Vitrail de la vie de saint Joseph, Adrien Mastrangelo, église Saint-Hyppolite, Grand-Saconnex (Genève)
Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer
Si saint Joseph prend une place importante dans le temps de Noël, habitant toutes nos crèches et marquant de sa présence le récit de la nativité, il est aussi celui dont on ne sait pas grand-chose. Tout au plus, savons-nous qu’il est de la descendance du Roi David, que c’est un homme bon et qu’il est charpentier.
Adrien Mastrangelo propose quatre scènes de sa vie : le mariage de Marie et Joseph, le rêve de Joseph, la nativité et la fuite en Egypte.
L’Evangile nous dit que Marie avait été accordée en mariage à Joseph (Matthieu 1, 18). La coutume voulait qu’après la promesse, les jeunes femmes vivent encore un an chez leurs parents avant de rejoindre leur époux. En bas à gauche du vitrail, l’artiste a choisi de mettre cette promesse en image. Marie est représentée la main droite levée, en signe d’acceptation. C’est elle qui semble prendre la main de Joseph.
« Or, avant qu’ils aient habité ensemble, elle se trouva enceinte par l’action de l’Esprit Saint » (1, 18) poursuit l’évangéliste. Joseph choisit de répudier Marie en secret. Décision étonnante puisque seule une répudiation publique pourrait le libérer des liens du mariage. Sur le vitrail, Joseph semble bien accablé (partie en bas à droite). L’ange s’approche, lui touchant délicatement le genou de la main gauche et indiquant le ciel de la droite : « Ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint. » (1, 20)
En haut à gauche se trouve la nativité. Les représentations plus anciennes – notamment médiévales – ont tendance à mettre Joseph à l’écart, dans une position de protection. Ici, l’époux de Marie est un « père comme les autres », penché sur le berceau de l’enfant qui vient de naître. Point de bergers ni de mages, la scène est familiale et intime.
La dernière scène est celle de la fuite en Egypte. Joseph ne parle pas dans l’Evangile, mais il a des songes et à chaque fois, il écoute et agit en conséquence. Bâton en main, Joseph guide la famille vers la sécurité. On ressent une forme de détermination dans la façon dont l’artiste l’a représenté.
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Le nombre 40
Par Pierre Guillemin | Photo : DR
Dans l’Ancien et le Nouveau Testament, le nombre 40 est souvent associé à des périodes de test, de préparation ou de transformation. Par exemple, il a plu pendant 40 jours et 40 nuits lors du Déluge et Jésus a jeûné pendant 40 jours dans le désert.
Mais pourquoi 40 ? Y a-t-il une signification à ce nombre ?
On serait tenté d’interpréter ce nombre 40 en utilisant les codes de la numérologie telle que pratiquée actuellement. Mais ce serait une erreur : le zéro, au moment où, selon les archéologues et historiens, commence l’écriture de la Bible (l’Ancien Testament) sous le règne du roi Josias (640-609 avant Jésus-Christ), ne fait pas partie des connaissances mathématiques de l’époque (il sera introduit au VIIIe siècle par les mathématiciens indiens et sera utilisé en Europe à partir du XIVe siècle – voir L’Essentiel janvier 2023).
Cependant, en hébreu, les lettres ont une valeur numérique et peuvent être utilisées pour compter. Elles ont aussi une symbolique particulière que les exégèses de la kabbale savent interpréter.
Le nombre 40 correspond à la lettre Mem. Le symbolisme de Mem est l’Eau ou la Mère.
Mem évoque le changement, les cycles de la mort (la symbolique des mouvements de l’eau, par exemple, comme le perpétuel mouvement de sac et de ressac de l’eau sur une plage) et de la renaissance (d’où la symbolique de la mère).
Active ou passive
L’eau est une matière instable, changeante, ressemblant en cela à l’âme humaine. L’eau peut être active ou passive, destructrice ou au contraire porteuse de vie. Solide (emprisonnée par la matière), liquide (libre) ou gazeuse (spiritualisée), elle peut donc aussi bien être attirée vers le bas, c’est-à-dire vers la matière (l’ego, les instincts naturels, l’inconscient), que vers le haut (l’esprit supérieur).
L’eau peut aussi évoquer la source, la femme qui donne vie, pourvoit, nourrit, aime ses enfants. Le nombre 40 ou son équivalent, la lettre Mem, c’est donc la Nature ou le « Tout » qui est régi par la loi d’Amour, puisque tout dans l’Univers est lié et solidaire.
Le nombre 40 constitue cet appel à retourner à la source, aux eaux matricielles qui diffusent partout la vie et le progrès par-delà la mort, afin de nous redécouvrir comme les enfants de l’Univers créé par Dieu.
Paroisse de Vionnaz – comptes 2022
La médaille de saint Benoît
« La piété populaire est un trésor pour l’Eglise », affirme le pape François. L’Essentiel décrypte cette année ce qui se cache derrière les principales médailles que nous portons. Regard sur la médaille de saint Benoît, qui remonte au Moyen-Age et est utilisée pour se protéger des embuches des démons.
Par Pascal Ortelli | Photos : DR
Prière à l’Enfant-Jésus
Etre à contre-courant… signe du temps ?
Par Fabienne Gigon, représentante de l’évêque à Genève | Photo : DR
Chère Lectrice, cher Lecteur,
Il n’y a que les poissons morts qui vont dans le sens du courant.
Ce proverbe chinois, tel que je l’ai retenu, était à choix comme thème de dissertations lors de mon collège. Il fait corps avec moi depuis. Nul souvenir des arguments de mes thèse et antithèse de l’époque… pourtant l’interpellation demeure. Comment être « un vivant » dans notre monde ?
Je pense à ce passage énigmatique de l’évangile de Luc où Jésus « passant au milieu d’eux, allait son chemin » (Lc 4, 30). Il va littéralement à contre-courant de cette foule voulant le jeter en bas d’un escarpement. Quand et comment le Seigneur nous invite-t-il à l’imiter ?
Toujours dans l’association d’idées émerge cette injonction de la constitution pastorale Gaudium et Spes (« Joie et espoir », 1965, art. 4) « l’Eglise a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Evangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre, d’une manière adaptée, à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques. » Le discernement des signes des temps est demandé par Jésus lui-même (Mt 16, 2-3 ; Lc 12, 54-57) et les évangiles nous montrent le caractère subversif de la Bonne nouvelle, de la Parole de Dieu.
En écho encore, cette formule de la célébration eucharistique juste avant la communion, prononcée par l’assemblée et le prêtre : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole, et je serai guéri ». Elles reprennent les paroles du soldat de l’évangile de Matthieu (Mt 8, 5-11) : l’humilité et la confiance de ce centurion romain ne sont-elles pas un exemple de contre-courant total ? Comment cette parole offerte par la liturgie, dimanche après dimanche, jour après jour, peut-elle nous fortifier à oser un contre-courant en examinant les signes du temps ?
En ce début d’année, je demande au Seigneur, pour son Eglise, le discernement, afin de participer à la lecture du temps présent et aller par les voies qu’Il souhaite, sans crainte de ne pas se conformer à « l’air du temps ». Je sollicite la grâce de sa Parole pour guérir tout ce qui empêche d’en être des témoins vivants et d’annoncer sa présence, son royaume déjà de ce monde.
Puisse-t-Il, en cette année qui s’ouvre devant nous, nous bénir et nous faire don de ses grâces afin de poser nos pas dans ceux du Christ qui nous précède.
Meilleurs vœux pour vos proches et vous !
«Mon aîné voulait devenir pape»
A travers cette nouvelle rubrique, partons à la rencontre des femmes et des hommes laïques engagés dans les diverses paroisses de Suisse romande. Fabienne Bingler, secrétaire/comptable de la paroisse francophone du Sacré-Cœur de Bâle, ouvre le chemin.
Par Nicolas Maury | Photo : DR
Quand on lui demande quelle est sa fonction, Fabienne Bingler répond du tac au tac : « Je ne fais pas seulement le secrétariat et la compta, mais m’occupe de plein de choses : l’ouverture de l’église, le rangement de la sacristie. Même la Putzfrau ! » Pour preuve, à l’heure de l’interview, elle bataille avec un chauffage récalcitrant…
L’emploi de la langue de Goethe ne doit rien au hasard. Son employeur est la Paroisse française du Sacré-Cœur de Bâle, qui compte près de 400 fidèles et trouve son origine dans l’exode de population de 1871 : « Souvent, des jeunes venus à Bâle pour échapper à l’enrôlement dans l’armée prussienne. Il y avait aussi des cheminots alsaciens, ainsi que des Jurassiens et des Valaisans voulant un enseignement religieux dans leur langue. »
Parfaitement bilingue, Fabienne se rappelle très bien la manière dont elle a été embauchée. « C’était deux ans après la naissance de mon premier garçon. Je cherchais un job et j’ai postulé. Etre catholique était un prérequis. Mais ce qui a fait la différence c’est ma souplesse professionnelle. »
Avouant volontiers être croyante, son métier est, pour elle, un reflet de sa foi en Dieu. « J’ai essayé de la transmettre à mes enfants. Ma mère et moi leur apprenions à prier. Comme je travaillais pour la paroisse, nous allions peut-être un peu plus souvent à la messe que les autres. A l’époque, mon aîné voulait devenir pape. A l’école, quand il dessinait, il mettait des croix partout. Quand la maitresse lui a demandé pourquoi, il a expliqué que c’est parce que je travaillais dans une église. »
La Française d’origine ne dément pas avoir un caractère bien trempé. « Il faut parfois avoir de la patience avec les paroissiens qui pensent que, vu que nous travaillons pour l’Eglise, nous devons être là en permanence. Mon mari n’est pas ravi quand, le dimanche matin, nous sommes dérangés par un téléphone impromptu. Mais j’essaye d’être de bonne humeur et de montrer mes bons côtés. Même mon curé en est souvent étonné (rire) ! »
Fabienne Bingler, 55 ans, secrétaire et aide-comptable depuis mars 2006 à la paroisse française du Sacré-Cœur de Bâle. Maman de deux garçons de 19 et 13 ans.
Retrouvez l’ensemble des textes et des vidéos de la rubrique sur le site : https://presse.saint-augustin.ch/ecclesioscope/
Commencement de l’Evangile
Par François-Xavier Amherdt | Photo : DR
Le deuxième évangile, le plus ancien des quatre, débute sa narration par le terme de « Bonne Nouvelle » (eu-angelion, en grec). Il ne fait pas précéder cette exclamation initiale ni par les récits de l’enfance, comme c’est le cas chez Matthieu et Luc, ni par un prologue, comme chez Jean. Il nous met immédiatement en présence de la prédication de Jean le Baptiste (1, 2-8) et rapporte en quelques brefs versets le baptême de Jésus (1, 9-11) et ses tentations au désert (1, 12-13).
C’est comme si Marc était pressé d’en venir à l’essentiel de son message : il ponctue d’ailleurs son propos de l’adverbe « aussitôt » (1, 10.12.23.29). De cette façon, il nous plonge de suite dans l’annonce de l’accomplissement des temps et de la proximité du Royaume (1, 14-15). Après que Jean a été livré, le Christ se met à proclamer en Galilée le cœur de la Révélation de son Père : « Le Règne de Dieu est tout proche, repentez-vous et convertissez-vous, croyez à cette Bonne Nouvelle, car elle accomplit l’histoire. »
Il n’y a pas de temps à perdre pour se tourner vers celui qui incarne le salut. Tout le texte marcien est polarisé vers la révélation du visage du Christ. Pierre le reconnaît comme le Christ Messie, à Césarée de Philippe, en cours de route dans le chapitre central (8, 27-30), avant que soient par trois fois annoncées sa Passion et sa Résurrection.
Hélas, les foules ont tendance à se méprendre sur lui, à voir en lui avant tout un libérateur politique ou un faiseur de miracles. Ainsi, dès la profession de Pierre, il exhorte les apôtres au « secret messianique », particulièrement mentionné chez Marc (8, 29). Ce n’est que vers la fin, au pied de la croix, qu’un étranger, un pécheur, un centurion romain, s’exclame : « Vraiment cet homme était le Fils de Dieu. » (15, 30) Cette question de l’identité de Jésus occupe donc l’ensemble du document marcien et lui confère son côté dramatique et sa particulière densité. Au point même que dans la première des deux finales, en 16, 8, les femmes s’enfuient du tombeau vide sans rien dire à personne. Car elles avaient peur… Le dévoilement de la figure du Fils de Dieu ne cesse de se poursuivre.
Pars Pas !
Le temps de l’Avent: un appel à la vigilance
L’importance des chants d’assemblée et de la musique populaire dans la liturgie
Texte et photo par Steve Dunn *
La fameuse citation attribuée à saint Augustin : « Chanter, c’est prier deux fois » ou, plus exactement : « Qui bien chante, deux fois prie » (« Qui bene cantat bis orat », en latin), nous encourage à utiliser des chants pendant nos célébrations religieuses. Les chants ne remplacent pas les prières et il ne suffit pas de chanter n’importe comment mais il faut « bien chanter » pour « prier deux fois ». Quand nous chantons nous utilisons les deux hémisphères de notre cerveau alors que pour lire ou réciter un texte nous utilisons surtout l’hémisphère gauche. La musique que nous aimons et que nous connaissons bien stimule également notre corps et nous procure des émotions. Donc, si nous prions en chantant bien nous engageons nos esprits, nos corps et nos âmes. Je pense que c’est pour cette raison que l’on peut considérer qu’ainsi nous « prions deux fois ».
Les chœurs de paroisse avec des chanteurs expérimentés peuvent atteindre cet état grâce à des répétitions régulières et nos paroissiens à Sainte-Thérèse me disent souvent que les chants du Chœur mixte les aident à prier. Mais comment arriver au même résultat avec une assemblée dont certains membres disent ouvertement qu’ils ne savent pas chanter ? En vérité, la recherche montre que les gens qui n’ont pas d’oreille au point de ne pas pouvoir reconnaître et reproduire une mélodie forment moins de 4% de la population humaine. En revanche, beaucoup de gens ont plus ou moins de difficulté à contrôler leurs voix quand il s’agit de bien chanter. Mon expérience avec la Maîtrise de Sainte-Thérèse m’a montré que les enfants à qui les parents ont chanté ont plus de facilité à reproduire des mélodies. Cependant, les enfants qui avaient de la peine au début ont tous appris à chanter juste avec la pratique. D’ailleurs, les adultes peuvent apprendre aussi et il n’est jamais trop tard pour se mettre à chanter ! Le chant s’apprend et les chanteuses et chanteurs classiques étudient pendant de longues années comme les autres instrumentistes. Car, oui, la voix est un instrument, mais avec la spécificité d’être située à l’intérieur de la personne qui le pratique. Elle est aussi le seul instrument capable de « jouer » des paroles, permettant ainsi cet engagement total de la personne qui prie en chantant.
Pour que les assemblées dans nos églises puissent bien chanter, il faut des chants simples (mais pas trop, s’il vous plaît !) et bien connus. Ceux que nous chantons depuis notre plus jeune âge ont un pouvoir émotionnel sur nous qui favorise l’implication de l’esprit, du corps et de l’âme. Nous avons toutes et tous des souvenirs de moments magiques de Noël pendant notre enfance. Les chants populaires de Noël y sont toujours associés et quand nous les rechantons chaque année, tous ces souvenirs nous reviennent. Quand une église pleine chante pianissimo Douce nuit il y a une communion extraordinaire et nous nous sentons attirés ensemble vers le Seigneur dans un moment de prière intense.
Alors, s’il vous plaît, parents, chantez à vos enfants et encouragez-les à chanter. Adultes, osez chanter à la messe. Enfants et adultes engagez-vous dans un chœur. Prenez des cours de chants. Plus vous chanterez, mieux vous chanterez et ainsi vous pourrez « bien chanter » et « deux fois prier » !
* Directeur du Chœur mixte et de la Maîtrise de Sainte-Thérèse
La joie de l’Evangile
Par Thierry Schelling | Photo : DR
Le premier texte que publie le pape François en 2013 s’intitule « La joie de l’Evangile ». A lire et relire, car on y trouve toujours de quoi, même 10 ans après, alimenter sa pastorale, sa prière et sa réflexion chrétiennes.
Il a remis au centre de l’agir chrétien ce qu’il décrit comme « notre programme de vie », sans cosmétique.
Ecouter avant de prêcher
D’ailleurs, il a rappelé combien de fois la Parole de Dieu doit d’abord s’écouter dans le silence, « c’est une question de vie » ! Et c’est ainsi qu’à partir de son écoute attentive, voire de sa réécoute régulière, « elle doit faire son chemin en nous » et rejoindre enfin les mains pour mettre en forme ce qui a été médité. De fait, la Parole de Dieu « forme et transforme », conclut-il.
Dimanche de la Parole
D’où l’idée d’instaurer, en 2019, le Dimanche de la Parole célébrée le 3e dimanche du Temps ordinaire, soit le dimanche qui tombe dans la Semaine de Prière pour l’Unité des chrétiens. Même si chaque dimanche est celui aussi de la Parole, un dimanche spécifiquement dédié à l’Ecriture proclamée est bienvenu, alors que bien des fidèles sont plus enclins à écouter (et critiquer !) l’homélie et à recevoir coûte que coûte l’eucharistie, faisant presque l’impasse sur la première (et indispensable) partie de la Messe, la table de la Parole justement.
Accessibilité
Régulièrement, à la fin d’un Angélus dominical, le pape François fait distribuer sur la Place Saint-Pierre un exemplaire des Evangiles, joignant ainsi l’admonestation (Lisez l’Evangile !) au côté pratique d’en recevoir un à glisser dans sa poche. D’ailleurs, lectrice, lecteur, en avez-vous un dans la vôtre ?
Face aux pensées suicidaires, comment agir ?
Hommage au Père Matthias Gajewski
Les évangélistes et les auteurs du Nouveau Testament
Par Christophe Ançay
Photo : Marie-Paule Dénéréaz
Un livre vivant
Contrairement à une grande partie de l’Ancien Testament, le Nouveau Testament mentionne la presque totalité des auteurs des différents livres qui le composent. Nous avons tous entendu les noms de Matthieu, Marc, Luc, Jean, Paul ou encore Pierre et Jacques.
Les exégètes essaient d’identifier et de décrire au mieux ces personnes aux noms si familiers mais pourtant si peu connues. En effet, leurs biographies tiennent sur quelques lignes et encore, avec beaucoup de conditionnel… Et une fois qu’on a pu décrire les caractéristiques de chaque évangéliste, nous nous apercevons que leurs récits sont imprégnés de passages d’autres sources ou sont la transcription de l’enseignement d’un autre, ou encore qu’ils sont plus le fruit d’une communauté que celle d’un auteur au sens moderne du terme.
Un évangile, étymologiquement, est une bonne nouvelle. La bonne nouvelle réalisée par Jésus qui vient sauver l’humanité par son incarnation. Les écrits du Nouveau Testament témoignent de cette bonne nouvelle. Ils sont le fruit de communautés qui ont cru en Jésus. Ils sont aussi Parole de Dieu, inspirée par l’Esprit Saint…
A Noël, nous célébrons l’incarnation de ce Sauveur. Il est né dans la pauvreté, en exil. Les premiers témoins de cette naissance, après ses parents, sont, pour Luc, des bergers et pour Matthieu, des mages venus d’Orient. Même si des traditions populaires ont donné des noms et même le titre de roi à ces mages, nous devons constater que Dieu fait homme se révèle à des inconnus. Loin de l’élite juive ou romaine de l’époque. Plus tard, Jésus sera suivi et écouté par des foules d’inconnus en plus des apôtres dont la liste n’est pas si claire. Ce sont tous ces témoins qui, de génération en génération, ont permis que le message du salut arrive à nos oreilles.
Les auteurs du Nouveau Testament ? Peut-être la maman qui témoigne de l’amour inconditionnel de Dieu dans l’affection qu’elle porte à ses enfants ; le soignant qui lutte comme Jésus avec générosité contre les souffrances de la maladie ; tous ceux qui se soucient des plus pauvres, des exclus, des petits. Si l’évangile est bonne nouvelle, il se déploie dans le temps, réalisant à chaque époque l’unique message que nous a donné Jésus.
C’est chacun de nous qui est appelé à incarner ce message éternel et pourtant toujours nouveau d’un Dieu qui se définit comme Amour.
Changer de culture?
Chaque mois, L’Essentiel propose à un ou une représentant(e) d’un diocèse suisse de s’exprimer sur un sujet
de son choix. Mgr Alain de Raemy, administrateur apostolique du diocèse de Lugano, est l’auteur de cette carte blanche.
Par Mgr Alain de Raemy, administrateur apostolique du diocèse de Lugano et Évêque auxiliaire du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg | Photos : DR
Changer de culture ? C’est la revendication maintes fois entendue suite à la révélation de trop nombreux abus et de leur trop fréquente mauvaise gestion dans l’Eglise.
Nous savons combien la culture évolue à travers les siècles.
En Europe, les questions sexuelles ne sont plus abordées aujourd’hui comme il y a 50 ans. L’autorité des parents n’est plus exercée comme à l’époque de nos grands-parents.
Mais nous savons aussi combien les cultures sont diverses dans l’Eglise. Un jeune catholique vietnamien n’a pas les mêmes rapports avec ses parents qu’un jeune Suisse allemand. Une religieuse camerounaise ne vit pas l’autorité dans sa congrégation de la même façon qu’une religieuse en France.
Nous serons toujours les femmes et les hommes de notre temps, marqués par ce temps.
Certaines caractéristiques culturelles facilitent et stimulent même l’exercice des vertus évangéliques. D’autres rendent leur pratique plus difficile, voire héroïque !
Trop souvent, les chrétiens se sont adaptés, ma foi, aux conditionnements de leur milieu. Les moyens utilisés ou les formes de pensée n’ont pas toujours été passés au crible de l’Evangile.
S’il y a un changement constant à opérer dans l’Eglise, c’est bien celui que demande l’Evangile. Nous n’avons pas à suivre les modes de ce temps, mais l’Evangile de tout temps, à temps et à contre-temps.
Que le Christ qui n’est pas de ce monde nous guide en ce monde. Il est notre seule boussole. Fixons les yeux sur Lui. Et partout où c’est nécessaire, changeons nos cultures avec Lui.