« Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir chrétien ?
Qui est Dieu pour vous ? Qui est Jésus pour vous ? Qui est l’Esprit Saint pour vous ?
Comment réagissez-vous si l’on insulte votre religion ? Pourquoi n’y a-t-il pas de solution pour faire la paix ? Avez-vous des moments de doute ? Avez-vous déjà ressenti la présence de Dieu ?
Est-ce que le fait d’être croyant vous apporte quelque chose ?
Est-il facile pour vous de demander le sacrement du pardon ? »
Archéologie agaunoise
Par le chanoine Olivier Roduit | Photos : cath.ch / Raphaël Zbinden, DR
Le chanoine et archiviste Pierre Bourban (1854-1920) avait lu maints textes anciens qui racontaient les origines du monastère agaunois. Ces documents évoquaient des constructions inconnues dont les fondations devaient bien subsister. En 1896, aidé par des étudiants, il commença à creuser dans ce qui était encore la cour de récréation du Collège. Le site du Martolet révéla peu à peu ses trésors archéologiques. Les fondations des anciennes basiliques apparurent, permettant la compréhension des vieux écrits. Bourban eut la surprise de découvrir, réutilisées dans les constructions, des stèles portant des inscriptions latines. Leur étude révéla la présence d’une vie religieuse à l’époque celtique, bien avant Jésus-Christ. On trouve à Agaune des traces du culte de la tribu des Nantuates qui furent colonisés par les Romains et leurs divinités Jupiter, Mercure et autres Nymphes. Celles-ci disparurent avec la christianisation et la construction des quelque dix basiliques qui se succédèrent dès le IVe siècle.
Aujourd’hui, grâce au progrès des sciences archéologiques, historiques, linguistiques et muséographiques, visiteurs et pèlerins peuvent lire et comprendre plus de 2’000 ans d’histoire religieuse vécus sur le site de Saint-Maurice d’Agaune.
Jean-Marie Lovey en visite à Martigny
Lorsque nous préparions la visite pastorale de l’évêque à Martigny, le mot d’ordre était de présenter à notre évêque Mgr Jean-Marie Lovey et à son vicaire général Pierre-Yves Maillard, le quotidien de la vie de notre paroisse en toute simplicité et vérité. Après une semaine bien intense vécue juste avant Noël, nous pouvons nous réjouir de la vie de l’Eglise qui est à Martigny sous ses trois aspects principaux que sont la catéchèse, la diaconie et la liturgie.

Par Simon Roduit | Photos : Gérard Puippe, Simon Roduit, Marion Perraudin
La joie d’avant Noël – Même si la vie de notre paroisse est marquée depuis quelque temps par la maladie de notre curé Jean-Pascal, le quotidien d’une vie de paroisse les semaines qui précèdent Noël est plutôt chaleureux : les messes rorate au petit matin, dans l’ambiance toute recueillie de la lumière des bougies, les vins chauds conviviaux à la sortie des messes, ou encore les soirées du pardon pour se préparer à la fête de la Nativité de Jésus. L’évêque a ainsi pu confesser abondamment, accompagner les enfants des fenêtres catéchétiques et partager en toute simplicité avec les enfants et les mamans du foyer Abraham, beau lieu de la diaconie de notre paroisse.
« Tout à tous » – « Je me suis fait tout à tous » dit saint Paul, l’apôtre de la première évangélisation. C’est ce que notre évêque a réalisé ici à Martigny durant cette visite, passant d’une soupe de la pastorale de rue à une assemblée d’adorateurs, d’une rencontre d’un groupe de jeunes à une messe en petit comité dans un home. Dans toutes ces situations diverses, il a su avoir une parole pour chacun et chacune.
La rencontre avec les autorités politiques de notre secteur nous a permis de réfléchir ensemble sur les défis de notre société actuelle, dans une attitude de collaboration et de service pour la population.
Par son oreille attentive envers tous, l’évêque nous a montré un visage du Christ qui accueille et accompagne chaque personne sur son chemin de vie. Nous avons ainsi été encouragés dans nos réflexions pour nous faire proches de tous, annoncer l’Evangile et en vivre concrètement.
Une visite encourageante – Le nombre de mains serrées et de discussions partagées ont permis à notre évêque de sentir « l’odeur du troupeau », de se représenter les joies et les peines de la vie de nos communautés, puis de donner une parole qui a été ressentie comme un véritable encouragement. La rencontre de différents Conseils de communauté du Secteur fut un moment très beau : pouvoir exprimer librement les joies et les difficultés a suscité un partage d’idées fécond entre les différentes communautés. La grâce de la visite de l’évêque consiste spécialement dans cet élan suscité par le rassemblement autour d’un même pasteur. Lorsque nous sommes réunis, la vie circule mieux, le corps du Christ se construit plus harmonieusement.
Merci à notre évêque, Mgr Jean-Marie Lovey, pour cette semaine qui a permis à notre paroisse d’être réaffermie dans sa mission d’évangélisation.

Le nouveau Conseil de paroisse élu tacitement
Paroissiens et paroissiennes n’auront pas besoin de se rendre aux urnes. Il n’y aura pas de scrutin pour désigner les neuf membres qui siégeront au Conseil de paroisse ces cinq prochaines années. Une seule liste – celle émanant dudit conseil – ayant été déposée dans le délai imparti au 30 janvier dernier, le futur conseil de 9 membres – six anciens et 3 nouveaux – est élu tacitement.
Jubilaires de mariage
Noces d’orchidée, d’or, de vermeil, de rubis et de coton : cinq couples ont fêté leur jubilé de mariage à Vouvry le 11 décembre 2022 à l’église de Vouvry. Félicitations !
Archéologie biblique
L’archéologie biblique consiste en l’étude du passé de la Terre Sainte (actuels Palestine, Israël, Liban, Syrie, Jordanie) et plus généralement de tous les territoires concernés par la Bible. Aujourd’hui, cette discipline se veut objective et les recherches sont effectuées sans préjugé.
Par Pierre Guillemin | Photos : Jean-Claude Gadmer, DR, Flickr
L’archéologie biblique pratiquée dès la seconde moitié du XIXe siècle partait des textes bibliques pour orienter les recherches. Mais en agissant ainsi les archéologues préorientaient leurs recherches introduisant un biais, c’est-à-dire un potentiel manque d’objectivité, dans leur démarche.
De nos jours, les fouilles et recherches sont effectuées sans préjugé, sans lecture préalable des textes, afin de préserver le plus possible l’objectivité de la démarche scientifique. Ce n’est qu’une fois le travail des archéologues réalisé que l’on pourra comparer les conclusions scientifiques avec les textes religieux.
Dans le cas de la Chrétienté, où l’on parle alors d’archéologie chrétienne, le but est de vérifier les vérités essentielles de l’Ancien et du Nouveau Testament par la découverte de vestiges matériels des populations anciennes en cherchant, en fouillant les sols et en faisant les investigations et conclusions scientifiques qui s’imposent, sans interférer avec les textes bibliques ou des Evangiles.
Si l’archéologie, et en particulier l’archéologie chrétienne, se veut scientifique, elle s’appuie sur une démarche précise basée sur les quatre règles fondamentales suivantes (communes à toutes les disciplines scientifiques) : la neutralité, la prise en compte des échecs, le doute et l’expérience pratique confirmant la théorie.
Mais cette démarche qui modèle nos esprits cartésiens n’est pas nouvelle. C’est celle de saint Thomas !
Visites papales
Rappelons-nous : lorsque Jésus ressuscite, Thomas l’Apôtre refuse de croire avant d’avoir vu les preuves de la Crucifixion : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous et si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous et si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirai pas. » Jésus répond : « Avance ici ton doigt et regarde mes mains ; avance aussi ta main et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais sois croyant », puis « parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru ! » (Jean, 24-29).
Parmi les archéologues les plus connus ayant participé significativement à cette archéologie chrétienne, citons le père Michele Piccirillo (1944-2008), franciscain membre des frères Mineurs de la Custodie de Terre Sainte. Il est lié aux découvertes archéologiques du Mont Nébo, la montagne jordanienne d’où Moïse contempla la Terre Promise. Le 9 mars 2000, preuve de la reconnaissance du travail des archéologues et en particulier du père Michele Piccirillo, le pape Jean-Paul II visite le mont Nébo, au cours de son pèlerinage en Terre Sainte, suivi le 9 mai 2009 par le pape Benoît XVI au cours de son voyage apostolique dans la même région. Ces deux visites papales avalisent le travail des scientifiques et leur donnent leur valeur sacrée.

Citons deux exemples significatifs du travail des archéologues et de l’application d’une démarche scientifique à l’archéologie chrétienne.
La maison dite de Jésus à Nazareth
La demeure se situe sur le flanc d’une colline rocailleuse de Nazareth (Israël). Elle est érigée de murs de pierres et de mortier et, d’après les travaux de datation, remonterait au premier siècle de notre ère. Cette maison n’est pas une découverte récente. Elle est connue depuis 1880 par les sœurs du couvent de Nazareth, mais le lieu fait l’objet de nouvelles fouilles depuis 2006. Est-ce la maison où a grandi Jésus ? Les données archéologiques actuelles ne permettent pas de l’affirmer, mais on peut au moins dire que, si Jésus a bien vécu à Nazareth, il a habité dans une maison similaire.
De nombreux objets ont été trouvés sur le site : des morceaux de pots brisés, un volant de fuseau (pour filer la laine et autres fibres de tissu) et des récipients de calcaire. Ces différents indices laissent penser qu’une famille juive y vivait.
Une église a été érigée sur ce lieu, deux siècles après Jésus Christ. Elle porte le nom d’« église de la Nutrition ». L’étude des textes historiques montre que l’édifice fut abandonné vers le VIIIe siècle et tombait en ruine. Les Croisés, arrivés en Terre Sainte au XIIe siècle, ont alors entrepris de le restaurer. Ce qui laisse à penser que Byzantins et Croisés accordaient une importance très grande à ce site.
Mais venant s’ajouter aux conclusions, un document de 670 corrobore le fait qu’il s’agit de la maison de Jésus. Son auteur, l’abbé Adomnan, du monastère écossais de l’île d’Iona (nord-ouest de l’Ecosse), se fonde sur le pèlerinage de l’évêque gaulois Arculfe (pèlerinage de neuf mois réalisé plusieurs années auparavant) qui mentionne une église « là où il y avait la maison dans laquelle le Seigneur a été nourri dans son enfance ».
Mais la recherche historique et scientifique ne peut prouver l’existence d’un évêque gaulois du nom d’Arculfe…

de l’église du Saint-Sépulcre.
Le tombeau de Jésus – le Saint Sépulcre
Fin octobre 2016, pour la première fois depuis au moins deux siècles, le tombeau du Christ, situé au cœur de l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem, a été ouvert.
Un phénomène inexpliqué s’est alors produit : lorsque la plaque de marbre posée au-dessus du tombeau présumé de Jésus a été déplacée, tous les appareils servant à mesurer la résonance électromagnétique du sol sont tombés en panne (principe de la résonance électromagnétique : en plaçant un objet dans un champ magnétique et en l’excitant avec une onde de fréquence adéquate, on peut connaître, grâce au signal qu’émet cet objet en retour, des détails sur sa composition chimique).
Une fois les appareils scientifiques remis en marche, les investigations effectuées sur le site confirment que les restes des pierres calcaires vénérées par des millions de fidèles comme l’un des lieux les plus saints du christianisme est bien le même site que celui découvert par les délégations de l’empereur romain Constantin, il y a près de 1700 ans.
Le mortier prélevé entre les amas de calcaire à la surface du tombeau et la dalle en marbre qui le recouvre a été daté aux environs de 345 après Jésus-Christ. Selon les récits historiques, le tombeau a été mis au jour par les Romains et recouvert en 326 de notre ère.
Selon des récits de pèlerins, le revêtement de marbre aurait été installé en 1555 au plus tard, et plus probablement au milieu du XIVe siècle.
Quand le tombeau a été ouvert, dans la nuit du 26 octobre 2016, les scientifiques ont été surpris par ce qu’ils ont découvert sous le revêtement en marbre : un autre revêtement en marbre, beaucoup plus ancien et gravé d’une croix, visiblement endommagé et reposant directement sur le tombeau originel en calcaire.
Les nouveaux résultats révèlent que la dalle de marbre inférieure a probablement été cimentée au milieu du IVe siècle sous les ordres de l’empereur Constantin, provoquant la surprise des historiens spécialisés dans l’histoire de ce monument sacré.
Principe fondamental
Les découvertes archéologiques constituent la meilleure source d’informations physiques sur la vie et l’époque des anciennes civilisations. L’archéologie biblique moderne cherche sans préjugé, sans idée préconçue, en respectant ce principe scientifique fondamental : « L’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence. »


De la chrysalide au papillon

La raison et la pensée humaine ne sont pas parvenues à résoudre les questions relatives à la dignité de l’homme. Tous les efforts de l’humanisme triomphant se heurtent à l’impossibilité de répondre au problème du péché, du mal, de la mort. L’échec de l’homme autocentré s’expose dans un désastre exponentiel. Il défend sa liberté contre Dieu, dans la revendication sans limite de ses droits. Notre Créateur a pourtant ouvert le chemin vers la vie, la paix, la justice. Il a pris à son compte le péché, nous offrant en Jésus-Christ, la vie véritable qui n’habite pas l’homme naturel.
Texte et gravure par Olivier Taramarcaz
L’homme absorbé – David donne écho à la pensée de ceux qui rejettent Dieu : « Il n’y a pas de place pour toi dans leurs pensées. » (Ps 86, 14) * « Jamais ils n’invoquent l’Eternel ! » (Ps 14, 3) L’athée (l’homme sans Dieu, moral ou a-moral), et le païen (l’homme-dieu, polythéiste ou ésotérique), enflés d’eux-mêmes, confinés dans leur pensée, s’affirment dans un temps borné dont ils attendent tout, ignorant pourtant tout de leur attente. Leur dépendance et leur attachement au flux tendu des événements du monde, ne leur laissent pas de répit, ni aucune place pour une espérance extérieure à leur perception sensible. Capté par son appétit, l’homme reste captif de ses désirs, dans une forme d’égarement actif. Il croit à sa raison comme si elle était raisonnable, et se complait dans l’animalité de son être sensible : je sens donc je suis. Martin Heidegger évoque « l’attente mondaine » de ceux qui n’ont d’autre but que de satisfaire leur vie naturelle : « Leur attente est absorbée par ce que la vie leur apporte. » 1
On peut rater le rendez-vous avec Dieu en l’ignorant, ou en se plaçant au-dessus de sa Parole, la Bible. Tout au long des Ecritures, les prophètes ont abondamment souligné l’attitude de l’homme sans limite, sans loi autre que celle de sa subjectivité : « Celui dont l’âme s’enfle au-dedans de lui […] ne demeure pas tranquille. […] Il est insatiable. » (Habakuk 2, 5) L’homme sans Dieu, comme l’homme-dieu, est saisi de cette soif jamais satisfaite, jamais rassasié de gaver son « moi », de déployer sa volonté de puissance, de se démultiplier devant l’écran de son ego, de gonfler la bulle de ses fantasmes. L’apôtre Jean observe que le Seigneur n’est pas le bienvenu dans la vie des hommes : « La lumière est venue dans le monde, et les hommes ont aimé les ténèbres plus que la lumière. » (Jn 1, 9)
L’homme désespéré – Depuis des millénaires, la pensée humaine s’active pour poser un socle de connaissance qui permettrait à l’humanité de progresser, selon le schéma mécaniste de l’évolutionnisme. Le constat est amer : malgré tous les savoirs et connaissances accumulés, toutes les découvertes successives, l’humanité ne connaît pas de « success story ». Elle ne peut ni se réjouir dans un « happy day », ni se projeter vers un « happy end ». Elle se trouve toujours plus prise en étau, entre ordre et chaos, dans l’incapacité de produire la justice, la paix, la sécurité, la joie, le repos.
Henry David Thoreau a écrit : « La grande majorité des hommes mène une vie de tranquille désespoir. » 2 Ils ont renoncé à considérer la possibilité d’une espérance. L’écrivain franco-américain Jonathan Littell décrit cet état d’enfermement : « Longtemps, on rampe sur cette terre comme une chenille, dans l’attente du papillon splendide et diaphane que l’on porte en soi. Et puis, le temps passe, la nymphose ne vient pas, on reste larve, constat affligeant, qu’en faire ? » 3 S’appuyant sur la perspective biologique, le narrateur espère qu’il pourrait en être de même pour l’être humain que pour le papillon. Mais cela n’arrive pas.
L’homme régénéré – Pourtant, chacun porte cette pensée d’un accomplissement, d’une libération intérieure. D’où cela provient-il ? La Bible nous éclaire : « Dieu a mis dans le cœur de l’homme la pensée de l’éternité. » (Ecclésiaste 3, 11) Cette pensée, il ne peut s’en départir. Elle résonne dans la conscience comme un appel à se tourner vers son Créateur.
Car l’homme n’a ni la capacité ni le pouvoir de s’engendrer spirituellement lui-même, de naître ou de renaître de lui-même (illusion bouddhiste). Dieu seul peut opérer, changer son cœur, le faire naître à la vie spirituelle. La nouvelle vie se manifeste par la confiance placée dans l’œuvre rédemptrice de Jésus-Christ, par la décision de lui abandonner mon être-mort, ma chrysalide, marqués par le péché qui me sépare de la présence de Dieu. En recevant la vie spirituelle de Dieu, je peux expérimenter la nymphose, être ressuscité dès aujourd’hui, par Christ, transformé en une nouvelle créature, comme le papillon.
Bibliographie
* Les citations sans numérotation sont tirées de la Bible, avec mention des passages.
1 Martin Heidegger, Phénoménologie de la vie religieuse, Paris, Gallimard, 2012, 113.
2 Henry David Thoreau, Walden ou la vie dans les bois, [1854], Paris, Gallimard, 1990.
3 Jonathan Littell, Les Bienveillantes, Paris, Gallimard, 2006.
Ohé les jeunes, des rendez-vous pour vous!
Les jeunes ne pratiquent plus ! Les jeunes boudent l’Eglise ! Faux ! Mais ils souhaitent des rendez-vous différents, des célébrations adaptées, de la musique plus moderne, etc. Présentation de nombreux rendez-vous qui leur sont proposés cette année.
Une messe pour les amoureux!
Le 11 février a eu lieu en l’église de Vionnaz une messe pour les amoureux, une occasion de se sentir renouvelés et fortifiés dans son amour ! Le conseil de communauté avait pensé à tout, le choix des textes, la déco, les témoignages, quel beau moment ! A refaire.
La piscine de Bethesda
Par François-Xavier Amherdt | Photo : DR
Ce n’est pas l’exactitude archéologique qui fait la vérité des événements rapportés par les deux Testaments. Même si les fouilles n’ont pas trouvé de vestiges des colonnes constituant un « portique » dans la piscine probatique, ce qui compte, c’est la réalité de la guérison de l’infirme par Jésus, qui soigne l’homme tout entier (Jean 5, 1-18).
Le nom du point d’eau varie entre Bethesda, ou Bethsaïde en hébreu, c’est-à-dire « maison de la miséricorde (beth-hesed) et Bethzata en araméen. Si l’archéologie est précieuse, c’est pour signifier que la Révélation ne se situe pas en des lieux illusoires ou dans un temps mythologique, mais qu’elle est ancrée dans l’histoire et dans le temps, au nom même de l’Incarnation de notre Dieu dans la réalité des hommes.
Le cinquième portique, dont parle l’évangile de Jean, coupait le quadrilatère en deux espaces où se rassemblaient les eaux, utilisées ensuite au temple. Mais à côté de ces deux réservoirs se situaient encore d’autres bassins plus petits, rattachés notamment à un sanctuaire païen de guérison.
Jésus relève le paralysé, réduit depuis si longtemps (38 ans) à son état parce qu’il n’arrivait pas à être plongé dans la piscine au moment où l’ange du Seigneur descendait pour y faire bouillonner l’eau. Le Christ se présente ainsi comme le véritable guérisseur, celui qui donne et restitue la vie du corps et de l’âme. Lorsqu’il rencontre à nouveau l’infirme guéri dans le temple, le Fils de l’homme invite le bénéficiaire de l’acte salvifique à se convertir. Car rien ne sert de recevoir une grâce de libération corporelle si elle ne s’accompagne pas d’un changement de vie spirituelle. Le miracle accompli est donc le signe d’une résurrection globale de l’âme et de l’esprit.
Plus les découvertes historiques permettent de situer concrètement les œuvres de Jésus-Christ, plus celles-ci apparaissent comme crédibles à nos intelligences contemporaines, plus notre connaissance s’étoffe. Reste que la vérité du texte scripturaire échappe aux recherches scientifiques et se place sur le registre théologique du salut que le Seigneur offre à l’humanité.
Témoignage d’espérance d’un apprenti missionnaire
Depuis plusieurs mois, je vis une aventure missionnaire sur les pas de l’abbé Adrien Cishugi et Paul Bulyalugo en République démocratique du Congo dans la région de Bukavu.
Premières impressions de mon séjour sabbatique au Togo
Cela fait maintenant un mois que je réside à Aneho, au Togo, au presbytère de la cathédrale Saint-Pierre et Paul où travaille l’abbé Antoine. J’avais déjà eu l’occasion de découvrir le Kenya, le Sénégal et le Togo par deux fois, mais c’est une expérience toute différente que je vis en ce moment. L’Eglise m’a permis de vivre un temps sabbatique de 3 mois : une chance, un cadeau ! Temps sabbatique pour me ressourcer, découvrir de nouveaux horizons, m’enrichir de nouvelles expériences !
Le parcours Alpha sur le Haut-Lac
Qu’est-ce que le parcours Alpha ? Réponse ici par une participante de ce parcours qui nous conduit à (re)découvrir ou à approfondir notre foi chrétienne.
La solitude des prêtres
PAR JUDITH BALET HECKENMEYER
PHOTOS: JUDITH BALET HECKENMEYER, FRANK JULLIARD
Lorsque ce terme est évoqué, de suite vient à l’esprit le sujet du célibat des prêtres. Mais vivre avec quelqu’un au quotidien est-il gage de ne pas ressentir de la solitude? Même au milieu d’une foule, il est possible de ressentir une solitude extrême.
Mais la solitude peut aussi être une bénédiction, car elle permet de mieux se relier au fond de son être. Jésus n’est-il pas parti pour 40 jours dans le désert avant sa grande épreuve ?
Certains religieux vivent en communauté, mais bien souvent les prêtres vivent seuls.
Ils ne manquent certainement pas d’occasions de réunions, de conseils de tous ordres, de rencontres privées avec leurs paroissiens, mais la fonction qu’ils occupent mettrait-elle une barrière à de solides relations amicales, ou à oser demander de l’aide ?
Lorsque des difficultés surviennent dans la vie d’un prêtre, vers qui peut-il se tourner pour partager ? Comment se fait-il accompagner lorsque de grandes remises en questions le taraudent ? Car il ne doit pas toujours être facile d’accueillir les souffrances des autres, de porter leurs malheurs, de les accompagner dans la peine, les deuils, les maladies, leur propre solitude. Comme pour tous les frères humains, les prêtres ne sont pas à l’abri des dépressions, des dérapages (dont l’opinion publique avide de scandales se délecte tant actuellement), des suicides. Bref, des maux qui touchent au fond tous les êtres humains. Et lorsqu’il y a maladie, dans la fin de vie, la solitude leur est-elle plus grande encore ?
Ce n’est que lorsque la solitude est pesante, qu’il est nécessaire de la rompre. Pour aider, il faut une demande. Pour répondre, il faut une question.
Il est donc de la responsabilité de chacun, prêtre ou non, de chercher de l’aide, des soutiens lorsque la solitude devient difficile à vivre ! De même que lorsqu’elle est nécessaire, bienvenue ou appréciée, de la savourer avec délectation.
De la solitude à l’épanouissement
PAR ROMAINE CARRUPT
PHOTO: PHOTO VAL, ST-PIERRE-DE-CLAGES
Le sentiment de solitude ne doit pas fermer le cœur mais l’ouvrir. Le Seigneur appelle à la vie consacrée celui qui garde son cœur ouvert. « »Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.» (Mt 4, 19-20). C’est dans le discernement et en expérimentant des instants de silence dans la solitude de la prière que l’appel prend sens.
Un cœur détaché de soi-même, débarrassé de tout attachement, peut apporter le sens de la solitude, l’ouvrir au désir d’en vivre régulièrement. Un cœur vide se remplit de Dieu et le rend disponible pour aimer comme Jésus nous le demande.
L’amour divin conjugué à l’amour humain est la rencontre au centre de nous-mêmes. Le mystère de la solitude permet d’atteindre la liberté du cœur, il s’ouvre à Dieu et aux hommes.
Le pape François invite les prêtres qui vivent des périodes de ténèbres à ne pas se replier sur eux-mêmes. Il les invite à sortir d’eux-mêmes, à rayonner la joie, à aller vers le monde et apporter la lumière de Dieu qui est en eux pour rejaillir sur le peuple.
Dans le monde actuel du tout, tout de suite, poser des temps de cœur à cœur avec le Seigneur offre une respiration dans la solitude pour libérer le cœur et l’ouvrir à l’abandon, au lâcher-prise, et permettre à Dieu d’œuvrer en nous.
Vivre le célibat dans l’amour du Seigneur ne ferme pas l’accès aux véritables amitiés. C’est l’ouverture à la découverte de pouvoir aimer quelqu’un pour ce qu’il est, comme le Christ l’a aimé, et ainsi s’épanouir au-delà de l’érotique et du charnel.
Le besoin de relations humaines est légitime, Dieu est Dieu, il peut sembler parfois éloigné. Le confrère, le collègue, une personne avec laquelle nous sommes liés par une amitié profonde, avec laquelle nous partageons une véritable amitié spirituelle dans un dialogue chaste et constructif peut combler ce besoin.
Le prêtre. Qui est-il ?
PAR DANIÈLE CRETTON-FAVAL | PHOTO: ALPHONSE DARBELLAY
En ce temps-là, comme Jésus marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon appelé Pierre, et son frère André occupés à pêcher. Il leur dit: «Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. Aussitôt laissant leurs filets, ils le suivirent, et il les envoya pour que se répande la Bonne Nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre.»
Comme eux, le prêtre s’est senti appelé, un jour, et il a répondu « oui ». Il a fait don de sa vie, qui englobe son avenir, ses facultés, ses joies, ses souffrances, ses rêves de foyer, enfin, l’offrande totale de son soi. Le prêtre accepte cet « Allez » de Jésus avec les scénarios et les défis toujours inconnus de cette vocation au service de Dieu et des autres.
Le prêtre vit aujourd’hui dans une société où les inquiétudes sont nombreuses, avec ce sentiment de ne plus être entendu, lorsqu’il parle d’évangélisation. On pourrait affirmer avec Isaïe : « Qui a cru, Seigneur, en nous entendant parler de toi. » Hélas, souvent, la Bonne Nouvelle se dilue dans les forces incontrôlables dues à la fuite en avant de la mondialisation, de l’économie, des technosciences, des médias, des réseaux sociaux, de la perte de notre culture judéo-chrétienne, qui fut à l’origine de notre démocratie, et résultat : ce tout amalgamé vient nous embrumer le cœur et l’esprit.
Le prêtre, en plus de semer le riche trésor de la Parole avec foi, pour faire croître le Royaume de Dieu ici-bas, doit encore trop souvent avoir des facultés entrepreneuriales pour que la paroisse fonctionne bien dans ses besoins et services matériels qui sont nombreux en ce temps de complexités tout azimut.
Le prêtre, comme le dit notre pape François, est celui qui doit veiller jalousement à ne pas se laisser voler l’enthousiasme missionnaire, la joie de l’Evangile et l’espérance ! Il est chargé de nous arracher au pessimisme ambiant, et nous aider à reprendre conscience des trésors et des ressources contenus et offerts lors de la célébration de l’Eucharistie, par les sacrements et dans les Evangiles. Semer, ressemer sans fin la Parole par l’écrit, par la voix, par la patience, tel est le charisme du prêtre. Servir et encore et toujours servir dans la fidélité à la Parole donnée le jour de l’ordination, dans un combat personnel que la vie impose.
Le prêtre, il est vrai, reçoit la grâce et la miséricorde du Père pour être son disciple, et que Sa Grâce est toute-puissante, mais, j’ose penser quand même que « prêtre » est un sacré job !
Pour conclure : revisitons la prière que sainte Faustine a reçue de Notre Seigneur : « Aujourd’hui, amène-Moi les âmes sacerdotales et religieuses ; immerge-les dans mon Insondable Miséricorde. Elles m’ont donné la force d’endurer ma douloureuse Passion ; c’est par elles, comme par des canaux, que ma Miséricorde et mon Amour se déversent sur l’humanité souffrante. »
Témoignages de nos quatre prêtres
La solitude par Bernard Maire
Photo: Robert Zuber
D’après le dictionnaire, est solitaire non seulement celui qui est seul par obligation, mais aussi celui qui aime à être seul ou à vivre seul par désir ou par besoin. La solitude est donc l’état d’une personne seule, retirée du monde, qui la subit ou qui la cherche.
Je l’imagine pourtant comme une personne tout de noir vêtue : elle me rencontre lorsque je suis vulnérable, lorsque je n’ai pas pris le temps de méditer la parole de Dieu, ou encore de prier l’Office divin.
Elle est ingrate, sournoise et elle se trouve cachée quelque part en moi. Je n’ai pas de remède infaillible, ni de médicaments, aucune potion… rien si ce n’est de me remettre en route et de retrouver la puissance de la prière et de l’Evangile dans le quotidien de ma vie ! ou encore de me laisser faire par Dieu.
C’est Jean Rostand qui a dit : « Etre adulte, c’est être seul ! » On ne le dira jamais assez fort : cette solitude-là peut être féconde et enrichissante quand elle est choisie, souhaitée, voulue, à l’instar du Maître qui aimait à se retirer loin de la foule, pour méditer et prier.
Un temps pour soi par Bruno Sartoretti
Photo: Camp Biblique Œcuménique de Vaumarcuse
Est-il bien judicieux de parler de la solitude du prêtre ?
Le ministère qui nous est confié nous invite à la rencontre des personnes de la communauté afin de répondre à leurs désirs spirituels. Et ils sont nombreux ces désirs, et variés. Pour mieux réaliser la mission, il faut sortir des sentiers battus, de nos églises bâtiments afin de rencontrer l’Eglise vivante, donc prendre le temps d’aller en commissions au village, de prendre un café avec une personne rencontrée sur le chemin, de prendre le temps de discuter, … Il n’y a pas de sentiment de solitude, mais plutôt un sentiment de vie partagée, d’accompagnements mutuels, de soutiens et d’échanges comme dans une grande famille.
Mais il faut aussi des temps pour soi. Des temps pour se ressourcer, pour prier, pour lire la Parole de Dieu,… Des temps pour prendre soin de son corps afin de garder une santé qui permette les rencontres. Si ces temps demandent une certaine solitude, ils sont surtout des temps pour mieux vivre ensemble.
La solitude du prêtre n’est pas un poids qui m’opprime, mais des temps qui m’invitent à mieux préparer la vie de la grande famille de Dieu. La solitude n’est pas un temps où je me sens persécuté ou oublié, mais un temps que je mets à profit pour mieux laisser la place à Dieu, pour qu’Il puisse mieux vivre en moi afin que je puisse mieux le proclamer et en témoigner plus.
Merci donc à vous, les paroissiennes et paroissiens, qui êtes de ma famille. Vous me donnez beaucoup d’espoirs et d’envies par vos paroles et vos présences, par vos bonjours et vos questions, par vos sourires et vos saluts. Merci de faire de moi un homme debout, ressuscité, parce que vous me donnez la présence qui supprime la solitude.
La solitude par Robert Zuber
Photo: Robert Zuber
La solitude je l’ai vraiment rencontrée au moment du Covid où elle est devenue très négative, lourde et presque invivable. Il a fallu l’apprivoiser en donnant un sens à cette nouvelle réalité. Cela a été possible car j’ai osé ouvrir mon cœur à des proches et à un frère prêtre.
Ce qui m’a tenu et qui me pousse à continuer mon ministère dans la joie et la confiance ce sont tous les regards échangés, les sourires, les partages et les rencontres. Et aussi tous ces moments de prière, de célébration, de méditation de la Parole.
Pour moi l’essentiel c’est de rester en relation avec Dieu et avec les autres, c’est aussi la certitude que Jésus conduit son Eglise, les communautés et donc mon ministère.
Aujourd’hui la solitude est un chemin que je prends avec Jésus et Marie, en communion avec celles et ceux qui peinent et qui sont en souffrance.
J’ai encore mieux saisi qu’au cœur de ma solitude, il y a une Présence d’amour qui m’invite à m’ouvrir à Lui et aux autres pour mieux vivre et pour mieux aimer.
Apprivoiser la solitude par Rémy Delalay
Photo: Rémy Delalay
Durant mes 20 années de vie monastique, j’ai appris à apprivoiser la solitude. Comme dans ma cellule monastique, je n’ai à la maison ni radio ni télévision. Le silence à la maison apaise et aide à écouter son cœur et l’Esprit qui parfois se manifeste. J’ai l’habitude des repas en silence et du travail solitaire. Le silence extérieur n’est pas synonyme de solitude intérieure. Bien au contraire, il aide à porter ses proches et le monde dans la prière et les laissent se rendre présents par la communion des saints. Je ne me sens ainsi pas seul.
Dans le ministère, je suis bien entouré par les Conseils de communauté et les Conseils de gestion des différentes paroisses dont j’ai la référence. Les catéchistes, les sacristains et sacristines sont aussi importants et je les rencontre très souvent. On partage toujours un moment fraternel avant les célébrations.
Paradoxalement, c’est quand je suis avec beaucoup de monde que je peux me sentir très seul. Quand l’église est pratiquement pleine et que presque personne ne répond, quand je dois prier le Notre Père pratiquement seul au micro, alors oui, je me sens horriblement seul et triste. Quand je me suis retrouvé plusieurs fois à la messe de semaine seul avec la sacristine, alors oui, je me sens seul et triste. Ces moments sont des instants dans le brouillard, comme sur la photo, mais ils ne durent pas longtemps car le soleil brille en dessus. Et autour de moi, bien des personnes ont des fardeaux bien plus lourdes à porter.
Seigneur, à quoi bon ?
PAR LE PÈRE LUDOVIC LÉCURU | PHOTO: PIXABAY
Rien de ce que j’ai accompli pour toi ne semble porter du fruit.
Jusqu’à présent, j’ai cherché à te suivre.
Finalement je ne sais plus où est le chemin.
J’ai prié davantage, et je ne suis pas plus fort(e) qu’avant.
Je me suis rappelé ton amour, et je me sens bien seul(e).
Je sais que Jésus aussi a connu l’insuccès.
Après son discours dans la synagogue de Nazareth, les gens ont voulu le précipiter du haut de la falaise.
Ses concitoyens ont voulu le lapider.
Les Pharisiens ont conspiré contre lui et fomenté de faux témoignages pour le perdre.
Les gens lui ont préféré Barabbas le bandit.
Jamais, cependant, il ne s’est laissé décourager par les événements.
Il ne s’est pas scandalisé de ce qui lui arrivait.
Il a aimé les siens jusqu’au bout.
Pardonne-moi quand je ne m’appuie plus sur toi avec foi.
Même quand je suis découragé(e), ta grâce est toute-puissante.
Même quand je suis fatigué(e), tu es ma force.
Même quand je compte plus sur moi que sur toi, tu ne m’abandonnes pas à mes pauvres forces.
Assure mes pas sur le chemin de ma vie. Tout est bien, Père, car tu es là.
Amen.
La solitude du prêtre
PAR L’ ABBÉ LÉONARD BERTELLETTO, CURÉ
PHOTO: RAPHAEL DELALOYE
«Il n’est pas bon que l’homme soit seul» (Ge 2, 18) dit Dieu dans le premier des livres de la Bible, le livre de la Genèse. Selon saint Paul, l’apôtre est «mis à part» pour exercer sa mission. Comment concilier ces deux injonctions de l’Ecriture? L’Eglise latine a tranché depuis longtemps, imposant à ses ministres la loi du célibat sacerdotal. Le prêtre est un homme «seul». Ainsi le veut la Tradition. De plus, la communauté, les confrères, ne sont plus aussi porteurs qu’auparavant.
Souffre-t-il parfois de solitude ? Morale, affective ? Poser la question, c’est y répondre. Une disponibilité plus grande est sans conteste laissée à qui choisit cette façon de vivre. Il y a des prêtres qui ne comptent pas leur temps. Mais d’immenses difficultés surgiront dans l’existence de ces hommes seuls si l’équilibre n’est pas trouvé. L’histoire de l’Eglise est affligée d’incessants problèmes à ce propos, de scandales, même. Ces comportements déviants n’évangélisent personne.
Dans l’Eglise de Rome, on ne sait, on ne veut résoudre ces problèmes récurrents. On préfère que l’Eglise se meurt et se suicide petit à petit plutôt que de réformer ce qui doit l’être. Que restera-t-il de notre Eglise d’ici 20 ans ? J’imagine – mais qui suis-je pour me permettre un avis sur la question – l’existence d’un clergé marié, sur le modèle de celui qui anime les paroisses de l’Eglise d’Orient, ce qui n’empêcherait pas que des prêtres célibataires déploient leur charisme, dans le cadre de communautés fraternelles suivant une règle.
Vivons dans la sérénité et l’harmonie, quel que soit notre état de vie, en cultivant l’essentiel, notre foi en Jésus-Christ, dispensateur de vie et d’amour. Que celui-ci comble chacun !
La solitude de nos prêtres
Par vœu, par choix ou par nécessité, la solitude se vit comme une compagne agréable ou comme une souffrance au quotidien. Que ce soit le jeune en recherche de partenaire pour la vie ou la personne âgée ayant perdu son conjoint, nombreux sont ceux qui expérimentent le silence et l’absence à la place d’une relation suivie et complémentaire. Au moment où ce thème est abordé dans la rubrique «éclairage» de notre magazine, il nous a semblé important de donner la parole aux prêtres qui desservent notre secteur pour qu’ils partagent avec nous quelques réflexions sur leur «solitude».
Par l’Abbé Gildas tchibozo

Dire que le prêtre est seul, cela me dérange un peu ; et pourtant, c’est quelquefois la réalité.
Au sens théologique du terme, il est bien vrai que le prêtre n’est jamais seul. Avant de s’en aller vers son Père,
Jésus faisait cette promesse aux disciples: «… Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.» (Mt 28, 20)
Par ailleurs, l’Apôtre Paul affirme dans sa Lettre aux Galates (5, 20): «Si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi.» Donc, en réalité, le prêtre ne devrait jamais se sentir seul ou solitaire. Il est sans doute isolé, du fait qu’il incarne une réalité, que je qualifierais de «mystique», qui gêne les gens de notre époque.
Me sentir seul et isolé, oui, cela m’est pourtant arrivé plusieurs fois ! Je donne juste deux témoignages.
Le premier, c’est quand on m’affecte pour aller d’une paroisse à une autre. Là, je me rends compte que je suis seul, et que je dois y aller seul !
Le deuxième témoignage, c’est surtout après les grandes célébrations paroissiales. L’église est remplie de fidèles (à la sortie de la messe, les paroissiens attendent volontiers pour des échanges, ou même pour l’apéro). Mais, quelques minutes après, la paroisse est vide et je me rends compte que je dois retourner seul à la cure, dans ma chambre. Malgré la présence des confrères prêtres, je me sens seul ; et c’est sans doute aussi leur ressenti. Chacun se sent seul face à lui-même. Néanmoins, en reprenant mes esprits, je culpabilise de me laisser gagner par un tel sentiment, alors que j’ai pleinement conscience que le Christ est en moi et il est avec moi de façon permanente, que j’appartiens à un corps sacerdotal, à une famille biologique, et aussi ecclésiale qui m’entourent. Pourtant, je suis seul ! Alors, j’ai compris il y a fort longtemps que la solitude du prêtre ne se trouve pas dans le fait de son état de vie, comme célibataire, mais plutôt dans son état d’être, en tant que configuré au Christ, seul à Gethsémani, seul sur la croix. Depuis lors, je vis ma solitude avec beaucoup de joie, surtout grâce à la bienveillance des paroissiens qui comprennent mes limites humaines.
Par Joseph Voutaz
Pour moi il y a une bonne et une mauvaise solitude.
La mauvaise solitude correspond à l’isolement et à la fatigue. Elle est un cercle vicieux qui me plonge dans l’activisme. Même si je croise du monde, le cœur reste vide. Le remède consiste à prendre du temps en face de Dieu pour lui confier ma vie et mon cœur.
La bonne solitude correspond au ressourcement. Dans mon ministère, je croise
tant et tant de visages que j’ai parfois besoin de prendre du recul. Etre seul, prendre du recul, prier, ça fait du bien : Jésus prenait lui même des temps prolongés de prière.
J’ajoute que la vie communautaire (pas toujours facile cependant !) est un cadeau inestimable qui fait que je ne me sens jamais vraiment seul !

Par René-Meinrad Kaelin
En complément des articles de Joseph et de Gildas, qui parlent davantage de leur vécu, je vous donne un regard vertical, spirituel sur la solitude du prêtre.
Par rapport à tant et tant de personnes qui vivent dans une profonde
solitude et qui en souffrent tant et plus, je pense que la solitude du prêtre est très différente.
D’abord, elle est CHOISIE :
« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure, afin que ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne. »
Cette solitude n’est pas stérile… elle nous permet de porter du fruit et d’être écouté-exaucé par le Père.
Cette solitude est HABITéE. Le prêtre, fidèle à son engagement, peut dire comme Jésus :
« Je ne suis jamais seul ; le Père est toujours avec Moi. » (Jn 8, 16)
Et il y a la promesse merveilleuse du Christ à Pierre :
« Pierre se mit à lui dire ; Voici, nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi, quelle sera donc notre part ? » Jésus leur dit : « Je vous le dis en vérité, il n’est personne qui, ayant quitté, à cause de moi et à cause de la bonne nouvelle, sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou sa mère, ou son père, ou ses enfants, ou ses terres, ne reçoive au centuple, présentement dans ce siècle-ci, des maisons, des frères, des sœurs, des mères, des enfants et des terres, avec des persécutions et, dans le siècle à venir, la vie éternelle. » (Mt 17, 27-29)
La promesse : recevoir au centuple, présentement dans ce siècle-ci, des frères, des sœurs, des mères… des enfants…
Je pense ici, à la communauté qui nous entoure et qui nous porte : la communauté bernardine de ma famille religieuse… la communauté de la famille paroissiale… Il y a aussi toutes les personnes avec lesquelles nous nouons un profond contact par le biais du ministère sacerdotal.
NON NON, je ne suis jamais seul avec le Seigneur, mon Bon Pasteur… !

