Les vieillards Anne et Siméon

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR
Comment rester jeune de cœur dans notre société ? Sans tomber dans le jeunisme ? Les personnes âgées que nous sommes tous et toutes (en tous cas en devenir) sont invitées à faire comme Anne et Siméon, au seuil de l’évangile de Luc (2, 22-39) : à tout placer sous la lumière de Dieu, à s’ouvrir à la vie en présence du Seigneur. C’est parce qu’ils ont gardé vivace l’espérance en l’avenir et « qu’ils attendaient la consolation d’Israël » que les deux vieillards du Temple ont pu évoquer une étape nouvelle dans l’histoire du salut. C’est parce qu’ils évoluaient dans la justice et la vérité que l’Esprit reposait sur eux et les habitait (verset 25). 

Dans l’Esprit
C’est poussé par l’Esprit que Siméon s’est rendu au sanctuaire au moment où le jeune couple composé de Marie et Joseph venait présenter le petit Jésus, selon les prescriptions de la Loi. C’est parce qu’il restait en relation permanente avec Dieu que le vieil homme a pu discerner « le » signe par excellence, reconnaître en Jésus le Messie et annoncer le combat spirituel auquel seraient soumis ceux qui voudraient suivre le Christ (versets 34-35).

L’essentiel
C’est parce qu’elle jouissait d’une immense expérience humaine et spirituelle, dans le mariage et le veuvage, qu’Anne se maintenait dans le service du Seigneur : comme elle, avec les années, nous pouvons découvrir ce qui est essentiel, la prière, le jeûne, la louange et le témoignage (versets 37-38). Plus rien d’autre ne compte, car la grâce de Dieu nous suffit !

Mutuelle jeunesse
Quelle jeunesse sur le visage de ces aînés dans la foi dont les rides annoncent la joie profonde et les épreuves traversées ! Quelle fraîcheur quand une grand-mère ou un grand-père lisent l’Ecriture avec leur petit-enfant et, le tenant sur leurs genoux, lui transmettent le bonheur de la foi, puis reçoivent de lui le sourire du Royaume ! C’est mutuellement que nous nous engendrons à la jeunesse de Dieu, puisque tel est le sens de la sainteté à laquelle nous sommes tous appelés.

Les aîné(e)s s’engagent

Alexander Trunz

trunz-alexTexte et photo par Frédéric Monnin

Issu d’une famille catholique st-galloise, je me suis engagé en Eglise dès ma jeunesse. Arrivé en Suisse romande, j’ai eu l’occasion de faire l’expérience d’un « compagnonnage chrétien » au sein de la famille Kolping – du nom du prêtre allemand, Adolph Kolping (1813-1865) – où j’ai été très actif.

Mes activités professionnelles m’ont conduit à parcourir la planète, et je me suis efforcé à chaque « escale » de m’investir dans la vie de l’Eglise locale. 

Une fois fixé à Genève, j’ai eu l’occasion de m’investir à la paroisse St-Boniface, la paroisse de langue allemande, mais lorsque ma première fille est née, j’ai pris la décision de pratiquer à St-Paul, offrant ainsi à mes enfants une formation catéchétique en français. Mon engagement à St-Paul a facilité mon intégration à une communauté vivante, et c’est d’ailleurs lors d’une fête paroissiale que j’ai été abordé par une des catéchistes de mes filles pour que j’intègre le Conseil de communauté. Cela a été d’autant plus facile pour moi de répondre positivement que je me suis toujours senti spirituellement proche des Dominicains.

Vous avez dit Aumonière?

francoiserimePar Pierre Moser
Photo : DR

La cloche vient de sonner 18 coups. Un coup pour chaque année passée au service de l’établissement médico-social de la Terrassière. Eh oui, Françoise Rime-Fontané officie depuis déjà près de deux décennies à La Terrassière… Ayant commencé comme volontaire pour aider les personnes âgées à se rendre à la messe du dimanche, elle a, dès le début, orienté son action vers la pastorale. Poursuivant sa voie dans la mise en œuvre de sa foi, elle a accepté en 2013 la mission que Mgr Farine lui a confiée, à savoir la responsabilité de l’aumônerie catholique de La Terrassière. Membre de la pastorale de la santé, Françoise est toujours restée troubadour, aimant faire sourire, voire même rire les gens autour d’elle. Son passé de musicienne en témoigne pour elle. Comme elle le dit elle-même : elle est riche, très riche, d’un million de bisous. De ceux qu’elle a donné certes, mais aussi de ceux qu’elle a reçus. De la mièvrerie ? Pas chez Françoise, car malgré son tempérament bohème, elle a toujours pris avec grand sérieux son témoignage. Par une formation continue à la recherche de la vérité, mais aussi par sa propre méditation. Dans sa tâche de ministre de l’eucharistie, elle a fait sienne la parole du centurion de Luc (Lc 7 : 7), en la modifiant un peu : « Je ne suis pas digne de te recevoir ni de te donner, mais dis seulement une parole et je serai guéri. » Merci Françoise d’aimer ces personnes âgées, car c’est un peu pour nous qui ne les aimons pas assez.

Que fait une aînée de 77 ans à la communication de la paroisse Chêne-Thônex ?

p5-karin-ducretPar Karin Ducret
Photo: Marion B.

Oui, comment suis-je arrivée à cette tâche de communication ?

Par curiosité, par passion de savoir ce qui se passe… et de le transmettre !

Originaire d’Autriche, j’habite Genève depuis 1965 et ai notamment un diplôme en sciences po et une formation de bibliothécaire-documentaliste. Venue à Thônex à ma retraite, je suis arrivée à la paroisse Saint-Pierre (Thônex) et Saint-François de Sales (Chêne) en septembre 2010. Assez vite j’ai demandé de pouvoir faire partie du Conseil de communauté et me suis lancée avec entrain pour participer au développement du nouveau site Web de notre paroisse que j’ai alimenté pendant 4 ans. Je participais aussi aux Tables rondes sur la Communication au Vicariat où j’ai rencontré en 2011 Dominique-Anne Puenzieux, directrice générale des Editions Saint-Augustin et rédactrice en chef du magazine paroissial L’Essentiel. Elle m’a demandé si je ne voulais pas faire partie de l’équipe de rédaction du magazine. Complètement inconsciente, car germanophone – même si je parle bien le français – et ne connaissant pas encore bien le fonctionnement de ma nouvelle paroisse, j’ai dit oui ! Curiosité, passion… Les débuts étaient assez durs, mes contributions encore bien hésitantes mais les réunions de rédactions, une fois par mois, instructives, m’aidaient à « oser » écrire et 8 ans ont passé – et je fais toujours partie de la « rédaction locale » du magazine L’Essentiel… en espérant satisfaire mes lecteurs et lectrices… 

Credo: Je crois à la sainte Eglise catholique

A fin octobre 2018, a lieu à Lyon le premier Forum Chrétien Francophone. Plus de 200 chrétiens de Suisse, de France, de Belgique, et du Luxembourg se retrouvent autour de la personne du Christ. Evangéliques, Pentecôtistes, Réformés, Catholiques, Orthodoxes et Anglicans, les représentants de ces confessions chrétiennes se réunissent pour un dialogue sur leur expérience personnelle et leur cheminement de foi. Bel exemple de « catholicité » !
A fin octobre 2018, a lieu à Lyon le premier Forum Chrétien Francophone. Plus de 200 chrétiens de Suisse, de France, de Belgique, et du Luxembourg se retrouvent autour de la personne du Christ. Evangéliques, Pentecôtistes, Réformés, Catholiques, Orthodoxes et Anglicans, les représentants de ces confessions chrétiennes se réunissent pour un dialogue sur leur expérience personnelle et leur cheminement de foi. Bel exemple de « catholicité » !

Nous poursuivons notre exploration du Credo avec cette donnée de foi au sujet de la «sainte Eglise catholique». Il a semblé très pertinent à la rédaction de confier la mission de l’éclairer à Madame Küng, pasteure de la paroisse protestante du Coude du Rhône Martigny-Saxon. Qu’en dit-elle donc?

Par Hélène Küng, pasteure
Photo: Forum chrétien francophone
Mais oui : l’Eglise, il faut y croire pour la voir ! L’Eglise, on ne la constate pas, elle n’est pas observable sans autre. Pour la reconnaître il y a un acte de foi : « Je crois à l’Eglise… » Mais selon le Credo, on ne croit pas « en » l’Eglise comme on croit en Dieu le Père, le Fils, l’Esprit. Je crois en Dieu, je mets ma confiance en Dieu ; et je crois à la sainte Eglise, j’y reconnais l’œuvre de Dieu.

Le mot Eglise vient d’un mot signifiant « convocation, assemblée ». Croire à l’Eglise, c’est y reconnaître l’acte créateur et salvateur de Dieu qui appelle et rassemble son peuple. On croit à l’Eglise sainte, c’est-à-dire à l’action par laquelle Dieu qui a « convoqué » son peuple, l’a mis à part, l’a « sanctifié » pour le service, l’a rendu capable de témoigner de l’amour de Dieu et de vivre l’amour du prochain.

Et croire à la sainte Eglise catholique, c’est reconnaître que Dieu crée, rassemble et sanctifie son peuple sur toute la terre ! L’Eglise est catholique c’est-à-dire universelle. Les deux mots viennent des deux langues parlées par les chrétiens des premiers siècles dans l’Empire romain : catholikos en grec, universalis en latin, signifient « qui se rapporte au monde entier ».

Les diverses confessions chrétiennes utilisent aujourd’hui l’un ou l’autre mot. Que l’on soit catholique, protestant, orthodoxe…, qu’on dise « Je crois à la sainte Eglise catholique » ou « Je crois à la sainte Eglise universelle », il est heureux de penser que l’Eglise où je reconnais Dieu à l’œuvre, ce n’est pas seulement la confession à laquelle j’appartiens, c’est l’Eglise sur toute la terre. Eglise diverse, Eglise catholique, Eglise universelle, tout entière œuvre de Dieu, et tout entière présente dans chaque communauté locale ! C’est une nuance supplémentaire, et magnifique, du mot « catholique ».

Olivier Fasel

L’unité des chrétiens existe: nous devons la découvrir 

Propos recueillis par Thérèse Yang
Photo: Thérèse Yang 
Je suis Fribourgeois, né dans une famille catholique traditionnelle. C’est à la fin de mon cursus universitaire, à 23 ans, que j’ai vécu une expérience avec le Christ vivant ressuscité. Jusqu’alors, je ne me posais pas de questions ; je prenais ce qui m’était proposé, sans être vraiment impliqué. Puis j’ai eu cette expérience de conversion et je me suis identifié avec les protestants évangéliques, mouvance dans laquelle je découvrais une expression du christianisme moins institutionnelle, libre de certaines pesanteurs de la tradition. A Fribourg, nous sommes une quinzaine de communautés évangéliques. Nous sommes des protestants, mais indépendants. Un point de raccord nous rassemble, entre autres, avec les diverses confessions chrétiennes, c’est la Bible. C’est l’accent mis sur la Bible comme Parole de Dieu, mais aussi comme lieu d’une expérience personnelle de rencontre, de conversion. A l’heure actuelle, où nous ne pouvons pas partager l’eucharistie, sauf de manière informelle, il n’y a pas de meilleure expérience, par exemple, que de pouvoir chanter ensemble, évangéliques, catholiques, réformés, orthodoxes. Je me rappelle avec beaucoup de joie le Festival Festibible en 2010, où catholiques, réformés, évangéliques étaient réunis autour de la découverte de la Bible, dans une démarche aussi d’évangélisation. Notre défi commun, c’est comment présenter la Bible pour qu’elle suscite de l’intérêt dans notre société, de la curiosité. Car la Bible est une parole vivante et vibrante. Dans son prolongement, on arrive au Christ Vivant : c’est dans la Parole reçue avec foi que je peux rencontrer le Christ Vivant et ressuscité. 

Dans le cadre de mes occupations œcuméniques, j’anime, avec la pasteure Débora Kapp, le groupe de narration biblique NaBi. Le but est de raconter la Bible avec le savoir-faire de l’art du conte, pour qu’elle devienne vivante. Je suis engagé aussi par le Service catholique de la catéchèse et du catéchuménat du canton de Fribourg (SCCF) pour former les catéchistes, surtout ceux des petites classes 1H et 2H, où les enfants catholiques et réformés ont le catéchisme en commun. Je fais la même chose avec les agents pastoraux de Suisse romande au Centre catholique romand de formation en Eglise (CCRFE) : je transmets les outils du conteur pour passer d’un texte écrit à une parole orale. M’avoir ainsi engagé est une preuve de confiance et de collaboration.

J’ai beaucoup de joie à siéger à la Commission œcuménique, à explorer ce que l’œcuménisme est en train de devenir. Nous proposons actuellement des cafés œcuméniques, lors desquels nous abordons des thèmes d’actualité. Par exemple quelle solidarité peut-on bâtir pour porter ensemble les difficultés auxquelles les Eglises sont confrontées aujourd’hui ? En tant que chrétiens, il est important que nous soyons solidaires, et non pas dans un état de concurrence. On peut éviter les étiquettes car, dans tous les milieux, on trouve des gens de dialogue, épris de collaboration pour découvrir ensemble notre unité. 

Car l’unité des chrétiens existe, j’ai confiance dans la prière de Jésus : « Père, que tous soient un, comme toi Père tu es en moi et moi en toi ! »

Biographie

Olivier Fasel, marié à Tabitha, institutrice, a 4 enfants et 5 petits-enfants. Après des études en pédagogie curative, il a travaillé dans diverses institutions pour personnes handicapées. A la suite d’une expérience de conversion, il a suivi une formation de pasteur évangélique avant d’exercer son ministère pastoral d’abord en Broye vaudoise, puis à Fribourg. En 1999, il a contribué à la fondation d’une communauté évangélique, située actuellement à Bourguillon. Il représente les communautés évangéliques à la Commission œcuménique de la ville de Fribourg. Il est aussi conteur et formateur de conteurs et est actif dans l’animation auprès des jeunes.

Méditation pour Pâques

Par l’abbé Jean Civelli
Photo: DR

upsj_paques« Quand on est mort, c’est pour la vie. »

« Dis, papa, quand on est mort, c’est pour la vie ? » C’est la question posée par un petit garçon à son papa. Bien sûr, il voulait savoir si, quand on est mort, c’est pour toujours. Nous, les grandes personnes, nous savons, n’est-ce pas, que quand on est mort, c’est pour toujours. Nous ne reviendrons pas en arrière. C’est en tout cas notre expérience : la mort met un terme, qui nous paraît définitif, à notre parcours de vie.

La mort nous enlève ce qui est essentiel à notre existence : la présence des autres, surtout la présence des êtres que nous chérissons, cette présence qui nous était devenue indispensable. C’est le poète qui a raison : « Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. » Pour essayer de combler ce vide intolérable, les hommes ont imaginé d’autres mondes, dans lesquels les morts s’en iraient, pour un long voyage. Il fallait alors les accompagner avec des bagages, si possible somptueux, avec même de la nourriture. C’est beau, mais dérisoire, inutile.

Alors, les hommes ont inventé d’autres théories. Ils ont pensé que les morts ne mouraient pas tout à fait. Il restait leur « âme » détachée de la matière, qui se mettait à rechercher de nouveaux points d’ancrage, dans le monde d’ici-bas. C’est très à la mode, la réincarnation ! Mais cela n’est pas très convaincant non plus, surtout pas très réjouissant. Pourtant, toutes ces théories permettaient d’exorciser un peu la peur de la mort. Et c’est déjà quelque chose.

Mais personne n’aurait osé imaginer ce qui s’est passé au petit matin d’un jour ordinaire, dans un jardin, aux portes de Jérusalem. On y avait déposé dans un tombeau le cadavre d’un homme mort crucifié, comme un vulgaire condamné de droit commun. Et voilà que ce matin-là, son tombeau est trouvé vide. Personne n’y comprenait plus rien. Et puis, le crucifié est apparu vivant, à des femmes d’abord, à ses disciples ensuite. Mais vivant d’une vie autre, différente de celle d’avant sa mort. Jésus a traversé toute la mort. Mais la mort n’a pas pu le garder dans ses griffes, parce qu’il était, par tout lui-même, au cœur de l’humanité, le feu de l’amour infini. Alors l’amour a brûlé la mort.

Alors, Jésus, le premier, a pu demander à son Père : « Dis, Papa – Abba, quand on est mort, c’est pour la vie ? » Et son Père a répondu : « Oui, mon Fils, tu es mort, mais c’est pour entrer dans ma vie. Je fais de toi le Premier-Né d’entre les morts. » Si bien que c’est vraiment notre petit garçon qui a raison : « Quand on est mort, c’est pour la vie. »

Eveil à la foi

Quand les grands-parents accompagnent leurs petits-enfants 

Photos: Dominique Carruzzo

Danièle et Charlotte
Danièle et Charlotte

Danièle Luisier 

Pourquoi avez-vous accepté d’accompagner votre petite-fille à l’Eveil à la foi ?
La maman de Charlotte, Anne-Françoise, travaille le jour des rencontres d’Eveil à la foi et m’a invitée à accompagner sa fille. J’ai été ravie de sa confiance et ça m’a rappelé avec émotion, qu’à son âge, lors de mon Eveil à la foi, des personnes disponibles et aimantes m’ont fait découvrir Jésus et Marie. 

Quels liens avez-vous noués avec votre petite-fille ?
Ces rencontres nous ont rapprochées, Charlotte a beaucoup de choses à me dire et je suis heureuse d’être disponible et à son écoute.

En quoi est-ce différent si vous l’accompagnez à d’autres rendez-vous ? Au foot ou à la danse, musique ou autre…
C’est différent, parce que j’ai toujours aimé l’Eglise, c’est elle qui m’a fait découvrir Dieu. Alors accompagner Charlotte, écouter l’animatrice qui nous parle de Jésus, chanter, prier tous ensemble est une joie pour moi !

Partagez-nous une joie ou un événement marquant vécu ensemble.
Avant Noël, les enfants ont fabriqué un petit coffre à trésor dans lequel ils ont déposé l’Enfant Jésus comme un cadeau. J’en ai fait un également et l’ai mis dans la crèche. Charlotte m’a demandé pourquoi j’avais deux Jésus…encore une raison d’échanger.

Charlotte Bertholet

Est-ce que cela te fait plaisir que grand-maman t’accompagne à l’Eveil à la foi ? Pourquoi ?
Oui, ça me fait plaisir parce que j’aime bien qu’elle m’amène. J’aime bien qu’elle me regarde au catéchisme et parfois je peux lui dire « salut ».

Jean-Marc et Pénélope
Jean-Marc et Pénélope

Jean-Marc Briguet

Pourquoi avez-vous accepté d’accompagner votre petite-fille à l’Eveil à la foi ?
J’ai accepté d’accompagner ma petite-fille car ses parents qui désirent que leur fille suive cette formation sont dans l’impossibilité de se libérer à ces moments en semaine, leur grand-maman aussi et que d’autre part, étant donné mon passé professionnel cela n’est pas un souci pour moi.

Quels liens avez-vous noués avec votre petite-fille ?
Cet accompagnement s’inscrit pleinement dans l’éducation que, même comme grand-papa, j’essaie de transmettre à ma petite-fille.

En quoi est-ce différent si vous l’accompagnez à d’autres rendez-vous ? Au foot ou à la danse, musique ou autre…
Ces temps de rencontre me demandent une attention particulière car il faut ensuite assurer un prolongement en famille.

Partagez-nous une joie ou un événement marquant vécu ensemble.
Je passe beaucoup de temps avec ma petite-fille et elle est si captivante que chaque rencontre est en soi un événement souvent joyeux et vivifiant.

Pénélope Rebord

Est-ce que cela te fait plaisir que grand-papa t’accompagne à l’Eveil à la foi ? Pourquoi ?
Oui, ça me fait plaisir. J’aime que pépé m’aide pour le bricolage. Pour se préparer à Noël, nous avons fabriqué une boîte à trésor dans laquelle je pouvais mettre une pièce à chaque fois que je faisais quelque chose de bien. J’ai ainsi préparé mon cœur à la venue de Jésus.

Le fils prodigue autrement

Par Pierre Moser
Photo: DR

La conférence traitait du retour de l’Enfant prodigue.
La conférence traitait du retour de l’Enfant prodigue.

Pâques approche à grands pas. Nous retrouverons donc, lors de ce dernier dimanche de mars, quatrième dimanche de Carême, la parabole du père miséricordieux, appelée auparavant du fils prodigue. Lors de notre réunion des quatre conseils (protestants et catholiques de Champel et des Eaux-Vives) qui s’est tenue le 7 février 2019, nous avons pu assister à une conférence du Docteur Enrico Norelli sur ce passage de l’évangile de Luc (Lc 15). Cette relecture fut d’une richesse telle que j’ai eu envie d’en partager avec vous quelques pistes de réflexion ; j’espère qu’Enrico Norelli me pardonnera si j’ai trahi sa pensée par le manque d’exhaustivité dont j’aurais pu faire preuve.

Jésus choque son auditoire. Pour le mesurer, il faut effacer la couche d’anachronie que deux mille ans de chrétienté ont apporté à ce texte. Depuis le père qui cède à la requête de son fils jusqu’au manque de respect du fils pour son père, dans une société patriarcale à l’extrême, rien n’est acceptable dans l’attitude des deux principaux protagonistes. En acceptant, le père a mis en danger le patrimoine de la famille, a manqué d’autorité et s’est par cela montré un mauvais chef de famille. Le fils, lui, est déjà indigne dans son non-respect de l’autorité, dans sa volonté de ne pas assumer les vieux jours de son père. Il dénie également à son frère son futur rôle de chef de famille de son frère ainé. Bref tout est fait pour que les personnages « sympathiques » soient ceux qui respectent la loi.

Le respect de la loi et des traditions devrait être source de bonheur. Et pourtant, tous ces personnages respirent l’amertume : les scribes et les pharisiens maugréent, le frère aîné est en colère et l’assistance est choquée. Les seuls à exprimer la joie ce sont le père et le fils cadet, le premier parce qu’il a par deux fois pris le risque d’aimer sans condition, l’autre parce qu’il a su prendre le risque de retourner chez son père quitte à travailler comme un serviteur. La loi n’est donc joie que si elle permet d’oser aimer sans condition. Plus on approfondi cette réflexion, plus on se rend compte que les évangiles ne décrivent pas un mode de vie, mais plutôt une attitude qui peut s’appliquer à n’importe quelle civilisation. L’esprit de la lettre au lieu de la lettre.

Un dernier mot sur l’absence de la mère. Si elle avait été présente dans la parabole, c’est elle qui aurait pris le rôle de l’amour sans condition envers le cadet. Pour Luc, la femme, n’ayant pas de regard sur la succession, n’aurait pas pu aller jusqu’au bout de cet amour. C’est donc le père qui remplit les deux rôles. Un peu comme Dieu en somme… Merci Professeur.

Je deviens «proche-aidant»

Par Vincent Lafargue
Photo: Jean-Claude Gadmer« Tu sais, ce n’est pas une option d’aider ses parents. C’est un commandement, le quatrième : « Honore ton père et ta mère. » » La phrase m’a été assénée par un ami évangélique à qui je venais de confier la prochaine opération chirurgicale de mon papa.

Coup de poing en pleine figure. Aucun verset biblique ne parle d’EMS, mais bien d’honorer nos parents en Ex 20, 12 et en Dt 5, 16. Aussi fort que « Tu ne tueras point », donc.

Devenir « proche-aidant », c’est se donner sans compter tout en se confrontant aux autres. Ceux qui collaborent et ceux qui n’ont jamais le temps. C’est se rendre compte qu’à force de donner, on doit faire attention à sa propre énergie. J’ai dû apprendre à ménager quelques heures pour moi. Sans culpabiliser.

C’est se confronter à la rapacité de certaines cliniques dans lesquelles tout s’achète, même la dignité des patients. C’est affronter les assureurs-maladie qui vous chantent l’interminable litanie de ce qui n’est pas pris en charge. C’est rappeler le plombier qui ne voit pas l’urgence de cette panne d’eau chaude chez mes parents, et tant pis si c’était le premier jour de douche après une longue attente.

Mais tout cela n’entre pas en question. C’est la dignité de ceux que j’aime qui dicte mes actes. Sans discussion possible. Honore ton père et ta mère, c’est un magnifique médicament. Non remboursé par la LAMal, certes, mais de quelle importance !

Défi-lecture: des voyages de conversion

Par João Alves-Carita
Photos: DRComment encourager les jeunes à lire la Bible ? Une initiative lancée en 2010 dans le cadre de FestiBible apporte une réponse concrète à cette question : le défi-lecture de la Bible. Ce concours est proposé à tous les élèves du canton de Fribourg qui suivent le cours d’enseignement religieux au cycle d’orientation. Chaque année, un livre biblique (un évangile, un livre de l’Ancien Testament) ou un thème transversal (la vocation) est abordé. Les équipes concourent en deux manches (lecture de la Parole de Dieu et questionnaire, œuvre d’illustration et d’actualisation). La finale réunit les équipes du canton dans l’un des cycles d’orientation. Le défi-lecture a déjà touché plus de 1’000 élèves depuis sa création.

La neuvième édition du défi-lecture a pour thème le personnage de saint Paul dans la seconde partie du livre des Actes des apôtres (chapitres 13 à 28). En lisant ce texte, les adolescents ont découvert la vie des premières communautés chrétiennes, la manière dont saint Paul annonce la Bonne Nouvelle et comment il rejoint et convertit les hommes et les femmes de son temps.

Quinze équipes de neuf établissements scolaires se sont inscrites et viennent de terminer la première manche du concours. En janvier, les élèves ont lu les textes et formulé deux questions, reprises dans un questionnaire adressé à toutes les équipes. En février, ils ont répondu au questionnaire, Bible fermée et sans l’aide des accompagnants. Les équipes s’attaquent maintenant à la deuxième manche, l’épreuve créative. Chaque équipe choisit une histoire parmi les récits de voyages et de conversion de saint Paul, et en font une mise à jour en la racontant avec leurs mots, dans leur réalité, à l’aide d’un diaporama. La grande finale aura lieu le mercredi 19 juin dans l’aula du Cycle d’orientation de Riaz.

L’aumônerie du CO3 à la messe célébrée par le pape François à Genève en 2018.
L’aumônerie du CO3 à la messe célébrée par le pape François à Genève en 2018.

Le défi-lecture est proposé par Formule Jeunes, le service de la pastorale des jeunes dans le canton de Fribourg, en lien avec les aumôniers des écoles. Cette année, cinq des 15 équipes du canton viennent des cycles d’orientation de la ville de Fribourg. Dans le décanat de Fribourg, trois cycles d’orientation accueillent les élèves francophones de 13 à 15 ans : Jolimont, Belluard et Pérolles. L’équipe d’aumônerie CO3 est composée de João Alves-Carita, originaire du Portugal, 30 ans, aumônier des CO du Belluard et de Jolimont, et de Kéli Kpego, originaire du Togo, 48 ans, aumônier du CO de Pérolles. Ils sont tous deux responsables de mettre en rapport l’expérience et la parole des membres du groupe avec la théologie et la spiritualité, susciter l’autonomie et la prise de responsabilité. Par son ministère, l’aumônier est celui qui est appelé par Dieu à faire Eglise. Pour en savoir plus, voyez le site internet https://co3.formulejeunes.ch ou suivez-nous sur les réseaux sociaux :
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instagram.com/aumonerieco3

Montée vers Pâques

Rencontre avec Emmy Dorsaz, jeune d’origine valaisanne, étudiante à Fribourg, et engagée dans l’organisation de la montée vers Pâques avec le groupe Only All For Jesus, du 18 au 21 avril à l’église Saint-Paul au Schönberg.

Par Paul Salles
Photos: François Mo Costabella

Emmy Dorsaz
Emmy Dorsaz

Emmy, quel souvenir gardes-tu de tes premières montées vers Pâques ?
Je vais vivre ma troisième montée vers Pâques, la deuxième dans l’organisation. C’est toujours une belle expérience qui me permet de prendre le temps de rentrer dans les mystères célébrés, grâce aux enseignements et au déploiement de la liturgie. Prendre le temps, cela signifie que, pour un instant, je mets ma vie actuelle et mes études entre parenthèses, et j’en profite pour creuser et approfondir ce qui fait le cœur de la foi, accompagner Jésus dans ces jours qui ont été si saisissants. 

Que se passe-t-il durant ces jours ?
Ce sont des moments forts de rencontre avec d’autres jeunes. Nous pouvons discuter, échanger sur notre foi, prier ensemble. Dans les différentes liturgies, il y a plusieurs démarches proposées. D’abord le Jeudi saint, avant la messe du soir, nous revivons le seder, qui est le repas juif durant lequel Jésus a institué l’Eucharistie. Puis après la messe, nous nous relayons toute la nuit auprès du Saint-Sacrement, puisque Jésus a demandé à ses apôtres de veiller et prier avec lui durant cette nuit. Le vendredi, les démarches sont intérieures, nous vivons la célébration de la Passion de Jésus, avec la vénération de la croix et le chemin de croix qui se termine le soir avec la vénération du gisant, rappelant la mise au tombeau. Le Samedi saint est le jour du grand silence qui est soudainement rompu dans la nuit par l’annonce de la résurrection et le feu pascal ; c’est la joie de la résurrection durant toute la grande vigile pascale et le lendemain, pour le grand jour de Pâques.

On entend parfois dire que ce sont des célébrations trop longues ?
Lors de la première vigile à laquelle j’ai participé, on m’avait prévenue : on ne voit pas passer les 4 heures. Et effectivement, il y a la beauté de la liturgie, des baptêmes, des confirmations, il y a beaucoup de choses à vivre, qui viennent toucher les sens. On ne s’ennuie pas !

Pourquoi t’être engagée dans l’organisation ? Quel rôle remplis-tu ?
C’est un moyen de rendre ce que j’ai reçu, de permettre à d’autres jeunes de pouvoir vivre ce que j’ai vécu, à la suite de Jésus, sans devoir trop penser au matériel. Nous nous chargeons des aspects pratiques pour eux, et nous essayons de développer autant que possible l’accueil et la beauté. Nous sommes une vingtaine de bénévoles. Il y a également une vingtaine de membres de la fraternité Eucharistein qui viennent nous aider à organiser cette montée vers Pâques. Personnellement, je serai mobilisée à l’accueil et dans la coordination de l’équipe des bénévoles.

Célébration de la Passion.
Célébration de la Passion.

Horaires, informations et inscriptions :
www.oafj.ch

L’Amour qui émeut

Par l’abbé Dominique RimazLes 29 et 30 janvier derniers plus de 200 personnes ont participé à Fribourg à la première Université de la solidarité et de la diaconie. Durant deux jours, les participants ont vécu des temps de témoignages, des temps d’échange autour de la Bible, des temps de repas, de convivialité, de partage et de prière.

Le but de cette première expérience était d’apprendre les uns des autres. Nous connaissons le petit dicton « Aide-toi et le ciel t’aidera ». Cette pédagogie humaine cherche à mobiliser les forces et les ressources de la personne. 

Plus proche de chez nous, le centre Sainte Elisabeth et les conférences Saint-Vincent-de-Paul sont comme les antennes sociales de notre décanat. 

L’expérience de l’accueil à Sainte Elisabeth consiste surtout « à être avec ». Les témoignages vont dans ce sens : « Nous aimons venir, car nous sommes accueillis, notamment par un simple café. Nous pouvons oublier les conflits pour vivre dans la tranquillité et le calme. »

Le bénévolat permet cette expérience vitale. La diaconie, le service donné aux autres, naît de la charité, de la rencontre avec Jésus, le Bon Samaritain. Dieu nous invite à une conversion, à un travail personnel. La société dans laquelle nous vivons nous pousse à l’agir, au faire. La communauté est hyperorganisée, avec des statistiques, des chiffres, des résultats quantifiables, mesurables sur nos ordinateurs. L’être avec n’est pas mesurable. Saint Augustin l’a écrit avec sagesse : « La mesure de l’Amour, c’est d’aimer sans mesure. » 

La petite Thérèse de l’Enfant-Jésus l’a expérimenté dans son Carmel. Avec elle, nous pouvons retenir deux petites choses : « celui qui s’élève élève le monde », « en ramassant une aiguille avec Amour, nous pouvons sauver le monde ». 

Au fond, la manière de donner est toujours potentiellement de la diaconie. La conclusion de la Divine Comédie va dans ce sens : « Dans l’Univers, l’Amour meut toute chose. »

A Dieu, Maurice

Maurice Schilliger, le papa de Marie-Agnès, membre de l’Equipe pastorale, est décédé le 25 décembre dernier. La messe d’enterrement, le 4 janvier à l’église de la Colombière, a rassemblé autour de la famille une foule nombreuse d’amis et de paroissiens. Hommage à un passionné de jardinage qui a beaucoup apporté à la paroisse.

Par Françoise Merlo
Photos : Paul Schilliger, Famille Schilliger
pages-4-7Maurice Schilliger est parti, appelé ailleurs comme il le disait, rejoindre celui qu’il aimait. Lors de ses funérailles, son fils François a rappelé les moments importants de sa vie. Né à Gland en 1924, Maurice Schilliger y fait sa scolarité. Passionné de jardinage dès l’enfance, très tôt il réalise un jardin alpin. C’est l’odeur de l’humus qui est à l’origine de sa vocation de jardinier horticulteur. «Adolescent, il est devenu travailleur tout en restant facétieux, a relevé François, un trait de caractère qu’il a conservé jusqu’à la fin de sa vie, pour la plus grande joie de ceux qui le rencontraient.»

Après l’école d’horticulture, la mobilisation et un séjour en Suisse alémanique, Maurice rentre à Gland. D’abord jardinier du domaine de Solveig, il devient producteur de semences maraîchères. Avec Monsieur Cholet, ils seront les premiers en Romandie à faire de la pomme de terre nouvelle.

Travail intense
En 1952, il rencontre Agnès. Ils se marient en 1954 et fondent une famille. Ils auront huit enfants. Débute alors une période de travail intense: Maurice achète un terrain pour y construire un Garden Centre, il ouvre un magasin, construit des serres; il est efficacement secondé par son épouse qui s’occupe en même temps de la famille et des employés, nourris, logés et blanchis. Le succès est au rendez-vous, mais le travail est harassant et laisse peu de temps libre. En dépit d’un emploi du temps très chargé, Maurice Schilliger est membre du Conseil communal de Gland pendant plus de vingt ans ainsi que du Conseil de paroisse.

«Nous gardons le souvenir d’un papa généreux, bon vivant, qui aimait bien manger et cuisiner, qui adorait les voyages et qui a pu, à sa retraite, profiter de la montagne et du golf et se remettre à la peinture et à la philatélie, passion qui l’a accompagné jusqu’à ses derniers jours, a rappelé François. Notre père avait une belle spiritualité, il avait la foi et se sentait profondément en paix. Il nous disait: « Dans ma vie, j’ai eu trois piliers: la foi, la famille et l’entreprise. » Il nous a appris que la vie, c’est 100% d’implication et 100% de lâcher-prise et de confiance. Nous sommes fiers aujourd’hui de pouvoir honorer sa mémoire.»

Une vie fructueuse
Membres de la paroisse de Nyon et environs, nous sommes une communauté qui fait mémoire. Rien de plus beau que de nous souvenir ensemble de ce qui faisait vivre un des nôtres, Maurice Schilliger, qui vient de nous quitter après 94 ans d’une vie active et fructueuse. Oui, de l’avis de toutes les personnes qui l’ont connu et fréquenté, sa vie a porté du fruit. Quoi de plus parlant pour un homme qui a fait de la nature l’élément essentiel de ses passions, de ses recherches et de son travail?

Cependant, ses passions et ses désirs étaient en lien profond avec sa vie de famille, façonnés par sa foi profonde. Une foi humble et discrète bien que visible et exprimée. Maurice Schilliger n’attendait pas du tout qu’on parle de lui ni qu’on l’encense.

Une foi solide
Par ces lignes, nous voulons remercier Dieu pour tout ce que les paroissiens ont reçu grâce à lui et Agnès. Chacun, avec ses charismes, a eu à cœur de servir Dieu et l’Eglise. Agnès me précise: «Maurice avait reçu une éducation chrétienne. Sa maman étant très croyante et il se souvient qu’ils allaient à la messe en famille en train». C’est d’ailleurs dans le cadre de la paroisse que Maurice l’a rencontrée.

«Bien que travaillant d’arrache-pied nous profitions, dit-elle, des vacances pour inculquer à nos enfants le goût du beau. Ils ont tous gardé le sens artistique et quand Maurice a pris sa retraite, il était très fier de pouvoir remettre l’entreprise à ses enfants…. et maintenant ses petits-enfants.  Fier qu’elle reste une entreprise familiale.»

Très attaché à son Eglise, Maurice fait une retraite chaque année avec Agnès. Sa confiance en Dieu lui permet de rester serein dans l’adversité. Dieu est son bâton, sa forteresse!

Engagé en Eglise
C’est comme vice-président du Conseil de paroisse de Nyon (à l’époque, le curé était président) que Maurice Schilliger conduit les réflexions autour du premier projet de construction de l’église de Nyon, à la rue Saint-Jean. Ce projet est primé, nous rappelle Joseph Kneip, reconnaissant d’avoir pu travailler avec Maurice Schilliger, «une personne très affable». Les paroissiens rejettent ce projet, désireux de garder leur église rue de la Colombière.

A la fin des années 1950, Maurice Schilliger s’investit aussi à Gland, son village natal, pour que l’on puisse participer à la messe, puis construire une chapelle. Avec l’abbé Haeffliger et Messieurs Blonay, Vercellin et Bertinotti, il se met à l’ouvrage. Les 250 catholiques de Gland sont convoqués avec ceux de Vich et de Coinsins pour former la communauté catholique de Gland. On achète la parcelle où s’élève aujourd’hui la chapelle de Gland. Celle-ci est construite et inaugurée en décembre 1973.

Maurice était un homme discret, serviable, généreux et paisible. Il était la bonté même, disent les personnes qui l’ont côtoyé. Soucieux de la vie paroissiale, il participait fidèlement aux assemblées. Il prônait un accueil chaleureux et sans jugement des prêtres en charge de la paroisse et souhaitait conserver la présence d’une communauté de religieuses à Nyon. Il a fréquenté le groupe de prière du Thabor ainsi que les rencontres de la Vie montante.

Témoignages

C’est encore à travers le témoignage de plusieurs paroissiens que nous pouvons prendre conscience du cadeau qu’était Maurice Schilliger et rendre grâce pour sa vie et pour  toutes les personnes qui, avec lui et comme lui, dans la discrétion, s’ajustent à la volonté de leur créateur.

Avant de livrer ces témoignages, nous exprimons notre reconnaissance pour toutes les fleurs coupées en bouquets, en gerbes ou en arrangements qui nous ont été offertes depuis plus de quarante ans chaque dimanche dans nos lieux de célébration. Maurice et Agnès nous ont donné de célébrer notre Dieu en beauté et cela continue grâce à l’accueil des personnes qui assurent aujourd’hui la direction de l’entreprise Schilliger. Merci aux enfants de Maurice et Agnès.

Maurice Schilliger nous a quittés pour rejoindre celui en qui il a toujours cru. Je me souviens de ce qu’il m’a dit lors de notre dernière entrevue chez lui voici quelques mois : « J’aurais voulu participer à la construction de la nouvelle église de Gland, mais mes forces diminuent ». Il avait ajouté : « Je n’ai pas peur de la mort, car je sais où je vais ». Quel extraordinaire témoignage de foi ! Je garderai le souvenir d’un homme plein de bonté, d’humilité, de modestie, de sérénité, de paix intérieure, au regard doux et malicieux.
Bernard Chevallay

Agnès et Maurice Schilliger ont fait partie  pendant de longues années d’un groupe de prière du Renouveau charismatique de l’Eglise catholique de Nyon et environs appelé Thabor. Dès qu’un groupe de la Vie montante a vu le jour à Nyon, grâce à Marie-Madeleine Schwab et sous l’égide de l’abbé Francis Polla, Maurice en a été un pilier très apprécié pour ses paroles de sagesse et sa spiritualité. C’est une génération d’anciens qui nous quitte, mais nous gardons leur souvenir précieusement dans nos cœurs et sommes reconnaissants de ce qu’ils nous ont apporté.
Ursula Barter-Hemmerich

A notre arrivée à Nyon, nous avons entendu parler de Maurice Schilliger, artisan horticulteur et conseiller de paroisse, lors des préludes à la décision de construire une nouvelle église. Par la suite, nous avons pu découvrir le chef d’entreprise et goûter de près sa bienveillance, sa disponibilité et le rayonnement de sa chaleur humaine. Puis nous nous sommes retrouvés dans un groupe de prière et là nous avons découvert sa foi gravée dans le roc. Une relation avec son créateur plus qu’un concept.
Il était bon de côtoyer un homme capable d’exprimer et de vivre ses convictions profondes sans fausse pudeur, bannissant tout jugement et bavardage inutile. Nous lui exprimons aussi notre reconnaissance pour son investissement personnel et son charisme de modérateur auprès des communautés de notre paroisse. Au revoir, Maurice, et merci.
Geneviève et Joseph Christe

C’est officiel, il est official!

Depuis le mois d’octobre, l’abbé Jacques Papaux, vicaire dans notre unité pastorale, partage son temps entre son ministère en paroisse et l’officialité où il succède au Père Hubert Niclasse comme official du diocèse. Pour information, l’official (ou vicaire judiciaire) est en quelque sorte un « vicaire épiscopal » qui exerce le pouvoir judiciaire au nom de l’évêque. Il dirige les procès et administre la justice dans le diocèse.

Propos recueillis par Fanny Sulmony
Photo: Fanny Sulmony
Jacques, pouvez-vous nous parler de votre parcours de vie de prêtre qui vous
a conduit ici aujourd’hui ?
Je suis entré au séminaire à l’âge de 27 ans, après mes études de Droit à l’Université de Fribourg. Que ce soit pendant mes études de Droit ou mes études de Théologie, j’ai toujours eu un intérêt pour le droit canonique (le droit de l’Eglise catholique). J’ai été ordonné prêtre le 6 juillet 2014 et je suis, depuis cette date, vicaire dans l’unité pastorale Saint-Joseph. Mgr Charles Morerod m’a ensuite demandé de poursuivre ma formation, à Lyon, au Studium de droit canonique, pour que j’obtienne une licence en droit canonique (obtenue en juillet 2018).

Quelles sont les qualités requises pour occuper cette fonction ? L’official doit-il obligatoirement être un prêtre ?
Oui. Puisqu’il exerce le pouvoir judiciaire au nom de l’évêque, l’official est obligatoirement un prêtre. Il doit être également docteur ou au moins licencié en droit canonique et âgé de trente ans au moins.  

Vous présidez le Tribunal diocésain, comment fonctionne-t-il ? Qui en fait partie ?
Plusieurs personnes interviennent dans le cadre de l’administration de la justice. Il y a d’abord la notaire ecclésiastique, Joséphine Gomez. Elle authentifie tous les actes et gère l’administration de l’officialité.

Ensuite, il y a plusieurs juges, nommés par l’évêque. Dans les causes matrimoniales, c’est habituellement un collège de trois juges qui rend la sentence. De fait, le juge propre d’un diocèse est l’évêque. Mais il est préférable qu’il n’exerce pas le pouvoir judiciaire lui-même : il le délègue donc aux juges. Depuis la réforme du procès matrimonial voulue par le pape François en 2015, l’évêque reste le juge du « procès matrimonial plus bref » (c’est le nom de cette nouvelle procédure). 

Le Ministère public comprend les offices de défenseur du lien et de promoteur de justice. Le défenseur du lien intervient dans les causes matrimoniales. Il est chargé de défendre le lien du mariage en présentant tout ce qui peut être raisonnablement avancé contre la nullité du mariage. Le promoteur de justice pourvoit au bien public à travers l’application correcte de la loi.  

A l’exception de l’official, tous les autres offices peuvent être accomplis par des laïcs.

Quel lien faites-vous entre votre fonction d’official et votre vie de prêtre ?
Beaucoup de personnes sont surprises d’apprendre qu’il existe un Droit de l’Eglise et que les diocèses possèdent des tribunaux. Elles peuvent percevoir le ministère de juge comme quelque chose de très « administratif ». Mais de fait, il n’en est rien. Il s’agit d’un ministère éminemment pastoral. La grande majorité des causes traitées à l’officialité sont des causes de déclaration de nullité du mariage. Nous rencontrons souvent des personnes blessées par l’échec de leur mariage. Une grande partie de notre ministère est donc un ministère d’accueil et d’écoute. La charité et la miséricorde sont intimement liées dans notre activité, et c’est ce qui fait vivre mon cœur de prêtre.

Hormis les causes de nullité de mariage, qu’est-ce que ça comprend d’autre ?
En effet, l’activité de l’officialité ne se limite pas à cela. Nous instruisons également les demandes de dispense des obligations sacerdotales, lorsqu’un prêtre quitte le ministère, ainsi que les procès pénaux canoniques. De plus, nous sommes régulièrement consultés par l’évêché, les prêtres et les paroisses pour divers avis de droit.

Très concrètement, en quoi consiste votre travail à l’évêché ? De quoi sont faites vos journées à l’officialité ?
Ce sont les audiences qui occupent le plus mes journées à l’officialité. L’année passée, une trentaine de causes ont été admises. Pour chaque cause, nous rencontrons deux fois le demandeur et, s’il participe, le défendeur. Nous procédons ensuite aux auditions des témoins dont le nombre peut varier de trois à six. A cela s’ajoutent les commissions rogatoires, c’est-à-dire les demandes d’officialités d’autres diocèses pour auditionner les parties ou les témoins domiciliés dans notre diocèse. En plus des audiences, il y a l’étude des dossiers, la rédaction des sentences et des avis de droit.

Avez-vous des projets particuliers liés à cette nouvelle fonction ?
Je viens de débuter mon ministère à l’officialité et je suis encore en train de découvrir toute la richesse et l’ampleur que constitue cette nouvelle fonction. Il est encore un peu tôt pour avoir des projets. Disons que mon projet est de poursuivre le travail remarquable accompli par mon prédécesseur, le Père Hubert Niclasse op, secondé par Madame Gomez et soutenu par toutes les personnes œuvrant de près ou de loin à la bonne administration de la justice dans notre diocèse. L’exercice de cette justice, comme l’a rappelé le pape François, est de montrer que l’Eglise est mère et qu’elle veut manifester à tout le monde le visage du Dieu fidèle à son amour, miséricordieux et toujours capable de redonner force et espoir. Mon projet est de vivre ce ministère comme un service aux personnes, souvent en souffrance.

Un président et une vice-présidente

Le Conseil de Communauté (CC) de la paroisse Saint-Pierre (Thônex) et Saint-François de Sales (Chêne) a élu un président et une vice-présidente pour guider ses actions pastorales.

Photos: Pascal Voide, Michel Valticos

Vincent Habiyambere et Isabelle Valticos se présentent eux-mêmes : 

Vincent

vincentMarié depuis 37 ans avec Immaculée,  catéchiste depuis des années dans notre paroisse, nous avons trois enfants et deux petits-enfants. D’origine rwandaise, nous sommes naturalisés suisse ayant vécu dans ce pays depuis 1992.

Dans mon village, j’habitais à 500 mètres de ma paroisse qui était dirigée par un curé d’origine belge qui a formé des jeunes à servir la messe. Cela fut pour moi une occasion unique de piété. A l’âge de 13 ans, le petit servant de messe a rejoint l’internat au petit séminaire, où j’ai reçu une formation équilibrée entre les cours des math-sciences et de langues, dont le latin – qui m’a permis de comprendre la messe que j’avais toujours suivie en latin – et les prières matinales suivies de messes quotidiennes à 6h30, l’Angélus à midi, vêpres et complies le soir. J’ai fini le petit séminaire à l’âge de 20 ans, prêt pour le grand séminaire et à devenir prêtre comme mon curé, mais Dieu m’appela pour soigner le corps des hommes. C’est ainsi que je suis devenu médecin. Après des années d’expériences au Rwanda, en Belgique et aux Etats-Unis, je suis venu travailler à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 1992.

Comment contribuer à la vie de notre paroisse ? Avant de rejoindre le Conseil de Communauté (CC) en décembre 2018, je suis membre du Conseil de Paroisse (CP) depuis plusieurs années déjà. Le CC organise et coordonne les activités pastorales qui font l’âme et la chair d’une paroisse.  Les deux conseils étant interdépendants dans une paroisse, la participation aux deux facilite leur collaboration en renforçant la communication entre eux. 

Frère Michel Fontaine op., curé modérateur, et l’abbé Joël Akagbo, prêtre responsable de la paroisse Chêne-Thônex ont insufflé un nouveau dynamisme au CC renouvelé. Ce conseil travaillera avec des principes clairs, en équipe et par concertations préalables concernant les trois missions pastorales du CC : Liturgie-Formation-Accueil. Avec joie et détermination  j’accepte la tâche de continuer ce chemin tracé comme président du CC. 

Isabelle

isabelleD’origine française, je suis arrivée à Genève en 1969 après avoir passé neuf ans en Afrique (Congo Léopoldville, Niger et Togo) avec nos parents médecins (papa à l’OMS et maman, pédiatre en dispensaire). Suite à une scolarité au lycée d’Annemasse, j’ai obtenu une licence en Sciences économiques à la Sorbonne et ma rencontre avec Michel, devenu mon époux en 1980, m’a détournée de mon projet de faire du journalisme de terrain pour me consacrer à nos trois enfants tout en pratiquant des boulots de secrétariat à mi-temps. J’ai ainsi travaillé à la SGS (Société Générale de Surveillance), avec Bertrand Piccard, notre aventurier solaire et à l’IUED (Institut Universitaire d’Etudes du développement). J’ai donné des cours de catéchisme pendant une dizaine d’années et le temps passant, je me suis tournée vers le Mouvement des Chrétiens Retraités dont je coanime le groupe à Chêne-Thônex depuis 8 ans. Je suis l’heureuse grand-mère de deux charmantes frimousses, d’autres devraient  suivre prochainement ! En souvenir du poème de Léopold S. Senghor que nous récitions enfants « toi, Afrique qui nous a portés sur ton dos », c’est donc comme un joli clin d’œil que me fait ce Continent aujourd’hui avec ma participation au Conseil de Communauté présidé par Vincent Habiyambere, sous l’œil bienveillant et rieur de notre Abbé Joël Akagbo…

Solidarité dans la rue

Responsable de la pastorale des milieux ouverts à Genève, Inès Calstas est aussi coordinatrice du pôle solidarités. De quoi bien occuper ses journées… 

Texte et photos par Nicolas MauryA deux pas de la gare Cornavin à Genève, Inès Calstas entre dans le temple de la paroisse protestante de Montbrillant. Employée par l’Eglise catholique romaine, elle y a pourtant son bureau. « Un cadeau de la vie », explique-t-elle, dégustant son café. « Je collaborais beaucoup avec la pasteure du lieu qui m’a annoncé un jour qu’un espace s’y libérait. Après avoir parlé avec son conseil, elle m’a dit : « Inès, nous aimerions que tu sois là. » Ce site abrite aussi la communauté œcuménique des personnes handicapées et celle des sourds et des malentendants. Tout ce regroupement fait sens. »

D’origine urugayenne, Inès porte une double casquette. Ce matin, c’est celle de responsable de la pastorale des milieux ouverts qu’elle a coiffée. « Au début des années 2010, le terme employé était encore « pastorale de rue ». Quand j’ai commencé à travailler en Eglise, on m’a demandé de faire quelque chose avec les Roms. Puis s’est posée la question de savoir s’il fallait se limiter à cette population ou opter pour une plus grande ouverture. Personnellement, je préférais cette seconde solution, laquelle s’est finalement mise en place. »

Lieu d’accueil

Tout en donnant cette explication, Inès se lève pour saluer deux nouveaux arrivants : Alexander et Helena. « Deux personnes sur qui je peux compter », souligne-t-elle. Comme tous les lundis, elle se met ensuite en route pour rejoindre l’Oasis, un lieu d’accueil pour personnes en situation de rue situé dans le quartier de la Servette. 

Le déroulement de la journée est bien rodé. « Sur le coup des 8h15, un petit déjeuner est préparé à l’intention de tous les cabossés de la vie qui nous rejoindront. On ne sait jamais combien on sera : 45, 60… parfois jusqu’à 80. »

A 9h, une séance de groupe permet de définir la répartition des rôles. « La particularité de l’Oasis, c’est que les personnes en situation précaire prennent elles-mêmes des responsabilités, tout comme d’autres bénévoles d’ailleurs. » Car la structure propose de multiples services: prendre une douche, trouver de nouveaux vêtements, faire des lessives ou encore partager un dîner. « Autant d’éléments qu’il faut organiser, même si les choses sont désormais bien rodées », détaille Inès.

Mélange des populations

Après la prière en commun à 12h commence, à partir de 12h30-13h, le repas. Puis suivent les tâches de nettoyage et de rangement, avant un débriefing à 15h. « Nous sommes souvent en contact avec les instances sociales de la Ville. Au départ, elles nous avaient dit qu’il ne fallait pas mélanger les populations. L’expérience tirée de nos quelques années d’activité a montré que ce n’était pas le cas. Tout le monde s’entraide, même s’il peut y avoir des frictions ou des crises. Si c’est le cas, on fait en sorte de discuter pour résoudre les problèmes. »

Hormis ses contacts avec les plus démunis, Inès passe une partie de son temps à faire du travail de bureau. « A Genève, vivre dans la rue revient presque à être dans l’illégalité. Vu qu’il n’y a pas de statistiques, on ne sait pas combien de gens sont concernés. La Ville dit environ 500, Caritas avance plutôt 1000 à 1500. Une partie de mon job consiste à leur fournir un soutien administratif. Comment faire pour avoir un abonnement de bus si on n’a pas d’adresse ? Comment recevoir du courrier ? Comment faire appel à l’assistance juridique ? » Autant de situations auxquelles Inès apporte des réponses au cas par cas. 

Lorsqu’elle a commencé son activité en Eglise, Inès travaillait avec les Roms. Depuis, son champ d’action s’est élargi.
Lorsqu’elle a commencé son activité en Eglise, Inès travaillait avec les Roms. Depuis, son champ d’action s’est élargi.

Construction en marche

Mais elle effectue aussi un travail de médiation, souvent avec la police. « Un jour, un jeune homme a été condamné pour avoir volé de l’argent dans une cassette à journaux. Nous avons été voir le journal et convenu d’un arrangement. Bricoleur, il a réparé et nettoyé plusieurs cassettes en ville. La plainte a été retirée. » 

Parfois, la journée se prolonge en soirée, car Inès est aussi coordinatrice du pôle solidarité. « Je m’occupe de tout ce qui touche à la diaconie dans l’Eglise, ce qui inclut aussi les personnes en situation de handicap, les sourds et les malentendants. Comme le dit ma fille, c’est génial pour aller dans les réunions ! Aimant le contact avec les gens, je perçois mon métier comme une construction en marche. Souvent, on pose des pierres et on se dit qu’on ne verra pas la cathédrale finie. Mais parfois, les choses vont plus vite que prévu. Ces avancées au quotidien sont précieuses. »

Une journée bien rythmée

7h30 –> Arrivée au bureau
8h15 –> Petit déjeuner à l’Oasis
12h –> Prière communautaire
13h –> Repas
15h –> Débriefing de la rencontre
Dès 16h –> Réunions diverses et tâches administratives

Pauvres et Suisses

La mobilisation des gilets jaunes interpelle jusqu’à nos frontières. A travers la parole des «sans voix», de profondes inégalités refont surface. En Suisse aussi, celles-ci existent comme autant de pauvretés cachées. Quelles sont-elles et quelles sont les formes de solidarités mises en place par l’Eglise pour y remédier?

Par Pascal Ortelli
Photos : Ciric, Jean-Claude Gadmer, Pxhere, DR
La pauvreté ne diminue pas en Suisse. Tel est le constat que livre l’Almanach social 2019 de Caritas Suisse. 615’000 personnes – soit 7,5% de la population – vivent dans la précarité, alors qu’autant d’autres risquent d’y tomber. Car ces « juste au-dessus du seuil » ne reçoivent pas d’aide. Les familles monoparentales, les personnes en formation post-obligatoire et les sans-emploi représentent les catégories les plus à risque.

Parmi elles, on compte 140’000 working poor qui exercent une activité professionnelle sans pour autant arriver à boucler leur fin de mois. A cela s’ajoute le problème croissant de l’endettement des jeunes adultes. « Certains n’ont jamais appris à gérer leur salaire », explique Joëlle Renevey de Caritas Fribourg. En 2017, son service a conseillé 1078 ménages, dont 288 plus particulièrement.

Divorce et pauvreté

« ]La pauvreté touche aussi les enfants au travers des divorces, parfois sources de précarité matérielle et humaine : « Lorsque les enfants apprennent que leurs parents divorcent, ils ont peur de perdre leurs amis et leurs repères » constate Marie-France Kilchoer, animatrice au MADEP (Mouvement d’apostolat des enfants et préadolescents). C’est un grand traumatisme pour eux, sans compter que les enfants de migrants peuvent servir d’outils de dialogue  pour les parents qui ne maîtrisent pas le français.

Le cri des pères divorcés commence enfin à se faire entendre. Même avec un bon salaire, certains vivent au seuil de la précarité quand ils ont fini de payer les frais de pension et le loyer élevé d’un grand appartement. La loi leur impose d’avoir suffisamment d’espace pour pouvoir accueillir chez eux leurs enfants… au risque de se ruiner ! 

Un chemin de confiance

Pour la première fois en Suisse romande, plus de 200 personnes en situation de pauvreté et des agents pastoraux se sont réunis à l’Université de Fribourg les 29 et 30 janvier derniers pour se rencontrer et apprendre les uns des autres afin d’ouvrir des chemins nouveaux.

Un intervenant de l’Université de la solidarité et de la diaconie raconte son combat. Marié et père de trois enfants, il est venu en Suisse pour trouver du travail afin d’aider sa famille. Tout a basculé quand il est entré dans la précarité. « J’ai tout perdu, dit-il, au moment où j’avais le plus besoin d’eux. » Comme il ne ramène pas assez d’argent, sa femme demande le divorce.  

Seul et sans-abri, il ne se reconnaît plus dans son rôle de père jusqu’à ce qu’il découvre la Pastorale des milieux ouverts à Genève. « Inès, la responsable, m’a redonné confiance, en me faisant comprendre que je n’avais pas perdu ma dignité. Elle m’a recommandé de faire du bénévolat, alors que j’avais moi-même besoin d’aide » confie-t-il. Il y puise assez de forces pour « récupérer » sa famille. Aujourd’hui, même si les difficultés financières persistent, il a retrouvé la place qui lui revient.

Apprenons les uns des autres

Car, ne l’oublions pas, dans le cœur de Dieu, les pauvres ont la première place. Le Christ s’appuie sur eux pour nous révéler sa tendresse. Ils ont beaucoup à nous enseigner. La pauvreté revêt de multiples visages. D’une certaine manière, nous sommes chacun le pauvre d’un autre. Il est primordial pour l’Eglise de favoriser de tels espaces de rencontre.

Une priorité pour l’Eglise

La diaconie, autrement dit le soin et l’accueil accordés aux plus fragiles, constitue l’une des missions fondamentales de l’Eglise. Pour Pascal Tornay, assistant pastoral à Martigny et responsable du Service diocésain de la diaconie (SDD), « ce n’est pas d’abord un dicastère ecclésial, c’est l’Eglise en train d’aimer et de transformer le monde ». 

Le SDD n’a pas pour but de porter seul ce souci dans le diocèse de Sion. C’est la mission de tous. « Nous cherchons à développer un réseau, assure le Martignerain, pour permettre à chacun d’être acteur dans sa communauté locale. » La proximité y est de mise.

Plus de 200 personnes se sont réunies à Fribourg en janvier, pour parler solidarité et diaconie.
Plus de 200 personnes se sont réunies à Fribourg en janvier, pour parler solidarité et diaconie.

Un « monastère » sur la place publique

Voilà presque sept ans que le Rencar remplit cette mission dans le Jura avec un camping-car transformé en lieu d’écoute. L’accueil y est inconditionnel et gratuit, grâce à une équipe de plus de 30 personnes.

« Certains viennent juste pour un café ; d’autres sur rendez-vous ou d’une manière inattendue pour parler de leurs problèmes. » De plus en plus d’adolescents franchissent la porte. « Ils y trouvent un refuge où ils peuvent déposer leurs problèmes, sans que cela soit balancé sur les réseaux sociaux », confie Isabelle Wermelinger, animatrice au Rencar. 

L’un des défis, pour elle, consiste à mieux habiter l’espace public. « Le Rencar, c’est un peu comme un monastère itinérant. On peut choisir de passer plus loin ou de s’y arrêter, avec la certitude d’y être reçu et écouté. »

Le Rencar fait en quelque sorte office de monastère itinérant.
Le Rencar fait en quelque sorte office de monastère itinérant.

Une attention aimante

Liberté, gratuité et don de soi dans la relation, vécus fraternellement au nom de l’amour du Christ et du prochain. La mission de l’Eglise consiste à être encore là quand toutes les autres portes sont fermées. Aujourd’hui, elle est invitée peut-être à mieux aider ces « 600’000 autres », vivant avec peu et sans aide, juste au-dessus du seuil de pauvreté. Et de leur prêter, selon le vœu du pape François, une « attention aimante qui honore l’autre en tant que personne et recherche son bien ».

Seuil de pauvreté et aide sociale

Le seuil de pauvreté est fixé par la Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS) à Fr. 2247.– par mois pour une personne seule et Fr. 3981.– pour un ménage de deux adultes et deux enfants au-dessous de 14 ans.

Depuis 2010, les demandes d’aide n’ont cessé d’augmenter. On dénombre 278’345 cas en 2017, soit 5000 personnes de plus qu’en 2016. Or l’aide sociale ne garantit déjà plus le minimum vital. Le montant moyen dépensé par une personne seule (hors primes d’assurance-maladie et loyer) s’élève à Fr. 1082.–, tandis que le forfait moyen d’aide actuellement fixé par la CSIAS est de Fr. 986.–. 

Accompagner les détresses paysannes

Maria Vonnez et Pascale Cornuz, de l’aumônerie agricole vaudoise, assurent une présence d’écoute auprès des paysans en détresse. Le risque de suicide y est en effet 37% plus élevé que dans le reste de la population suisse. Une formation de prévention au suicide, destinée aux professionnels en relation directe avec les paysans, a été mise sur pied, afin de créer un réseau de « sentinelles ». « Mon rôle, dit Maria Vonnez, est d’arriver à ce qu’ils s’accrochent de nouveau à l’espérance. »[thb_image image= »3616″ img_link= »url:%2Fwp-content/uploads/2019/02/Graphique_pauvrete. »]

Un nouveau ministère

Notre curé modérateur, l’abbé Giraud Pindi, nous quitte pour rentrer dans son diocèse de Matadi, en République démocratique du Congo, où il est nommé vicaire général. Il a adressé un mot d’adieu à toute l’unité pastorale dont voici des extraits. Bonne route à lui.

Par Giraud Pindi
Photo : DRLe 1er janvier 2019, en la fête de Marie Mère de Dieu, l’évêque de Matadi, en République démocratique du Congo, Mgr Daniel Nlandu, m’a nommé vicaire général. J’ai accepté cette responsabilité par obéissance et pour le soutenir dans sa tâche de gouvernement.

C’est avec une immense joie que j’ai cheminé avec vous depuis septembre 2013. Cette expérience pastorale au milieu de vous et avec vous m’a beaucoup apporté humainement et chrétiennement. Je tiens à vous dire merci de tout cœur pour votre engagement, votre présence et votre disponibilité.

Je rends grâce à Dieu pour le bien que j’ai pu réaliser. Je reconnais aussi mes grandes faiblesses. Je demande pardon de tout cœur pour les torts que j’ai pu causer à l’un ou à l’autre par ma façon de parler, d’agir ou de me comporter. Et j’offre mon pardon à toute personne qui m’aurait blessé personnellement ou dans l’exercice de mes responsabilités. Que le Seigneur nous rétablisse dans la réconciliation.

Une mission exigeante
De grands défis m’attendent comme vicaire général d’un diocèse de 31’270 km2 peuplé de près de 3,5 millions d’habitants dont 85% sont catholiques. Il compte 45 paroisses et 187 prêtres avec une moyenne d’âge de 40 ans et près de 70 grands séminaristes en formation cette année. J’aurai des milliers de kilomètres à parcourir pour visiter des paroisses à majorité rurale sur des routes très approximatives, exigeantes physiquement et mécaniquement, dans une situation politique et sécuritaire très précaire. Je confie ce nouveau ministère à votre prière.

Je reconnais votre générosité dans votre soutien aux projets que je porte dans mon diocèse pour encourager la jeunesse et lui offrir un avenir: formation de menuisiers, de jeunes filles en coupe et couture, de jeunes gens en mécanique. Je vous remercie profondément et j’espère pouvoir continuer à compter sur vous.

Carême dans la Ville

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Par Vincent Lafargue
Photo: DRLes frères dominicains de Lille sont très féconds sur internet. Depuis bien des années, ils proposent une retraite en ligne, notamment aux temps privilégiés de l’Avent et du Carême. 

146’000 retraitants
Actif dès le début du Carême, le site « Carême dans la ville » propose une méditation quotidienne liée aux lectures du jour. Elle peut être écoutée ou même visionnée. Un espace nous permet de commenter et de laisser notre prière.

Ainsi, l’an dernier, ce ne sont pas moins de 146’200 personnes qui se sont inscrites à cette « retraite en ligne », méditant tous les jours les perles reçues via leur écran d’ordinateur ou sur leur téléphone portable. 

Aussi sur smartphones
Car une application « Carême dans la ville » existe aussi pour smartphones et permet là encore d’écouter la méditation quotidienne ainsi que la parole de Dieu qui l’inspire.

On peut visiter le site ou l’application chaque jour sans s’inscrire. Mais laisser son adresse email dans le champ prévu à cet effet permet de recevoir quotidiennement, pendant le Carême, un courriel contenant aussi des intentions de prière.

C’est un convaincu depuis bien des années qui vous le dit : votre Carême sera tout différent quand vous aurez découvert « Carême dans la ville » !
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Le site: careme.retraitedanslaville.org

Dignité et Développement

Par Nicole Andreetta
Photo: DRLa plateforme Dignité et Développement, créée en 2015, est une initiative de Mgr Charles Morerod : « Nous avons besoin d’un espace de réflexion, au-delà des urgences, pour inscrire les interventions immédiates dans le long terme… une plateforme à géométrie variable qui réunisse des praticiens et des scientifiques, des acteurs locaux et des personnes engagées sur la scène internationale. »

Formation en ligne
Depuis novembre 2018, une formation en ligne intitulée « L’éthique sociale chrétienne pour nourrir la vie » s’adresse à toute personne intéressée par les défis de notre temps.

Outre un module d’introduction, divers thèmes sont traités : finances, médecine, écologie, communication, politique…

« Il ne s’agit pas de proposer un cours ex cathedra, explique Pascal Ortelli, théologien laïc et coordinateur de la plateforme, mais de permettre aux participants de découvrir l’éthique sociale chrétienne à partir de leur propre questionnement. »

Il poursuit en précisant : « Le christianisme est une religion incarnée. Jésus, par la prière, demeurait en relation étroite avec le Père. Mais il a aussi vécu au cœur de la société. Dans l’Ancien Testament, le message des prophètes avait une dimension politique. L’Eglise doit cheminer avec le monde de son temps. »

Questions complexes
Une participante, Stefanie Losey, témoigne : « Procréation, suicide assisté, migration… nous sommes, aujourd’hui, confrontés à des questions complexes. Cette formation me permet de faire le lien entre qui je suis et ce que je vis. En tant que femme, assistante pastorale, mère de famille et écologiste convaincue, je me retrouve plusieurs fois par jour face à des situations plus ou moins compliquées où je dois faire des choix et définir mes priorités. Prendre le temps d’approfondir une parole telle que « Aime ton prochain comme toi-même » me permet de mieux saisir ce qui a été le centre de mes décisions, de faire le lien entre mes convictions et mes engagements. Je découvre que je fais certaines choses parce que je suis chrétienne. »

La formation rassemble à ce jour près de 80 participants de diverses professions. Une grande majorité habite en Suisse romande, quelques-uns en France, en Belgique, au Togo et au Liban.

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