Un parcours floral pour l’Avent

TEXTE ET DESSINS PAR BRUNO SARTORETTI

Chaque année, les fleuristes du secteur des Deux-Rives se mettent ensemble pour réfléchir à une mise en œuvre commune pour toutes les paroisses durant le temps de l’Avent et celui du Carême. Ces temps qui nous mènent vers la Vie.

Cette année, après avoir lu les textes bibliques, nous avons retenu l’idée que Dieu nous offre une création nouvelle en venant lui-même s’incarner dans l’humanité.

Le premier dimanche, le Christ nous montre que le monde est appelé à subir des catastrophes climatiques, sismiques, océaniques,… Mais au milieu de tout cela, l’homme est invité à rester fidèle à la Parole, à son Dieu ; et de son côté, Dieu nous donne un germe dans la maison de David. Au milieu du chaos, de la destruction, une petite pousse verte nous donne l’espérance.

Le deuxième dimanche, Jean-Baptiste prophétise, c’est-à-dire qu’il proclame la Parole de Dieu. Et cette parole nous met en route, elle propose de devenir témoin de Dieu en aplanissant les chemins de nos paroles, de nos sms, de nos réseaux sociaux. Nous pouvons aussi abaisser les montagnes de nos indifférences, combler les ravins de nos relations. Préparer le chemin, accueillir la Parole, c’est se convertir à la présence de Dieu.

Le troisième dimanche, le prophète Jean répond aux questions du peuple. Que devons-nous faire ? Et la réponse du Baptiste, écho de la Parole de Dieu, invite à être plutôt qu’à faire. Partage, humilité, patience, non-violence, voilà comment être afin que la Parole soit louange et joie, allégresse et bonheur. Etre révèle le bon grain qui séparé de la paille peut porter les fruits.

Le quatrième dimanche est celui de l’intériorité, celui de l’enfant qui tressaille, celui de l’enfant qui sauve. La terre s’ouvre afin de mettre au monde le Salut, la Paix, le fils de l’Homme. C’est le temps des entrailles, de l’intimité, de la présence. C’est l’Alliance qui se renouvelle, le monde nouveau est en gestation, près à naître. La Parole est gravée dans mon cœur, dans mon corps afin de me faire vivre le Salut.

C’est Noël ! Le monde devient berceau de Dieu. Couché sur la paille, le nouveau germe de David inaugure la présence de Dieu dans les entrailles de l’humanité afin d’y mettre la joie, l’amour et la vérité, chemins d’espérance et de salut. Joyeux Noël !

Joyeux nouveau Monde !

Vers une pluralité des mondes

Elle s’appelle 51 Pegasi b et flotte à quelque 51 années-lumière de la Terre. Cette exoplanète tourne autour d’un autre soleil que le nôtre. Depuis cette découverte, la science astronomique dissimule à peine le rêve de repérer un jour une vie autre que la nôtre. Entretien avec l’un des «découvreurs» de cette exoplanète.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER

Pouvez-vous expliquer ce qu’on définit par pluralité des mondes ?

Cette notion est née dans le monde grec, chez les philosophes. On se posait déjà la question s’il existait un seul monde dans notre univers ou plusieurs. Elle s’est développée au même moment que l’hypothèse atomiste. En d’autres termes, elle définissait que le plus petit morceau qui garde la nature de la matière s’appelle l’atome. La conséquence directe de cette hypothèse les a amenés à penser que si le monde a été créé à partir d’atomes, alors pourquoi la nature n’en a créé qu’un seul ? Epicure introduit très clairement cette notion dans une longue lettre. Il dit qu’« il doit exister une infinité de mondes dans l’univers » et que « certains doivent avoir des espèces vivantes comme on les connaît, d’autres ne les auront pas ». C’est incroyable, car il faut se rappeler que c’était il y a plus de 2000 ans. Evidemment, la notion de monde n’est pas celle d’une exoplanète.

Quel impact a eu votre découverte en regard de cette question ?

En termes modernes, ma découverte démontre qu’il existe des exoplanètes : des planètes qui tournent autour d’autres étoiles dans la galaxie. Notre Voie Lactée compte deux cents milliards d’étoiles comme le soleil et pour leur immense majorité elles sont entourées de systèmes planétaires. La question est évidemment : combien de ces planètes sont susceptible d’avoir permis la vie ? Ce qui se cache derrière cette interrogation n’est autre que la place de l’homme dans l’univers et celle de la vie.

Le défi plus ambitieux reste bien de trouver de la vie en d’autres endroits de l’univers.

Oui, bien entendu. On analyse les atmosphères planétaires afin de chercher ce que l’on appelle des biomarqueurs. Ce sont des anomalies chimiques qui nous disent que la vie se développe. Cela ouvre sur un questionnement encore plus vaste de l’ordre du « pourquoi sommes-nous là ».

Que pensez-vous de la notion d’ajustement fin de l’univers (fine tuning), souvent mise à contribution par les défenseurs de la thèse spiritualiste du dessein intelligent ?

Imaginons que les choses aient été différentes et que nous ne soyons pas là. On ne se poserait même pas la question. Le fait que nous soyons là et que nous bénéficiions du fait que cela a fonctionné ne nous permet pas de faire des statistiques. De là à dire que cela a été voulu par une puissance supérieure… Nous n’avons aucun élément pour le dire. Il nous faut donc garder une certaine modestie. (En cosmologie, cette notion se trouve à la base du principe anthropique fort, postulant qu’une variation, même infime, de certaines constantes fondamentales, n’aurait pas permis à la vie d’apparaître dans l’univers, ndlr.)

Cela pousse à l’humilité et à l’acceptation que la science ne répond pas à toutes les questions…

A coup sûr ! La science ne répond en effet pas à toutes les questions. Il y a aussi des domaines en dehors de ceux de la science. Imaginez que nous ayons eu cette discussion il y a cinq siècles, basée sur les connaissances que nous avions à ce moment-là. Croire qu’on va répondre à tout me gêne beaucoup. D’ailleurs, il est même heureux que nous ne sachions pas tout, cela entretient la curiosité.

Biographie express

Michel Mayor, né le 12 janvier 1942 est astrophysicien. Il découvre, avec Didier Queloz, la première planète extrasolaire autour d’une étoile, 51 Pegasi b, en 1995. Il obtient avec Didier Queloz le Prix Nobel de physique en 2019 pour cette découverte.

Plusieurs mondes : une hérésie ?

« Contrairement à ce que beaucoup pensent, la chrétienté n’a jamais considéré ce phénomène comme une hérésie », affirme Michel Mayor. Au XIIIe siècle, l’archevêque de Paris, Etienne Tempier, demande l’autorisation au pape Jean XXI qu’il soit enseigné à la Sorbonne l’hypothèse de la pluralité des mondes. « Même au plus haut niveau de l’Eglise, c’était une question qui pouvait être discutée. On peut même dire que l’inverse était blasphématoire, car affirmer que Dieu n’aurait fait qu’un seul monde, c’était postuler son incapacité à en créer d’autres. » On peut aussi citer Albert le Grand, qui affirme que : « La plus belle, la plus exaltante question consiste en l’examen de la possibilité d’autres mondes dans l’univers. »

Pèlerinage d’été «Lourdes autrement»

Juillet 2021

TEXTE ET PHOTOS PAR PHILIPPE VALAX

En raison du Covid, le pèlerinage d’été à Lourdes 2021 n’a pas pu avoir lieu. Mais la commission pastorale a décidé de vivre ce pèlerinage annuel tout en restant en Suisse romande. A Lourdes, lors des pèlerinages, la priorité est donnée aux personnes malades. Le groupe des ados et des jeunes a l’habitude de les rencontrer pour vivre des temps d’animation et les aider dans leurs déplacements.

Nous avons voulu vivre ce même élan ici en Suisse.

Durant cette semaine, nous avons eu la joie de rencontrer des membres de la communauté de l’Arche à Fribourg. Tous les participants sont unanimes (personnes accueillies, assistants, ados, jeunes et accompagnants) pour dire que cette journée a été mémorable.

Au foyer de la Grotte

Arrivés au foyer de la Grotte, nous avons été accueillis dans la communauté par de jolis sourires et plein de super gâteaux. Les assistants nous ont montré un montage vidéo sur l’origine des foyers de l’Arche à Fribourg. Après un échange entre ados /jeunes et personnes accueillies nous avons eu le privilège de visiter la maison. Nous avons été très touchés par la joie que les personnes accueillies avaient de nous dévoiler leur lieu de vie. Chaque porte de chambre est personnalisée : cartes postales, photos de famille, photos de chanteurs, décorations…

Après notre pique-nique dans le jardin du foyer de la Grotte, nous nous sommes tous rendus la chapelle de Notre-Dame des Marches à Broc.

A la rencontre d’un groupe de scouts

Une fois la célébration terminée, nous avons été à la rencontre d’un groupe de scouts installé au bord de la Sarine près de Grandvillard. Pour atteindre leur campement, nous avons dû traverser un champ, franchir un cours d’eau sur deux troncs d’arbre mis en travers et encore marcher en frayant notre passage dans la forêt. Heureusement les scouts ont été de bons guides. Arrivés, ils nous ont présenté leur habitat : dortoirs sur pilotis, salle à manger en rondins, cuisine surélevée en pierre. Benoît (personne accueillie) s’est même exercé à faire un trou avec une tarière sous l’œil expérimenté d’un scout. Quelle joie quand il a réussi à passer au travers du rondin ! Pour le repas, des grillades étaient au menu ainsi que de la bonne polenta cuite dans la marmite au feu de bois, excellent !

Marche aux flambeaux à Grandvillard

Notre journée continue à l’église de Grandvillard. Nous vivons une procession mariale aux flambeaux en marchant d’un pas lent et méditatif jusqu’à la grotte (reproduction de la grotte de Lourdes). En méditant les mystères joyeux et en chantant nous sommes arrivés devant la grotte. Nous sommes saisis par l’atmosphère qui s’en dégage. Puis au revoir et retour à Fribourg.

Après ces moments intenses, j’aimerais remercier les Scouts et toute la communauté de l’Arche de Fribourg pour leur accueil chaleureux et pour nous avoir donné un peu de leur joie de vivre.

« L’Arche Fribourg est membre de la fédération internationale de L’Arche fondée par Jean Vanier. Elle regroupe trois foyers (la Grotte, Béthanie et Grains de Sel) situés au centre de Fribourg. Une trentaine de personnes, dont la moitié ont une déficience intellectuelle, y partagent une vie de type familial, simple et convivial. Les « personnes accueillies », sont le cœur et la raison d’être de la communauté. Elles y trouvent un lieu de vie où elles peuvent se sentir pleinement reconnues et développer un sentiment d’appartenance et de sécurité.
La vie des trois foyers est rythmée par l’activité professionnelle et les loisirs personnels de chacun, ainsi que par les repas pris en commun et les moments de convivialité. Une fois par semaine, une rencontre entre tous les habitants permet d’organiser la vie du foyer, de partager les nouvelles et de veiller à l’accompagnement des personnes accueillies.

Témoignage d’une jeune animatrice après la rencontre avec la communauté
Adeline Meuwly

La découverte et la rencontre avec les personnes de la communauté de l’Arche m’a fait prendre conscience que je pouvais accueillir ma différence comme un don.
J’ai remarqué, dans mon quotidien que les personnes différentes étaient parfois trop vite jugées, soit par leur apparence ou soit par leur façon d’être.
Je me suis sentie depuis l’enfance toujours un peu différente. Les enfants de mon âge me l’ont bien fait sentir. J’avais l’impression de ne pas être une fille « normale ». Pourquoi ce rejet ? Maintenant je comprends un peu mieux. J’étais simplement différente, avec des intérêts autres que la plupart de mes camarades. Aujourd’hui j’ai 18 ans. Je suis une mécanicienne sur voiture, je joue de la flûte, du piano, je chante, j’aime prier et me confier à la Vierge Marie.
Pour moi cette différence est devenue une force, alors osons la différence, elle est une richesse !
Merci pour cette belle journée vécue avec vous.
Adeline

Sans Dieu, la raison me perd

TEXTE ET PHOTO PAR ELSA WACK

Mon père Marc était un scientifique athée et membre de l’Union rationaliste.

Déjà quand j’étais assez jeune, nous nous heurtions à chaque fois que nous conversions sur la religion. C’était un dialogue de sourds. D’ailleurs, il est devenu sourd et ce sera peut-être aussi mon cas.

L’Union rationaliste publia «Légendes juives et chrétiennes », que mes parents achetèrent avec enthousiasme. Mais il n’y avait pas moyen de les lire: elles étaient bardées de commentaires historiques, de remises en contexte partisanes, d’une érudition ou pseudoérudition qui sapait toute possibilité de se plonger dans les récits.

Une légende a toujours un caractère sacré. Si on y réfléchit, c’est peut-être même le cas des textes de fiction en général. Seules les personnes un peu influençables («hypnotisables», diront certains), réussissent à s’identifier à leurs personnages sortis d’on ne sait quelle réalité de l’âme.

Mon père lisait peu de littérature. Pas le temps, sans doute. Il était chimiste, musicien et devait nourrir ses quatre enfants.

A propos de la méthode expérimentale, il nous parlait parfois de l’invention qu’il avait faite un peu par hasard, après s’être rendu compte que les hypothèses que lui dictait son imagination ne se confirmaient pas.

Son opinion des religions et des ésotérismes de tout poil se résumait probablement au refrain de Georges Brassens:

« Je ne crois pas un mot
de toutes ces histoires. »

Pourtant, il aimait visiter les églises. Pour moi, c’était une sorte de sacrilège : je m’y sentais mal à l’aise. Il a fallu que je me convertisse pour ne plus me sentir comme une intruse dans une église.

Son propre père Théophile était beaucoup plus mystique que lui. A l’enterrement de Théo, Marc a dit : « Nous n’avions pas les mêmes idées, mais il m’a toujours témoigné de l’affection. »

Si seulement science et religion pouvaient toujours se comprendre ainsi par le cœur !

Croire n’est pas savoir. Le scientifique expérimente, le croyant témoigne.

Nous sommes des témoins de petits bouts de choses : le grand tout divin nous échappera toujours et il est aussi vain de vouloir prouver l’existence de Dieu que son inexistence. Dialogue de sourds. Pourquoi chercher à expliquer ? C’est impossible.

Mon père m’a donné tant d’amour que la confiance que j’ai envers Dieu le Père souffre un peu de la comparaison ; la rançon du bonheur – sauf quand je considère que l’amour de mon père était peut-être une émanation de l’amour de Dieu.

***

La traduction de chansons est mon dada. Pour dire adieu à
L’Essentiel, dans lequel je n’écrirai plus, permettez-moi de publier ici une adaptation maison d’un chant choral de nos amis luthériens (Psaume 37, 5) :

Inspiré de « Befiehl du deine Wege »

(Paul Gerhardt, J.-S. Bach)

Quand tout te désenchante,
Confie ton cœur enfin
Au Dieu bon qui oriente
Là-haut le ciel sans fin
Les astres au bord du vide
Les nuages et les vents
Sur leur voie il les guide
Il te conduira en avant

Et en écho aux scandales de pédophilie, j’ai envie de détourner la Chanson de Gavroche:

Suis tombé dans le vide,
La faute à André Gide,
Au fond du caniveau,
La faute à Jean Cocteau

(Original de Victor Hugo : Je suis tombé par terre / C’est la faute à
Voltaire / Le nez dans le ruisseau / C’est la faute à Rousseau
)

Une Etoile dans les étoiles !

Mirka Dessauges, astrophysicienne d’Aigle

PROPOS RECUEILLIS PAR SYLVIE BLUMENTHAL
PHOTOS : SYLVIE BLUMENTHAL, DR

Qui est Mirka ?

Je viens de Slovaquie et suis arrivée en Suisse, à Aigle, avec mes parents et ma sœur en 1984, où j’ai grandi et étudié. Attirée par le ciel, j’ai profité de la chance d’être proche des montagnes et d’être dans une ville sans trop de pollution lumineuse, pour observer le ciel. Je suis docteure en astrophysique depuis 2003 ; j’ai la chance d’avoir un poste de maître d’enseignement et de recherche en astrophysique à l’université de Genève, tout en habitant Aigle. J’ai ainsi pu rester dans ma région tout en exerçant le métier qui me passionne. Je suis mariée et maman de petites jumelles.

En quoi consiste votre métier ?

Le métier d’astrophysicien, qu’on appelait autrefois astronome, est très ancien. Déjà avant Jésus Christ, les gens observaient les astres dans le ciel pour comprendre la place de l’homme et de la terre dans l’univers. Ils étaient à la fois astronomes et philosophes. Actuellement, on étudie la physique de tout ce qui nous environne – planètes, étoiles, systèmes plus gros qu’on appelle galaxies et la formation et l’évolution de ces astres dans l’univers.

Qu’est-ce qui vous a motivée à choisir cette voie ?

Vers 10-11 ans, j’ai regardé tout à coup le ciel et j’ai vraiment eu envie de connaître et comprendre les étoiles. De plus, je pense qu’on aimerait bien savoir si la vie se trouve uniquement sur Terre ou non – des questions fondamentales qui n’ont pas encore de réponses aujourd’hui. Depuis la découverte des exoplanètes, on sait qu’actuellement il y a énormément de planètes orbitant autour d’autres étoiles que le soleil et on essaie toujours de comprendre s’il peut y avoir aussi de la vie. Vu leur grand nombre, il y a des milliers de possibilités.

La science place la création du monde à partir du big bang ; en tant que chrétienne, comment arrivez-vous à concilier science et foi ?

En astronomie, ce n’est pas trop difficile. C’est vrai qu’on arrive à expliquer énormément de choses. Tous les phénomènes observés dans l’univers – gravitation, effets quantiques, relativité générale, etc. – sont régis par des lois physiques scientifiquement expliquées, ce n’est pas du hasard. On a aussi des preuves observationnelles d’un big bang. On peut remonter jusqu’à quelques minutes /secondes après le big bang et expliquer ce qui s’est passé ; on ne peut donc pas en douter. Malgré tout, il reste de la place pour beaucoup de mystères ; par exemple, on sait que le big bang a eu lieu, mais pas ce qui l’a déclenché. Est-ce que le temps s’est créé à ce moment ou existait-il déjà avant ? Je dirais que dans ma carrière en astronomie, je n’ai pas de problème avec la foi chrétienne, car il reste ce mystère de la genèse de l’univers qu’actuellement on ne peut pas expliquer et qu’on n’arrivera probablement jamais à expliquer.

Après, au quotidien, la vie scientifique, c’est bien ; mais, si on veut grandir dans l’amour – on peut l’appeler christianisme, taoïsme, bouddhisme, islam, etc. – dans un monde où vivent plus de 8 milliards de personnes, il faut trouver une ligne de conduite, une morale importante, chrétienne ou autre, qui va au-delà de la science. C’est un fait d’expliquer la médecine, la biologie ou l’astronomie ; mais je pense que pour l’esprit humain, on a besoin de plus et cela, la science ne l’apporte pas forcément.

Pour observer les planètes il faut beaucoup de patience. Est-ce que vous arrivez à appliquer la même rigueur dans la pratique de la foi et comment la transmettez-vous ?

J’ai longtemps été une catholique très pratiquante, surtout grâce à mes parents. J’ai même fait partie des Focolari. Actuellement, avec moult occupations et mon métier très prenant, je ne suis plus assidue à la messe. Mais mes filles ont beaucoup de plaisir à aller à la catéchèse. J’essaie de leur transmettre ma foi en les éveillant à l’émerveillement face à la beauté de ce monde, lors de nos balades en montagne ou en observant le ciel, la nuit. On est très sensible au problème de la conservation de cette planète, ce cadeau qui nous a été confié. Comment la préserver ? Aimer son prochain même s’il n’est pas très agréable, trouver cette force dans l’Amour pour pouvoir pardonner, ne pas rendre le coup qu’on reçoit, sont des valeurs importantes qu’avec mon époux, nous essayons de vivre en famille. On se rend compte que pour une de nos filles, c’est important d’avoir Dieu dans la vie – cette tierce personne qui est là, à qui elle parle de ses soucis, à qui elle se confie. Avec Dieu, elle sait qu’elle n’est pas seule, même dans les moments difficiles, car Il est toujours présent.

Préserver la planète : est-ce que cela a un impact au niveau de l’astronomie ?

Non ! L’écologie ou l’effet de la sauvegarde de la planète en soi n’influence pas le reste de l’univers. On peut même dire qu’actuellement, le fait que la température augmente et qu’il y a des effets de serre sur la terre, c’est complètement indépendant du cycle solaire. Il est vrai que sur une très longue échelle géologique, des périodes chaudes et froides ont toujours existé. Mais actuellement, il y a une très forte accélération de ce phénomène d’augmentation de température, non par effet géologique, mais à cause de l’industrialisation et de l’activité humaine. Néanmoins, cela n’impacte pas encore l’observation des étoiles partout sur la terre. Par contre, la tendance actuelle d’envoyer de nombreux satellites en orbite gâche l’observation du ciel en créant des parasites dans nos images. C’est de nouveau l’impact humain, et vu qu’on est majoritairement tributaire de rester sur terre pour observer le ciel, ça peut devenir problématique.

Avez-vous un message à faire passer à nos lecteurs ?

Oui, un message en lien avec l’écologie, la préservation de notre monde. Je suis fondamentalement persuadée que l’univers est suffisamment vaste pour qu’il y ait de la vie ailleurs. Mais c’est impossible d’aller vers ces mondes, car ils sont simplement trop lointains. Même avec le développement scientifique, jamais on ne pourra atteindre une autre planète hors du système solaire et on ne pourra y vivre. Je dirais donc : prenons soin de ce qui nous a été offert et qui est là, à côté de nous, parce qu’on ne pourra pas voyager vers un autre monde. Ceci passe par notre comportement quotidien – le partage, la modération et aussi par une éducation chrétienne. Je crois qu’être chrétien, ça va avec le fait de vouloir rester humble et ne pas abuser de ce qu’on a.

 

Montée vers Pâques au Sinaï

Suivre les pas des hommes et des femmes de la Bible, marcher et éprouver la beauté et le silence du désert, célébrer Pâques et la semaine sainte de manière inédite.... Du 9 au 19 avril 2022. Pour bons marcheurs. Inscriptions jusqu'au 31 décembre 2021 auprès de didier.berret@jurapastoral.ch
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Bienvenue à Sviatoslav !

Il s’appelle Sviatoslav Horetskyi, il est prêtre marié et nous est confié comme stagiaire pour les Unités pastorales de La Seymaz et Champel-/ Eaux-Vives, pour cette année pastorale (novembre-juin 2022). Laissons-le se présenter:

Photo : DR

Né en Ukraine centrale dans la ville de Zhytomyr, je suis prêtre au sein de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne, une Eglise catholique de rite byzantin.

Après avoir obtenu un master d’ingénieur en mécanique agricole, je suis parti travailler à l’étranger pendant près de quatre ans et notamment en Irlande, dans une exploitation agricole laitière. C’est durant ces années de dur labeur que j’ai senti l’appel à devenir prêtre. J’ai alors décidé de retourner dans mon pays afin d’entrer au Séminaire du Saint-Esprit de Lviv.

Au terme de 7 ans d’études, j’ai rencontré ma future épouse à Paris, lors de l’intronisation de notre évêque – dans la tradition orientale, un homme marié a le droit d’être ordonné prêtre. Ma femme étant Française (Savoyarde), j’ai été amené à effectuer mon service diaconal, puis mes premiers pas en tant que prêtre, dans l’Eparchie (diocèse) de Saint-Volodymyr, le Grand de Paris. Puis j’ai été envoyé en Alsace pour servir quatre communautés gréco-catholiques de l’Est de la France, à Metz, Algrange, Saint-Avold et Reims. On m’a également confié la mission de redonner vie à un ancien centre spirituel ukrainien à Mackwiller.

Au cours de ces cinq années passées en Alsace, j’ai donc exercé mon service pastoral tout en travaillant en semaine à la rénovation et l’entretien de ce lieu. Il y a quelques mois de cela, mon évêque m’a demandé de devenir l’aumônier des fidèles gréco-catholiques de Lausanne, de Genève et de Haute-Savoie. Mon emploi du temps me permet également de me rendre disponible pour les communautés catholiques de rite romain.

Je me réjouis d’entamer ce mois-ci un stage pastoral au sein de l’Eglise locale, où je dois apprendre le rite romain, découvrir et me familiariser avec la vie pastorale de plusieurs communautés de Genève. J’espère ainsi pouvoir vivre pleinement mon sacerdoce au service des chrétiens de différents horizons.

Précisons que Sviatoslav et Justine ont trois enfants de 6, 4 et 1 an et demi : Luka, Anastasiya et Pavlina.

A l’heure où revient le sujet d’un clergé marié dans l’Eglise catholique de rite romain, il conviendrait d’être plus précis :
il existe DÉJÀ des prêtres catholiques mariés – et qui ne sont pas d’anciens pasteurs d’Eglises protestantes ou prêtres de la Communion anglicane ! Car les Eglises dites d’Orient – qui s’étend de l’Ethiopie à l’Inde en passant par le Caucase et l’Irak, sans parler de leur diaspora sur tous les continents – ont un clergé marié tout comme célibataire – des moines qui vivent seuls ou en couvent – depuis des lustres !

Construction de la crèche de Chamoson

Six scouts d’Europe de la patrouille du Colvert mettent généreusement leur temps et leur savoir-faire à disposition de la paroisse de Chamoson pour la construction de la crèche.

TEXTE ET PHOTO PAR NICOLE CRITTIN

Qu’est-ce que le scoutisme ?

Le scoutisme, mot d’origine anglaise
qui signifie éclaireur, lui-même issu de l’ancien français « escoute » signifiant écoute, est un mouvement de jeunesse mondial et compte plus de 40 millions de membres, de toutes les religions et de toutes les nationalités. Le scoutisme repose sur l’apprentissage de valeurs telles que la solidarité, l’entraide et le respect. Le but étant d’aider le jeune à construire sa personnalité tout en contribuant à son développement physique, mental et spirituel.

Pour y parvenir, le scoutisme s’appuie sur des activités pratiques dans la nature et chacun est tenu de respecter une loi et de tenir une promesse. La tenue se compose entre autres d’une chemise beige sur laquelle on trouve le drapeau du pays et en dessous une bandelette avec la mention scouts d’Europe, le drapeau du canton ainsi que la bande de la troupe. On y trouve aussi les progressions personnelles.

La construction de la crèche,

un chef-d’œuvre

Comment construire une crèche avec seulement du bois et comme outils, scie à main, hachette, ciseau à bois et vilebrequin ? Au mois de novembre, les patrouilleurs partent en forêt repérer des hêtres rectilignes d’une hauteur de 2 à 3 mètres, puis enlèvent les branches qui seront utilisées pour le tressage des parois. Pas de gaspillage. La technique scoute
de construction d’installations, mise au point par Michel Froissart, commissaire de district des Scouts de France à Fontainebleau, dans les années 1930 s’appelle le froissartage.

Fin novembre et pendant au moins trois jours, les scouts s’activent pour la construction en enchevêtrant les piliers qui reposent à même le sol. Des clous en bois sont fabriqués afin de maintenir plus fermement la charpente de la crèche. Le tressage des parois est soigneusement effectué avec les branches. Un rouleau de paille est déroulé sur le toit. Des fétus de paille sont agencés à l’intérieur de la crèche qui viendra accueillir la Sainte Famille au complet le 24 décembre. A la suite du prophète Ezéchiel qui voit l’eau jaillir du côté droit du Temple, qui assainit tout ce qu’elle touche (Ez 47, 1-12), les scouts ont à cœur de faire ressurgir de l’eau sur le côté de la crèche. Pour
la touche finale, des sapins et des guirlandes lumineuses sont disposés autour de la crèche.

Vous êtes chaleureusement invité·e·s à venir découvrir ce chef-d’œuvre tout
le mois de décembre dans l’église de Chamoson. Et si vous êtes intéressé·e·s
à rejoindre la patrouille des scouts d’Europe, contactez Nathan Dayer, nathandayer17@gmail.com, 077 425 77 61.

L’être humain dans l’univers. Quel sens ?

PAR PASCAL GONDRAND
PHOTOS : WIKIMEDIA COMMONS

La contemplation du ciel, l’observation et la rêverie ont de tout temps été associées à la science et à la spiritualité. L’astrophysique interroge l’univers. La théologie, pour sa part, explore la relation entre l’être humain et le cosmos. Qu’est-ce que l’univers ? D’où vient la vie ? A quelle fin ? Ces questions font l’objet du programme intitulé « A ciel ouvert – Science et spiritualité », actuellement en cours, une collaboration entre des membres de la Faculté de théologie et des membres du Département d’astronomie de la Faculté des Sciences pour un partage de connaissances au bénéfice du grand public. Une table ronde a été organisée à l’occasion du lancement de celui-ci, dont voici un bref résumé.

Georges Meynet est physicien stellaire. Son travail au Département d’astronomie de l’Université de Genève consiste à étudier les étoiles massives. Sans les étoiles, y aurait-il la vie telle que nous la connaissons ?

Sa réponse, bien entendu, a été : non. Un célèbre astrophysicien américain, Carl Sagan (1934-1996), répétait : « Si vous voulez faire une tarte aux pommes à partir de rien, il vous faudra d’abord créer
l’univers. » En fait, tout ce qui est et existe dans notre univers est issu de processus qui se sont déroulés dans les 13,8 milliards d’années qui nous séparent du big-bang.
La vie et l’être humain sont également
issus de ces processus, de cette succession de maillons. Les étoiles ont un rôle particulier. Ce sont un peu les alambics du cosmos, ou encore, ses pierres philosophales. C’est là que les éléments se transforment. A partir d’éléments légers se forment des éléments plus complexes apparus au cœur des étoiles
puis dispersés par l’explosion de celles-ci dans l’univers. Selon lui, on peut dire que les étoiles sont nos ancêtres.

Il a encore rappelé que, reprenant les vers de Paul Valéry,

« Patience, patience,
Patience dans l’azur !
Chaque atome de silence
Est la chance d’un fruit mûr ! »,

Hubert Reeves, astrophysicien, a écrit : « Paul Valéry, étendu sur le sable chaud d’une lagune, regarde le ciel. Dans son champ de vision, des palmiers se balancent mollement, mûrissant leurs fruits. Il est à l’écoute du temps qui sourdement fait son œuvre. Cette écoute, on peut l’appliquer à l’univers. Au fil du temps se déroule la gestation cosmique. A chaque seconde, l’univers prépare quelque chose. Il monte lentement les marches de la
complexité. »

Poussière d’étoiles

Pour Christophe Chalamet, professeur en théologie systématique et doyen de la Faculté de théologie de l’UNIGE, l’univers nous rappelle évidemment notre petitesse, le fait que nous soyons là pour un instant seulement. Alors que l’être humain a tendance à vouloir être au centre de tout. Cela coupe court à cette velléité, à cette hubris, à cette démesure qui est celle de l’être humain, une poussière d’étoiles en quête d’intelligence.

Pour le professeur Trinh Xuan Thuan, astrophysicien, le Big Bang n’est pas un Dieu barbu. Il a rappelé que l’univers a été réglé de façon extrêmement précise dès les premières fractions de seconde après le big-bang. Les étoiles massives sont alors apparues et l’alchimie nucléaire qui conduit à la vie et à la conscience s’est produite. C’est ce que nous nommons le principe anthropique. Bouddhiste, le professeur Trinh Xuan Thuan parie, pour sa part, sur un principe créateur et a tenu à souligner que Bouddha est un être éveillé, mais qu’il n’est pas Dieu.

Beauté de l’univers

L’univers suscite l’étonnement. Et l’étonnement, c’est le début de la connaissance, de la curiosité, a encore fait valoir Georges Meynet. C’est un merveilleux terrain de jeu pour la recherche. Jean Rostand, a-t-il rappelé, disait que chercher était un superbe verbe, bien plus beau que savoir. « Beau mot que celui de chercheur et si préférable à celui de savant ! Il exprime la saine attitude de l’esprit devant la
vérité : le manque plus que l’avoir, le désir plus que la possession, l’appétit plus que la satiété. »

Pour Ghislain Waterloo, professeur de philosophie, de religion et d’éthique, doyen de la Faculté de théologie de l’UNIGE, nous sommes capables de déchiffrer beaucoup de choses, entre énigmes et mystères. Et ce qui est extraordinaire, c’est que plus on déchiffre, plus on s’aperçoit que des questions inattendues, de nouvelles énigmes se posent. Et nous savons que, peut-être, nous ne pourrons pas répondre à tout. Tout cela ne nous donne-t-il pas le sentiment d’être écrasés par cette immensité, aussi belle soit-elle ?

Georges Meynet a répondu à cette question en citant Blaise Pascal (1623-1662), mathématicien, philosophe et théologien : « Par l’espace l’univers me comprend et m’engloutit comme un point, par la pensée je le comprends. » L’être humain est minuscule, ce qui ne l’empêche pas de vouloir comprendre l’univers. Pascal insistait sur ce mot, comprendre.

Ghislain Waterloo a proposé pour sa part d’évoquer Emmanuel Kant (1724-1804), philosophe, et le sentiment du sublime.

Pour Trinh Xuan Thuan, le vide est plein, le vide n’est pas néant comme on pourrait le penser. Dans la théorie du big-bang, l’univers est parti d’un vide primordial. Mais ce vide est rempli d’énergie qui sera convertie en matière. Et cette matière va être structurée en milliards de galaxies. Il y a bien sûr une vie et une conscience. Un univers vide de conscience n’aurait aucun sens.

Alors, pourrait-on dire, pour conclure brièvement, que notre état d’être conscient nous fait porter la responsabilité de comprendre et de chanter la beauté et l’harmonie de cet univers ? Mais oui, bien sûr !

Cinq jours avec ma fille

Paola m’a accueillie un jour à sa table, pour me parler de son expérience dans le cadre de l’Association Vacances familiales. Vous connaissez ? Il s’agit d’une association martigneraine qui permet à des parents en situation de précarité de partager des vacances avec leurs enfants. Merci à elle pour ses paroles sans artifices ni détours…
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De Gryon à Beyrouth: expérience d’un jeune bénévole

PROPOS RECUEILLIS PAR FABIENNE THEYTAZ
PHOTOS : TANGUY VACHEYROUT ET PAUL MUNSCH-PFAENDER

Bonjour !

Je m’appelle Tanguy Vacheyrout, de Gryon, j’ai 21 ans et j’aimerais vous parler de mes quatre mois de bénévolat à Beyrouth.

Après avoir commencé des études d’informatique à l’EPFL, j’ai réalisé que cela ne me convenait pas. Les relations internationales et la géopolitique me passionnaient; c’était dans ce domaine qu’il fallait me réorienter. J’ai alors décidé d’arrêter l’EPFL, ce qui me donnait plusieurs mois de disponibilité. Le Moyen Orient m’attirait – surtout le Liban. J’avais également envie de faire une expérience de don de soi, de venir en aide, de me donner totalement à une mission humanitaire chrétienne au Liban. Le curé de ma paroisse m’a mis en contact avec un prêtre maronite de Beyrouth, le Père Hani Tawk.

Je suis parti en mars et suis revenu début juillet 2021. Je suis arrivé sous des trombes d’eau, il faisait froid, tout était inondé. Mais en partant, il faisait très chaud et il y avait beaucoup de moustiques !

En arrivant, j’ai été frappé par le très mauvais état de toutes les infrastructure – routes, pas / plus de chemin de fer, coupures d’électricité et d’eau, etc. Le contraste était saisissant avec la Suisse !

Au port, c’était encore plus choquant, car les bâtiments avaient été soufflés, complètement détruits, comme une zone urbaine exposée à la guerre et anéantie, avec des gravats dans les rues. Il n’y avait que les habitants, des organisations humanitaires et de jeunes volontaires qui s’organisaient pour remettre en état ce quartier. Je n’ai jamais vu d’employés du gouvernement – sauf pour des services minimum (poubelles).

Là-bas, j’ai rencontré d’autres bénévoles français qui vivaient comme moi chez le P. Hani et sa famille. On habitait près de Byblos, en zone chrétienne, à 20-30 km du port. Du lundi au vendredi, nous allions au port avec lui et nous l’aidions – principalement à la cuisine populaire dans le quartier Karantina.

Le Père Hani avait créé cette cuisine au lendemain de l’explosion dans l’urgence pour nourrir les habitants qui avaient tout perdu. Il n’y avait rien ; le Père et sa femme ont réussi à se faire prêter un petit hangar. Ils sont arrivés avec leur matériel puis, grâce aux dons reçus, ils ont pu acheter des tables, réchauds, marmites et autres ustensiles de cuisine. Au fil du temps, elle est devenue cuisine populaire pour accueillir les ouvriers du quartier, sachant qu’il y avait un besoin constant dû à la crise permanente.

Je cuisinais facilement chez moi, mais là, c’était pour 600-700 personnes, avec des marmites immenses et des denrées variant en fonction des apports (dons privés ou de la Croix-Rouge, et aussi légumes du jardin du P. Hani). Les plats servis : pâtes ou riz avec légumes, ou le mugrabié (poulet avec boulgour-blé concassé) ou taboulé (la fête) !

La viande coûte très cher, et avec la crise, c’était exceptionnel d’avoir du poulet – alors que c’était ce qu’il y avait de meilleur marché avant !

Les plats étaient distribués sur place aux personnes venant avec leur récipient et le reste était envoyé dans deux quartiers plus pauvres de Beyrouth.

A la cuisine, en plus de nous, les volontaires, il y avait une équipe de 4-5 Libanais à qui le Père Hani versait une indemnité mensuelle pour qu’ils puissent se nourrir et acheter des biens essentiels.

Petite anecdote : un jour, une délégation de la chaîne Bocuse avec le chef – gardien des brasseries Paul Bocuse – est venue dans notre cantine. On a pu cuisiner avec lui !

Voici notre horaire : on partait à 7h30 de Byblos, on arrivait vers 9h-9h30 au port – la circulation étant toujours très difficile vu l’état des routes et le trafic ! Nous nous mettions aussitôt à nettoyer, éplucher, couper les légumes. A midi, il y avait énormément de travail : distribution de la nourriture aux personnes qui arrivaient, puis préparation et fermeture des centaines de boîtes pour les quartiers voisins. Ensuite, nettoyage de la cuisine ; on terminait vers 14h30 et on distribuait du chou et du pain à des gens du voisinage. C’était sympa et on pouvait communiquer un peu avec eux. On terminait cette tournée vers 15h30 ; ensuite on aidait le Père soit dans ses terres (tomates, poivrons, oignons – poules et chèvres), soit dans son entrepôt, où nous préparions des colis avec tout le nécessaire (huile, sel, sucre, pâtes, féculents, sauce tomate, boîtes, etc). On préparait jusqu’à 50 colis par jour et on les distribuait aux familles qui en avaient besoin – surtout des chrétiens – ceux-ci étant réticents à se présenter à la cuisine ; l’aide passait ainsi par un canal plus discret.

Ceux qui venaient à la cantine étaient principalement des ouvriers syriens musulmans. C’est d’ailleurs le but de cette action interconfessionnelle : donner un message de cohésion au-delà des religions et des cultures – une manière de construire la paix entre tous ceux qui vivent au Liban, ce qui provoquait parfois des tensions dans l’équipe de cuisine et avec les gens du quartier.

Retour chez le Père vers 17h30 ; un peu de temps libre pour apprendre le libanais et lire le journal local. J’aimais bien aller courir, mais la chaleur écrasante et le peu de trottoirs, c’est dangereux ! Ce n’était pas vraiment de la détente, car il fallait toujours être attentif aux voitures et à ce qui se passait (détonations, voitures qui frôlent, travaux avec des choses qui tombent, etc.) Entendre des coups de feu, ça surprend !

Le week-end, nous avons visité plusieurs sites – le Liban a un patrimoine fantastique ! Tripoli, les Forts des Croisés, Tyr, etc. Ce qui m’a énormément attristé, c’était l’état d’abandon dans lequel le patrimoine est laissé – même si cela peut s’expliquer vu la crise et le regard différent des Libanais par rapport aux Européens pour ce genre de patrimoine.

J’ai pu aussi visiter la Plaine de la Bekaa – avec le site historique de Baalbek mondialement connu – et aller dans la Vallée Sainte. Là, j’ai fêté Pâques dans un monastère avec le Père Hani qui célébrait la messe. Et bien sûr, la visite du tombeau de saint Charbel – les Libanais en sont fous ! Tous les chrétiens s’appellent Charbel, Elie ou Georges !

Cette vallée est magnifique du fait que la nature y est préservée. C’était superbe de voir ces beaux arbres après toute la pollution, les déchets par terre, les maisons éventrées de Beyrouth !

Depuis mon retour, j’ai pris conscience de la chance qu’on a, en Europe. On vit dans une bulle, bien isolé de tous ces dysfonctionnements et problèmes d’électricité, d’eau, d’internet, etc.

Je suis revenu avec une vision claire des priorités ; on saisit l’essentiel, comme la liberté, la chance de pouvoir étudier, manger tous les jours, pouvoir faire du sport. Ma foi a été renforcée par cette expérience.

J’ai maintenant entrepris un bachelor en relations internationales à Genève et j’espère pouvoir repartir au Moyen Orient les étés prochains.

Noël, Dieu mendiant de notre humanité

PAR ANNE-MARIE COLANDRÉA
PHOTOS : DR

Dès que le mois de décembre approche, inévitablement la perspective de Noël prend corps. Noël, avec tout ce que cela suppose : les traditions culturelles, leurs chatoyantes et douces coutumes de chants, de couronnes de l’Avent, de crèches aussi différentes que les cultures locales. Les traditions familiales rejoignent également cette atmosphère festive avec la décoration des intérieurs, du sapin, des recettes que l’on me cuisine qu’en cette période, les choix de cadeaux, tout un foisonnement de signes et symboles à partager.

Le temps liturgique, avec l’Avent, nous invite à nous préparer dans la grâce de l’attente, au grand évènement de LA nativité : la réalité chrétienne nous porte à nous pencher sur le berceau de l’Incarnation. Dieu se révèle si proche de nous qu’il embrasse notre humanité en se faisant petit enfant. Il prend le risque, le vertigineux risque, de demeurer parmi nous et de révéler le visage du Mystère de toute chose, de toute existence. Il vient nous dire que tout son Etre est Amour. Amour pour chacun de nous tels que nous sommes, là où nous en sommes. Il vient mendier notre reconnaissance et nous invite, à notre tour, à refléter son regard sur la réalité, à répandre cette bienveillance et cette Espérance qu’il nous offre : qui accueille l’autre, notre prochain, le plus petit, l’accueille Lui, le Tout-Autre.

Synode 2021-2023: pour une Eglise synodale

PAR EMMANUELLE BESSI | PHOTOS : DOMINIQUE LUISIER, FABIENNE THEYTAZ, JUDITH WARPELIN

L’Eglise de Dieu est convoquée en synode afin de lancer une réflexion sur le thème: «Pour une Eglise synodale : communion, participation et mission».

Ce synode s’est ouvert à Rome les 9-10 octobre 2021 puis, le 17 octobre 2021, dans chaque Eglise particulière. Cette première phase de réflexion synodale s’achèvera en octobre 2023 au cours de la «XVIe Assemblée Générale des Ordinaires du Synode des Evêques». Toutefois, octobre 2023 ne sera pas l’aboutissement final de cette réflexion sur la synodalité puisque les Eglises locales seront impliquées au-delà de cette date.

Pour le pape François, «Le chemin de la synodalité est précisément celui que Dieu attend de l’Eglise du troisième millénaire»1 et qui est un prolongement du Concile Vatican II. Le but est de réfléchir à vivre davantage la communion, à réaliser la participation dans l’Eglise et à s’ouvrir à la mission. Notre ligne directrice étant notre «marche ensemble» en tant que Peuple de Dieu, peuple missionnaire en se mettant, aujourd’hui, à l’écoute de l’Esprit Saint.

Ce synode se déroule dans notre monde marqué par des changements sociétaux majeurs. C’est pour cela que l’Eglise est appelée à porter une attention particulière aux personnes en souffrance, aux migrants, aux adultes vulnérables, aux victimes d’abus sexuels dans l’Eglise dont la racine se trouve bien souvent dans le cléricalisme. Il s’agit de s’ouvrir aussi aux jeunes, aux femmes.

Notre «Eglise est constitutivement synodale»2 ce qui signifie qu’elle est bien plus que des assemblées d’évêques car l’Eglise est spécifiquement «Peuple de Dieu qui manifeste et réalise concrètement sa communion en cheminant ensemble, en se rassemblant en assemblée et par la participation active de tous ses membres à sa mission évangélisatrice»3. Toutefois au cours du IIe millénaire de l’Eglise, l’accent a été mis sur la structure hiérarchique de cette dernière. Le Concile Vatican II a toutefois insisté sur l’importance de l’égalité des chrétiens qui, par leur baptême, sont tous prêtres, prophètes et rois et en affirmant que «la totalité des fidèles ne peut se tromper dans la foi»4.

Puisant sa source dans les Ecritures5, le processus synodal ne vient pas supprimer le rôle des pasteurs de l’Eglise ni la structure hiérarchique de l’Eglise catholique, mais elle ouvre un cheminement, «où chacun a quelque chose à apprendre. Le Peuple fidèle, le Collège épiscopal, l’Evêque de Rome, chacun à l’écoute des autres; et [où tous sont] à l’Ecoute de l’Esprit Saint»6. Une Eglise synodale est alors un signe prophétique, un sacrement universel de Salut, un instrument de l’union intime avec Dieu et avec le genre humain.

Ce synode est donc à la foi héritier de l’Ecriture et de la Tradition, mais aussi un chantier ou une expérience pilote «qui permet de commencer à recueillir, dès à présent, les fruits du dynamisme que la conversion synodale progressive distille dans la communauté chrétienne»7.

Pour le pape François, l’interrogation fondamentale qui guide cette consultation est la suivante :

Une Eglise synodale, en annonçant l’Evangile, «marche ensemble»: comment ce «marche ensemble» se réalise-t-il aujourd’hui dans votre Eglise particulière? Quels pas l’Esprit nous invite-t-il à accomplir pour grandir dans notre «marcher ensemble»?8

Pour y répondre, il s’agit de nous demander à quelles expériences de notre Eglise particulière cela nous fait-il penser ? Cela nous invite à relire nos ressentis bons ou mauvais et à les analyser pour savoir quelles sont les intuitions qu’elles ont suscitées en nous et pour notre Eglise particulière? Il s’agit aussi de recueillir les fruits, de s’interroger sur ce que l’Esprit nous demande aujourd’hui, sur ce qui est à confirmer, sur ce qui est à changer afin de voir quels chemins de consensus s’ouvrent pour notre Eglise particulière. Chaque Eglise particulière est donc appelée à interroger les fidèles, les prêtres, les religieux, les institutions ecclésiales, etc.

Pour ce faire, le document préparatoire du synode des évêques propose d’approfondir dix pôles essentiels qui sont les suivants9:

1. Les compagnons de voyage: Dans l’Eglise et dans la société, nous sommes sur la même route côte à côte… Il s’agit de savoir qui sont nos compagnons de voyage, qui fait partie de ce que nous percevons comme étant « notre Eglise » ?…

2. Ecouter: L’écoute est le premier pas, mais demande d’avoir l’esprit et le cœur ouverts, sans préjugé… Percevoir qui dans notre Eglise particulière subit un manque d’écoute (minorité, marginaux, exclus, …) ?…

3. Prendre la parole : Tous sont invités à parler avec courage et parrhésie, c’est-à-dire en conjuguant liberté, vérité et charité… Comment favorisons-nous ceci dans notre Eglise particulière ?…

4. Célébrer: «Marcher ensemble» n’est possible que si ce chemin repose sur l’écoute communautaire de la Parole et sur la célébration de l’eucharistie… De quelle manière célébrons-nous ?…

5. Coresponsables dans la mission : La synodalité est au service de la mission de l’Eglise, à laquelle tous ses membres sont appelés à participer… De quelle manière chaque baptisé est-il un acteur missionnaire ?…

6. Dialoguer dans l’Eglise et dans la société : Le dialogue est un chemin qui demande de la persévérance, et comporte aussi des moments de silence et de souffrance, mais qui est capable de recueillir l’expérience des personnes et des peuples… Quels sont les lieux de dialogue dans notre Eglise particulière ?…

7. Avec les autres confessions chrétiennes : Le dialogue entre chrétiens de diverses confessions, unis par un seul baptême, occupe une place particulière sur le chemin synodal… Quelles sont nos relations œcuméniques ?…

8. Autorité et participation: Une Eglise synodale est une Eglise de la participation et de la coresponsabilité… Comment s’exerce l’autorité au sein de notre Eglise particulière?…

9. Discerner et décider: Dans un style synodal, les décisions sont prises via un processus de discernement, sur la base d’un consensus qui jaillit de l’obéissance commune de l’Esprit… Comment la participation de tous aux décisions est-elle favorisée?…

10. Se former à la synodalité: La spiritualité du marcher ensemble est appelée à devenir le principe éducation de la formation humaine et chrétienne de la personne, formation des familles et des communautés?… Comment formons-nous les personnes qui ont des responsabilités au sein de l’Eglise?…

Dans le diocèse de Sion, le processus synodal en est à ses débuts, mais il est possible d’en apprendre plus et de répondre à une consultation diocésaine en ligne sur le site du diocèse de Sion. De plus, afin d’éviter les grands rassemblements en cette période de pandémie, Mgr Lovey a annoncé le 3 novembre 2021 que le chemin synodal diocésain se ferait sous forme de visites pastorales. En attendant, marchons ensemble, unis autour de Jésus Christ, qui est la tête du Corps dont nous sommes les membres.

1 Synode 2021-2023, Pour une Eglise synodale, Document préparatoire, §1.
2 Synode 2021-2023, §10-15.
3 Synode 2021-2023, §10.
4 Synode 2021-2023, §13.
5 Synode 2021-2023, §16-24.
6 Synode 2021-2023, §15.
7 Synode 2021-2023, §25.
8 Synode 2021-2023, §26.
9 Synode 2021-2023, §30.

Nous sommes des êtres de désir

LE BILLET DE PASCAL DESTHIEUX, VICAIRE ÉPISCOPAL | PHOTOS : DR

Nos plus profonds désirs sont la preuve même de l’existence de Dieu, affirme Sophia Kuby, dans un magnifique petit livre « Il comblera tes désirs. Essai sur le manque et le bonheur ». J’ai eu la joie de rencontrer cet été cette jeune théologienne allemande, qui travaille comme formatrice de leaders chrétiens chez ADF (adfinternational.fr).

Elle commence par cette constatation : nous sommes faits de désirs. De grands désirs. Nous ne sommes jamais pleinement satisfaits, nous ne serons jamais entièrement comblés. Même quand nous obtenons ce que nous espérions, il nous arrivera tôt ou tard de désirer d’autres choses. Mais il est bon que nous ayons ces profonds désirs en nous, car c’est ce qui nous rend réellement vivants et nos manques sont le moteur de beaucoup de nos actions. Une certaine spiritualité chrétienne visait à réfréner tout désir, avec le risque de devenir des personnes éteintes. Nous cherchons à apaiser notre désir insatiable par la consommation, la distraction, la recherche de plaisirs. Mais, en fait, notre désir est infini. Comme croyants, nous voyons que seul Dieu peut réellement nous combler et nous croyons qu’il veut notre bonheur. Nos désirs d’infini nous ouvrent à plus grand que nous et au bonheur du Ciel. L’enjeu dès lors est d’orienter vers Lui nos manques et de renoncer à des ersatz de bonheur pour qu’Il puisse nous combler entièrement.

Voilà qui peut éclairer notre Avent, temps de l’attente et de l’espérance, comme le chante magnifiquement cet hymne :

« Voici le temps du long désir,
Où l’homme apprend son indigence,
Chemin creusé pour accueillir
Celui qui vient combler les pauvres.
L’amour en nous devancera
le temps nouveau que cherche l’homme ;
Vainqueur du mal, tu nous diras :
Je suis présent dans votre attente. »

Concert de Noël

Le Chœur d’Hommes, le Chœur des Familles, le Chœur des Jeunes, le chœur Saint-Michel, le Chœur la Romaine et l’Ensemble Vocal de Martigny sont heureux de vous inviter à leur concert de Noël en faveur de l’association « Les Pinceaux magiques » qui aura lieu le samedi 18 décembre à 19h30 à l’église du Bourg. Ouverture des portes dès 18h30. Le certificat covid est requis afin d’accéder à cette manifestation.
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Jeux, jeunes et humour – décembre 2021

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Pourquoi associe-t-on saint Nicolas aux enfants ? 
La fête de la Saint-Nicolas apparaît vers le XIe siècle sur la base d’une légende franco-allemande qui reprend des éléments revisités de la vie de Nicolas de Myre (IIIe siècle) et Nicolas de Sion (VIe siècle). Les trois innocents protégés par ces deux évêques d’Anatolie deviennent les trois enfants égarés chez le boucher Pierre le Noir qui les découpe en morceau pour les mettre dans son saloir. Pris sur le vif, le boucher avoue tout à saint Nicolas qui ressuscite les enfants et devient leur protecteur.

par Pascal Ortelli

Humour

A l’EMS Saint-Joseph, Nestor vient vers son ami Henri et lui annonce :
– Il y a Louis qui est décédé.
– Ah ! Et l’enterrement, c’est quand ?
Nestor retourne vers l’affichoir et revient en disant :
– C’est mercredi !
Soudain, pris d’un doute, il retourne consulter le faire-part.
– Non, c’est vendredi la sépulture.
– Ah, reprend Henri, Louis va mieux, alors !

par Calixte Dubosson

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