Noël dans l’Eglise ukrainienne

TEXTE ET PHOTOS PAR SVIATOSLAV HORENTSKYI

En Ukraine, l’Eglise gréco-catholique suit le calendrier julien (l’ancien calendrier), par conséquent, la fête de Noël tombe le 7 janvier. Cependant, certaines communautés de la diaspora ont adopté le calendrier grégorien ou même le calendrier julien révisé qui combine en quelque sorte l’ancien et le nouveau calendrier. Par exemple, nous fêtons Noël le 25 décembre à Genève, tandis que nous le célébrons le 7 janvier à Lausanne. Hormis cette différence de date, nous fêtons la Nativité du Christ comme tous les Chrétiens du monde, mais il est vrai que nos traditions lui confèrent une saveur toute particulière.

D’abord, la période de l’Avent est pour nous importante, puisque l’on se prépare à accueillir le Sauveur par la prière et un jeûne de quarante jours.

La veille de Noël, la tradition ukrainienne veut que l’on partage un repas composé de douze plats sans ingrédient laitier ni animalier. Le soir, les familles se rendent à l’église pour prier les grandes complies et ainsi entrer dans le mystère de la Nativité. De retour à la maison, elles s’attablent, allument une bougie, signe de la présence de Dieu, et commencent le dîner par une prière. Puis le chef de famille partage la « Koutia », un plat incontournable de Noël composé de blé bouilli, de graines de pavot, de noix, de raisins secs et de miel. Chacun doit également goûter aux douze plats de Noël qui symbolisent les douze apôtres. Puis, l’on entonne généralement les « koliadky », des chants traditionnels de Noël.

Le jour de Noël, les enfants ne déballent pas leurs cadeaux puisqu’ils l’ont déjà fait à la Saint-Nicolas. Les gens vont de nouveau à l’église pour vivre la Divine Liturgie de la Nativité du Christ. Tout le monde se salue joyeusement en disant « Christ est né » et en répondant « Glorifions-le » (et nous nous saluons ainsi jusqu’à la fête de la présentation de Jésus au Temple). La journée se poursuit ensuite en famille autour d’un repas festif.

Nous avons également une tradition très répandue qui consiste à former des crèches vivantes ambulantes. Des familles entières ou des groupes d’amis inventent ou empruntent des scénarios, endossent les costumes de personnages bibliques et vont de porte en porte pour annoncer et raconter la naissance de Jésus et chanter les koliadky. Ainsi, l’esprit de Noël nous accompagne encore durant plusieurs semaines.

L’espoir face à la pandémie

PAR LE FRÈRE ANIEDI OKURE OP, DÉLÉGUÉ PERMANENT DE L’ORDRE DES PRÊCHEURS AUPRÈS DES NATIONS UNIES, PROMOTEUR GÉNÉRAL DE JUSTICE ET PAIX (OP)

Lorsque Jésus a commencé son ministère public, les foules étaient remplies d’espoir, l’espoir d’être libérées de l’oppression, de l’occupation coloniale, de la taxation forcée, de la pauvreté. Aussi, lorsque Jésus a proclamé que Dieu l’avait oint pour apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres, la liberté aux captifs, la vue aux aveugles, la délivrance aux opprimés… (Lc 4, 8-9), il a dû attirer l’attention de ses auditeurs qui espéraient un libérateur de la puissance des ténèbres (Ac 10, 38).

La pandémie de covid a jeté un trouble sur nos vies, nous faisant aspirer à la libération des incertitudes qui nous affligent. Cependant, elle a également mis à nu le voile de ténèbres qui obscurcit les lignes d’exclusion et fait éclater au grand jour une injustice structurelle. Elle a révélé un monde marqué par de subtils programmes nationalistes et d’exclusion, par une mentalité grandissante du « nous et eux ». Même l’effort de collaboration pour s’attaquer à la pandémie a donné la priorité à des segments du monde plutôt qu’à d’autres, exposant davantage l’idéologie qui façonne notre perception de certains segments de la famille humaine.

Malgré les incertitudes auxquelles nous sommes confrontés, ce dévoilement est une bonne chose, car il a réveillé chez beaucoup un véritable esprit humain et une reconnaissance de notre interconnexion en tant que membres d’une même famille humaine. Il est réconfortant de constater que les gens s’impliquent de plus en plus dans la promotion de la justice et de la paix.

Afin de canaliser ces prises de conscience dans la bonne direction pour un plus grand impact, nous devons reconnaître que nous sommes intimement membres de notre société dont l’environnement social s’insinue dans notre pensée et notre comportement. Cela nous permettra de contrer les idéologies qui mettent à mal une approche intégrale de la vie : justice et charité, vie de prière et action publique en faveur des plus vulnérables, foi chrétienne et plaidoyer pour changer les structures de l’injustice. Cela nous aidera à réconcilier l’état d’esprit qui oppose un pan de la société à un autre et un ministère de l’Eglise à un autre, comme si le Christ était divisé (1 Co 1, 12-13) et contribuera à créer un monde meilleur que nous espérons.

Un tel état d’esprit nous permettra de surmonter ce qui semble être un schisme clandestin au sein de l’Eglise qui, à y regarder de près, trouve ses racines dans les divisions de la société. Il nous donnera les moyens de vivre notre mission de contre-culture, d’édifier la société avec les valeurs de l’Evangile afin que tous puissent vivre en sœurs et frères, qui découvrent le visage du Christ dans chaque personne rencontrée et dans chaque femme une sœur et dans chaque homme un frère ; de travailler activement à amener les membres de la famille humaine relégués aux « marges de la vie et de la société » dans le cercle familial du peuple de Dieu.

Genève, symbole de l’« unité mondiale » des Nations Unies, centre de promotion et de défense des droits de l’homme dans le monde, témoigne des efforts des frères dominicains de Salamanque qui ont pris l’initiative de défendre les droits des peuples indigènes des Amériques en appliquant les lois espagnoles au-delà des frontières de l’Espagne et en faveur des personnes abusées. Leurs efforts ont jeté les bases de la Société des Nations (ONU). La Délégation de l’Ordre auprès de l’ONU – Dominicains pour la Justice et la Paix poursuit cette tradition. La Divine Providence a voulu que la paroisse confiée aux Dominicains à Genève soit placée sous le patronage de saint Paul, le premier apôtre à dépasser la communauté fermée pour atteindre les « exclus » en dehors de Jérusalem. Puissions-nous travailler ensemble pour façonner un monde meilleur !

Espérer contre toute espérance

TEXTE ET PHOTO PAR CLAUDE AMSTUTZ

Avec Noël, la vie divine s’unit à la vie humaine. L’arbre de Noël évoque donc la renaissance, le don de Dieu qui s’unit à l’homme pour toujours, qui nous donne sa vie. Les lumières du sapin rappellent celles de Jésus, la lumière de l’amour qui continue de briller dans les nuits du monde. C’est par ces mots que notre pape François, recevant en décembre dernier les délégations péruvienne et italienne, rappelait le sens profond de ces symboles de Noël, porteurs d’espérance dans le secret de nos cœurs, de nos familles, de nos communautés.

Ce message a été entendu, comme chaque année – sauf en 2020 en raison de la pandémie – lors de la célébration œcuménique à la Résidence EMS des Bruyères, avec le pasteur Joël Stroudinsky et les animateurs du lieu, auprès des plus fragiles, mais aussi des plus attachants de nos proches, ces autres visages de Dieu.

Célébration de la Parole avec l’annonce de la Bonne Nouvelle dans saint Luc, des chants traditionnels rappelant nos origines, nos racines ; nos souvenirs de jeunesse dissipant pour un temps les brumes environnantes de la pandémie et les parasites des temps actuels, avec leur cortège de mauvaises nouvelles dont les médias et les réseaux sociaux sont si souvent les multiplicateurs.

Eteignons, pour quelques instants, nos portables, nos radios, nos téléviseurs et ouvrons nos yeux sur le monde qui nous entoure avec le regard aimant de la Vierge Marie sur son Enfant. Alors, peut-être, découvrirons-nous que les miracles petits ou grands ont lieu tous les jours comme au temps de Jésus et que les moments heureux – comme le Noël à la Résidence EMS des Bruyères – sont une histoire qui commence, loin de la confusion ambiante qui veut nous voler notre espérance.

Le monde tient debout par ce réseau d’amour que nous créons, vous et moi, chaque jour, et tous ces êtres qui, en cet instant, sont en train de faire quelque chose, des actes d’amour dans le monde, un regard de tendresse pour la terre qui nous entoure, pour la création. Cela tient le monde debout. Il ne s’agit pas de se détacher du monde, mais de le rencontrer à partir d’une autre force… (Christiane
Singer, Du bon usage des crises, Albin Michel / 1996).

Comme les Rois mages…

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS : DR

Frangipane ! Non, non, détrompez-vous, ce n’est pas une insulte, mais une crème à base d’amandes qui entre dans la composition de la galette des rois. Entre les fervents partisans de la version avec et celle sans, la controverse pointe à l’horizon. Nulle disputatio ici pour démêler la- quelle des deux versions mérite le qualificatif d’hérésie…

La première mention d’un gâteau contenant une fève (le légume, donc!) remonte à la fin du Moyen Age. On trouve cette attestation dans une charte de Robert de Fouilloy, évêque d’Amiens en 1311. Mais il s’agit d’un témoignage tardif rapporté par Legrand d’Aussy, un historien ayant vécu cinq siècles plus tard. On situe vraisemblablement l’origine de cette pratique bien plus tôt dans l’histoire, car elle rappelle les Saturnales romaines, où il était coutume d’élire un roi du jour par tirage au sort. Les convives devant obéir à ce « roi » sous forme de gages.

La fève des avares

Dans une illustration du Livre d’heures d’Adélaïde de Savoie (XVe), on retrouve la représentation d’un enfant sous la table, désignant le bénéficiaire de la fève. Le modèle en porcelaine remonte au XIXe siècle en Saxe. Celui qui la trouvait devait offrir une tournée générale. Or, certains avares auraient avalé la fève pour ne pas bourse délier. La date, traditionnellement déterminée au 6 janvier a été fixée par le concile Vatican II au premier dimanche qui suit le 1er janvier. Concrètement on peut fêter l’Epiphanie soit le 6 janvier, soit le dimanche suivant le jour de l’An, soit les deux…

Une tradition issue du marketing

En Suisse, le marché du pain avait besoin de renouveau. L’As- sociation suisse des boulangers voit l’occasion d’introduire un nouveau produit sur le mar- ché. Ils créent donc une recette à cet effet. Mais cette tradition n’a véritablement pris son envol qu’avec un vol… en hélicoptère plus précisément. Quoi de mieux que de mettre trois rois mages dans un hélico et de les déposer, face caméra, dans le village de Chandolin, le plus haut village d’Europe habité toute l’année ? S’ensuit une petite distribution de brioches pour bien marquer les esprits. Bref, depuis les années 60, les Helvètes mangent… de la couronne briochée. N’en déplaise aux partisans de la frangipane !

Recette: Couronne des rois en pâte briochée et morceaux de chocolat

Temps de préparationTemps d’attentePortions
20 minutes2 heures8

Ingrédients

  • 500 g de farine panifiable (type 550)
  • 75g de sucre
  • 20 g de levure fraîche (environ un demi-cube)
  • 300 ml de lait
  • 75 g de beurre mou en cubes
  • 1 poignée de mini-cubes de chocolat
  • 1 jaune d’œuf (taille moyenne)
  • 1 cuillère à soupe de lait • 1 poignée d’amandes effilées ou de sucre grêle (gros grains)

La fève

  • 1 amande entière sans peau OU
  • 1 fève (le légume) OU
  • 1 pièce de monnaie emballée dans du papier alu

Préparation

  1. Mettez la farine, le sucre et la levure émiettée dans un bol. Mélanger le tout à la main ou au robot.
  2. Faites chauffer le lait et le beurre à feu doux jusqu’à ce qu’ils tiédissent. Ne les laissez pas bouillir.
  3. Ajoutez ensuite le lait au mélange de farine et pétrissez jusqu’à former une pâte lisse, élastique et souple. Elle doit se détacher du bord du bol.
  4. Couvrez la pâte d’un film alimentaire ou d’un torchon propre et laissez le tout à température ambiante. La pâte va lever pendant environ 90-120 minutes jusqu’à ce qu’elle ait doublé de volume.
  5. Retirez ensuite la pâte du bol et incorporez-y les mini-cubes de chocolat.
  6. Retirez un cinquième de la pâte pour façonner la boule centrale. Placez-la au centre d’une plaque de cuisson recouverte de papier sulfurisé.
  7. Divisez le reste de pâte en 8 parts égales. Formez des boules. Cachez la fève dans l’une d’elles. Accolez ces boules au plus grand pâton pour former une fleur. Couvrez à nouveau la couronne de pâte d’un torchon et laissez-la lever pendant encore 20 à 30 minutes.
  8. Pendant ce temps, préchauffez le four à 180°C sur le programme «voûte et sole».
  9. Fouettez le jaune d’œuf et la cuillère à soupe de lait, badigeonnez-en la pâte et saupoudrez-le d’amandes effilées ou de sucre grêle.
  10. Faire cuire la couronne durant environ 30 minutes. Tapoter la brioche, si elle est cuite cela doit sonner creux.

N.B: Il est préférable de préparer la couronne le jour où elle doit être mangée.

Espérer contre toute espérance

PAR CHRISTOPHE ANÇAY
PHOTO : MP

L’histoire du peuple hébreu est faite de crises 1. Elles ont nourri l’attente utopique d’un monde meilleur, une espérance eschatologique. D’un autre côté, c’est la nostalgie, les lamentations sur la terre promise et perdue. Ces mêmes réactions se retrouvent aujourd’hui. L’attente des « lendemains qui chantent » cohabite avec les regrets d’un monde idyllique dans lequel tout allait mieux.

Entre ces deux réactions, une troisième émerge : essayer de comprendre la crise sans vouloir immédiatement en sortir par un retour à un passé mystifié ou un saut dans un avenir rêvé.

Aujourd’hui, c’est peut-être aussi cette attitude que nous devons chercher. Face aux crises n’attendons pas un sauveur qui viendrait résoudre nos problèmes. Refusons aussi le repli dans la nostalgie du passé mais regardons le visage du Christ. Il y a peu, nous célébrions Dieu qui se donne à nous comme un petit enfant et bientôt, nous commémorerons ce même Dieu mort sur une croix. Voilà l’espérance du chrétien : un petit bébé et un condamné à mort. Ou alors, un Dieu qui prend toute notre humanité et qui transcende la mort par sa résurrection. C’est ici et maintenant que Dieu est avec nous pour que nous soyons debout, comme le Christ Ressuscité. « Espérant contre toute espérance, il a cru. » (Rm 4, 18)

1 Cf. Thomas Römer, LAncien Testament – une littérature de crise, 1995, Revue de Théologie et de Philosophie, vol. 127, n° 4, pp. 321-338.

 

« Cet équilibre précaire fait de lucidité et de réalisme a conduit des auteurs de l’Ancien Testament à reconnaître la prééminence de Dieu au cœur même des crises. Comme si l’exil n’était pas un accident mais le lieu même de la Révélation. »

En temps de crises, l’espérance

PAR L’ABBÉ LÉONARD BERTELLETTO
PHOTO : RAPHAËL DELALOYE

En ces temps de crises (sanitaire, politique, climatique, ecclésiale…), c’est le contraire de l’espérance qui anime le cœur de beaucoup : le désespoir est au rendez-vous. L’humanité semble condamnée à ne vivre que des jours sombres, et ne voit pas, dans l’immédiat, d’issues favorables aux drames qui l’enserrent. L’angoisse est le lot quotidien de nombreux jeunes dont l’avenir semble obstrué.

Que me dit mon espérance chrétienne face à ce constat amère ? D’abord, que l’espérance est une vertu. Elle est la force, le ressort dont j’ai besoin pour rebondir à chaque fois que le mal (moral, physique) semble tout détruire, tout écraser. Jadis, la vertu d’espérance était le principal tremplin de la foi d’Israël, qui entrevoyait déjà, au cœur de ses misères, les signes avant-coureurs de l’ère messianique : « Le loup cohabitera avec l’agneau […]. » « De leurs épées, ils façonneront de socs de charrues, de leurs lances, des serpettes ; les nations ne lèveront plus l’épée l’une contre l’autre, elles n’apprendront plus la guerre. » (Is 2)

Seule la présence du Christ qui restaure toutes choses dans la lumière de sa résurrection peut donner sens à ces propos. Sans Jésus, le Messie, ils ne seraient que la description d’une vaine utopie.

C’est pourquoi l’espérance des temps de crises est d’abord celle que je place dans l’avènement du Règne qui vient : un jour, ce devenir se fera Eternel présent, l’obscurité « qui s’étend à l’ombre de la mort » aura fait place au plein Jour du salut: «la lumière a resplendi» (cf. Is 9).

Dieu nous donne la ferme assurance de participer à la victoire du Christ glorieux : telle est notre espérance chrétienne, à toutes épreuves !

Je vous invite à la faire vôtre et à la cultiver, pour en recueillir tous les fruits.

L’espérance face aux crises

Les crises que nous traversons depuis quelques années remettent en question nos modes de vie, notre rapport à la nature, notre avenir. L’équipe de rédaction a choisi, pour ce premier magazine de l’année, de partager avec vous, chères lectrices, chers lecteurs, quelques paroles d’espérance appuyées par une citation biblique et une image inspirante.

Source de paix et de joie profonde.

TEXTE ET PHOTO PAR DAISY MAGLIA

Pour moi, l’espérance est source de paix et de joie profonde. Tout comme la foi et l’amour, elle est au cœur de l’enseignement du Christ. Il suffit d’ouvrir l’Evangile ou les Psaumes au hasard pour tomber sur des versets remplis d’espérance. Les paroles prononcées par le Christ avant qu’il retourne vers son Père nourrissent particulièrement mon espérance: «Que votre cœur cesse de se troubler ! Croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon je vous l’aurais dit; je vais vous préparer une place. Et quand je serai allé et que je vous aurai préparé une place, à nouveau je viendrai et je vous prendrai près de moi afin que, là où je suis, vous aussi, vous soyez. Et du lieu où je vais, vous savez le chemin.» (Jean 14, 1-4) Alléluia !

PAR AIME RIQUEN
PHOTO: MARIE-PAULE DENEREAZ

Comme il est écrit, ce sont des choses que l’œil n’a point vues, que l’oreille n’a point entendues, et qui ne sont point montées au cœur de l’homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l’aiment.
(1 Corinthiens 2, 9)

L’espérance est une vertu chrétienne par laquelle les croyants attendent de Dieu, avec confiance, sa grâce en ce monde et une vie éternelle après la mort, contrairement à l’espoir qui est un sentiment qui porte à espérer ici-bas.
Dans ce monde actuel bien chahuté, l’être humain a besoin d’espoir pour vivre sereinement et d’espérance pour un accompagnement spirituel motivant.
Le chrétien doit invoquer l’espérance comme un guide qui le conduit et lui donne le courage d’avancer sur le chemin de la vie, parfois tumultueux et difficile. Grâce à sa foi et au recours à l’Esprit-Saint, il reçoit la lumière qui éclaire ce chemin vers la porte de la vie éternelle que lui a ouvert le Christ.

Le chemin de vie.

TEXTE ET PHOTO PAR ISABELLE VOGT

J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. […]
Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité. (1 Co 13, 2.13)

Depuis que j’ai découvert cette déclaration dans le célèbre « Hymne à l’amour » de saint Paul (chapitre 13 de la première lettre aux Corinthiens) il y a bien des années, elle m’accompagne et me réconforte. Elle traduit une conviction ancrée au plus profond de mon cœur depuis toujours. Elle se fait plus présente en ces temps troubles que nous vivons, où il est difficile de garder espoir en l’humanité, la liberté et la justice.
Je place ainsi toute mon espérance en Celui qui a dit: «Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie.» (Jn 14, 6)

TEXTE ET PHOTO PAR LAETITIA WILLOMET

Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement auprès de Dieu. […]
Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous. (Jn 1, 1-2.14)

Ces versets sont depuis longtemps mes compagnons dans les moments difficiles de ma vie, dans les doutes et les angoisses. J’ai « ruminé » ces versets à de nombreux moments. Les récitant dans ma tête, les laissant prendre place dans mon cœur. Leur musicalité m’apaise. Les répétitions du mot « verbe » donne un rythme qui me plaît et m’aide à intérioriser cette belle réalité : le Verbe venait de Dieu et était Dieu et il a habité notre humanité. Il en a expérimenté les souffrances et les joies. Je peux déposer les miennes dans ses mains et lui faire confiance. J’aime les méditer devant l’icône de la Trinité qui me rappelle l’abondance d’amour de Dieu.

Icône de la Trinité
Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. (Jn 14, 6)

TEXTE ET PHOTO PAR MARIE-PAULE DENEREAZ

« Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ?
Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi.
Pour aller où je vais, vous savez le chemin. » (Jean 14, 2-4)

La perspective de voir revenir Jésus et de me faire un jour emmener auprès de lui pour être là où il est nourrit mon espérance. Si l’espoir est humain et peut être déçu, l’espérance ne s’éteint jamais car elle a une dimension transcendantale. Mon espérance est tournée vers les promesses de celui qui est l’alpha et l’oméga, celui qui est le chemin. Un chemin de patience et d’endurance, main dans la main avec Jésus, qui nous fera découvrir les mystères de l’au-delà où une place nous est préparée dans la maison du Père. Jésus, j’ai confiance en toi !

TEXTE ET PHOTO PAR NICOLE CRITTIN

Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles […]
Un autre signe apparut dans le ciel : un grand dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et, sur chacune des sept têtes, un diadème. […]
Or, elle mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les conduisant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place, pour qu’elle y soit nourrie pendant mille deux cent soixante jours. (Ap 12, 1-6)

Lors du retour de la promenade qui longe la crête de l’Ardevaz, je m’arrête un instant dans la chapelle des Mayens-de-Chamoson, pour méditer devant la mosaïque de la Vision de la femme et du dragon, tirée de l’Apocalypse 12, 1-6. Contrairement à ce que ce terme signifie de nos jours, l’Apocalypse (dont l’étymologie grecque signifie révélation) est une promesse de bonheur qui débouche sur la victoire définitive de Dieu sur le mal et sur la mort. La figure de la Femme couronnée d’étoiles est très connue, elle représente sûrement l’Eglise et pas d’abord la Vierge Marie. Quel magnifique message d’espérance…

Vision de la femme et du dragon

L’espérance face aux crises

PAR L’ABBÉ PHILIPPE AYMON
PHOTO : JHS

Que peut faire l’espérance chrétienne face aux crises ? Rien de plus et rien de moins que par temps calme, serein et heureux.

Il y a toujours dans l’Eglise une conception qui semble venir du temps des apôtres : le Christ et la foi peuvent et veulent changer le monde. « Ainsi réunis, les apôtres l’interrogeaient : Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » (Act 1, 6)

Eh bien, non, Jésus ne vient rien restaurer du tout ! Il vient seulement appeler le cœur de l’homme et ses comportements, à une conversion qui trouve son origine dans l’espérance en la vie éternelle. « A l’attente du Royaume de Dieu on subsiste souvent l’attente des changements politiques, la marche vers la libération totale se confond avec la recherche du confort ou avec la consolidation d’avantages sociaux et économiques. »

L’espérance chrétienne est celle d’un visage, celui de Jésus Seigneur. « Espérer, dès lors, c’est attendre le Fils qui viendra des cieux (1 Th 1, 10). Car, en réalité, nous sommes appelés par le Père à une communion avec son Fils (1 Co 1, 9) […] ou de manière plus imagée d’aller prendre domicile près du Seigneur. » (2 Co 5, 8)

Ainsi en temps de crise, de guerre, de pandémie, de chômage, de deuil ou d’autre épreuve, l’espérance ne vient pas résoudre les problèmes des hommes et donner des solutions qui nous facilitent la vie. Dans les temps de paix et de bonheur, elle conserve sa place et sa force pour que nous ne nous égarions pas dans une béatitude terrestre, comme si cette dernière était le tout de l’homme.

Dans l’attente de la manifestation en Gloire du Seigneur, que l’espérance nous garde dans la confiance, vigilants et patients, avec un esprit de détachement de ce monde qui passe et ne craignant pas la pauvreté. Tout ceci afin de grandir dans l’amour fraternel.

N. B. Les citations que l’on trouve dans cet édito sont du chanoine Grégoire Rouiller, dans un texte intitulé : « En vue de l’espérance qui vous est réservée dans les cieux. » (Col 1, 5) Je vous invite à lire ces lignes. Vous les trouvez sur le site des paroisses : www.paroisses-sion.ch, sur la page de la paroisse de la Cathédrale.

« Un temps pour changer »

PAR THIERRY SCHELLING 
PHOTOS : DR

On dirait Qohelet : un temps pour tout… François est régulièrement attaqué par ses détracteurs sur le fait… qu’il « nous change la religion » ! Critique facile et qui prouve que si changement il y a, il est justement dans l’esprit des évangiles : il doit gêner, râper aux encornures, déranger notre confort…

En temps de crise, un rebond de spiritualité oscille entre apocalypse et… espérance, justement, l’une des trois grandes vertus chrétiennes (avec la foi et la charité). La moins cernable, peut-être… mais depuis l’extraordinaire célébration du Vendredi saint 2020 (le Pape seul sur la place Saint-Pierre sous la pluie), ainsi que ses Angélus lors du pic de la pandémie, l’espérance n’a-t-elle pas pris corps plus concrètement ? Une des réponses du Pape est la publication d’un ouvrage, « Un temps pour changer » justement…

Un livre

Son livre, édité chez Flammarion en 2020, est une compilation des « conversations avec Austen Ivereigh », journaliste britannique et féru d’histoire de l’Eglise contemporaine (membre du Campion Hall d’Oxford). On y trouve des perles, qui « répondent » – dans le sens de « font écho » – à la situation actuelle du monde et de l’Eglise. Aperçu.

Citations

« J’ai toujours pensé que le monde semblait plus net depuis les marges… » ; « Il vaut mieux mourir après une courte vie au service des autres, qu’après une longue vie passée à résister à cet appel » ; « Chaque fois que, dans le monde, tu trouves une réponse claire, immédiate, personnelle et consolante qui propose une solution, Dieu est là. C’est là que son Esprit est présent » ; « Le signe que nos consciences ont été déformées par la technologie est notre mépris de la faiblesse » ; « J’ai appris l’importance de voir ce qu’il y a de grand dans les petites choses et de considérer ce qu’il y a de petit dans les grandes choses » ; « Notre plus grand pouvoir ne réside pas dans le respect que les autres ont pour nous mais dans le service que nous pouvons offrir aux autres »…

De quoi espérer qu’un lendemain meilleur est réalisable si on se laisse… changer, non ?

Jeux, jeunes et humour – janvier 2022

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Qui est saint Sylvestre ?
Evêque de Rome et 33e pape, il a eu la lourde de tâche d’organiser l’Eglise à l’époque de l’empereur Constantin. Mort le 31 décembre 335, il a donné son nom au réveillon précédant le Nouvel An. L’origine de la fête remonte cependant à Jules César qui a fixé la date de la nouvelle année au 1er janvier. Les fêtes de la veille étaient appelées « Sigillaires » et clôturaient les Saturnales de décembre.

par Pascal Ortelli

Humour

Un fermier valaisan se rend chez son curé et lui demande s’il peut célébrer une cérémonie de sépulture pour son chien qui vient de mourir. Le prêtre lui répond que ce n’est pas possible chez les catholiques et l’invite à aller trouver le Pasteur qui entrera certainement en matière. Le fermier lui pose alors la question : « Pensez-vous qu’en lui donnant Fr. 10’000.– cela contribuerait à le décider ? » Le curé se reprenant : « Mon bon monsieur, pourquoi ne pas m’avoir dit plus tôt que votre chien était catholique ! »

par Calixte Dubosson

Vitraux d’Edmond Bille, Basilique de Saint-Maurice

PAR AMANDINE BEFFA
PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

Conçus comme une tapisserie lumineuse, les vitraux d’Edmond Bille nous racontent l’histoire de saint Maurice et de ses compagnons. L’artiste suisse a réalisé une série de treize vitraux que l’on a qualifiés de « beau poème de pierre ».

Plusieurs versions

S’il existe plusieurs versions de la raison ayant poussé l’Empereur Maximien à ordonner la mort des soldats et de leurs chefs, Bille retient celle du refus de sacrifier aux dieux romains.

Au premier registre (la partie du bas), saint Maurice se détourne de l’Empereur, monté sur un cheval. De ses mains, le saint indique le refus de suivre l’ordre qui lui est donné. Il regarde vers le sol où sont déposés son épée et son casque. Il indique ainsi que sa loyauté ne va pas à Rome.

Au second registre (la partie du haut), la légion est décimée. Cette pratique impliquait de faire tuer un soldat sur dix par ses camarades. Ceux qui périssaient servaient d’exemple aux autres.

Dans la partie arrondie de la lancette, on peut voir les palmes, symboles des martyrs. En effet, nous le savons, saint Maurice et ses compagnons ont choisi de rester fidèles jusqu’au bout à la foi chrétienne.

La scène est surmontée d’un veau d’or qui renvoie à l’Exode (Ex 32). Perdant courage et se mettant à douter, le peuple avait choisi la facilité d’un dieu qu’il pouvait voir et toucher.

Au bout de la confiance

On peut se demander si choisir un vitrail représentant un martyre est ce qu’il y a de plus joyeux pour commencer l’année. Mais, ce qui est mis en valeur avec les martyrs n’est pas leur souffrance, mais leur fidélité. Ils sont allés jusqu’au bout de la foi, jusqu’au bout de la confiance, même dans la peur et le doute. Ce que nous rappelons, c’est la façon dont, à l’image du Christ, ils ont aimé jusqu’au bout (Jean 13, 1).

En ce début d’année, ils peuvent donc nous interroger sur nos petits reniements quotidiens, et nous inviter, pourquoi pas, à prendre la bonne résolution de la confiance pour 2022.

En librairie – janvier 2022

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Mille conseils d’un vieux hibou pour réussir sa vie
Guy Gilbert

Le « vieux hibou » est de retour. C’est lui-même qui se qualifie ainsi, dans son nouveau livre qui sort ces jours-ci et dont les phrases toniques font du bien, au cœur de notre époque insensée. En parcourant Mille conseils d’un vieux hibou pour réussir sa vie on ne lit pas, on entend la voix du père Guy Gilbert, cette façon inimitable que ce prêtre a de parler direct, avec ces formules bien à lui, qui bousculent. C’est une chance de pouvoir bénéficier de la sagesse des « anciens » pour éclairer nos vies. Un vieux hibou décidément toujours sagace !

Editions Philippe Rey

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La grande aventure paroissiale du père Jean-Michel
Hervé Rabec

La paroisse Sainte-Rita se meurt… Comme pour tant d’autres, malgré la bonne volonté des bénévoles, il y a de moins en moins de monde à la messe, à l’aumônerie, aux activités paroissiales. Epuisé, découragé, le père Jean-Michel a envie de jeter l’éponge. Mais c’est sans compter sur l’amitié et les drôles d’idées de son évêque, sans parler de l’étrange visite d’une limousine à la nuit tombée… Alors, bien que ni son âge ni son amertume ne le laissait présumer, le père Jean-Michel va lancer sa paroisse dans un projet un peu fou.

Editions Quasar

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Saint François de Sales et sainte Jeanne de Chantal
Christophe Hadevis

A l’aube du XVIIe siècle, la Genève protestante a chassé son évêque. Depuis Annecy, François de Sales entreprend une profonde réforme de la vie chrétienne, rappelant que Dieu veut agir dans le cœur de chaque homme et de chaque femme. Sa rencontre en 1604 avec Jeanne de Chantal débouche sur une amitié spirituelle qui fera date dans l’histoire de l’Eglise et aboutira à la naissance d’un nouvel ordre monastique féminin : la Visitation Sainte-Marie. Cette bande dessinée historique et hagiographique présente le parcours de ces deux grands mystiques qui constituent de beaux modèles pour grandir dans la vie de foi.

Editions Pierre Téqui

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Un couple et sept couffins
Michel Simonet

Michel Simonet est cantonnier à Fribourg. Une Rose et un Balai, en 2017, consacré à la description pleine d’humour de son métier, fut son premier livre. Un ouvrage qui connut un succès exceptionnel, tant a séduit la succession de scènes et de portraits étonnamment proches de la poésie là où l’on ne pensait pas devoir la trouver. Ce second opus s’attache à l’autre versant de son existence : celui de père d’une famille nombreuse, dont il retrace ici la « geste » quotidienne, allant retrouver dans tous les détails de la vie la même source de joie et d’amusement propice à des méditations inattendues. Le texte est suivi de nouvelles remarques sur son métier, Lettres du littering, qui nous fait renouer avec le bonheur des rencontres imprévues au détour des rues.

Editions Faim de siècle

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Notre espérance face aux crises

PAR PIERRE PRALONG, CHERMIGNON-D’EN BAS
PHOTO : ICONE ANASTASIS DE LA RÉSURRECTION

N’avons-nous pas tous des rêves, des désirs et des espoirs ? Notre vie ne s’en nourrit-elle pas ? Chaque étape de notre vie nous permet de faire des pas en avant dans ces désirs, rêves et espérances. Cependant, la réalité nous plaque parfois au sol ! Que ce soit la récession économique, les épidémies, la crise de la foi et bien d’autres épreuves.

Voilà notre espérance : croire Dieu ! Nous savons que nous le verrons dans ce face à face le jour de notre mort. L’espérance nous fait entrevoir la béatitude, les cieux, la joie des élus, la communion parfaite avec Lui.

Nous bâtissons (ou essayons de bâtir) un monde plus juste, mais souvent cela se limite à notre pouvoir et notre raison. C’est pourquoi, nous avons besoin de cette espérance qui ouvre les portes à l’impossible ! Cette grande espérance dépasse nos raisonnements et nos limites car elle est à dimension divine : l’espérance chrétienne désire Dieu et attend tout de sa main.La véritable espérance surprend, dépasse les attentes et les possibilités immédiates, elle est la promesse d’un don au-delà de nos capacités.

En 1984, avec mon épouse Aline, nous avions planifié de nous rendre, avec toute la famille, en Vendée pour les vacances d’été. Comme Ars était sur notre route, nous avons décidé de nous y arrêter un jour car un rassemblement charismatique y était organisé par la communauté du Chemin-Neuf.

C’est lors de ce rassemblement charismatique que j’ai reçu la douche du Saint Esprit. J’en ai pleuré de joie. J’ai senti l’amour du Seigneur au tréfonds de mon coeur. C’est à ce moment-là, que j’ai reçu, dans mon coeur, la grâce de la foi et de l’espérance avec la certitude que ma fille Elisabeth, qui se droguait depuis huit ans, guérirait, se libérerait de sa dépendance.

A chaque fois que j’ai eu l’opportunité, l’occasion de témoigner, je disais à quel point le fait d’avoir un enfant qui se drogue était une grande épreuve, et ce, pour toute la famille. Cependant, ayant plein d’espérance avec le Seigneur, le fardeau était plus léger et j’avais toujours cette conviction que ma fille s’en sortirait.

En 1986, alors que je témoignais à l’église de Saint-Maurice de Laques, Le Père Jean-Marie, mécanicien à cette époque, se tenait à l’extérieur de ladite église, en compagnie de ma fille Elisabeth. Comme il y avait des haut-parleurs à l’extérieur, ma fille a entendu mon témoignage et, à ma sortie de l’église, elle m’a traité de « fou » en me disant : « Papa, pourquoi dis-tu des choses pareilles, jamais je ne m’en sortirai ! » Je lui ai répondu : « Toi, tu ne crois pas, ce n’est pas grave, j’espère et je crois pour toi ! ». Douze ans plus tard, douze ans durant lesquels j’ai témoigné, le Seigneur l’a guérie, l’a libérée après vingt ans de dépendance à la drogue. Merci Seigneur !

L’espérance devient une vertu, c’est-à-dire une force. Car tout s’appuie alors « non sur la sagesse des hommes mais sur la puissance de Dieu » (1 Co, 2-5). « C’est pourquoi je vous le dis : Tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous l’avez déjà reçu et cela vous sera accordé » (Mt 21, 21-24).

A la rencontre du groupe Maranatha

Depuis le début des années 2000, le couvent des carmes de Fribourg a vu se développer un groupe de jeunes animé par les frères. En vingt ans, la formule a évolué : quelle est-elle aujourd’hui et qui sont ses membres ?

PAR PAUL SALLES | PHOTO : DR

Nous sommes un soir d’hiver à Fribourg, comme d’ordinaire froid et quelque peu humide. Nous poussons la porte de la chapelle du couvent des carmes à Fribourg et à peine ouverte, nous entendons déjà les éclats de rire qui viennent régulièrement couvrir le murmure des discussions informelles. Nous suivons les sons qui nous conduisent au bas d’un escalier et nous découvrons alors une quinzaine de jeunes attablés, partageant un pique-nique animé. Avec eux, une silhouette frêle en robe brune : le Frère Baptiste se retourne et nous accueille. C’est lui qui a la charge d’accompagner le groupe de jeunes. Il nous en présente d’ailleurs quelques-uns.

Le pique-nique va bientôt se terminer et ce petit monde s’affaire pour tout ranger et préparer la suite : l’enseignement et la discussion avec le Frère Baptiste sur le thème du semestre. En ce moment, c’est la Sainte Famille qui les occupe, mais auparavant, ils ont pu parler de la prière d’intercession, des anges, du prophète Elie… le tout à la lumière de la spiritualité carmélitaine.

Nous échangeons avec l’une des jeunes présente ce soir-là. Elle nous confie tout ce que le groupe lui apporte ; d’abord un approfondissement de sa foi. « Il ne s’agit pas vraiment d’un catéchisme de base, ça me permet plutôt de découvrir d’autres thèmes dont le contenu ne m’était pas vraiment connu. Mais surtout, j’apprécie beaucoup le fait que ce n’est pas qu’un enseignement théorique : Frère Baptiste nous aide toujours à y voir les moyens de le mettre en pratique dans notre vie quotidienne. C’est très concret en fait ! » C’est ensuite la vie fraternelle de ce groupe qu’elle affectionne : « Je m’y suis fait de très bons amis. » La présence du religieux carme est aussi très importante à ses yeux, car elle estime beaucoup le temps qu’il leur accorde, sa présence simple et douce, son expérience dans la foi qui aide à grandir.

Le fil de la soirée se déroule, c’est maintenant le temps de l’oraison, la prière silencieuse dont les carmes sont les maîtres et qu’ils se plaisent à faire découvrir à ces jeunes. Certains en ont l’habitude, d’autres moins.

« C’est un moment important de notre soirée. Un moment simple d’intériorité et de silence dans notre semaine » témoigne un autre jeune. « En fait, je découvre de plus en plus que, grâce à ces soirées, ma vie de prière se déploie maintenant durant tout le reste de ma semaine : autant les moments précis que je lui consacre le matin, le soir, ou lors d’une messe, que la dynamique globale que ça met en place. La prière c’est aussi essayer de vivre en présence de Dieu tout au long de ma journée, essayer de se connecter à lui régulièrement, simplement penser à lui, lui dire qu’on l’aime, lui confier ce que l’on est en train de vivre. »

Au terme de l’oraison, il est bientôt l’heure de les quitter. Officiellement, la soirée est terminée, mais il paraît que souvent, les discussions durent encore longtemps.

Emanuelle Dobler

« Comment traduire aujourd’hui l’Évangile et faire qu’il nous anime ? » Cette question est au cœur de la vocation et du ministère d’Emanuelle Dobler, pasteure de l’Église évangélique réformée du canton de Fribourg depuis juin 2020. Elle est l’une des pasteures qui œuvrent dans le district de la Sarine.

PROPOS RECUEILLIS PAR VÉRONIQUE BENZ | PHOTO : DR

Originaire de Tramelan, Emanuelle Dobler est avenante, souriante et a le contact facile. La trentenaire se livre sans détour sur une foi qui l’habite depuis l’enfance. « Comment est né mon désir de devenir pasteure ? Je pense que je suis tombée dedans lorsque j’étais petite. Mon père était ancien, c’est-à-dire pasteur dans une Église mennonite (courant anabaptiste de la réforme). J’ai grandi dans une famille croyante. »

Emanuelle aime l’étude des langues et envisageait d’abord de s’orienter vers l’enseignement. Puis, en travaillant les langues anciennes, l’interprétation de la Bible lui est apparue essentielle. « Pasteure est une manière de traduire le texte biblique dans un langage d’aujourd’hui, trouver des mots pour dire l’espérance de l’Évangile autant à des personnes qui sont familières à ces textes qu’à d’autres. »

Elle a étudié à Lausanne, Genève et Neuchâtel. Après sa formation en théologie, elle ne pensait pas forcément devenir pasteure, mais l’Église réformée du canton de Berne l’a approchée pour lui proposer un stage. À la fin de son stage, elle a été consacrée en 2016 pasteure de l’Église réformée bernoise. Elle a fait des remplacements à différents endroits, souvent à la frontière des langues (Bienne, Jura bernois, Bâle et Berne à l’Église française).

En 2020, l’Église évangélique réformée du canton de Fribourg a mis un poste de pasteur au concours. Emanuelle Dobler a répondu à l’offre. « Ce qui m’attirait à Fribourg était le bilinguisme, mais aussi le milieu particulier de ce canton très marqué par le catholicisme. Je me retrouve pour la première fois dans un contexte de foi minoritaire. »

Dans son quotidien, Emanuelle accompagne les catéchètes (ndlr : pendant des catéchistes catholiques). Elle assume divers actes ecclésiastiques (cultes, baptêmes, mariages, services funèbres) et s’occupe particulièrement de la pastorale auprès des enfants et des familles.

Celle qui pensait être professeure avant de devenir pasteure est heureuse aujourd’hui d’enseigner la religion dans les cycles d’orientation de la ville. « C’est un privilège, que nous devons à l’Église catholique présente dans l’espace public, que de pouvoir transmettre la foi dans l’école obligatoire. J’aime spécialement accompagner les jeunes de 11H dans leurs questionnements et leurs cheminements. Je suis toujours à nouveau surprise de ce qu’ils savent ou ne savent pas de la tradition chrétienne. » Pour Emanuelle, l’enseignement œcuménique en binôme à l’école enfantine est une grande richesse. « Les échanges entre catéchètes et catéchistes sont féconds, malgré les difficultés qui sont plus administratives que théologiques. »

Emanuelle nourrit sa foi à travers la nature, les rencontres, les enfants et aussi ses élèves. Elle rêve que le Temple de Fribourg, au cœur de la ville, devienne encore plus un lieu d’accueil ouvert où l’on aime venir se recueillir. « Nous pourrions tirer davantage profit de notre situation géographique. » À travers l’échange d’un regard et d’un sourire, je devine que mille et un projets tourbillonnent dans sa tête.

Emanuelle Dobler – 077 510 95 43
emanuelle.dobler@paroisse-fribourg.ch

En marche ensemble…

PAR VÉRONIQUE BENZ | PHOTOS : R. BENZ, PIXABAY

En octobre dernier, le pape François a lancé un Synode sur la synodalité. Il désire une Église ouverte où chacun se sente chez lui et puisse partager. L’équipe pastorale au service des paroisses du décanat de Fribourg vous convie à entrer tous ensemble dans cette démarche synodale. Vous découvrirez les diverses propositions dans l’article de Caroline Stevens.

Le mois de janvier est traditionnellement marqué par la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Dans notre décanat, plusieurs temps de prière et de rencontres sont prévus pour nous permettre de vivre cette semaine de prière. Je vous invite à découvrir le témoignage d’Emanuelle Dobler, pasteure de l’Église évangélique réformée de notre canton. L’église Saint-Paul au Schoenberg, pour sa fête patronale, aura la joie de recevoir une nouvelle icône de saint Paul et celui qui l’a écrite, le Père Jean-Baptiste Garrigou, maître iconographe et prêtre orthodoxe. Prier et partager avec nos Églises sœurs, n’est-ce pas également une forme de synodalité ?

La vie de nos paroisses a été marquée par l’exposition « Vivre et vieillir au monastère ». Le rayonnement des nombreux monastères de notre décanat est un formidable message d’espoir, tout comme l’est la prochaine ordination presbytérale de Ricardo Fuentes. Nous sommes tous invités à porter dans nos prières ce futur prêtre. La prière des uns pour les autres, des uns avec les autres est l’un des premiers signes d’une communauté qui vit la synodalité.

Dans ce numéro, vous allez aussi découvrir le groupe Maranatha, fondé en 2001 et lié aux carmes de Fribourg. Ce groupe de jeunes, comme les divers mouvements et associations de notre décanat, est appelé à prendre part à la démarche synodale. L’une des spécificités de ce synode est d’inviter largement le Peuple de Dieu à y participer. Alors, malgré les entraves qu’engendre la pandémie, osons nous rencontrer pour parler et construire ensemble l’Église de demain.

Il y a un temps pour tout… et aujourd’hui c’est le temps de la synodalité !

Le Synode 2021-2023

Lancé le 10 octobre 2021, le Synode sur la synodalité va durer deux ans. Sa synthèse aura lieu les 9 et 10 octobre 2023 à Rome, au cours de l’assemblée des évêques. Quelques mots sur cette démarche insolite.

PAR CAROLINE STEVENS | PHOTOS : PIXABAY

À l’occasion de la messe d’ouverture du processus, célébrée en la basilique Saint-Pierre de Rome, le pape François a partagé sa vision d’une Église synodale : « Un lieu ouvert où chacun se sent chez lui et peut partager. »

Dans son document préparatoire au Synode (n° 32), le souverain pontife détaille les différents objectifs de ce temps de rencontre, d’écoute et de communion. Il s’agit avant tout : d’inciter les gens à rêver l’Église de demain, à faire fleurir les espoirs, à stimuler la confiance ou encore à construire des ponts. Tous les diocèses du monde sont conviés à participer au processus. Ainsi, le Synode sur la synodalité se déroule en trois phases de réflexion : locale, continentale et romaine.

Depuis son élection en 2012, le pape François a initié trois rencontres synodales une autour de la famille, une sur la jeunesse et une sur l’Amazonie.

Les paroisses du décanat de Fribourg s’interrogent

L’abbé Philippe Blanc, modérateur de l’équipe de prêtres in solidum des unités pastorales Notre-Dame et Saint-Joseph, explique comment la démarche synodale est portée dans le décanat de Fribourg.

Quelles sont les spécificités du prochain Synode ?

Une des spécificités du prochain Synode est d’inviter largement tout le Peuple de Dieu à y participer. Ce n’est plus seulement le « Synode des évêques », mais une invitation adressée à toutes et tous. Comme l’a dit le pape François : tous doivent participer, c’est un engagement ecclésial indispensable !

C’est aussi un appel, à redécouvrir ce qu’est l’Église : la synodalité comme dimension constitutive de l’Église. Parce qu’elle est par nature synodale, la vie de l’Église implique et demande d’être à l’écoute de l’autre et proche de lui. À l’écoute, cela veut dire que l’on accepte non seulement de laisser l’autre s’exprimer, mais aussi que l’on est prêt à se laisser enrichir par ce qu’il dit. être proche demande de ne laisser personne à l’extérieur et de n’exclure personne a priori.

Le Synode n’est pas un parlement, ni une enquête d’opinions. La première attitude est de se mettre ensemble à l’écoute de la Parole de Dieu en se laissant guider par l’Esprit Saint, car c’est lui qui nous conduit à la vérité tout entière. Le partage libre et fraternel des idées, des propositions, des suggestions et des critiques, ne vise pas à détruire, mais à construire ensemble ce que le Seigneur lui-même veut pour son Église en ce temps.

Le pape nous invite aussi à redécouvrir le sensus fidei qui est le fruit de la participation de tout baptisé à la fonction prophétique du Christ. Le document préparatoire dit : le sens du cheminement auquel nous sommes tous appelés est avant tout celui de redécouvrir le visage et la forme d’une Église synodale où chacun a quelque chose à apprendre… Une Église synodale est un signe prophétique… Pratiquer la synodalité est, aujourd’hui, pour l’Église, la façon la plus évidente d’être « sacrement universel du salut », « signe et instrument de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (n° 15).

Concrètement, quelles sont les propositions du décanat de Fribourg ?

La feuille dominicale a déjà publié des billets pour entrer dans la dynamique synodale. À partir du temps de l’Avent, elle propose chaque semaine un texte de réflexion pour nourrir et susciter le partage et la prière. C’est aussi une invitation à entrer avec d’autres dans la dynamique synodale.

Une page synodale a été créée sur le site du décanat où on peut trouver les documents qui concernent le Synode.

L’une des propositions serait que dans chacun des groupes ou mouvements, dans tous les lieux de nos engagements, dans nos communautés humaines et ecclésiales, nous fassions l’expérience du dynamisme synodal. À nous, dans la diversité de nos vocations personnelles, de devenir des experts en écoute et des experts en proximité.

Premiers temps forts

Le samedi 18 décembre, toutes et tous ont été invités à un temps de pèlerinage pour effectivement « marcher ensemble » depuis la place du collège Saint-Michel jusqu’à la cathédrale. Cette marche a été guidée par « la lumière de Bethléem ». Chaque paroisse a reçu une lanterne allumée à cette lumière. Il s’agissait d’une démarche « en famille ». Cela nous a rappelé l’expérience du Peuple de Dieu guidé dans le désert par la nuée qui marquait la présence de Dieu. Dans nos déserts actuels, nous marchons à la lumière du Christ. C’est lui la vraie lumière qui vient en ce monde et qui prend chair de notre chair. C’était aussi une invitation à redécouvrir la grâce et la joie de notre baptême et à réentendre les paroles de Jésus : vous êtes la lumière du monde.

Trois après-midi « Écoute et partage », les 22 janvier, 19 février et 19-20 mars, permettront d’échanger et de nous enrichir mutuellement selon trois thématiques : une Église qui se questionne, une Église qui dialogue, une Église qui célèbre. Chacun pourra partager son expérience, faire des propositions, émettre des critiques… dans une ambiance fraternelle et bienveillante, avec le souci de construire ensemble. Il s’agit de vivre ensemble « une expérience » synodale : il n’y aura pas de conférences sur ces thèmes, mais une proposition de cheminement : 
• accueillir la présence de la Parole du Verbe fait chair (sans commentaire) 
• déposer les poids qui alourdissent, qui empêchent la marche 
• faire mémoire de nos propres expériences (joies, difficultés, incompréhensions, découvertes…) 
• repérer et accueillir les appels de l’Esprit pour l’Église en ce temps, en ce lieu 
• comment grandir et avancer ensemble dans notre « être disciple missionnaire », comment poursuivre ce dynamisme synodal pour un vrai renouveau de l’Église ?

D’autres propositions seront faites dans l’année, en particulier pendant le carême : conférences, journée de récollection, pèlerinage…

Démarche synodale dans le décanat de Fribourg 
L’équipe pastorale au service des paroisses du décanat de Fribourg vous invite à entrer tous ensemble dans la démarche synodale initiée par le pape François et relayée par notre évêque Mgr Charles Morerod.

Plus d’informations : 
decanat-fribourg.ch/synode/ 
www.cath.ch/newsf/synode-sur-la-synodalite-la-romandie-se-met-en-chemin/ 
www.ktotv.com/page/synode-synodalite-2023

Trois rencontres* ouvertes à toute personne de bonne volonté afin d’échanger et construire ensemble :
• samedi 22 janvier
de 14h à 18h : « Une Église qui se questionne »
• samedi 19 février de 14h à 18h : « Une Église qui dialogue »
• samedi 19 mars et dimanche 20 mars de 14h à 18h : « Une Église qui célèbre et annonce »

* des informations détaillées suivront, réservez déjà les dates et les horaires indiqués !

Les carmes de Fribourg et le groupe Maranatha

PAR SÉBASTIEN DE MICHEL | PHOTOS : DR

L’histoire du couvent des carmes à Fribourg est liée à celle de l’université puisqu’en 1975 des carmes en provenance de Belgique arrivent à Fribourg pour y suivre la formation théologique de l’université. Ils s’installent en 1977 au Chemin de Montrevers, lieu où se trouve toujours leur couvent. En 1991, le couvent est intégré à la Province d’Avignon-Aquitaine. En plus de la dimension contemplative, les carmes se consacrent à un apostolat qui porte des fruits, parmi lesquels le groupe de jeunes Maranatha qui se réunit toutes les deux semaines au couvent pour un repas, un enseignement et un moment d’oraison.

Repères historiques

Le Carmel naît dans le silence et la solitude de quelques ermitages aménagés sur le promontoire du Mont Carmel (montagne de Palestine surplombant la Méditerranée), « auprès de la source d’élie » à la fin du XIIe siècle. Un groupe de chrétiens venus d’Europe occidentale dans le contexte des croisades s’établit sur le Mont Carmel qui a donné son nom à l’ordre. Ces ermites ne vivent pas dans la tradition érémitique de solitude absolue, mais se réunissent en communautés dans le souvenir du prophète élie, méditant la parole de Dieu jour et nuit. Au début du XIIIe siècle, ils demandent à l’Église une règle de vie qui leur est donnée par Albert d’Avogadro, patriarche latin de Jérusalem. Puis, d’autres ermitages apparaissent en Terre Sainte, si bien que le prieur du Mont Carmel devient le prieur général de l’ordre. Avec l’échec des croisades et notamment la défaite de Gaza en 1239, de nombreux carmes décident de rentrer en Europe et entrent dans le mouvement des ordres mendiants (dominicains, franciscains, carmes et augustins).

Le Carmel en Europe

Au milieu du XIIIe siècle, le Général de l’ordre, saint Simon Stock, a une apparition de Marie qui lui donne le scapulaire (terme désignant d’abord une pièce de l’habit religieux, puis l’habit lui-même) comme signe de salut éternel. Ce sacramental est une manifestation extérieure de la dévotion mariale qui est centrale pour les carmes, aussi connus sont le nom de Frères de Notre-Dame du Mont Carmel. Suite à un déclin de l’ordre, la règle est adoucie en 1435. On parle de « mitigation de la règle ». En 1452, les femmes sont admises dans l’ordre et des communautés de carmélites apparaissent. Après sa conversion en 1554, sainte Thérèse d’Avila reçoit des grâces mystiques et veut revenir à la règle originelle proche de l’érémitisme. Elle a une vision de l’enfer et est très préoccupée par le salut des âmes qui doivent rechercher la perfection en passant par des demeures. À la même époque, saint Jean de la Croix (fêté le 14 décembre) fait l’expérience mystique de la nuit obscure.

Malgré le rôle de ces deux saints proclamés docteurs de l’Église, la séparation entre carmes mitigés ou conventuels (appelés plus tard grands carmes) et carmes déchaussés ou déchaux (de stricte observance) est entérinée à la fin du XVIe siècle. Mis à mal par la Réforme et la Révolution française, l’ordre connaît un renouveau au XIXe siècle, et en particulier à sa toute fin avec des figures comme sainte Thérèse de Lisieux, également docteur de l’Église. Le Carmel rayonne jusqu’en Suisse et en particulier dans le canton de Fribourg (carmélites du Pâquier et carmes de Fribourg).

Le groupe Maranatha

Maranatha est un groupe de jeunes fondé en septembre 2001. Des anciens de la « Frat » (groupe de jeunes chrétiens, né au collège Saint-Michel au début des années 90 et ayant développé des liens avec les carmes) souhaitent passer le relais. C’est alors qu’est fondé un nouveau groupe de jeunes, encore davantage lié au Carmel. Cette initiative répond également à un appel du Père Jean Joseph Marie Bergara, provincial d’Avignon-Aquitaine, qui demande que les couvents de carmes mettent sur pied des groupes de jeunes croyants. Ainsi est fondé Maranatha et la première rencontre a lieu le 25 octobre 2001. Le terme Maranatha (Ap 22, 17-20 ; 1 Co 16, 22) est un terme araméen passé tel quel dans le vocabulaire liturgique des premières communautés chrétiennes (au même titre qu’Amen). Il signifie « Seigneur, viens » et souligne une attente impatiente de la parousie, le retour du Christ.

Contemplation et apostolat

À ses débuts, le groupe Maranatha se rencontre le jeudi toutes les deux semaines et un week-end toutes les trois semaines. Les activités sont variées : veillées de prière, concerts, jeux scéniques, temps d’enseignement et de partage et célébrations eucharistiques. La progression sur le chemin de sainteté est soulignée par les statuts : « Ce groupe de jeunes veut être une véritable école de vie, un vrai chemin de sainteté, c’est-à-dire un lieu de croissance et de construction de la personne dans toute sa richesse et sa profondeur spirituelle et inséparablement humaine. » Comme point d’orgue de ses premières années, le « Festival Maranatha » organisé en septembre 2004, réunit 150 personnes au couvent des carmes. Dans les années 2010 et jusqu’à aujourd’hui, les rencontres bimensuelles débutent par un repas canadien, suivies par un temps d’enseignement sur un thème précis (l’angéologie et l’intercession ont été les thèmes des deux derniers semestres, alors que la Sainte Famille est au cœur de ce semestre) et se concluent par un temps d’oraison. Ainsi, le groupe Maranatha conjugue deux vocations fondamentales des carmes de Fribourg, la contemplation et l’apostolat.

Briser les a priori

En Centrafrique, trois dignitaires religieux se sont unis pour briser la spirale destructrice de la violence. Le documentaire, Sìrìrì, le cardinal et l’imam, retrace le combat de deux de ces artisans de paix pour ramener leurs semblables sur le chemin du dialogue. Entretien avec son réalisateur, Manuel von Stürler.

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS : DR

Vous affirmez ne pas être croyant, pourquoi ce film ?

Je suis convaincu qu’il ne faut pas que nous nous enfermions dans nos propres convictions et c’est un peu ce que je déplore ces dernières années. Que l’on soit écolo, provaccin ou anti, de droite, de gauche ; nous avons de plus en plus de peine à faire société. Il est important d’échanger les points de vue, même divergents. Echanger, dialoguer permet de se nourrir, car cette différence est une richesse. M’intéresser à ce que je ne connais pas a toujours été ma ligne de conduite. J’étais assez remonté face aux religions, par histoire familiale et personnelle, en même temps je ne m’y suis non plus jamais vraiment intéressé. C’était une opportunité de passer au-delà des a priori. En Centrafrique, pays ravagé par la guerre, j’ai réalisé que les seules personnes encore à l’œuvre et fortement engagées sont des religieux et religieuses. Cela force le respect.

Avez-vous trouvé une forme de foi en voyant le combat de vos protagonistes ?

Je n’ai jamais perdu foi en la vie. Ces religieux accomplissent un travail au-delà de l’entendement, comme les deux protagonistes du film qui n’hésitent pas à mettre leur vie en danger pour être à l’écoute de l’autre. Là, j’ai pu mesurer l’écart qu’il y avait entre mes valeurs et mes actions. Chez eux il y en a certainement aussi un… mais beaucoup plus réduit que le mien. Ces religieux ont un rôle absolument primordial. Cela m’a donné l’occasion de réfléchir à l’engagement religieux que certains continuent de porter en Europe. On oublie que s’ils n’étaient pas là, qui accomplirait le travail qu’ils font ?

Le point de départ de ce film vient de la rencontre avec le père Paolo Dall’Oglio…

Cela a vraiment été le début de l’intérêt pour cette question de l’engagement religieux et du dialogue interreligieux. Le père Paolo était engagé en Syrie dans ce dialogue. C’est à travers lui que m’est venue l’idée d’aborder ce sujet. Je le voyais aller à la rencontre des responsables religieux en Syrie. Pour lui cette démarche était évidente. Il fallait dialoguer pour permettre le vivre ensemble, cela quel que soit le positionnement politique, idéologique ou de foi. Malheureusement il a été tué en Syrie. J’ai donc momentanément abandonné ce sujet jusqu’à ce que je découvre « les trois saints de Bangui ».

Il y a un intérêt persistant dans le temps pour les religieux. Qu’est-ce qui vous inspire autant chez eux ?

Dans ma vision, a priori, de ces deux responsables religieux, il y a forcément antagonisme. Alors qu’en réalité, ils ont réussi à mettre en évidence ce qui les relie dans les valeurs humaines et ont décidé de se mettre ensemble pour aller de l’avant. J’y vois un parallèle avec d’autres formes de dialogue dans nos sociétés.

En quoi le combat de ces deux hommes peut-il toucher les Occidentaux dont les préoccupations se situent bien loin de la Centrafrique ?

Le conflit centrafricain représente une parabole exacerbée des problématiques du monde : la mise à l’écart des périphéries, le rapport nord-sud, l’exploitation des ressources du sud par le nord, l’infantilisation des pays pauvres, la division permanente pour mieux régner.

La visite du pape François à Bangui en 2015 a-t-elle eu une influence sur le conflit centrafricain ?

La visite a eu un impact énorme. C’était déjà une visite assez culottée en terme de sécurité. La France et les Etats-Unis, fortement représentés en Centrafrique, avaient déconseillé au Pape de venir, car ils ne pouvaient assurer sa sécurité. Il est tout de même venu. C’est un engagement fort de sa part dont l’incidence a été que pendant sept ou huit mois les armes se sont tues. Cette accalmie a permis de mettre sur pied une présidence intérimaire et de préparer l’élection d’un nouveau président.

Biographie express

Manuel von Stürler, né le 29 avril 1968 à Lausanne, est un réalisateur franco-suisse. Il a notamment été primé par l’Académie européenne du cinéma pour son documentaire Hiver nomade (2012).

Une projection exclusive dans votre salon !

Le film Siriri, le cardinal et l’imam relate le combat commun du cardinal Dieudonné Nzapalainga et l’imam Kobine Layama pour la paix en Centrafrique. Vous pouvez découvrir cette histoire « trop extraordinaire pour ne pas être racontée » à l’occasion d’une projection spéciale en e-cinéma pour les lecteurs de L’Essentiel.

Le lundi 10 janvier à 20h15

Pour regarder le film avec un rabais de 50 % sur le prix normal de la séance (Fr. 11.–).

1) Entrez le lien suivant dans votre navigateur https://the25hour.ch/cinema/60/79
2) Autorisez la géolocalisation
3) Cliquez sur la séance du film à 20h15
4) Créez un compte (adresse e-mail et mot de passe)
5) Entrez le code promo « Essentiel »
6) Achetez l’entrée avec le moyen de paiement préféré
7) Vous recevrez une confirmation par e-mail de l’achat et le lien vers la séance.
8) Préparez le pop-corn

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