« Tout est accompli »

Par Fabienne Gigon, représentante de l’évêque à Genève | Photo : cath.ch

Chère Lectrice, cher Lecteur,

« Tout est accompli ». Ces paroles sont les dernières de Jésus, en croix, dans l’évangile de Jean (Jn 19, 30). Les prochaines seront celles du Ressuscité, méconnaissable, et s’adresseront à Marie de Magdala : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » (Jn 20, 15).

Le désir de notre cœur serait de sauter hâtivement de l’une à l’autre, de l’effroi et du déchirement de la croix au réconfort de la présence du Christ.

Pourtant, c’est bien la croix, le symbole de notre foi. Celle qui, peut-être, orne une porte de notre foyer. Celle qui scintille à notre cou en un bijou précieux reçu pour une occasion spécifique. Celle que nous signons sur notre corps à l’entrée d’une église, notamment, et lors des célébrations en communauté, d’un seul cœur. Celle des sommets de nos clochers et de nos montagnes. Celle qui déplace notre regard et souvent nous fait lever les yeux.

C’est pour cette raison que, il y a de nombreuses années, lors d’une retraite dans l’abbaye cistercienne de Hauterive et devant de petites aquarelles d’un moine souhaitant rester anonyme, je choisis entre une superbe Annonciation et un Christ en croix cette dernière. J’acquière ainsi mon premier tableau : un carré de 18 cm au cadre doré et vieilli apportant une douce lumière à ce Jésus crucifié. Corps et croix bleus sur fond ocre, stigmates bordeaux, halo tenu entourant le frêle corps et un visage « ouvert » sur le support de papier granuleux que j’interprète, malgré une tête inclinée, comme une représentation d’un Christ glorieux, ressuscité, qui élève mon regard. 

« Tout est accompli ». Vraiment ?

Cette parole, qui m’accompagne de longue date, vient me déranger bien souvent tant ma vie et le monde m’apportent maintes occasions de vérifier que tout n’est guère achevé et que le salut est ô combien nécessaire. Si parfois je l’oublie, prise dans un quotidien effréné, ce tableau réactive mon questionnement. Certes, « tout est accompli » du point de vue de l’Ecriture (Jn 19, 28), pourtant la portée des paroles du Christ, déjà opérantes est encore à venir. Et c’est là le terreau de notre confiance et espérance : par son incarnation, sa mort et sa résurrection, le Seigneur nous rend participatifs du salut de nos vies et du monde. Il nous offre l’Esprit Saint (Jn 20, 22), que nous célébrerons tout particulièrement le 28 mai prochain lors de la fête de la Pentecôte.

« Tout est accompli ». Du Vendredi saint à la Pentecôte, que ce temps pascal nous fortifie dans l’assurance d’un Seigneur présent dans notre quotidien, quelles que soient les situations que nous expérimentons, au cœur de nos vies, nous offrant son Esprit pour être au monde selon son exemple. 

Montées vers Pâques, une parenthèse de communion

« Ils sont finis, les jours de la passion ; suivez maintenant les pas du Ressuscité. » C’est par cette bénédiction solennelle que se sont terminées les Montées vers Pâques. Pour le Triduum pascal, des enfants, des jeunes et des familles se sont rassemblés avec leurs pairs pour méditer, prier et vivre ensemble les derniers jours de la Vie de Jésus, son passage de la mort à la Résurrection. Une expérience spirituelle et communautaire forte dont nous vous proposons quelques souvenirs en images.

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Le droit à l’identité

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, religieux et laïcs de 8 pays se réunissent pour travailler en réseau à la protection des enfants.Ils créent, en 1948, le Bureau international Catholique de l’Enfance (BICE). Il œuvre aujourd’hui à promouvoir et défendre la dignité de chaque enfant, en tant qu’être humain à part entière et sujet de droits.

Par Myriam Bettens | Photo : BICE

L’association, reconnue par le Saint-Siège, œuvre en faveur des enfants en situation de vulnérabilité. Le Bureau international Catholique de l’Enfance (BICE) effectue un travail de recherche, de mise en réseau, de formation, de plaidoyer auprès de l’ONU pour influencer les politiques publiques et met en place des projets de terrain. Alors que l’Assemblée générale des Nations unies adopte en décembre 1948 la Déclaration universelle des droits de l’homme, un groupe de religieux et de laïcs de 8 pays s’unissent pour que le droit des enfants ne soit pas oublié. Ces derniers ne seront entérinés qu’en 1959 par la Déclaration des droits de l’enfant. Le BICE participe activement à l’élaboration de ce texte constituant le socle de ce qui deviendra en 1989 la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE).

La CIDE a été signée par 196 Etats, et ratifiée par 195 (à l’exception des Etats-Unis). Un grand nombre de pays possèdent aujourd’hui un code de l’enfant dans leur législation nationale et se sont également dotés d’un défenseur des droits de l’enfant. Bien que les Droits de l’enfant progressent dans le monde, sur le terrain, l’application de ces réglementations n’est pas toujours chose aisée. C’est pourquoi, outre son engagement auprès des instances internationales, le BICE poursuit ses actions de terrain au niveau local pour garantir à tous les enfants le droit à grandir dans la dignité.

Les enfants invisibles

« Soglo a été privée d’école pendant près d’un an. Un an à tourner en rond, livrée à elle-même, ou à aider ses parents dans leurs activités professionnelles. La raison de cette exclusion du système scolaire ? Elle n’a pas été enregistrée à l’état civil à sa naissance ». Sans cette formalité administrative, pas d’existence légale et impossible de continuer les études au-delà d’une scolarisation de base.

Dans la région rurale du sud-est du Togo, cette réalité n’est pas rare. Beaucoup de parents n’ont eux-mêmes pas été scolarisés et ne comprennent pas l’importance d’un acte de naissance. De plus, avant janvier 2022, le coût de cette formalité représentait un frein pour nombre de familles. Le BICE a soutenu entre septembre 2020 et février 2022 le projet d’un de ses partenaires locaux afin d’aider ces enfants dits invisibles à recouvrer leurs droits. 

D’une part, en prenant en charge sur le plan administratif et financier les démarches à réaliser auprès du tribunal puis de la mairie pour obtenir un jugement supplétif d’acte de naissance, afin de les remettre à des enfants jusqu’alors « invisibles », leur permettant notamment de continuer l’école. D’autre part, en menant des actions de sensibilisation auprès des habitants et des chefs communautaires, car la fraude à l’état civil est un autre problème récurrent. 

En effet, certains agents enregistrent les naissances hors délai ou fournissent de faux actes de naissance en échange d’un pot-de-vin. Les parents se retrouvent doublement lésés : ils perdent le peu d’économies qu’ils possèdent en pensant régler le problème et reçoivent en échange un acte qui n’a aucune valeur légale. L’équipe de l’association togolaise sillonne ainsi la campagne pour informer le plus grand nombre que l’inscription à l’Etat civil est désormais gratuite quarante-cinq jours après la naissance et pour redonner aux enfants concernés un jugement supplétif d’acte de naissance. Un soulagement, mais surtout une joie pour ces enfants privés d’identité.

Vocation par métier

Par Myriam Bettens
Photo : Jean-Claude Gadmer

« Ecoute en toi le paysan, l’artiste, l’homme de loi ou de science, l’ingénieur ou le marin, l’homme d’affaires ou le prédicateur de la Parole. Si tu as questionné ainsi et écouté ainsi, je suis certain que tu trouveras qui tu es », écrivait Paul Ricœur en 1946 à ses élèves. Attardons-nous sur ce que représente pour nous le fait d’« avoir la vocation ».

Dans le monde séculier, lorsqu’on parle de vocation, on pense plus volontiers à un métier dont on va faire profession. Notez bien ce dernier terme : « profession ». A ce titre, la langue allemande emploie le qualificatif de Beruf et celui-ci ne signifie rien de moins qu’un « appel » ! Pour nous chrétiens, cet appel demeure et de mille manières différentes. 

N’oublions pas qu’outre le sacrement de l’ordre, l’Eglise institue tout autant celui du baptême, du mariage et par extension la famille, socle de toute communauté ecclésiale. Nous pouvons donc déjà être prêtres, prophètes et disciples là où nous sommes, dans nos maisons. Car si cette vocation-là s’éteint, rien ne rayonnera plus au dehors et si ce n’est pas moi qui donne à mes enfants la vocation de servir le Seigneur, qui d’autre le fera ?

La der de l’année !

Par Sabrina Faraone | Photo : Pascal Voide, Astrid Belperroud

Le samedi 1er avril 2023, la messe en famille des rameaux pour l’UP La Seymaz a été célébrée à l’église du Bon Pasteur à Puplinge. 

Nombreux étaient les familles, enfants, paroissiens, paroissiennes, venus des quatre coins de l’UP et d’ailleurs, pour faire mémoire de l’arrivée triomphale de Jésus à Jérusalem, de l’entrée en Semaine sainte tout en apportant des rameaux de buis, d’olivier ou de palmier. La célébration a débuté à l’extérieur sous quelques gouttes de pluie… venues du ciel. Après la bénédiction des rameaux, petits et grands se mirent en marche, en procession, pour entrer dans l’église en agitant les rameaux et en chantant l’Hosanna. La messe était animée par la magnifique chorale africaine Amani, l’assemblée était enchantée.

A la sortie de la messe, les conseils de Puplinge-Presinge ont offert à tous les participants un magnifique apéro préparé par leurs soins. Pour marquer cette belle occasion, et avec l’aide des catéchistes, les enfants ont offert à chaque participant un mini-bouquet composé de buis, qui rappelle les rameaux, ainsi qu’une rose rouge rappelant la semaine de la Passion. Une célébration intense et un moment fort vécu par toute la communauté.

Un MERCI de tout mon cœur à toutes celles et tous ceux qui ont contribué à ce que les Messes en familles dans notre UP pour 2022-2023 soient un succès apostolique et humain ! Les familles ont pu célébrer dans chaque église et par cela montré que la « migration » est possible quand on se concentre sur l’essentiel : venir à la rencontre de Celui qui nous appelle, et à la rencontre aussi des paroissien.ne.s locaux. On se réjouit de 2023-2024 ! Votre administrateur, l’abbé Thierry S.

Vocations, où êtes-vous ?

Les vocations religieuses et sacerdotales dans les pays occidentaux sont en baisse constante. S’il n’est pas facile de discerner les causes d’une telle situation, il est important de ne pas tomber dans des considérations simplistes et de rechercher les origines de la dévalorisation d’un idéal si apprécié et si recherché dans la vie de l’Eglise.

Par Calixte Dubosson | Photos : Bernard Hallet/cath.ch, DR

A la question de la baisse des vocations un peu partout en Suisse, le regretté Mgr Genoud *, a eu cette réponse surprenante : « Pour le nombre de pratiquants, il y a encore assez de prêtres. » Il ajoutait que les paroisses doivent devenir mères pour engendrer les pères dont elles ont besoin. Il faut qu’elles manifestent le désir d’une présence sacerdotale et religieuse, il importe qu’elles disent si oui ou non elles ont besoin d’un berger pour les conduire. Cette constatation plutôt réaliste n’empêche pas une réflexion sur la baisse des vocations religieuses et sacerdotales en Europe.

Un constat

Le nombre réduit de vocations dans la vie religieuse a des motivations de divers ordres. Motivations sociologiques tout d’abord : la diminution des naissances et le fait qu’il est toujours plus rare de trouver des familles nombreuses. Des études ont montré que nombre de vocations à la vie presbytérale et religieuse sont issues de familles ayant beaucoup d’enfants. Il est évident que sur un taux de naissance en Suisse qui frôle le 1.5 % par famille, on ne voit pas comment égaler le flux des générations précédentes.

Le moine italien Enzo Bianchi y voit aussi une dimension économique avec l’amélioration spectaculaire des conditions de vie. « Au niveau économique, dit-il, l’aisance généralisée a transformé radicalement le panorama par rapport aux années d’après-guerre qui ont vu naître de nombreuses vocations presbytérales et religieuses dans un contexte de pauvreté et de besoin. » Le confort actuel ne permettrait pas d’entendre l’appel de Dieu, car une société qui a tout ce qui lui faut au niveau matériel ne favorise pas ou moins le besoin de donner sa vie pour Dieu. 

Enjeux de la vocation

« Dans le vaste panorama des possibilités infinies du monde moderne (professions de tout ordre, expériences de vie volontairement limitées dans le temps, voyages), la difficulté est grande pour les jeunes de choisir et de concevoir qu’un choix soit définitif, ainsi que celle de persévérer et vivre une fidélité » m’a confié un confrère dans le sacerdoce. On peut aussi relever par ailleurs leur appréhension devant la nécessité d’une ascèse et de renoncements à tant de choses passionnantes que nous propose le monde actuel. 

Il y a également l’exigence du célibat et de la chasteté qui est très difficile à vivre dans une société hypersexualisée. Même si beaucoup de catholiques pensent qu’il serait bon que le futur prêtre puisse choisir entre le mariage et le célibat et que cette option freinerait la chute inexorable des vocations, il n’en reste pas moins que la vraie raison du célibat et de la chasteté est mystique et non disciplinaire. Elle reste toujours valable : les représentants visibles du Christ invisible sont appelés à pratiquer son genre de vie.

Le message faussé

Impossible de ne pas évoquer la triste réalité des révélations d’abus sexuels ou psychologiques de la part du clergé qui impacte sérieusement et gravement le désir des jeunes de se lancer dans l’aventure du sacerdoce ou de la vie religieuse. Ce phénomène malheureux et sa médiatisation ne peuvent qu’instaurer une méfiance et un rejet inévitables. Un ami prêtre m’a confié que, dans le contexte actuel, une vocation religieuse tient carrément du miracle. A tel point qu’une mère de famille très engagée dans la pastorale de son diocèse et mère de nombreux enfants a confié à son amie : « Auparavant, je priais intensément pour que Dieu choisisse un de mes enfants pour une vie consacrée, mais depuis l’affaire des chanoines abuseurs révélée dernièrement dans la presse, je prie désormais pour que mes enfants ne choisissent pas cette voie. »

Des parents, parlons-en justement. Peu d’entre eux songent à une vocation consacrée pour leurs enfants. Jean-Marie et Geneviève Thouvenot, parents d’un prêtre du diocèse de Lyon n’y avaient pas pensé avant. « C’est comme les autoroutes. Il en faut, mais pas dans notre jardin ! » 

Mais ne dit-on pas qu’une vocation peut naître, s’enrichir et se fortifier d’abord dans le terreau familial ?

Crise des vocations ou crise de la foi ?

La vocation est pour moi liée à la foi. Avant de réclamer des prêtres, des religieux, des religieuses, il faut demander au Seigneur, des croyants qui deviendront par la suite capables de faire le grand saut de la vocation. Aimer le Christ et le faire aimer doit être la préoccupation principale de tout chrétien, des parents jusqu’aux responsables d’Eglise. Une foi sincère et rayonnante est donc nécessaire. Pourtant, Jésus a posé la question : « Quand le fils de l’homme reviendra, trouvera-t-il la foi sur la Terre ? » Notre monde occidental a-t-il perdu la foi ? Alain Houziaux, pasteur de l’Eglise protestante unie de France affirme : « Le plus souvent, on « perd la foi » quand on ne l’a jamais vraiment eue. On a fréquenté l’instruction religieuse, on a fait sa première communion, on a été enfant de chœur, éventuellement on a même eu quelques élans mystiques. Mais, par la suite, la foi est devenue une forme d’adhésion à une tradition et à une éducation. Adhérer à une religion et avoir la foi, ce sont deux choses très différentes. » 

Depuis des millénaires, beaucoup de gens demandaient à Dieu ce que désormais ils peuvent, en partie, se procurer par eux-mêmes. Ils ne voient plus ce qu’une foi et une pratique religieuse apportent. Sans doute aspirent-ils, dans leurs attentes profondes, à passer d’une relation d’utilité à une relation de gratuité et d’amour avec le Dieu de l’Evangile. Mais ce passage est loin d’être réalisé. Le but de la catéchèse pour les enfants, c’est précisément de nourrir une relation d’amour avec le Christ qui a commencé au baptême.

Comment dépasser la crise ?

C’est une tâche difficile. Si nous n’avons pas prise sur la mutation de la civilisation, nous pouvons tout de même agir en Eglise pour enrayer certaines causes internes de la crise. Que toute l’Eglise soit convaincue que les prêtres sont et seront irremplaçables. Il ne peut y avoir d’Eglise, telle que le Christ la veut, sans ministres ordonnés (prêtres et évêques) qui la rattachent, elle qui est le Corps du Seigneur, à la Tête. Contrairement au slogan nocif des années 80 qui a causé beaucoup de tort, nous n’allons pas « vers une Eglise sans prêtres ». Que toute l’Eglise retrouve confiance, sans être ni culpabilisée ni prétentieuse. Aucune personne, aucune institution ne peut se réaliser sans confiance. La nôtre s’appuie non sur nous-mêmes, mais sur la vitalité du Christ Ressuscité et sur son Père, dans l’Esprit d’Amour. C’est le développement chez beaucoup de catholiques d’une authentique vie spirituelle, au sens fort, qui permet d’être et d’agir dans cette confiance reçue de Dieu. 

Concrètement, nous pouvons :

Prier, car le Saint-Esprit n’a déserté ni l’Eglise ni notre monde. Malgré tous les obstacles actuels, des jeunes sont capables de répondre à son appel avec dynamisme, générosité et joie. Des réseaux de prière pour les vocations existent (cf. encadré).

Soutenir les jeunes qui s’interrogent sur une possible vocation. A l’heure actuelle, il faut beaucoup plus de temps pour choisir sa voie et mûrir une décision ferme. Sans doute, nous faut-il prendre des initiatives variées pour accompagner, de manière personnalisée, les jeunes qui se demandent comment discerner un éventuel appel de Dieu.

Parler, car tout ce qui est humain passe par la parole et ce qui ne se parle pas finit par dépérir. Il est important d’oser parler des vocations et de proposer aux jeunes d’y répondre, dans le respect de la liberté de conscience, bien entendu.

Encourager les vocations par la prière

En Suisse romande, nous avons la grâce de compter plus d’une quinzaine de communautés religieuses contemplatives et monastiques. Ces hommes et ces femmes prient aussi pour la vocation de tous les baptisés. Au sein du Centre romand des vocations, une délégation assure l’édition d’un petit fascicule trimestriel, qui s’appelait autrefois le « Monastère invisible » et qui se nomme désormais « Kairos ». Son but : encourager la prière pour les vocations et nourrir la réflexion autour de l’engagement en Eglise. Kairos est également un lien entre toutes les personnes qui, dans les paroisses, portent devant Dieu la prière pour les vocations.

Simone Previte a récemment prononcé ses vœux solennels à l’Abbaye de Saint-Maurice.
En juin 2021, une journée particulière à Saillon en Valais. Deux frères sont ordonnés prêtres en même temps par Mgr Lovey.

Vocation autrement ?

Par Jean-François Bobillier | Photo : Myicahel Tamburini/Pexels

Selon son étymologie, le mot « vocation » fait référence à l’« appel ». Face à ce que l’on nomme la crise des vocations, je me questionne : sommes-nous vraiment en situation d’une baisse des appels de Dieu adressés aux femmes et aux hommes de notre temps ? 

A chacun d’y répondre, mais nul besoin d’entreprendre une étude sociologique poussée pour percevoir en nous et chez nos contemporains une immense soif de sens, d’absolu, de bonheur, d’amour. L’homme est-il donc assoiffé mais incapable de percevoir la Source, autrement dit d’identifier l’auteur de l’appel ? En toute sincérité je n’y crois pas. 

Je suis très impressionné par la capacité qu’ont les personnes rencontrées, notamment à l’hôpital, à dire quelque chose de Celui que je nomme Dieu. Récemment, goûtant aux paroles d’une grande et profonde sagesse prononcées par une petite dame toute fragile, je ne pus m’empêcher de lui poser la question : « D’où cela vous vient-il ? » – « C’est la vie qui me l’a appris » me répondit-elle.

Je cite, en écho, ces paroles de Maurice Zundel : « Dieu ne se démontre pas, Il est la Vie et, dès que l’homme est attentif à sa propre vie, il se heurte à cette Présence merveilleuse, invisible, qui le dépasse infiniment. » Aujourd’hui, les cœurs humains habités de cette « Présence » seraient-ils moins nombreux ? N’y a-t-il pas en réalité abondance de vocations ? Et ne cherchons-nous pas trop à démontrer Dieu ?

A l’écoute de cette parole de Simone Weil : « Chaque être crie en silence pour être lu autrement », je m’interroge encore : les appels ressentis doivent-ils être écoutés, de notre part, autrement ? Sommes-nous encouragés à répondre à ce cri, à cette soif, autrement ? L’accès à la Source peut-il se dessiner autrement ? En somme, l’Eglise est-elle appelée à vivre sa vocation autrement ?

Descente de croix, Collégiale Notre-Dame-de-l’Assomption, Romont

Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer

Parmi les œuvres extraordinaires de la Collégiale de Romont se trouve un décor peint du XVIIe siècle. Il représente une descente de croix qui nous invite à méditer cet « entre temps » entre la mort et la Résurrection.

La composition de l’œuvre épouse l’architecture. Le mouvement nous entraîne dans la partie haute, sous l’arc brisé, en passant de l’obscurité à la lumière. 

Dans les parties basses, les anges portent les instruments du supplice, ou Arma Christi. A la droite du visiteur, les clous et la lance (Jean 19, 23. 34). A la gauche du visiteur, la colonne sur laquelle Jésus a été attaché et le fouet (Jean 19, 1). Ces objets mettent en évidence deux temps de la Passion : d’un côté la mort et de l’autre les outrages survenus pendant les étapes du procès. 

Le second registre fait place à de nombreux personnages. Tout à droite, sainte Véronique présente le Voile de la Sainte-Face. Elle fait le lien entre la condamnation et la crucifixion. En effet, si l’épisode n’est pas attesté dans la Bible, la tradition tient que Véronique a essuyé le visage du Christ alors qu’Il portait la croix.

Aux pieds de Jésus se trouve Marie-Madeleine. Sa chevelure est particulièrement soignée. Avec elle, plusieurs des femmes représentées tiennent des mouchoirs. Elles rappellent la parole du Seigneur : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur Moi, mais pleurez sur vous et sur vos enfants. »(Luc 23, 28) Laissons-nous interroger par cette interpellation : quelles sont nos émotions devant la croix ? Sommes-nous à la place de Marie-Madeleine qui ne voit que le corps de celui qui n’est plus ? Sommes-nous comme le personnage tout à gauche (probablement le donateur) qui est certes à genoux, mais loin de la scène et loin de la lumière ? Ou sommes-nous comme Marie qui n’a pas peur de s’approcher de la réalité de la Passion. Elle porte le corps de son Fils, ne faisant pas l’économie de la mort. Mais, elle est dans la lumière.

Et là est peut-être l’apport le plus intéressant de l’œuvre. La partie la plus lumineuse est celle où se trouve la croix. L’obscurité qui a recouvert la terre (Matthieu 27, 45) se dissipe pour faire place à la Victoire. Une victoire déjà là et pas encore.

Soirée des bonnes nouvelles : renaissance

Après trois années perturbées, la soirée des bonnes nouvelles renaît. Le mercredi 8 février dernier, au rectorat de l’église du Bourg, une quarantaine de personnes se sont rencontrées et ont médité une parole de vie éditée par le Mouvement des Focolari: «Apprenez à faire le bien, recherchez la justice.»

Texte et photo par Florian Boisset

Dans notre marche quotidienne, nous avons toujours quelque chose à comprendre, à améliorer et nous pouvons recommencer en cas d’erreur. Pratiquer la justice nous aide à apprendre à faire le bien.

Dans un deuxième temps nous avons reçu le témoignage d’un responsable de l’institution « Terre des Hommes » qui, par son engagement, contribue à aider les enfants dans quarante pays dans le monde, à guérir de leur maladie. Terre des Hommes à Massongex accueille des enfants de ces pays pour un séjour de convalescence à la suite d’une opération chirurgicale dans notre pays.

Terre des Hommes est particulièrement active au Burkina Faso où la majorité des enfants souffrent de la faim ou de malnutrition. Un responsable local a écrit dans le Journal Courage ce témoignage : « Nous travaillons avec fierté à rendre leur dignité aux personnes déplacées. Lorsque nous prenons en charge un malade et que nous le retrouvons quelque temps après, il nous témoigne de la reconnaissance parce que nous l’avons aidé à aller mieux. Je tire une profonde satisfaction de notre engagement. »

La prochaine soirée des bonnes nouvelles aura lieu le 26 avril à 19h30 au rectorat de l’église du Bourg avec le thème « Contemplation et action ». Bienvenue à chacune et chacun !

A la rencontre d’une catéchumène

Lors de la messe de la Veillée pascale (cette année c’est le Samedi saint au soir, 8 avril), la liturgie invite les fidèles à renouveler leurs promesses de baptême. En outre, depuis les premiers siècles de son histoire, l’Eglise y voit un moment privilégié pour conférer le baptême. C’est ainsi que nous avons voulu donner la parole à Noémie : en tant que catéchumène, elle se prépare à recevoir le baptême, le samedi de l’octave de Pâques, en l’église de Reveurelaz.

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De Prague à Wislikofen

Des jeunes de divers cantons romands profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. Rencontre avec la Vaudoise Malika Schaeffer. 

Malika Schaeffer.

Par Malika Schaeffer
Photos : cath.ch / Bernard Hallet, DR

Depuis près de deux ans, les catholiques du monde entier sont appelés par le pape François à vivre une démarche synodale, c’est-à-dire à cheminer ensemble (le mot « synode » vient du grec synodos signifiant « le chemin commun ») pour découvrir et discerner ce que Dieu attend de l’Eglise du IIIe millénaire. Un projet à la fois ambitieux, stimulant et porteur d’espérance dans une société dans laquelle les questions religieuses suscitent bien souvent des réactions contrastées. 

Ce « chemin commun », j’ai eu la chance de l’expérimenter de manière concrète comme déléguée en ligne et en compagnie de dix autres délégués suisses dans un ancien couvent bénédictin à Wislikofen (AG) et dans le cadre de l’étape continentale du Synode. Cette étape a réuni à Prague, du 5 au 9 février dernier, 39 régions d’Europe, 150 participants (dont 3 Suisses !) et plus de 500 délégués en ligne pour échanger et débattre autour de l’avenir de l’Eglise. 

Ce condensé d’expérience synodale s’est révélé être un apprentissage intense d’écoute et de décentrement. Derrière mon écran, je me suis en effet trouvée devant une Europe mosaïque, dans laquelle notre Eglise présente une grande diversité d’idées et de mentalités. Toutes vivent cependant une prise de conscience profonde et bouleversante de leurs fragilités, notamment celles liées aux abus. 

En compagnie des autres participants, je vis chaque jour et en direct un déplacement salutaire, émouvant et parfois révoltant. L’Esprit Saint est invité et plane au centre des réflexions, car un consensus se dégage : il est nécessaire que l’Eglise reconnaisse rapidement la vocation et la dignité de tous les baptisés et de tous les charismes. Sans craindre de se briser, l’Eglise devra désormais avoir le courage de vivre avec une série de tensions nécessaires et inévitables dans notre monde sécularisé pour, telle une fine équilibriste, « être dans le monde sans être du monde ».

Les végétaux connectés

Par Pierre Guillemin | Photo : DR

Cicéron montre que le terme religio (religion) vient de legere (« cueillir, ramasser ») ou encore religere (« recueillir, récolter »). Nature et religion sont donc liées et ne sont rien sans le vivant : les dernières recherches scientifiques sur les végétaux nous indiquent qu’ils possèdent un langage, une communication, qui en fait des êtres vivants à part entière faisant partie intégrante du monde religieux.

Quels sont les éléments principaux du langage des plantes ?

Les couleurs et les formes

Nous savons que les fleurs violettes ou bleues attirent plus facilement les abeilles, car celles-ci perçoivent très bien les couleurs dans cette partie du « spectre visible ». Les fleurs blanches en revanche sont plus visibles la nuit et attirent les papillons de nuit. 

La chimie

Les plantes envoient et reçoivent des signaux souvent au moyen de composés organiques. Il s’agit d’informations destinées à les protéger, elles ou leurs congénères, ou à permettre leur reproduction. Dans le sol, les poils fins des racines des plantes peuvent par exemple reconnaître les signaux chimiques d’autres plantes. Les racines de certaines plantes cessent de croître dans la direction de leurs congénères. Des arbres et d’autres plantes vivent en symbiose avec les champignons : les champignons rendent les aliments difficilement disponibles dans le sol accessibles pour la plante, qui en retour produit dans ses feuilles des composés organiques qu’elle met à disposition des champignons comme nourriture via ses racines. Ce réseau relie même des plantes entre elles. Par exemple, les haricots peuvent avertir leurs congénères s’ils sont attaqués par des pucerons, via le réseau de racines et de filaments de champignons, afin que les haricots sains puissent produire aussi les substances de défense correspondantes.

Les sons

Les racines font des sons en émettant des bruits dans la fréquence des ultrasons. La question que se posent les scientifiques est de comprendre comment les autres végétaux peuvent capter ces signaux sonores. Une telle découverte nous permettra d’enrichir notre approche de la communication entre les êtres vivants en incluant les végétaux. 

Retrouvons le dialogue avec les végétaux : les végétaux nous donnent une leçon d’humilité, nous rappelant que l’être humain n’est pas le sommet du monde vivant, mais une composante de la vie. Comme saint François d’Assise, nous disons : « Loué sois-Tu, mon Seigneur, pour sœur, notre mère la Terre, qui nous soutient et nous gouverne et produit divers fruits avec les fleurs colorées et l’herbe. »

On leur dit merci ! Des servants de messe témoignent

Depuis août 2022, Cay (une fille) et Mats (un garçon), des jumeaux d’une dizaine d’années, servent la messe dans les paroisses du Haut-Lac. On les rencontre aussi bien à Vionnaz qu’à Vouvry, au Bouveret qu’à Port-Valais. Leur maman les a interrogés. Ils nous parlent avec spontanéité et fraîcheur de leur récent engagement.

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