Dans cette rubrique, L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg, à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix. Ce mois, le périmètre est étendu et c’est l’abbé Jean-Jacques Theurillat qui prend la plume.
PAR L’ABBÉ JEAN-JACQUES THEURILLAT, VICAIRE ÉPISCOPAL POUR LE JURA PASTORAL | PHOTOS : CATH.CH, JURA PASTORAL
Le 31 juillet prochain, je terminerai mon mandat de vicaire épiscopal pour la partie francophone du diocèse de Bâle, après treize années d’activités. Par cette fonction, il m’aura été donné d’être le témoin des évolutions et des changements qui ont marqué l’Eglise catholique en ce début de XXIe siècle. Je pourrais énumérer ce que j’ai vu disparaître ou les déficiences qui continuent d’affecter la vie ecclésiale. Mais ce n’est pas cela qui me marque en ce moment.
Je voudrais dire mon enthousiasme face au renouveau provoqué par l’appel du pape François à une Eglise plus synodale, appel qui s’est traduit dans chaque diocèse par une large consultation. Cette demande à avancer ensemble est l’autre versant de l’interpellation à être une Eglise en sortie, non pas repliée sur nos difficultés internes, mais joyeuse d’aller à la rencontre de tous ceux qui ne connaissent pas, ou pas assez, la Bonne Nouvelle du Christ. L’histoire a fait de l’Eglise catholique une institution mondiale. Mais on a parfois l’impression que sa gestion interne est devenue sa seule raison d’être. Or, les derniers mots de Jésus dans l’Evangile de Matthieu sont : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples. » La raison d’être de la communauté rassemblée par l’Esprit c’est d’aller à la rencontre, d’écouter, d’accueillir et de témoigner.
Je trouve salutaire l’impulsion du pape, même si sa communication peut sembler parfois brouillonne ou abrupte. A force de baigner dans la tiédeur ecclésiale, une stimulation piquante est bienvenue. Je me réjouis de me mettre à la tâche, au niveau paroissial, pour construire un nouveau visage d’Eglise avec tous ceux qui le souhaitent. Je me réjouis d’être bousculé par la Parole et par l’Esprit pour construire la fraternité, travailler à la solidarité qui témoigne du dynamisme de la résurrection. Ce n’est donc pas aigri ou désabusé que je termine mon mandat, mais le cœur joyeux, rempli de cet élan qui nous pousse à construire la communauté que Dieu veut.
De moins en moins de couples se marient à l’église. Beaucoup ne se sentent pas à l’aise dans un lieu qu’ils ne fréquentent plus. D’autres utilisent des organismes profanes pour penser la cérémonie. Faut-il se désoler de ce phénomène ou se réjouir d’un surcroît de vérité dans la démarche des jeunes chrétiens d’aujourd’hui ?
PAR CALIXTE DUBOSSON PHOTOS : PXHERE, DR
« Ils disent « oui, pour toute la vie », mais ils ne savent pas ce qu’ils disent parce qu’ils ont une autre culture. » « Ils ont de la bonne volonté, mais n’ont pas la conscience de ce qu’est le sacrement de mariage. » « La crise du mariage est parce qu’on ne sait pas ce qu’est le sacrement, la beauté du sacrement. On ne sait pas qu’il est indissoluble, on ne sait pas que c’est pour toute la vie. » Trois constats d’un prêtre de paroisse ? Vous n’y êtes pas ! Ces propos ont été prononcés par le pape François en juin 2016. Cela a étonné plus d’un observateur, mais a rejoint nombre de prêtres et de diacres dans leur pastorale d’accompagnement des fiancés qui demandent un mariage à l’église. Il est bon dès lors d’essayer de cerner les causes d’une telle évolution.
Le mariage à la carte
Une église pas trop grande, une chapelle de montagne aux baies vitrées laissant apparaître un décor majestueux, un curé ouvert capable de répondre à leurs attentes… Loin de se cantonner aux seuls détails de la réception, des fleurs, faire-part et autres multiples minuties nuptiales pour un parfait déroulement de leur journée de mariage, les futurs époux font désormais preuve d’exigence marquée pour leur passage devant Dieu. Avec le règne du « consumérisme », regrettent les autorités ecclésiastiques, très nombreux sont ceux qui veulent « composer à la carte » leur cérémonie, privilégiant la « forme au fond ». Trop de couples ne pensent qu’au décorum au lieu de s’attacher au sens. « Le mariage à l’église », comme nos contemporains continuent à le nommer, est le fruit d’un entrelacs complexe de traditions, d’us et de coutumes. La nostalgie est souvent très présente, en témoigne par exemple le goût d’arriver à l’église en vieille voiture, dans un tram rétro ou encore dans une ancienne calèche. De plus, les habits des mariés permettent de dépasser leur condition sociale et leur statut ordinaire pour devenir, aux yeux de tous les amis présents, les héros du jour.
Amour et convention
Le pasteur neuchâtelois Félix Moser fait une constatation intéressante pour comprendre l’attitude des personnes qui viennent demander un mariage à l’église. Il s’agit, dit-il, « du triomphe de l’amour-passion et de la dévalorisation de l’institution du mariage qui lui est corollaire. L’histoire des mentalités l’atteste : le mariage-passion est une invention tardive. Ainsi, les historiens s’accordent pour dire qu’au Moyen Age, en Europe, le mariage était avant tout une affaire qui relevait de l’arrangement social, de l’économie ; il répondait au désir de poursuivre une lignée et au besoin d’assurer une sécurité matérielle et sociale. Le passage de ces mariages de type social et conventionnel à des mariages d’amour s’est effectué lentement ». Les Eglises chrétiennes ont contribué à cette évolution en inscrivant dans leur liturgie que les mariages devaient être célébrés avec le consentement exprès des époux. Le catéchisme de l’Eglise catholique ne dit-il pas que « le consentement doit être un acte de la volonté de chacun des contractants, libre de violence ou de crainte grave externe. Aucun pouvoir humain ne peut se substituer à ce consentement. Si cette liberté manque, le mariage est invalide ». (CEC no 1626)
Motivations diverses
Laissons maintenant la parole aux premiers concernés. « Mon conjoint et moi nous marions en septembre, nous dit Isabelle. Nous avons décidé de célébrer une cérémonie civile, mais également une cérémonie religieuse à l’église de notre village. Nous avons choisi cette option par respect de la tradition familiale, mais aussi pour célébrer notre amour dans un cadre plus symbolique. » Une étudiante, alors que j’étais professeur au collège de l’Abbaye de Saint-Maurice, m’avait surpris. En effet, elle me confia qu’elle n’avait aucun contact avec une vie de foi et ignorait même s’il y avait une église dans son village. « Je veux me marier à l’église, dit-elle, parce que je rêve depuis toujours d’être la princesse d’un jour et surtout de pouvoir porter la robe blanche de mariage. » Plus profond certainement le témoignage de Francine : « Pour moi ça sera à l’église absolument. Personnellement, si je pouvais me passer du mariage civil, ça ne me dérangerait pas ! Je suis croyante et pratiquante donc pour moi, le mariage c’est créer sa famille auprès de Dieu. Par contre mon amoureux, lui, n’est « plus » croyant, malgré une éducation chrétienne. »
Un de mes confrères m’avait rapporté que lors d’un mariage dans le haut val de Bagnes, les amis du fiancé, connaissant son absence totale aux messes dominicales ou à tout autre service religieux, pensaient que sa présence au pied de l’autel relevait de l’hypocrisie ou au pire d’une séance de cinéma. Pourtant, au début de la célébration, le fiancé prit la parole : « Beaucoup parmi l’assemblée semblent rire sous cape en me voyant pour une fois à un office religieux. Si je le fais, c’est par amour pour ma fiancée qui ne pouvait pas envisager notre union sans la mettre entre les mains de Dieu ». L’atmosphère prit alors une tout autre tournure et cet accent de vérité mit tout le monde à l’aise.
Avec le règne du «consumérisme», nombreux veulent «composer à la carte» leur cérémonie privilégiant la «forme au fond».
Cérémonies laïques à la rescousse
Reste que le malaise est réel et beaucoup de mes confrères pourraient en témoigner : il est très pénible de célébrer un mariage à l’église où le couple et son entourage ne savent pas très bien où ils ont atterri tant ils sont devenus étrangers à force d’indifférence religieuse et d’ignorance des rites que leur Eglise propose. Ce qui fait dire au pasteur Félix Moser « qu’une des propriétés importantes du rite est d’être familier pour ceux qui le vivent. Or, ce n’est plus le cas pour les demandes de « mariage à l’église » aujourd’hui. Et le rite perd sa force et sa signification, si l’officiant doit expliquer à chaque fois ce qu’il est en train de faire ou si les participants doivent jeter des coups d’œil sur leurs voisins de droite et de gauche pour savoir ce qu’ils doivent faire. La majorité de nos contemporains sont désemparés devant les formes du rituel collectif et il est illusoire de vouloir célébrer des mariages comme si les codes et les conventions étaient connus ».
Voilà pourquoi beaucoup de jeunes se tournent aujourd’hui vers des cérémonies laïques. Il existe, en Valais et certainement ailleurs, des organisations qui répondent aux attentes de ceux et celles qui font appel à elles. Ce qui est proposé se passe de tout commentaire et l’on voit que la personne humaine est au centre d’un espace où Dieu est aux abonnés absents. Voici donc un extrait des prestations possibles : « Je vous propose une cérémonie sur mesure, construite avec et pour vous ; pour la simple raison que cette journée doit être synonyme de fraîcheur et d’authenticité. La cérémonie laïque correspond aux mariages mixtes, hétérosexuels, LGBTQ+, aux remariages, aux renouvellements de vœux ou aux anniversaires ! La cérémonie personnalisée s’adapte à vos envies, vos folies, vos origines, vos désirs, votre personnalité. Elle se crée sur mesure, pour tous les couples. »
La nostalgie est souvent très présente.
Pour conclure
Dans ce contexte où les jeunes se sentent plus à l’aise dans un endroit qu’ils ont choisi plutôt que dans une église qui ne leur parle pas, doit-on se désoler de cet état de fait ?
Non, si les actes posés sont plus vrais et plus authentiques. Par contre, nous pouvons nous désoler de ce que les baptisés ne prennent pas au sérieux leur vocation. Ils pourraient comprendre que le mariage est un sacrement, qu’il est un don de Dieu. Par là même, le Christ devient leur compagnon de route dans les bons et les mauvais moments et que ce même Seigneur les envoie en mission pour dire au monde que la fidélité est possible dans un monde dont les engagements sont à l’image d’une Start Up, c’est-à-dire pour environ dix ans au plus de vie commune. Ils pourraient envisager les enfants à naître non pas seulement comme un choix de couple, mais comme un accueil de la vie dont l’auteur n’est autre que le Créateur du ciel et de la terre.
Pour comprendre cela, il faut actualiser la foi reçue au baptême, mais « le Fils de l’homme, quand Il viendra, trouvera-t-Il la foi sur la terre ? » (Lc 18, 8).
Des mariages et des chiffres
Commentaire par Calixte dubosson
Il faut savoir que les cérémonies laïques ont un coût. Du côté de la société valaisanne évoquée ci-contre, elles peuvent être présidées par une personne de l’organisation ou par un major de table désigné par le couple. Dans ce second choix, il est proposé un workshop (une sorte de formation rapide) qui coûte Fr. 150.–. Il n’est pas mentionné combien coûte une cérémonie présidée par l’organisation, mais vu les heures mises à disposition, articuler un chiffre entre Fr. 1’000.– et Fr. 2’000.– ne semble pas exhaustif.
Les mariages à l’église sont nettement moins onéreux et pour la plupart gratuits (prêtre et église inclus). Si pour des raisons financières les jeunes revenaient se marier à l’église, ce serait tout aussi catastrophique que d’y venir sans conviction chrétienne, mais peut-être qu’ils comprendraient que notre Dieu est un Père qui donne gratuitement sans espérer en retour. Et ce serait un bon début d’évangélisation…
A tour de rôle, des jeunes de divers cantons romands profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. Au tour du jeune Gruyérien Jérémie Favre de prendre la plume.
PAR JÉRÉMIE FAVRE | PHOTOS : DR
Le festival souhaite être un lieu d’Eglise, de rencontre et de joie.
L’édition 2022
L’édition 2022 Metanoia accueillera cet été Sophia Kuby, philosophe allemande, le père Raphael Chilou, franciscain du Bronx, Tugdual Derville, fondateur de l’association d’activités avec les handicapés «A bras ouverts», le spectacle «Coming Out», qui raconte le parcours spirituel atypique de Mehdi Djaadi, un concert des Guetteurs, le père Daniel-Ange, Mgr Alain de Raemy, Carine Salomé, missionnaire sur des lieux de conflits internationaux, un grand concert le samedi soir, le pasteur Arnaud Bersier, de Vevey, Joseph Gotte, auteur et blogueur et Alexandre de Pablos, étudiant passionné d’évangélisation.
Metanoia est un festival qui a lieu du 11 au 17 juillet sur les terres du martyre de saint Maurice.
Proposant des temps de prière, de conférences, de spectacle, de sport et d’amitié à un public large (jeunes et familles), le festival souhaite être un lieu de rencontre et d’expérience de foi, en Eglise.
Découverte
Une semaine par an, la plaine des martyrs de Vérolliez, face à la dent de Morcles, laisse place à son habituelle quiétude pour accueillir des festivaliers venus de toute part, dont les tentes multicolores poussent au milieu des champs.
La journée commence avec les laudes, pour les plus matinaux, puis plusieurs conférences sont proposées : témoignage, engagement dans la société, vulnérabilité, vie de couple, mission… La messe est célébrée chaque jour.
L’après-midi, une trentaine d’ateliers sportifs, culturels ou artistiques sont proposés à la carte : escalade, randonnée en montagne, kayak, chant, artisanat, visite de l’abbaye, discussions autour d’un intervenant… Des temps spécifiques sont également prévus pour les couples.
En soirée, après un spectacle ou un concert, une grande veillée de prière sous les étoiles est un temps de rencontre privilégié avec le Christ. Des prêtres issus de divers diocèses et communautés sont présents pour des confessions ou des temps d’écoute. Les nuits finissent tard, après des discussions animées au bar.
Le festival souhaite être un lieu d’Eglise, de rencontre et de joie. Il accueille un public large (jeunes, adultes, couples avec ou sans enfants), de tous horizons (de Suisse romande, Belgique, France et Allemagne).
Alors que l’épisode de la tour de Babel a dispersé les individus à travers le monde faute de se comprendre, la Pentecôte marque le mouvement inverse. Le monde d’alors doit ce prodige à la venue du Saint-Esprit. Symbolisé par une colombe, il est de tradition de déguster à cette occasion un gâteau porte-bonheur.
Couronnement du temps pascal, la Pentecôte commémore le don du Saint-Esprit aux apôtres cinquante jours après Pâques. On entend souvent dire que la Pentecôte est un «anti-Babel». Selon les Ecritures, au moment de l’épisode de la tour de Babel, les hommes ont été dispersés par la confusion linguistique (Genèse 11, 1-9), tandis qu’à la Pentecôte, l’Esprit Saint les a réunifiés par le don des langues (Actes, 2). Signe de l’universalité de l’Eglise, cet événement est aussi compris comme le point de départ de la mission évangélisatrice de l’Eglise animée et soutenue par l’Esprit Saint.
La Pentecôte a officiellement été fêtée à partir du concile d’Elvire, vers 300. A partir de la fin du IVe siècle, sa veillée nocturne était marquée, comme à Pâques, par des baptêmes. La semaine qui suivait, attestée au VIIe siècle, per- mettait de catéchiser les nouveaux baptisés. Au milieu du Moyen Age, dans plusieurs cathédrales d’Ile-de-France, de Normandie et de Provence, des tourterelles et des pigeons symbolisant l’Esprit Saint voltigeaient sous les voûtes.
L’oiseau a inspiré quelques spécialités culinaires propres à la Pentecôte, telles que le Colombier. A
l’époque contemporaine, l’usage d’une fève, en forme d’oiseau blanc aux ailes déployées, cachée dans un gâteau du même nom est attesté lors du repas de Pentecôte. Mais la naissance de ce gâteau aux multiples légendes et recettes n’est pas claire. Quant à la symbolique de la blanche colombe porteuse de pureté, d’innocence, d’amour ou encore de paix, la zoologie en dresse un autre portrait. La dénomination de «colombe» est, en réalité, un terme générique désignant une famille d’environ 200 espèces…dont aucune n’est blanche. Après cette révélation, le pigeon fait moins grise mine et le corbeau peut médire l’âme en paix…
Recette: Le Colombier de Pentecôte
Temps de préparation
Temps d’attente
Portions
30 minutes
45 minutes
8
Ingrédients
Les fruits confits (130 g) à incorporer à la préparation doivent être marinés 12 heures avant dans une bonne rasade de Grand-Marnier, de Cointreau, voire même de Kirsch.
225 g de pâte d’amandes ou massepain
3 œufs
20 g de farine
20 g de fécule
65 g de beurre fondu tiède
150 g d’amandes effilées
130 g de fruits confits marinés au Grand-Marnier (12 heures)
1 moule à tourte ou à manqué d’environ 20 cm
Pour le glaçage:
175 g de sucre glace
2 à 3 cuillères à soupes d’eau chaude (ou à parts égales eau et ligueur de la « marinade » des fruits confits)
La naissance de ce gâteau aux multiples légendes et recettes n’est pas claire.
Préparation
Déposer la pâte d’amandes dans la cuve du batteur ou un bol. Travailler au fouet puis ajouter un par un les 3 œufs entiers. Mélanger durant 5 minutes.
Incorporer délicatement la farine et la fécule tamisées.
Ajouter le beurre fondu tiède.
Egoutter les fruits confits (conserver la liqueur pour le glaçage), les fariner légèrement et les ajouter à la préparation.
Beurrer généreusement un moule à tourte. Chemiser les bords du moule d’amandes effilées, puis y verser l’appareil.
Cuire dans un four préchauffé à 170° C pendant 25 minutes environ. Vérifier la coloration du gâteau et adapter le temps de cuisson en fonction.
Démouler le gâteau et y introduire une fève (une colombe en porcelaine, si vous en avez une!) puis le laisser refroidir sur une grille.
Glacer le dessus du gâteau avec le mélange de sucre glace-eau (ou de sucre glace-eau-liqueur) et décorer avec des fruits confits.
Voilà revenu le temps du jardin, des heures de travail patient, des jours où nous trouvons le bonheur et l’apaisement dans le soin donné à la terre, qui elle-même parle à notre âme… les images se croisent et nourrissent l’esprit…
Pour renforcer le sentiment de communauté et, peut-être, agir comme un remède
aux épreuves que certaines personnes traversent, la Pastorale de la santé est présente dans les milieux de santé et de vie pour répondre aux besoins spirituels.
Ces accompagnements offrent la possibilité d’aller puiser les ressources nécessaires
pour affronter une nouvelle étape de vie.
PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : PASTORALE DE LA SANTÉ
« L’accompagnement spirituel, pour moi, c’est oser se laisser rejoindre par l’autre dans sa propre vulnérabilité comme " Jésus et la samaritaine au bord du puits de Jacob ", d’humain à humain par la nourriture commune de la parole de Dieu ou pas. Ensemble accompagner " le souffle de vie ", le don gratuit de Dieu », témoigne Ami Satchi. Elle est l’une des nouvelles Référentes Régionales Santé (RRS) qui officient au sein de plusieurs EMS genevois. Depuis septembre 2020, ces nouveaux engagements sont venus renforcer l’équipe de bénévoles et d’aumôniers de la Pastorale de la santé. Ils visent à développer encore l’accompagnement spirituel prodigué dans différents lieux d’hospitalisation et de vie.
« La Pastorale de la santé est un grand et dynamique service de l’Eglise Catholique romaine à Genève. Il offre présence, soutien, accompagnement spirituel dans le respect de la personne fragilisée par la maladie ou la vieillesse », détaille Cathy Espy-Ruf, sa responsable. « Sans le concours d’une équipe compétente et expérimentée, les milliers de visites auprès de patients des HUG et de résidents des EMS, les nombreuses messes, célébrations œcuméniques, sacrements, cérémonies du souvenir ou encore funérailles, ne pourraient pas avoir lieu », rappelle-elle également. Les aumôneries œuvrent avec un vrai souci d’œcuménique, dans le respect des convictions de la personne rencontrée et dans un dialogue interreligieux.
Une collaboration soutenue avec le personnel soignant permet d’identifier plus aisément les souffrances morales et spirituelles. Des outils sont mis à disposition des aumôniers et des soignants permettant d’intervenir de la manière la plus appropriée. Deux petites brochures ont, par exemple, été publiées. L’une pour aider le personnel hospitalier à comprendre ce qu’est l’accompagnement spirituel et lui expliquer qu’il n’est pas exclusivement dévolu aux aumôneries, l’autre fournit des indications au sujet de dix-sept confessions chrétiennes et non chrétiennes en matière de pratique religieuse et de soins.
Au service, mais comment ?
Une chose que la Pastorale de la santé accomplit et dont on ne se rend pas compte ?
Cathy Espy-Ruf : On est présents et je pense que les gens ne réalisent pas le nombre de prestations que nous accomplissons. Nous sommes également en lien avec les paroisses au cœur de ce volet
de diaconie. Je remercie vraiment le vicariat de nous donner les moyens d’être sur le terrain.
Toute l’équipe de bénévoles, aumôniers et RRS est motivée. Leurs compétences, ainsi que la diversité de leurs personnalités offrent des prestations de qualités. Je considère toutes ces personnes comme les visages de l’Eglise.
Quel « service » apportez-vous aux Genevois de manière générale ?
CER : Le nombre de personnes qui sont rencontrées dans un moment de fragilité lié à une hospitalisation ou une entrée en EMS est considérable. Cela représente des milliers de visites ! Il y a aussi l’accompagnement des familles, parfois jusqu’aux funérailles. Je pense que nous sommes vraiment un service en interface avec la société, car tout le monde un jour ou l’autre est concerné par la santé, ou sa perte partielle. Nous avons aussi un rôle très important à jouer au niveau social. La santé fait partie des questionnements existentiels. On s’interroge souvent sur la vie et son sens au moment d’un problème de santé.
Le chanoine Klaus Sarbach réagit à sa façon au thème du dossier romand, au centre de votre Magazine, et qui traite du patrimoine immobilier de l’Eglise.
La cité médiévale de Romont possède un riche patrimoine d’art religieux. On peut penser à sa célèbre Collégiale dotée de magnifiques vitraux qui témoignent en style, les diverses époques de la vie religieuse en ces lieux. Durant l’année, de nombreuses visites guidées sont organisées en lien avec le Vitromusée de la ville. Aujourd’hui encore, la pastorale se poursuit dans ces vénérables bâtiments chargés d’histoire. Pour ce qui est de la Collégiale, il a fallu des réadaptations pour mener à bien la vie liturgique dans l’esprit de Vatican II. Des transformations ont été nécessaires. Il revient donc au Conseil de paroisse de veiller à ces transformations et à l’entretien de ces bâtiments qui, à Romont, sont quasi tous classés monuments historiques. Ainsi, nous proposons quelques questions au président du Conseil de paroisse M. Benoît Chobaz.
Pouvez-vous nous dire en quoi consiste votre responsabilité quant à la gestion de ce patrimoine ?
En consultant les Statuts des corporations ecclésiastiques catholiques du canton de Fribourg, parmi les tâches et responsabilités qui sont attribuées au Conseil de paroisse, deux font directement référence au patrimoine paroissial : gérer les biens paroissiaux (art. 32 al. 2 let b) et constituer des archives et veiller à leur conservation et à leur gestion (art. 32 al. 2 let. h).
L’ampleur de la tâche des Conseils de paroisse qui se succèdent dépend, d’une part, de la richesse patrimoniale de la paroisse ; celle de Romont est justement dépositaire d’une histoire et d’un patrimoine hors du commun. D’autre part, la grandeur de la tâche dépend du dynamisme des conseillers en cours de législature, des projets qu’ils rêvent de réaliser et qu’ils portent à maturité.
L’aventure commence toujours par des personnes passionnées et convaincues du projet à réaliser, par des conseillers / ères qui y croient et qui osent se lancer parfois contre vents et marées.
Pour illustrer ces propos, parlons de Notre-Dame de l’Assomption, cette belle dame qui demande beaucoup de soin ! De 1976 à 2011, il a fallu 35 ans et 14 étapes de rénovation pour lui redonner son aspect extérieur actuel sous la direction de l’architecte romontois Aloïs Page. Ensuite, s’est enchaînée la rénovation intérieure avec la mise en place d’un nouveau chauffage sous la baguette de l’Atelier d’architectes Antoine Vianin, puis la rénovation de l’orgue de la Collégiale par les soins de la manufacture d’orgues alsacienne Quentin Blumenroeder. Finalement, l’assemblée de paroisse vient d’accepter, il y a un mois, une dernière étape de rénovation des façades extérieures et un rafraîchissement global des pierres soumises aux constantes intempéries.
Si la Collégiale est le joyau de la ville de Romont, le patrimoine paroissial s’étend au-delà de ce majestueux édifice religieux. Il suffit de penser aux bâtiments de la Maison Saint-Charles, construits en partie au XIXe siècle et dans un deuxième temps à partir de 1928 par l’architecte Ferdinand Duma, qui abritent un véritable bijou artistique, la chapelle dédiée à saint Charles Borromée, embellie par des artistes célèbres tels qu’Alexandre Cingria, Gaston Favarel et Marcel Feuillat.
Actuellement, des études sont élaborées pour une rénovation du site de Saint-Charles. Une première étape est déjà en cours avec les travaux de restauration des peintures de Ferdinand Dumas dans certains locaux de l’aile de 1928.
La bibliothèque du clergé et les archives paroissiales représentent également une mémoire historique remarquable, qui s’étend du Moyen-Age au vingtième siècle. Durant dix ans, le Conseil de paroisse a défendu, fait mettre en valeur et cataloguer ses archives et sa bibliothèque du clergé par Florian Defferrard de la maison Passeurs d’archives. Le conseil a également soutenu l’édition de son livre « Des clercs et des livres. Le catalogue de la bibliothèque du clergé de Romont (1478-1900) ». Ce fonds contient des documents concernant le temporel de l’Eglise de Romont et les activités de son clergé. S’y retrouvent aussi les séries concernant les cures dépendant du Clergé de Romont telles que Cudrefin, Attalens, Siviriez et Villaz-Saint-Pierre. Ce travail de recensement et de catalogage met en lumière plus de 1’000 parchemins, 1’189 papiers, 300 cahiers et 146 registres.
La paroisse de Romont est également propriétaire de la cure à la rue de l’Eglise, également monument protégé, d’une ferme au pied de la cité et de nombreuses parcelles de terrain, en particulier sur le versant côté Alpes de notre colline ronde. L’entretien et la gestion de ces immeubles est également sous la responsabilité du Conseil de paroisse.
Comme président de paroisse, il faut parfois être un chef d’orchestre pour coordonner les projets, pour rassembler les bonnes compétences, pour constituer des dossiers, prendre les bonnes décisions collégiales avec le Conseil de paroisse. On y apprend la polyvalence, on y acquiert beaucoup d’expériences. Pour réaliser ces projets et ces tâches, le conseil est en lien avec des mandataires (architectes, ingénieurs), avec de nombreux corps de métier, avec des services financiers et juridiques, avec les services de l’Etat, avec la corporation ecclésiastique, avec des experts, etc.
Mais la conservation du patrimoine ne s’arrête pas à la conservation des pierres et des vieux documents. Les chrétiens sont des pierres vivantes, c’est le patrimoine le plus précieux de l’Eglise.
Certes, des traces remarquables sont inscrites dans le patrimoine architectural et dans celui des archives de la paroisse. Cependant, la vie communautaire ne s’arrête pas au passé, le présent est lui aussi pétri de croyances et de traditions vivantes ancrées dans l’histoire des croyants. Pensons à la procession des pleureuses, aux liturgies, au chant choral, aux fidèles venant prier à Notre-Dame du Portail, à la procession de Notre-Dame de Fatima et tant d’autres événements qui scandent aujourd’hui encore la vie romontoise et manifestent que les femmes et les hommes ont toujours les mêmes aspirations transcendantes, les mêmes préoccupations humaines face à la vie, la même espérance face à la maladie et à la mort. Le Conseil de paroisse est responsable des conditions matérielles pour que cette foi puisse se vivre et s’incarner selon la tradition de l’Eglise.
Pouvez-vous nous donner quelques chiffres concernant l’entretien de ces bâtiments ?
Il m’est arrivé à plusieurs reprises d’être interpellé par des paroissiens / nes et même des professionnels / elles engagés dans l’Eglise qui me reprochaient de dépenser des millions pour la rénovation des pierres : « Vous ne faites rien pour la pastorale. » Ce à quoi, je rétorque toujours : « Venez aux Assemblées de paroisse pour vous opposer démocratiquement aux investissements liés aux bâtiments, et prendre conscience, peut-être par vous-mêmes, que votre affirmation n’est pas tout à fait correcte. » Il faut se rendre compte qu’investir, c’est s’enrichir !
Les travaux de rénovation extérieure de la collégiale de 1976 à 2011 ont coûté Fr. 6’160’000.–. Les travaux de rénovation intérieure et pose d’un nouveau chauffage en 2017-2018 s’élèvent à un montant total de Fr. 2’100’000.–. Le catalogage des archives et leur mise en valeur ont été réalisés pour un montant total de Fr. 150’000.–, réparti sur dix années de travaux.
Lors de gros projets tels que ceux-ci, la paroisse fait appel habituellement à des emprunts. La paroisse, au 31 décembre 2021, est endettée pour un montant de Fr. 2’200’000.–. Elle paie des intérêts et des amortissements financiers pour un montant global de Fr. 91’000.– par année.
Les charges des comptes 2021 s’élevant à Fr. 1’340’000.–, les charges liées aux investissements décrits ci-dessus représentent donc 6.8% des charges de la paroisse en 2021.
D’une façon globale, les charges pour les assemblées, les conseils, l’administration, les salaires et l’entretien de tous nos bâtiments se montent à 50% des charges des comptes annuels, l’autre 50% est utilisé pour honorer les frais de culte, de célébrations, du ministère pastoral et d’entraide.
Rencontrez-vous de la satisfaction dans l’exercice de cette fonction ?
Prendre la présidence d’une telle paroisse a été et est encore un labeur, un grand et beau défi. Dès lors, il y a naturellement de grandes satisfactions. Parfois même, l’expérience est grisante. Je pense au jour de la bénédiction de l’orgue après sa rénovation. A cet instant, vous vous souvenez de toutes les étapes qu’il a fallu traverser pour arriver à ce jour, à l’énergie mise à convaincre, à toutes les séances ardues, aux devis à défendre et surtout à tenir, aux problèmes administratifs et juridiques réglés, à tous les procès-verbaux interminables à composer et relire, à toutes les coordinations nécessaires, à tous les doutes qu’il a fallu dépasser, à tous les problèmes qui ont trouvé une solution, et surtout au florilège des belles personnes et à leurs compétences qui ont contribué à une telle réussite. Finalement, telle une pièce de musique, chaque note a trouvé sa place pour créer et découvrir l’harmonie. A ce moment, vous êtes très satisfaits, fiers d’avoir servi !
Pourquoi y a-t-il des militaires à la Fête-Dieu ? La Fête-Dieu a été instituée au XIIIe siècle seulement, à une époque où il convenait de rappeler la présence réelle du corps du Christ dans l’hostie. Pour marquer cela, de grandes processions sont organisées où le prêtre porte l’hostie dans un ostensoir. Très vite, militaires, gardes suisses ou grenadiers y ont participé en signe d’hommage et de protection offerte à Jésus. La Fête-Dieu, en associant les autorités politiques et militaires, nous rappelle que la religion n’est pas qu’une affaire privée.
par Pascal Ortelli
Humour
Un grand footballeur aborde son curé au sortir de l’office et lui pose cette question : – Mon Père, y a-t-il des matches de foot au Paradis ? – Question délicate que je soumettrai au Seigneur dans ma prière. Le dimanche suivant, le curé apporte la réponse. Il est quelque peu contrarié. – J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour vous. – Commencez par la bonne, M. le Curé. – Il y a en effet des matches tous les dimanches au Paradis. – Et la mauvaise ? – Vous jouez dimanche prochain !
L’anagramme de saveur est « sauver ». La saveur est ce qui nous sauve. Sans saveur nous sommes perdus. Si nous méprisons le réel, au final, nous perdons la saveur qui fait notre vie. La Bible fait référence à la saveur : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi va-t-on le saler ? Il ne sert plus qu’à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes. » (Mt 5, 13) En tant qu’êtres humains créés par Dieu, partageons la saveur du sel de la Parole vivifiante.
Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin
Des livres
Jésus revient… en Suisse Philippe Le Bé
Ce 8 novembre 2024, personne ne l’attend. Discrètement, Jésus a choisi la Suisse pour un retour sur notre planète, toujours plus chamboulée par des pandémies qui n’en finissent pas, un climat qui se détraque et une biodiversité qui s’effondre. L’Envoyé a quelques semaines pour dénicher douze nouveaux disciples, de Genève au Jura, qui pourront témoigner qu’un autre monde est possible sur Terre.
Décoder un tableau religieux (Nouveau Testament) Eliane et Régis Burnet
Comment différencier une Annonciation d’une Assomption ? Que signifie le bleu du manteau de la Vierge Marie ? Pourquoi les premiers chrétiens ont-ils représenté le Christ sous la figure d’un berger ? Nous sommes entourés de tableaux religieux, mais savons-nous encore les lire. A partir d’éléments facilement reconnaissables – un ange à genoux, une corbeille de pain ou une barque de pêcheurs –, Eliane et Régis Burnet élaborent une grille d’identification des épisodes de l’Evangile et décodent pour nous les symboles du christianisme. Sans dogmatisme ni a priori, ce guide offre les clés de lecture indispensables pour apprécier les plus belles œuvres de notre patrimoine.
Toujours la tête dans les nuages, le petit Jacques grandit à l’aube du XXe siècle. Deux rencontres vont sceller le destin de ce jeune élève, turbulent et artiste, d’un collège jésuite : d’abord sa rencontre avec Jésus, qui guidera son chemin spirituel, puis sa rencontre avec Baden-Powell, l’inventeur du scoutisme en Angleterre. Il met toutes ses qualités au service des jeunes : pédagogie, enseignement biblique, animation, chanson, écriture, peinture, sculpture. Il est l’homme de toutes les situations, toujours en mouvement pour aller à la rencontre de l’autre. Il a marqué durablement ceux qui ont croisé sa route, par sa profonde intelligence et sa grande humilité. Cette BD vous le fera découvrir.
L’évangile dans le sable Mgr Jean-Claude Boulanger
Le 1er décembre 1916, Charles de Foucauld est assassiné à Tamanrasset. Sa mort parle plus que toute sa vie. Non loin de son corps recroquevillé se trouvent à même le sable, l’Hostie que Frère Charles a tant contemplée et l’Evangile qu’il a tant médité. Mgr Boulanger relit la vie de Frère Charles à la lumière de cet événement. Celui qui sera canonisé à Rome le 15 mai 2022, par sa pauvreté, sa douceur, son désir de paix et de fraternité, son acceptation de la souffrance et de la persécution, est devenu l’homme des Béatitudes, le Frère universel.
Laurence Bender est artiste peintre. Les mots prudents qu’elle emploie pour parler de sa peinture sont comme des phares qui jalonnent une côte déchirée. Sa peinture, c’est sa vocation, son destin, sa vie. Cet univers intérieur à partir duquel elle s’exprime et qui relie l’art et la spiritualité, lui colle à la peau depuis son plus jeune âge. Le 15 avril dernier, elle a présenté
à l’église de Martigny-Ville, lors de la célébration de la Passion, les quatorze stations d’un Chemin de Croix qu’elle a mis près de deux ans à réaliser.
En 2021, dans le travail de transparence exigé par le pape François quant aux finances de l’Eglise, l’Administration du Patrimoine du Saint-Siège (APSA), sorte de trésorerie du Vatican, a publié pour la première fois une série d’informations sur son immobilier : plus de 5’000 propriétés dans le monde… dont 80 % en Italie quand même !
Un peu d’histoire…
Qui sait ce qui s’est passé le 20 septembre 1870 ? La suppression des Etats pontificaux, la relégation du Pape dans ses 0,44 hectares intra muros Vaticani, et le transfert à l’Etat italien d’immeubles et de terres d’une large bande de terre transversale allant en gros du Latium et de sa capitale, Rome, à la Romagne.
Et le 11 février 1929 ? Les Accords du Latran sont signés entre Mussolini et le cardinal Gasparri, Secrétaire d’Etat, garantissant une quantité des bâtiments dans Rome et banlieue sous extraterritorialité (hors pouvoir italien)… et en compensation des pertes de 1870 ! Du coup, il a fallu gérer, et apprendre à le faire avec les règles du XXe siècle… Pour des clercs exclusivement italiens – jusqu’au fameux Marcinkus ! –, l’amateurisme, le népotisme, le favoritisme et l’à peu près ont souvent défrayé la chronique… jusqu’à récemment, avec l’affaire du cardinal Becciu et d’un bel immeuble à Londres…
Assainissement
Dès 2014, tant le changement des personnes que de statuts a déjà permis… qu’un cardinal soit mené devant les tribunaux, qu’un Secrétariat et un Conseil pour l’Economie soient érigés (2014), qu’un Réviseur des comptes soit nommé (2015) et qu’une mise au pas organisationnelle soit décrétée par la Lettre apostolique I beni temporali (2016). Son incipit : « Les biens temporels que l’Eglise possède ont comme fin le culte divin, le soutien honnête du clergé, l’apostolat et les œuvres de charité spécialement au service des pauvres… » Rome ne s’est pas bâtie en un jour…
A tour de rôle, des jeunes de divers cantons romands profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. Au tour de la Valaisanne Laura Pellaud de prendre la plume.
Par Laura Pellaud | Photos : Raphael Delaloye, DR
Nous sommes tous des pierres vivantes et créatives.
Laura Pellaud.
L’année dernière, j’ai eu la chance de me former à l’Ecole Pierre et c’est de cette expérience que j’ai décidé de vous parler.
L’Ecole Pierre est une école créative pour l’Eglise. Elle propose deux cursus d’étude : la communication et la louange. Ce choix de filière émane du fait que la philosophie de ce lieu est la suivante : « Le message d’amour du Christ est le plus beau message du monde. Il ne faut sous aucun prétexte le modifier. Cependant, pour le partager au plus grand nombre, il peut être intéressant de réfléchir à une forme attrayante de le transmettre. »
C’est pour cette raison que la créativité a une place si centrale et majeure dans ces études. En effet, l’année d’enseignement est rythmée par des projets concrets et artistiques qui permettent aux étudiants de développer leurs compétences créatives et professionnelles. Comme par exemple, la réalisation de clips musicaux, de vidéos pour des communautés religieuses et des festivals chrétiens ou encore la participation à des émissions de radio.
Cependant, comme je l’ai évoqué précédemment, la communication innovante est vaine si le message est désincarné. C’est pour cela qu’une grande partie des cours sont des cours de théologie. Ils aident à en apprendre plus sur le Christ et à se concentrer sur l’essence du message que nous avons tous à partager en tant que baptisés.
Une des forces de cette école est qu’elle se vit en colocation. En effet, tous les étudiants habitent ensemble. Cela permet la création de liens fraternels très forts et d’une vie de prière commune et quotidienne. Cet aspect est vraiment très important, car il permet de nous enrichir de nos diversités, de nous épauler dans les moments plus complexes mais surtout de faire Eglise.
J’aimerais conclure en vous disant que nous sommes tous des pierres vivantes et créatives remplies de dons et de talents donnés par Dieu. Nous sommes tous appelés à participer à la construction du royaume de Dieu en suivant son plan d’amour pour nos vies. Dans la beauté et la simplicité de nos quotidiens, nous sommes appelés à refléter Jésus.
Et si c’était cela le plus grand et le plus précieux patrimoine immobilier de l’Eglise ? Les pierres uniques et à l’image de Dieu qui, mises ensemble, peuvent former des choses impactantes pour faire rayonner l’amour de Dieu.
Notre rubrique « Vu d’ailleurs » vous propose régulièrement de petites réflexions à partir d’un fait de vie. Aujourd’hui, un matou et une chatonne en viennent « aux griffes » dans le jardin où la famille Pianta est réunie… Mais où cette histoire va bien pouvoir mener ?
De nombreuses communautés composées de religieux ou de laïcs sont présentes en Suisse romande, comme autant de témoins de la vitalité et de la diversité de l’Eglise. Ce mois-ci, cap sur la Communauté S. Egidio à Lausanne.
PAR PASCAL ORTELLI | PHOTO : DR
Fondateur : Andrea Riccardi, professeur d’histoire du christianisme et ministre de la Coopération internationale et de l’Intégration dans le gouvernement Monti (2011-2013), réunit pour la première fois le 7 février 1968 un groupe de jeunes pour lire l’Evangile et le mettre en pratique au quotidien, quand il était élève au lycée Virgile de Rome.
Dates clés : 1973 : La Communauté prend le nom de Sant’Egidio, du nom de l’église dédiée à saint Gilles, à Rome où se réunissaient les premiers membres. 1980 : Actions diplomatiques et pacifistes dans des zones de conflits. 2015 : Mise en place de couloirs humanitaires pour faciliter l’accueil de réfugiés en Europe. 2018 : Marco Impagliazzo, président du mouvement se rend en Corée du Nord où Sant’Egidio soutient un hôpital pédiatrique.
Organisation : Un réseau de communautés présentes dans 70 pays et comptant plus de 70’000 membres, reconnu par le Saint-Siège comme association de fidèles depuis 1986.
Mission : Se réunir par un lien de fraternité dans l’écoute de l’évangile et dans l’engagement bénévole et gratuit pour les pauvres et pour la paix.
Présence en Suisse : A Lausanne uniquement où un groupe a démarré en 1990 par la rencontre d’enfants qui avaient besoin d’une aide scolaire dans le quartier de la Bourdonnette et entre autres par une prière œcuménique chaque samedi soir à la chapelle du Cénacle (basilique Notre-Dame).
Une particularité : A la suite de la première rencontre interreligieuse d’Assise en 1986, initiée par Jean-Paul II, la Communauté Sant’Egidio organise chaque année une rencontre internationale pour renforcer le dialogue entre les religions et prier pour la paix.
… de pouvoir vivre une amitié et une solidarité sans frontière. Dans la communauté nous essayons de vivre un Esprit de famille, centré autour de la prière et ouverte aux réalités du monde. Nous disons souvent que nous avons deux piliers : la Bible qui nous met en présence de la parole de Dieu et le journal qui nous ouvre à la réalité du monde. C’est ainsi qu’à Lausanne, nous avons une prière hebdomadaire le samedi soir et plusieurs temps de service : cours de français à des étrangers, visites à des requérants d’asile et à des personnes âgées, soutien scolaire à des enfants roms.
« Faire chemin ensemble » – selon l’étymologie du mot « synode » – en veillant sur la communion, la participation et la mission, comme l’indique l’intitulé du Vatican, n’est-ce pas aussi tout un programme pour chacune de nos familles ?
A qui appartiennent les édifices religieux ? Comment gère-t-on ces biens ? Peut-on facilement vendre un terrain paroissial ou désacraliser une chapelle ? Voilà autant de questions faciles à énoncer mais qui cachent des réponses bien plus complexes qu’il n’en paraît, à replacer dans le contexte des rapports entre l’Eglise et l’Etat.
PAR PASCAL ORTELLI | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER, CATH.CH, DR
« Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » Une lecture trop simpliste du précepte évangélique pourrait nous faire croire de prime abord que les églises appartiennent aux paroisses et les autres biens non sacrés, comme les établissements scolaires ou les hôpitaux, à l’Etat. De la querelle du sacerdoce et de l’empire au Sonderbund, les aléas de l’Histoire viennent compliquer les choses. Les écoles ou autres institutions de soins ont longtemps été gérées par l’Eglise avant que le bras séculier ne s’en occupe, tandis qu’aujourd’hui, certains édifices religieux comme la cathédrale Saint-Nicolas ou l’église jésuite du collège Saint-Michel de Fribourg, appartiennent à l’Etat. En revanche à Sion, la cathédrale est en main du chapitre des chanoines. Difficile donc de s’y retrouver, de dégager une systématique et d’autant plus d’avancer des chiffres.
Qui reconnaît qui ?
Les deux principales difficultés résident dans le fait que l’Eglise, avec son droit canonique, dispose de normes particulières qui ne se retrouvent pas forcément dans le droit suisse et que la situation peut varier d’un canton à l’autre en fonction des conventions de reconnaissance contractées. Si l’entité « paroisse » est clairement définie sur le plan canonique et jouit de la personnalité juridique, qu’en est-il sur le plan civil ?
Cédric Pillonel est le secrétaire général de la FEDEC, qui s’occupe de la gestion financière de l’Eglise dans le canton de Vaud.
Dans le canton de Vaud, Cédric Pillonel, secrétaire général de la FEDEC 1, institution de droit public qui assure la gestion financière et administrative de l’Eglise ainsi que ses relations avec l’Etat, précise d’emblée qu’il n’y a pas de reconnaissance civile de la paroisse canonique. « On double alors la structure d’une association paroissiale où le conseil de paroisse – entité reconnue par le droit canon et responsable de la gestion administrative des biens – en constitue le comité. »
La même logique s’applique dans les autres cantons du diocèse avec quelques différences notoires qui ont leur importance quant à la possibilité ou non de prélever un impôt ecclésiastique. A Fribourg, on parle de corporations ecclésiastiques plutôt que d’associations, tandis qu’à Genève et Neuchâtel, en raison d’une séparation stricte, les paroisses, tant catholiques que protestantes, sont organisées en association de droit privé, ce qui les oblige à s’autofinancer uniquement par des dons. Seuls les cantons du Valais et du Tessin accordent à la paroisse en tant que telle la personnalité juridique.
Qui contrôle qui ?
Pour Jean-Baptiste Henry de Diesbach, président du Conseil d’administration du diocèse de Lausanne, Genève, Fribourg, « si l’on pousse cette logique à l’extrême, cela pourrait poser des problèmes, car deux régimes diamétralement opposés entrent en concurrence. Une association fonctionne en effet selon un mode démocratique et son assemblée générale peut en théorie à tout moment modifier ses statuts, tandis que l’Eglise est régie par un type de gouvernement monarchique ». Si cela se comprend par la nécessité de préserver l’unité de la foi, à rebours, on pourrait imaginer qu’une assemblée générale décide de salarier, à la place du curé, un assistant social ou de vendre les biens de l’association paroissiale sans en référer à l’évêque. « Fort heureusement, précise-t-il, la bonne volonté de chacune des parties fait que les choses fonctionnent de concert. » Des passerelles existent aussi de part et d’autre. La législation fribourgeoise connait par exemple une spécificité qui oblige le notaire à se référer au droit canon pour certains actes.
Qui peut vendre quoi et à qui ?
Du point de vue de l’Eglise, les transactions relatives aux biens sont très strictes et soumises à un triple veto. Toute vente immobilière dès 1 m2 doit obtenir l’aval de l’évêque. Ce dernier ne donnera son feu vert qu’après avoir obtenu le préavis positif du Conseil diocésain pour les affaires économiques (CDAE) et du Conseil presbytéral. De plus, si la vente dépasse les 5 millions, il faut encore en référer au Saint-Siège. Ces filets de sécurité sont importants pour éviter que des paroisses ou des congrégations religieuses ne se fassent avoir par des agents immobiliers peu scrupuleux. En outre, comme ces biens appartiennent de fait à une multitude d’entités fractionnées, l’évêque dispose d’une prérogative permettant de garder une vision d’ensemble quant à l’utilisation et la valorisation du patrimoine foncier de son diocèse.
Comment générer des revenus pour demain ?
A ce propos, Mgr Morerod a d’ailleurs fait un pas de plus dans la professionnalisation de ces structures. La mise sur pied d’un Conseil d’administration diocésain constitué de membres laïcs ultra compétents dans leur domaine (finance, immobilier, droit…) permet d’élaborer une vision stratégique à long terme pour les affaires temporelles. Comme le relève Jean-Baptiste Henry de Diesbach, « il est important d’anticiper aujourd’hui les revenus de demain, car tôt ou tard, on assistera à une baisse de l’impôt ecclésiastique et des subsides de l’Etat ».
En ce sens, un outil juridique comme le droit de superficie est intéressant. Il donne la possibilité de construire ou modifier un immeuble comme si l’acquéreur en était propriétaire, tout en permettant au véritable détenteur de dégager un revenu sur du long terme jusqu’à 100 ans et de récupérer le bien à la fin.
Ne pas désacraliser
Un bâtiment appartenant à une congrégation religieuse et aujourd’hui inoccupé peut être réaffecté par exemple au canton dans un but d’utilité publique, tout en continuant à générer des produits pour cette dernière. Une fondation ecclésiastique a ainsi mis un ancien couvent à disposition du canton de Fribourg, à long terme et contre une rente annuelle, pour y héberger des requérants d’asile et des réfugiés. L’opération permet l’accueil de migrants sans en gérer les aspects opérationnels, tout en assurant des revenus qui permettent notamment de financer la formation de futurs prêtres.
Ainsi même si l’Eglise catholique en Suisse romande ne vole pas la palme aux CFF en matière de propriété foncière, compte tenu du caractère fractionné de ses possessions, elle n’a néanmoins pas besoin de désacraliser à outrance ses édifices religieux pour trouver de nouvelles liquidités. Il arrive que cela se produise, comme au Locle où une chapelle de quartier a été transformée en villa, mais dans la majorité des cas, une réaffectation sera préférée à une vente pure et simple, tout comme une saine collaboration avec les cantons et les communes qui dans la plupart des cas continuent de la soutenir.
1 Fédération ecclésiastique catholique romaine du canton de Vaud.
L’église jésuite du collège Saint-Michel de Fribourg est en main du canton.
Une bonne vingtaine de jeunes « passion-nés » du Christ se sont retrouvés le Jeudi saint pour monter vers Pâques après s’être « plongés » dans le repas traditionnel de la Pâque juive.
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