Dimanche des Laïcs: un dimanche pour tisser des liens

La Suisse romande foisonne de mouvements d’Eglise qui témoignent à la fois d’une grande diversité et d’une unité réelle. Certains mouvements se consacrent à la prière et à l’oraison, d’autres guident leurs membres dans leur vie spirituelle ou proposent des relectures de vie, d’autres encore sont au service des couples et des familles ou s’engagent aux côtés des personnes en situation de deuil, des malades ou des personnes handicapées; plusieurs se consacrent à l’entraide et au partage.
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Le cardinal Schwery: un pionnier

Ce qui a frappé les personnes présentes lors de la conférence donnée à l’occasion du 1er anniversaire de la naissance au ciel du cardinal Henri Schwery, à l’église de Saint-Léonard le dimanche du baptême du Christ 9 janvier 2022, c’est combien il avait été pionnier dans la mise en œuvre du Concile Vatican II (1962-1965) pour le diocèse de Sion.
Il a agi en pasteur visionnaire, enthousiaste (rempli de Dieu, au sens étymologique grec), amoureux du Seigneur et de son peuple, passionné pour les rapports entre la foi, le monde, la science, la musique et la beauté.

PAR L’ABBÉ FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT, ANCIEN VICAIRE ÉPISCOPAL DU CARDINAL
PROFESSEUR DE THÉOLOGIE À L’UNIVERSITÉ DE FRIBOURG
PHOTO: PIERRE PISTOLETTI

En témoigne son ouvrage daté de 1988, Sentiers pastoraux, qui rassemble la plupart de ses orientations et intuitions durant ses 18 années d’épiscopat (1977-1995). C’est le terme «nouveauté» qui revient comme un leitmotiv dans son action de pasteur, dans la visée de la «nouvelle évangélisation» souhaitée par les papes Paul VI et Jean-Paul II. Voici les accents principaux qu’il a mis en œuvre: la collaboration de tous les baptisés à l’apostolat des laïcs, notamment dans les conseil pastoraux de paroisses; le déploiement de la pastorale selon les secteurs territoriaux, confiés chacun à une équipe pastorale et les services diocésains comme ceux de la catéchèse, du couple et de la famille, de la jeunesse, de la santé, de l’information, du tourisme, des questions économiques, de la diaconie, de la pastorale spécialisée pour personnes en situation de handicap; la formation d’hommes et de femmes laïcs (parcours cantonal de la FAME, désormais Théodule, formations au Centre catholique romand de formations en Eglise et à la Faculté de théologie à Fribourg) pour l’exercice de ministères dans les paroisses, les mouvements et les domaines spécialisés ; la fondation du Séminaire diocésain à Givisiez, devenu la Maison des Séminaires ; la relance du diaconat permanent, plutôt en milieu professionnel.

Une de ses grandes entreprises consistait dans le « Triennat de famille », trois années autour de la préparation au mariage, l’accompagnement des couples et la présence auprès des conjoints en difficultés, avec des billets publiés dans les quotidiens et rassemblés dans ses deux volumes de Sentiers épiscopaux.

Ses successeurs, Mgr Norbert Brunner et Jean-Marie Lovey, se sont inspirés de ces initiatives et les ont prolongées. Elles servent de base à la démarche synodale voulue par le souverain pontife François pour toute l’Eglise catholique, dans un esprit d’écoute mutuelle, de délibération et d’avancées dans la communion universelle.

Témoignage en milieu hospitalier

Je m’appelle Karen Rapin, je vais avoir 29 ans et je vis à Val-d’Illiez. Educatrice de l’enfance de profession, j’ai ensuite entamé une formation théologique. Actuellement, je conjugue ma dernière année de cours avec mon engagement à temps partiel dans l’équipe d’aumônerie de l’hôpital Riviera-Chablais.

TÉMOIGNAGE TRANSCRIT PAR F. PREMAND | PHOTO : K. RAPIN

Le rôle de l’aumônier est un rôle d’écoute. C’est se mettre à disposition et aussi en disposition ; j’essaie d’y parvenir de mon mieux, grâce à un mélange de disponibilité intérieure, de techniques apprises et d’expériences. Mon quotidien à l’hôpital est fait de rencontres avec des personnes inconnues, ce qui n’est jamais facile. Au début, j’arrivais toute « seule » vers la personne et cela se passait moins bien. Puis, peu à peu, je suis venue habitée par la foi, en ayant la conviction que Jésus m’accompagnait. La rencontre se déroule vraiment plus concrètement. S’il m’arrive de débuter une visite en ayant eu un souci ou une contrariété auparavant, je laisse ces sentiments devant la porte, afin d’être bien à l’écoute de la personne. J’en ressors apaisée et même ressourcée.

Au moment où je frappe à la porte de la chambre, je fais cette petite prière intérieure : « Sois avec moi et Tu sauras ce dont cette personne a besoin » ; j’ai aussi des entretiens réguliers avec le personnel soignant ; tout cela m’aide à poser les bons mots durant cet échange. Je rencontre tous les patients hospitalisés, peu importe leur foi, leurs croyances et bien sûr, en tant qu’aumônier, je termine assez régulièrement par une prière avec eux. Ce moment-là me semble assez important parce que c’est l’occasion de confier tout ce qui s’est dit au Seigneur.

Certaines visites restent davantage en mémoire. Je pense à un patient d’une vingtaine d’années. Je vais à cette visite pleine d’a priori par rapport à son âge. Je me dis que peut-être cela va lui faire peur quand je vais parler d’aumônier, d’accompagnante spirituelle. D’autant plus que je suis une jeune fille. Il ne va peut-être pas avoir envie de se confier, etc. On a entamé la discussion puis son repas est arrivé. J’ai pensé pour clore le laisser manger tranquillement. Je lui ai juste demandé de quoi il aurait le plus besoin pour les prochains jours et là, une brèche s’est ouverte. Les émotions sont montées en lui, il a commencé à pleurer ; on a laissé le temps nécessaire. C’est à cet instant que l’échange profond a commencé. Durant ce moment fort, j’ai fait cette prière intérieure : « Merci Seigneur pour ce que Tu me donnes de vivre parce que je ne m’étais pas attendue à partager de telles choses ! ». Cette rencontre m’est restée en mémoire parce qu’elle m’a servi de leçon par rapport à mes préjugés. Je suis aussi extrêmement touchée de la confiance qui m’est témoignée, ainsi qu’au personnel soignant.

Lors des discussions avec mes proches ou mes collègues, on me dit souvent que cela doit être difficile d’écouter toutes ces souffrances. Oui, c’est sûr que je suis touchée. Mais ce qui me frappe le plus, c’est de voir la souffrance. Là aussi, une image me reste en tête. Je me préparais à rencontrer un très jeune patient atteint d’un cancer. Au moment d’entrer la chambre, je découvre un enfant amaigri et souffrant. Cette rencontre est restée gravée en moi.

Pour maintenir cette foi en moi, j’ai vraiment besoin qu’elle soit vivifiée. Je peine à prier seule, mais je trouve de l’aide dans les moments de prières en communauté, soit lors d’une messe ou d’une animation de messe avec les jeunes où j’éprouve beaucoup de plaisir. L’écoute de la musique et le chant me permettent aussi de laisser sortir mes émotions.

La paix… avec soi-même

Voilà quelque temps déjà, je m’étais arrêtée, un peu par hasard, sur cette réflexion d’Alexandre Jollien (ci-dessous). Elle m’avait en effet fortement interpellée tandis qu’une série de questions venaient tarauder mon esprit: «Ai-je fait le bon choix? Qu’est-ce qui m’a pris de…! Où en suis-je dans cet engagement? Ceci ou cela en vaut-il la peine? etc. J’imagine que ces crises de questions vous prennent aussi…
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Au coeur de la pastorale spécialisée

Marie-Claire, en formation au parcours THEODULE, en stage au sein de la pastorale spécialisée

 

 

PROPOS RECUEILLIS PAR VÉRONIQUE DENIS | PHOTOS : GAËTAN STEINER

Marie-Claire, mariée et maman de deux enfants, a accepté de se former au parcours THEODULE avec un stage en pastorale spécialisée. Elle a découvert cette pastorale particulière qui respecte le rythme et la situation de chacun des enfants en situation de handicap, au moment où son fils Rémi accomplissait son cheminement vers les sacrements. Elle a accepté de se former pour donner à d’autres parents la chance de vivre ces démarches avec leurs enfants différents. Au fil de l’entretien, j’ai découvert que la patience – le respect du rythme de chacun – les adaptations – les répétitions – les expressions corporelles – le recours aux expériences sensorielles, etc. Autant d’attitudes qui caractérisent cette pastorale spécialisée. L’utilisation des personnages bibliques – les chants gestués – l’utilisation de symboles et d’autres techniques inventées et sans cesse renouvelées par les catéchistes, permettent à chacun des enfants d’entrer dans le mystère de la foi qui est toujours à explorer et à vivre.

Il est difficile pour Marie-Claire d’évoquer un souvenir en particulier. Chaque rencontre est un moment fort vécu simplement et en vérité. Elle souhaite évoquer le deuil récent de sa belle-maman. Marie-Claire a été touchée par le message reçu de son équipe qu’elle n’avait pas pu rencontrer en raison de l’enterrement.

En conclusion, elle formule un vœu : que la pastorale spécialisée soit de plus en plus connue : c’est une nécessité pour aujourd’hui pour permettre à tous les enfants et adultes différents, en situation de handicap de vivre leur foi, à leur rythme et en fonction de leur situation et vécu particuliers.

Pastorale spécialisée diocésaine

Propos recueillis par Véronique Denis auprès de Gaëtan Steiner,
responsable de la pastorale spécialisée diocésaine

La pastorale spécialisée diocésaine recouvre différents domaines d’activités :

  • Animations spirituelles dans les grandes institutions diocésaines : mise en œuvre des temps de célébrations tout au long de l’année.
  • Accompagnement spirituel des personnes en situation de handicap.
  • Propositions catéchétiques dans l’accompagnement des personnes vers les sacrements.
  • Accompagnement particulier lors des deuils ou dans les situations difficiles : écoute, accueil individuel selon les circonstances.
  • Soutien aux paroisses lorsque des enfants ou adultes en situation de handicap souhaitent cheminer vers les sacrements et être intégrés aux parcours paroissiaux.

Les lieux principaux accompagnés et suivis par la pastorale diocésaine :

  • Les lieux de vie et les institutions : La Castalie – la Fovahm – Cité Printemps – Foyer Anawim.
  • Les écoles : Institut Sainte-Agnès – Ecole de la Bruyère – Notre-Dame de Lourdes.
  • Les Associations : les Sourds et les Personnes malentendantes du Valais – Cérébral Valais – Foi et Lumière.

Foi et Lumière, un 50e perturbé sous «l’ère Covid»

 

PAR EDDY TRAVELLETTI, DIACRE

D’une souffrance…

1968, une famille, Gérard et Camille avec leurs deux fils lourdement handicapés sont à Lourdes devant la Vierge, ils sont seuls car leur paroisse a refusé de les inscrire au pèlerinage diocésain. Dans la ville, ils ont du mal à trouver un hôtel et sur la place du sanctuaire certains «bons pèlerins» rappellent que leur place n’est pas là: «Avec des enfants comme ça, on reste chez soi.»

La foi d’un peuple s’est éveillée…

En apprenant cette nouvelle Marie-Hélène Matthieu, elle qui allait consacrer la majeure partie de sa vie à la personne handicapée et à sa famille, se sent profondément offusquée. Les personnes handicapées mentales seraient-elles interdites de pèlerinage à Lourdes ? Avec le concours de Jean Vanier, elle se met au travail pour organiser un pèlerinage composé essentiellement de personnes en situation de handicap mental. Et le miracle se réalise durant le triduum pascal de l’année 1971. Plus de 12’000 personnes occupent Lourdes, parmi elles 4000 personnes handicapées mentales. Dans une ambiance tout autant amicale que stressante, les consignes ne sont plus trop respectées par ce peuple en fête. Marie-Hélène Matthieu en donne une anecdote dans son livre « Plus jamais seuls ». Un accompagnant fâché par cette indiscipline provoqua une personne trisomique très agitée en lui disant : « Alors tu attends Jésus ressuscité » « Oui, oui, répondit l’autre, on l’annonce d’une minute à l’autre ».

Et la Lumière a surgi…

Enthousiasmés par ce partage, les participants demandèrent aux deux initiateurs : Marie-Hélène et Jean, de donner une suite à cet évènement et c’est ainsi que le mouvement Foi et Lumière est né. Il s’est construit dans une vision trinitaire : mettre en relation amicale et spirituelle la personne handicapée avec ses parents et ses amis, ceci afin de répondre à la rupture sociale occasionnée par le handicap par « un être avec » dans la confiance, la spontanéité et la célébration.

Pour un enrichissement de l’Eglise

En Valais, le mouvement a aussi bourgeonné, il reste aujourd’hui 4 communautés francophones et une communauté germanophone. A Sion, il y a Notre Dame de Valère dont je fais partie.

« La fonction crée l’organe » disent certains adeptes de l’évolutionnisme. En plongeant dans le champ du religieux, on pourrait transformer cette boutade en disant, dans Foi et Lumière « le handicap crée la sainteté » ou du moins ouvre des chemins vers plus de vérité. Faites-en l’expérience, vous connaissez certainement des personnes handicapées dans votre environnement. Dans un premier temps, le handicap vous désarçonnera, il vous fera prendre conscience de vos manques, surtout de votre fragilité mais il vous comblera par la suite d’un renouveau intérieur construit sur l’esprit de pauvreté, sur la tolérance, sur la spontanéité : des chemins vers la joie intérieure.

 

 

Pour un contact
Eddy Travelletti,
diacre pastorale.sante@cath-vs.org
027 329 18 17 (mercredi)

La FCPMH

La Fraternité chrétienne des personnes malades et handicapées

 

 

PAR ANDRÉ CLIVAZ

Mouvement associatif dont les responsables bénévoles sont à l’écoute des personnes malades et handicapées.

Son slogan : Les malades responsables des malades.

Fondée en 1942 par le Père Henry François curé de la paroisse Saint-Victor de Verdun.

Le but de ce mouvement est de créer entre les personnes malades ou handicapées, des liens de fraternité, selon l’Evangile, afin de sortir de l’isolement et de développer le sens de la responsabilité réciproque.

 

Son histoire

1942 Formation d’un petit groupe de malades pour aider le curé à visiter les malades.

1957 La Fraternité est établie dans la moitié des diocèses de France.

1960 Naissance de la Fraternité catholique internationale des malades qui s’implante dans d’autres pays.

1966 Premier congrès international à Strasbourg. Extension en Amérique latine.

1972 2e congrès international à Rome. Paul VI reçoit les 400 congressistes.

1974 La Fraternité devient œcuménique lors de la rencontre du comité international à Vienne en Autriche. Elle devient Fraternité chrétienne des personnes malades et handicapés (FCPMH).

1980 Elle est reconnue par le Saint-Siège comme Mouvement d’évangélisation. La FCPMH est représentée au Conseil pontifical pour les laïcs.

1986 Décès du Père Henry François le
3 février.

1986-2000 La FCPMH est présente sur tous les continents.

2000 Elle est reconnue, sur le plan intercontinental, comme Association privée internationale de fidèles par le Conseil pontifical pour les laïcs, selon les normes canoniques.

 

OUI

La Fraternité Suisse romande a son propre journal le « OUI » qui fait le lien entre les membres quatre fois par an. Un thème annuel – généralement celui de l’Eglise universelle – est traité en trois phases dans le journal.

« Saint Joseph » est le thème de l’année en cours (2021-2022).

En Suisse la FCPMH existe dans les cantons de Fribourg, Vaud et Genève et Valais dès 1957-1958. A Sierre, à Martigny les sections locales existent depuis 1958. A Sion, depuis le 31 janvier 1960. L’aumônier est le R. P. Einard et la responsable est Mme Colette Comina de Sion.

Sur le plan romand c’est l’aumônier André Kohly qui a assuré la naissance et les premières années de fonctionnement.

En Valais la FCPMH est née en 1958. Depuis le début, différents aumôniers ont succédé au P. Einard, le chanoine Dominique Gross, curé de Leysin ; et depuis le 1er juillet 1999, le diacre André Clivaz.

Dès l’automne 2018, le diacre André Clivaz de Sion assure également la fonction d’aumônier national.

Le responsable na-­tional est M. Pierre-Alain Carrel de Pré-Vers-Noréaz.

Sur le plan européen et intercontinental, dans le comité responsable, siège M. Benoît Seppey de Lausanne.

« Contre toute désespérance »

PAR THIERRY SCHELLING | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

Dès ses débuts comme pontife, les vaticanologues et autres journalistes people ont repéré sa démarche claudicante: en effet, François a une chaussure compensée qui est bien loin des standards des mules pourpres de ses prédécesseurs ! Parce qu’il souffre de sciatiques aiguës et récurrentes. Il dénonce les chiacchere, les bavardages par trop communs au sein des paroisses sur mille et un détails notamment vestimentaires… a-t-il subi les quolibets à cause de sa démarche ?

Orientations pastorales…

Dans un message aux personnes souffrant d’un handicap ; lors de leur journée internationale (le
3 décembre), il assène l’accessibilité absolue aux sacrements et à la vie active en paroisse et communauté – à croire qu’il y a des lieux où cela n’est pas le cas ? Il redit combien « la fragilité appartient à tous », que le « premier roc » sur lequel bâtir la maison commune est « l’inclusion ». Il encourage aussi les agents pastoraux, prêtres et laïcs, inclus les séminaristes, à se familiariser avec le handicap d’autrui et les outils pour mieux échanger : « L’objectif est que nous puissions ne plus parler « d’eux » mais seulement de « nous ». »

Il va même jusqu’à demander
aux paroisses d’inclure parmi les catéchistes des personnes souffrant d’un handicap, afin d’ouvrir les ministères à toutes les personnes !

… et civiles

L’attention aux personnes souffrant d’un handicap déclenche une réciprocité : « La sollicitude [à leur égard] n’est pas un geste à sens unique, mais un échange de dons », a-t-il souligné aux membres de l’Institut séraphique d’Assise en décembre 2021. Il va même jusqu’à demander que l’Etat et l’administration publique fassent leur part. Une option sociétale qui n’est pas une option, donc…

Devenir la main de Dieu

PAR PÈRE ROMAN ZAMOZHNEVICH *
PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER, DR

* Prêtre à mobilité réduite

« Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (Gal 2, 20) : voilà tout l’idéal de la vie chrétienne ! Nous sommes tous invités à vivre l’intégralité des événements de notre existence de cette manière. Quand nous souffrons, nous pouvons nous unir au Christ crucifié. Ainsi, nous participons au sacrifice du Christ pour notre Salut, pour le Salut de l’Eglise et celui du monde.

Jésus a accordé une attention particulière aux malades et à ceux qui souffrent. Il leur a apporté du réconfort, Il les a guéris, mais surtout Il leur a montré le grand amour que Dieu a pour eux.

Lorsque nous allons chez les malades et ceux qui souffrent, nous devenons la main de Dieu qui bénit et réconforte. Nous sommes témoins de l’amour et de l’attention de Dieu pour chacun.

A chaque Eucharistie, nous apportons du pain et du vin pour qu’ils deviennent, par l’action de l’Esprit Saint, le Corps et le Sang de Jésus-Christ. C’est alors le moment de tout déposer sur l’autel, nos joies et nos peines, nos souffrances et nos douleurs et de laisser le même Esprit transformer, en un don agréable à Dieu, tout ce que nous avons et ce que nous sommes.

La confiance en Dieu fait des miracles. Je vous invite à ce que la vie donnée par le Christ dans le baptême continue avec Lui jusqu’au repos éternel en lui.

La pastorale spécialisée au service…

… de la personne en situation de handicap

 

Rencontre avec Daniela Sebrié, originaire d’Argentine, mariée à Gaëtan Steiner, maman de trois filles. Elle habite à Vétroz. Elle est actuellement en dernière année du Parcours Théodule du diocèse de Sion.

TEXTE ET PHOTO PAR NICOLE CRITTIN

Pourquoi avoir choisi ce ministère ?

Depuis mon enfance j’ai créé des liens d’amitié très riches avec des gens handicapés. Des relations qui m’ont beaucoup apporté et ont donné du sens à ma vie en général et spirituelle. Je me suis sentie appelée par Dieu, à le suivre et à le servir au travers de la personne en situation de handicap. C’est pour cela que je me suis engagée dans la pastorale spécialisée.

Aujourd’hui, je mets mes pas sur ce chemin pastoral avec beaucoup de respect pour ce monde étonnant et fascinant du handicap. Aussi avec confiance, car je sais que le Seigneur est là pour m’inspirer et me soutenir dans ce beau service.

Qu’est-ce que c’est la pastorale spécialisée pour toi ?

Pour moi, la pastorale spécialisée c’est :

une révélation car je découvre, cachée dans le signe visible du handicap, une sagesse de vie qui m’interroge, me renouvelle et me transforme… tout comme Dieu… pensons au psaume 8, 6 : «à peine le fis-tu moindre qu’un dieu…»;

une invitation à me mettre à l’écoute de la parole de Dieu et à me rendre disponible pour qu’elle puisse agir et combler les cœurs de ses enfants;

un apprentissage qui me demande de la créativité en travaillant plus particulièrement sur les cinq sens pour pouvoir trouver le bon geste, les mots qui conviennent pour m’approcher de la personne, et surtout, beaucoup d’humilité pour accepter mes propres handicaps et limites, laissant Dieu faire son œuvre.

A quoi ressemble une rencontre d’animation spirituelle avec des personnes en situation de handicap ?

Alors, elle se propose comme un lieu fraternel de rencontre, un espace de communion, où chacun a sa place. Au sein de l’équipe pastorale, nous préparons des animations spirituelles dans les différentes institutions de la région.

Par exemple, une à deux fois par mois, par petits groupes ou même individuellement, nous nous réunissons pour vivre un moment de partage autour de la Parole de Dieu. Nous allumons une bougie, c’est un moment précieux !

De plus en plus souvent, nous ressentons une détresse lors des moments de deuil, nous sommes présents aussi, pour les entourer, dans cette douleur de séparation.

Nous accompagnons ces personnes, soit dans les paroisses, soit à domicile, soit dans les institutions, lors d’un parcours de préparation aux sacrements ou autres. Dans certaines institutions, nous vivons régulièrement des célébrations.

 

Des questions, besoin d’informations ? Avec plaisir, vous pouvez nous contacter:

Service Diocésain de la Pastorale Spécialisée | Maison Notre-Dame du Silence | Ch. De la Sitterie 2 | 1950 Sion
Responsable : M. Gaëtan Steiner | Tél. 077 446 31 09 ou 027 329 18 29 | E-mail : pastorale.specialisee@cath-vs.org

Et voici d’autres liens qui peuvent être utiles:
ssvalais.com (société des sourds du Valais)
etoilesonore.ch (sonothèque pour toute personne empêchée de lire par elle-même)

L’amitié à toute épreuve

A tour de rôle, des jeunes de divers cantons romands profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. Au tour de la jeune Valaisanne Aline Jacquier de prendre la plume.

PAR ALINE JACQUIER | PHOTOS : CARLOS YAP, DR

Je m’appelle Aline Jacquier, j’ai 32 ans et j’ai grandi dans le canton du Valais, plus précisément à Fully où je vis toujours. Je partage mon temps entre mon travail d’assistante de direction et celui d’auxiliaire en pastorale jeunesse sur le décanat de Sion. En parallèle, je termine cette année le parcours Théodule.

En janvier 2019, j’ai eu la chance de participer, avec une quarantaine d’autres jeunes de Suisse romande, aux journées mondiales de la jeunesse. Nées en 1985 de l’intuition de saint Jean-Paul II, les JMJ se tiennent chaque deux ou trois ans dans un pays différent. Entre les éditions internationales, des JMJ locales sont organisées au niveau romand ou national comme ce fut le cas par exemple à Fribourg en 2018 ou Nyon en 2017.

Lorsque je repense à ces JMJ, plusieurs images se succèdent comme un diaporama : les plages de sable fin, l’eau turquoise, les forêts luxuriantes, le collège dans lequel nous dormions, des jeunes partout dans les rues, le Pape qui fend la foule dans sa papamobile et surtout une photo qui a fait le tour du monde et des réseaux sociaux et qui m’a beaucoup touchée. Prise le 22 janvier 2019, quelques minutes après l’arrivée du Souverain pontife à Panama, on y voit un jeune homme en chaise roulante, porté au-dessus de la foule par ses amis. Ce jeune homme, c’est Lucas, Panaméen de 17 ans à l’époque ; il communique uniquement via un smartphone, car sa paralysie l’empêche de parler et de marcher.

Deux mois plus tard, le 25 mars 2019, le pape François (encore lui) nous faisait le cadeau de son exhortation apostolique post-synodale « Christus Vivit » qu’il a adressée en particulier aux jeunes. Au numéro 149 du chapitre 5, intitulé Chemins de jeunesse, il écrit notamment ceci : « […] De plus, le désir de vivre et de faire des expériences nouvelles concerne en particulier beaucoup de jeunes en condition de handicap physique, psychique et sensoriel. Même s’ils ne peuvent pas toujours faire les mêmes expériences que leurs compagnons, ils ont des ressources surprenantes, inimaginables, qui parfois sortent de l’ordinaire. Le Seigneur Jésus les comble d’autres dons, que la communauté est appelée à mettre en valeur, pour qu’ils puissent découvrir son projet d’amour pour chacun d’eux. » Ces quelques lignes ont passablement bousculé ma façon de concevoir la pastorale jeunesse. Elles me forcent à être créative et à imaginer des activités inclusives où chaque jeune peut ainsi faire l’expérience de Dieu à sa meilleure place.

Le handicap et la maladie

TEXTE ET PHOTO PAR J.-MICHEL MOIX

Pour illustrer le thème de ce mois de février qui porte sur la « Pastorale des handicapés », vous découvrirez dans ce numéro différents articles: le témoignage d’une jeune de chez nous, Karen Rapin, qui travaille au sein de l’aumônerie de l’hôpital régional de Rennaz;
le témoignage d’Alexandra, née avec un handicap de la trisomie 21 et enfin un cas de guérison miraculeuse qui s’est déroulé au sanctuaire marial de Lourdes.

Il est vrai que la santé, tant physique que psychique et mentale, est un bien inestimable. On s’en aperçoit bien, le jour où on la « perd ». Et que ne fait-on pas
parfois pour la recouvrer ?

L’épidémie du Covid, qui a éclaté voici bientôt deux ans, a exacerbé cette peur de « tomber malade » d’un « virus » qu’on nous présentait au départ comme fortement létal et qui s’avère au final un petit peu plus létal que la grippe, mais beaucoup moins létal que la peste du moyen-âge. Toujours est-il que les mass média ainsi que les autorités politiques et médicales portent une attention soutenue sur «notre santé».

Mais notre premier souci, en tant que chrétien, n’est-il pas avant tout de se préoccuper de la santé de notre âme (sans négliger pour autant la santé du corps) ?! Oui ! Admettons que nous sommes, peu ou prou, tous «contaminés», rendus malades, par cette terrible maladie spirituelle qu’on appelle le péché ! Le péché nous détache de Dieu et nous attache à la «terre», aux plaisirs trompeurs et éphémères. Pensons ici à faire appel à la médecine du Bon Dieu. Et l’un des meilleurs remèdes à appliquer contre le péché, c’est la prière ! Car la prière nous détache de la «terre» et nous attache à Dieu ! La prière est une activité très facile à mettre en œuvre. Elle nous est même nécessaire si nous voulons un jour parvenir au «Ciel».

Alors, tout comme la photo ci-jointe nous y invite, avec Saint François d’Assise, réveillons notre foi, et portons notre regard de foi vers celui qui est venu précisément pour nous sauver du péché !

Jeux, jeunes et humour – février 2022

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Comment Valentin est-il devenu le saint patron des amoureux ?
Deux Valentin ont marqué l’histoire ecclésiale du IIIe siècle : l’évêque de Terni mort en martyr et un simple prêtre mort supplicié (ce qui revient au même !) le 14 février 270 sous le règne de l’empereur romain Claude II. L’Eglise canonisa Valentin de Terni et amalgama sa fête à la date du décès de l’autre prêtre, soit un 14 février. Le pape Gélase en 495 en fit le patron des amoureux et christianisa par là même la fête qu’on rendait le lendemain à Luperculus, dieu romain de la fécondité.

par Pascal Ortelli

Humour

Dubonnet venait d’enterrer sa mère. Quand il reçut la facture des Pompes Funèbres, il était encore plus triste qu’à l’enterrement. A tel point qu’il la déchira. Après de nombreux rappels, les employés funéraires vinrent trouver le curé pour qu’il intervienne. Celui-ci se rendit chez Dubonnet :
– Alors Louis, ça va mieux ?
– Oui, merci.
– Il paraît qu’il te reste une facture à honorer ?
– Voyez-vous, M. le curé, mes parents étaient pauvres et il ne me reste qu’une sœur qui a mal tourné. Elle est religieuse à Géronde.
– On ne dit pas « elle a mal tourné », on dit, elle s’est mariée avec le bon Dieu !
– Ah bon ! Alors pour la facture, vous pouvez l’envoyer au beau-frère !

par Calixte Dubosson

Le Chemin néocatéchuménal

De nombreuses communautés composées de religieux ou de laïcs sont présentes en Suisse romande, comme autant de témoins de la vitalité et de la diversité de l’Eglise. Ce mois-ci, cap sur le Chemin néocatéchuménal, un itinéraire diocésain d’initiation chrétienne, suscité par le Concile Vatican II au service de la nouvelle évangélisation.

PAR PASCAL ORTELLI | PHOTO : DR

Nom officiel: Chemin néocatéchuménal.

Fondateur: Francisco José Gomez Argüello (dit Kiko), peintre espagnol et Carmen Hernández, rejoints par le prêtre italien Mario Pezzi.

Dates clés:
1964: première communauté dans les bidonvilles de Palomeras Altas à Madrid.
1968: arrivée du Chemin à Rome et début de l’expansion internationale.
1990: Jean-Paul II explicite le charisme du néocatéchuménat dans sa lettre Ogniqualvolta.
2008: approbation définitive des statuts par le Saint-Siège.

Organisation: une équipe internationale qui a entre autres la responsabilité de maintenir des rapports réguliers avec le Vatican, les évêques diocésains et les itinérants de chaque nation. Le Chemin est présent dans 134 pays avec 21’300 communautés de laïcs réparties dans 6’270 paroisses, 1’668 familles en mission et 125 séminaires diocésains missionnaires.

Mission: le terme « néocatéchuménal » renvoie au catéchuménat, soit au parcours traditionnel d’initiation que suivent les adultes demandant le baptême. Ces communautés ne font pas vie commune, mais se réunissent pour célébrer et revivre par étapes l’initiation chrétienne reçue durant l’enfance : de l’accueil de la Bonne Nouvelle au renouvellement des promesses baptismales. Ne présupposant pas la foi, elles sont donc ouvertes à tous.

Présence en Suisse: à Lausanne, Genève et Fribourg, d’où essaiment des communautés dans les différentes paroisses de Romandie.

A Fribourg, via le séminaire Redemptoris Mater érigé par Mgr Morerod en 2018 et formant des prêtres diocésains issus du Chemin.

Une particularité: l’envoi en mission d’un prêtre accompagné de 4-5 familles dans des zones déchristianisées avec le souci d’aider les cabossés de la vie à se reconstruire.

Pour aller plus loin: neocatechumenaleiter.org

 

« Le Chemin néocatéchuménal, c’est… »

Famille Daniel et Sara Borrego, Genève

« Pour nous, le Chemin néocatéchuménal a été la porte d’entrée dans l’Eglise qui est le salut de notre vie. Expérimenter que Jésus Christ nous a aimés et nous aime même là où on n’arrive pas à le faire, cela donne une nouvelle dimension à notre vie. Nous apprenons ainsi à découvrir le baptême pas à pas, de manière adulte, vivant la foi en communauté où l’on apprend à s’aimer les uns les autres tels que nous sommes, avec nos défauts et nos vertus, non parce que nous sommes surhumains, mais parce que l’Esprit Saint est au milieu de la communauté. »

En librairie – février 2022

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Deux petits pas sur le sable mouillé
Anne-Dauphine Juilland

Tout commence sur une plage, quand Anne-Dauphine remarque que sa fille marche d’un pas hésitant. Après une série d’examens, les médecins découvrent que Thaïs est atteinte d’une maladie génétique orpheline. Elle vient de fêter ses deux ans et il ne lui reste que quelques mois à vivre. L’auteur lui fait alors une promesse : « Tu vas avoir une belle vie. Pas une vie comme les autres, mais une vie dont tu pourras être fière. Et où tu ne manqueras jamais d’amour. » Ce livre raconte l’histoire de cette promesse et la beauté de cet amour. Tout ce qu’un couple, une famille, des amis, une nounou sont capables de mobiliser et de donner. Il faut ajouter de la vie aux jours, lorsqu’on ne peut pas ajouter de jours à la vie.

Editions J’ai lu

Acheter pour 15.30 CHF

Le bonheur dans tes yeux
Agnès Hittin

Héroïne du film « De Gaulle », la jeune Clémence a bouleversé la France. Dans ce témoignage exceptionnel, sa maman raconte ici comment la trisomie de Clémence a bouleversé la vie de leur famille mais comment elle a également été la source d’un véritable bonheur. Un livre d’une immense tendresse et d’une grande sincérité pour apporter du réconfort et donner des clés pour aider les parents d’enfants en situation de handicap.

Editions Mame

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Ignace de Loyola
Quentin Denoyelle
Etienne De Forges

21 mai 1521, Ignace de Loyola est blessé à la jambe au siège de Pampelune. Pendant la longue convalescence qui s’ensuit, le gentilhomme espagnol découvre sa vie intérieure. Vingt   ans plus tard, à Rome, Ignace et ses compagnons fondent la Compagnie de Jésus, dont il est élu premier supérieur général. Entre-temps, c’est par des renoncements successifs qu’il s’exercera à voir Dieu en toute chose et fera l’apprentissage de la liberté intérieure.

Editions Fidélité

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Le cœur contenté
Hélène Greffard

Plus que jamais, il est nécessaire de nous rappeler l’existence et l’impact de la bonté dans notre monde. Les actes bons ont le pouvoir de guérir, de stimuler, de réjouir, d’ouvrir à plus grand que soi. Nous en avons grandement besoin pour percevoir la douceur de la vie, en ces temps où les mauvaises nouvelles font la manchette. L’auteure de ce livre est partie à la recherche de témoignages de personnes envers qui un geste de bonté a été décisif. Au fil de ces histoires vraies, la bonté prend des visages insoupçonnés. Leur évocation nous aidera à reconnaître les actes de bonté posés envers nous dans notre propre vie et nous inspire à cultiver la graine de bonté qui repose en nous.

Editions Médiaspaul

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Messie malgré lui ?

Pas de Tik Tok, ni d’Instagram, mais des millions de followers. Tout le monde connaît son histoire, ou presque ! La nouvelle série de Zep, La vie de J.C., croque un Jésus pétri de défauts. Un messie… terriblement humain.
Entretien (presque) sérieux avec le bédéiste genevois.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER

Pourquoi avoir choisi de présenter un Jésus maladroit avec des apôtres pas très futés ?

Cela m’intéressait de parler de l’aspect humain de Jésus plus que de sa divinité. Et puis un personnage humoristique doit avoir des failles, sinon il n’est pas drôle. Jésus est animé d’une envie de changer le monde, il se rend compte qu’il possède des dons particuliers. Il entend Dieu et porte un message et une vision pour la société, mais il n’est pas très bon communicant. En plus, il est entouré de copains qui le suivent surtout parce qu’il est sympa et qu’il fait des tours de magie. Nous ne sommes certainement pas très loin de ce qui a dû se passer dans la réalité. Lui doit se battre contre cette image. Il se trouve sans arrêt face à cette incompréhension. Le Christ a un discours ultrarévolutionnaire pour l’époque, je me posais la question du comment le réactualiser.

Jésus, ce n’est pas tellement un sujet à la mode…

C’est un personnage qui, aujourd’hui, est encore connu
par tout le monde. Du moins, un ou deux épisodes de son histoire telle qu’elle est racontée. Notre société vit encore sur l’apport du Christ, sur ses idées.

Le public comprend-il encore les références que vous utilisez ?

Je suis curieux de le savoir. Le principe des paraboles est d’être compris aussi en rapport à la vie d’aujourd’hui. Les gens comprennent assez vite que cet homme a une mission, qu’il ne sait pas très bien comment l’annoncer à ses proches. Un apprenti Jésus en quelque sorte. Mon but n’est pas de faire de l’éducation biblique. Je dresse ici une espèce de portrait en creux de Jésus. D’ailleurs, il s’appelle J.C. et non pas Jésus. Ce n’est pas forcément le même personnage.

Quelle influence Jésus a-t-il (ou a-t-il eu) dans votre vie ?

Lorsque j’étais adolescent, l’étude biblique m’a vraiment passionné. J’y ai passé beaucoup de temps.
Je me suis inscrit pendant deux ans à la faculté de théologie de Genève en tant qu’auditeur libre. Je trouve toujours ces textes passionnants. Croire à la nature divine de Jésus est un choix, moi j’ai choisi de ne pas croire. Mais j’ai beaucoup de respect pour ceux qui y croient. Ça n’a jamais été mon intention de blesser les croyants avec cette série. Par ailleurs, je pense que nous avons le droit de rire de tout. Une société qui ne sait pas rire de ses dogmes ne va pas très bien.

Dans quelle mesure les religions manquent-elles d’autodérision ?

Je ne crois pas que cela soit les religions, mais les gens. Je ne dis pas que tous les gens doivent rire de ce que je fais et je n’en ai pas la prétention. Umberto Eco décrivait dans Le nom de la rose un Dieu qu’il fallait craindre et les inquisiteurs condamnaient le rire, car il bannit la crainte. Pour moi, le Dieu tel qu’il est raconté dans l’Evangile n’est pas un dieu de crainte. Je ne me moque pas de Dieu, mais c’est de l’humain dont je ris.

 

 

 

 

« Se battre pour la liberté d’expression »

Commentaire de myriam bettens

Des croyants ont été peinés, voire offensés dans leur foi par la série La vie de J.C. Pour avoir fait une rencontre personnelle avec Jésus, il est vrai que je ne partage pas la même vision qu’en a Zep. Suis-je pour autant heurtée par cette représentation ? Il me (nous) fait part ici de sa compréhension de Jésus, pas de la mienne, donc non ! D’ailleurs, son personnage principal se nomme J.C., ce n’est certainement pas pour rien. Ce choix rédactionnel ne fait certainement pas l’unanimité. Malgré cela, je considère qu’il est crucial, si ce n’est vital, de se battre pour que la liberté d’expression reste garantie sous toutes ses formes. Et vital est à mon sens le terme. L’actualité nous a maintes fois offert la démonstration de ce qu’un argumentaire par les armes peut produire. Pour mémoire, le film Sìrìrì dépeint très bien la manière dont le conflit entre groupes armés chrétiens et musulmans s’est enlisé en Centrafrique. Exemple criant d’une rhétorique expéditive, mais qui a fait ses preuves. Je suis cynique à dessein. Car écouter pour comprendre demande du temps et de la disponibilité. Celle d’être questionné et parfois ébranlé dans ses convictions : tout comme Jésus l’a lui-même fait avec moi et continue de le faire encore aujourd’hui.

Martine Hayoz, une maman proche-aidante…

Martine Hayoz, de Châtillon, est «proche-aidante» pour l’un de ses fils, âgé de 21 ans, et ceci depuis une dizaine d’années. Grigori souffre d’un handicap mental occasionnant des retards à différents niveaux. Cela ne l’empêche pas d’être passionné de littérature fantastique, de mythologie grecque et de BD d’aviation.
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L’Evangile de la fragilité

PAR GAËTAN STEINER, RESPONSABLE DE LA PASTORALE SPÉCIALISÉE DU DIOCÈSE DE SION ET DU TERRITOIRE ABBATIAL DE L’ABBAYE DE ST-MAURICE
PHOTO : BERNARD HALLET, CATH.CH

Comment accueillir la fragilité comme une bonne nouvelle en notre société tou-jours plus compétitive et élitiste ? Voici une question qui habite le quotidien des personnes engagées dans le service de la pastorale spécialisée de notre diocèse !

Chaque rencontre est un mystère ! Mys-tère de Dieu et mystère de l’être humain ! Oui, il s’agit essentiellement « d’être » plei-nement présent pour découvrir la Bonne Nouvelle que le Seigneur nous révèle.

A travers notre activité, nous nous effor-çons de mettre en lumière une reconnais-sance intégrale de la personne en situa-tion de handicap ainsi que ses nombreux et profonds besoins spirituels. Nous aimons, nous nous laissons aimer, nous construisons de solides amitiés, nous prions avec l’ensemble de notre corps à l’aide de différentes approches senso-rielles, nous creusons la Parole de Dieu et ensemble, nous accueillons l’Evangile de nos propres fragilités.

N’est-ce pas là le cœur de l’Evangile ? N’est-ce pas là le cœur de la mission du Christ qui montre à quel point la fragilité, assumée et aimée est source de salut pour le monde ! N’est-ce pas là le cœur de notre église ?

Alors, comment accueillons-nous dans nos assemblées paroissiales les membres de nos communautés plus fragiles, avec un handicap ? Comment accueillons-nous et soutenons-nous les familles, les parents, frères et sœurs ou encore amis ? Comment pouvons-nous enrichir notre vie terrestre au contact des plus petits qui ont tant d’enseignements à nous partager pour notre propre vie de « valides » ?

Chacune et chacun pourra trouver une bribe de réponse dans son cœur et qui sait, peut-être qu’un jour nous prendrons part, tous ensemble, au festin des invités au repas du Seigneur !

Aujourd’hui la moisson est abondante, mais peu nombreux sont les ouvriers. Aussi, si vous souhaitez, donner un peu de votre temps, 2-3 heures par mois, afin de vivre une fraternité avec nos amis por-teurs de handicap et d’approfondir votre foi, n’hésitez pas à nous contacter ! Nous recherchons ardemment des bénévoles pour nous aider dans cette belle mission au service du royaume de Dieu.

« Nous sommes dans l’être, avant d’être dans le faire »

Pour les aumôniers, l’Equipe romande œcuménique de pastorale spécialisée est un organe essentiel à l’exercice de leur ministère. Au-delà des questionnements et des échanges d’expériences, elle leur permet d’affiner leurs approches sensorielles liées aux handicaps, les bénéficiaires n’ayant pas tous accès au langage.
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