Mortellement vôtre

Parler de la mort est peu plaisant. Tellement peu qu’elle a été reléguée en marge et confiée à des personnes qui savent s’en occuper sans trop faire de bruit. Le Covid l’a ramenée sur le devant de la scène et avec fracas. Ne serait-il pas temps de lui redonner sa place au sein de notre société. Au sein de la vie ?

Par Myriam Bettens | Photos : Flickr, Pxabay, DR

La mort est abstraite. Elle incarne l’altérité radicale, l’expérience qu’il n’est jamais possible de vivre à la première personne. Pourtant, que la mort puisse difficilement se penser ne signifie pas que l’Homme en soit réduit à son ignorance. Elle est au contraire sa marque distinctive : l’humain est le seul animal qui sait qu’il va mourir. Il y a là une irréductible singularité et une unicité de l’expérience humaine. Or, dans une société obsédée par le besoin de maîtrise, « se retrouver face à la mort, c’est accepter l’échec », glisse Rachel Wicht. L’aumônière aux HUG, maintenant retraitée, poursuit : « Dans un hôpital, tout est fait pour que tu ne croises jamais la mort. » Un paradoxe d’autant plus flagrant au vu de la dernière pandémie. Philosophe et éthicien, Stève Bobillier nuance néanmoins cette trompeuse contradiction : « Elle est restée virtuelle, immatérielle. Nous nous trouvions dans une sorte d’administration de la mort pour protéger la société. » Une manière de l’intellectualiser pour mieux la gommer ? Rachel Wicht et Stève Bobillier s’accordent à dire que le tabou entourant la mort persiste encore fortement et que, même présenté comme un mécanisme de protection légitime, il est plus délétère qu’autre chose. 

C’est le passage à trépas que les gens redoutent le plus, comme le montre cette sculpture de Rodin intitulée « le Cri ».

De vie à trépas

« Nous avons une bonne représentation de ce procédé avec les enfants. Croyant les protéger, nous enrobons le tragique de la mort avec des métaphores qui produisent l’effet contraire de celui recherché », affirme Franziska Bobillier. La psychologue donne notamment l’exemple d’enfants terrorisés par le fait de devoir dormir, car on leur avait expliqué que « grand-maman s’était endormie pour toujours ». D’où la nécessité « d’impliquer l’enfant dans le processus de deuil tout en restant le plus clair et factuel possible ». Qu’est-ce qui finalement angoisse nos contemporains au travers de ce blasphème suprême qu’est la mort ? Rachel Wicht indique que c’est le passage de vie à trépas que les gens redoutent le plus et que de nombreuses « légendes » entourent ce moment, lui donnant un caractère encore plus effrayant. « Le mourant va-t-il hurler ou se redresser d’un coup au moment du trépas, sont certaines des questions qu’on m’a posées. » Pour sa part, Stève Bobillier pointe en premier lieu les acceptions du terme et le vocabulaire utilisé pour la qualifier. « Le français reste en définitive très vague sur ce qu’est la mort. On sait difficilement la définir. » Insaisissable par le vocabulaire et la pensée, la mort se soustrait, encore une fois, à notre maîtrise. 

Un deuil soumis à résultats

Son confrère Thierry Collaud, éthicien et médecin, se demande si le tabou de la mort n’est pas en fin de compte un refus du tragique. « La société a tendance à vouloir effacer les manifestations de chagrin et de douleur, car finalement notre souffrance dérange les autres. » De là à dire qu’il faudrait mourir sans faire de bruit, il n’y a qu’un pas. Rachel Wicht acquiesce : « Aujourd’hui, la perte d’un proche ne « nécessite » que trois jours de congé. Implicitement, cela signifie qu’on peut être triste, mais pas trop longtemps. » Experte des questions de deuil, Franziska Bobillier parle même d’une obligation de résultats. « On ressort systématiquement le schéma des étapes du deuil, comme des échelons à gravir pour nécessairement aller mieux. Or, l’ordre des étapes n’a pas pu être confirmé par les études scientifiques. Le processus est fait d’innombrables allers-retours qui prennent du temps. » Cela souligne aussi la propension de nos sociétés à faire disparaitre les difficultés et « il est urgent qu’elles réapprennent à vivre avec des échecs et des recommencements, car c’est bien cela que la mort nous enseigne : à vivre « malgré » », développe Thierry Collaud. En outre, ce qui freine l’acceptation pleine et entière de notre finitude réside peut-être « dans le désir originel d’immortalité de l’être humain », précise Fiorenza Gamba, chercheuse dans le domaine de la Digital Death (mort numérique, ndlr.) à l’Université de Genève. De ce point de vue, la toile répond à une part de cette attente. En effet, « notre double numérique » continue d’exister, même après le décès.

Le désir d’immortalité freine l’acceptation pleine et entière de notre finitude.

Un cimetière dans la poche

« Nous avons un cimetière dans la poche » lance Stève Bobillier avec un geste éloquent à son smartphone. En effet, « dans cinquante ans et avec la croissance actuelle, Facebook comptera plus de comptes utilisateurs de morts que de vivants ». Pour Stéphane Koch, spécialiste des questions numériques, « notre relation à la mort a énormément évolué. Les réseaux sociaux sont devenus les médiums privilégiés pour annoncer un décès, mais aussi pour perpétuer la mémoire des défunts par des pseudos anniversaires. C’est comme si le rituel ne prend jamais fin ». A cela, Fiorenza Gamba réplique que le Net a ouvert « un espace incroyable pour inventer des manières différentes et personnelles de ritualiser la mort ». Dans ces sphères numériques, les endeuillés peuvent partager leur chagrin et « vivre ce deuil à leur rythme ». Par ailleurs, même si le numérique nous laisse effleurer l’idée d’immortalité et rend la frontière entre monde des vivants et des morts de plus en plus poreuse, Thierry Collaud se demande si, en définitive, la mort ne se laissera jamais apprivoiser.

Eternité numérique

« Il y a une vraie réflexion à mener de son vivant concernant la trace que l’on désire laisser sur le Net », pointe Stéphane Koch. Malgré le décès, l’empreinte numérique continue d’exister. C’est pourquoi le consultant conseille de se pencher sur ces questions de son vivant, par des dispositions testamentaires. Il note aussi la possibilité de se tourner vers des services tiers, tels que tooyoo.ch, permettant de gérer les questions liées aux réseaux sociaux, comptes e-mail et nettoyage des référencements sur les moteurs de recherche après le décès. Au sujet de la « mort numérique » et ses implications, la fondation TA-SWISS publiera en septembre 2023 les résultats d’une vaste étude sur « l’influence des technologies numériques dans la prévoyance funéraire, la gestion des données numériques d’un-e défunt-e et le travail de deuil. Elle tirera des conclusions et, si possible, des recommandations à l’intention des parlementaires, des juristes, des professionnels du domaine funéraire et de la population sur la manière d’aborder cette question ». A suivre sur www.ta-swiss.ch/fr/mort-a-l-ere-numerique

Malgré le décès, l’empreinte numérique continue d’exister.

Une maison qui revit

C’est en septembre 2021 que le Conseil de Fondation de la Maison Cana-Myriam s’adresse à la Maison de la Diaconie et de la Solidarité pour faire revivre la magnifique bâtisse occupée jusqu’en 2017 par la communauté Cana-Myriam à Muraz (Collombey). En étroite collaboration avec les membres du Conseil de fondation, une équipe de projet se met alors en route. Sa mission ? Discerner ce qui pourrait être le dessein de Dieu pour ce lieu hors du commun et mûrir un projet stimulant et viable.
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Mortellement vôtre

Texte et photo par Laetitia Vergère

Ce n’est un secret pour personne : Jésus a accepté sa destinée et est mort sur la croix, bras ouverts, accueillant sans différence tous les pécheurs de l’humanité. Sa mort est un symbole d’amour, de rédemption et de sacrifice pour tous les chrétiens. En offrant sa vie, Jésus nous montre un exemple d’amour inconditionnel, révélant ainsi l’amour infini de Dieu pour l’humanité. 

Mais, 2000 ans plus tard, que pouvons-nous tirer d’un tel acte ? Il s’agit d’une invitation à la réflexion, à l’introspection et à l’action. Nous sommes toutes et tous appelés à l’amour et au sacrifice pour les autres, actes que nous faisons sans nous en rendre compte au quotidien : sacrifier nos besoins personnels pour subvenir à ceux des membres de notre famille ou de notre communauté, se « tuer à la tâche » pour pouvoir payer nos factures ou donner à ceux qui sont dans le besoin, prendre de son temps pour s’inquiéter de son voisin… Le message reste intact au fil des années : vivre en aimant les autres comme nous-mêmes, à lutter contre l’injustice et à travailler pour la paix et la réconciliation dans le monde. La mort de Jésus est un symbole puissant de l’amour et de la compassion que nous devrions toutes et tous cultiver les uns envers les autres.

En fin de compte, Jésus, « mortellement nôtre », nous rappelle que nous ne sommes pas seul·e·s et que nous avons un chemin à suivre dans la vie, en nous inspirant de son exemple d’amour et de sacrifice pour chercher à vivre de manière plus authentique et alignée avec nos valeurs… En méditant sur ce message, nous pouvons trouver un sens plus profond à notre existence et être inspiré·e·s à vivre de manière plus aimante et plus authentique.

« Vivre et mourir pour le Seigneur »

Le Christ a accompli sa trajectoire d’humanité jusqu’au bout.  Dans la mort et dans l’amour. 

Par François-Xavier Amherdt | Photo : DR

« Si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Donc, dans la vie comme dans la mort, nous appartenons au Seigneur. » (Romains 14, 8) Que voilà une parole qui contraste avec nos farouches revendications d’autonomie et d’indépendance, comme si l’être humain pouvait se couper de son Créateur et s’autogérer sans en référer à la Transcendance ! Sans cette interpellation de Paul aux Romains, nous tombons dans le « transhumanisme ».

D’abord, sous le regard de Dieu, vie et mort sont inséparables. Nous savons que nous mourrons inéluctablement, mais c’est afin de rejoindre le Christ Vivant. Si Jésus est mort et ressuscité, c’est pour nous faire vivre en plénitude : « Je suis venu pour que vous ayez la vie et que vous l’ayez en abondance. » (Jean 10, 10) Tout dépend de Jésus-Christ. Lui seul a accompli sa trajectoire d’humanité jusqu’au bout, dans l’amour. Lui appartenir dans la mort, vivre les derniers temps de notre existence terrestre en nous « lâchant » sur son cœur et en le laissant disposer de notre souffle, c’est nous livrer à cette seigneurie d’amour qui nous veut vivants. Dans la toute-faiblesse de notre mortalité, nous expérimentons ainsi la toute-puissance de notre seul Maître.

Il nous a donné l’être, au premier moment de notre conception, il est là pour accueillir notre dernier souffle, à l’heure que nous ne choisissons pas. Toute notre vie dépend du Dieu Sauveur. Elle est un cadeau dont nous ne disposons pas. Et cela est très libérateur ! « Mourir dans la dignité », c’est nous abandonner dans les bras du Père, avec le moins de souffrance possible, en toute confiance.

En outre, « Nul d’entre nous ne vit pour soi-même, comme nul ne meurt pour soi-même. » (Romains 14, 7) Ni notre existence ni notre trépas ne peuvent être cachés. Ce que nous expérimentons de beau ou de rude a des incidences sur la communauté à laquelle nous appartenons. Sinon, nous dépéririons. Car dans le Seigneur, notre existence et notre décès concernent aussi nos proches et nos amis. Pâques, c’est partager notre vie et notre mort, sans
retenue.

« Je te garderai jusqu’à ton arrivée… »

Le sierrois Christophe Rosay ne pouvait pas manquer le spectacle sur la vie de Charles de Foucauld présenté à l’église du Bourg le 8 janvier dernier. En effet, l’Assekrem, où a vécu de Foucauld, a été le théâtre d’un bouleversement détonnant dans sa vie. C’est à cheval sur sa moto, en 1979, au cours d’une folle aventure qui le mènera dans le massif du Hoggar, dans cette Algérie si chère au Père de Foucauld, qu’il va découvrir le mystère de Dieu.
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N.-D. de Bonnefontaine: le sanctuaire à un tournant

De très nombreux paroissiens et nombreux visiteurs connaissent le sanctuaire de Notre-Dame de Bonnefontaine, niché dans son écrin de verdure. Ils y viennent pour prier ou simplement la saluer et goûter un moment de paix. La gestion de ce sanctuaire est en train de changer de main. Eclairage.
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L’ultime passage

Texte et photo par l’abbé Frédéric Mayoraz

Souvent dans les homélies et les célébrations de funérailles, je parle de la mort comme d’un passage. Un passage qui implique qu’il y ait un avant, un pendant et un après. Ces mots n’ont pas pour but de dédramatiser la mort, même Jésus était triste à la mort de son ami Lazare. D’ailleurs, la mort est un mystère que de simples mots ne peuvent appréhender totalement. Mais pour nous en approcher, nous sommes invités chaque année à suivre le Christ à travers le mystère Pascal et c’est pour nous l’occasion d’essayer de donner un sens à la mort, ou tout du moins, d’avancer dans la compréhension de ce mystère. 

Antoine de Saint-Exupéry écrivait dans « Terre des hommes » que ce qui donne un sens à la vie, donne un sens à la mort. Et la littérature regorge de livres traitant la mort sous cet angle : « Quand nous prendrons conscience de notre rôle, même le plus effacé, alors seulement nous serons heureux. Alors seulement nous pourrons vivre en paix et mourir en paix. » 

Avant, pendant et après… et sur ce chemin, il ne faut pas se le cacher, il y a la peur, la peur de l’inconnu, la peur de devoir vivre ce passage seul. Mais si nous avons foi en Dieu et en ceux qui nous entourent, et avec qui nous partageons notre vie, nous ne sommes pas seuls pour franchir ce passage vers l’après et rappelons-nous que comme le dit si bien ce chant : « Il restera de nous ce que nous avons donné… » 

En effet, pour ceux qui sont appelés à laisser partir ceux qu’ils ont aimés, ce moment est certes vécu comme une absence, un vide, mais il serait beau de le voir plutôt comme une « différence de présence » qui se vit dans les souvenirs et les valeurs transmises. Alors appliquons-nous à bien vivre ici et maintenant pour qu’au moment de « passer les ravins de la mort », nous soyons heureux et en paix en voyant Celui qui nous guide et nous conduit dans l’avenir qui nous est promis. Bonne montée vers Pâques à tous.

« Méditer sur sa mort»

Par Thierry Schelling | Photo : DR

« Je suis devant la porte obscure de la mort », disait Benoît XVI au début de l’année 2022, qui s’acheva sur son trépas. Réalisme d’un nonagénaire, souligné par son successeur, François, qui présida, fait rarissime, ses obsèques 1

Et d’exposer, selon le rituel prévu, mais allégé (car Benoît n’était plus Pontifex regnans), le corps de Ratzinger au vu et au su des pèlerins venus se recueillir. Ou s’interloquer sur cette « exposition macabre », comme l’a titré un journal. C’est vrai, sous nos occidentales latitudes, on est peu habitué à voir des cadavres, même embellis : des os (ossuaires, etc.), oui ; des corps entiers qui ne sont pas des momies, moins…

De fait, « la culture contemporaine du bien-être semble vouloir évacuer la réalité de la mort et de notre finitude ; notre foi chrétienne ne nous dispense pas de la peur de la mort, mais elle nous aide à l’affronter. Et la vraie lumière qui éclaire le mystère de la mort, c’est la résurrection du Christ. » (février 2022) Tout est dit et François de rajouter : « On n’a jamais vu un camion de déménageurs derrière un corbillard ! […] Accumulons plutôt la charité et le sens du partage. »

« Méditer sur sa mort est un exercice des plus enrichissants », assure-t-il. Un exercice propre (mais pas exclusivement) à la Compagnie de Jésus. S’habituer à l’inéluctable permet de « mourir en paix » selon l’expression. « Quelle sagesse dans cette demande », souligne le Pape. Et de rappeler que le « Je vous salue, Marie » se conclut par « Priez pour nous… aujourd’hui et à l’heure de notre mort. » Ou de se tourner vers saint Joseph appelé jadis « patron d’une bonne mort ». 

En effet, Benoît XV s’y référa dans son motu proprio Bonum sane de juillet 1920. Cherchait-il à panser les incommensurables plaies laissées en Europe (notamment) par la Première Guerre mondiale et ses 40 millions de morts ? Tant faire se peut…

1 Pie VII avait présidé en 1802 les obsèques de son prédécesseur Pie VI, mort en exil, mais certes, pas « pape émérite »…

La mort

Texte et photo par Jean-Christophe Crettenand

Si en lisant pour la première fois le titre de ce numéro – « Mortellement vôtre » –, ce sont les visages de Roger Moore et de Tony Curtis qui me sont venus à l’esprit – associés aux personnages de Lord Brett Sinclair et de Daniel Wilde (dit « Danny ») dans la série des années 70 « Amicalement vôtre » –, j’ai très vite recentré mes réflexions sur la mort, car c’est bien de cette thématique dont il est question dans la présente édition de notre magazine paroissial.

Je me suis d’abord focalisé sur l’expression complète utilisée pour ce titre avec ce « vôtre » qui m’avait fait dévier du sujet (cf. 1er paragraphe). Je ne suis pas allé très loin sur cette voie en me disant « Oui, bien sûr, ce «  mortellement vôtre  », cela fait allusion à Jésus qui a donné sa vie pour nous ». Mais comment développer cela ?

J’ai finalement décidé de partager avec vous deux aspects de « la mort » qui ont animé mes réflexions lors de la rédaction de cet édito : la célébration de la fête de la Toussaint et une expérience personnelle.

La fête de la Toussaint

Je reste impressionné, année après année, par la célébration de la fête de la Toussaint en tant qu’évènement rassembleur pour de nombreuses familles. L’église est quasi remplie ce jour-là et au moment de se rendre au cimetière, l’assemblée prend encore de l’ampleur. Je suis fasciné par ces liens qui se manifestent à cette occasion. Si l’on est avant tout en famille, on prend cette occasion pour partager tout particulièrement avec les autres familles « voisines de cimetière ». Je ressens à chaque fois un sentiment général de bienveillance encore plus fort qu’habituellement. Les familles qui ont perdu un être cher durant l’année peuvent alors se sentir membres à part entière d’une communauté solidaire. 

Peur de la mort ?

Quelques mois avant la mort d’un de mes oncles qui se savait condamné du fait de sa maladie (Edgar Challandes, qui habitait Fontaines, dans le canton de Neuchâtel, décédé en 2000), je me suis retrouvé seul avec lui dans le salon familial. A bien y repenser, je crois que c’est la seule et unique fois où j’ai eu une conversation sérieuse, seul à seul avec lui. Je me souviens parfaitement lui avoir demandé : « Tonton Edgar, est-ce que ça te fait peur de savoir que tu vas bientôt mourir ? » Il a réfléchi quelques instants et m’a répondu, avec son humour habituel : « Non, ça ne me fait pas peur. Il paraît juste que ça fait un peu bizarre la première fois ! »…

Pâques, fête de la Mort…

La croix n’est plus seulement un instrument de supplice, mais l’arbre de vie qui fleurit encore aujourd’hui.

L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg, à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix.

Par Céline Ruffieux, représentante de l’évêque à Fribourg
Photos : cath.ch, DR

Pâques, fête de la Mort… sans tabou, avec la cruauté, avec la douleur, avec le sang et l’agonie. On ne tait rien de la souffrance de ce Jeune Homme condamné par la vanité de quelques-uns, à un supplice tellement violent que les Romains l’avaient interdit – c’est dire ! Chaque année, à deux reprises au moins, les chrétiens se plongent dans ce récit, mot après mot. Chaque année, on se demande comment on va aborder le sujet avec les enfants. Et alors, quelqu’un propose d’en faire l’impasse – « c’est compliqué quand même, d’en parler aux plus jeunes… Ce n’est pas adapté à leur âge et qu’est-ce que ça apporte vraiment ? Autant se concentrer sur la Résurrection, sur la Vie ! ». Et chaque année, pourtant, ce récit de la Passion prend vie, avec parfois toute une mise en scène, d’une procession avec les Rameaux au dernier souffle conté à plusieurs voix, avec musique de circonstance et vénération de la croix.

Le pape François répète à plusieurs reprises que « la compassion est le langage de Dieu1 ». Osons donc ce vocabulaire tellement riche d’incarnation, tellement plein de ce Dieu qui fit don de son Fils, vrai Homme et vrai Dieu. Compassion, Passion, deux mots qui trouvent leur origine dans le grec pathos : c’était la souffrance physique d’abord, puis le sens a glissé vers la souffrance psychique, celle qui dévore, qui aveugle. Et pourtant, ce « souffrir avec » de la compassion nous permet d’inverser la perspective de la souffrance. « O Crux ave, spes unica, Hoc Passiónis tempore, Auge piis justitiam… » (Salut ô Croix, (notre) unique espérance. En ces temps de Passion, fais grandir l’esprit de justice des gens de bien) nous dit bien que la croix n’est plus seulement un instrument de supplice, mais bien l’arbre de vie qui nous a donné le fruit le plus fécond, d’une fécondité qui fleurit encore aujourd’hui.

1 Par exemple : 17 sept. 2019 – Pape François. Méditation matinale en la chapelle de la maison Sainte-Marthe. La compassion est un acte de justice. Mardi 17 septembre 2019.

De Bramois à Rome

Les pèlerins dans la basilique Saint-Pierre.

Pèlerinage paroissial à Rome de la paroisse de Bramois – Carnet de voyage

Texte et photos par Jean-Paul Micheloud

18.02. Départ de Sion. Tout le monde se retrouve en gare de Sion pour embarquer dans le train en direction de Rome. En tout 33 personnes dont 8 enfants. L’ambiance est bonne et nous faisons connaissance en prenant place dans le train. Tout le monde est présent pour le voyage.

Cheminement sans souci jusqu’à Milan où le train arrive à l’heure. Un petit miracle… Nous faisons une pause en attendant notre correspondance. La deuxième partie de notre périple se passe bien et notre train fait des pointes de vitesse à presque 300 à l’heure.

Nous arrivons à Rome à 14h50 comme prévu. La température est agréable (environs 15 degrés). Un car nous conduit à notre pension, la casa di Accoglienza Tabor. Nous prenons possession de nos chambres et tout de suite nous partons pour la visite de la caserne des gardes du Pape. Florent et Martin nous accueillent et nous font visiter les lieux. Leurs explications sont précises et passionnées. Après des détails sur les couleurs des uniformes et leur évolution, nous pouvons visiter l’armurerie où d’anciens costumes entourent les armures et les fusils parfaitement entretenus. On a même l’occasion de voir les différentes manières de saluer les autorités religieuses et de tenir une hallebarde entre nos mains. Les gardes suisses bénéficient maintenant d’une cantine pour prendre tous leurs repas durant le service. Rejoints par Baptiste, ils vont enfiler leurs costumes et reviennent vers nous pour quelques photos. Après un apéro offert dans leur cantine nous partons souper à la Casa Bonus Pastor. Fatigués mais heureux, nous rentrons nous reposer. La pension est très sécurisée, signe qu’il peut y avoir des brigandages dans la région. Il est interdit de quitter sa chambre après minuit par exemple et tout le monde doit être rentré à cette heure sous peine de devoir passer la nuit dehors.

19.02. Le dimanche commence par un déjeuner et ensuite nous partons célébrer la messe dans la chapelle des gardes du Pape. Nous sommes droit dessous la fenêtre où le Pape célèbre l’Angélus. Certains partent sur la place Saint-Pierre pour voir le Pape en direct. Après un dîner à la même adresse qu’hier soir, la fin de journée est libre pour tout le monde.

20.02. Après une messe à la chapelle de la pension, nous partons pour Castel Gandolfo. Après environ 50 minutes de car, nous arrivons à la résidence secondaire des papes en exercice, le pape François y va rarement mais ses prédécesseurs venaient régulièrement s’y reposer. Nous avons la chance de pouvoir visiter le palais apostolique, les appartements du Pape et les jardins du domaine. Le bâtiment regorge de portraits de différents papes et un appareil auditif nous permet d’en savoir plus sur certains des 266 papes qui ont gouverné l’église. La surface du domaine est de 50 hectares et bien plus grande que la Cité du Vatican à Rome. Dans les jardins aussi nous bénéficions d’une aide auditive en français. Le mois de février n’est pas le meilleur mois pour profiter des beautés de ces jardins, en effet les rosiers sont taillés et il n’y a que certains arbres qui ont conservé leurs feuilles. On mange dans le village et on déguste diverses sortes de pizzas. 

Après le dîner, nous visitons les catacombes (cimetières communaux) de Saint Calixte, Geoffrey notre guide nous raconte plein d’anecdotes concernant ce site… et qu’il connaissait bien le Cardinal Schwery ! C’était le cimetière officiel de l’église de Rome au IIIe siècle. Un demi-million de chrétiens sont enterrés ici dont des dizaines de martyrs et 16 papes. Les premières inscriptions se faisaient en grec qui était la langue officielle de l’Eglise en ce temps-là. 

Le site est situé sur de la roche de type tuf ce qui permet de creuser plus profond lors d’un nouveau décès. Un trou de la taille du mort était creusé dans la paroi, on enduisait le cadavre de chaux, on l’insérait dans la cavité, on scellait une pierre en marbre avec des inscriptions pour étancher la tombe et on plaçait une lampe à huile pour que les proches puissent se recueillir devant.

21.02. On se lève de bonne heure, après un rapide déjeuner on rassemble nos valises et on part pour la messe à la basilique Saint-Pierre à 7h30. Nous avons la matinée pour visiter plus en détail cette superbe bâtisse et faire les achats qui nous intéressent. Après un pique-nique dans les jardins de la pension, nous prenons le car en direction de la gare Rome Termini. Le départ de Rome est prévu à 13h50, après une rapide escale à Milan (16h58-17h20) nous arrivons à Sion à 19h50.

Ici s’achève notre périple paroissial au Vatican…

Jeux, jeunes et humour – avril 2023

Par Marie-Claude Follonier

Question jeune

Qu’est-ce que l’octave de Pâques ?
Comme dans l’Eglise on aime bien faire la fête, un seul jour pour commémorer l’inouï de la Résurrection du Seigneur est bien trop peu. On prolonge ainsi la fête toute la semaine, appelée « octave », après le dimanche de Pâques et on continue de porter les habits liturgiques blancs durant les 50 jours du Temps pascal jusqu’à la Pentecôte.

par Pascal Ortelli

Humour

Deux grands-mères parlaient ensemble de leurs petits-enfants.

L’une dit : 
– Chaque année, j’envoie à chacun de mes petits-enfants une carte avec un généreux chèque dedans. Pourtant, je n’entends plus parler d’eux, pas même un merci ou une visite.

L’autre dit : 
– Je fais la même chose que toi, mais dès la semaine suivante, ils viennent tous me rendre visite et me remercier.
– Vraiment ? dit la première, comment c’est possible, comment fais-tu ?
– Quand je leur envoie le chèque, je ne le signe pas !

par Calixte Dubosson

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