Nouveau regard

Par Nicole Andreetta
Photo: PxhereSouvent cachée, la pauvreté reste présente en Suisse. Paradoxalement, 25% à 30% des personnes concernées renoncent à bénéficier de certaines aides sociales 1.

Les causes de non-recours sont multiples et diverses. Un manque d’information, la crainte de perdre son permis de séjour. Mais il y a également des motifs liés aux barrières sociales qui s’élèvent insidieusement à partir du regard de l’autre et du regard que l’on porte sur soi.

Les personnes qui font le pas de demander de l’aide se retrouvent souvent confrontées à une « inhospitalité administrative ». L’avalanche de formulaires à remplir et de justificatifs à fournir suscite chez elles un sentiment de rejet, de non-reconnaissance.

Or, devoir franchir le seuil des services sociaux représente pour beaucoup le deuil de leurs propres valeurs : « Demander de l’aide, ce n’est pas un métier ! J’ai honte ! »

Les droits sociaux représentent un des piliers de notre démocratie.

Ceux que l’on nomme « bénéficiaires » sont d’abord des « ayants droit ». Reconnaître les droits et la dignité de chacun, une piste pour avancer ensemble.

1 Selon une enquête menée par Barbara Lucas, professeur à la HETS-GE.

Campagne de Carême

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«Ensemble avec des femmes engagées – Ensemble pour un monde meilleur»

En 2019, Pain pour le prochain et Action de Carême célèbrent 50 ans de collaboration œcuménique ! Oui, depuis 50 ans, nos deux œuvres s’engagent dans la campagne œcuménique pour un monde plus juste. L’engagement en faveur des droits de l’homme et de la dignité humaine est le fil rouge des campagnes menées au cours des dernières décennies. Ce sera également le cas pour cette campagne 2019 où le renforcement des droits des femmes est au cœur des préoccupations.

Par Action de Carême, adapté par Jean-François Bobillier
Photo: voir-et-agir.chDepuis leur fondation, Action de Carême, Pain pour le prochain et Etre Partenaires militent en faveur de la dignité et du respect des droits humains. La campagne œcuménique 2019 traite du renforcement des droits des femmes dans le contexte de l’exploitation des matières premières.

Nombreuses sont nos organisations partenaires au Sud qui font état des conséquences catastrophiques de l’exploitation de matières premières par des multinationales (ci-contre Usine suisse Glencore tant décriée…), qu’il s’agisse de minerais (coltan utilisé dans les smartphones), de métaux (or), de produits agricoles (soja, canne à sucre, huile de palme) ou de ressources énergétiques (pétrole, charbon, énergie hydraulique). Pour les femmes, la situation est dramatique : disposant de peu d’informations, elles sont tenues à l’écart des processus décisionnels par les entreprises, l’Etat et même leur propre communauté, alors qu’elles sont particulièrement affectées. Il est difficile de faire vivre une famille sans eau potable, sans accès à la terre et sans conditions de travail dignes.

L’exploitation de matières premières peut entraîner la perte d’emploi pour les hommes qui travaillaient comme paysans et / ou artisans mineurs. Ne pouvant plus gagner leur vie, ils émigrent vers d’autres régions, loin de leur famille, pour y chercher du travail. Ils habitent dans des cités de travailleurs ne comptant que des hommes où des heurts éclatent fréquemment.

Restées au domicile, les femmes se retrouvent à assumer le gros des responsabilités familiales : élever les enfants, prendre soin d’eux et des personnes âgées, s’occuper de la famille, produire de la nourriture. Outre les familles, le lien social est détruit par l’exploitation des ressources naturelles car les communautés finissent par se quereller. Elles sont divisées à dessein, tandis que les déplacements achèvent de démanteler les liens de voisinage. Dans le monde, de plus en plus de femmes prennent elles-mêmes les choses en main. Elles sont nombreuses à faire valoir leurs droits, à s’élever contre les manquements aux droits humains et à unir leurs forces. 

Etre averti sur la question des inégalités ne suffit pas à changer les choses de manière concrète. Façonner un monde meilleur présuppose en effet une transformation radicale que nous devons amorcer ensemble, que ce soit en modifiant nos habitudes de consommation ou en participant à une action donnée. 

Afin de découvrir toute la richesse de la campagne, les actions à mener localement ou les événements ayant lieu près de chez vous, nous vous invitons à parcourir le site www.voir-et-agir.ch.

OpenSky Festival: Ça va vibrer par Fully le 30 mars…

Texte par Aline Jacquier, pour le comité Open SkyOpenSky… A ciel ouvert… C’est une soirée placée sous le signe du fun et de la foi, organisée par les DJP&Friends, des jeunes valaisans qui se réunissent pour prier et passer de bons moments ensemble et s’adressant principalement aux jeunes dès 15 ans, mais ouverte à tous !

Côté programme, il débutera par une création originale retraçant la vie du Bhx Pier Giorgio Frassatti, modèle de sainteté pour la jeunesse. Un des grands moments de la soirée sera le concert de Glorious qui nous fera à nouveau l’amitié de sa présence. Raising Hope, le groupe de pop-louange diocésain ainsi que Cabana, des jeunes de Saint-Prex, nous aideront à prier et louer ! En fil rouge, nous entendrons le témoignage du Père René-Luc, né de père inconnu et élevé par un truand. Mgr Alain de Raemy et Mgr Jean-Marie Lovey concélébreront une messe animée par un grand chœur de jeunes. Le DJ britannique, Andy Hunter, poursuivra l’animation jusqu’au cœur de la nuit. Des démonstrations de foot-freestyle, breakdance, BMX ou diabolo ponctueront la soirée. 

Rendez-vous le samedi 30 mars 2019 à la salle polyvalente de Fully dès 16h30 pour découvrir une Eglise décomplexée, se divertir, vivre de beaux moments spirituels ou partager un verre avec d’autres jeunes à l’Adjeu Don’bar ! 

Nous nous réjouissons de t’y croiser ! 

+ d’info : www.opensky-fully.ch

Université de la solidarité et de la diaconie

Les 29 et 30 janvier 2019, plus de 200 personnes ont pris part à Fribourg à la première Université de la solidarité et de la diaconie. Durant deux jours, les participants ont vécu des temps de témoignages, de convivialité, de partage, de prière et d’échange autour de la Bible. Ils sont entrés dans une démarche imprévue pour se laisser enrichir par la rencontre.

Texte et photos par Véronique BenzIls sont venus de toute la Suisse romande : évêques, prêtres, diacres, agents pastoraux engagés dans la solidarité au niveau de leur diocèse, canton ou unité pastorale, étudiants de l’Institut romand de formation aux ministères, séminaristes, personnes interpellées par le sujet ou vivant dans la précarité, catholiques, musulmans ou sans religion. Durant deux jours à l’Université de Fribourg, ils ont essayé de se laisser interpeller et enrichir par ce que l’autre peut leur apporter. 

Les clowns Créa et Miette ont apporté leur touche d’humour au cœur de la réflexion.
Les clowns Créa et Miette ont apporté leur touche d’humour au cœur de la réflexion.

Le programme proposé était varié. De nombreux témoignages, souvent poignants, ont été présentés. Les temps de partages bibliques ont été des lieux d’échange profond. Des ateliers chants, évangile et peinture, théâtre, audio-vidéo… leur ont permis de s’ouvrir, de découvrir des richesses ou des facettes parfois inexplorées de leur personnalité.

Le mardi soir, lors de la veillée de prière à l’église Sainte-Thérèse, les membres de l’assemblée se sont mis sous le regard de Dieu. Ils ont prié les uns avec les autres et les uns pour les autres. Suite à la lecture du texte du lavement des pieds, ils ont été invités, par groupe, à se laver les pieds les uns aux autres. Une action humble, permettant de se découvrir enfant de Dieu, frère et sœur en humanité. Durant la veillée, ils ont également pu vivre une démarche de pardon, soit en allant se confesser vers un des nombreux prêtres présents, soit en priant devant le Saint-Sacrement. La centaine de petits lumignons déposés devant l’autel étaient les témoins de tous ces gestes ou désirs de réconciliation.

L’atelier Evangile et peinture.
L’atelier Evangile et peinture.
Lavement des pieds lors de la veillée de prière à l’église Sainte-Thérèse.
Lavement des pieds lors de la veillée de prière à l’église Sainte-Thérèse.

Quelle place pour les plus vulnérables ?

Le Père Etienne Grieu.
Le Père Etienne Grieu.

Le Père Etienne Grieu, jésuite, président et professeur aux Facultés Jésuites de Paris (Centre Sèvres), était l’invité de cette session. Il a proposé aux participants de réfléchir à la place donnée aux plus vulnérables au sein de nos communautés. « Est-ce vraiment la mission de l’Eglise de s’occuper de solidarité ? Ne risquons-nous pas de faire de l’Eglise une ONG ou de tomber dans l’activisme au détriment de l’essentiel ? » Pour répondre à ces questions, le Père Etienne Grieu a regardé la manière dont le Christ avait répondu à sa mission. « Dans l’évangile de Jean, le Christ se présente comme un envoyé, l’envoyé de Dieu. Qu’annonce-t-il cet envoyé ? Jésus est venu renouer les liens de l’alliance entre l’humanité et Dieu de manière définitive. » En citant quelques passages de l’Ecriture, le jésuite a constaté que le message du Christ s’adresse en premier lieu aux personnes qui sont au bord de l’Alliance, aux personnes en détresse et aux possédés. « Une personne en détresse est entièrement centrée sur sa supplication. Elle se jette tout entière aux pieds de Jésus. Ces personnes nous enseignent à nous remettre à Dieu. Elles nous obligent à mettre la relation au centre, elles nous ramènent vers l’essentiel, vers l’alliance. La Bonne Nouvelle passe par mon frère, précisément par mon frère qui crie vers Dieu. »

Pour nous aider à accueillir les plus vulnérables au sein de nos communautés, Etienne Grieu a esquissé quelques pistes. « La plus simple, que chaque baptisé peut mettre en œuvre, est de voir comment dans l’ordinaire de ma vie j’accueille la personne qui se présente à moi avec ce qu’elle est, avec ses richesses et ses pauvretés. Il faut savoir être attentif aux gens qui vivent autour de nous des situations difficiles. Pourquoi ne pas mettre en valeur dans la liturgie le moment où l’on remet les custodes aux membres de la communauté, afin qu’ils aillent porter le corps du Christ aux personnes âgées ou malades ? La solidarité ne demande pas d’abord de grands engagements, ce sont des gestes simples que l’on peut faire dans notre quotidien de baptisé. L’Eglise est revigorée lorsqu’elle garde le souci de la vraie rencontre », a-t-il affirmé. Une autre piste concerne les politiciens : « Comment soutient-on les gens qui s’engagent et qui portent le bien commun ? » Le Père Grieu questionne : « Faisons-nous confiance aux êtres qui nous semblent plus fragiles ? » 

Diplômés

La session a été clôturée par une messe festive animée par l’atelier chants. Après avoir durant deux jours parlé entre eux, les participants se sont mis à l’écoute de la Parole de Dieu, et sont repartis avec elle. Les évêques leur ont distribué personnellement un livre contenant le Nouveau Testament et les psaumes. Ils ont également reçu un diplôme, signe tangible de leur participation à ce temps fort en échanges et en émotions. 

Organisé conjointement par les services « Solidarité » des diocèses et cantons de Suisse romande et le Centre catholique romand de formations en Eglise (CCRFE) cette première université de la solidarité et de la diaconie a été un véritable succès. A la fin de la rencontre, une seule phrase était sur toutes les lèvres : à quand la prochaine ?

Témoignage d’un participant

Ces deux jours ont été très intenses en émotion. J’ai vécu des journées remplies de bienveillance et de solidarité. Les échanges étaient profonds et très respectueux. Il était facile de parler avec les autres, de s’ouvrir à l’autre. J’ai pu communiquer de manière très simple, mais en vérité. Je me suis senti comme dans une grande famille. Si seulement, c’était toujours ainsi dans la vie quotidienne !

Grâce à cette rencontre, j’ai retrouvé confiance, espoir et espérance. J’ai à nouveau foi en l’humanité et en la solidarité. J’ai le plaisir et l’envie de continuer ma route. Si une prochaine édition est organisée, j’y participerai.

Il poverello!

Par Thierry Schelling
Photo: Ciric

François a instauré en 2017 une Journée mondiale des pauvres.
François a instauré en 2017 une Journée mondiale des pauvres.

« N’oublie pas les pauvres », lui a glissé dans l’oreille son voisin cardinalice Hummes lors de son élection. Et Jorge s’est fait appelé François ! Il n’habite pas le Palais apostolique mais garde sa chambre à Santa-Marta ; rangés mosette, surplis et camail à bord d’hermine pour ne garder que la soutane blanche pour les bénédictions Urbi et Orbi. En simple habit de service.

Un appel
Ne cessant de dénoncer la « mondialisation de l’indifférence » face aux pauvres, voulant une « Eglise pauvre pour les pauvres », il a instauré en 2017 une Journée mondiale des pauvres : occasion pour bien des communautés catholiques d’organiser du lien avec « leurs » pauvres autour de repas, de célébrations… Le pape François a non seulement dépoussiéré le vieux vocable de miséricorde – le rendant fort attrayant depuis ! – mais il a secoué les communautés endormies quant à leur devoir de service des indigents : « Le vacarme de quelques riches étouffe le cri croissant des pauvres », déclare-t-il lors de la deuxième Journée mondiale des pauvres en novembre 2018.

Réponses
Il répond, lui, à sa façon : le prélat en charge de la charité au nom du pape, l’elemosiniere pontificio, est fait cardinal en 2018. « Tu ne marcheras pas derrière moi aux cérémonies, mais dans les rues de Rome ! » lui avait-il lancé ! Douches, lieux d’aisance et médecins, dentistes et autres professionnels de la santé sont mis à disposition dans l’enceinte de la colonnade du Bernin pour les barboni (mendiants). Il mange avec des pauvres dans la cathédrale de Bologne – idée reprise ailleurs en Europe – et encourage à servir, partager et prier avec eux. Comme trois vœux, plus que religieux mais certainement pas pieux !

Pierre Hoarau

Le sens de ma vie, c’est Jésus-Christ ; sa réponse à nos questions, c’est : « Je t’aime ! »

Propos recueillis par Thérèse Yang
Photo: Thérèse Yang 
J’ai grandi dans une famille catholique pratiquante de cinq enfants. Quand j’ai été adolescent, j’ai abandonné l’Eglise petit à petit, parce que je ne trouvais aucune réponse à mes questions. J’ai vécu comme n’importe quel adolescent, avec toujours ce questionnement sur le sens de la vie et la recherche de quelqu’un qui m’aime. Je l’ai cherché dans beaucoup de choses : amitiés, filles, sport, surtout la moto. J’aimais ce sport dangereux parce qu’il donne des sensations. Mais je ne trouvais jamais de réponse. Tout cela m’a conduit à une certaine tristesse, à un certain cynisme. Une fois, un ami m’a invité à une catéchèse d’adultes donnée par la communauté du Chemin néocatéchuménal. Je l’ai suivie pendant deux mois et je suis allé me confesser. Ce moment a été une rencontre avec Dieu. C’est le moment charnière qui a changé le cours de ma vie. Je suis alors entré dans la communauté, d’abord comme laïc et ensuite, plus tard, je suis devenu prêtre. Dans le cadre de ma formation, j’ai été envoyé aux Philippines et en Afrique. Je pensais y retourner en mission, mais j’ai abouti en Suisse !

Je suis venu à Fribourg en tant que prêtre choisi pour accompagner la communauté du Chemin néocatéchuménal ; ensuite je suis devenu le recteur du nouveau séminaire Redemptoris Mater. J’ai deux charges : d’une part l’évangélisation, avec le néocatéchuménat, et d’autre part la direction du séminaire. La communauté du Chemin néocatéchuménal a été fondée en Espagne vers 1960. L’idée de départ était que beaucoup de personnes sont baptisées, mais que peu ont une foi adulte. Elles ont besoin d’une initiation chrétienne. D’où le nom de « catéchuménat », parce que c’est un chemin, et de « néo- », parce qu’il s’adresse aussi à des gens déjà baptisés. Les participants, essentiellement des laïcs, forment une communauté se réunissant deux fois par semaine et partageant des temps de prière, d’approfondissement et de discernement. A côté, chacun vit chez soi et poursuit ses activités habituelles. Une caractéristique du chrétien, c’est d’aimer ses ennemis. Mais d’habitude, on aime ses amis, pas ses ennemis. Dieu vient guérir cela, mais on a besoin de le découvrir petit à petit : la catéchèse est un chemin pour permettre aux gens de grandir dans la foi.

Quant au Séminaire diocésain missionnaire, il a été fondé par Mgr Morerod en juin 2018. Actuellement, quatre jeunes gens y sont en formation en vue de devenir prêtres, et d’autres sont encore dans des démarches pour y entrer, en provenance de différents pays. 

En regardant ma vie, en considérant ma propre expérience, je vois que rien n’est jamais perdu. Dieu peut faire rejaillir la vie. J’avais perdu la foi, donc je gaspillais ma vie. Dans un sens, j’étais mort, au sens spirituel du terme. De la mort existentielle où j’étais, Dieu a fait quelque chose de plus vivant. J’avais perdu la foi progressivement. Je l’ai retrouvée en un instant : le sens de ma vie, c’est Jésus-Christ ; sa réponse, c’est : « Je t’aime ».

Biographie

Pierre Hoarau est français, prêtre du diocèse d’Avignon. Il a grandi du côté de Montpellier. Puis, dans le cadre de ses études en Histoire, il a passé une année en Afrique. Après son retour, il est entré en tant que laïc dans la communauté du Chemin néocatéchuménal. Quelques années plus tard, il est devenu séminariste et a été ordonné prêtre. Actuellement, il est à Fribourg en tant que prêtre fidei donum, c’est-à-dire prêté par son diocèse d’origine, pour diriger le Séminaire diocésain missionnaire Redemptoris Mater à Givisiez.

La sainteté pour tous

«La sainteté pour tous selon le pape François»: tel était le thème de la conférence donnée par l’abbé François-Xavier Amherdt mardi 15 janvier dans la grande salle de la Colombière. L’occasion, en se penchant sur l’exhortation apostolique «Gaudete et exsultate», de prendre conscience que la sainteté est accessible à tous. 

Par Geneviève de Simone-Cornet
Photo: Olivier Cazelles
Ils étaient une trentaine, mardi 15 janvier, à avoir rejoint la grande salle de la Colombière pour écouter l’abbé François-Xavier Amherdt, professeur de théologie à l’Université de Fribourg, expliquer l’exhortation apostolique du pape François « Gaudete et exsultate » sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel. « Gaudete et exsultate », « Réjouissez-vous et soyez dans la joie », a été publiée par le pape le 19 mars 2018 après « La joie de l’Evangile » (« Evangelii gaudium ») en 2013, « La joie de l’amour » (« Amoris laetitia ») en 2016 et « La joie de la vérité » (« Veritatis gaudium ») en 2017.

Le fil rouge de ces documents ? La joie, a dit le conférencier en ouverture, une joie qui caractérise le pontificat de François avec la miséricorde – rappelons-nous l’année de la miséricorde, en 2015 – et le dialogue œcuménique et interreligieux – avec notamment la visite du souverain pontife au Conseil œcuménique des Eglises à Genève le 21 juin 2018. La joie est « une des trois notes de l’accord fondamental que le pape propose pour l’harmonie de l’Eglise ».

Tous saints

La joie, a poursuivi l’abbé Amherdt, est une des cinq caractéristiques de la sainteté avec la patience (endurance et douceur), l’audace (et la ferveur), le partage communautaire et la prière constante – « Le saint est une personne dotée d’un esprit de prière qui a besoin de communiquer avec Dieu ». La joie est aussi teintée du sens de l’humour, car « un saint triste est un triste saint ». Elle est « surnaturelle, une sérénité remplie d’espérance. Ne tirons pas des faces de carême sans Résurrection ». Vivons-la « dans la souplesse, sans compliquer les choses, dans l’allégresse de l’amour fraternel ».

Bonne nouvelle : nous sommes tous appelés à la sainteté, à devenir « des amis de Dieu qui se laissent contaminer par la bienveillance du Seigneur et permettent à la lumière divine de se refléter sur leurs visages et de rayonner à travers eux ». Comme la Fribourgeoise Marguerite Bays, dont le pape a autorisé par décret la canonisation en ce jour. C’est la vocation de tout baptisé, « la réalisation normale du baptême et de notre sacerdoce baptismal » : « Pas de VIP de la sainteté, pas de prérogatives ». Car « chacun apporte sa couleur propre et son charisme est indispensable, comme dans un vitrail, à l’Eglise et au monde ». Au cœur de ses engagements quotidiens : au travail, en famille, en paroisse.

Deux clés

Mais comment vivre la sainteté dans la vie de tous les jours ? Pour cela, François donne deux clés: l’humilité et la simplicité, pour éviter les pièges du pélagianisme (se sauver par ses propres forces) et le gnosticisme (se sauver par son savoir).

Soyons humbles comme le publicain, ne tirons pas gloire de nos propres œuvres, mais laissons agir la grâce de Dieu en nous en reconnaissant nos limites : « Dieu me prend tel que je suis et il agit à travers mes limites, mes failles et mes blessures, qui sont tendresse de Dieu ». Soyons simples : « Pas d’intellectualisme désincarné ni d’élitisme », car « Dieu est surprise, il ne se laisse pas enfermer dans des concepts ni des savoirs, il est plus grand que nous ». Et puis, la sainteté et aussi celle du voisin de palier, de celui, de celle que l’on croise tous les jours : elle est plus fréquente que nous le pensons, et il existe « une classe moyenne de la sainteté ».

Le grand critère

Comment devenir saint ? Pour le pape, en vivant au quotidien les Béatitudes, ces «déclarations de bonheur à contre-courant du monde»; en pratiquant la charité par les œuvres de miséricorde : c’est « l’amour en actes, pas les idéologies », et c’est « le grand critère, qui n’est pas facultatif ».

Pour cela, ne pas baisser la garde, rester vigilant, prendre les armes de la foi : la prière, la Parole de Dieu, les sacrements, les œuvres de bonté, la vie communautaire, l’engagement missionnaire. Et discerner, user de ce « don surnaturel de savoir choisir entre les bons et les mauvais esprits ». Etre saint, c’est aussi avancer sans peur, dans la confiance. Et entrer dans la logique du don, qui ne fait pas l’économie de la croix. « Laissons-nous désinstaller ! », a lancé l’abbé Amherdt. Ajoutant : « Etre saint, ce n’est pas être parfait tout le temps. C’est se retourner vers Dieu lorsqu’on est fragile. Et laisser des failles pour que Dieu puisse agir en nous. »

Implications pastorales

En conclusion, l’abbé Amherdt a mentionné quelques implications pastorales développées dans « Gaudete et exsultate ». Il importe de pratiquer ce que Jean-Paul II appelait une « pédagogie de la sainteté » : une catéchèse, une éthique, un témoignage basés non sur les interdits et les obligations, mais sur le désir et l’appel. Et de proposer une morale du bonheur qui conjugue les Béatitudes et les œuvres de miséricorde.

L’appel à la sainteté résonne au cœur de nos communautés : faisons d’elles des écoles de spiritualité où apprendre à prier et à mettre la relation au Christ au centre de l’existence. Adoptons un style évangélique et une animation biblique de la pastorale. Soignons la vie communautaire en multipliant les rassemblements et en valorisant tous les états de vie et les ministères. Enfin, soyons attentifs aux plus pauvres, qui sont visage de Dieu, et allons aux périphéries puisque lui-même « s’est fait périphérie » : « … si nous osons aller aux périphéries, nous l’y trouverons, il y sera. Jésus nous devance dans le cœur de ce frère, dans sa chair blessée, dans sa vie opprimée, dans son âme obscurcie. Il y est déjà ».

Jeff Roux à l’Hôtel-Dieu

L’Accueil Hôtel-Dieu et le Service Diocésain de la Diaconie

Texte par Jeff Roux
Photo: l’Hôtel-Dieu Midi à l’Accueil Hôtel-Dieu de Sion : comme chaque jour, entre 30 et 40 personnes sont là pour manger et pour rencontrer d’autres personnes. Un repas chaud, soupe-salade-plat principal-dessert-café, leur est servi pour 5 francs ou contre l’échange d’un bon.
Le bouquet de fleurs des convives est constitué de quelques grands-mamans, de papas qui ont vécu des divorces, de gens du voyage, d’anciens détenus, de personnes au social ou à l’AI, de quelques personnes ayant des addictions, de sans logement, de bénévoles et de monsieur et madame tout le monde, vous et moi.
Tous ces horizons forment, l’espace d’un moment, une famille peu banale.

Ce qui frappe dans les itinéraires de chacun, c’est la rapidité à laquelle une personne peut se retrouver dans une situation de précarité et la difficulté d’en sortir.
La pauvreté est due à plusieurs facteurs qui se combinent : permis de séjour, emploi, dette, poursuite, fragilités physiques ou psychologiques, lourdeurs administratives… Il faut alors tout un processus pour qu’une personne retrouve la confiance en elle et une place dans la société.

Dans cette réalité plus complexe qu’auparavant, le diocèse de Sion a créé en 2017 un Service Diocésain de la Diaconie (SDD) – service du Pauvre ; du Frère ; ou de la Solidarité – pour stimuler notre envie de rejoindre ceux qui sont au bord des routes. 

Le SDD est un acteur parmi d’autres, étatiques ou privés, qui se met au service des défavorisés. Son travail est de créer un réseau avec les différents intervenants sociaux pour créer des synergies nouvelles et trouver des réponses adaptées aux défis de notre temps.
Le Service a aussi à cœur de redonner un élan diaconal à tous les baptisés du diocèse, pour que la solidarité ne soit pas l’affaire de quelques spécialistes, mais un style de vie chrétien basé sur des valeurs de gratuité, de partage et de simplicité.

Faire tout ce qu’on peut pour que la vie de chacun soit belle est une chance. Mais plus encore : l’autre jour, un des bénévoles confiait : « J’ai découvert que dans chaque personne, il y a de la Lumière. » Le service du frère est un lieu bouleversant où l’on rencontre le Christ et où l’on découvre que plus on donne de la joie, plus on est joyeux et en paix. 

Faire un don à l’Accueil Hôtel-Dieu ?

Accueil Hôtel-Dieu
accueilhoteldieu@gmail.com
IBAN: CH06 8057 2000 0105 8615 4
(Accueil Hôtel-Dieu, Gare 14, 1950 Sion, Banque Raiffeisen Sion-Région) 

Charité… mode d’emploi

Par Pierre Moser
Photo: DR
Comment faire pour supprimer la misère ? Comment procéder pour que les pauvres ne soient plus pauvres ? Autant de questions pour lesquelles ce numéro essaie d’apporter des pistes de réflexion. A notre niveau local, quelles sont les actions que nous pourrions entreprendre pour apporter, si ce ne sont des solutions, du moins des ébauches. Car, oui, la misère ne sévit pas qu’à l’autre bout de la terre, elle détruit aussi des vies à nos portes. « Il y aura toujours des pauvres avec vous » (Mt 26 : 11), pour cette raison qu’il y aura toujours des hommes avides et durs qui recherchent moins la possession que la puissance 1 ? Cette affirmation de Bernanos me paraît pour le moins excessive. Le modèle libéral a certes atteint ses limites lors des dernières crises financières : il s’est montré incapable d’autorégulation. De même la charité dite ordonnée, à savoir les différents organismes d’état en charge d’un mieux vivre ensemble sont insuffisants voire débordés. En parallèle, certaines notions comme le respect du grand envers le petit n’existe pas ou plus. L’individualisme forcené de nos sociétés permet à des injustices sociales de plus en plus criardes de se faire jour : écarts salariaux, de richesse, de pouvoir, etc.

L’exemple à suivre est peut-être à observer dans des pays de peu ou pas d’état comme le Liban et la Grèce entre autres. Le pays du Cèdre, avec des recettes publiques annuelles d’environ 16 milliards de dollars (en comparaison, Genève seule encaisse chaque année plus de 9 milliards de dollars), ce pays géographiquement petit accueille à lui seul plus d’un million de réfugiés syriens. Seule l’Allemagne peut se vanter d’en avoir fait presque autant parmi nos pays d’Occident étatisés. Pour information, Genève a accordé l’asile a environ 3000 demandeurs en 2017 2.

Ces quelques chiffres pour démontrer que la charité organisée est beaucoup moins efficace que la charité spontanée. Et c’est nous, c’est vous, au quotidien. Par l’adoption d’une d’attitude et non d’organisations ou de moyens. Aux échelons universels comme locaux. En effet, ce n’est pas par le manque de respect mentionné plus haut que nous allons y parvenir, mais par des initiatives telle que le Goût de l’Autre, qui consiste à organiser des repas gratuits dans nos paroisses (actuellement Chêne-Thônex, Champel et Eaux-Vives) à des gens démunis bien de chez nous.

Notre Eglise se doit de pallier les manques de nos états, car elle n’a qu’une seule limite, celle de votre générosité face à l’adversité. Pas de frais de fonctionnement indécents, pas de contraintes budgétaires, en tout cas dans la générosité, pas de position politique à défendre. Que dis-je notre Eglise… nos Eglises, car dans ce domaine l’œcuménisme est pleinement efficace.

1 Georges Bernanos – Journal d’un curé de campagne (1936).
2 Source : Secrétariat d’Etat aux Migrations 2017.

Exit or not Brexit, telle est la question…

Par Pascal Tornay
Photo: wft.ie, 1.bp.blogspot.comLe 29 mars, le Royaume-Uni sortira de l’Union européenne. Un séisme ! A l’heure où ces lignes sont rédigées aucun accord de sortie n’a été trouvé et, dans certains domaines, notamment celui de la libre circulation des personnes et des relations commerciales, l’incertitude croît… Exit la Grande-Bretagne ! Une première dans la courte histoire de l’UE. Au-delà des symptômes, qu’y voir plus profond dans cette rupture ?

Ce n’est pas un secret, les « pères de l’Europe », au sortir des deux conflits mondiaux dévastateurs, ont tenté de bâtir une nouvelle communauté (CECA, CEE) sur des soubassements teintés par les valeurs chrétiennes. Il en reste de nombreuses traces dans le droit européen, notamment celle de la solidarité entre les Etats. Certains voient aussi un indice chrétien sur le drapeau de l’UE avec ses 12 étoiles qui prétend symboliser justement la solidarité et l’union entre les peuples d’Europe. Ces étoiles rappellent – à qui veut bien – la « médaille miraculeuse » de la Vierge Marie, qui la représente avec une couronne de 12 étoiles qu’évoque l’Apocalypse de saint Jean.

La GB rejoint donc la CEE en 1973, devenant le neuvième Etat de la proto-union. A l’aube de la 43e année d’union, voici que les Britanniques votent pour en sortir… De leur côté, les médias parlent volontiers de divorce… Le terme est lâché ! Comment va-t-on comparer l’union conjugale à l’Union européenne ? A l’instar des individus, après la joie des premiers émois, tenir dans la durée à travers vents et marées est un défi de taille pour une union politique. Souvenons-nous des premiers siècles d’histoire de Dame Helvétia… Tenir un dialogue ouvert et franc, favoriser les compromis, jouer habilement dans les négociations, affiner les équilibres, poser des règles claires, tenir compte des différences… On se croirait en couple ! 

Par ailleurs, tant au plan politique qu’au plan individuel, si la volonté de s’unir repose sur le seul fait d’y trouver et d’y défendre un intérêt personnel ou particulier, force est de constater que la base d’unité est trop mince et que tôt ou tard, la situation devant inéluctablement se gâter, l’union sera fragilisée… On veut vivre l’unité, mais pas à tout prix ! On redécouvre que l’unité n’est pas ce dont on avait rêvé ! Qu’elle nous coûte cher, trop cher… On se sent prisonnier, alors on se sépare pour préserver ses intérêts… Chacun fait son calcul ! On le sait pourtant, le mariage comme l’union des peuples n’a aucun avenir s’il se jauge à l’aune de simples pesées d’intérêts. Sans utopie, sans rêve, sans désir qui nous dépassent et qui nous font nous dépasser, nous rétrécissons et devenons mesquins, peureux et agressifs.

En ces temps de crispation et de repli identitaire, nous avons besoin de pionniers fous comme l’étaient les « pères de l’Europe », d’aventuriers en manque, de rêveurs impénitents,… et de croyants lucides, de ce genre de personnages excentrés qui élèvent notre regard au-delà des possibles humains, au-delà des frontières, des « exit » et des « Brexit ». Le Christ a été l’un d’eux pour les juifs puis pour toutes les nations : il crie encore au cœur de celles et ceux qui croient qu’à Dieu rien n’est impossible…

Un rêve sinon rien 
Un rêve qui élève 
Qui enivre, qui délivre 
Un rêve, pour aller plus loin

Donnez-nous un rêve 
Et nous soulèverons le monde 
Le rêve d’un rêve 
Et nous le chanterons à la ronde 

Salvatore Adamo

Les «pauvres du Seigneur» (Sophonie 2, 3)

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR
Si le pape François réaffirme l’option préférentielle de l’Eglise catholique en faveur des pauvres (voir La joie de l’Evangile, n. 186-216), c’est qu’il s’agit d’une notion biblique et théologique avant d’être sociologique. Dans l’Ancien Testament, les « pauvres du Seigneur » constituent une catégorie au sein du peuple, porteuse des promesses de l’Alliance parce que disponible à l’action de Dieu : « Cherchez le Seigneur, vous tous, les humbles du pays, qui accomplissez sa loi. Cherchez la justice, cherchez l’humilité : peut-être serez-vous à l’abri au jour de la colère du Seigneur. » (Sophonie 2, 3)

Les pauvres (anawim en hébreu) représentent les Israélites fidèles à la volonté de Dieu, les justes comme Marie et Joseph, Anne et Siméon. Ils constitueront le petit reste d’Israël, le germe dont le Seigneur fera sa parure de gloire (Isaïe 4, 2-3). Souvent, ils sont victimes des abus de pouvoir des puissants, des responsables politiques et religieux ou des riches et des magnats, dont le Magnificat chante le renversement (Luc 1, 51-52).

Prophètes et pauvreté
Les prophètes ne cessent de réclamer justice pour les faibles, les petits et les indigents auprès des autorités et de Dieu lui-même (Amos 2, 6-7), et le Deutéronome établit une législation humanitaire pour le respect de leurs droits (24, 10s). Avec les derniers prophètes, comme Sophonie, le vocabulaire de la pauvreté prend une coloration également morale et spirituelle. C’est aux pauvres que sera envoyé le Messie (Isaïe 61, 1). Lui-même sera opprimé (les chants du Serviteur souffrant dans le deuxième Isaïe), doux et humble de cœur (Zacharie 9, 3). Jésus se présente comme tel (Matthieu 11, 29) et il nous invite ainsi à la pauvreté de cœur pour entrer dans le bonheur du Royaume, déployé par les Béatitudes (Matthieu 5, 3).

Face au World Economic Forum de Davos et au G8, l’Evangile et la tradition nous invitent au détachement heureux et à l’abandon dans les bras du Père qui seul peut nous combler.

Communauté solidaire

Dominique Tornay, épouse de Jean-Gabriel et maman de trois enfants, tombe gravement malade. Immédiatement, un réseau de solidarités se mobilise pour les aider. Témoignage. 

Propos recueillis par Bertrand Georges
Photo: DR« Le 18 septembre 2018, j’apprenais que j’avais une tumeur cancéreuse dans un sein. Il a fallu l’enlever au plus vite et attendre les résultats des analyses pour connaître la suite des traitements », explique Dominique Tornay, maman de trois enfants.

« Très vite, nous avons pris cons­cience que nous aurions besoin de soutien spirituel et matériel. Nous avons alors pris l’option d’informer notre entourage de la situation. « Vous pouvez, prier pour nous, et si vous avez quelques disponibilités pour nous donner un coup de main, elles seront les bienvenues. » En deux jours, un réseau incroyable s’est organisé pour nous apporter des repas, faire les lessives, prendre les enfants après l’école, les conduire à leurs activités ! Nous étions ébahis et bouleversés par tant de générosité et d’organisation ! Nous avons alors vécu le fait que la communauté paroissiale n’était pas seulement une communauté du dimanche où l’on vient prier sans se préoccuper des autres, mais une vraie communauté où les membres se soutiennent et s’entraident. Quel cadeau ! De même pour les familles du village rencontrées au travers des enfants : elles n’étaient pas de simples connaissances mais des amis sur qui nous pouvions compter. 

Nous avons expérimenté que le Seigneur ne donne pas la souffrance, Il vient l’habiter de Sa présence et utilise ses enfants, croyants ou non, pour nous le montrer. Quelle grâce ! Cette maladie nous a également permis de vivre cette parole de Jésus : « Demandez et vous recevrez. » Dans notre pays, il y a souvent beaucoup de pudeur, de peur de déranger, de se mêler de ce qui ne nous regarde pas. Mais en même temps, les gens ne peuvent pas deviner nos besoins et souvent ne demandent qu’à aider ! Alors, osons demander du soutien ! Nous contribuerons ainsi à faire grandir la charité.

La joie après l’épreuve
Après un mois de grande inconnue sur l’étendue du cancer, nous apprenions la magnifique nouvelle que tout avait pu être enlevé à l’opération et qu’un traitement hormonal devait suffire à enrayer totalement le mal. 

Pour remercier toutes ces personnes, nous avons organisé une fête ! Quelle joie de voir tous ces visages rassemblés ! Notre cœur était dans l’action de grâce. »

Pauvreté et solidarité

« Celui qui dit qu’il aime Dieu qu’il ne voit pas, et qui n’aime pas son frère qu’il voit est un menteur. » (1 Jn 4, 20)

Texte par Pierre Ançay
Photo: Gabrielle Ançay« Prendre la voie de la solidarité, c’est de construire des ponts et non des murs ! » (Pape François : Angelus du 09.11.2014)

Pauvreté et solidarité : deux « mots » étroitement liés ? Pas si sûr !

De tout temps et, pratiquement, dans chaque société, « les sages » ont invité les populations dans lesquelles ils vivaient à partager, à mettre leurs biens en commun et à se préoccuper des plus faibles. 

Nous, chrétiens, avons très souvent entendu dire de manière tout à fait explicite que pour rendre notre monde meilleur, plus humain, plus fraternel, plus solidaire, le « champ » de la solidarité devrait être au moins aussi étendu que celui de la pauvreté ! 

Il existe autant de formes de pauvreté (physique, matérielle, affective, morale, etc.) que de formes de solidarité (dans les domaines de la santé, de l’économie, de la politique, de la vie sociale, spirituelle, etc.). 

Lorsque la question de la solidarité est abordée, très souvent est évoquée la trop « simplissime » et « déresponsabilisante » maxime « on ne peut pas porter toute la misère du monde sur ses épaules » !

Lors d’une conférence dont le thème portait sur « la charité », le cardinal André Vingt-Trois déclarait : « Pour nous, chrétiens, notre manière de vivre notre foi dans une société plurielle, c’est d’abord de manifester par notre action, par notre engagement, par notre motivation particulière, que la foi qui nous anime définit une manière d’être et une relation avec nos frères. »

Dans le même sens, le pape François disait que « … les personnes dont la situation nécessite l’aide n’ont pas seulement besoin de ”prières” mais aussi de ”bras” ». Il invitait ainsi chacune et chacun d’entre nous à faire, en conscience pour le prochain, non seulement ce que nous pouvions mais surtout ce que nous devions ! 

Dans sa première épître aux Corinthiens, l’apôtre Paul ne disait pas autre chose : « Maintenant donc demeurent foi, espérance, charité, ces trois choses, mais la plus grande d’entre elles, c’est la charité. » (1 Co 13)

Un carton pour un coup d’pouce

Par Françoise Michellod
Photo: DRJe rencontre Sonia Moulin, présidente bénévole des Cartons du Cœur, dans la halle de stockage que la commune de Martigny met à disposition au centre-ville. Cette association d’entraide ne pourrait se passer de la force de travail de tous ses bénévoles.

L’objectif des Cartons du Cœur est d’apporter un soutien lors d’une crise passagère. « Ce carton de nourriture contenant pour un mois de vie veut être un tremplin pour sauter l’obstacle financier. Ce sont des coups de pouce ponctuels, me dit la présidente. Ensuite les nécessiteux sont souvent orientés vers d’autres associations appropriées. »

J’apprends que près de 600 personnes par an bénéficient d’un carton : qui sont-elles ?
Il s’agit ordinairement d’hommes et de femmes de chez nous :
• d’indigents frappés d’imprévus dans leur budget,
• de jeunes, endettés,
• de personnes envoyées par un service d’entraide,
• de retraités déstabilisés par de lourds versements,
• de nécessiteux signalés par un voisin…
… car il faut beaucoup d’humilité pour s’annoncer à la permanence des Cartons du Cœur. Ce n’est qu’ensuite qu’une rencontre sera fixée.

Je suis émerveillée…
> D’abord par le dévouement des 30 bé­­névoles, chevilles ouvrières de l’organisme. Ici on agit dans l’exactitude et la rapidité, dans l’écoute et la tendresse, dans le respect et la discrétion. Chaque bénévole travaille un après-midi par mois et s’investit lors des collectes.

> Ensuite par l’organisation de la distribution des cartons. Celle-ci est personnalisée, elle favorise l’anonymat de chaque bénéficiaire, ceci grâce au système des rendez-vous.

> Finalement par le contenu important du carton : pour un mois de nourriture de base, de produits d’hygiène et de produits frais !
Il s’agit donc de financer toute cette marchandise. Dans ce but chaque année deux collectes de denrées non périssables sont organisées par l’association, dans les magasins de Martigny et du district. 

De plus, les dons permettent d’acheter toutes les semaines des produits frais. Les Cartons du Cœur dépendent donc des donateurs : ce sont des particuliers, des classes d’enfants, des maraîchers, des groupes tels que les « Enfoirés » de Bovernier, la Fondation Annette et Léonard Gianadda, des étudiants de l’ECG… Et d’autres encore qui seraient bien accueillis !

Pour conclure, quels sont vos souhaits ?
Que les gens sachent que nous sommes là ! Qu’ils réalisent que nous donnons de la nourriture et non pas de l’argent. Que nous accueillons toujours avec joie de nouveaux bénévoles. Et puis, sourit-elle, bien qu’engagée depuis de longues années, je poursuis ! J’aime les Cartons du Cœur et j’aime tous ceux qui en sont partie prenante.

Cartons du Cœur:
Carton comme cadeau
et Cœur comme bonheur

Renseignements : 079 310 55 52
ou lescartonsducoeur@gmail.com

Pour vos dons : PostFinance n° 17-652089-8 

http://cartonsducoeur-martigny.ch

Retour des JMJ

Parmi les milliers de jeunes qui ont vécu au mois de janvier dernier les JMJ à Panama, il y avait près de 160 Suisses, dont 90 germanophones, 20 italophones et 50 francophones. Une quinzaine de jeunes fribourgeois ont participé à l’aventure. Certains jeunes sont partis le 15 janvier, d’autres les ont rejoints le 20 janvier, mais tous sont rentrés le 28 janvier après avoir vécu une expérience humaine et spirituelle intense. Témoignage d’une participante fribourgeoise.

Par Pauline G.
Photos : Gregory Roth, Pierre Boutinard, Paul Salles
Après deux jours de voyage, nous voilà accueillis comme des rois dans une des paroisses de Changuinola, au nord du Panama. Malgré la fatigue, nous avons été entraînés dans leurs chants et dans leurs danses. La semaine dans ce diocèse a été ponctuée de visites dans la région, de rencontres au sein des familles qui nous ont choyés et de temps de prière joyeux. Les habitants de Changuinola avaient à cœur de nous montrer leurs traditions. C’est ainsi qu’un après-midi, deux autres pèlerins et moi avons été habillés en costume panaméen. Les vêtements, les coiffes et le maquillage étaient superbes, nous étions méconnaissables. Leur aptitude à accueillir et leur disponibilité nous ont fortement marqués. Par exemple, nous voulions aller à la plage alors que ce n’était pas prévu. Pas de problème : en une nuit convoi spécial, bus et bateaux étaient prêts à emmener tout le monde sur le sable fin de Bocas del Toro.

Cette semaine dans le diocèse a été comme une micro-JMJ. Il y avait plusieurs groupes de pèlerins venus du Mexique, de Roumanie, de Corée et de bien d’autres pays. Nous avons pu profiter de cette ambiance internationale, mais à taille humaine. Elle nous a aussi permis de resserrer les liens au sein du groupe suisse. Nous avons eu l’occasion d’échanger sur ce que nous découvrions et nous interpellait : la pauvreté du lieu, les différences culturelles. Les eucharisties quotidiennes ont été pour nous source de discussions. Si ces gens ont une grande foi, ils n’envisagent pas la messe comme un temps de recueillement. Ils ont pour habitude de la célébrer avec des chants très dynamiques, une sono musclée et la danse des pieds comme Action de grâce. Décoiffant ! Surtout comparé à nos célébrations européennes bien rangées et paisibles. La présence parmi nous de Mgr Alain de Raemy, notre évêque des jeunes, a été une chance. Nous avons pu avoir avec lui des moments privilégiés : messes, discussions et danses mémorables.

Panama City

Après 12 heures de car, nous sommes arrivés à Panama City pour les 34e Journées mondiales de la jeunesse. Le contraste est saisissant : énormément de monde, des tours immenses, une chaleur étouffante. Nous dormons cette fois entassés dans une école avec 150 jeunes de toute la Suisse et non plus répartis dans des familles. 

Le matin nous avons des catéchèses, des enseignements sur le service, la Vierge Marie et la confession. Des évêques de France, du Rwanda et du Québec étaient à notre service. L’animation de ces moments était portée par la communauté des Béatitudes. Les après-midi étaient consacrés à des visites culturelles, à des balades dans la ville et surtout à prendre d’innombrables photos avec les pèlerins du monde entier qui sont visiblement fans de notre drapeau carré rouge à croix blanche. Le soir, des concerts animaient la ville. Pour être à notre logement avant le couvre-feu, nous rentrions à pleine vitesse en taxi. L’Amérique latine a le sens de la fête ! Nous aurions pu danser toute la nuit. Là où le pape avait parlé une heure plus tôt se trouvait une ambiance disco avec des religieuses au micro.

Les principaux évènements de la semaine sont les rencontres avec le Pape. Il commence toujours par parcourir les allées pour saluer les pèlerins. Son regard est bienveillant et plein de joie, sa main tantôt salue, tantôt bénit la foule qui se presse autour des barrières. Les organisateurs se sont appliqués pour que chaque cérémonie soit magnifique. Les danseurs, les chanteurs, les musiciens et les jeux de lumière ont rendu ces moments spectaculaires. Soudain, au milieu de l’euphorie, la foule se fige, chacun tend l’oreille, car le Saint-Père prend la parole. Il nous exhorte à vivre le présent à fond, à prendre soin de la terre et des plus pauvres et surtout à prendre en exemple la Vierge Marie.

Ces deux semaines ont été source de beaucoup de grâces. De nouvelles amitiés se sont formées, des plus anciennes en ressortent affermies. Je rentre avec un nouvel élan pour vivre mieux chaque élément de ma vie, particulièrement dans ma relation à Dieu, mais aussi dans ma famille, à l’université et dans tous les lieux où je passe.

Conférence/Information/Echange: «Les abus dans l’Eglise…»

Le 20 août 2018, le pape François s’exprimait ainsi : « L’ampleur et la gravité des faits exigent que nous réagissions de manière globale et communautaire. » C’est ainsi qu’il s’est adressé à chacune et chacun de nous directement dans une lettre.1

Il nous entraîne ainsi dans une nouvelle approche de cette crise fondamentale que traverse l’Eglise : identification claire des causes et surtout exigence d’une conversion profonde en revisitant les fondamentaux de la foi, de la Bonne Nouvelle et du sens premier de ce qu’est l’Eglise.

C’est pour cela qu’il nous est apparu important de proposer parmi d’autres initiatives, un temps de parole, de réflexion, de clarification et de compréhension pour participer à ce travail de conversion dans un esprit de justice, de vérité, de responsabilité et d’humilité. 

Dans le cadre de l’Unité pastorale La Seymaz, le Centre Saint-Paul-Saint-Dominique vous invite le jeudi 28 mars 2019 à 20h dans la salle paroissiale de l’église Saint-Paul à une conférence/information/échange sur le thème « Les abus dans l’Eglise… » donnée par le frère Michel Fontaine OP, Curé modérateur. Pour tout renseignement complémentaire : secrétariat de la paroisse Saint-Paul, Av. Saint-Paul 6, 1223 Cologny, tél. 022 707 40 40, fax 022 707 40 41.

1 Lettre du pape François au peuple de Dieu, texte intégral disponible sur le site internet du Vatican www.vatican.va

Chaud mois de mars!

Après un mois de janvier marqué par la visite de notre évêque, qui nous a été un fort encouragement, par son écoute attentive de nos réalités, par son attitude faite de profondeur christique et d’humilité évangélique, février a été un mois très…ordinaire. Attention, mars s’annonce chaud, car jalonné par une série d’événements communautaires…

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Essayer la révision de vie

Aux mois de mars et d’avril auront lieu dans notre région des séances d’initiation à la révision de vie. Mais de quoi s’agit-il? 

Par Sylvie Humbert
Photo: DR
photo-1-2La révision de vie est née dans la banlieue de Bruxelles quand un prêtre, l’abbé Joseph Léon Cardjin, qui accompagnait de jeunes ouvriers faisant face à des conditions de travail désastreuses, s’est efforcé de leur donner des outils pour améliorer leur quotidien et en comprendre le sens. L’Evangile ne pouvait rejoindre le cœur des hommes qu’à travers leur existence quotidienne, leurs souffrances et leurs espoirs. La JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne) et sa méthode, la révision de vie, étaient nées. Nous étions en 1925.

Voir, comprendre, agir
De quoi s’agit-il ? Il s’agit de confronter ce que je vis aux valeurs dont l’Evangile est porteur. Cette méthode repose sur la triade voir, comprendre, agir et le lien entre la vie et la foi. Concrètement, trois ou quatre personnes se retrouvent autour d’un animateur : à tour de rôle, chacun raconte un fait qu’il a vécu dans les semaines qui ont précédé la réunion; les autres membres du groupe écoutent, demandent parfois des précisions; l’animateur recentre le « révisant » afin qu’il reste focalisé sur un moment et un événement précis.

Puis vient le comprendre : le « révisant » approfondit avec le groupe le sens de ce qu’il a vécu, les émotions qu’il a ressenties. C’est à cette étape que l’intelligence collective nourrie par l’empathie permet, le « révisant » étant au centre de l’attention et vraiment écouté, de saisir ce qui s’est vraiment joué aux plans émotionnel, social, éthique et spirituel.

Ensuite on passe à l’agir: le groupe propose des pistes pour sortir des difficultés rencontrées ou du moins les affronter avec une meilleure compréhension de ce qui est en jeu. Tout au long de cette démarche, la Parole de Dieu est la référence, la lumière proposée, le chemin qui donne courage pour affronter les incertitudes de la vie (pour une meilleure compréhension du processus, voir l’article de Jean-Claude Huot paru dans la revue dominicaine Sources le 29 novembre 2017).

Séances ouvertes
Quelques personnes formées à la révision de vie durant l’hiver 2017-2018 peuvent désormais offrir cette approche dans le canton de Vaud à l’instigation de la pastorale œcuménique dans le monde du travail.

Trois séances gratuites avec un pique-nique canadien sont ouvertes à tous les lundis soir 11 mars, 25 mars et 8 avril dans un lieu qui reste à définir afin de tester la pertinence de cette méthode.

Accompagner et témoigner

Par Virginie et Olivier Hours
Photo: DRLorsque nous sommes arrivés à Genève il y a presque quatre ans, nous sommes allés nous présenter au curé modérateur d’alors de l’UP Saint Joseph/Sainte Thérèse. C’est lui qui – bien inspiré – nous suggère de nous engager dans la préparation au mariage. Cela résonne instantanément chez nous, et nous voilà embarqués dans cinq journées de formation très riches à Lausanne. 

Concrètement, chaque rencontre se déroule sur deux journées et réunit entre 5 et 7 couples. Nous commençons par la lecture du texte sur la maison qui est construite sur le roc car la majorité d’entre eux habitent ensemble depuis déjà de nombreuses années. C’est donc l’occasion pour eux de faire le point. Nous tâchons de varier le rythme : enseignements, partages à deux, discussions tous ensemble, vidéos, témoignages. Dans l’ensemble, les couples nous semblent avides de partager et d’entendre sur les différents aspects de la vie quotidienne et ce qui fait grandir notre couple depuis plus de 20 ans. Ils sont souvent étonnés par le contenu du week-end et les sujets parfois pratiques qui sont abordés (l’argent, les relations avec les parents, etc.), comme les questions fondamentales : comment transmettre la foi aux enfants ou encore saisir ce qu’elle apporte dans la vie de la famille. 

Nous ne voulons donner ni conseils, ni exemples, juste de la bienveillance pour écouter les chemins de vie de chaque couple, les faire réfléchir sur leur projet de vie (et les quatre piliers de leur couple) et se réjouir de leur engagement. Une vie à deux aujourd’hui signifie plus de 50 années de vie commune selon les statistiques !

Ce qui nous frappe le plus également, c’est la diversité des couples : multiculturels, de religions différentes, etc. Et paradoxalement, c’est à chaque fois l’occasion de prendre du temps pour nous.… Tout le monde y gagne !

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