La Montée vers Pâques revient !

Chaque année une joyeuse équipe de jeunes prépare et anime une Montée vers Pâques (MvP) pour d’autres jeunes. Après deux années chamboulées par la pandémie, la MvP revient avec quelques nouveautés. Ainsi, Pascaline, la mascotte, et son équipe t’invitent à l’édition 2022 qui sera « œuforique » !
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Faire rayonner la foi

Très discret, le Service de Développement et Communication reste néanmoins la cheville ouvrière de l’Eglise catholique romaine-Genève (ECR). Frédéric Chevalier, son responsable, n’a qu’un souhait: créer des synergies au travers de projets pour faire rayonner l’Eglise à Genève.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : ECR

Frédéric Chevalier ne le cache pas : « L’argent ne tombe pas du ciel et la première mission du service reste clairement de mener des campagnes de recherche de fonds pour financer l’activité pastorale à Genève. » De fait, la séparation claire entre l’Eglise et l’Etat du canton ne permet pas à l’ECR de toucher des subventions ou un impôt ecclésiastique obligatoire comme c’est le cas dans certains autres cantons. Son budget de fonctionnement est donc financé en partie par des donateurs. «Aujourd’hui, un grand nombre de catholiques se situe plutôt dans une catégorie de personnes éloignées de l’Eglise. Nous développons donc d’autres canaux pour entrer en lien avec eux.»

Le service a élargi l’offre digi­tale sur le site internet de l’Eglise en proposant notamment des actualités, des témoignages et réflexions sur des thématiques spirituelles et de foi. Pour se rapprocher des catholiques et des Genevois, des événements sont organisés, lors desquels « l’Eglise sort de ses murs et va à la rencontre des gens ». Des manifestations telles que le festival de films IL EST UNE FOI invitant la communauté genevoise à des rendez-vous cinéma dans les salles obscures du Grütli, ou encore lors de l’exposition de 2020, L’Homme debout, qui a permis aux visiteurs d’admirer cinq expositions d’art et d’écouter cinq concerts de musique classique.

Actuellement, le projet principal du service concerne le financement de l’aménagement de la Maison d’Eglise. Le Vicariat, ainsi que d’autres services de l’ECR, déménagera dans les murs de l’actuel Sacré-Cœur, situé à la pointe de la Plaine de Plainpalais. « Nous voulons vraiment développer ce lieu pour que les pastorales puissent y trouver un lieu accueillant et déploient ainsi leurs activités de manière à faire rayonner encore plus l’Eglise à Genève. » En quittant la colline de la Vieille-Ville, le Vicariat et l’ECR témoignent d’une réelle envie « d’être plus proche des catholiques et simplement des Genevois. Cela tout en offrant un pôle d’échanges, un lieu ressource au centre-ville où les gens pourront venir prier, suivre des conférences et même manger » dans le restaurant qui verra le jour au Sacré-Cœur, conclut Frédéric Chevalier sur son rire communicatif.

Au service, mais comment ?

De quelle manière avez-vous développé l’offre de l’Eglise en contexte de pandémie ?
Frédéric Chevalier:
Nous avons cherché à nous rapprocher de nos fidèles. D’une part, avec le développement des messes du Vicaire épiscopal retransmises sur la chaîne YouTube de l’ECR, mais également par des courriers afin de leur signifier que nous sommes proches d’eux dans cette situation difficile. Nous avons également demandé aux prêtres et agents pastoraux des différentes paroisses d’identifier les personnes qui se trouveraient seules et d’aller à leur rencontre.

Quel « service » apportez-vous aux catholiques genevois dont on ne se rend pas compte ?
FC:
Il s’agit de mettre en lumière ce que font nos agents pastoraux, nos prêtres, nos bénévoles sur le terrain, afin que les catholiques connaissent mieux la pluralité des activités et missions accomplies par l’ensemble des collaborateurs de l’Eglise, en plus des célébrations, soit sur le site internet, au travers du journal Regard ou encore lors des campagnes d’appel de fonds. Nous mettons tout en œuvre pour leur donner la parole sur nos supports de communication.

Le chemin de croix

La période du carême que nous vivons en ce moment nous invite à nous pencher, à l’approche de la Semaine sainte, sur le mystère de la croix et la pratique dévotionnelle du chemin de croix. J’aimerais revenir sur l’histoire de cette pratique et sa représentation dans l’art à partir de l’exemple du chemin de croix du Christ-Roi réalisé par l’artiste fribourgeois Armand Niquille.

PAR SÉBASTIEN DEMICHEL | PHOTOS : J. MÜLHAUSER

« Car le langage de la croix est folie pour ceux qui vont à leur perte, mais pour ceux qui vont vers leur salut, pour nous, il est puissance de Dieu. » (1 Co 1, 18) Par ce passage, saint Paul lie le langage de la croix à celui du salut. Les souffrances du Christ crucifié en rachat des péchés humains ramènent à l’essentiel de la foi catholique en la mort et la résurrection.

Histoire du chemin de croix

Le chemin de croix est un exercice de piété qui a traversé les siècles jusqu’à être intégré dans le calendrier liturgique de l’Église. Le symbole de la croix comme représentation de la Passion du Christ remonte aux premières communautés chrétiennes. Au IIe siècle, on constate un intérêt croissant pour les lieux historiques de la Passion du Christ qui deviennent des lieux de pèlerinage. Des chrétiens se rendent à Jérusalem pour faire la via dolorosa et ainsi s’unir à la Passion du Christ.

L’édit de Milan en 313 autorise la liberté de culte et met fin aux persécutions dont les chrétiens étaient victimes. Les pèlerinages en Terre Sainte deviennent alors plus fréquents. Les chrétiens de l’Antiquité reproduisent le chemin suivi par le Christ entre le prétoire (tribunal de Pilate) au bas de Jérusalem et le Golgotha (Calvaire) au sommet de la ville, lieu de la crucifixion.

Au Moyen Âge

Durant les siècles suivants, le chemin de croix ne se pratique qu’en Terre Sainte, mais les récits de voyageurs le font connaître en Europe. Ce n’est toutefois qu’au Moyen Âge, sous l’impulsion de figures marquantes telles que saint Bernard de Clairvaux et saint François d’Assise, que la pratique du chemin de croix se diffuse. À cet égard, le rôle des Franciscains est particulièrement important. Ils se voient en effet confier la garde des lieux saints au XIVe siècle et réalisent des représentations de la Passion du Christ pour permettre la méditation des fidèles sur ces mystères. Soucieux d’offrir le chemin de croix aux pauvres et invalides ne pouvant se rendre en Terre Sainte, les Franciscains souhaitent diffuser sa pratique à l’ensemble de la chrétienté.

D’abord limité à deux points (le prétoire et le calvaire), le chemin de croix est ensuite segmenté en stations dont le nombre varie entre le XVe et le XVIIe siècle pour se fixer à 14 au XVIIe siècle. En 1731, le pape Clément XII reconnaît le chemin de croix comme une prière de l’Église. Dès le
XVIIIe siècle, cette forme de dévotion se propage dans l’ensemble du monde catholique. Le privilège franciscain est également levé et sa pratique est généralisée.

Aujourd’hui, le chemin de croix a une triple dimension. Une dimension historique puisqu’il célèbre le dernier chemin parcouru par Jésus du prétoire au Golgotha en se fondant sur les textes des évangiles (Jean-Paul II en a d’ailleurs modifié certaines stations pour mieux respecter le récit évangélique) ; une dimension liturgique puisqu’il s’agit d’une prière célébrée en 14 stations ; et enfin une dimension artistique, puisque le chemin de croix est généralement représenté dans les églises.

Le chemin de croix d’Armand Niquille

L’église du Christ-Roi nous offre un bel exemple de la présence du chemin de croix dans l’art. Construite en 1951, cette église accueille sa première messe en 1953 devant 1500 fidèles et est consacrée l’année suivante. En 1955, sur mandat de l’architecte Honneger, le peintre fribourgeois Armand Niquille (1912-1996) réalise le chemin de croix du Christ-Roi. L’année précédente, il avait déjà réalisé celui de Nuvilly, dans la Broye fribourgeoise. Armand Niquille est particulièrement marqué par le mystère de la croix : « Mon enfance a été ainsi marquée par le Crucifié dont le mystère, fascinant et inquiétant, faisait partie des émois d’un garçon rêveur et bagarreur. Ce n’est pas impunément que l’on représente le Christ crucifié. L’on se pose des questions. On se plonge dans la mystique chrétienne […]. Avec le Christ, il y a toujours la croix. La croix de notre rédemption et de la divinisation de notre âme. »

Le chemin de croix d’Armand Niquille s’articule autour de 14 tableaux de la Passion du Christ qui représentent chacun une station (liste en annexe). Niquille s’appuie sur la technique de l’icône. Fidèle à cette tradition, il insère ses tableaux dans le mur de béton comme dans une iconostase. Les fonds dorés polis à l’agathe, fidèles à la tradition byzantine et médiévale, symbolisent la gloire de Dieu et la lumière céleste, annonces d’une résurrection à venir.

Au niveau artistique, ce chemin de croix est assez dépouillé et représente généralement trois personnages, dont le Christ (voir station I : condamnation), dans une attitude hiératique (sacrée) et expressionniste. Certains personnages, tels que Simon de Cyrène (station V) sont vêtus d’habits contemporains. Cet anachronisme voulu doit illustrer le caractère contemporain de la Passion, que le fidèle revit à travers une méditation lors du chemin de croix. Enfin, l’artiste a veillé à représenter la figure du prêtre (station XIII). Des détails, tels que les fleurs présentes au pied de la croix pour annoncer la résurrection, contribuent à la richesse de l’œuvre.

Le frère dominicain Luc Dumas admire ce chemin de croix peu après sa réalisation et y voit une correspondance, un dialogue entre l’effet sensible et la cause intelligible à faire entendre : « Toute œuvre qui parle exige qu’on lui réponde ; et lorsque cette œuvre dit tout entière la Passion du Christ, lui ôter la chance d’un dialogue c’est lui faire perdre son sens et sa fin. »

14 stations du chemin de croix d’Armand Niquille:

  1. la condamnation à mort de Jésus
  2. le chargement de la croix
  3. la première chute de Jésus sous le poids de la croix
  4. la rencontre avec Marie
  5. le portement de croix par Simon de Cyrène
  6. le visage du Christ essuyé par Véronique
  7. la deuxième chute de Jésus
  8. Jésus consolant les saintes femmes
  9. la troisième chute de Jésus
  10. le dépouillement des vêtements
  11. la mise en croix
  12. la mort de Jésus
  13. la déposition
  14. la mise au tombeau

La joie vient du don

TEXTE ET PHOTO PAR JOHAN SALGAT

J’ai grandi à Fully dans une grande famille, où joie et humour sont très présents. J’aime beaucoup ma position de troisième: deux grands qui peuvent montrer l’exemple, et cinq frères et sœur plus jeunes, avec qui j’ai cette position de grand frère. Nous avons toujours vécu une belle foi au sein de la famille, de manière très personnelle, sans en discuter beaucoup entre nous.

Ma première rencontre avec Dieu s’est donc faite dans ma famille. C’est un beau cadeau que de recevoir le Christ par ses parents, même si je n’en avais pas vraiment conscience. Le parcours de confirmation a été pour moi marquant. Nous étions un beau et grand groupe sur le secteur, motivés. Après quelques années de cheminement, nous avons reçu ce sacrement vers la fin de notre scolarité. Un an plus tard, je partais aux Journées Mondiales de la Jeunesse à Cracovie avec une centaine de Valaisans. Cela a été une expérience importante dans ma vie. J’ai rencontré d’autres jeunes du diocèse, de la Suisse, du monde ! J’ai découvert que la foi pouvait être festive et qu’elle se devait d’être partagée, sinon elle est en danger.

Avec le réseau des « DéJeune qui Prie », nous avons monté un spectacle sur Bienheureux Pier Giorgio Frassati. Ce jeune transalpin, montagnard, proche des pauvres et de Dieu, m’a particulièrement touché dans sa manière de vivre et sa simplicité.

Ma rencontre la plus touchante avec Dieu est certainement celle vécue sur mon chemin vers Compostelle. J’ai appris à voir Dieu au quotidien, dans chaque situation, en chaque personne rencontrée. Je l’ai senti proche de moi et je me suis senti proche de Lui. Aujourd’hui, j’essaie de continuer de voir ses actions dans chacune de mes journées.

Toutes ces rencontres m’invitent à me donner pour le Seigneur. En me mettant au service, je chemine avec Dieu. Cela est essentiel dans ma vie, Jésus est source de bonheur, j’en suis l’heureux témoin. Pour moi, il est évident que la joie vient du don. Car si rencontrer Dieu incite à le servir, c’est aussi en le servant qu’on le rencontre.

Jeunes en chemin

On les appelle «catéchumènes» quand ils et elles demandent le baptême, «confirmands» pour le sacrement de la confirmation, et (devinez quoi !) «communiants» pour la première des eucharisties.

PAR THIERRY SCHELLING | PHOTOS : DIVERS

Quand un jeune demande le baptême, c’est (souvent) une catéchiste qui reçoit sa requête et œuvre en réseau (curé, communauté, parents) pour y répondre au mieux : pour marquer notre accueil, le jeune est marqué (on dit « signé ») du signe de la Croix sur le front, la bouche, les oreilles, le cœur et les épaules, pour marquer que c’est le Christ tout entier qu’il va revêtir. Et cela se fait dans le cadre de la communauté (messe) – à Saint-Joseph, c’est une messe de semaine qui a accueilli Joséphine, Gaspard et Néry, et ce sont l’assistante pastorale Anne-Marie Colandrea, et les sœurs Anstena et Aischu, servantes de messe, qui ont posé ces gestes au nom de la communauté paroissiale.

Pour une jeune adulte qui demande la confirmation, telle Maël ou Manon, le chemin est également un échange en duo (avec le prêtre) et en groupe, qui inclut une cérémonie d’accueil de leur demande dans le cadre de la communauté (ce fut fait à Sainte-Thérèse juste avant Noël, un mardi soir), où nous leur avons oint les mains, instrument par excellence de « mise en pratique » de leur foi de confirmands.

Dans notre région pastorale, le nombre d’adultes demandant le baptême et / ou la confirmation a tendance à croître ; l’ère Covid nous a permis de cheminer en petits groupes, dans la communauté locale et de ne pas planifier de grands raouts… qui souvent sonnent la fin de leur participation ! Car les sacrements se vivent en chemin, et ne sont pas le terminus du voyage !

Je crois que Dieu est là lorsque je rencontre des bonnes personnes dans ma vie.
Je crois que Dieu est là lorsque j’ai des douleurs. Il m’écoute, il me soigne et me redonne de la force.
Je crois que Dieu se manifeste à moi lorsque j’ai peur, lorsque j’ai mal,
lorsque j’ai des doutes et que j’ai besoin d’aide pour me retrouver.
Je crois que Dieu soigne mes maux, qu’ils soient gros ou plus petits.
Qu’il est mon seul ami lorsque la vie est plus dure et qu’il est toujours là pour m’écouter.
Je crois que Dieu m’a aidée dans mes études, dans mon travail actuel et dans ma future vie
professionnelle. Qui me motive à poursuivre mes rêves et à ne jamais rien lâcher.
Je crois que pour tout ce que Dieu m’apporte dans mon quotidien,
je me dois de faire un pas de plus avec lui.

Manon Desjacques

Catéchuménat des enfants

Voici deux témoignages de trois jeunes filles de la paroisse Saint-Paul, qui répondent à cette question :
Pourquoi demandes-tu à être baptisée?

1. «Nous demandons le baptême parce que nous croyons en Dieu et que nous voulons nous rapprocher de Lui.»

Chloé, 14 ans, et sa sœur Alix, 11 ans

2. « Je veux accueillir Dieu dans ma vie. Je voudrais que Dieu m’accompagne. »

Alexa Vidal Durand, 9 ans et demi

Se former en ligne

Nous poursuivons avec le quatrième volet de notre série consacrée aux moyens numériques pour vivre sa foi.
Place à présent à la formation en ligne. Si la foi est avant tout un don de Dieu, une relation de confiance, elle n’en reste pas moins une connaissance qui demande à être approfondie, car celui qui aime cherche à toujours mieux connaître celui qu’il aime.

PAR PAUL SALLES | PHOTO : DR

Posons tout d’abord le contexte : il s’agit certainement du domaine qui offre le plus de possibilités sur le web, et il est difficile d’en faire une sélection. Nous en resterons aux propositions catholiques francophones.

Commençons par les offres de formation les plus simples et les plus basiques. Vous avez une question sur Dieu, sur Jésus, sur l’Église. Le site jesus.catholique.fr vous offre un répertoire de questions et de réponses simples à ces questions, des éclairages bibliques ou artistiques, des pistes pour aller plus loin ou une proposition de prière. Porté par l’Église catholique en France, ce site fait intervenir différents acteurs et des ressources variées pour vous permettre d’entrer dans une première compréhension de la foi sans être rattaché à une école particulière.

Dans la même idée, le site croire.fr rassemble tous les articles parus dans le journal La Croix avec du contenu de formation, des explications bibliques et liturgiques, de la spiritualité ou des présentations de figures spirituelles. Sur différents supports (textes, vidéos…), vous aurez une courte réponse à vos questions.

Approfondir sa foi

Vous n’avez pas de questions particulières, mais toujours de l’intérêt pour approfondir votre foi, vous avez d’ailleurs toujours un bon livre de spiritualité sous la main. Vous pouvez essayer la version audio : c’est le monde merveilleux des podcasts qui mériterait à lui seul une rubrique dans ce magazine. À écouter sur son téléphone portable, en voiture ou en préparant le repas, les offres sont légion. Pensons tout d’abord à la chaîne de télévision KTO ou aux chaînes de radio comme RCF, Radio espérance, Radio Maria, Radio Notre-Dame qui proposent de réentendre leurs émissions sur leurs sites ou sur les plateformes dédiées à ce média dans l’air du temps. De la même manière, les podcasts de la communauté de l’Emmanuel ou du Chemin Neuf proposent des enregistrements de témoignages ou d’enseignements dispensés durant des veillées de prière, des retraites ou des sessions. Par ailleurs, les cours publics du collège des Bernardins à Paris sont aussi libres d’accès sur leur site. La plateforme payante exultet.net héberge à elle seule plus de 7’000 enseignements à télécharger. D’autres médias se sont aussi lancés sur les plateformes de podcast: c’est le cas de Famille Chrétienne et ses podcasts décalés, ou encore les prêtres de l’équipe du Padreblog. Avec toutes ces offres, vous pouvez accéder à une émission ou à un enregistrement sur un thème donné.

MOOC

L’étape d’après connaît elle aussi un développement croissant, surtout depuis le début de la pandémie en 2020. C’est l’offre des parcours de formation en ligne, autrement nommés MOOC. Derrière cet acronyme, qui signifie en anglais « massive open online course », se cachent des parcours généralement gratuits proposés par des instituts de formation désireux de partager à plus large échelle une initiation à leurs enseignements. Chaque semaine le participant qui s’est inscrit au MOOC reçoit une vidéo et des exercices à faire pour s’assurer de la bonne compréhension de la matière. Au fur et à mesure ou au terme du parcours, une forme de validation des acquis est mise en place et un diplôme est remis par l’autorité qui délivre la formation. Un forum permet aux étudiants d’échanger, et petit à petit une communauté d’étudiants se forme. Le succès de cette offre de formation est impressionnant : en 2016, les premiers MOOC du collège des Bernardins à Paris regroupaient plus de 6’000 participants. En 2020, le MOOC de la messe comptait 40’000 étudiants. Plus modestement, la communauté de l’Emmanuel propose sur son site différents parcours de formation avec des thèmes variés, de même que la communauté du Chemin neuf. Une mention toute particulière s’impose pour ThéoDom, le parcours proposé par les frères dominicains, en raison de ses efforts pédagogiques et de son accessibilité. L’intervenant du prochain parcours pour le carême 2022 est d’ailleurs le Frère Philippe Lefebvre, bien connu à Fribourg. Ces parcours peuvent être suivis seuls, en couple, en groupe, dans une paroisse, un quartier,… l’objectif pour le participant est de découvrir un aspect de la foi dans lequel il souhaite progresser. Les cours et les échanges avec les autres participants tout au long du parcours lui permettent de partager sur son cheminement. Ceci nécessie donc un réel investissement en temps ; la plupart des offres affichent d’ailleurs en amont le temps estimé pour suivre l’entier du parcours.

Enfin, la proposition de formation en ligne la plus élaborée reste les études universitaires à distance auprès des plateformes comme Domuni (l’université en ligne des dominicains), le CETAD (Centre d’enseignement de théologie à distance) ou la faculté de théologie de Lyon, de Strasbourg ou de Paris.

Acteurs ou spectateurs ?

PAR L’ABBÉ DANIEL REYNARD
PHOTO : RAPHAEL DELALOYE

Quand je pense à l’Eglise, je la voudrais telle qu’elle n’est pas: attirante, encourageante, percutante, militante, sans doute variée, qui plaise aux enfants, aux jeunes et aux moins jeunes.

J’aimerais que cette Eglise m’offre tout ce que je ne donne pas.

Seigneur, cette Eglise, tu la connais aussi bien, si ce n’est mieux que moi : elle souffle trop souvent comme une bougie épuisée. Trop petite pour ta grandeur et trop grande pour notre petitesse, mal aimée et ne sachant pas aimer.

Au fond, facile de critiquer cette Eglise, cela m’arrange de la critiquer, ainsi je suis dispensé d’y travailler.

C’est facile de voir ses faiblesses par le trou de la serrure pour me protéger de franchir la porte.

Quittons le banc des spectateurs et des moqueurs pour nous asseoir au banc des acteurs et des célébrants.

C’est seulement ainsi que j’arrêterai de regarder ton Eglise, qui est aussi la mienne, pour y vivre avec les autres.

Tu nous rassembles chaque jour, comme le berger rattrape la brebis qui boite et qui s’attarde.

Ton fils est à la tête d’un corps aux membres disjoints. Il est le premier-né d’une famille d’enfants séparés.

Mais c’est bien à l’Eglise que tu tiens et non pas seulement aux individus qui se préfèrent chacun eux-mêmes.

C’est à l’humanité entière que tu tiens et non seulement aux membres d’un club.

Ton Eglise est ainsi le signe visible de ton Esprit.

J’y suis attaché à cette Eglise, comme vous pour le pire et le meilleur et nous sommes liés par la liberté de l’Esprit.

C’est toi Seigneur qui nous rassemble bien au-delà de nos mesquineries et de nos histoires de sacristies.

Une centaine d’ouvriers pour un chantier en construction

La première rencontre du décanat de Fribourg dans le cadre du cheminement synodal a dépassé toutes les espérances des organisateurs. Près de 120 participants, de tous âges et de tous milieux, se sont réunis le samedi après-midi 22 janvier au Werkhof autour du thème « une Église qui s’interroge ».

TEXTE ET PHOTOS PAR BERNARD BOVIGNY

« Ce n’est pas le bureau des revendications, mais un chantier en construction », a lancé l’abbé Philippe Blanc, en introduisant la rencontre, avant de présenter les animateurs et de clore ses propos. Car cet après-midi-là, la parole est d’abord donnée aux participants. Ceux-ci se sont réunis tant bien que mal par groupes d’environ dix dans tous les coins de la salle, à la cuisine ou dans le corridor. Transportés symboliquement dans une montgolfière, ils ont relevé les lourdeurs qui empêchent l’Église d’avancer et les courants qui la transportent.

Les synthèses exprimées dans la mise en commun qui a suivi, sous la conduite de Raphaël Pomey, ancien rédacteur en chef de La Télé VD-FR, et du sociologue Philippe Gonzalez, relèvent bien davantage de croyants déjà engagés dans l’Église que de personnes en marge. Plusieurs participants ont ainsi exprimé leur souffrance face à l’absence de transmission de la foi entre les générations ou le manque de liens fraternels dans leurs communautés. D’autres estiment que le langage ecclésial reste trop spécialisé. « On est loin des jeunes, il faut aller vers tous, en particulier vers les éloignés », ont affirmé quelques groupes. Pour d’autres, les préjugés, les divisions et les jugements empêchent l’Église (et même les Églises) d’avancer, tout comme les turbulences qui la traversent parfois et qui ont été trop souvent cachées. Des groupes ont également relevé des messes pas assez festives ou encore les « critiques négatives et peu constructives » que l’on entend souvent, dans la presse, comme dans la population.

Des signes d’espérance

Mais les signes d’espérance et les propositions ont été encore plus nombreux et ont même parfois contrebalancé certaines lourdeurs. Ainsi plusieurs groupes ont affirmé apprécier les initiatives d’entraide et les signes d’ouverture apparus dans leurs paroisses. D’autres ont défini l’Église comme un lieu de diversité magnifique, où l’on se sent « en famille ». Et pas seulement au sens figuré. Car « la famille reste la première Église, même s’il y a souvent rupture avec les adolescents et les jeunes ».

Parmi les propositions, le développement de l’engagement des bénévoles a été souligné, de même que l’importance de rejoindre les personnes plus marginalisées, chez qui le langage ecclésial ne passe pas. Mais « malgré les difficultés et les scandales qu’elle a traversés, l’Église est toujours là », a relevé un rapporteur de groupe.

De nombreuses autres expressions se sont fait entendre, comme davantage d’Évangiles vécus, une invitation à aller vers les autres et se mettre à leur écoute, ou encore devenir une Église de proximité.

Transmettre le trésor de la foi

Au terme des comptes-rendus de groupes, deux témoins désignées et un spontané ont exprimé comment ces paroles ont résonné en elles et en lui.

La catéchiste Élisabeth Piller a notamment mis en garde contre « le venin du jugement qui étiquette les autres » et a insisté sur « l’importance de transmettre le trésor de la foi ». Avant de lancer cet appel : « On a tout dans notre tradition, pourquoi chercher ailleurs ? »

Sœur Maguy Joye, conseillère provinciale des Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, a ressenti la présence du Christ dans les groupes de partage. Elle a souligné l’importance de la participation de tous et a proposé
de prendre le temps de s’arrêter, de rencontrer les personnes et surtout de « les regarder ». « Mettons-nous en marche », a-t-elle invité.

Remplaçant au vol un autre intervenant, Serge Ignatovitch a avoué qu’il craignait de voir une trop grande dispersion, mais a finalement apprécié les dialogues très riches dans les groupes et a invité à respecter la diversité.

« Nous avons péché contre l’optimisme ! », a lancé Philippe Blanc devant cette affluence qui a surpris les organisateurs, avant d’annoncer que la prochaine rencontre aura lieu à la maison paroissiale de Saint-Pierre, plus vaste, qui permet aussi d’accueillir les groupes dans des petites salles.

Et la suite ? « Ce soir, il n’y aura pas de conclusion, mais des ouvertures », a relevé le curé modérateur de l’UP Notre-Dame, en demandant aux personnes présentes d’inviter d’autres participants aux prochaines rencontres.

Les synthèses des expressions des groupes seront envoyées à l’évêque du diocèse, qui a chargé une équipe de les récolter et de les synthétiser à nouveau, avant de les faire parvenir au Vatican, la démarche synodale ayant été lancée par le pape pour l’ensemble de l’Église.

Participer au cheminement synodal

La dernière rencontre qui marquera ce processus de réflexion et de partage dans le décanat aura lieu de 13h30 à 18h :

– Samedi 19 mars (lieu à définir) sur le thème « une Église qui célèbre et annonce ».

Il est également possible de participer à ce cheminement d’une autre façon :

– dans les groupements ou groupes spontanés en choisissant des thèmes proposés dans les documents « Participer au synode » ou « Pour une Église synodale » ;

– individuellement à partir de ces mêmes thématiques.

Les documents d’accompagnement sont à disposition sur le site www.cath-fr.ch/synode

Un temps deressourcement…

… et de formation

LE BILLET DE PASCAL DESTHIEUX, VICAIRE ÉPISCOPAL | PHOTO : DR

Vous prenez une année sabbatique ?

– Non, pas une année, seulement quatre mois.

Vous allez vous reposer ? Partir loin ?

– Il ne s’agit pas de prolonger mes vacances, mais d’un temps de ressourcement et de formation qui permettra d’exercer encore mieux mon prochain ministère.

En effet, chaque agent pastoral, prêtre ou laïc, peut demander, après huit ans de ministère, un temps sabbatique de quatre mois (non cumulable). Il établit un projet, le présente au Service de la formation du canton, en vue d’une validation par le Conseil épiscopal. Dans la pratique, il n’est pas si facile de prendre ce temps sabbatique en pleine activité, car nous n’avons pas de « remplaçants » attitrés. Un changement de ministère peut offrir une belle opportunité pour ce temps de ressourcement.

C’est donc ce que je vais faire avant de laisser la charge de vicaire épiscopal, l’été prochain. Pendant ce temps sabbatique qui commence ce 1er mars, j’irai visiter des lieux d’Eglise novateurs et inspirants, comme la basilique du Sacré-Cœur à côté de la gare de Grenoble, les maisons d’Eglise dans le diocèse du Havre, les différents « tiers-lieux » d’Eglise qui offrent une pastorale complémentaire aux paroisses dans le diocèse de Lille. Je vous en parlerai probablement dans un prochain billet. Je profiterai de ce temps sabbatique pour écrire un quatrième livre : j’aimerais raconter aux jeunes comment va se passer leur messe de confirmation. Je cheminerai aussi une quinzaine de jours depuis Genève vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Pendant ces quatre mois, les affaires courantes du vicariat seront gérées par mes adjoints Isabelle Nielsen et Michel Colin.

Vous le voyez, le temps sabbatique fait partie de la « formation permanente ». Les agents pastoraux sont également invités à prendre une semaine chaque année pour des formations, en plus des sessions cantonales et diocésaines et je les y encourage car cela nous permet d’améliorer la qualité de notre ministère à votre service. C’est d’ailleurs valable pour toute personne. Alors, recevez ce billet comme un encouragement à prendre du temps pour votre propre « formation permanente » !

L’Eglise, qu’est-ce que c’est ?

La bibliste Barbara Francey était présente à l’église de la Colombière jeudi 11 novembre 2021. Dans le cadre du thème d’année de l’Unité pastorale Nyon-Terre Sainte, «Nous sommes Eglise», elle a donné une conférence sur «L’Eglise, corps du Christ».

PAR GENEVIÈVE DE SIMONE-CORNET | PHOTOS : PHILIPPE ESSEIVA

Une quarantaine de paroissiens de l’Unité pastorale (UP) Nyon-Terre Sainte s’étaient donné rendez-vous à l’église de la Colombière jeudi 11 novembre pour écouter Barbara Francey. Bibliste, théologienne, enseignante au Service formation de l’Eglise catholique dans le canton de Fribourg, elle était venue parler de « L’Eglise, corps du Christ ». En ouverture, elle a joué un sketch montrant la différence entre l’Eglise et l’église, la communauté et le bâtiment.

Pèlerins convoqués

Il y a l’église de pierre. Mais l’Eglise avec un grand E ? La soirée a été consacrée à la définir selon différentes approches basées sur les textes de l’Ecriture. En ouverture, Barbara Francey a fait un peu d’étymologie Le terme « Eglise », en latin « ecclesia », vient d’un mot grec signifiant assemblée. Ce substantif est tiré du verbe ekkaleô, « convoquer, appeler au-dehors ». Les chrétiens forment donc une assemblée de convoqués, d’appelés.

Et « paroisse », qui vient du latin « parochia », veut dire « séjour ou établissement en pays étranger ». « Les disciples de Jésus-Christ sont comme des pèlerins, des nomades sur la terre », a dit la conférencière. Comme Abraham, ils sont appelés « à ne pas s’installer. A être dans le monde, mais pas du monde ».

L’Eglise, lieu de discernement

La suite de la soirée a permis aux paroissiens présents de voyager dans le Nouveau Testament, et en particulier dans les épîtres de saint Paul, pour découvrir les caractéristiques de l’Eglise. « Les deux seules occurrences du mot ‘Eglise’ dans les évangiles se trouvent dans l’évangile selon saint Matthieu », a poursuivi Barbara Francey : à la confession de foi de Pierre – qui révèle combien il est rude de témoigner de la victoire de Dieu sur la mort au cœur des difficultés – et lors d’un péché pour montrer combien celui-ci « porte atteinte à la communauté des croyants et le rôle de celle-ci ».

Dans les Actes des Apôtres, le mot « Eglise » est utilisé « pour la première fois après l’épisode d’Ananias et de Saphira, au moment où apparaît ce qui peut nuire à cette assemblée ». L’Eglise est alors « le lieu de discernement de ce qui conduit à la vie ou au contraire à la mort. Les croyants sont appelés à vivre la solidarité, le partage, le service et non la logique du pouvoir et du profit personnel ».

L’unité dans la diversité

« Pour parler de l’Eglise, on peut recourir à des images », a dit Barbara Francey. Et « l’une des plus riches du Nouveau Testament est celle de l’Eglise, corps du Christ ». Présente dans la Première épître aux Corinthiens, elle dit l’unité entre le Christ et les chrétiens.

Et l’image du corps humain (1 Co 12, 12-14), qui dit que chaque membre a son importance et que les membres ne peuvent se passer les uns des autres, est applicable au Christ et à l’Eglise. « Les baptisés forment un corps, une réalité visible animée par l’Esprit et dans laquelle les clivages religieux et socioculturels sont dépassés. L’Eglise est constituée de membres qui ont chacun une mission (ou, comme dirait le pape François, qui sont chacun une mission). En elle se trouve une diversité de charismes (et de ministères) qui ont tous leur importance et qui sont complémentaires. Personne ne peut se prétendre au-dessus du reste de la communauté sous prétexte qu’il posséderait certains charismes », a expliqué Barbara Francey. Et « l’attention doit se porter tout particulièrement sur les membres les plus faibles ». Enfin, « l’unité du corps dans la diversité de ses membres est un témoignage rendu au Christ ».

Une humanité nouvelle

Dans la Lettre aux Ephésiens, Paul fait abonder « les images illustrant la communauté des croyants : homme nouveau, corps, construction, temple saint, demeure de Dieu,… ». Que traduisent-elles ? « La réalité nouvelle créée en Jésus-Christ », le dessein de Dieu. Le Christ a apporté l’unité au cœur des différences, la paix, la réconciliation et l’accès au Père dans l’Esprit, « autrement dit la communion entre les personnes et avec Dieu », a dit la conférencière.

Il y a aussi l’image du Fils « tête du corps qui est l’Eglise » (Col 1, 18). Ainsi, « plus l’union de chacun avec le Christ sera grande plus l’Eglise manifestera celui dont elle tire son origine ». Car « le péché est de l’humain, la bonté vient de Dieu. Un exemple l’illustre bien (même si l’image a ses limites) : si votre genou est abîmé, quand il recevra du cerveau l’ordre de bouger, le mouvement ne sera pas celui qui était souhaité. Le cerveau n’y est pour rien. La coordination des membres, la beauté de l’ensemble découlent du lien à la tête ».

Une dynamique de croissance

Et puis, a précisé Barbara Francey, « l’Eglise est dans une dynamique de croissance vers un accomplissement. Les pesanteurs et les lourdeurs, les chutes et les dérives sont réelles, mais le corps dans son ensemble doit continuer de tendre vers cette plénitude, continuer de la désirer ardemment ». Et « pour être crédible dans son annonce de l’Evangile, l’Eglise doit se laisser renouveler sans cesse par la grâce de l’Esprit ».

L’Eglise, c’est aussi une communauté qui fait route ensemble « dans la charité et la vérité, la justice et la paix », une Eglise engagée dans un processus synodal et en mission, rendant témoignage au Christ, « messagère de la Bonne Nouvelle ». Et ceux qui ont reçu une charge, qu’ils l’exercent « dans un esprit de service pour la croissance du corps ». L’Eglise « est appelée à être au service de la réconciliation » : la place des chrétiens, pour Mgr Pierre Claverie, évêque d’Oran assassiné en 1996, est « sur les fractures du monde, pour la réconciliation […] si elle n’est pas là, elle n’est nulle part ».

Enfin, « dans l’Apocalypse, la Jérusalem nouvelle, épouse de l’Agneau, dit quelque chose de l’Eglise ici-bas. Absence de mal. Plus d’entraves à la vérité et à la vie », a dit Barbara Francey en conclusion. Avant de demander à l’Esprit de « nous faire entrer toujours plus profondément dans l’intelligence du mystère de l’Eglise et marcher dans cet Esprit pour vivre de plus en plus en baptisés responsables, veillant et concourant à la cohésion et à la croissance du corps ».

La soirée s’est terminée par un partage entre voisins de banc à partir de trois questions: qu’est-ce que je retiens de cette image de l’Eglise, corps du Christ ? Est-ce que j’en ai fait l’expérience ? Comment puis-je vivre cette réalité de manière encore plus marquée ?

 

 

Donner du sens à sa vie, à la vie…

PAR CHANTAL TERREAUX | PHOTO : PIXABAY

Une question qui peut revenir à différentes étapes de notre existence, et qui a, pour beaucoup refait surface d’une manière plus intense en ces temps perturbés.

Une interrogation qui habite aussi, par moment, les personnes qui ont trouvé un but, un projet qui a pris une grande place dans leur vie au point qu’on peut dire d’eux: «Ils y consacrent toute leur vie.»

Avec ce verbe « consacrer », nos premières pensées vont vers ceux qui consacrent leur vie à Dieu. Dans nos contrées, notre regard se tourne tout naturellement vers La Fille-Dieu où depuis plus de 750 ans des femmes y vivent une existence toute tournée vers Notre Seigneur.

Nous pensons aussi à nos prêtres au service des nombreuses paroisses de notre unité pastorale.

Pour la plupart d’entre nous, une vie si pleinement donnée paraît inaccessible.

Pourtant je suis sûre que parmi vous, lecteurs, nombreux sont ceux qui ont mis toute leur énergie, leur existence, dans un but.

Considérons ces parents dont toutes les activités ont pour objectif premier d’offrir la meilleure vie possible à leurs enfants et de les guider afin qu’ils puissent un jour voler de leurs propres ailes.

Un autre mettra tout son cœur et son temps dans la continuité d’une entreprise familiale, d’autres encore dans le service, pour le bien de la société. On a souvent parlé ces derniers temps du personnel soignant mais on sait bien qu’ils ne sont pas les seuls indispensables à la vie.

Ainsi chacun peut, dans son activité propre, dans le but qu’il poursuit, trouver le sens qui nous permet de nous sentir utiles et en lien avec l’humanité, avec son prochain et donc avec Dieu.

Avons-nous réfléchi au sens de notre vie, en fonction de ce que nous accomplissons quotidiennement ?

Consacrer notre vie à faire bien ce que nous avons à accomplir chaque jour, c’est déjà être en chemin vers la sainteté comme nous l’a rappelé le pape François dans son exhortation sur l’appel à la sainteté « Gaudete et exsultate ».

Il est vrai aussi que, parmi nous, certains rayonnent plus particulièrement par le but qu’ils se sont fixé et apporte une coloration bienfaisante à nos existences.

Je veux parler des métiers artistiques et en particulier de l’art musical.

Vous admettrez que nos liturgies sont encore plus belles et nous portent davantage lorsqu’elles sont animées par la musique et le chant !

Le manque vécu nous en a fait prendre con­­science.

Découvrons dans ce numéro le témoignage d’un acteur talentueux de l’art choral dans nos paroisses.

Jeux, jeunes et humour – mars 2022

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Que fête-t-on le 25 mars ?
Célébrée depuis le VIIe siècle, l’Annonciation est une fête importante qui passe souvent inaperçue en plein Carême. On y commémore l’annonce faite à Marie par l’ange Gabriel comme quoi elle serait la mère du Sauveur. Comme l’Eglise a fixé la naissance de Jésus au 25 décembre, il est logique que le moment de sa conception virginale dans le sein de la Vierge ait été arrêté neuf mois plus tôt, signe d’une grande régularité dans les cycles… liturgiques.

par Pascal Ortelli

Humour

Deux vignerons vaudois sont attablés dans une auberge de Saint-Saphorin. Au même moment, entre un couple d’adeptes de la course à pied ruisselants de sueur. 
Ils s’installent près de nos deux viticulteurs et appellent le garçon. Celui-ci leur propose trois décis de Saint-Saphorin pour étancher leur soif. Le couple surpris leur rétorque :
– Mais dis donc garçon, le vin ne fait pas passer la soif, vous le savez bien !
Et les deux vignerons de s’exclamer : 
« Heureusement ! »

par Calixte Dubosson

Chemins de traverse

PAR PASCAL ORTELLI
PHOTOS : PXHERE, DR

Les jeunes sont en quête d’absolu, dit-on. Pour ma part, cela s’est traduit à l’époque par un attrait pour la vie sacerdotale: Dieu me voulait là illico prestissimo, au risque sinon de rater ma vie de foi et ma vie tout court. C’est du moins la perception binaire que j’avais alors de la «vocation»: y répondre ou passer à côté, en ayant manqué de sauter dans le train en marche.

Comme dans la Bible, les choses ne se passent pas comme prévu quand Dieu – et non l’image qu’on s’en fait ! – s’y mêle vraiment. Discerner sa vocation pour répondre à un appel – et choisir un état de vie – ne consiste pas à suivre aveuglément un ordre de marche ou un « plan de carrière » arrêté de toute éternité. Dieu nous parle et nous guide au cœur du quotidien et des circonstances parfois tumultueuses de nos existences avec beaucoup plus de subtilité, de pédagogie, de patience et d’humour qu’avec les gros sabots et les ornières que nous endossons bien souvent quand nous le prions.

J’ai mieux compris par la suite qu’il n’y a pas une voie avec ou sans Lui, mais un sens unique. Quel que soit finalement l’itinéraire emprunté (prêtrise ou mariage), nos pas sur les chemins de traverse sont à coup sûr inscrits dans les siens. « Je suis le chemin », nous dit Jésus. L’important n’est-il pas dès lors de ne pas perdre pied sur la route ?

Le groupe de jeunes en plein réveil

Ces derniers mois, le groupe de jeunes de l’Unité pastorale Nyon-Terre Sainte (GDJ) a vécu plusieurs expériences de foi et d’amitié importantes. Entre les soirées thématiques et les soirée chill du vendredi soir, la messe des jeunes et les autres projets, difficile de s’ennuyer. Les restrictions dues à la pandémie n’ont pas empêché les jeunes de notre région de se retrouver pour manger, prier, marcher et partager.

PAR JEAN-CLAUDE DUNAND, ARMELLE, DAVYD, MATTHIEU, STÉPHANE
PHOTOS : CHARLOTTE OBEZ

« Des jeunes aux parcours de vie fort différents invités à se réunir pour partager des moments de vie qui font du bien. Ils apportent ce qu’ils sont, échangent, prennent un petit repas, prient parfois. L’animatrice, Charlotte Obez, leur ouvre de riches pistes de réflexion et témoigne de sa foi, joyeuse et dynamique. »

Jean-Claude Dunand, curé modérateur

Convivialité et amitié soudent le groupe

Soirées chill

Le quatrième vendredi du mois, un temps libre est proposé au local pour permettre aux jeunes de se rencontrer, de prier et de construire ensemble des projets pour l’avenir du groupe. Chacun est libre d’apporter des idées, mais aussi d’être simplement présent pour partager un moment convivial.
« J’ai rencontré pour la première fois de ma vie des jeunes animés par la foi catholique. Leur existence et leur présence me font chaud au cœur. Le groupe de jeunes est un lieu convivial où je me sens juste bien. »

Davyd

Messe des jeunes

Depuis de nombreuses années, les jeunes animent la messe du soir le premier dimanche du mois à la Colombière. Cette dynamique de prière se poursuit cette année avec de nouveaux visages dans l’équipe d’organisation.
« Ça me fait plaisir de retrouver des jeunes de mon âge qui partagent ma foi. C’est un vrai phare dans ce monde antichrétien et nos conversations sont riches. »

Matthieu

Autres projets

De nombreux moments de convivialité ont été vécus en dehors des soirées et de la messe des jeunes: la rénovation du local, la journée graffiti, la soirée de prière pour l’unité des chrétiens, le week-end randonnée à Crans-Montana ou encore la soirée cocktail-débat qui a réuni une quinzaine de jeunes pour discuter de leur place dans l’Eglise et dans le monde.
Tout chrétien a besoin de rencontres, de joie et de partage autour du Christ. Ce que veut construire le groupe de jeunes, c’est une Eglise qui donne envie de rencontrer Jésus et de vivre avec lui chaque jour.
« Le groupe de jeunes est un lieu d’échange. La fraternité, le soutien et le respect sont ses valeurs centrales, auxquelles je souscris et qui me font venir aux différentes soirées. Celui qui veut frotter les cervelles – je me permets de paraphraser Montaigne – trouvera absolument sa place dans ce groupe à l’occasion d’un cocktail-débat ou d’un autre événement. »

Stéphane

Rien de tel qu’une randonnée en montagne pour partager et s’entraider.

Histoire d’une vocation

Je m’appelle Lucie Moullet; en religion Sœur Anne-Cécile.

PAR SŒUR ANNE-CÉCILE MOULLET
PHOTOS : ANDRÉ BISE

Je suis née le 29 novembre 1939 à Châbles (FR) dans une famille très chrétienne. C’était au début de la guerre. Je suis arrivée en sixième position, remplaçant un frère – si l’on peut parler ainsi – décédé à l’âge de 10 mois. Lors de mon baptême, mes parents me prénommèrent Lucie comme ma marraine. J’ai grandi dans une famille harmonieuse, où l’on s’aimait.

Le Vendredi saint 1945, je fus emmenée à l’hôpital d’Estavayer-le-Lac, atteinte d’une méningite cérébro-spinale foudroyante, sans grand espoir de me sauver. Je me rappelle d’une seule chose; je disais: «J’ai mal à la tête, je veux de l’eau.» La Sœur Hubertine dit à maman: «Allez lui chercher de l’eau de Bonnefontaine.» J’ai guéri: Notre Dame avait intercédé auprès de son Fils.

Ayant terminé ma scolarité à Pâques 1955, j’ai été engagée pour travailler à l’hôpital d’Estavayer-le-Lac. Là, au contact des Sœurs de la Charité que je voyais se dévouer jour et nuit au service des malades, je me posais la question : quel sens donner à ma vie? Un jour, Sœur Marie Cécile Lottaz me taquine: «Dans trois ans, tu seras bonne pour faire comme moi .» Le soir, impossible de dormir jusqu’à ce que j’aie dit: «Et bien, Seigneur, si tu veux, dans trois ans je viendrai.»

Mes parents m’ont conduite chez les Sœurs de la Charité pour entrer au postulat le 16 septembre 1958. Après la formation religieuse, les Supérieures m’ont envoyée à l’école normale de Sainte Agnès, tenue par les Sœurs Ursulines, pour y acquérir le brevet froebélien (ndlr, enseignement pédagogique). En septembre 1963, je fus envoyée à Domdidier pour y enseigner en première année primaire. Là, pendant 23 ans, j’ai donné le meilleur de moi-même, ainsi que dans d’autres activités parascolaires.

De 1986 à 1988, me revoilà sur les bancs de l’école… deux ans d’étude à l’Ecole de la Foi et des ministères, à Fribourg. Au terme, Sœur Elisabeth Grebex, supérieure provinciale, m’a posé la question: «Te sentirais-tu de partir en Afrique?» J’ai beaucoup prié, me suis fait aider par un Père Jésuite pour le discernement et, sentant un appel du Seigneur, j’ai répondu oui. Pendant 12 ans, à Bocaranga, en République Centrafricaine, j’ai œuvré dans la formation des catéchistes, dans la formation à la vie religieuse des jeunes filles demandant leur entrée dans notre Congrégation. Depuis l’an 2000, je suis à Yaoundé dans notre communauté pour les jeunes Sœurs étudiantes préparant leur mission pour mieux servir leurs frères et sœurs africains.

Je veux simplement témoigner que, malgré les difficultés inhérentes à toute vie, je suis heureuse et je n’ai jamais regretté mon choix.

Si vous souhaitez soutenir  le projet de formation de jeunes filles et de jeunes religieuses porté par Sœur-Anne-Cécile, vos dons sont les bienvenus sur le CCP 10-248349-5.

En librairie – mars 2022

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Vivre en Dieu
Claire Dumont

Dans la tradition chrétienne, diverses formes de vie consacrée sont apparues pour répondre à la quête humaine et spirituelle. Certaines ont développé davantage le service évangélique de la charité envers les pauvres. D’autres se sont tournées résolument vers la recherche d’absolu inscrite dans nos cœurs. Toutes, à leur source, ont bénéficié d’une expérience bouleversante des fondateurs et des fondatrices. 
Dans ce livre, l’auteure s’applique avec bonheur à dévoiler les nouveaux visages de la vie consacrée, précieux trésor dans des vases d’argile. Elle ouvre à une vision plurielle et créatrice, où la quête de l’Absolu est première.

Editions Mediaspaul

Acheter pour 27.70 CHF

Le chemin des estives
Charles Wright

« Partout, il y avait trop de bruit, trop de discours. Un jour, j’en ai eu marre de cette frénésie et je suis parti. Certains vont chercher le bonheur en Alaska ou en Sibérie, moi je suis un aventurier de la France cantonale. » Sans le moindre sou en poche, misant sur la générosité des gens, un jeune aspirant jésuite s’échappe de la ville et de la modernité avec le désir de renouer avec l’élémentaire. Il s’offre une petite promenade de sept cents kilomètres à pied. Le chemin des estives, récit de ce voyage, est une ode à la liberté, à l’aventure spirituelle. On y croise les figures de Rimbaud, de Charles de Foucauld, mais aussi des gens de caractère, des volcans, des vaches. Au fil des pages, une certitude se dessine : le bonheur est à portée de main, il suffit de faire confiance et d’ouvrir les yeux.

Editions Flammarion

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Dieu passe tout près de nous
Bénédicte Delelis

D’une plume poétique et nourrie par les plus grands auteurs, Bénédicte Delelis nous entraîne dans une aventure spirituelle lumineuse. Ses méditations s’appuient sur l’exemple des saints comme sur les situations de notre vie ordinaire pour y découvrir, sous le poids des épreuves ou le voile du quotidien, la force de la Résurrection déjà à l’œuvre. Elle éclaire d’une manière aussi incarnée qu’enthousiasmante les mystères de la foi pour nous aider à en vivre.

Editions Emmanuel

Acheter pour 25.50 CHF

Dessine-moi la prière
Laure Enplume – Alba Ariza

« Dessine-moi un mouton », demande le Petit Prince. Et Saint-Exupéry s’en tire en dessinant la caisse où est le mouton. Avec Dessine-moi la prière, c’est le trésor de notre vie intérieure qui est donné à voir en dessins. Nous suivons deux adolescents : Pablo, plein de questions et Tim son ami enthousiaste qui vient de découvrir la vie spirituelle. Pour partager ses découvertes, Tim fait un résumé en dessins. Pablo a la mauvaise idée de les regarder en cours et se les fait confisquer. S’ensuit une recherche pleine de péripéties qui les conduit jusqu’à une abbaye…

Editions du Carmel

Acheter pour 22.50 CHF

Pour commander

Donner du sens à l’investissement

Après vingt-trois ans de carrière chez Nestlé et alors patron de la branche chinoise du groupe, Roland Decorvet quitte tout. En 2014, il part pour diriger bénévolement le navire-hôpital Africa Mercy. Aujourd’hui, il s’engage à traduire sa foi en un capitalisme responsable et social.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : DR

Pourquoi avoir laissé tomber le «meilleur job du monde» pour occuper une cabine aussi grande que votre garage ?

Au niveau professionnel, j’occupais aux yeux de tous « un des meilleurs jobs du monde », mais il y avait un stress énorme et j’avais atteint ce que je peux considérer comme mon sommet. Il valait mieux partir au sommet que continuer à faire la même chose encore pendant vingt ans. Du côté privé, le stress, les nombreux voyages et la pression me montraient clairement que continuer sur ce chemin-là aboutirait à sacrifier ma famille et mon couple. Je crois aussi profondément que chacun dans son domaine et sa profession doit refléter la gloire de Dieu. J’avais donc le besoin de retrouver un sens à ma vie en étant là pour les autres et en aidant mon prochain.

La responsabilité sociale et spirituelle fait donc partie intégrante d’une bonne gestion économique ?

Le but d’une entreprise devrait être le bien de toutes les personnes avec qui elle a des interactions. Dire qu’il n’y a que l’actionnaire qui compte n’est pas mon concept de l’économie. Aujourd’hui, les consommateurs veulent comprendre ce qu’il y a derrière les produits qu’ils achètent. Ce qui était à l’époque une sorte d’économie de niche est devenu la norme et c’est encourageant.

Une entreprise peut-elle produire de manière durable et équitable tout en étant extrêmement rentable ?

Un des problèmes que nous avons dans l’économie est ce besoin constant, dû à la pression des marchés, d’augmenter toujours plus la profitabilité. D’un autre côté, faire du bien a un coût et cela serait mentir que de dire le contraire. Pour investir dans l’équitable et le durable, il faut accepter d’être plus patient, de recevoir un retour sur investissement moins élevé. C’est un juste équilibre à trouver entre un
capitalisme sauvage et un autre beaucoup plus social.

Aujourd’hui, le continent africain est le seul à croître économiquement et au niveau de sa population. Pourquoi les investisseurs sont-ils si frileux ?

Les investisseurs européens n’investissent en Afrique que dans les domaines très rentables que sont les mines, la télécommunication ou la fintech (nouvelles technologies dont l’objectif est d’améliorer l’accessibilité ou le fonctionnement des activités financières, ndlr.), mais très peu dans l’industrie qui, elle, permettrait un vrai développement. Dans ce secteur, il faut être prêt à avoir moins de retour sur investissement avec un profil risque plus élevé. Très peu de gens sont prêts à sauter le pas. Il faut trouver un juste milieu entre les dons gratuits et un plus grand nombre d’investissements pour développer le pays.

Dans ce cas, de quelle manière aider sans verser dans la pitié ou par pure charité ?

Entendons-nous bien, je ne parle pas de couper l’aide d’urgence ou l’apport médical des ONG en Afrique, mais je pense que ce continent possède un réel potentiel économique. Cependant, il faut être conscient que le rendement sera moindre et le risque plus élevé. Par contre, l’impact social sera énorme et aura, par ricochet, aussi une incidence sur l’Europe. Sans alternative durable sur place, les jeunes Africains tenteront toujours de traverser la Méditerranée au péril de leur vie.

Biographie express

Né dans le canton de Vaud en 1965 de deux parents missionnaires, Roland Decorvet passe les premières années de sa vie à Kinshasa (RDC). Il garde de ces années-là une affection particulière pour l’Afrique. Celui qui vendait des nouilles Maggi à Bornéo pour Nestlé est propulsé patron de la branche chinoise du groupe pendant douze ans. En 2014, il quitte tout et part avec sa famille pour diriger bénévolement un bateau-hôpital de l’ONG Mercy Ships durant plus d’un an. Fondée à Lausanne et basée sur des valeurs chrétiennes, l’ONG prodigue gratuitement des soins médicaux dans plusieurs ports d’Afrique. Roland Decorvet devient le directeur général de l’Africa Mercy et gère les quelque 450 collaborateurs bénévoles attachés au navire. Aujourd’hui, convaincu que l’industrie agroalimentaire peut aider son prochain, il s’est installé avec sa famille en Afrique du Sud pour élaborer un modèle d’affaire « mi-Nestlé, mi-œuvre d’entraide » en adéquation avec ses valeurs chrétiennes.

Nous sommes Eglise

« Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise. »
(Mt 16, 18)

PAR EMMANUEL MILLOUX, MEMBRE DE L’ÉQUIPE PASTORALE

Peu de chrétiens le savent, mais nous ne trouvons que trois fois le mot «Eglise» dans les évangiles. La première occurrence est le passage de Matthieu cité ci-dessus; les deux autres se trouvent dans le chapitre 18 du même évangile. En revanche, nous le trouvons trente-deux fois dans les lettres de Paul. Il est vrai qu’il a joué un rôle fondamental dans la fondation des premières communautés chrétiennes. Et c’est à lui que nous devons la toute première réflexion théologique sur le mystère de l’Eglise. Ce déséquilibre entre les évangiles et les lettres de Paul a donné à certains l’illusion qu’au fond, l’Eglise était plus ou moins une invention de l’apôtre. Jésus aurait prêché l’Evangile et le Royaume de Dieu, Paul aurait fondé l’Eglise.

Rare, donc précieux

Mais la rareté du mot « Eglise » dans les évangiles a peut-être une tout autre signification. Ce qui est rare n’est-il pas précieux ?

Dans la citation de Jésus qui figure en titre, ce qui est étonnant au premier regard, c’est l’adjectif possessif. Il y a de la tendresse dans ce possessif, comme un jeune époux qui parlerait de sa jeune épouse.

Jésus a donc bien voulu l’Eglise. On pourrait même dire qu’il l’a désirée. Ce n’est pas une invention des hommes. Et s’il l’a voulue, c’est qu’elle est hautement nécessaire au projet de Dieu.

De son côté, Pierre, dans sa première lettre, nous dit : « Vous-mêmes, comme pierres vivantes, prêtez-vous à l’édification d’un édifice spirituel […], vous êtes une race élue, un sacerdoce royal […] pour proclamer les louanges de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1 P 5, 5-9).

Ce passage est d’une grande importance. Il nous montre que s’il existe un sacerdoce ministériel dans l’Eglise (prêtres et évêques), il y a aussi un sacerdoce baptismal, plus fondamental encore puisque partagé par tous les baptisés, laïcs, religieux et prêtres – on parle aussi de sacerdoce commun. C’est à partir de cette vérité théologique que le concile Vatican II a rappelé l’importance vitale de la mission des laïcs – décrets « Lumen gentium » et « Apostolicam Actuositatem ».

Bâtir l’Eglise ensemble

Jésus a promis à Pierre qu’il bâtirait son Eglise et ce dernier nous dit que nous devons tous prendre part à cette œuvre. Quelle que soit leur place dans la communauté chrétienne, tous les baptisés sont donc associés à cette édification. Nous sommes tous des collaborateurs, nous partageons tous la responsabilité d’édifier ensemble « la maison de Dieu pour tous les peuples » (cf. 1 Tm 3, 14 ; Is 56, 5-7). Non seulement nous y œuvrons mais, plus encore, nous en sommes déjà les pierres vivantes.

La prochaine conférence proposée par notre Unité pastorale, mercredi 9 mars à 19h30 dans la grande salle de la Colombière, nous aidera à approfondir notre compréhension du mystère de l’Eglise. Elle explorera la problématique de la coresponsabilité des baptisés avec Philippe Becquart, responsable du Département des adultes de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud, qui abordera le thème « Vivre l’Eglise en coresponsabilité ». Une veillée de prière aura lieu jeudi 31 mars à 19h30 à la Colombière. Le 5 mai à 19h30 dans la grande salle de la Colombière, Frère Benoît-Dominique de la Soujeole, dominicain, parlera de « Marie, mère de l’Eglise ».

Ils ont renoncé à la vie consacrée

La vie consacrée était un des chemins à prendre. Après quelques années de discernement, voici le cheminement en écho de deux témoins qui consacrent actuellement leur vie à autre chose…

PAR NICOLE CRITTIN | PHOTO : ANONYME

1. A quel âge vous êtes-vous dirigés vers une communauté et quelle était la place
de la vie chrétienne au sein de votre famille ?

Je suis entré dans la congrégation à l’âge de 26 ans. Je dirais que la vie chrétienne avait dans ma famille une place première. La prière en famille m’a beaucoup porté.

Ayant grandi dans une famille où la foi en Dieu avait une place centrale, j’ai toujours vécu dans une proximité avec Dieu. Nous priions quotidiennement le chapelet en famille et nous allions au moins deux fois par semaine à la messe. Une retraite silencieuse chez les Jésuites à l’âge de 17 ans m’a particulièrement marqué. Depuis, j’ai toujours eu soif de Dieu. A la fin de ma formation à
27 ans, j’ai pris du temps pour pérégriner. C’est durant ce temps que j’ai eu un appel pour m’engager dans une vie consacrée.

2. Est-ce que le choix de la communauté a été aisé?

Le choix de la communauté a été aisé. A l’écoute du pape François et à la lecture des écrits de Jean Vannier
(eh oui…), j’ai eu comme une incitation de m’y lancer…

Ce ne fut pas évident car j’étais attiré par plusieurs communautés. J’ai effectué des petits séjours dans des congrégations pour mieux vivre de l’intérieur. Afin d’effectuer un choix
définitif, j’ai fait une retraite lors de laquelle j’ai pu discerner où j’allais postuler.

3. Quels sont les facteurs qui ont déclenché la décision de ne pas formuler les voeux définitifs?

Le seul facteur a été la paix intérieure. J’appréciais la vie en communauté, la vie de prière, le contact auprès des gens, mais je n’avais pas la paix intérieure en vue de faire les vœux définitifs et c’est la base pour faire le pas.

En fin d’année, nous pouvons faire la demande pour quitter
la vie religieuse, prolonger le temps de noviciat ou pour prononcer des vœux temporels de trois ans. Pour mon cas,
j’ai senti le besoin de prendre un temps supplémentaire
pour approfondir ma vocation. Au final, j’aurai fait deux ans et demi de noviciat.

4. A l’heure actuelle, êtes-vous encore actifs au sein de la communauté chrétienne?

Oui et non. Etant étudiant, je donne des petits coups de main quand l’occasion se présente, spécialement pour
des activités avec des jeunes, des temps de louange ou des activités caritatives. Je suis « actif » par ma prière communautaire et personnelle.

Le Bon Dieu est bien présent dans ma vie et je Lui rends grâce pour ce chemin parcouru. Ne dit-on pas qu’Il écrit droit avec nos lignes courbes (Mt 1, 18-25) ? Ce verset fait vraiment écho chez moi.

Malgré le fait que ce temps de discernement a aussi été
une épreuve d’un point de vue spirituel, je reste toujours très attaché à la communauté catholique. Je trouve très important de pouvoir donner de mon temps et de ma personne pour
les autres, pour le bien commun. C’est pourquoi je me suis engagé comme responsable auprès des Scouts d’Europe, qui est pour moi une école de vie complète pour nos jeunes. On entend souvent dire que chanter c’est prier deux fois. Avec quelques autres jeunes, nous essayons d’embellir la liturgie de notre paroisse par nos voix. J’ai aussi beaucoup de plaisir à accompagner des retraites ou des camps en montagne.

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