La vocation, ma vocation

Par Anne-marie colandrea | Photo : DR

Qu’est-ce qu’une vocation ? C’est une parole avec une certaine densité dans l’expérience commune de la vie : de la conception personnelle d’une destinée à l’intimité de la vie spirituelle. Il est commun de comprendre la vocation comme une fin en soi : avoir trouvé une position sociale, professionnelle, un engagement. Les expressions « avoir la vocation ou pas » ou exercer un métier par « vocation » font partie du langage. Le terme lui-même de « vocation » se comprend comme un « appel » ou une inclination intérieure.   

Ce qui m’intéresse dans ce mouvement de la vocation, c’est la relation qu’elle implique. L’appel n’est-il pas le signe d’une relation ? Il y a la personne qui appelle et celle qui entend et répond. Le baptême en soi est une vocation, un appel, une promesse qui devient une vie, qui marque ce que je suis. Le Christ appelle – murmure, suggère, invite – il y a une rencontre unique entre Lui et moi qui embrasse tout ce que je suis, telle que je suis en toute liberté. Ce qu’il y a d’unique, c’est que Lui sonde mon cœur et m’offre l’occasion de vivre au centuple, au-delà même de ce que je peux projeter, au-delà même d’une forme de réponse escomptée.

La naissance offerte par nos parents est aussi un appel, un appel à la vie. Le baptême reçu est un appel du Seigneur à devenir son enfant, et frère et sœur en Eglise ; tel un appel à une double filiation. Tout est donné dans un élan d’amour. Personnellement, ma vocation est signée de visages et d’évènements qui m’ont accompagnée et m’accompagnent tout au long de mon chemin. Elle a pris un état de vie spécifique que j’ai reconnu comme étant celui que j’attendais, elle m’a offert une compagnie vocationnelle, une Fraternité, une demeure. La passion pour le Christ m’a conduite à reconnaître sa passion pour moi. Elle me donne d’être moi-même et de m’ouvrir à l’autre, dans le respect de mon tempérament et de ma liberté, de mon rythme, en faisant croître mes talents et mon affection, me rendant consciente de mes limites et vulnérabilités, de mes maladresses et incohérences. Ma vie s’accomplit à vos côtés : ma famille et mes amies et amis, mes collègues, celles et ceux de rencontres circonstancielles et ponctuelles. Alors MERCI à vous toutes et tous !

Faut-il comprendre la baisse des vocations ?

Par l’abbé Willy Kenda | Photo : Marie-Paule Dénéréaz

Il y a plusieurs vocations : il faut d’abord considérer celle de l’Église (Mt 16, 18) – dont l’étymologie même signifie « appelée » –, puis celle de tout baptisé (1 Co 1, 2 ; Ep 4, 1.4), avant d’envisager sous ce vocable un engagement personnel dans un état de vie particulier (1 Co 12, 4-13).

De ce point de vue, prier pour les vocations, c’est d’abord et avant tout faire confiance à celui qui a dit : « Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. » (Luc 12, 32)

C’est le courage de prier l’Esprit Saint qui sait agir efficacement avec la faiblesse des faibles et la petitesse des petits, afin qu’il renouvelle son Église, sa famille des petits et des humbles ; c’est en même temps le courage de ceux qui acceptent de se laisser bousculer par le Seigneur dont l’Esprit souffle où et quand il veut, le courage de ceux qui refusent de s’enfermer dans un modèle unique d’être Église !

La baisse des vocations est donc très compréhensible, à condition de ne pas restreindre ce mot « vocation » aux seules vocations des prêtres et des religieux, longtemps considérées comme les seules véritablement dignes de ce nom.

C’est certainement le mystère de renaissance de l’Église par son divin époux qui a dit : « C’est pourquoi, mon épouse infidèle, je vais la séduire, je vais l’entraîner jusqu’au désert, et je lui parlerai cœur à cœur. Et là, je lui rendrai ses vignobles, et je ferai du Val d’Akor (c’est-à-dire « de la Déroute ») la porte de l’Espérance. Là, elle me répondra comme au temps de sa jeunesse, au jour où elle est sortie du pays d’Égypte. » (Osée 2, 16-17)

La jeunesse de nos UP en chemin…

Texte et photos par Astrid Belperroud

Le printemps sonne à la porte et une foison d’activités apparait ! Un retour aux Trois-Chêne avec une nouvelle équipe de jeunes, une expérience à chaque fois enrichissante, surtout avec une belle équipe de bénévoles toujours accueillante. John Joseph, un de nos jeunes, nous témoigne de la richesse de ces personnes malgré leur maladie, leur faiblesse : « Ils gardent leur foi et une grande espérance de s’en sortir ! » Ce service que je propose aux jeunes, dans le cadre du programme En chemin vers la confirmation est un service d’humilité. Bien sûr, nos jeunes sont en pleine forme et se mettre au service du plus faible est catéchétique, mais au-delà de cela il y a un impact de cœur à cœur, une rencontre de générations, un réel partage enrichissant qui valent bien des leçons de kt. !

Action humanitaire, John Joseph et quelques camarades de classe, Emmanuel, Ben et Sophie ont organisé une vente de pâtisseries délicieuses pour soutenir l’association Zara Sou à Madagascar. Un beau succès, des paroissiens généreux et des jeunes engagés, enthousiasmés !

Journée cantonale des confirmands ! Sacré défi que notre Pastorale Jeunesse et la Pastorale des Chemins nous mettent en place chaque année… avec, parait-il, chaque année du mauvais temps ! Près de 340 jeunes étaient présents et notre groupe des deux UP, Eaux-Vives / Champel et La Seymaz était quasi complet ! Quelques échos glanés de-ci de-là : « Je ne me suis pas ennuyé », « C’était finalement super ! » « On est nombreux… »

Je remercie infiniment nos jeunes, qui répondent présents malgré tout leur programme scolaire et autre… une belle équipe qui ne manque pas de ressort et de bonne humeur et une grande soif de foi !

A bientôt pour de prochaines aventures…

« Tout est accompli »

Par Fabienne Gigon, représentante de l’évêque à Genève | Photo : cath.ch

Chère Lectrice, cher Lecteur,

« Tout est accompli ». Ces paroles sont les dernières de Jésus, en croix, dans l’évangile de Jean (Jn 19, 30). Les prochaines seront celles du Ressuscité, méconnaissable, et s’adresseront à Marie de Magdala : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » (Jn 20, 15).

Le désir de notre cœur serait de sauter hâtivement de l’une à l’autre, de l’effroi et du déchirement de la croix au réconfort de la présence du Christ.

Pourtant, c’est bien la croix, le symbole de notre foi. Celle qui, peut-être, orne une porte de notre foyer. Celle qui scintille à notre cou en un bijou précieux reçu pour une occasion spécifique. Celle que nous signons sur notre corps à l’entrée d’une église, notamment, et lors des célébrations en communauté, d’un seul cœur. Celle des sommets de nos clochers et de nos montagnes. Celle qui déplace notre regard et souvent nous fait lever les yeux.

C’est pour cette raison que, il y a de nombreuses années, lors d’une retraite dans l’abbaye cistercienne de Hauterive et devant de petites aquarelles d’un moine souhaitant rester anonyme, je choisis entre une superbe Annonciation et un Christ en croix cette dernière. J’acquière ainsi mon premier tableau : un carré de 18 cm au cadre doré et vieilli apportant une douce lumière à ce Jésus crucifié. Corps et croix bleus sur fond ocre, stigmates bordeaux, halo tenu entourant le frêle corps et un visage « ouvert » sur le support de papier granuleux que j’interprète, malgré une tête inclinée, comme une représentation d’un Christ glorieux, ressuscité, qui élève mon regard. 

« Tout est accompli ». Vraiment ?

Cette parole, qui m’accompagne de longue date, vient me déranger bien souvent tant ma vie et le monde m’apportent maintes occasions de vérifier que tout n’est guère achevé et que le salut est ô combien nécessaire. Si parfois je l’oublie, prise dans un quotidien effréné, ce tableau réactive mon questionnement. Certes, « tout est accompli » du point de vue de l’Ecriture (Jn 19, 28), pourtant la portée des paroles du Christ, déjà opérantes est encore à venir. Et c’est là le terreau de notre confiance et espérance : par son incarnation, sa mort et sa résurrection, le Seigneur nous rend participatifs du salut de nos vies et du monde. Il nous offre l’Esprit Saint (Jn 20, 22), que nous célébrerons tout particulièrement le 28 mai prochain lors de la fête de la Pentecôte.

« Tout est accompli ». Du Vendredi saint à la Pentecôte, que ce temps pascal nous fortifie dans l’assurance d’un Seigneur présent dans notre quotidien, quelles que soient les situations que nous expérimentons, au cœur de nos vies, nous offrant son Esprit pour être au monde selon son exemple. 

Montées vers Pâques, une parenthèse de communion

« Ils sont finis, les jours de la passion ; suivez maintenant les pas du Ressuscité. » C’est par cette bénédiction solennelle que se sont terminées les Montées vers Pâques. Pour le Triduum pascal, des enfants, des jeunes et des familles se sont rassemblés avec leurs pairs pour méditer, prier et vivre ensemble les derniers jours de la Vie de Jésus, son passage de la mort à la Résurrection. Une expérience spirituelle et communautaire forte dont nous vous proposons quelques souvenirs en images.
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Pâques, fête de la Mort…

La croix n’est plus seulement un instrument de supplice, mais l’arbre de vie qui fleurit encore aujourd’hui.

L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg, à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix.

Par Céline Ruffieux, représentante de l’évêque à Fribourg
Photos : cath.ch, DR

Pâques, fête de la Mort… sans tabou, avec la cruauté, avec la douleur, avec le sang et l’agonie. On ne tait rien de la souffrance de ce Jeune Homme condamné par la vanité de quelques-uns, à un supplice tellement violent que les Romains l’avaient interdit – c’est dire ! Chaque année, à deux reprises au moins, les chrétiens se plongent dans ce récit, mot après mot. Chaque année, on se demande comment on va aborder le sujet avec les enfants. Et alors, quelqu’un propose d’en faire l’impasse – « c’est compliqué quand même, d’en parler aux plus jeunes… Ce n’est pas adapté à leur âge et qu’est-ce que ça apporte vraiment ? Autant se concentrer sur la Résurrection, sur la Vie ! ». Et chaque année, pourtant, ce récit de la Passion prend vie, avec parfois toute une mise en scène, d’une procession avec les Rameaux au dernier souffle conté à plusieurs voix, avec musique de circonstance et vénération de la croix.

Le pape François répète à plusieurs reprises que « la compassion est le langage de Dieu1 ». Osons donc ce vocabulaire tellement riche d’incarnation, tellement plein de ce Dieu qui fit don de son Fils, vrai Homme et vrai Dieu. Compassion, Passion, deux mots qui trouvent leur origine dans le grec pathos : c’était la souffrance physique d’abord, puis le sens a glissé vers la souffrance psychique, celle qui dévore, qui aveugle. Et pourtant, ce « souffrir avec » de la compassion nous permet d’inverser la perspective de la souffrance. « O Crux ave, spes unica, Hoc Passiónis tempore, Auge piis justitiam… » (Salut ô Croix, (notre) unique espérance. En ces temps de Passion, fais grandir l’esprit de justice des gens de bien) nous dit bien que la croix n’est plus seulement un instrument de supplice, mais bien l’arbre de vie qui nous a donné le fruit le plus fécond, d’une fécondité qui fleurit encore aujourd’hui.

1 Par exemple : 17 sept. 2019 – Pape François. Méditation matinale en la chapelle de la maison Sainte-Marthe. La compassion est un acte de justice. Mardi 17 septembre 2019.

De Bramois à Rome

Les pèlerins dans la basilique Saint-Pierre.

Pèlerinage paroissial à Rome de la paroisse de Bramois – Carnet de voyage

Texte et photos par Jean-Paul Micheloud

18.02. Départ de Sion. Tout le monde se retrouve en gare de Sion pour embarquer dans le train en direction de Rome. En tout 33 personnes dont 8 enfants. L’ambiance est bonne et nous faisons connaissance en prenant place dans le train. Tout le monde est présent pour le voyage.

Cheminement sans souci jusqu’à Milan où le train arrive à l’heure. Un petit miracle… Nous faisons une pause en attendant notre correspondance. La deuxième partie de notre périple se passe bien et notre train fait des pointes de vitesse à presque 300 à l’heure.

Nous arrivons à Rome à 14h50 comme prévu. La température est agréable (environs 15 degrés). Un car nous conduit à notre pension, la casa di Accoglienza Tabor. Nous prenons possession de nos chambres et tout de suite nous partons pour la visite de la caserne des gardes du Pape. Florent et Martin nous accueillent et nous font visiter les lieux. Leurs explications sont précises et passionnées. Après des détails sur les couleurs des uniformes et leur évolution, nous pouvons visiter l’armurerie où d’anciens costumes entourent les armures et les fusils parfaitement entretenus. On a même l’occasion de voir les différentes manières de saluer les autorités religieuses et de tenir une hallebarde entre nos mains. Les gardes suisses bénéficient maintenant d’une cantine pour prendre tous leurs repas durant le service. Rejoints par Baptiste, ils vont enfiler leurs costumes et reviennent vers nous pour quelques photos. Après un apéro offert dans leur cantine nous partons souper à la Casa Bonus Pastor. Fatigués mais heureux, nous rentrons nous reposer. La pension est très sécurisée, signe qu’il peut y avoir des brigandages dans la région. Il est interdit de quitter sa chambre après minuit par exemple et tout le monde doit être rentré à cette heure sous peine de devoir passer la nuit dehors.

19.02. Le dimanche commence par un déjeuner et ensuite nous partons célébrer la messe dans la chapelle des gardes du Pape. Nous sommes droit dessous la fenêtre où le Pape célèbre l’Angélus. Certains partent sur la place Saint-Pierre pour voir le Pape en direct. Après un dîner à la même adresse qu’hier soir, la fin de journée est libre pour tout le monde.

20.02. Après une messe à la chapelle de la pension, nous partons pour Castel Gandolfo. Après environ 50 minutes de car, nous arrivons à la résidence secondaire des papes en exercice, le pape François y va rarement mais ses prédécesseurs venaient régulièrement s’y reposer. Nous avons la chance de pouvoir visiter le palais apostolique, les appartements du Pape et les jardins du domaine. Le bâtiment regorge de portraits de différents papes et un appareil auditif nous permet d’en savoir plus sur certains des 266 papes qui ont gouverné l’église. La surface du domaine est de 50 hectares et bien plus grande que la Cité du Vatican à Rome. Dans les jardins aussi nous bénéficions d’une aide auditive en français. Le mois de février n’est pas le meilleur mois pour profiter des beautés de ces jardins, en effet les rosiers sont taillés et il n’y a que certains arbres qui ont conservé leurs feuilles. On mange dans le village et on déguste diverses sortes de pizzas. 

Après le dîner, nous visitons les catacombes (cimetières communaux) de Saint Calixte, Geoffrey notre guide nous raconte plein d’anecdotes concernant ce site… et qu’il connaissait bien le Cardinal Schwery ! C’était le cimetière officiel de l’église de Rome au IIIe siècle. Un demi-million de chrétiens sont enterrés ici dont des dizaines de martyrs et 16 papes. Les premières inscriptions se faisaient en grec qui était la langue officielle de l’Eglise en ce temps-là. 

Le site est situé sur de la roche de type tuf ce qui permet de creuser plus profond lors d’un nouveau décès. Un trou de la taille du mort était creusé dans la paroi, on enduisait le cadavre de chaux, on l’insérait dans la cavité, on scellait une pierre en marbre avec des inscriptions pour étancher la tombe et on plaçait une lampe à huile pour que les proches puissent se recueillir devant.

21.02. On se lève de bonne heure, après un rapide déjeuner on rassemble nos valises et on part pour la messe à la basilique Saint-Pierre à 7h30. Nous avons la matinée pour visiter plus en détail cette superbe bâtisse et faire les achats qui nous intéressent. Après un pique-nique dans les jardins de la pension, nous prenons le car en direction de la gare Rome Termini. Le départ de Rome est prévu à 13h50, après une rapide escale à Milan (16h58-17h20) nous arrivons à Sion à 19h50.

Ici s’achève notre périple paroissial au Vatican…

Jeux, jeunes et humour – avril 2023

Par Marie-Claude Follonier

Question jeune

Qu’est-ce que l’octave de Pâques ?
Comme dans l’Eglise on aime bien faire la fête, un seul jour pour commémorer l’inouï de la Résurrection du Seigneur est bien trop peu. On prolonge ainsi la fête toute la semaine, appelée « octave », après le dimanche de Pâques et on continue de porter les habits liturgiques blancs durant les 50 jours du Temps pascal jusqu’à la Pentecôte.

par Pascal Ortelli

Humour

Deux grands-mères parlaient ensemble de leurs petits-enfants.

L’une dit : 
– Chaque année, j’envoie à chacun de mes petits-enfants une carte avec un généreux chèque dedans. Pourtant, je n’entends plus parler d’eux, pas même un merci ou une visite.

L’autre dit : 
– Je fais la même chose que toi, mais dès la semaine suivante, ils viennent tous me rendre visite et me remercier.
– Vraiment ? dit la première, comment c’est possible, comment fais-tu ?
– Quand je leur envoie le chèque, je ne le signe pas !

par Calixte Dubosson

Bakhita, l’esclave noire devenue sainte

Entrée du musée consacré à Bakhita à Schio, province de Vicence, Vénétie.

Joséphine Bakhita est injustement méconnue. Saisie par son portrait et une note biographique dans une église de Touraine, Véronique Olmi se lance dans des recherches au résultat plutôt maigre. Injustice à réparer, se dit-elle, face à cette destinée hors normes. Son roman, moult fois primé, raconte l’incroyable odyssée d’une femme ayant survécu à tout.

Par Anne-Laure Martinetti | Photos : DR

Couverture du livre de Véronique Olmi.

Son temps d’écriture ne fut pas solitaire car la romancière, se disant pleine, envahie par ce sujet, en parlait beaucoup tant il est impossible de garder pour soi les émotions suscitées par cette trajectoire. Arrachée à sept ans à son village du Darfour par des marchands d’esclaves à la fin du XIXe siècle, la fillette endurera tant de souffrances qu’elle en oubliera jusqu’à son nom. 

« Je ne lâche pas ta main. » – Tout n’est plus que désolation à Olgassa, village de la tribu nubienne des Dadjo : corps mutilés, animaux errants, oiseaux muets, cases défoncées. Dans une précédente « razzia », Kishmet, l’aînée de Bakhita, avait été enlevée. A nouveau, les villageois n’ont rien pu faire. « Contre les fusils et la poudre, leurs flèches et leurs arcs n’ont servi qu’à signaler leur présence impuissante. » Commence alors une vie d’esclave faite d’humiliations et de violences durant laquelle la fillette rencontre Binah, enfant martyre elle aussi, avec qui elle tente de fuir sans succès. Les fillettes ont une devise, « je ne lâche pas ta main », mais Binah ne sera pas sauvée. Vendue et revendue par des marchands d’esclaves qui la baptise « Bakhita », traduction – quelle ironie – de « la chanceuse », l’enfant d’Olgassa marchera des centaines de kilomètres sous un soleil de plomb, enchaînée, fouettée, affamée. Elle appartiendra notamment à un riche arabe et à un général turc sans jamais revoir ni sa sœur ni Binah.

Arrive une trêve – Le Consul d’Italie à Khartoum, Calisto Lignani, est son premier « sauveur ». Elle a 14 ans. Il fait son acquisition, lui donne le prénom de Joséphine et la traite plus humainement. Dans sa maison, elle ne vit plus nue, peut se laver, se nourrir. Suite à un conflit colonial, le Signore doit quitter le pays et, à Gênes, il la transfère à la famille Michieli, propriétaire d’un hôtel à Suakin au Soudan. Bientôt, la présence de Madame Michieli est requise dans l’établissement. Elle confie alors sa fille Alice et Bakhita aux sœurs canossiennes de Venise. Au retour de sa maîtresse, elle refuse de quitter l’Institut des catéchistes. L’affaire est tranchée par un tribunal et, en 1889, le procureur accorde la liberté de choix à Bakhita car l’esclavage est illégal en Italie. La jeune femme a alors 20 ans. Elle est baptisée en 1890 par l’Archevêque de Venise et prononce ses vœux en 1896 à Vérone. 

Le « miracle » de Schio – Déplacée sur Schio, province de Vicence, elle s’occupe de l’intendance, des bonnes œuvres et prépare les sœurs en partance pour le continent noir. En Italie, où sa couleur, par ignorance, fait souvent peur, tout n’est pas si simple mais Bakhita est une âme forte malgré les tourments de la nuit qui la ramènent à ses souffrances d’enfant dont elle taira la plupart. Surnommée « la Madre Moretta » ou « la Petite Mère Noire » (les enfants lui jetaient de l’eau pour voir si la couleur partait…), elle écrit son histoire, encouragée par sa supérieure. Durant la deuxième Guerre Mondiale, alors que les bombes pleuvent sur Schio, l’histoire retiendra que la ville s’en est bien tirée grâce, pense-t-on, à la Madre Moretta, considérée désormais comme sa protectrice. Lorsque le ciel terrorisait les enfants, elle les rassurait avec une petite histoire « et les enfants regardaient sans répondre cette vieille dame ridée, tordue et noire, qui avait l’air si pauvre et si puissante ».

Ladite vieille dame décède suite à une longue maladie à l’âge supposé de 78 ans en 1947. Béatifiée en 1992, elle est canonisée par Jean-Paul II en 2000. Il semblerait que Benoît XVI avait une affection profonde pour cette fille d’Afrique à l’humanité préservée.

Une rencontre privilégiée – La biographie de Véronique Olmi est une longue lecture. Pourtant, il est difficile de la lâcher car on ne veut pas abandonner Bakhita. On aimerait aussi qu’elle ait retrouvé son prénom. Lisez l’histoire de Bakhita car, à coup sûr, il demeurera quelque chose d’elle en vous. La biographe, à qui on demandait une raison de lire son ouvrage, répondit : « Bakhita est une personne qui ne s’oublie pas. Lire son histoire, même romancée, c’est la rencontrer et la rencontrer est un privilège1. »

1 Franceinfo culture, 13 septembre 2017.

Les Vendredis saints de nos vies

Mgr Morerod constate, en examinant la vie des saints, qu’ils ont presque tous eu « des nuits de la foi ».

Lorsqu’il n’y a plus que le vide dans notre existence comme dans le tombeau du matin de Pâques, nous touchons peut-être là le vrai mystère de la Résurrection…celui d’une présence qui pourtant soutient encore et fait avancer. Avec l’humour qui le caractérise, Mgr Charles Morerod nous parle de l’espérance radicale que porte Pâques.

Par Myriam Bettens | Photos : Jean-Claude Gadmer

En tant que croyant, que représente Pâques pour vous ?
En tant qu’évêque, je suis aussi croyant (rires). C’est la Résurrection du Christ… qui implique également la nôtre. Il n’est pas venu ni n’est mort pour Lui-même, mais pour que nous puissions vivre et soyons avec Lui éternellement. Cela parce qu’Il nous aime.

Comment, entre un papa protestant et une maman catholique, se vivaient les fêtes de Pâques de votre enfance ?
Nous n’y mettions pas tellement l’accent. A vrai dire, je n’en ai pas de souvenir particulier. J’allais certainement à la messe le jour de Pâques, mais comme avant d’avoir vingt ans, j’ignorais que la Semaine sainte existait, cela me paraissait un dimanche comme les autres. Si ce n’est que je savais que c’était Pâques.

Nous savons ce que Pâques signifie. Or, la vie comporte aussi son lot de « petites Pâques », entendez par là de « petites morts et de résurrections ». Quelle serait une des Pâques de votre vie ?
Oh… j’espère qu’il y en a plus d’une ! Je reste marqué par ce que je pourrais qualifier de petit Vendredi saint. Je marchais sur un trottoir à Fribourg et j’ai vu que celui-ci se terminait. Je m’apprêtais à en descendre et assez curieusement je me suis dit : « Non pas maintenant. » Une fraction de seconde après, une grosse moto a passé à toute vitesse à côté de moi. Là, j’ai pensé : « Tiens, ma vie continue. »

Et de petites Pâques en tant que telles ?
Vu que c’était une non-mort, on peut la comprendre comme une forme de résurrection… L’expérience d’avoir accepté ma vocation, ça m’a obligé à vivre autrement. J’ai vraiment eu l’impression d’une irruption de Dieu dans ma vie… mais pas de manière telle que j’aurais dû commencer par être « à peu près mort » (rires). J’observe aussi des Pâques chez d’autres. Des personnes dont la vie reprend. Cela arrive par exemple lorsque les gens se confessent. Tout d’un coup, un poids se lève de leurs épaules et c’est très frappant.

En bonne protestante, je ne vais pas très régulièrement me confesser…
Vous le regretterez, certainement plus tard, (ndlr. Mgr Morerod est pris d’un fou rire communicatif). En attendant, profitez bien de la vie ! (rires)

Le tombeau vide du matin de Pâques peut aussi représenter, pour le croyant, cette tension entre présence et absence de Dieu…
Oui, absolument. Il y a des moments où on s’interroge et c’est normal dans le dialogue avec Dieu de lui dire : « Tu respectes notre liberté, c’est très bien, mais est-ce que Tu ne pourrais pas, parfois, la respecter un peu moins ? » (sourires)

Lorsqu’on Le laisse causer, est-Il plus bavard ?
Pas nécessairement. On voit dans la vie des saints qu’ils ont presque tous eu « des nuits de la foi ». Ces périodes parfois très longues marquées par l’impression que Dieu n’existe pas ou en tout cas n’est pas là. Ils interprètent ce silence en termes de : « Il veut voir si c’est Lui que nous aimons ou seulement ce qu’Il nous donne. »

Beaucoup de croyants préféreraient éliminer le Vendredi saint et ne voir que le côté festif et heureux de la Résurrection. D’ailleurs, dans plusieurs cantons, ce n’est pas un jour férié…
Oui, mais ce n’est pas l’Evangile. Il y a aussi des Vendredis saints dans l’existence humaine. Alors, une foi dont on aurait éliminé le Vendredi saint, qu’est-ce qu’elle a à dire à des gens qui se trouvent eux-mêmes dans ce Vendredi saint ? La foi donne une espérance radicale, même si on ne voit pas toujours très bien où on va. Si l’on croit que Dieu est présent, cela change la donne et ça, c’est aussi une expérience de Pâques. Cela ne veut pas dire qu’être croyant rend la vie facile.

Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?
Certainement Pâques ça… (rires)

Découvrons notre église paroissiale (suite)

Après la contemplation du Christ crucifié de Boular présenté récemment dans nos colonnes, approchons-nous du maître-autel, de style baroque de la fin du XVIIe siècle.

Marcel Comby avec Fabienne Seydoux | Photos : DR

Il présentait à l’origine un aspect principalement bicolore : noir et gris, pour imiter vraisemblablement la pierre de Saint-Triphon (matériau utilisé pour les portails) avec d’importantes parties dorées. Son aspect actuel date de 1931, lorsque le retable a été entièrement repeint. 

En raison de sa dimension et de sa richesse décorative, il attire spontanément le regard du visiteur qui entre dans cette église. Il est constitué de trois éléments de mobilier. D’abord l’autel principal (on le dit « principal » par opposition aux deux autels latéraux qui se trouvent de part et d’autre du chœur). Deuxième élément juste au-dessus, le tabernacle se présente comme une petite armoire où sont conservées les hosties consacrées. Une petite lumière rouge brille en permanence, elle indique la présence du Christ dans le « Pain de Vie ». Le tabernacle est couronné par la représentation du Christ comme Agneau vainqueur, qui porte les emblèmes de sa victoire sur la mort. Troisième élément, le retable. Il s’agit d’une méditation sur le mystère du Christ. Nous voyons au centre le tableau de la Visitation du peintre biennois Théophile Robert (1879-1954) qui, en 1933, a remplacé celui peint vers 1680-1690. Il évoque la très belle scène de la « Visitation » que nous rapporte l’Evangile selon saint Luc : Marie, enceinte de Jésus, rend visite à sa vieille cousine Elisabeth, enceinte elle aussi, de Jean le Baptiste. Elisabeth salue en Marie, la « Mère de son Seigneur ».

Il est bon de se souvenir que cette église a de tout temps été dédiée à la Vierge Marie. D’abord, elle s’appelait Sainte Marie d’Octodure, puis en 1420, Notre-Dame-des-Champs, en référence à la modeste agglomération rurale qui l’entourait à l’époque, et ce, jusqu’en 1575, où elle prit définitivement le nom de « Notre-Dame de la Visitation ».

De part et d’autre du maître-autel, se trouvent deux statues. D’un côté, Charlemagne, qui en raison d’une légende aurait confié le comté du Valais au premier évêque du Valais, saint Théodule ; mais en réalité Charlemagne a vécu bien après Théodule et cette légende a perduré pendant des siècles pour renforcer la légitimité de la donation du comté du Valais à l’évêché.

De l’autre, saint Maurice, en référence à saint Théodule, premier évêque du lieu, dans les années 380 parce qu’il a beaucoup fait pour développer le culte de saint Maurice.

Dans sa partie supérieure, le maître-autel représente les trois personnes de la Trinité. Immédiatement, au-dessus du tableau central, le Fils enfant porte une sphère qui symbolise le monde qu’il bénit. Au-dessus de lui, la colombe symbolise l’Esprit Saint et tout en haut, Dieu le Père avec sa coiffe triangulaire.

Dernière pièce remarquable l’antependium. Pour vous la présenter, voici un article du bulletin paroissial d’août 1934 : « Le 8 juillet, jour de la fête paroissiale, les paroissiens ont eu la joie de constater que l’église s’est enrichie d’un magnifique antependium, c’est-à-dire, devant d’autel, œuvre d’art et de patience due au dessin d’un paroissien, M. André Closuit, artiste de talent, et aux mains expertes de sa sœur, Mlle Laurence Closuit. Cette broderie, remarquable par la richesse et l’harmonie des tons et la finesse de l’exécution, parachève heureusement la splendeur du maître-autel. »

Descente de croix, Collégiale Notre-Dame-de-l’Assomption, Romont

Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer

Parmi les œuvres extraordinaires de la Collégiale de Romont se trouve un décor peint du XVIIe siècle. Il représente une descente de croix qui nous invite à méditer cet « entre temps » entre la mort et la Résurrection.

La composition de l’œuvre épouse l’architecture. Le mouvement nous entraîne dans la partie haute, sous l’arc brisé, en passant de l’obscurité à la lumière. 

Dans les parties basses, les anges portent les instruments du supplice, ou Arma Christi. A la droite du visiteur, les clous et la lance (Jean 19, 23. 34). A la gauche du visiteur, la colonne sur laquelle Jésus a été attaché et le fouet (Jean 19, 1). Ces objets mettent en évidence deux temps de la Passion : d’un côté la mort et de l’autre les outrages survenus pendant les étapes du procès. 

Le second registre fait place à de nombreux personnages. Tout à droite, sainte Véronique présente le Voile de la Sainte-Face. Elle fait le lien entre la condamnation et la crucifixion. En effet, si l’épisode n’est pas attesté dans la Bible, la tradition tient que Véronique a essuyé le visage du Christ alors qu’Il portait la croix.

Aux pieds de Jésus se trouve Marie-Madeleine. Sa chevelure est particulièrement soignée. Avec elle, plusieurs des femmes représentées tiennent des mouchoirs. Elles rappellent la parole du Seigneur : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur Moi, mais pleurez sur vous et sur vos enfants. »(Luc 23, 28) Laissons-nous interroger par cette interpellation : quelles sont nos émotions devant la croix ? Sommes-nous à la place de Marie-Madeleine qui ne voit que le corps de celui qui n’est plus ? Sommes-nous comme le personnage tout à gauche (probablement le donateur) qui est certes à genoux, mais loin de la scène et loin de la lumière ? Ou sommes-nous comme Marie qui n’a pas peur de s’approcher de la réalité de la Passion. Elle porte le corps de son Fils, ne faisant pas l’économie de la mort. Mais, elle est dans la lumière.

Et là est peut-être l’apport le plus intéressant de l’œuvre. La partie la plus lumineuse est celle où se trouve la croix. L’obscurité qui a recouvert la terre (Matthieu 27, 45) se dissipe pour faire place à la Victoire. Une victoire déjà là et pas encore.

Soirée des bonnes nouvelles : renaissance

Après trois années perturbées, la soirée des bonnes nouvelles renaît. Le mercredi 8 février dernier, au rectorat de l’église du Bourg, une quarantaine de personnes se sont rencontrées et ont médité une parole de vie éditée par le Mouvement des Focolari: «Apprenez à faire le bien, recherchez la justice.»

Texte et photo par Florian Boisset

Dans notre marche quotidienne, nous avons toujours quelque chose à comprendre, à améliorer et nous pouvons recommencer en cas d’erreur. Pratiquer la justice nous aide à apprendre à faire le bien.

Dans un deuxième temps nous avons reçu le témoignage d’un responsable de l’institution « Terre des Hommes » qui, par son engagement, contribue à aider les enfants dans quarante pays dans le monde, à guérir de leur maladie. Terre des Hommes à Massongex accueille des enfants de ces pays pour un séjour de convalescence à la suite d’une opération chirurgicale dans notre pays.

Terre des Hommes est particulièrement active au Burkina Faso où la majorité des enfants souffrent de la faim ou de malnutrition. Un responsable local a écrit dans le Journal Courage ce témoignage : « Nous travaillons avec fierté à rendre leur dignité aux personnes déplacées. Lorsque nous prenons en charge un malade et que nous le retrouvons quelque temps après, il nous témoigne de la reconnaissance parce que nous l’avons aidé à aller mieux. Je tire une profonde satisfaction de notre engagement. »

La prochaine soirée des bonnes nouvelles aura lieu le 26 avril à 19h30 au rectorat de l’église du Bourg avec le thème « Contemplation et action ». Bienvenue à chacune et chacun !

A la rencontre d’une catéchumène

Lors de la messe de la Veillée pascale (cette année c’est le Samedi saint au soir, 8 avril), la liturgie invite les fidèles à renouveler leurs promesses de baptême. En outre, depuis les premiers siècles de son histoire, l’Eglise y voit un moment privilégié pour conférer le baptême. C’est ainsi que nous avons voulu donner la parole à Noémie : en tant que catéchumène, elle se prépare à recevoir le baptême, le samedi de l’octave de Pâques, en l’église de Reveurelaz.
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