des générations futures. Il est nécessaire de réaliser que ce qui est en jeu, c’est notre propre dignité » (Laudato si’, no 160). Ne sommes-nous pas nous-mêmes les premiers à avoir intérêt à laisser une planète habitable à l’humanité qui nous succédera ?

« Les prévisions catastrophistes ne peuvent plus être considérées avec mépris et ironie. […] Le rythme de consommation, de gaspillage et de détérioration de l’environnement a dépassé les possibilités de la planète, à tel point que le style de vie actuel peut seulement conduire à des catastrophes, comme, de fait , cela arrive déjà périodiquement dans diverses régions. » (Laudato si’, no 161)

Ceci nous incite à considérer notre façon d’agir dans des situations de la vie courante. Quelques exemples :
– opter pour des achats utiles et indispensables
– limiter au maximum l’utilisation d’emballages plastique ou en papier
– décider d’utiliser le véhicule personnel avec discernement
– privilégier, si possible,  les transports en commun
– s’engager pour une politique développant les énergies renouvelables.

3) Qu’est-ce que cela apporte à notre vie ?
La lecture de cette lettre encyclique nous apporte une vision écologique intégrale, incluant le respect de la Création tout entière et induit en nous une sérénité faite de confiance et de gratitude envers notre Créateur et Père.

Elle nous engage à suivre un chemin de vie plus exigeant certes, mais aussi plus épanouissant, qui fait naître en chacun de nous la joie et la paix selon le plan et le cœur de Dieu pour ses enfants bien-aimés.

1 Lettre encyclique « Laudato si’ » (2015), Editions Parole et Silence

Naviguez vert sur internet

On peut penser que rechercher de l’information sur internet, parce qu’on limite le papier et l’encre, est une activité entièrement écologique, mais c’est loin d’être le cas! Le numérique consomme énormément d’énergie, alors comment réduire notre consommation sur internet? Des gestes écolos qui sauvent la planète.

Par Chantal Salamin
Photo: DR
Outre la consommation électrique de nos appareils, il faut considérer celle utilisée pour maintenir constamment disponibles les différents serveurs, notamment les clouds, utilisés pour le stockage de nos données, ainsi que celle utilisée pour le transport de ces données.

Quelques gestes écologiques simples à adopter
Consommez local en stockant vos données sur votre ordinateur plutôt que sur des serveurs distants (sans oublier de faire régulièrement des sauvegardes !). Téléchargez et/ou achetez les CDs et DVDs, le visionnage et l’écoute en ligne consomment énormément d’énergie !

Réduisez vos données distantes en supprimant les mails et rendez-vous devenus inutiles, en vous désabonnant des newsletters non lues, en utilisant wetransfer.com (stockage temporaire et gratuit) pour partager vos photos et films plutôt qu’un stockage permanent comme Dropbox ou Drive.

Optez pour un moteur de recherche écologique (Ecosia ou Lilo qui finance des projets sociaux et environnementaux), tapez directement l’adresse du site internet ou des requêtes efficaces avec des critères de recherche au plus proche du résultat espéré.

Ne gardez ouvertes que les pages web que vous consultez, enregistrez les autres dans vos favoris pour les consulter plus tard.

– Sur les réseaux sociaux, partagez moins mais mieux, ne suivez que les amis qui publient des choses intéressantes.

Planter des arbres en surfant sur le web : Ecosia

Ce moteur de recherche a planté 60 millions d’arbres en moins de 10 ans d’existence et plus de 25 mios ces 7 derniers mois !

Plus il y a d’utilisateurs d’Ecosia, plus les annonceurs lui versent de l’argent pour leur publicité, et Ecosia consacre plus de 80% de ses bénéfices à planter des arbres dans des régions du monde qui en ont le plus besoin comme Madagascar, la Colombie, la Côte d’Ivoire… et bien d’autres. 

Aujourd’hui, plus d’un arbre par seconde est planté par ecosia.org grâce aux internautes. Combien grâce à vous ?

Version pour iphone
Le site: ecosia.org

Version pour Android
Le site: ecosia.org

 

 

Pâques avec le coronavirus…

Le mot de Pascal Desthieux, vicaire épiscopal

Est-ce vrai qu’il n’y aura pas de messes à Pâques, ni de célébrations pendant la Semaine sainte? La stupeur a fait place à la résignation, à la compréhension et plus encore à la responsabilité de tous: nous voulons freiner cette épidémie et sauver des vies!

Nous allons vivre des fêtes de Pâques bien particulières. Heureusement, nous pourrons suivre les offices à la télévision ou sur internet, retransmis depuis la place Saint-Pierre de Rome, de la cathédrale de Fribourg et de bien d’autres églises.

Pour célébrer la Résurrection et méditer les apparitions du Ressuscité, je vous propose les douze stations de notre chemin de joie cantonal. C’est normalement sans risque puisque chaque mosaïque est à l’air libre, bien visible à l’extérieur de nos églises. Vous pouvez aussi les voir en restant chez vous: le site chemindejoie.ch nous les présente, avec une méditation et des explications.

J’ai eu le bonheur, l’an passé, lors de l’inauguration officielle, de les parcourir avec son auteur, le père Marco Rupnik. Je l’ai vu avec émotion découvrir comment les mosaïques qu’il a imaginées et dessinées, ont été réalisées et fixées dans leur écrin. L’artiste a donné quelques indications sur son œuvre: la mandole qui entoure chaque mosaïque n’est jamais fermée, mais toujours coupée et donc ouverte vers le ciel car l’œuvre nous invite à l’élévation. Les auréoles des disciples ont une partie blanche, non finie, signe qu’ils sont toujours en route vers la sainteté. Dans la magnifique mosaïque de l’apparition au 500 (cf. 1 Co 15, 6), qui se trouve contre l’église Sainte-Marie du Peuple à Châtelaine, on ne voit qu’une trentaine de personnes de dos. En fait, m’a précisé le père Rupnik, les personnes qui regardent cette mosaïque font partie de ce tableau, de ces 500 que le Ressuscité réconforte et envoie.

Depuis chez vous, ou en allant voir les mosaïques proches de chez vous, je vous invite à méditer ce chemin de joie, à aller à la rencontre du Christ ressuscité. Que ce chemin soit celui de votre joie!

En ces temps si particuliers, en grande communion avec les personnes atteintes par ce virus, leur famille et tout le personnel soignant, je vous souhaite, malgré tout, que Pâques soit fête de joie!

L’eau de mélisse du carmel de Develier

Par Pascal Ortelli
Photos: DR

En plein cœur du Jura, le Carmel de Develier est le plus jeune monastère de Suisse. Ces dix-neuf moniales issues de sept nationalités rappellent à leur manière l’amour du Christ pour tous par une vie de solitude et de prière. Outre un service de blanchisserie, les carmélites subviennent à leurs besoins en produisant l’eau de mélisse.

Une recette connue dès l’Antiquité
L’eau de mélisse est le fruit d’un héritage pluriséculaire dont le procédé de fabrication n’a cessé de s’affiner au cours des siècles. Depuis 1802 la recette gardée secrète de cet élixir à base de mélisse, d’épices et d’herbes aromatiques passe aux mains des Dames du Saint-Sépulcre de Baden-Baden en Allemagne. N’ayant plus les forces vives pour pérenniser sa production, elles transmettent leur savoir-faire aux carmélites de Develier en 2003.

Les plantes de mélisse sont cultivées dans le jardin du monastère. Grâce à deux alambics, sœur Maïlys, chimiste de formation, assure une dizaine de distillations par année. L’eau de mélisse stimule et rafraîchit les forces vitales. En usage interne (5 à 10 gouttes sur un sucre) ou externe, elle peut être utilisée contre les maux d’estomac ou de voyage et contre les troubles du sommeil.

Une jeune communauté
Les carmélites de Develier fêteront le 14 juin prochain les quarante ans de la dédicace de leur église placée sous la protection de Notre-Dame de l’Unité – tout un programme pour le canton du Jura ! Après une histoire mouvementée qui va de Marseille à Middes dans le canton de Fribourg, la communauté a pu s’établir dès 1980 à Develier dans un monastère moderne et flambant neuf fait de brique, de bois et de béton. 

Là, elles vivent le charisme du Carmel, une famille spirituelle d’ermites apparus aux alentours du XIIe siècle en Palestine et qui se réclament du prophète Elie. Sous l’impulsion de sainte Thérèse d’Avila et saint Jean de la Croix, l’ordre connut une profonde réforme au XVe siècle. Le Carmel accorde une grande place à l’oraison (une prière silencieuse toute simple en présence du Seigneur deux heures par jour en plus des offices liturgiques). 

Pour plus d’info et point de vente

http://mocad.ch/eau-de-melisse/

Comment vivre la joie de la Résurrection quand on traverse un deuil ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mars 2020

Le 21 mars 2020 à 16h, Mgr Gabriel Ghanoum, prêtre catholique melkite s’arrêtera à Sainte-Thérèse pour nous partager son expérience d’accompagnement face au deuil. Il nous offre lui-même un avant-goût de sa conférence.
Par Mgr Gabriel Ghanoum

Il y a effectivement un décalage entre la joie de la Résurrection – être heureux et habité par l’Espérance, célébrer en famille, avec des amis – et vivre son deuil suite à la perte d’un être cher, l’abandon d’un conjoint, un licenciement… Nous ressentons plus intensément en nous le vide, la peine, la souffrance, notre vulnérabilité en cette période de perte.
Ma conférence sur le deuil mettra en évidence les éléments importants du livre que le Dr Dezelic et moi-même venons de publier: Transcender le Deuil: Retrouver du Sens et des Outils Pratiques pour Naviguer dans le Monde de la Séparation. Nous l’avons écrit pour les personnes qui traversent un deuil, leur entourage immédiat, ainsi que le personnel médical, afin de les aider à s’adapter à leur nouvelle réalité de vie et à la comprendre. Un accent particulier est mis sur la façon de vivre les fêtes, les dates importantes et les célébrations.

En voici quelques extraits:
«Ce guide pour le deuil est destiné à vous aider tout au long de votre parcours personnel de deuil, peu importe où vous vous trouvez sur ce chemin lorsque vous prenez ce livre en main. Nous avons fait de notre mieux pour offrir des outils pratiques et des informations indispensables pour gérer tous les aspects du deuil: ce dont nous avons besoin pendant le deuil, des outils et des suggestions spécifiques (comment faire) et une compréhension plus approfondie de notre parcours personnel de deuil. Nous espérons que ce guide vous apportera un peu de guérison et d’espoir; que le terrain et les émotions douloureuses, sombres et difficiles engendrés par le chagrin s’apaiseront; et que vous retrouverez à nouveau la lumière de la vie…
Le deuil découle d’une perte de connexion et d’attache- ment à nos proches, à nos relations, lieux, objets et cir- constances chers. Il existe de nombreux types de deuils et de scénarios. Ils apparaîtront au fur et à mesure que nous serons confrontés aux changements inévitables qui accompagnent la séparation, la perte…»

Cette approche centrée sur le Sens s’ancre dans la logothérapie du Dr Viktor Frankl. Elle est comme une lampe, une balise d’espoir pour aider celles et ceux qui pleurent à naviguer tout au long de ce voyage, doux et amer, d’amour et de séparation souvent difficiles, leur permettant ainsi de trouver le chemin qui conduit à redécouvrir le Sens de leur vie et le Sens de la Vie. Comme le disait un auteur inconnu: «Le deuil n’a pas de fin, mais il change. C’est un passage, pas un lieu où séjourner. Le chagrin n’est pas un signe de faiblesse, ni un manque de foi. C’est le prix de l’amour.»

Le Christ a vécu cet état transitoire : de la séparation, la perte… de Dieu («Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?» Mt 27, 46), à la recherche de sens («Père, entre tes mains, je remets mon esprit» Lc 23, 46 et «Tout est accompli» Jn 19, 30), à la joie de la Résurrection. Pour nous chrétiens, il est le chemin, « la Résurrection et la Vie» (Jn 11, 25).

Le fanatisme dans l’assiette

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Clins Dieu sur les Contrées (VS), mars 2020

Par Alexandre Barras | Photo: DR

Je ne pouvais qu’être désigné pour l’édito de ce mois ! Je ne m’arrêterai pas aux nombreux scandales sur l’élevage, le conditionnement et la vente des produits qui se retrouvent dans nos assiettes. Je ne parlerai pas non plus des anti-spécistes et des adeptes du véganisme: je m’en tiendrai simplement à un propos de table.

Que de fois sommes-nous à table pour manger, boire un verre, partager nos joies, nos peines, nos questions ? Il est bien rare de n’y trouver rien à grignoter ou à boire! Manger et boire font partie du vivre ensemble. Jésus a souvent partagé la table, non seulement avec ses disciples mais aussi avec de nombreuses personnes diverses et variées. Il a multiplié les pains, les poissons et même changé l’eau en vin pour rassasier et désaltérer la soif de ses frères et soeurs en humanité. Il a même « changé » la prescription mosaïque sur les aliments purs ou impurs, affirmant : « Ce n’est pas ce qui entre dans l’homme qui est mauvais mais ce qui en sort. » (Mt 15,11)

Apprécier les mets que l’on nous sert, n’est-ce pas rendre grâce à notre Créateur de nous avoir donné de si bonnes choses ? Il nous les a données pour que nous en profitions, avec modération, pour sa Gloire et notre élévation humaine et spirituelle. Donc, pas de fanatisme dans nos assiettes, mais que de l’amour et de la joie, du palais et des convives.

Bon appétit à tous.

La chapelle Saint-Joseph, une oasis apaisante

Le 19 mars, nous fêtons le patron des pères de famille, des travailleurs et de l’Église universelle. L’occasion est belle de s’arrêter un instant dans la chapelle Saint-Joseph sous l’église Saint-Pierre dans le quartier de Beauregard, à laquelle nous avions consacré notre dernier article. Aussi, après l’ample vivacité de l’apôtre, passons à présent à la présence plus discrète du père adoptif de Jésus.Par Natalie Hervieux
Photos: DR

Image 1

Entre la salle paroissiale Saint-Pierre et le petit jardin de cette même église s’étend un escalier creusé à même le bâtiment, permettant d’accéder de l’une à l’autre. C’est dans le palier intermédiaire que s’ouvre la porte de la chapelle Saint-Joseph. En entrant, on est saisi immédiatement par les couleurs chaleureuses du bois qui domine l’oratoire. Devant soi, un paravent de fines lamelles de ce même bois forme une sorte de narthex qui offre au visiteur le temps d’un sas avant d’entrer plus avant, par les côtés.

Image 2

Un ensemble polyphonique et harmonieux
La lumière provient des vitraux qui s’alignent sur la droite de la chapelle, offrant la douceur de rayons obliques à cet espace de recueillement. Lesdits vitraux sont l’œuvre du peintre Yoki qui y a symbolisé des étapes de la vie du patron des lieux. On reconnaîtra ici les deux colombes apportées lors de la Présentation au Temple de Jésus, là le lys représentant la pureté de l’époux de Marie, ailleurs encore les outils de sa profession de charpentier (image 1). La fresque derrière l’autel (image 2), du même auteur, complète cette vie de Joseph de manière plus figurale : on y voit au milieu le père adoptif de Jésus, tenant son jeune garçon sur un genou. À gauche de ce motif central, le mariage avec la Sainte Vierge et à droite, la Fuite en Égypte.

Image 3

Yoki n’est pas le seul artiste a avoir été mandaté pour le décor de cette chapelle de semaine qui fut à l’origine un local de réunion et de théâtre. Antoine Claraz a laissé une large et très belle empreinte dans ce sanctuaire : on lui doit la croix (image 3) et le tabernacle de bronze (image 4), ainsi que la Vierge à l’Enfant (image 1) que l’on peut admirer à droite de l’autel – les émaux 1 sont l’œuvre de Liliane Jordan. La statue de saint Joseph (image 5) – située, comme le saint qu’elle représente, discrètement en retrait, est également à attribuer au sculpteur. L’ensemble revêt une douce cohérence où les coloris bronze et boisés se mêlent harmonieusement. Dans les mêmes tons, on observera, en levant les yeux, le plafond à caissons de bois ainsi que ses partitions et les étoiles centrales dorées, vestige restauré des transformations de 1959.

Image 4

Un chemin d’intériorité
Par terre, une touche de rouge et de bleu qui vient répondre à la palette de couleurs des œuvres de Yoki : un tapis circulaire plus récent représentant le labyrinthe de Chartres. L’idée de ce motif médiéval de microcosme est d’inviter à un pèlerinage condensé vers le dedans, vers le Christ – une démarche qui évoque notamment les mandalas qui rejoignent tant notre sensibilité actuelle. Autre itinéraire intérieur proposé : les mystères du rosaire, œuvre en dolomie du monastère de Bethléem (Mougère, F), contre la paroi de gauche. 

Image 5

On l’aura compris, la chapelle Saint-Joseph est un lieu idéal et très apprécié pour une halte passagère, que ce soit le matin à 8h30 pour la messe, l’après-midi pour un moment de solitude orante ou encore en soirée pour les diverses rencontres qui y sont proposées, notamment la très belle école d’oraison offerte par le Père Huguenin les jeudis soir. Légèrement en décalage par rapport à l’axe très fréquenté de l’avenue Beauregard menant à Villars-sur-Glâne, cette oasis vaut le léger détour qu’elle propose avant de retourner au quotidien de la vie citadine.

1 Matière fondante composée de différents minéraux, rendue très dure par l’action de la chaleur, destinée à recouvrir par la fusion le métal, la céramique, la faïence, la porcelaine à des fins de protection ou de décoration, et prenant alors des couleurs inaltérables.
www.cnrtl.fr

Remerciements :
Natalie Hervieux tient à remercier vivement Monique Pichonnaz Oggier pour ses généreuses et enthousiastes explications.

Sources :
Recherches personnelles de Monique Pichonnaz et Pierre Brasseur, service des Biens culturels.
http://www.cathedrale-chartres.org/Messe en l’honneur de saint Joseph jeudi 19 mars à 8h30 à la chapelle Saint-Joseph (paroisse Saint-Pierre), Fribourg

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
LinkedIn
Share
WhatsApp