La solitude des prêtres

PAR JUDITH BALET HECKENMEYER
PHOTOS: JUDITH BALET HECKENMEYER, FRANK JULLIARD

Lorsque ce terme est évoqué, de suite vient à l’esprit le sujet du célibat des prêtres. Mais vivre avec quelqu’un au quotidien est-il gage de ne pas ressentir de la solitude? Même au milieu d’une foule, il est possible de ressentir une solitude extrême.

Mais la solitude peut aussi être une bénédiction, car elle permet de mieux se relier au fond de son être. Jésus n’est-il pas parti pour 40 jours dans le désert avant sa grande épreuve ?

Certains religieux vivent en communauté, mais bien souvent les prêtres vivent seuls.

Ils ne manquent certainement pas d’occasions de réunions, de conseils de tous ordres, de rencontres privées avec leurs paroissiens, mais la fonction qu’ils occupent mettrait-elle une barrière à de solides relations amicales, ou à oser demander de l’aide ?

Lorsque des difficultés surviennent dans la vie d’un prêtre, vers qui peut-il se tourner pour partager ? Comment se fait-il accompagner lorsque de grandes remises en questions le taraudent ? Car il ne doit pas toujours être facile d’accueillir les souffrances des autres, de porter leurs malheurs, de les accompagner dans la peine, les deuils, les maladies, leur propre solitude. Comme pour tous les frères humains, les prêtres ne sont pas à l’abri des dépressions, des dérapages (dont l’opinion publique avide de scandales se délecte tant actuellement), des suicides. Bref, des maux qui touchent au fond tous les êtres humains. Et lorsqu’il y a maladie, dans la fin de vie, la solitude leur est-elle plus grande encore ?

Ce n’est que lorsque la solitude est pesante, qu’il est nécessaire de la rompre. Pour aider, il faut une demande. Pour répondre, il faut une question.

Il est donc de la responsabilité de chacun, prêtre ou non, de chercher de l’aide, des soutiens lorsque la solitude devient difficile à vivre ! De même que lorsqu’elle est nécessaire, bienvenue ou appréciée, de la savourer avec délectation.

De la solitude à l’épanouissement

PAR ROMAINE CARRUPT
PHOTO: PHOTO VAL, ST-PIERRE-DE-CLAGES

Le sentiment de solitude ne doit pas fermer le cœur mais l’ouvrir. Le Seigneur appelle à la vie consacrée celui qui garde son cœur ouvert. « »Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.» (Mt 4, 19-20). C’est dans le discernement et en expérimentant des instants de silence dans la solitude de la prière que l’appel prend sens.

Un cœur détaché de soi-même, débarrassé de tout attachement, peut apporter le sens de la solitude, l’ouvrir au désir d’en vivre régulièrement. Un cœur vide se remplit de Dieu et le rend disponible pour aimer comme Jésus nous le demande.

L’amour divin conjugué à l’amour humain est la rencontre au centre de nous-mêmes. Le mystère de la solitude permet d’atteindre la liberté du cœur, il s’ouvre à Dieu et aux hommes.

Le pape François invite les prêtres qui vivent des périodes de ténèbres à ne pas se replier sur eux-mêmes. Il les invite à sortir d’eux-mêmes, à rayonner la joie, à aller vers le monde et apporter la lumière de Dieu qui est en eux pour rejaillir sur le peuple.

Dans le monde actuel du tout, tout de suite, poser des temps de cœur à cœur avec le Seigneur offre une respiration dans la solitude pour libérer le cœur et l’ouvrir à l’abandon, au lâcher-prise, et permettre à Dieu d’œuvrer en nous.

Vivre le célibat dans l’amour du Seigneur ne ferme pas l’accès aux véritables amitiés. C’est l’ouverture à la découverte de pouvoir aimer quelqu’un pour ce qu’il est, comme le Christ l’a aimé, et ainsi s’épanouir au-delà de l’érotique et du charnel.

Le besoin de relations humaines est légitime, Dieu est Dieu, il peut sembler parfois éloigné. Le confrère, le collègue, une personne avec laquelle nous sommes liés par une amitié profonde, avec laquelle nous partageons une véritable amitié spirituelle dans un dialogue chaste et constructif peut combler ce besoin.

Le prêtre. Qui est-il ?

PAR DANIÈLE CRETTON-FAVAL | PHOTO: ALPHONSE DARBELLAY

En ce temps-là, comme Jésus marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon appelé Pierre, et son frère André occupés à pêcher. Il leur dit: «Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. Aussitôt laissant leurs filets, ils le suivirent, et il les envoya pour que se répande la Bonne Nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre.»

Comme eux, le prêtre s’est senti appelé, un jour, et il a répondu « oui ». Il a fait don de sa vie, qui englobe son avenir, ses facultés, ses joies, ses souffrances, ses rêves de foyer, enfin, l’offrande totale de son soi. Le prêtre accepte cet « Allez » de Jésus avec les scénarios et les défis toujours inconnus de cette vocation au service de Dieu et des autres.

Le prêtre vit aujourd’hui dans une société où les inquiétudes sont nombreuses, avec ce sentiment de ne plus être entendu, lorsqu’il parle d’évangélisation. On pourrait affirmer avec Isaïe : « Qui a cru, Seigneur, en nous entendant parler de toi. » Hélas, souvent, la Bonne Nouvelle se dilue dans les forces incontrôlables dues à la fuite en avant de la mondialisation, de l’économie, des technosciences, des médias, des réseaux sociaux, de la perte de notre culture judéo-chrétienne, qui fut à l’origine de notre démocratie, et résultat : ce tout amalgamé vient nous embrumer le cœur et l’esprit.

Le prêtre, en plus de semer le riche trésor de la Parole avec foi, pour faire croître le Royaume de Dieu ici-bas, doit encore trop souvent avoir des facultés entrepreneuriales pour que la paroisse fonctionne bien dans ses besoins et services matériels qui sont nombreux en ce temps de complexités tout azimut.

Le prêtre, comme le dit notre pape François, est celui qui doit veiller jalousement à ne pas se laisser voler l’enthousiasme missionnaire, la joie de l’Evangile et l’espérance ! Il est chargé de nous arracher au pessimisme ambiant, et nous aider à reprendre conscience des trésors et des ressources contenus et offerts lors de la célébration de l’Eucharistie, par les sacrements et dans les Evangiles. Semer, ressemer sans fin la Parole par l’écrit, par la voix, par la patience, tel est le charisme du prêtre. Servir et encore et toujours servir dans la fidélité à la Parole donnée le jour de l’ordination, dans un combat personnel que la vie impose.

Le prêtre, il est vrai, reçoit la grâce et la miséricorde du Père pour être son disciple, et que Sa Grâce est toute-puissante, mais, j’ose penser quand même que « prêtre » est un sacré job !

Pour conclure : revisitons la prière que sainte Faustine a reçue de Notre Seigneur : « Aujourd’hui, amène-Moi les âmes sacerdotales et religieuses ; immerge-les dans mon Insondable Miséricorde. Elles m’ont donné la force d’endurer ma douloureuse Passion ; c’est par elles, comme par des canaux, que ma Miséricorde et mon Amour se déversent sur l’humanité souffrante. »

Témoignages de nos quatre prêtres

La solitude par Bernard Maire

Photo: Robert Zuber

D’après le dictionnaire, est solitaire non seulement celui qui est seul par obligation, mais aussi celui qui aime à être seul ou à vivre seul par désir ou par besoin. La solitude est donc l’état d’une personne seule, retirée du monde, qui la subit ou qui la cherche.

Je l’imagine pourtant comme une personne tout de noir vêtue : elle me rencontre lorsque je suis vulnérable, lorsque je n’ai pas pris le temps de méditer la parole de Dieu, ou encore de prier l’Office divin.

Elle est ingrate, sournoise et elle se trouve cachée quelque part en moi. Je n’ai pas de remède infaillible, ni de médicaments, aucune potion… rien si ce n’est de me remettre en route et de retrouver la puissance de la prière et de l’Evangile dans le quotidien de ma vie ! ou encore de me laisser faire par Dieu.

C’est Jean Rostand qui a dit : « Etre adulte, c’est être seul ! » On ne le dira jamais assez fort : cette solitude-là peut être féconde et enrichissante quand elle est choisie, souhaitée, voulue, à l’instar du Maître qui aimait à se retirer loin de la foule, pour méditer et prier.

Un temps pour soi par Bruno Sartoretti

Photo: Camp Biblique Œcuménique de Vaumarcuse

Est-il bien judicieux de parler de la solitude du prêtre ?

Le ministère qui nous est confié nous invite à la rencontre des personnes de la communauté afin de répondre à leurs désirs spirituels. Et ils sont nombreux ces désirs, et variés. Pour mieux réaliser la mission, il faut sortir des sentiers battus, de nos églises bâtiments afin de rencontrer l’Eglise vivante, donc prendre le temps d’aller en commissions au village, de prendre un café avec une personne rencontrée sur le chemin, de prendre le temps de discuter, … Il n’y a pas de sentiment de solitude, mais plutôt un sentiment de vie partagée, d’accompagnements mutuels, de soutiens et d’échanges comme dans une grande famille.

Mais il faut aussi des temps pour soi. Des temps pour se ressourcer, pour prier, pour lire la Parole de Dieu,… Des temps pour prendre soin de son corps afin de garder une santé qui permette les rencontres. Si ces temps demandent une certaine solitude, ils sont surtout des temps pour mieux vivre ensemble.

La solitude du prêtre n’est pas un poids qui m’opprime, mais des temps qui m’invitent à mieux préparer la vie de la grande famille de Dieu. La solitude n’est pas un temps où je me sens persécuté ou oublié, mais un temps que je mets à profit pour mieux laisser la place à Dieu, pour qu’Il puisse mieux vivre en moi afin que je puisse mieux le proclamer et en témoigner plus.

Merci donc à vous, les paroissiennes et paroissiens, qui êtes de ma famille. Vous me donnez beaucoup d’espoirs et d’envies par vos paroles et vos présences, par vos bonjours et vos questions, par vos sourires et vos saluts. Merci de faire de moi un homme debout, ressuscité, parce que vous me donnez la présence qui supprime la solitude.

La solitude par Robert Zuber

Photo: Robert Zuber

La solitude je l’ai vraiment rencontrée au moment du Covid où elle est devenue très négative, lourde et presque invivable. Il a fallu l’apprivoiser en donnant un sens à cette nouvelle réalité. Cela a été possible car j’ai osé ouvrir mon cœur à des proches et à un frère prêtre.

Ce qui m’a tenu et qui me pousse à continuer mon ministère dans la joie et la confiance ce sont tous les regards échangés, les sourires, les partages et les rencontres. Et aussi tous ces moments de prière, de célébration, de méditation de la Parole.

Pour moi l’essentiel c’est de rester en relation avec Dieu et avec les autres, c’est aussi la certitude que Jésus conduit son Eglise, les communautés et donc mon ministère.

Aujourd’hui la solitude est un chemin que je prends avec Jésus et Marie, en communion avec celles et ceux qui peinent et qui sont en souffrance.

J’ai encore mieux saisi qu’au cœur de ma solitude, il y a une Présence d’amour qui m’invite à m’ouvrir à Lui et aux autres pour mieux vivre et pour mieux aimer.

Apprivoiser la solitude par Rémy Delalay

Photo: Rémy Delalay

Durant mes 20 années de vie monastique, j’ai appris à apprivoiser la solitude. Comme dans ma cellule monastique, je n’ai à la maison ni radio ni télévision. Le silence à la maison apaise et aide à écouter son cœur et l’Esprit qui parfois se manifeste. J’ai l’habitude des repas en silence et du travail solitaire. Le silence extérieur n’est pas synonyme de solitude intérieure. Bien au contraire, il aide à porter ses proches et le monde dans la prière et les laissent se rendre présents par la communion des saints. Je ne me sens ainsi pas seul.

Dans le ministère, je suis bien entouré par les Conseils de communauté et les Conseils de gestion des différentes paroisses dont j’ai la référence. Les catéchistes, les sacristains et sacristines sont aussi importants et je les rencontre très souvent. On partage toujours un moment fraternel avant les célébrations.

Paradoxalement, c’est quand je suis avec beaucoup de monde que je peux me sentir très seul. Quand l’église est pratiquement pleine et que presque personne ne répond, quand je dois prier le Notre Père pratiquement seul au micro, alors oui, je me sens horriblement seul et triste. Quand je me suis retrouvé plusieurs fois à la messe de semaine seul avec la sacristine, alors oui, je me sens seul et triste. Ces moments sont des instants dans le brouillard, comme sur la photo, mais ils ne durent pas longtemps car le soleil brille en dessus. Et autour de moi, bien des personnes ont des fardeaux bien plus lourdes à porter.

Seigneur, à quoi bon ?

PAR LE PÈRE LUDOVIC LÉCURU | PHOTO: PIXABAY

Rien de ce que j’ai accompli pour toi ne semble porter du fruit.

Jusqu’à présent, j’ai cherché à te suivre.

Finalement je ne sais plus où est le chemin.

J’ai prié davantage, et je ne suis pas plus fort(e) qu’avant.

Je me suis rappelé ton amour, et je me sens bien seul(e).

Je sais que Jésus aussi a connu l’insuccès.

Après son discours dans la synagogue de Nazareth, les gens ont voulu le précipiter du haut de la falaise.

Ses concitoyens ont voulu le lapider.

Les Pharisiens ont conspiré contre lui et fomenté de faux témoignages pour le perdre.

Les gens lui ont préféré Barabbas le bandit.

Jamais, cependant, il ne s’est laissé décourager par les événements.

Il ne s’est pas scandalisé de ce qui lui arrivait.

Il a aimé les siens jusqu’au bout.

Pardonne-moi quand je ne m’appuie plus sur toi avec foi.

Même quand je suis découragé(e), ta grâce est toute-puissante.

Même quand je suis fatigué(e), tu es ma force.

Même quand je compte plus sur moi que sur toi, tu ne m’abandonnes pas à mes pauvres forces.

Assure mes pas sur le chemin de ma vie. Tout est bien, Père, car tu es là.

Amen.

La solitude du prêtre

PAR L’ ABBÉ LÉONARD BERTELLETTO, CURÉ
PHOTO: RAPHAEL DELALOYE

«Il n’est pas bon que l’homme soit seul» (Ge 2, 18) dit Dieu dans le premier des livres de la Bible, le livre de la Genèse. Selon saint Paul, l’apôtre est «mis à part» pour exercer sa mission. Comment concilier ces deux injonctions de l’Ecriture? L’Eglise latine a tranché depuis longtemps, imposant à ses ministres la loi du célibat sacerdotal. Le prêtre est un homme «seul». Ainsi le veut la Tradition. De plus, la communauté, les confrères, ne sont plus aussi porteurs qu’auparavant.

Souffre-t-il parfois de solitude ? Morale, affective ? Poser la question, c’est y répondre. Une disponibilité plus grande est sans conteste laissée à qui choisit cette façon de vivre. Il y a des prêtres qui ne comptent pas leur temps. Mais d’immenses difficultés surgiront dans l’existence de ces hommes seuls si l’équilibre n’est pas trouvé. L’histoire de l’Eglise est affligée d’incessants problèmes à ce propos, de scandales, même. Ces comportements déviants n’évangélisent personne.

Dans l’Eglise de Rome, on ne sait, on ne veut résoudre ces problèmes récurrents. On préfère que l’Eglise se meurt et se suicide petit à petit plutôt que de réformer ce qui doit l’être. Que restera-t-il de notre Eglise d’ici 20 ans ? J’imagine – mais qui suis-je pour me permettre un avis sur la question – l’existence d’un clergé marié, sur le modèle de celui qui anime les paroisses de l’Eglise d’Orient, ce qui n’empêcherait pas que des prêtres célibataires déploient leur charisme, dans le cadre de communautés fraternelles suivant une règle.

Vivons dans la sérénité et l’harmonie, quel que soit notre état de vie, en cultivant l’essentiel, notre foi en Jésus-Christ, dispensateur de vie et d’amour. Que celui-ci comble chacun !

La solitude de nos prêtres

Par vœu, par choix ou par nécessité, la solitude se vit comme une compagne agréable ou comme une souffrance au quotidien. Que ce soit le jeune en recherche de partenaire pour la vie ou la personne âgée ayant perdu son conjoint, nombreux sont ceux qui expérimentent le silence et l’absence à la place d’une relation suivie et complémentaire. Au moment où ce thème est abordé dans la rubrique «éclairage» de notre magazine, il nous a semblé important de donner la parole aux prêtres qui desservent notre secteur pour qu’ils partagent avec nous quelques réflexions sur leur «solitude».

Par l’Abbé Gildas tchibozo

Dire que le prêtre est seul, cela me dérange un peu ; et pourtant, c’est quelquefois la réalité.

Au sens théologique du terme, il est bien vrai que le prêtre n’est jamais seul. Avant de s’en aller vers son Père,
Jésus faisait cette promesse aux disciples: «… Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.» (Mt 28, 20)

Par ailleurs, l’Apôtre Paul affirme dans sa Lettre aux Galates (5, 20): «Si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi.» Donc, en réalité, le prêtre ne devrait jamais se sentir seul ou solitaire. Il est sans doute isolé, du fait qu’il incarne une réalité, que je qualifierais de «mystique», qui gêne les gens de notre époque.

Me sentir seul et isolé, oui, cela m’est pourtant arrivé plusieurs fois ! Je donne juste deux témoignages.

Le premier, c’est quand on m’affecte pour aller d’une paroisse à une autre. Là, je me rends compte que je suis seul, et que je dois y aller seul !

Le deuxième témoignage, c’est surtout après les grandes célébrations paroissiales. L’église est remplie de fidèles (à la sortie de la messe, les paroissiens attendent volontiers pour des échanges, ou même pour l’apéro). Mais, quelques minutes après, la paroisse est vide et je me rends compte que je dois retourner seul à la cure, dans ma chambre. Malgré la présence des confrères prêtres, je me sens seul ; et c’est sans doute aussi leur ressenti. Chacun se sent seul face à lui-même. Néanmoins, en reprenant mes esprits, je culpabilise de me laisser gagner par un tel sentiment, alors que j’ai pleinement conscience que le Christ est en moi et il est avec moi de façon permanente, que j’appartiens à un corps sacerdotal, à une famille biologique, et aussi ecclésiale qui m’entourent. Pourtant, je suis seul ! Alors, j’ai compris il y a fort longtemps que la solitude du prêtre ne se trouve pas dans le fait de son état de vie, comme célibataire, mais plutôt dans son état d’être, en tant que configuré au Christ, seul à Gethsémani, seul sur la croix. Depuis lors, je vis ma solitude avec beaucoup de joie, surtout grâce à la bienveillance des paroissiens qui comprennent mes limites humaines.

Par Joseph Voutaz

Pour moi il y a une bonne et une mauvaise solitude.

La mauvaise solitude correspond à l’isolement et à la fatigue. Elle est un cercle vicieux qui me plonge dans l’activisme. Même si je croise du monde, le cœur reste vide. Le remède consiste à prendre du temps en face de Dieu pour lui confier ma vie et mon cœur.

La bonne solitude correspond au ressourcement. Dans mon ministère, je croise
tant et tant de visages que j’ai parfois besoin de prendre du recul. Etre seul, prendre du recul, prier, ça fait du bien : Jésus prenait lui même des temps prolongés de prière.

J’ajoute que la vie communautaire (pas toujours facile cependant !) est un cadeau inestimable qui fait que je ne me sens jamais vraiment seul !

Par René-Meinrad Kaelin

En complément des articles de Joseph et de Gildas, qui parlent davantage de leur vécu, je vous donne un regard vertical, spirituel sur la solitude du prêtre.

Par rapport à tant et tant de personnes qui vivent dans une profonde
solitude et qui en souffrent tant et plus, je pense que la solitude du prêtre est très différente.

D’abord, elle est CHOISIE :
« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure, afin que ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne. »
Cette solitude n’est pas stérile… elle nous permet de porter du fruit et d’être écouté-exaucé par le Père.

Cette solitude est HABITéE. Le prêtre, fidèle à son engagement, peut dire comme Jésus :
« Je ne suis jamais seul ; le Père est toujours avec Moi. » (Jn 8, 16)

Et il y a la promesse merveilleuse du Christ à Pierre :
« Pierre se mit à lui dire ; Voici, nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi, quelle sera donc notre part ? » Jésus leur dit : « Je vous le dis en vérité, il n’est personne qui, ayant quitté, à cause de moi et à cause de la bonne nouvelle, sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou sa mère, ou son père, ou ses enfants, ou ses terres, ne reçoive au centuple, présentement dans ce siècle-ci, des maisons, des frères, des sœurs, des mères, des enfants et des terres, avec des persécutions et, dans le siècle à venir, la vie éternelle. » (Mt 17, 27-29)

La promesse : recevoir au centuple, présentement dans ce siècle-ci, des frères, des sœurs, des mères… des enfants…

Je pense ici, à la communauté qui nous entoure et qui nous porte : la communauté bernardine de ma famille religieuse… la communauté de la famille paroissiale… Il y a aussi toutes les personnes avec lesquelles nous nouons un profond contact par le biais du ministère sacerdotal.

NON NON, je ne suis jamais seul avec le Seigneur, mon Bon Pasteur… !

La solitude du prêtre

PAR PIERRE-ANDRÉ GAUTHEY

«La solitude du prêtre…» Vaste sujet, important et ô combien délicat.

Merci aux chroniqueurs(euses) qui vont s’y risquer, dans L’Essentiel de ce mois !

– «La solitude, ça n’existe pas» chantait haut et fort Gilbert Bécaud. Pas d’accord avec toi, l’ami. Désolé.

– «Quand vous butez sur toutes sortes d’épreuves, pensez que c’est une grande joie.» (Jc 1, 2) Là encore, je décroche… Dieu me pardonne!

– «Dans le silence et la solitude, on n’entend plus que l’essentiel , écrivait une femme de lettres… Là aussi, je peine à avancer!

C’est alors que me tombe du ciel un article de journal, signé de l’abbé Jean-René Fracheboud: «Notre vie passe par d’impressionnantes variations climatiques. Au temps des hautes pressions, peuvent succéder des périodes de basses pressions, des dépressions, le brouillard…»

Et que dire de ces quelques lignes de Guy Gilbert. «Rien n’est plus petit, plus fragile qu’un prêtre: l’isolement affectif, la solitude et un ministère asséchant, peuvent le tuer. Par voie de conséquence, il peut déraper tragiquement…»

Quant au dernier livre de Mgr Daucourt «Prêtres en morceaux», c’est un cadeau du ciel… et je vous le recommande chaudement! Des remèdes à l’isolement du prêtre existent, Dieu merci. Davantage de contacts personnels, l’Eucharistie vécue en profondeur et non célébrée par routine, plus d’humilité. «Le prêtre est serviteur et non sauveur du monde.» (G. Daucourt)

Oui, il faut le savoir, des prêtres souffrent de solitude, pour des raisons diverses.

ALORS dites-leur que vous les aimez, que vous les aimez comme ils sont, rien de plus, rien de moins!

«Nul n’est trop pauvre, pour ne rien avoir à donner ; nul n’est trop riche pour ne rien avoir à recevoir.» (op. ci.)

Un évêque avait dit un jour à ses prêtres: «Faites ce que vous pouvez faire, et ce que vous pouvez faire, essayez de bien le faire.»

Une chose est certaine, et saint Paul nous le rappelle: «Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, qui est en Jésus-Christ notre Seigneur.»

A l’écart

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT | PHOTO: DR

Il y a solitude et solitude. Quand Jésus dit aux apôtres, de retour de mission : « Venez vous-mêmes à l’écart, dans un lieu désert et reposez-vous un peu » (Marc 6, 31), c’est d’un isolement bénéfique de ressourcement, auprès du Père, qu’il leur parle.

Car, aujourd’hui encore pour les agents pastoraux laïcs ou ordonnés, les sollicitations peuvent s’avérer si nombreuses qu’ils se sentent littéralement « mangés » et que, comme les disciples de l’époque, ils ne trouvent même plus le temps de s’asseoir pour partager le repas et de se reposer. Le risque de l’épuisement guette alors, avec l’impression de « brûler » toutes ses énergies apostoliques (le « burn-out »).

Le Fils de l’homme leur en donne lui-même l’exemple, puisqu’il n’hésite pas à se retirer en barque dans un espace à part (6, 32). Mais les foules le devancent, si bien qu’en débarquant, il voit une populace si nombreuse qu’il en a pitié et que, pris aux entrailles, il multiplie pour elle l’enseignement et les pains, tellement elle ressemble à un troupeau sans berger (6, 34).

D’ailleurs le Christ, après avoir rassasié et nourri la multitude et fait embarquer à nouveau les douze, s’isole à son tour et gravit la montagne pour y prier (6, 45-47). Sans des temps de face à face avec la Trinité Sainte, « des moments prolongés d’adoration, de rencontre priante avec la Parole, de dialogue sincère avec le Seigneur, affirme le pape François, les tâches [de l’évangélisation] se vident facilement de sens, nous nous affaiblissons à cause de la fatigue et des difficultés, et la ferveur s’éteint » (La joie de l’Evangile, no 262). Ne consacre-t-il pas lui-même une heure par jour à l’oraison ?

Ce dont par contre peuvent souffrir les agents pastoraux, c’est au contraire d’une mise de côté qui les prive des relations interpersonnelles indispensables pour leur équilibre personnel. Le ministère ne se tisse-t-il pas de partages missionnaires avec des groupes et des assemblées de toutes sortes et d’échanges profonds avec des ami(e)s, des confidents et un accompagnateur spirituel ?

Il s’agit donc de bien doser les réalités entre fréquentation intime de l’Esprit dans le secret de sa chambre et contacts vivifiants avec des personnes de confiance.

Mother Teresa & Me, les destins croisés de deux femmes

Avec Mother Teresa & Me, le cinéaste suisse-indien Kamal Musale conte deux parcours en miroir de femmes de conviction dans l’Inde d’hier et d’aujourd’hui. D’un côté, Kavita, jeune Britannique aux racines indiennes, est placée devant un choix difficile la ramenant à Calcutta où, bien que bouleversée face à la misère, elle trouve l’amour véritable. Puis, derrière le mythe, il y a Mère Teresa, la femme, aussi forte que fragile car livrée à « la nuit de la Foi », une perte de repères exprimée de manière déchirante.

PAR ANNE-LAURE MARTINETTI
PHOTO: DR

De Mère Teresa il est vrai, on connaît surtout le mythe. Prix Nobel de la Paix en 1979, canonisée en 2016 par le pape François, son rayonnement dépasse les clivages religieux et culturels même si elle a aussi eu ses détracteurs. Sa figure incarne le don de soi, l’altruisme, l’amour inconditionnel. Légende vivante, elle a été maintes fois contée dans la littérature et au cinéma. Comment alors « s’attaquer » à un tel monument ? Je me suis beaucoup documenté, explique le réalisateur, et j’ai découvert un personnage plus complexe que souvent décrit. A un moment, j’ai perdu en sympathie et je m’en suis éloigné : j’ai alors eu besoin du personnage fictionnel de Kavita pour m’en rapprocher. Le résultat est un beau film, un très beau film. Le récit se concentre sur une période de 12 ans : du jour où Mère Teresa, de son vrai nom Anjezë Gonxhe Bojaxhiu née à Skopje en 1910, appelée par la voix de Jésus, débute son travail dans les bidonvilles de Calcutta en 1948 jusqu’à sa perte de Foi, gardée secrète hormis pour ses confesseurs. Si la Foi, l’Espérance et la Charité demeurent trois piliers du christianisme, ce qu’elle n’a pas perdu, déclara Mgr Lovey lors de la projection du 9 décembre dernier à Sion, c’est bien la Charité. Mais c’est là tout le drame de la sainte : notre charité ne suffit pas à sauver le monde. Désarroi, impuissance, sentiment d’abandon, elle
se confiera dans des lettres qu’elle souhaitait voir détruites après sa mort, ce qui ne sera pas fait. Alors Mère Teresa n’était pas une inébranlable héroïne ? Non, elle avait ses doutes, ses fragilités mais ce qui est remarquable, commente Kamal Musale, c’est que malgré sa perte de Foi qui dure jusqu’à sa mort, malgré un terrible isolement intérieur, elle continue son travail auprès des misérables dans l’abnégation la plus totale.

Un dialogue en miroir – Si Mère Teresa souffre en silence, l’autre personnage du film, la jeune violoniste Kavita, submergée elle aussi par un sentiment d’abandon, exprime ouvertement sa révolte, les doutes et les conflits qui l’habitent. C’est à ce personnage que le spectateur s’identifie et en particulier les femmes qui occupent une place centrale dans le film alors que les hommes, lâches et égoïstes, sont relégués au second plan. Kavita représente la jeune génération en quête de sens. Dans ce dialogue en miroir, le thème de l’avortement est présent dans les deux destins : celui de la jeune fille, ébranlée pas une grossesse inattendue, abandonnée par le père, et celui de la sainte dont la position très dogmatique sur le sujet lui a valu de nombreuses attaques. Le film ne donne toutefois aucune leçon, aucune réponse. Kamal Musale expose uniquement la complexité des situations en fonction des ressentis, des parcours de vie.

Des couleurs et des mélodies – Filmée en grande partie en Inde dans le format d’une grande production, l’œuvre reconstitue admirablement l’atmosphère des années 50 alors que le pays est en proie à des troubles sociaux entraînant une terrible famine. Le film doit aussi beaucoup à la justesse de ton de ses interprètes et aux choix formels. Les couleurs, notamment, contribuent au rapprochement des deux femmes pourtant éloignées dans le temps et l’espace : Mère Teresa nous apparaît d’abord en noir et blanc et la jeune fille en couleurs puis, sur la fin, les tons se rejoignent dans des pastels pour lier les deux personnages de façon surprenante. Outre cette esthétique de l’image soignée, la musique tient une place de choix, accompagnant particulièrement Kavita.

Des recettes reversées à des organismes humanitaires – Fondée en 2010 à l’occasion du centenaire de la naissance de Mère Teresa, la Fondation Zariya a commandé le film à Kamale Musale qui d’emblée a souhaité une œuvre centrée sur la compassion. Le budget, conséquent, de quatre millions de francs, a été financé uniquement par des donations. Ainsi, les bénéfices iront directement à des ONG indiennes perpétuant le travail de la sainte de Calcutta. Le sens de la vie, de la souffrance et de la mort, ces préoccupations universelles sont au cœur de cette réalisation. Dans une scène, Kavita s’étonne devant l’autel de Deepali, sa nounou indienne, qui érige aussi bien des divinités hindouistes, bouddhistes, chrétiennes… Ne voulons-nous pas tous la même chose, musulmans, juifs, chrétiens… ? répond Deepali, l’amour.

Comédie dramatique de Kamal Musale (2022) avec Banita Sandhu, Jacqueline Fritschi-Cornaz, Deepti Naval, Bryan Lawrence (2h02).
Version originale en anglais sous-titrée en mode « lecture facile ».
www.mother-teresa-and-me.film avec bande-annonce.
A découvrir dans les cinémas de Martigny fin janvier et courant février.

L’agroécologie, une approche globale

L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg, à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix.

PAR DOROTHÉE THÉVENAZ GYGAX, REPRÉSENTANTE DE L’ÉVÊQUE POUR L’ÉCOLOGIE DU DIOCÈSE DE LGF
PHOTOS: DIOCÈSE LGF, DR

L’écologie intégrale, telle que l’a définie le pape François dans son encyclique Laudato Si’, reconnaît que tous les aspects du monde naturel sont interconnectés. En tant qu’êtres humains, nos actions ont donc un impact considérable sur le vivant. Le Pape nous appelle à un changement radical de nos modes de vie et de nos systèmes économiques afin de faire face à la crise climatique et la perte de la biodiversité auxquelles notre planète est confrontée.

L’un des aspects essentiels de ce changement est la nécessité de réformer notre système alimentaire industriel actuel. Ce dernier repose sur la production à grande échelle de monocultures et l’utilisation intensive d’intrants chimiques qui dégradent l’environnement. En outre, les systèmes agricoles et alimentaires sont responsables d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre.

Une alternative que promeut la prochaine campagne œcuménique d’Action de Carême et de l’EPER est l’agroécologie. Cette approche globale offre une transition vers des systèmes alimentaires durables et équitables. L’agroécologie garantit une production d’aliments sains, qui préserve la fertilité des sols, favorise la diversité biologique des semences et nécessite peu de ressources naturelles. Elle vise à optimiser les interactions entre l’être humain et son environnement, à privilégier les circuits courts. Sur le plan social, l’agroécologie renforce l’autonomie et la souveraineté des acteurs agricoles.

En soutenant une agriculture paysanne de proximité, des méthodes agricoles durables et en privilégiant la variété de nos aliments, nous favorisons la transition vers des modèles économiques qui encouragent la solidarité et le respect des ressources naturelles.

Ne cherchons pas la tranquillité…

On risquerait de la trouver… Au départ de cette réflexion aux allures d’oxymore, une phrase de Christian Bobin entendue dans un podcast: «La vie nous appelle à l’aide et a besoin de tout genre d’accident pour que nous lui rendions grâce, pour que nous la portions à son plus haut… La vie est plus grande que tout ce que nous rêvons comme tranquillité…»
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L’esclave devenue sainte

Joséphine Bakhita est fêtée le 9 février.

La « Petite Mère Noire », plus connue sous le nom de Joséphine Bakhita, a vécu bien des tourments avant d’être élevée au rang de sainte. Canonisée en l’an 2000 par le pape Jean-Paul II, la Soudanaise est devenue la première sainte africaine non martyre et symbolise, à bien des égards, le destin de tout un continent.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTO: DR

Bakhita. Traduisez : « La chanceuse ». Un euphémisme pour celle qui a été arrachée à la chaleur de son foyer à l’âge de sept ans (vers 1877) par des négriers pour être vendue comme esclave.

Le choc est tel qu’elle en oublie son nom de naissance et sa langue maternelle. Renommée Bakhita par ses geôliers, elle passe de main en main jusqu’à atterrir chez le consul italien de Khartoum. Celui-ci la traite avec bienveillance et lui donne le prénom de Joséphine.

Education catholique

Poussé par les prémisses d’une révolution, le fonctionnaire rentre en Italie. La jeune fille le suit. Au port de Souakin, le consul retrouve l’une de ses connaissances, le commerçant Augusto Michieli accompagné de son épouse, à qui il offre Bakhita. L’esclave soudanaise rejoint alors la Vénétie avec ses nouveaux maîtres.

En moins d’un an, la famille multiplie les allers-retours entre l’Italie et le Soudan. Alors que Maria Michieli se rend une nouvelle fois à Souakin, elle confie Bakhita et sa fille aux sœurs canossiennes, qui dirigent un institut à Venise.

C’est là que commence l’éducation catholique de l’esclave, sous l’œil bienveillant de la sœur supérieure. Bakhita découvre Dieu, à qui elle vouera le reste de son existence.

Patronne du Soudan

Au bout de neuf mois, Maria Michieli fait son retour avec la ferme intention de récupérer sa propriété. Pour la première fois de sa vie, l’esclave ose dire « non ». A l’issue d’un procès retentissant au cours duquel Maria Michieli veut faire valoir ses droits, un procureur prononce l’affranchissement de la Soudanaise. En Italie, l’esclavage n’existe plus. Nous sommes en novembre 1889, Bakhita a vingt ans, elle est libre. L’année suivante, celle que tout Venise surnomme la Madre moretta est baptisée, confirmée puis reçoit la communion.

En 1895, à Vérone, elle prend l’habit des sœur canossiennes et reçoit la médaille de l’ordre des filles de la Charité. Béatifiée le 17 mai 1992, Jean-Paul II la déclare trois ans plus tard, patronne du Soudan, avant d’instruire son procès en canonisation en octobre 2000. Elle est fêtée le 9 février.

Ne suis-je rien pour vous ?

Comment être un ferment dans un monde qui s’est détourné de Dieu et de sa Parole, la Bible ? Le Créateur de l’univers est l’Auteur de la Vie. Si je me tourne vers mon Créateur, que je renonce à vouloir vivre en dehors de sa présence, Il insufflera en moi la vie de son Esprit. Alors mon être sera transformé. Renouvelé de l’intérieur, je porterai du fruit, et c’est Dieu qui l’aura produit en moi.
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Une nouvelle prieure chez les Dominicaines

Les moniales du Monastère des Dominicaines d’Estavayer ont tenu leur chapitre le 29 novembre dernier et ont désigné une nouvelle prieure pour les trois années à venir. Laquelle n’est autre que celle qui avait déjà occupé ce rôle dans le passé. Mais oui, c’est Sœur Monique Ribeaud qui succède à Sœur Anne-Sophie Porret, arrivée au terme de son mandat de trois ans.
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La perspective dans l’art sacré

La Vierge et l’Enfant Jésus (basilique du Saint-Valentin à Lausanne) s’inspire des techniques du Moyen-Age. Il n’y a pas de recherche de profondeur : la Vierge et Jésus sont sur le même plan, sans profondeur.

TEXTE ET PHOTO PAR PIERRE GUILLEMIN

L’une des plus grandes inventions mathématiques dans le domaine de l’art et donc dans l’art sacré est certainement la représentation de la perspective.

Les mathématiques, la peinture et le dessin sont étroitement liés non seulement dans leurs fondements théoriques, mais aussi dans leurs applications pratiques. La base des techniques de perspective repose sur deux théorèmes de géométrie fondamentaux : Pythagore et Thalès.

Représentation du réel

Pour mémoire, la connaissance de la perspective ne progresse pas pendant le Moyen-Age, où l’aspect symbolique prédomine sur la représentation du réel. Il n’est donc pas anodin que les artistes italiens des XIVe et XVe siècles (Giotto, Donatello…) utilisent les premiers principes de perspective définis par Leon Battista Alberti (1404-1472) en même temps que le nombre zéro apparaît dans les traités de mathématiques de l’époque. Dans son ouvrage « De Pictura » (1436), Leon Battista Alberti recommande « qu’un peintre soit instruit, autant que possible, dans tous les arts libéraux, mais […] surtout qu’il possède bien la géométrie ».

Léonard de Vinci, dans son « Traité de la peinture » (vers 1500), écrit : « Le jeune homme (l’apprenti peintre) doit d’abord apprendre la perspective, ensuite les proportions de toutes les choses », car « la perspective est bride et gouvernail de la peinture ».

Art et sciences se mêlent alors pour une maîtrise des apparences. L’idée de représenter une scène réaliste prend alors toute sa dimension dans l’art : les personnages sont dans un contexte (paysage, bâtiment, assemblée…) et leur importance se mesure à leur place dans l’espace.

Par perspective, on entend une modélisation calculée du dessin qui permette de « perspicere » : c’est-à-dire de voir au travers.

Invitation à voir autrement

Le mathématicien Johann-Heinrich Lambert (1728-1777) dont l’œuvre mathématique, scientifique et philosophique est considérable, – originaire de Mulhouse, cité-Etat alors rattachée à la Suisse –, pose définitivement dans ses publications les éléments clés de la perspective comme étant à l’intersection entre la géométrie, la pratique du dessin, l’esthétique et la philosophie et qui finalise l’ensemble des recherches sur le sujet. Tous les autres traités parus depuis s’inspirent de son œuvre.

La perspective ne nous surprend donc plus ? Suivant les travaux de Lambert, mathématiquement non, artistiquement oui ! D’où les peintures et vitraux de Chagall, les peintures de Picasso, Dali, entre autres, qui transforment notre vision « naturelle » de la perspective et nous invitent à voir autrement.

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