Par Karin Ducret Photos : Vincent HabiyambereTreize mosaïques, illustrant une étape du Chemin de Joie, évoquant notamment les apparitions du Christ ressuscité, ont officiellement été inaugurées ce 28 avril. Ces imposantes œuvres de tesselles, spécialement conçues et composées par le célèbre atelier d’art spirituel du Centre Aletti de Rome, ont été installées entre 2013 et 2019 sur les façades de la Basilique Notre-Dame, des églises et d’un temple à travers Genève et dans le jardin du Cénacle.
A l’occasion de l’inauguration, plusieurs groupes ont convergé à pied ou en transports publics vers le Cénacle, en partant de Champ-Dollon, Perly, Châtelaine ou du Petit-Saconnex ! Les paroissiens et paroissiennes de Chêne-Thônex aussi ont participé et se sont joints tout d’abord au groupe de Champ-Dollon, devant le chalet de l’association REPR (Relais Enfants Parents Romands), où ils ont médité ensemble devant la reproduction de la mosaïque « La Résurrection », puis ils ont marché jusqu’à l’église Saint-François de Sales (Chêne) : l’abbé Joël et d’autres paroissiens et paroissiennes les attendaient pour la méditation devant la mosaïque « Reste avec nous : deux disciples rencontrent le Ressuscité sur le chemin d’Emmaüs ». Un joyeux pique-nique tiré du sac a permis une pause bienvenue avant le départ à pied vers le Cénacle pour participer à la bénédiction de la mosaïque « Touchez-moi et regardez » par l’évêque émérite Mgr Pierre Farine et le vicaire épiscopal l’abbé Pascal Desthieux et à la présentation du Chemin de Joie par le P. Marko Ruonik, sj, directeur du Centre Aletti. Une célébration et un apéritif festif ont clos cette inauguration du Chemin de la Joie.
Trois couples, où l’un des conjoints au moinsest divorcé et remarié, racontent leur parcours pour trouver une place en Eglise. Entre accompagnementet incompréhension, ils évoquent une institutiond’où ils se sentent parfois exclus, «mais qui évolue».
Par Bernard Hallet
Photos: B. Hallet, Ciric« J’aurais aimé porter une robe blanche et célébrer mon mariage à l’église », confie Michèle*. Alain* étant divorcé, cela n’a pas été possible. Un prêtre a béni leur union en présence des proches et des amis. « Cela n’a rien changé à ma foi. J’ai fait différemment, voilà tout. Mais il était important qu’il y ait quelque chose. »
Le prêtre leur avait expliqué leur situation par rapport à l’Eglise. Michèle et Alain n’ont pas essayé de changer les choses. « Les prêtres font ce qu’ils peuvent avec le droit canon. » Ils se souviennent d’une belle fête. Ils sont mariés depuis 21 ans.
Quelle place dans l’Eglise pour les couples complexes ?
Bien accompagnés
Une rencontre peut changer du tout au tout le rapport très sensible qu’ont ces couples dit « irréguliers » avec l’Eglise. Michèle reconnaît avoir eu une certaine appréhension lors de la discussion avec le prêtre pour envisager leur union. « Nous avons eu affaire à une personne à l’écoute et ouverte. » « S’il nous avait refusé une bénédiction, je ne sais pas comment nous aurions réagi », ajoute Alain. Les deux Valaisans s’estiment chanceux d’avoir été bien accompagnés.
Dominique ne peut pas en dire autant. Au terme d’une union de vingt ans, qui a débouché sur un divorce, elle a rencontré un prêtre. « Il n’a pas trouvé les mots pour m’apaiser. »
Elevée dans la foi, cette Jurassienne d’origine culpabilise d’avoir rompu un sacrement. Elle accordait en effet « une valeur immense au mariage ». Un rendez-vous avec un autre curé la plonge dans la détresse : « Il n’a pas du tout entendu ma souffrance. Il a été monstrueux. » Un contact avec une religieuse a ensuite atténué son amertume.
Cette dernière l’a orientée vers un prêtre auprès duquel elle a trouvé de la sollicitude.
Elle rencontre Philippe en 2000. « Pour nous c’était une évidence, le chemin continuerait ensemble », affirme-t-il. Lui aussi est divorcé mais sa situation vis-à-vis de l’Eglise ne l’affecte pas. Il n’avait plus mis les pieds à la messe depuis l’âge de 18 ans, même s’il a gardé la foi. Il y accompagne désormais sa femme avec plaisir et librement.
Malgré la volonté du couple de réunir quelques proches, le prêtre qui les accompagne accepte de bénir leur union mais, par souci de discrétion, en toute simplicité, sans officialité ni invités. La bénédiction n’aura finalement pas lieu. « Il ne fallait pas s’imaginer que ce serait un « deuxième » premier mariage. »
« Humiliée et blessée »
«Beaucoup de gens sont blessés par l’institution », affirme pour sa part Marie, qui s’est sentie humiliée, lorsqu’en 2015, un prêtre lui refuse la confession au motif qu’elle est deux fois divorcée civilement. En 2017, alors qu’elle était en retraite spirituelle, on lui refuse la confession et la communion. Vient la révolte.
Elle a attendu un an avant d’en parler à un religieux. « Il a accusé le coup. » Le sujet est sensible, la blessure profonde. « L’Eglise ne vient pas vers les gens qui ne sont pas « dans les clous », alors ils se détournent d’Elle. Avec mes deux mariages, je me sens proche de la Samaritaine. » Elle estime que c’est une responsabilité de l’Eglise et de tous ses membres de faire preuve de miséricorde et de témoigner du Christ.
Le regard des autres
« Je continue à m’inquiéter du regard des autres lorsque je vais communier », reconnaît Dominique. Entre le Jura, le Valais et le canton de Vaud, avec Philippe, ils sont amenés à se déplacer et se trouvent rarement deux fois de suite dans la même église.
Ce qui les arrange. Outre la discrétion, ils recherchent également de belles célébrations.
Pendant sept ans, Michèle et Alain sont allés à la messe dans le village voisin. « Par souci d’anonymat. » Ils ont préféré éviter l’église du village où ils habitent. « On nous aurait jugé si nous nous étions trouvés devant et que nous étions allés communier. J’en aurais sûrement fait autant », admet Alain. Ils sont revenus au village lorsque leur fils a commencé la catéchèse. Ils n’ont jamais essuyé de reproche de la part de la communauté.
Trop de pression
« J’étais profondément blessée et Didier m’a redonné confiance en l’amour humain », enchaîne Marie, qui va se marier avec lui en 2020, après un long cheminement. « Si je suis restée dans l’Eglise, malgré le manque de compassion de certains prêtres et un dogme peu centré sur l’Evangile, c’est uniquement parce que j’ai fait l’expérience de l’Amour du Christ. Ce ne sont ni le dogme ni la morale qui m’ont ramenée à la foi, mais l’amour de Dieu. »
Marie pense que les prêtres devraient oser le « non » à des couples qu’ils n’estiment pas prêts à une union devant Dieu. Selon elle, beaucoup passent devant le curé par tradition plus que par conviction religieuse.
La foi malgré tout
« Je me suis marié à l’église. Il y a quarante ans, on ne faisait pas autrement », coroborre Philippe. Dominique a connu son futur mari à l’âge de 14 ans. Elle a souffert de ce mot « divorcée » et s’est sentie stigmatisée. Elle serait heureuse de rendre service en paroisse, « mais après m’être assurée que je serais bien acceptée ». Elle a malgré tout gardé la foi.
Depuis 2005, Alain et Michèle peuvent à nouveau communier et se confesser. L’accompagnement a porté ses fruits. Le curé lui a proposé le poste de sacristain. De son côté, elle s’est beaucoup impliquée dans le parcours de son fils, chante dans la chorale de la paroisse et fait parfois des lectures.
Ecoute et compassion
Ils saluent l’initiative de Mgr Jean-Marie Lovey. L’évêque de Sion a en effet invité en septembre dernier des couples divorcés et remariés pour un échange. Une première dans le diocèse. Tous, l’évêque en tête, ont été surpris par les prises de parole.
Mgr Lovey a rappelé la ligne de l’Eglise concernant les couples divorcés et remariés (voir encadré ci-contre).
« Il a été extrêmement humble et a fait preuve d’une grande délicatesse. Nous avons eu de l’écoute et de la compassion », détaille Marie. Dominique a été étonnée : « On a réalisé que nous n’étions pas les seuls dans ce cas. »
Les uns et les autres reconnaissent que si l’Eglise a un peu évolué sur le sujet… avec la société, l’institution doit être moins dogmatique et plus à l’écoute. Ils comprennent la situation délicate des prêtres, entre miséricorde et dogme. « J’ai redécouvert la foi et je suis revenu à l’Eglise grâce à Marie », conclut Didier.
*Prénoms fictifs
Mgr Jean-Marie Lovey: «L’accompagnement individuel doit être attentif»
Propos recueillis par Bernard Hallet
Photo: Bernard Hallet
Qu’en est-il exactement du mariage à l’église ? Le droit de l’Eglise ne reconnaît qu’une forme de mariage valide entre baptisés : le mariage religieux, sacramentel, entre un homme et une femme, qui constitue une alliance durable, ouverte à la vie et dans la fidélité. C’est en tout cas l’objectif. Concrètement dans l‘histoire, les gens inscrivent leur vie de couple plus ou moins dans cette ligne.
Qu’est-ce qu’être divorcé et remarié implique concrètement en Eglise? Il faut distinguer les personnes divorcées des personnes divorcées et remariées. Il y a une confusion systématique : on pense que les personnes divorcées sont excommuniées et n’ont donc plus accès à l’eucharistie. C’est faux.
Les personnes divorcées-remariées sont objectivement dans une situation irrégulière. Cela est un fait découlant du droit et non un jugement de valeur. Les sacrements sont des signes. Le mariage sacramentel, communion entre l’homme et la femme, est un signe qui renvoie à la communion entre Dieu et l’humanité. Ce dernier lien est indéfectible. Si un mariage est brisé par un divorce, il n’est plus adéquat à signifier une communion indéfectible. L’eucharistie a aussi sa dimension de signe de communion, d’unité et d’alliance avec le Christ. Des personnes en situation de rupture, de division et de séparation poseraient un geste contradictoire en allant communier. Voilà pourquoi ce geste-là, sur le plan du droit, n’est pas possible à une personne divorcée et remariée.
Quelque chose de semblable concerne le sacrement du pardon. Le péché est une rupture d’alliance. La confession comporte la décision de renouer avec une alliance rompue et non pas de rester dans une alliance seconde, en contradiction avec le point de départ. Pour ne pas faire mentir le geste de l’absolution, le sacrement n’est pas, objectivement, accessible aux personnes divorcées et remariées. Mais attention ! Ce regard objectif, juridique ne dit pas le tout de la vie et surtout, dans le fond, ne résout pas grand-chose. Parce que la personne qui est dans cette situation de remariage et qui a toute sa liberté et son honnêteté intérieure souhaite parfois renouer – il y a une cassure humaine mais pas forcément une cassure avec le Christ – et nourrir ce lien de l’eucharistie et de la demande de pardon. Et puis se trouver divorcé-remarié est-ce une situation de péché permanent ? C’est tout l’enjeu de l’accompagnement spirituel.
Tant que la norme ecclésiale reste à ce niveau, je pense que l’accompagnement individuel doit être attentif et permettre que des personnes ou des couples puissent vivre la démarche et aller, comme le dit Amoris Laetitia, jusqu’à la réception du sacrement. On peut souhaiter que cette norme évolue. Et – faut-il le préciser ? – le sacrement du mariage n’est pas non plus accessible aux personnes divorcées qui souhaitent se remarier.
Vous aviez dit en 2017 que l’accueil devait précéder tout jugement. Beaucoup de couples ressentent exactement l’inverse de la part de l’Eglise, et parfois de la communauté. Cette question est tellement à fleur de peau puisque les gens s’investissent à fond dans une union ! Je comprends leur sentiment. Dans le cas où cela se passe mal, les dégâts humains et psychologiques sont si profonds qu’il ne faut pas ajouter de blessures. Il faut absolument distinguer ce qui est de l’ordre de l’objectif de ce qui est de l’ordre de la relation personnelle et subjective. Quand un mariage casse, c’est objectivement un drame et un échec. Indépendamment de tout jugement de valeur sur les personnes.
Des gens qui se sont engagés en toute connaissance de cause et en toute sincérité en espérant que leur union tienne et qui constatent que ce n’est pas le cas, doivent bien reconnaître l’échec. Ce mot désigne l’objectivité de la situation qui n’a pas tenu la promesse de départ. Cela ne désigne en rien la culpabilité ou la responsabilité de l’un ou l’autre ou des deux conjoints.
Objectivement, il y a des termes qu’il faut pouvoir employer pour désigner quelque chose de précis. Il y a ensuite toute la dimension d’accompagnement personnel qui doit être mise en place et qui doit primer sur le jugement. Il ne s’agit pas de juger mais d’accompagner et de comprendre. C’est pour cette raison que lorsqu’on parle de couples en situation dite «irrégulière», c’est objectif, ce n’est en aucun cas un jugement de valeur. La règle c’est que le mariage tienne. Dans le cas contraire, le couple est en dehors de la règle comme le joueur qui se trouve «hors-jeu». Ce n’est pas une faute morale.
Vous aviez évoqué en 2017 la formation des prêtres à l’accompagnement des couples. Qu’en est-il ? Rien de spécifique n’est pour l’instant mis en place pour que des prêtres soient formés à l’accompagnement des couples. Il y a une sensibilisation d’autant plus large que je crois que beaucoup de prêtres prennent conscience que c’est la réalité d’un certain nombre de paroissiens et ils se rendent compte de la nécessité de s’intéresser à l’accompagnement. Un signe : dans les visites pastorales que j’ai pu effectuer, à trois endroits les agents pastoraux, prêtres et laïcs, ont prévu des rencontres entre des couples blessés et l’évêque. Il y a cette sensibilité à faire quelque chose pour que ces couples ne soient pas marginalisés.
Les couples présents à la rencontre du 1er septembre 2018, ont été recontactés et conviés à une rencontre avec l’abbé Vincent Lafargue, l’aumônier des Equipes Notre-Dame du secteur Valais. L’idée est de lancer une équipe “Reliance“, constituée de couples divorcés et remariés. Trois couples remariés sont intéressés et un quatrième couple est d’accord de les accompagner. Rien n’est encore décidé.
Quelle démarche doivent entreprendre les couples qui souhaitent un accompagnement pour rester en contact avec l’Eglise ? Il n’y a pas de démarche particulière à effectuer. Ils doivent prendre contact avec le prêtre qu’ils connaissent, le curé de la paroisse. Beaucoup de prêtres font de l’accompagnement de couples dans ces situations particulières, indépendamment et bien avant Amoris Laetitia. Des prêtres n’ont pas attendu l’exhortation consécutive au synode sur la famille de 2015 pour effectuer cet accompagnement.
Je ne veux porter aucun jugement sur l‘accompagnement d’avant Amoris Laetitia. Sans doute cette exhortation apostolique a-t-elle cadré de façon plus claire les types d’accompagnement.
Beaucoup de prêtres accompagnaient et l’ont fait généreusement, en toute conscience et très bien avec plutôt un a prioride totale ouverture. Mais lisez attentivement Amoris Laetitia : l’exhortation met l’accent sur l’exigence du discernement et de l’accompagnement. Cela ne signifie pas, je le redis, «tous feux au vert». L’accompagnant doit prendre en compte une histoire des personnes, un couple et le réseau de relations de chaque conjoint, les enfants et les familles.
Certains se sont sentis humiliés lorsqu’ils ont évoqué leur situation conjugale lors d’un contact avec un prêtre et qu’on leur a refusé la confession et la communion. Dans un état de blessure humaine, si on vient demander du secours, un appui et qu’on se voit mis sur la touche, je comprends vraiment que la personne puisse se sentir blessée de ne pas être accueillie. Je pense qu’une partie importante de l’accompagnement consiste à accompagner sans dire a priorique l’on est dans un état objectif de rupture d’alliance et donc «on ne peut rien pour vous» ni l’inverse, où tout le monde est le bienvenu sans aucun discernement. C’est une situation délicate. L’accompagnement consiste à éclairer la conscience des gens et non pas à prendre des décisions. Lorsqu’on signifie à quelqu’un : «Non je ne peux pas te recevoir dans le sacrement de pénitence ou de l’eucharistie», on prend une décision à sa place. Ce n’est pas de l’accompagnement pour que la personne, en conscience et en liberté intérieure, puisse se dire : «j’accueille en toute liberté cette limite momentanée qui m’est mise» ou bien : «Je comprends que je puisse intégralement participer à la vie de l’Eglise, y compris sacramentelle.»
Vous avez dit: «on s’est focalisés sur l’eucharistie, il y a beaucoup d’autres choses à vivre en Eglise pour les couples remariés.» A quoi pensez-vous ? Tout baptisé nourrit sa foi non seulement de l’eucharistie mais aussi de la vie communautaire et de la Parole de Dieu. Il faut regarder dans cette direction. Qu’est-ce que la vie communautaire peut apporter à un couple divorcé et remarié ? Ou comment un couple peut-il s’intégrer dans la vie de la communauté locale, indépendamment de la participation à la communion ? Il y a des pistes importantes. La Parole de Dieu est très nourrissante. Comment se fait-il qu’on focalise tout sur l’eucharistie et si peu sur l’Evangile ? Qui reste un lieu de nourriture spirituelle et reste accessible à tous. Je pense à des cours bibliques, à une année pastorale avec des lectures d’un Evangile en compagnie de couples ou encore la lectio divina. Dieu sait combien de personnes ont retrouvé l’accès au Christ et à l’Eglise à travers la lectio divina ! Cela se vit dans beaucoup d’endroits et fait partie de l’accompagnement que l’on peut offrir. Beaucoup ne le savent pas.
Vous parlez de l’intégration dans la communauté. Parfois le jugement vient de la communauté. C’est très douloureux. Il faut absolument éviter ce genre de jugement. La dernière des lettres anonymes que j’ai reçue aborde ces questions. Quelqu’un me dit à quel point il est scandalisé de voir des personnes distribuer la communion à des gens divorcés ou remariés. C’est un jugement sur des personnes impliquées dans un service de communauté et qui ont chacune leur histoire, pas forcément lisses ni parfaites. Qui sommes-nous pour juger le cœur des gens ?
Avez-vous été surpris par le nombre de personnes qui sont venues à la rencontre que vous avez organisée en septembre 2018 ? Une belle surprise. Une quarantaine de personnes étaient présentes. Majoritairement des couples. Une deuxième surprise a été de voir le côté apaisé et serein de tous ceux qui se sont exprimés par rapport à ce qui a été monté en épingle sur les réseaux sociaux en ce qui concernait l’appellation de couples dits en situation «irrégulière». Le terme avait choqué un certain nombre de personnes. Voulant clarifier la situation, j’en ai parlé avec le groupe. Personne n’en a rajouté. Une personne présente a donné la clé de lecture en disant que si l’on parlait de situation «irrégulière», c’est parce qu’il y avait une règle.
La souffrance des gens est bien partagée. Je l’ai vu le 1erseptembre dernier. Une personne s’est exprimée ouvertement, libérant la parole de beaucoup qui se sont exprimés sur leur souffrance, sur leur sentiment d’être rejeté, souffrance de la part des familles où s’expriment des objections très fortes. Les histoires sont très personnelles, y compris dans la reconstruction du couple mais le sentiment d’être rejeté est largement prédominent. Certains couples se sont remariés il y a 20 ou 30 ans avec enfants et même petits-enfants et ont établi une structure de vie et qui a du sens tout de même!
On ne peut pas ne pas prendre en compte ces situations dans notre regard sur le couple lui-même dans son chemin spirituel.
Nous avons eu à faire à plusieurs situations : des couples divorcés et remariés de longue date et toujours engagés en Eglise. Des gens qui ont gardé un lien fort avec leur paroisse. Des couples ont tout quitté, tout abandonné et attendaient une ouverture et se sont réjouis de cette invitation. Pour la plupart, les gens attendent la possibilité de communier, c’est la plus grande attente exprimée. Si c’est perçu comme la seule manière d’être chrétien dans le monde d’aujourd’hui : aller à la messe et communier, le reste n’ayant pas d’importance, on risque de se trouver en porte-à-faux.
Lorsque vous rencontrez des couples remariés, que vous disent-ils ? De manière assez unanime, ils ont une réaction d’incompréhension. Nous devons entendre que les gens ne comprennent pas. Ce qui ne simplifie rien dans la pastorale. Si les gens ne comprennent pas, à quoi bon exprimer des choses incompréhensibles ? A quoi bon continuer de bloquer les situations incompréhensibles ? Il faut aborder cette situation par un autre biais. Pastoralement, nous n’avons pas le choix. Parce que la pastorale est au service de la vie. Si nous sommes dans une situation de blocage, nous ne sommes pas dans l’élan et la dynamique de la pastorale. Cela pose une question très lourde et très difficile, pour les pasteurs, de l’accompagnement qui est au centre et au cœur de notre ministère.
Souvent les gens ont l’impression de se heurter à un mur. Deux personnes en couple, chacune en instance de divorce, me disaient au sujet de la communion à laquelle ils aspirent : «Nous avons le sentiment d’être à un feu rouge et on attend qu’il passe au vert. L’élan est là, le moteur tourne.» C’est une belle image, il y a en effet quelque chose de cet ordre-là. Ils ont l’impression de se heurter à une impossibilité, alors que tout semble en place pour que ce soit possible. Comment passer au vert ? Faut-il sans discernement mettre tous les signaux au vert ? Ce serait l’anarchie. Comment accompagner ? Le critère du temps est important. Lorsque les personnes ont fait un long chemin de discernement et que le feu est toujours au rouge, on peut comprendre qu’il y ait une réelle incompréhension.
Abus sexuels, abus de pouvoir… depuis plusieurs années les dérives du cléricalisme sont constamment dénoncées. Pourtant, l’Eglise peine à se remettre en question.
Face à cette inertie, la grève du 14 juin prochain est l’occasion de faire entendre la voix des femmes engagées dans l’Eglise.
Déjà, en 2016, un groupe de femmes, parti de Saint-Gall, s’était rendu à pied à Rome pour apporter au pape François une lettre demandant la parité dans l’Eglise au niveau des décisions. Mariette Mumenthaler est active dans l’Eglise de Neuchâtel : « Nous étions huit femmes et un homme à avoir parcouru la totalité du trajet (1200 km). Plus de 1500 personnes nous ont accompagnés sur de petits tronçons au cours de notre marche. Nous souhaitions remettre notre lettre en mains propres, au pape François. Malheureusement, malgré le soutien des évêques de Bâle et de Saint-Gall, la demande de le rencontrer ne lui est jamais parvenue, probablement stoppée par la Curie. »
Pour Catherine Ulrich, assistante pastorale dans le canton de Genève, la coupe est pleine : « Mes propres enfants ne comprennent plus qu’en tant que femme, j’accepte d’être discriminée, de ne pas avoir de place à l’autel ! Quelle image transmettons-nous aux jeunes que nous accompagnons ? Quelles que soient nos responsabilités, il se trouve toujours un homme au-dessus de nous. Tant que le pouvoir ne sera pas mieux partagé, les abus perdureront. »
Myriam Stocker est coordinatrice de la planification du diocèse de Lausanne Genève et Fribourg et première femme membre du Conseil épiscopal : « J’ai l’impression d’être parfois la femme alibi et surtout d’être très seule ! On fait AVEC parce que la femme est là… mais on ne fait pas toujours ENSEMBLE ! Je me sens souvent peu écoutée. »
Depuis la création du Réseau des femmes en Eglise, en 2016, qui compte à ce jour environ 60 personnes, Myriam ressent un peu moins cette solitude : « Particulièrement ces derniers mois avec les actions que nous menons. Jésus invite toujours à le suivre, mais pas à lui obéir… et il faisait passer la vie avant la loi ! Le 14 juin, nous revendiquerons la reconnaissance de notre travail, le droit à la parole, celui d’être écoutées ainsi qu’une participation significative de femmes dans les instances décisionnelles et de formation. »
Texte et photo par Rémy DelalayJ’ai grandi à Uvrier où j’ai vécu une enfance heureuse. J’ai un seul frère, mais une de mes grands-mères a eu 16 enfants et l’autre 10. J’ai donc de nombreux oncles, tantes, cousins et cousines et cela a aussi marqué ma vie. Adolescent, j’étais passionné par la pêche. J’ai fait mes plus belles méditations les pieds dans l’eau de l’une ou l’autre de nos rivières, seul au milieu de la nature. J’ai ensuite fait un apprentissage de commerce à l’Etat du Valais à Sierre. Puis, comme Pierre, Jésus m’a appelé à quitter ma canne à pêche pour devenir pêcheur d’hommes. J’ai fait mon école de recrue juste avant d’entrer au Séminaire du Diocèse de Sion et d’étudier à l’Université de Fribourg où j’ai fait une licence en théologie. Vers la fin de mes études, j’ai ressenti un fort attrait pour la vie monastique. Je suis donc devenu Bénédictin à l’Abbaye de Disentis dans la partie romanche du canton des Grisons, mais j’y ai bien plus appris l’allemand que le romanche.
Après le noviciat, j’ai fait un Diplôme d’enseignement secondaire à l’Université de Fribourg. J’y ai été, durant l’année sainte 2000, aumônier des Moniales cisterciennes de l’Abbaye de la Maigrauge en basse ville de Fribourg, une des plus belles années de ma vie. J’ai ensuite enseigné quelques années dans l’école du Monastère. Puis ayant reçu une demande d’aide, j’ai accepté d’aller 4 ans au Monastère de Géronde à Sierre comme aumônier. Les Moniales Bernardines avait en effet besoin d’un prêtre. Ce fut un geste de solidarité envers une communauté féminine qui souhaitait pouvoir célébrer tous les jours la messe comme le sommet de leur journée monastique.
Après 20 ans de vie monastique, j’ai décidé de me mettre au service des paroisses de notre Diocèse. Après 7 ans comme vicaire dans la Noble et Louable Contrée, avec habitation à Lens, je me réjouis de venir célébrer la gloire de Dieu avec vous et avec vous de semer à tout vent la Parole. Pour moi, le prêtre est un homme consacré au service de Dieu tout en étant au service des autres. Par la célébration des sacrements, il présente les hommes à Dieu et Dieu aux hommes. Il porte dans la prière les joies et les peines de ceux qui lui sont confiés. De plus en plus, le prêtre doit aussi être missionnaire. Il est un signe et un témoin de la présence de Dieu parmi les siens. Il est un prophète qui redit sans cesse au monde que Dieu est un Père aimant et non un juge cruel.
Bien chers dans le Christ, vos prêtres ont besoin d’un certain soutien, d’un peu d’amitié, de confiance et de prière. Ils peuvent aussi être édifiés par la ferveur et la piété de leurs fidèles. Votre foi soutient et fortifie la nôtre. Les fidèles peuvent aussi offrir à leurs prêtres leur compréhension en face de certains de leurs inévitables choix et faire preuve de patience envers leurs défauts, faiblesses ou incapacités. Ensemble, nous sommes responsables de l’évangélisation et du témoignage donné. Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, à bientôt !
Texte par Bruno SartorettiLa Thérésia propose, pour la troisième fois, une création musico-théâtrale.
Nous voici à nouveau sur les planches. Planches que nous avons installées sur la patinoire d’Isérables, au beau milieu de la forêt ! Lieu insolite, histoire insolite !
Sous le vocable « le sac à main de la bédjuasse ! », que se cache-t-il ? Une histoire simple qui fait place au rêve. Rêve de reconnaissance, rêve de nouveauté, rêve de retombées financières, rêve de pouvoir, rêve d’avenir plus souriant, rêve d’un monde plus écologique,…
A la suite d’une assemblée primaire, un groupe d’opportunistes crée l’association des amis de la hotte, car, comme tout le monde le sait, sinon vous le saurez, la hotte, c’est le sac à main de la bédjuasse !
L’idée vient d’une femme (Ida), avide de fortune, qui propose de faire du hobby de son mari (Alban), fabricant de hottes, un revenu bénéficiaire pour faire du pain quotidien, un gain quotidien. Se greffe à l’idée, la représentante de la commune (Mylène) qui tient à se montrer digne de la confiance et du regard bienveillant du Président (Régis) ! Voyant l’occasion trop belle, une entrepreneuse (Isabelle) et un ingénieur (Guy), saute sur l’occasion de faire des affaires juteuses et financières. Un bûcheron canadien (René) se dit que pour mieux s’intégrer, sa présence semble nécessaire, voire indispensable, car c’est lui qui connaît le mieux la forêt. Le décor est planté, si nous osons dire ! Au milieu de la forêt, les idées, les conflits, les intérêts vont voir le jour…
Parsemé de chants (la Thérésia), tel que la tactique du gendarme, Je veux, Parler Parler, La fête, le canon des arbres, Et moi et moi et moi, L’effet papillon, c’est la hotte… l’histoire suit son cours !
Laissez-vous emporter, le temps d’une soirée, dans un monde semi-imaginaire. Laissez vos cœurs et vos oreilles ouverts à une découverte nouvelle, celle du sac à main de la bédjuasse !
Dates et horaire 2019
28-29 juin à 20h30
30 juin à 17h 5-6 juillet à 20h30 7 juillet à 17h
Prix entrée : Fr. 25.– Courses spéciales téléphériques : vendredi et samedi : 23h45; dimanche: 20h45 Petite restauration sur place.
Pour tout renseignementet pour réservation : 027 306 56 94
Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR« Qui suis-je pour juger ? » La phrase avait fait le tour du monde : lancée par le Pape aux journalistes dans l’avion au retour de l’un de ses voyages, elle s’appliquait aux personnes homosexuelles. Mais elle vaut bien évidemment pour toutes les situations considérées comme « irrégulières » au regard de la conception ecclésiale. « Qui suis-je pour me considérer dans une situation régulière ? », pourrions-nous aussi ajouter à la suite de l’évêque de Rome.
Injonction vigoureuse « Ne jugez pas afin de ne pas être jugés ; car du jugement dont vous jugez on vous jugera. » (Matthieu 7, 1-2) Ces paroles de Jésus, préludant à la parabole de la paille dans l’œil du voisin mise en parallèle avec la poutre dans nos propres yeux (Matthieu 7, 3-5), ouvre le troisième chapitre du sermon sur la montagne (Matthieu 5-7). « Hypocrite, ôte d’abord la poutre de ton œil, et alors tu verras clair pour ôter la paille de l’œil de ton frère », conclut l’injonction vigoureuse du Christ. (Matthieu 7, 7)
Seul Dieu juge Car « la lampe du corps c’est l’œil. Donc, si ton œil est sain, ton corps tout entier sera lumineux », affirme déjà le nouveau Moïse au chapitre précédent (Matthieu 6, 22-23). L’enjeu est donc de taille.
Non seulement, il s’agit d’accueillir de manière inconditionnelle les « couples complexes » et chaque contexte particulier, sans poser d’appréciation extérieure. En effet seul Dieu juge, puisque lui seul peut sonder les cœurs et les reins et jauger les intentions profondes et le degré de justice de chacun(e).
Non seulement il convient d’accompagner chaque union et chaque famille dans sa spécificité, de l’aider à opérer un discernement et d’intégrer toute personne dans nos communautés, ainsi que l’exhortation apostolique post-synodale Amoris laetitia (La joie de l’amour) nous y incite instamment (en son chapitre 8). Mais renoncer à porter un jugement sur les autres, c’est soigner son regard sur toutes choses et remplir ainsi son être entier de lumière. « Change ton regard sur les autres et le monde changera », propose fort justement un chant de Noël Colombier !
Texte et photo par Anne-Marie ColandreaPour qui la dévotion mariale résonne dans les cœurs, le mois de mai est celui de toutes les grâces de la bienveillance maternelle de la Mère du Christ et Mère de l’Eglise. Nous lui confions également les temps forts de la catéchèse paroissiale.
Ce mois de mai se conjugue de célébrations en célébrations, du premier pardon à la première communion, et pour les collégiens, au sacrement de la confirmation. Autant de rendez-vous rythmés par les retraites de préparation, l’engagement des catéchistes, des prêtres et des parents, autant de temps forts pour voir ces enfants et ces jeunes grandir dans la Foi.
La communauté paroissiale retrouve, elle aussi, des élans de jouvence et d’émerveillement devant ces regards rayonnant de joie. Les enfants comme les jeunes se révèlent émus et touchés de vivre la réalité des sacrements qu’ils reçoivent. La grâce n’est pas un simple mot, le sacrement est un réel cadeau qui nourrit et révèle la relation du Seigneur avec chacun de nous.
La paroisse Sainte-Thérèse a conduit 30 enfants à la fête du premier pardon, et 18 enfants pour leur première communion. Les parents ont répondu présents à chacune des réunions d’informations et d’échanges. Outre les informations des détails à connaître pour le jour J, ils ont volontiers répondu à l’invitation de partager leurs expériences, leurs attentes et leurs désirs pour accompagner leurs enfants sur le chemin de la rencontre avec le Christ.
Après les bilans de l’année et les projets des activités pastorales à venir, nous nous approchons de la pause estivale, mais y a-t-il une pause pour la Charité ? Que ces temps forts partagés en paroisse, nous aident à retrouver notre temps de la rencontre avec Notre Seigneur.
Photo: DRLe 14 juin, les femmes manifesteront pour plus de respect et d’égalité salariale. Notre Eglise cantonale donnera un jour de congé payé aux femmes (ainsi qu’aux hommes qui souhaitent être solidaires de cette grève et y participer).
C’est l’occasion de faire un point sur l’engagement et la responsabilité des femmes dans notre Eglise. La situation est paradoxale : si les femmes sont majoritaires dans les assemblées et services d’Eglise, elles sont absentes dans les postes à hautes responsabilités, confiés la plupart du temps à des cardinaux, évêques ou prêtres. Nous espérons que la réforme de la Curie, qui arrive à terme, donnera prochainement la possibilité à des femmes de présider des dicastères. Un laïc préside actuellement le Dicastère de la communication, ce qui semblait encore impensable il y a quelques années.
Et à Genève ? Sur les 14 services (comme la formation, le catéchuménat, la pastorale des jeunes…) et aumôneries (des hôpitaux, prisons, requérants d’asile…), 13 sont sous la responsabilité de femmes. Certaines sont à la tête de services importants, comme la pastorale de la santé qui engage une quinzaine d’aumôniers et supervise des dizaines de bénévoles.
Qu’en est-il des salaires ? Il n’y a pas de différence de salaire entre les hommes et les femmes, et à formation égale, une assistante pastorale gagne plus qu’un prêtre.
Certes, les paroisses et les équipes pastorales sont sous la responsabilité de curés, et donc d’hommes. Mais nous allons franchir un pas cet été en confiant les trois paroisses de l’Unité pastorale Salève à une assistante pastorale, tandis que le jeune prêtre Fidei Donum, qui viendra de Guinée pour se mettre au service de ces paroisses, sera nommé vicaire (et non curé).
Vous voyez, on avance, mais il y a encore bien du chemin à faire. Voilà pourquoi notre Eglise soutient la grève des femmes du 14 juin !
Par Geneviève de Simone-Cornet Photo: Jean-Claude Gadmer« Peut-être les abus sexuels sont-ils la seule issue que le Saint-Esprit ait trouvée pour nous bousculer, donner un coup de pied dans la fourmilière et nous obliger à nous demander : « Crois-tu vraiment à l’Evangile ? Que fais-tu de lui ? Es-tu miséricordieux ? Prends-tu vraiment soin des enfants, des petits ? » Car le Christ s’est fait petit pour rejoindre les petits. »
Ces questions, je les ai entendues posées un matin sur les ondes de RCF par Marie-Jo Thiel, qui a publié en mars « L’Eglise catholique face aux abus sexuels sur mineurs » (Bayard). Dans la crise que traverse notre Eglise, je les ai reprises à mon compte. Et j’invite chacun à les méditer. Elles devraient être le cœur de la prière de tout chrétien qui se met devant Dieu en vérité en ce moment où la barque de l’Eglise est secouée par des flots d’une violence inouïe.
Marie-Jo Thiel est médecin et théologienne. Dans un livre de référence, elle examine les enjeux historiques, sociétaux, juridiques, psychologiques, éthiques et théologiques des abus sexuels commis par des hommes d’Eglise sur des mineurs pour tenter de comprendre ce qui s’est passé, l’analyser et tracer des pistes pour l’avenir. C’est à la fois rude et salutaire.
Mais, si le sujet est grave, l’auteure termine sur une note d’espérance : « J’imagine une Eglise plus juste, une Eglise réellement peuple de Dieu, respectueuse de tous ses fidèles, une Eglise inclusive qui sait valoriser l’expertise laïque, une Eglise qui donne envie d’en être, de s’y engager, une Eglise évangélique qui sait annoncer à temps et à contretemps la bonne nouvelle du Dieu Amour fait homme ; une Eglise qui offre l’Esprit du Père et du Fils et en lui s’accueille levain dans la pâte humaine ».
Si nous retroussions nos manches pour la construire, cette Eglise, dans nos familles, nos milieux de travail, nos communautés ? Nous découvririons que, loin de se replier sur les sacristies, l’Eglise a vocation d’être « levain dans la pâte humaine ». Et l’Eglise c’est nous, tout homme, toute femme qui prend l’Evangile au sérieux.
Alors oui, les vagues nous éclabousseront, la tempête se déchaînera, le vent nous emportera. Alors oui, la crise fera son œuvre en nous, creusant dans les profondeurs. Mais c’est « dans les profondeurs de la vie nourrie d’Esprit que la nouveauté peut surgir, que la vie germe, que le rêve prend racine », nous dit Marie-Jo Thiel. Pourquoi avoir peur ? Le Christ est avec nous dans la barque.
Sœur Marie-Paule est cellérière de la communauté des Bernardines à Collombey. Un monastère qui produit des hosties et gère une sonothèque,mais où l’essentiel reste la prière.
Texte et photos par Nicolas MauryTablier bleu sur son habit de religieuse, Sœur Marie-Paule examine une plaque dont la cuisson vient de se terminer. « Il n’y a pas de recette miracle », note celle qui est cellérière de la communauté des Bernardines depuis onze ans. « Une hostie est composée d’eau et de farine, laquelle est un élément vivant qui ne se comporte pas toujours de la même manière. Il faut aussi un peu de savoir-faire. »
Si la manufacture d’hosties fait la réputation du monastère qui surplombe Collombey, elle n’est pas l’activité principale de cette congrégation de huit sœurs. « La raison d’être d’une communauté monastique est de louer le Seigneur et d’intercéder pour les gens qui nous entourent. Ensuite, il faut bien subvenir à nos besoins ! » D’où une Règle qui prévaut, celle de saint Benoît. « Ora et labora, qu’on peut traduire par prie et travaille. Notre labeur a deux objets : subvenir aux besoins de la communauté et être un soutien pour les gens qui sont dans le besoin. C’est ce que nous essayons de vivre ici. »
Lever avant l’aurore
Chaque matin, le réveil sonne à 4h25, « pour que je puisse avoir une chance de me lever à 4h30 », sourit Sœur Marie-Paule. « Nous commençons la journée avec le premier temps de prière : les vigiles, qui est aussi le plus long et le plus apprécié. Débutant à 5h, il dure une quarantaine de minutes. » Le petit-déjeuner et la Lectio Divina, de 6h à 8h, suivent dans la foulée. « On nourrit l’esprit avant le corps. Moi, c’est ce qui me permet d’assumer les aléas du quotidien. C’est un temps béni, où nous ne sommes pas assaillies de choses matérielles. »
L’office des laudes à 8h, puis la messe à 8h30 précèdent le temps de travail qui débute vers 9h30. « Si je travaille aux hosties, en général je fais la pâte le jour qui précède la cuisson. Sur l’année, il est difficile d’estimer la quantité réalisée. Mais en 2018, nous avons utilisé 3,6 tonnes de farine. »
La main à la pâte
Comme la production comporte plusieurs étapes, les compétences de chacune sont mises à profit. « Les sœurs qui ont 80 ans ne peuvent plus manipuler un sac de 25 kg. Par contre, elles peuvent gérer le tri et le conditionnement. Tout le monde est ainsi concerné. » Et ce, même au-delà de la communauté. « Elvira Morard est une laïque qui nous épaule », indique Sœur Marie-Paule en désignant une femme s’occupant des plaques. « Nous la considérons comme une des nôtres ! »
La fabrication s’apparente à celle des gaufres. « Le sucre en moins ! La clef, c’est l’humidité. La cuisson finie, les plaques sont humidifiées à 80 % dans une chambre spéciale. Cela permet la découpe. » Une fois conditionnées, les hosties sont envoyées dans les paroisses du diocèse de Sion.
Elvira Morard et Sœur Marie-Paule examinent une plaque d’hosties.
Alors que midi approche, les Bernardines se préparent pour sexte, office qui précède le repas. Suit un temps de pause jusqu’à 14h30 et none, puis le labeur reprend jusqu’aux vêpres (17h15). « Une autre partie de notre activité est liée à l’Etoile sonore. Cette sonothèque permet de proposer des livres audios aux personnes incapables de lire. » Des ouvrages qu’il s’agit d’enregistrer. « Deux de nos sœurs s’en chargent, de même qu’une cinquantaine de bénévoles externes. Pour moi, nos deux activités ont beaucoup en commun. La lecture permet de s’ouvrir et de créer des liens. Tout comme la communion ! »
Après les vêpres, la journée est déjà bien remplie. « Certaines sœurs vont se coucher à 19h, moi parfois un peu plus tard. » Si, à l’écouter, Sœur Marie-Paule n’a pas une minute à elle, elle dit ne pas avoir l’impression d’être stressée. « La vie monastique nous apprend à passer rapidement d’une chose à l’autre. Si je mets 20 minutes pour y parvenir, je ne vais pas m’en sortir. On acquiert au cours du temps la capacité d’être vite opérationnelle. » Et de plaisanter : « Ce qui est sûr, c’est que je ne suis pas menacée par le chômage ! »
Un agenda bien rempli
4h30 –> Réveil 5h –> Vigiles, temps de prière 6h –> Petit déjeuner et Lectio Divina 8h –> Laudes 8h30 –> Messe 9h30 –> Travailen atelier 12h –> Sexte,puis repas 14h30 –> None 14h45 –> Travailen atelier 17h15 –> Vêpres Le soir –>Complies
Par Marc Passera Photos: DRMarie occupe une place importante dans la vie des chrétiens. Au long des siècles diverses formes de dévotion mariale sont apparues et ont accompagné de nombreuses communautés. Je garde un souvenir ému d’une paroisse des montagnes de Calabre qui, n’ayant plus de prêtre se retrouvait quotidiennement pour la récitation du chapelet. La foi en Christ y était vécue en profondeur, enracinée de manière solide et éclairant la dureté de la vie. Mais j’ai éprouvé des réserves devant certaines manifestations de spiritualité où Marie apparaissait sans Jésus et vénérée à la manière d’une déesse provoquant parfois une exubérance malsaine. J’ai été choqué par la prière lue dans un sanctuaire qui demandait à Marie « de nous libérer du bras vengeur de son Fils »… Je sais aussi que le thème est délicat dans le dialogue avec la Réforme, même si la lecture du texte rédigé par le Groupe des Dombes 1 m’a aidé à mieux situer la question et à apprécier l’effort d’une approche commune. Dans son exhortation apostolique Marialis cultus, Paul VI avait déjà offert de précieuses indications et insisté sur la dimension « biblique, liturgique, œcuménique et anthropologique du culte marial » 2.
C’est qu’il s’agit d’un thème difficile pour les théologiens. Certains ont recherché le moindre signe se référant à Marie dans le texte biblique, chez les Pères et dans la Tradition de l’Eglise, mais pour ne développer qu’une dimension dogmatique ou apologétique et parfois polémique. D’autres, la mettant en relation exclusive au mystère du Christ risquent de la réduire à pur symbole. On sait que Vatican II, reprenant une longue réflexion médiévale 3 a conclu son document sur l’Eglise par un chapitre sur « La bienheureuse Vierge Marie, mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l’Eglise » 4). Mais pour les théologiens catholiques, il sera difficile d’insérer Marie dans leur réflexion sur l’Eglise. On assiste toutefois, de nos jours, à un nouvel élan qui cherche à dire la foi au féminin et qui pose sur Marie un regard nouveau.
C’est petit à petit que Marie va prendre sa place dans la vie de l’Eglise. Bien sûr, il y a la Marie des Evangiles, en Luc surtout. Jean la nomme toujours Mère. Il y a la Marie des Apocryphes 5. Il y a aussi les expressions d’une foi qui éprouve le besoin de se dire de manière commune et qui cherchera les mots que les grands Conciles feront siens, comme quand à Ephèse en 431 elle est proclamée Théotokos. Mais il y a surtout la foi d’un peuple croyant, le sensum fidei ou sensum fidelium qui se sent proche d’elle parce qu’il sait qu’elle est proche de lui.
En effet, c’est en Marie que le Verbe par qui « tout est venu à l’existence » (Jn 1, 3) « s’est fait chair et a habité parmi nous » (Jn 1, 14). Elle a écouté le Verbe-Parole, elle l’a accueilli et mis au monde. Désormais, Dieu se rend visible sous les traits d’un enfant qui grandit et d’un homme qui donne sa vie. Le « Dieu que personne n’a jamais vu » (Jn 1, 18) n’est pas une idée, il est l’un de nous. Cela, c’est l’œuvre de l’Esprit. Marie est Mère parce que fécondée par le Père. Elle « retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » (Lc 2, 19) allant ainsi au cœur du mystère. L’expérience que vit Marie est unique, mais elle est aussi invitation à s’inscrire dans ce dynamisme de maternité. C’est ce que vit Joseph qui accueille Marie et ce que le Père accomplit en elle. Comme Paul, il peut dire « je tombe à genoux devant le Père, de qui toute paternité au ciel et sur la terre tient son nom » (Eph 3, 14-15). Vrai homme, Jésus donne à tous de vivre de la vie de Dieu. En complicité avec Marie et en chantant avec elle le Magnificat, c’est le mystère qu’exprime la véritable dévotion mariale.
1 GROUPE DE DOMBES, Marie dans le dessein de Dieu et la communion des saints, Paris, 1999 2 Cf. Exhortation apostolique Marialis cultus, publiée le 2 février 1974, section 2 3 Cf. entre autres de LUBAC, Henri, Méditation sur l’Eglise, Paris 1953 qui jouera un rôle important à Vatican II 4 LG 8 5 NORELLI, Enrico, Marie des apocryphes. Enquête sur la mère de Jésus dans le christianisme antique, Genève, 2009
La rencontre avec Jacques Cheseaux, « Jacky » (c’est ainsi qu’on le surnomme à Leytron) a eu lieu au Home les Fleurs de Vignes. Il venait de raccompagner dans leur chambre plusieurs résidents qui avaient participé à la méditation du chemin de croix.
Jacky est très heureux d’être auxiliaire de l’eucharistie. Cela fait près de 30 ans que semaine après semaine, il rend visite aux personnes qui ne peuvent se rendre à l’église les dimanches ou les jours de semaine, pour leur apporter la communion. Il a ainsi collaboré avec plusieurs curés et il se plaît à tous les nommer, dans l’ordre : les abbés Jean-Pierre Zufferey, Luc Devanthéry, Bernard Dubuis, Martial-Emmanuel Carraux, Marie-Joseph Huguenin, Frédéric Mayoraz, Robert Zuber et Bruno Sartoretti.
Ce qui compte pour lui, c’est la joie de pouvoir apporter le Corps du Christ et tant qu’il aura la santé, pour rien au monde, il ne cèdera et abandonnera ce service. Il rend grâce d’être « un ouvrier heureux dans la vigne du Seigneur. »
Interview d’Edith Fort, auxiliaire de l’eucharistie depuis de nombreuses années
Texte par Sarah Roux
Qu’est-ce qui te motive dans ton activité d’auxiliaire de l’eucharistie ? Ce qui me motive c’est de pouvoir permettre aux personnes qui le souhaitent de recevoir le Christ et goûter ainsi à la joie profonde que procure l’hostie. En apportant l’eucharistie à des personnes qui ne peuvent plus se déplacer jusqu’à l’église pour les messes, j’ai le sentiment de rendre encore plus concret le lien qui existe entre elles et le Christ.
Quelles sont les joies et les difficultés rencontrées ? Chaque eucharistie vécue est pour moi une joie. Cette joie est énorme et va dans les deux sens. J’ai à la fois l’impression de pouvoir faire un cadeau à la personne qui désire recevoir l’hostie et à la fois c’est un cadeau que je reçois quand je vois l’effet qu’elle procure sur les personnes qui la reçoivent. Elles sont tout de suite plus sereines, plus en paix et profondément joyeuses. Cet Amour que je transmets, je le vis en même temps. Ce sont toujours de riches moments de partage lorsque j’apporte la communion à domicile.
Quant aux difficultés rencontrées, elles sont plutôt de l’ordre de la confiance en soi. J’ai beaucoup réfléchi avant d’accepter de devenir auxiliaire de l’eucharistie. Je me suis demandé si j’allais être capable et à la hauteur de ce qu’implique le fait d’être auxiliaire de l’eucharistie, si j’étais suffisamment digne d’une telle « tâche »… Puis j’en ai parlé avec une amie qui donnait déjà la communion à domicile et qui m’a rassurée sur mes capacités à me faire proche des gens et m’a dit à quel point c’était une expérience enrichissante. Depuis toutes ces années, je ne regrette pas d’avoir franchi le pas et d’être devenue à mon tour auxiliaire de l’eucharistie.
Au service de Dieu comme auxiliaire de l’eucharistie avec André Roduit, 24 ans
Texte et photo par Alessandra Arlettaz
Aujourd’hui, je suis allée à la rencontre d’André. Avec lui, je me suis intéressée à son engagement en tant qu’auxiliaire de l’eucharistie.
Il y a quelques mois, il est allé trouver M. le Curé Zuber afin de se mettre au service de la paroisse. Il était important pour lui de rendre à la paroisse ce qu’elle lui avait donné.
Il explique qu’il a la chance d’avoir reçu la foi dans sa famille et notamment reçu une partie de cette dernière par la paroisse. Il trouve que la paroisse est importante, c’est le vivre ensemble avec toutes les générations confondues, se soutenir les uns les autres.
Quoi de mieux pour remercier de ce merveilleux cadeau de la foi reçue que de se mettre au service en étant le serviteur de l’eucharistie ? Ce service il le rend sous le mandat du prêtre donc selon le besoin de la communauté. Ce qui est important, c’est d’être juste le serviteur dans le don de l’eucharistie, le don de Dieu à l’autre.
Pour lui recevoir l’eucharistie est une chose merveilleuse ainsi il est d’autant enrichissant d’en être le serviteur.
Je conclus cet article en remerciant André d’avoir pris le temps de s’engager dans notre paroisse, d’y mettre toute sa joie et sa bonne humeur.
Son engagement nous rappelle que Dieu est là pour tout le monde.
On parle beaucoup des «fake news», ces fausses informations qui trompent ceux qui les écoutent et sapent la confiance. En famille aussi, la tromperie altère les relations. Petites pistes pour que le mensonge n’ait pas le dernier mot.
Par Bertrand Georges Photo: DR• Lorsque l’enfant découvre la possibilité de mentir, la tentation est grande d’en user, car au premier abord, on peut trouver cela utile. Dans ce domaine comme dans d’autres, l’exemple est la meilleure école : s’ils perçoivent que leurs parents ne sont pas francs, les enfants ne comprennent pas pourquoi on exigerait cela d’eux.
• Celui qui ment le fait pour se valoriser, pour cacher quelque chose qui lui fait honte, ou par peur si une faute ou un manquement passé a entraîné une punition disproportionnée. Sans doute vaut-il mieux montrer que l’on a détecté le mensonge, en parler et souligner l’importance de vivre en vérité, plutôt que de sanctionner trop vertement.
• Si le mensonge entame la confiance, la confiance, au contraire engendre l’authenticité : « Lorsque quelqu’un sait que les autres ont confiance en lui et valorisent la bonté fondamentale de son être, il se montre alors tel qu’il est, sans rien cacher. Celui qui sait qu’on se méfie toujours de lui, qu’on le juge sans compassion, qu’on ne l’aime pas de manière inconditionnelle, préférera garder ses secrets, cacher ses chutes et ses faiblesses, feindre ce qu’il n’est pas », dit le pape François 1.
• Il est important de ne pas enfermer l’autre (ou soi-même) dans un travers. Un mensonge ne fait pas irrémédiablement un menteur. L’Espérance nous permet de croire en un progrès possible. « Une famille où on se refait toujours confiance malgré tout permet le jaillissement de la véritable identité de ses membres et fait que, spontanément, on rejette la tromperie, la fausseté ou le mensonge2. »
• C’est en contemplant Jésus, Chemin, Vérité et Vie, et en lui demandant sa grâce que l’on progresse dans une attitude de franchise.
• Le sacrement de réconciliation, source de pardon, de paix, de conversion et de guérison, donne la grâce de nous pardonner à nous-même et aux autres, et de vivre en vérité.
1 Amoris Laetitia 115 2 ibidem
Lorsque l’enfant découvre la possibilité de mentir, la tentation d’en user est grande…
Par Valérie Ugolini, responsable du service d’aide aux familles (Croix-Rouge) Photos: DR
Marie-Josèphe Dénervaud, la coordinatrice du projet.
Le projet Habiter-Aider est parti du constat suivant : beaucoup de jeunes cherchent des logements et n’ont pas toujours les ressources financières pour payer un studio. Par ailleurs, l’idée de vivre seuls ne les enchante pas toujours. D’un autre côté, les seniors ont parfois besoin d’aide pour des petits services et ne savent pas à qui s’adresser. Nombreux sont ceux qui se sentent aussi seuls dans leur appartement trop vide. Dès lors pourquoi ne pas combiner les besoins des uns et des autres ? Le fonctionnement du projet est simple : un senior met à disposition un logement à un étudiant en échange de services définis ensemble. Il n’y a pas d’échange monétaire, sauf parfois quelques sous pour participer aux frais. La coordinatrice du projet de la Croix-Rouge fribourgeoise cherche et met en lien seniors et étudiants, participe à la signature du contrat et reste en contact régulier avec le tandem durant toute la durée de la cohabitation. Marie-Josèphe Dénervaud, bénévole très engagée dans l’Unité pastorale Notre-Dame, est aussi coordinatrice du projet Habiter-Aider et accompagne les étudiants et seniors durant leur colocation
Marie-Claire et Hélène
A 96 ans, Marie-Claire s’est décidée à accueillir pour la première fois une étudiante chez elle. Il faut dire qu’avec ses quatre enfants, ses neuf petits-enfants et dix arrière-petits-enfants, elle a toujours eu l’habitude d’avoir de la vie dans sa maison. Même si elle est encore très autonome, Marie-Claire, malvoyante, est contente d’avoir un peu d’aide et de la compagnie. Hélène, 21 ans, lui fait des courses, l’aide à utiliser son Ipad, lui lit le journal, trie le courrier, etc. Une ou deux fois par semaine, elles préparent un souper qu’elles partagent ensemble. Et puis, le soir, avant d’aller se coucher, Hélène va toquer à la porte pour vérifier que tout va bien. Pour Hélène, qui étudie le travail social, cette cohabitation est une très belle expérience : entre elles, le feeling a tout de suite passé !
Pour Francine, une autre senior de 75 ans qui participe au projet depuis 4 ans, pas question d’héberger des jeunes filles ! Elle ne choisit que des étudiants « parce qu’ils sont moins compliqués que les filles et passent moins de temps à la salle de bain ». Francine demande à Joshua, l’étudiant zurichois, de l’aider au jardin, de nettoyer la salle de bain et de partager un repas par semaine avec elle. Une fois ou l’autre, Francine, grande amatrice de peinture et de musique, a essayé d’initier son colocataire à la peinture ou au tango argentin.Nous sommes à la recherche pour le mois de septembre de logements chez des seniors dans le Grand-Fribourg : renseignements sans aucun engagement auprès de Valérie Ugolini au 026 347 39 79 (tous les matins, 7h30 à 11h30).
La messe d’action de grâce pour le départ de l’abbé Giraud Pindi a rassemblé de nombreux paroissiens dimanche 3 mars à l’église de la Colombière à Nyon. Une célébration empreinte de reconnaissance pour tout ce qui a été vécu depuis 2013 avec le curé modérateur de l’unité pastorale Nyon-Terre Sainte et d’un brin de tristesse. Nos prières l’accompagnent dans son nouveau ministère en terre congolaise.
Par Geneviève de Simone-Cornet Photos: André BourquiUne assemblée compacte – bien des paroissiens étaient debout au fond de l’église – issue des diverses communautés de l’unité pastorale Nyon-Terre Sainte (UP), le vicaire épiscopal, l’abbé Christophe Godel, les prêtres de l’UP et deux prêtres amis entouraient l’abbé Giraud Pindi pour ce moment fort de son ministère. Les choristes de Nyon et de Founex avaient uni leurs voix, soutenues par l’organiste Oliver Borer et le trompettiste Alain Delabre ; la Schola grégorienne a chanté deux pièces.
Du blouson à la soutane
C’est Marie-Agnès de Matteo, agente pastorale et membre de l’Equipe pastorale, qui a souhaité la bienvenue aux paroissiens de l’UP, mais aussi à une délégation de Bulle, l’ancienne paroisse de l’abbé Pindi, et aux représentants des Eglises sœurs et des autorités communales. L’occasion de rendre grâce pour «le travail de l’abbé Pindi, son rayonnement spirituel et humain, son écoute, sa bienveillance et son souci constant de faire l’unité». De Nyon à Matadi, en République démocratique du Congo (RDC), où il a été nommé vicaire général le 1er janvier, il passe de la moto à la jeep, du blouson à la soutane et de « monsieur l’abbé » à « Monseigneur ». « Nous sommes tristes, bien sûr. Mais à Matadi, avec l’Esprit Saint, il fera des merveilles. Nous lui souhaitons courage, endurance et joie dans sa nouvelle mission. »
Puis l’abbé Christophe Godel a remercié l’abbé Giraud, rappelant les différentes étapes de son ministère dans le diocèse: dans l’unité pastorale Notre-Dame de Compassion (région de Bulle), puis celle de Nyon-Terre Sainte. Evoquant son prochain ministère, il a affirmé que son évêque « a certainement fait un excellent choix » et s’est dit « content que l’Eglise de ton pays puisse compter sur quelqu’un comme toi ». Son vœu ? « Tout ce que tu as semé, que cela lève en une belle moisson. Et que le Seigneur te récompense au centuple. » L’abbé Godel a enfin remercié « tous ceux qui agissent dans la vie des paroisses et des communautés locales pour leur permettre de vivre leur mission et de rayonner » et invité l’assemblée à remercier le Seigneur « pour tout ce qu’il fait à travers ses humbles serviteurs, à travers chacun d’entre nous ».
Choix, réponse, soutien
Dans son homélie, l’abbé Pindi, revenant sur le récit de la vocation de Jérémie, proclamée dans les lectures, a relevé trois éléments fondamentaux de toute vocation au service de la Parole de Dieu : le choix, la réponse et le soutien.
Le choix, qui est le fait de Dieu, a lieu hors de l’espace et du temps : « Avant même de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré » (Jr 1, 5). Pourquoi ? Pour trois raisons: «Cela nous ôte l’orgueil de croire que c’est nous qui choisissons Dieu comme on choisirait un partenaire, un ami, un collaborateur. Dans toute histoire de foi, c’est Dieu qui nous choisit et nous appelle. Ensuite, cela nous ôte l’orgueil de croire que Dieu nous choisit à cause de nos mérites, de nos qualités, de nos efforts personnels, de notre quantité de prières, de nos œuvres,… Si son choix dépendait de nos mérites, il attendrait de nous voir à l’œuvre avant de nous choisir. Enfin, cela nous invite à vivre notre service avec humilité, car le choix n’est pas nôtre et la mission ne nous appartient pas non plus ».
La réponse au choix de Dieu, quand elle vient, peut être maladroite, a souligné l’abbé Pindi. Pour deux raisons : « La grandeur de la mission et ses difficultés, qui provoquent la peur de nous engager, la peur de ne pas être à la hauteur, la peur
des responsabilités, des risques ; et parfois même la peur de notre propre peur ; les limites de notre personne qui peuvent sembler un frein à tout engagement ».
Le soutien enfin : « A celui qui accepte la mission, Dieu donne les moyens ». Ainsi, « nous sommes appelés à faire confiance, à nous laisser porter devant la grandeur de la responsabilité et les limites de notre petite personne. Sans cette confiance, on ne peut rien faire ».
Le curé le plus rapide
A chaque nomination, l’abbé Pindi a éprouvé des « sentiments de peur, d’angoisse, de fragilité, d’indignité ». Ce qui l’a aidé à dire oui ? « La confiance dans le soutien de Dieu lui-même qui accompagne nos responsabilités et nos charges et qui ne nous laisse jamais seuls. »
Il a ensuite remercié les bénévoles pour la confiance accordée et le chemin parcouru : « Si un seul doit faire avancer la barque, c’est ensemble que nous jetons les filets, trop lourds pour une seule personne ».
L’abbé Pindi est arrivé dans l’unité pastorale Notre-Dame de Compassion, la paroisse de Bulle et environs, en septembre 2006. Comment ? Grâce à la secrétaire paroissiale « qui, dans une liste de vingt noms de prêtres étrangers vivant hors de Suisse et attendant un ministère d’été, a choisi mon nom, ‘Pindi’ ; elle ne me connaissait pas mais, disait-elle, c’était l’unique nom africain facile à prononcer ; et il ressemblait même à un nom italien ». Et à deux prêtres suisses : Jean-Claude Pilloud et Jean-Claude Dunand, qui concélébrait.
Puis ce furent sept ans dans notre unité pastorale : « Il vous a fallu vous adapter à ce curé qui le matin à la messe mettait parfois sa soutane ou son col romain et l’après-midi troquait cet habit ecclésial contre une combinaison de motard pour faire rugir les 200 chevaux de sa moto dans les cols suisses. Les motards m’appelaient affectueusement ‘le curé le plus rapide de Suisse’ ». Et de lancer un appel pour soutenir les jeunes bénévoles qui préparent et vivront la prochaine bénédiction des motards dimanche 7 juillet à Nyon.
Une personnalité attachante
A la fin de la célébration, le président de paroisse, Gilles Vallat, a d’abord relevé la soudaineté de ce départ : une décision difficile, car le défi est grand, il réclame courage et ténacité. « Toutefois, tes vastes connaissances théologiques et juridiques, ton expérience pastorale de terrain et tes qualités humaines et spirituelles te seront d’un grand apport pour seconder ton évêque. »
« Tu as beaucoup apporté à notre unité pastorale », a relevé le président. « Grâce à ton charisme et à ta personnalité forte et attachante, tel le bon berger des évangiles, tu l’as conduite sur le bon chemin, tu as tracé des projets pour assurer son avenir. » Et puis, l’abbé Pindi est devenu, grâce notamment à la bénédiction des motards, « une star sur la Côte ».
Les paroisses de Nyon et de Founex ne couperont pas les ponts : elles continueront à soutenir des projets de développement dans le diocèse de Matadi par le biais de l’association Kimpangi de Bulle. Un container est d’ailleurs parti vers la République démocratique du Congo (article en page 12). « Nous te souhaitons le meilleur dans ta nouvelle mission », a dit en conclusion Gilles Vallat.
Un apéritif dînatoire a rassemblé les paroissiens dans la salle de paroisse à l’issue de la célébration. L’occasion, pour chacun, de dire au revoir au curé modérateur.
Texte par Nathalie Ançay Photos: Catherine Formaz-P., PixabayVoilà déjà plusieurs années que j’accompagne les enfants qui se préparent au sacrement de la communion. M. le curé Zuber et moi collaborons dans les paroisses de Fully, Saillon et Leytron.
Mes joies
Le nouveau programme Pour la deuxième année, nous suivons le nouveau parcours proposé par le diocèse de Sion. Il est bien pensé et les thèmes sont intéressants. Ce changement a été pour moi une grande joie. Nous avons passé d’un mode d’enseignement où l’enfant était plutôt récepteur, à une méthode où il est acteur. Les rencontres sont beaucoup plus interactives. Elles amènent à des réflexions, à des moments de partages. La vie avec le Christ vient d’une expérience personnelle. Elle se vit, elle se creuse. Et c’est ce que nous expérimentons.
La prière Certains enfants ne pratiquent pas ou très peu la prière. Nous essayons de les initier à des moments de recueillement. Nous les guidons dans leur prière personnelle afin de les familiariser à se tourner vers le Christ. C’est beau de les voir fermer les yeux et se laisser aller dans la prière.
Les enfants ont des programmes chargés. Le silence et le recueillement ne sont pas évidents pour eux. Mais nous voyons une évolution entre nos premières rencontres de l’année et les dernières. Nous espérons qu’ils goûtent au bienfait qu’apportent ces moments de relation personnelle avec Dieu.
Nous avons également un moment d’adoration durant la retraite. Comment mieux comprendre la présence réelle qu’en se plaçant devant notre Sauveur ?
Le soutien de la communauté Dans notre programme il y a une démarche que j’aime tout particulièrement. A la fin de la messe du Jeudi saint nous demandons aux paroissiens de porter en prière un des enfants en parcours. Cette démarche est rassembleuse. Elle nous fait faire communauté.
Les difficultés
La messe Ce n’est un secret pour personne, la fréquentation de la messe est très basse parmi les jeunes familles. Il arrive que des enfants commencent le parcours sans n’avoir jamais vécu une Eucharistie.
Nous avons donc un défi de taille ! Leur apprendre à participer et à entrer dans la célébration : qu’ils la vivent. Et tout cela en quatre messes. C’est à ce moment-là qu’entrent en jeu notre foi en l’Esprit Saint et vos prières !
Mais puisque nous devons également faire notre part, nous avons réfléchi à comment les aider. Tout d’abord nous distribuons des feuillets avec le déroulement de la messe. Ainsi, aidés de leurs parents ou d’un proche, ils participent activement. Cela soutient également certains parents qui se sont éloignés de la pratique. Ils sont ainsi plus à l’aise et peuvent également vivre pleinement la célébration.
Nous préparons également la messe en proposant aux enfants de faire une des lectures ou d’être servant de messe.
Mes joies sont bien plus nombreuses que les difficultés, et je ne me lasse pas d’accompagner chaque année ces enfants qui se préparent à recevoir Jésus Eucharistie.
Moment intense pour les enfants qui reçoivent le Pain de Vie pour la première fois.
Vous pouvez aider vos enfants /petits-enfants à participer durantla messe. Vous trouverez les principales prières de l’eucharistie au début des livres de chantsqui sont dans les bancs de nos églises.
Frédéric Monnin
Photos: DRJamais je n’aurais imaginé écrire ce qui suit lorsque j’ai promis cet édito pour le matin du Mardi saint… Introduire L’Essentiel de mai en évoquant l’incendie de Notre-Dame de Paris, la veille au soir, c’est encore trop chaud pour contenir mes larmes.
On a beaucoup parlé de nombreux événements, heureux ou malheureux, qui ont fait de Notre-Dame de Paris un lieu de références pour tous les Français. Mais, à l’heure où j’écris, pas de ceci : « … Prenant la très sainte et glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre Royaume, nous lui consacrons particulièrement notre Personne, notre Etat, notre Couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une si sainte conduite, et défendre avec tant de soin ce royaume contre l’effort de tous ses ennemis, que soit qu’il souffre le fléau de la guerre, ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire. » Cette consécration de la France à la Vierge Marie fut promulguée par Louis XIII le 10 février 1638.
Ce matin ressemble au soir de Gethsémani, la cathédrale de Paris semblable au Temple et son rideau déchiré. Les pierres ont crié de douleur dans la fournaise et pourtant, le mois qui s’annonce vient nous rappeler que la Vierge veille sur d’autres pierres, vivantes celles-là : l’Eglise, fille aînée comprise…
Qui, parmi les lecteurs de L’Essentiel, n’a un jour franchi la porte de Notre-Dame, pénétrant ce lieu qui élève autant l’âme que le regard ? Aujourd’hui, comme une allégorie du fiat de Marie, il nous appartient de faire vivre son OUI à la hauteur de nos épaules, et le travail ne manque pas ! A ceux qui évoluent dans la Nuit, nous avons à faire entrevoir une part du ciel sur la terre. Il est étonnant, et rassurant, de voir à quel point une société déchristianisée pleure aussi sincèrement la perte (temporaire, espérons-le) de ce vaisseau de pierre. Mais les pierres ne sont pas éternelles. Et le jour viendra, où elles seront devenues inutiles… et nous ?
Propos recueillis par Frédéric Monnin
Photo: Frédéric MonninA la paroisse Saint-Paul, Fernande Mouchet est un colosse, une de ces colonnes qui soutiennent les voûtes. Elle a toutefois dû se faire à l’idée, il y a près d’une année, que les pieds d’argile guettent jusqu’aux colosses les plus solides… Elle qui fut, en 1975, l’une des premières laïques genevoises à recevoir mandat de Mgr Mamie d’aider à la distribution de l’Eucharistie à domicile.
Aujourd’hui, c’est elle qui reçoit la communion à domicile : « C’est une joie d’ouvrir ma porte à Jésus, qui se tient à la porte et qui frappe pour entrer dans le cœur de chacun. C’est à chaque fois un grand moment de partage. D’abord j’ai eu le privilège de rendre ce service, et maintenant j’en suis bénéficiaire. C’est une grâce de l’avoir fait à l’époque, et c’en est une de le recevoir à présent. Quand les problèmes sérieux de santé ont rendu les déplacements dominicaux difficiles, j’ai dû me priver de communion pendant plusieurs mois, et le Christ m’a beaucoup manqué. Il m’a fallu prendre mon courage à deux mains pour demander une visite. »
Par Vincent Lafargue Photo: DRSi vous voyez la Bible comme un lourd volume pesant plusieurs kilos, laissez-moi vous dire qu’elle peut tenir dans votre poche et peser le poids d’un simple téléphone portable, le vôtre !
Des Bibles pour smartphones Si vous êtes l’heureux détenteur d’un smartphone ou d’une tablette, nous avons déjà vu le mois dernier comment en faire un outil de prière. Mais sachez que votre appareil peut également contenir la Bible. Oui, toute la Bible, et gratuitement en plus ! La « Bible YouVersion » est un petit bijou disponible tant sur l’AppStore que sur Androïd, une application qui s’apprête à changer votre rapport à la Bible !
Pas seulement la Bible Car la Bible que vous installez via cette application est loin de n’être qu’une Bible, même s’il est déjà remarquable de pouvoir non seulement trouver mais également annoter facilement le verset que vous cherchez, un mot ou une expression, et ce dans pas moins de TREIZE traductions françaises différentes… Cette application va beaucoup plus loin : en l’installant, c’est dans une véritable communauté que vous allez entrer.
Des encouragements quotidiens à la prière, de petits versets du jour que l’on peut paramétrer pour qu’ils vous rejoignent chaque jour à l’heure voulue, des témoignages de conversion ou de miracles dans la vie des gens d’aujourd’hui, des plans de lecture de la Bible très bien conçus, voilà ce que vous obtenez pour… zéro franc, puisque cette application est gratuite.
Un site internet Vous n’avez pas de tablette ou de smartphone ? La Bible YouVersion existe aussi en version site internet : www.bible.com/fr Tout ce dont j’ai parlé ci-dessus se trouve donc aussi à disposition sur l’écran de votre ordinateur.
La Bible YouVersion a profondément modifié le cours de mes journées. Fera-t-elle de même pour vous ?
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