Ethique et cultures religieuses à l’école

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), mai – mi-juin 2021

TEXTE ET PHOTOS PAR DORIS BUCHARD

Un monde en couleurs

Il fut une époque où l’enseignement religieux était donné par le prêtre de la paroisse ou une personne formée sous le titre de la « Fame ». L’enseignant faisait partie de la classe comme observateur puis faisait le prolongement. Ce type d’enseignement, basé sur le dogme catholique et sur la Bible, dit de « catéchèse », avait pour but d’approfondir la Foi et la connaissance du monde chrétien.

Et aujourd’hui ?

Le nom de la branche s’est transformé en « Ethique et cultures religieuses » afin de toucher toutes les populations de nos classes et fait partie du domaine Histoire. La partie « catéchèse » s’est transformée en « journées catéchétiques », moments hors du temps de classe où les parents sont libres d’inscrire leur enfant. Ce sont des moments appréciés par les enfants car variés avec un bricolage, un approfondissement, un geste ou une prière apprise…

Le but premier de la branche est d’étudier quelques personnages bibliques importants à travers les textes bibliques et les paraboles comme Jacob, Joseph, Esther, Ruth et Noémi, le fils prodigue, le riche insensé, les ouvriers dans la vigne, les exclus, les malades…

Ces moments racontés sous forme d’histoires ou de contes tiennent les enfants en haleine.

« J’ai appris que Joseph a été nommé ministre car il peut expliquer le rêve du pharaon avec l’aide de Dieu. »

« Comment une mère peut aimer plus un enfant qu’un autre ? »

« Comment deux frères peuvent-ils se détester au point de vouloir tuer l’autre ? »

En découlent des discussions sur les valeurs éthiques et existentielles véhiculées comme le respect, l’honnêteté, le courage, la solidarité, la responsabilité, la générosité et comment les mettre en pratique en vivant ensemble.

C’est aussi la première découverte des trois grandes religions monothéistes (judaïsme, christianisme, islam) et de leurs caractéristiques principales: fêtes, lieux de culte, personnages emblématiques, livres sacrés, l’observation d’œuvres d’art qui nous permettent de partager sur les différences et les ressemblances entre les cultures et les pratiques religieuses.

J’apprécie cette nouvelle façon de voir le monde qui nous entoure avec mes élèves car elle permet à chaque enfant d’apprendre à connaître ses propres valeurs, réfléchir sur leur sens et construire une facette de sa personnalité en respectant les convictions des autres, en ayant des connaissances acquises et ainsi de devenir un futur adulte libre de ses choix.

Le prêtre: père et frère ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mars-avril 2021

Par Emmanuel Rey avec la collaboration de Bertrand et Françoise Georges

N’est-il pas contraire à l’Évangile de dire «mon père» à un prêtre puisqu’il est mon frère? Les choses ne sont pas si simples, ainsi que l’explique le Frère Benoît-Dominique de La Soujeole dans son dernier ouvrage Paternités et fraternités spirituelles (Cerf).
Essayons d’y voir plus clair:

Comment partager sa foi ?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP de la Champagne (GE), mai 2021

PAR PAULETTE TREMBLET | DESSIN : PIXABAY

Parler de Dieu pour un chrétien, c’est d’abord témoigner de son amour. Témoigner de l’amour de Dieu peut se faire par la parole, par des actes… en fait par la combinaison des deux, car si les actes et la parole ne concordent pas, la crédibilité est faible.

Combien de fois avons-nous essayé de parler de Dieu ou expliqué notre foi et avons-nous subi un échec ? Car même si on croit fortement, exprimer sa foi est par expérience un exercice particulièrement difficile. Nous pouvons nous rassurer en lisant les Evangiles. Jésus, malgré toute sa perfection et sa capacité à réaliser des miracles,
a également connu des échecs.

En ce temps pascal, il est peut-être plus aisé de parler librement de Celui qui est mort et ressuscité. Nous pouvons parler de Dieu avec joie, force et simplicité, Lui qui nous a tant aimés jusqu’à donner sa vie pour nous.

Selon le dictionnaire, la définition de la foi est : fidélité à tenir sa parole, confiance en quelqu’un ou quelque chose et le fait de croire en Dieu.

Il y a matière à réfléchir et à par­tager. Pour ma part, deux témoignages me touchent : une paroissienne qui récite quotidiennement son chapelet depuis des années et notre organiste qui met un terme à son engagement après 50 ans d’activité au service de nos communautés, pour agrémenter nos célébrations.

Respect et merci.

Et en ce mois de mai, mois de Marie, n’ayons pas peur de nous engager et, à son image, formulons notre « oui », afin que nos rassemblements soient un témoignage de notre foi.

 

« Parler de Dieu ?… Il y a matière à réfléchir.»

L’exigence de la culture chrétienne

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Saint-Barnabé (VD), mai-juin 2021

Le cahier romand de L’Essentiel nous propose en ce mois de mai, sous forme interrogative, le thème de la culture chrétienne : « Culture chrétienne, où es-tu ? » C’est à ce propos que nous voulons nous poser deux questions : quelles sont les exigences de la culture chrétienne ? Ma culture est-elle chrétienne ?

PAR PATRICK CHUARD ET LAZARE PRELDAKAJ

PHOTOS : VISITE VIRTUELLE DU PALAIS FÉDÉRAL, PARLEMENT.CH, LAZARE PRELDAKAJ

Depuis des mois, le Covid et ses « nouveaux variants » déroule son cortège de souffrances et de morts. Mais le monde est ravagé par des virus encore pires. Ils ont un dénominateur commun, l’« égoïsme ». En effet, c’est à cause de ce fléau et de ses multiples variants, comme la famine en temps d’abondance, des guerres en temps de paix, des conflits en dépit des accords bilatéraux, des violences malgré un monde globalisé, que des millions d’innocents fuient leur pays et meurent chaque année dans le monde. A voir la durée de vie persistante de cette pandémie « d’égoïsme », nous serions tentés de dire que «contre ces virus, il n’y a pas de vaccin», comme l’a rappelé notre curé modérateur et doyen de la Broye, l’abbé Luc de Raemy, lors de son homélie à la veillée de Pâques.

Le « vaccin », a ajouté l’abbé Luc, existe non seulement depuis toujours, mais nous le connaissons tous, car nous le possédons. Il est capable par la seule volonté de créer « l’immunité collective » tant désiré en temps de pandémie. Ce « vaccin » se nomme « charité ». En hébreu, le mot est synonyme de justice, alors que dans la théologie chrétienne, il désigne l’amour de Dieu pour l’homme et l’amour de l’homme pour Dieu, pour lui-même et pour le prochain : « Aimer Dieu de tout son cœur, de toute son intelligence et de toute sa force, et aimer le prochain comme soi-même, vaut mieux que tous les holocaustes et tous les sacrifices » (Mc 12, 33).

Autrement dit, la charité est au cœur de la culture chrétienne, même s’il est parfois difficile de sortir de notre zone de confort. La charité a bouleversé et bouleverse en permanence le ron-ron du monde. C’est pourquoi, dans l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium (« La Joie de l’Evangile »), le pape François écrivait qu’il « est nécessaire d’évangéliser sans cesse les cultures afin d’inculturer l’Evangile. » Chez nous, on trouve des restes de cette culture chrétienne partout. Les croix qui nous accueillent aux entrées de nos villages, de même que la croix sur le drapeau helvétique en sont des signes évidents. « La force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres », dit la Constitution, traduction laïque d’une valeur héritée de l’Evangile.

La culture chrétienne doit être ravivée et préservée, certes. Mais est-ce suffisant ? Si la foi n’irrigue plus la culture contemporaine, « ce n’est pas seulement à cause de la sécularisation, mais aussi de la tiédeur des chrétiens », soulignait le pape François, lors d’une conférence de presse à son retour de Suède, en 2016. Autrement dit, la vague de religiosité fleurissant depuis quelques années, les rites, les coutumes, de même que nos célébrations ne remplacent pas la foi et l’amour du prochain.

Sans vouloir tomber dans la culpabilité, laissons-nous provoquer par ces paroles de Raoul Follereau qui résonnent encore, aujourd’hui comme il a plus de cinquante ans, avec la même urgence : « La faim écrase aujour­­d’hui le monde et ne nous permet plus à nous, si nous prétendons être des chrétiens, voire simplement des hommes, un seul instant de repos ou de véritable bonheur. Est-ce que nous continuerons de manger trois fois par jour, de dormir et de rire, alors que nous savons que tout hurle, pleure et se désespère autour de nous ? » (Une bataille pas comme les autres, 1964)

 

L’humilité et la confiance dans la vie de Joseph

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mai-juin 2021

PAR L’ABBÉ JOSEF GÜNTENSPERGER
PHOTO : V. BENZ

Le nom Joseph – de l’hébreu : ףoiי / Yosseph – veut dire il ajoutera, il augmentera ou il fera croître. Par son humilité et par la grâce de Dieu, saint Joseph crée effectivement une valeur ajoutée pour sa famille et pour le Salut de l’humanité tout entière.

Déjà, le Joseph de l’Ancien Testament – nous connaissons l’histoire du fils de Jacob, vendu par ses frères en Égypte et qui a sauvé sa tribu de la famine (Genèse 37, 50) – se comporte humblement et patiemment jusqu’à ce que Dieu le conduise, par l’interprétation d’un rêve, à la position où il peut œuvrer de manière bénéfique pour les autres. Une histoire qui montre que Dieu peut faire apparaître sa grâce dans toutes les circonstances de la vie, même les pires, et que sa bénédiction est toujours capable d’atteindre les gens. Dieu est capable d’écrire droit même sur les lignes tordues de notre vie.

Tout comme Joseph de l’Ancien Testament, saint Joseph devient lui aussi un protecteur de la famille qui lui est confiée. Lorsque nous lisons la Bible, il apparaît que Joseph n’a qu’un rôle secondaire dans le plan du Salut de Dieu, même si sa tâche n’est pas facile, mais essentielle pour l’accomplissement des Écritures. Joseph ne semble pas être un homme de grands mots, mais son comportement est marqué par une grande foi et une confiance absolue dans la grâce et la compassion de Dieu pour son peuple. Joseph reçoit ses « ordres » dans son sommeil. Il est dit : « À son réveil, Joseph fit ce que l’ange lui avait prescrit. » Une telle confiance en Dieu n’est possible que lorsque sa propre vie est marquée par une profonde humilité, une manière d’agir qui ne se met pas en avant mais qui, par le don du discernement, situe l’homme dans la réalité de son être. Seul celui qui se sait porté par Celui qui le transcende peut agir humblement et patiemment, peut faire confiance sereinement et mettre sa propre vie au service d’une tâche plus grande que lui.

Aujourd’hui encore, dans nos vies compliquées, saint Joseph peut devenir un modèle et un soutien. Une attitude d’humilité et de confiance peut nous offrir des nouvelles perspectives. Lorsque nous nous savons soutenus par Dieu dans toutes les circonstances de la vie, il devient possible de persévérer même dans des situations difficiles, car nous réalisons que même si cette vie est tout ce que nous avons pour le moment, elle n’est pas la fin de tout. Il existe une espérance qui est crédible et qui dépasse nos limites temporelles. C’est précisément l’humilité vécue par saint Joseph qui est capable de créer un espace où l’amour devient possible, un amour qui ne s’enferme pas sur soi-même, mais crée la liberté et veut le bien des autres.

Demandons à saint Joseph, l’humble patron des travailleurs, d’être notre intercesseur sur la route de notre vie et de nous accompagner sur notre propre chemin vers notre Dieu et Sauveur.

Culture chrétienne, où es-tu?

De plus en plus de chrétiens choisissent la dispersion des cendres dans la nature.

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Clins Dieu sur les Contrées (VS), mai 2021

Par Pierre-Martin Lamon, enseignant en philosophie, Chermignon
Photo: DR

La question révèle un profond désarroi. La « culture chrétienne » se serait comme évaporée en Occident avec l’émergence de la modernité (autour du 16e siècle), même si dans nos régions, elle n’a vraiment commencé de s’imposer que plus tard – depuis une centaine d’années environ. Le christianisme, en effet, n’organise plus, n’inspire plus fondamentalement notre vivre-ensemble. Inculture religieuse, déplorent les profs de lettres de l’enseignement secondaire et de l’Université. Explosion exponentielle de l’indifférence religieuse, constatent les sociologues. Effondrement de la foi, sont tentés de dire les clercs et les rangs clairsemés des fidèles à l’église. Culture chrétienne, où es-tu ?

Hé, les amis ! On se reprend !

1. Tentation
Réaction première mais stérile. Maintenir le passé en l’état ; bloquer le mouvement de l’histoire en restaurant habitudes, rites et coutumes de jadis, en répétant mécaniquement les dogmes élaborés, dit-on, depuis toujours et pour toujours. On pense ainsi sauver la tradition, rester fidèle à l’esprit du Christ. Nostalgie sans avenir, hélas ! L’Evangile propose une espérance qui nous projette non pas en arrière mais au-devant de nous. La Bonne Nouvelle est sans cesse nouvelle.

2. Ouvertures
Comment, avec réalisme, raviver parmi nous et au-delà de nous l’esprit du christianisme, c’est-à-dire une forme de « culture chrétienne » ?
➢ Redécouvrir des textes évangéliques, leur puissance d’éveil, grâce à une parole qui circulerait au sein de groupes de lecture indistinctement ouverts à tous, où chacun(e) pourrait s’exprimer sans contrainte ni fausse modestie, avec confiance en soi et dans les autres. Un lieu de parole : réflexions partagées, surprenantes, innovantes.
➢ Préparer des homélies ensemble, laïcs et prêtres – par exemple à l’occasion des messes en famille. Rappel. La vie chrétienne se branche sur trois références : la Parole de Dieu, les sacrements, une éthique conforme aux perspectives de l’Evangile. « Ce qui est premier n’est pas le sacrement, mais bien la Parole de Dieu. » 1 D’où les suggestions précédentes.

N.B. : En consultant le site internet www.noble-louable.ch, le lecteur trouvera une version « annotée », étayée, étoffée, argumentée, très intéressante par les citations-choc qui en constituent la teneur essentielle. (nda).

1 Louis-Marie Chauvet, Études, mars 2021.

Les enfants ont mis le feu à l’Église

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mai-juin 2021

Le carême venait de commencer. Mais pas de mines abattues au Schoenberg. Les 18 et 19 février, l’heure était plutôt à la fête. Les enfants de la catéchèse se sont emparés du centre paroissial de Saint-Paul pendant deux après-midi. Ils y ont mis le feu. Mais pas de flammes ni de morts : le feu des enfants fut un feu de vie et de joie. Un feu de charité. Récit.

PAR INÊS, NÜRA-JANE, MIRELLA, NICOLAS, GAUWENE, ENFANTS DE L’ATELIER
JOURNALISME, AIDÉS PAR LORIS, CATÉCHISTE | PHOTOS : DR

Le quartier du Schoenberg est un lieu de vie. Hiver comme été, difficile de s’y balader sans trouver çà et là des enfants qui jouent. C’est le quartier des familles, le quartier des cultures différentes. Que ce soit désormais aussi le quartier de l’Église. Que tous les enfants, que toutes les familles qui le souhaitent puissent trouver à la paroisse Saint-Paul une famille encore plus grande où se rassembler : la Famille-Église.

Mais pour ça, il faut que Saint-Paul soit un lieu connu, où chacun se sente accueilli tel qu’il est, où chacun se sache aimé inconditionnellement. Un lieu où tout particulièrement les enfants se sentent en confiance et heureux. Où ils savent qu’ils peuvent trouver du réconfort quand ça ne va pas trop à la maison ou à l’école. Où ils peuvent jouer, s’amuser, découvrir et se faire de nouveaux amis.

C’est dans ce sens-là que l’équipe pastorale a décidé d’élargir son offre pour la jeunesse en proposant deux après-midi d’ateliers. En février, ce fut une grande première. Et en tout cas pas une grande dernière, parce que les enfants réclament déjà d’autres après-midi et des animations à Saint-Paul.

Des animations au service de la charité

Qu’est-ce qui a tant pu plaire aux enfants dans ces animations ? Nous n’avions ni dompteur de lions ni cracheur de feu. Les activités étaient simples. Et c’est ça qui a plu aux enfants : faire quelque chose de simple, mais ensemble. Du groupe de danse qui a présenté un petit spectacle aux camarades, aux enfants de l’atelier cuisine qui ont préparé notre goûter, tous ont contribué à faire vivre ces après-midi.

Il y a eu encore l’atelier jeux, où les enfants ont pu apprendre à collaborer dans des épreuves collectives. Et puis l’atelier « contes » où ils ont pu voyager à travers des histoires aussi douces que marrantes. L’atelier « bricolage » où ils ont découvert que leurs petites mains pouvaient faire des merveilles. Et un atelier peinture
qui a fourni à Saint-Paul un très beau vitrail grand format, entièrement peint par les enfants. Même un atelier « journalisme », qui signe les quelques mots de
cet article.

Autant d’ateliers qui étaient reliés par un seul et même souffle : celui de la charité. La charité des enfants les uns envers les autres, où les plus grands aident les plus petits, où chacun veille à ce qu’aucun enfant ne soit seul dans son coin. Une charité des enfants qui a ému les quelques adultes qui étaient là pour les encadrer. Et qui a mis le feu à l’Église. Saint-Paul a brûlé de charité. Les paroissiens se remettront-ils de ce joyeux incident ?

Fribourg : cinq ermitages qui sortent de l’oubli

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mai-juin 2021

L’ermitage de la Madeleine, sur le territoire de la commune de Guin, tout près de l’autoroute A12, est fort connu des Fribourgeois. Imposant par ses dimensions, il est, de plus, fort bien documenté. Toutefois, il n’est pas le seul ermitage des environs de la cathédrale. Au moins cinq ermitages, de type troglodyte, c’est-à-dire creusés dans la molasse, ont été répertoriés. Petit tour d’horizon !

PAR JEAN-MARIE MONNERAT | PHOTOS : RENÉ ANDREY

Sources : Ermitages religieux
des environs de la ville de Fribourg (XVe-XIXe siècle : patrimoine
à redécouvrir, par Ludovic Bender.

René Andrey : http://www.andrey.li/fribourg/ermitages.pdf)

Un ermite choisit un habitat à l’écart du monde et les grottes creusées dans les méandres de la Sarine s’inscrivent dans une longue tradition chrétienne, sanctifiée par les Pères du désert. Vivre dans une grotte confère une certaine aura de sainteté. Toutefois, il convient de se garder d’idéaliser la figure de l’ermite. Les réalités ascétiques sont nombreuses et les ermites fribourgeois se rendaient à la messe et avaient de nombreux échanges avec la population. Enfin, si les vocations religieuses ont conduit certaines personnes à vivre à l’écart du monde, bien souvent l’ermite est un sacristain qui assure localement un service religieux et l’entretien d’une chapelle. Enfin, les vagabonds, les escrocs à la charité, les déserteurs ou les criminels trouvaient aussi dans ces grottes un refuge idéal.

La première mention d’un ermitage tro­glodyte remonte au XVe siècle ; toutefois « l’âge d’or » de ces lieux se situe entre le XVIIe et le XVIIIe siècle. L’ermitage de la Madeleine a été creusé entre 1680 et 1708, sur la base d’une grotte antérieure. Un des plus documentés est celui du Goz de la Torche, dans un méandre de la Sarine. Aménagé en 1600, il se composait d’une chapelle et de plusieurs cellules creusées dans la roche. Il semble qu’il ait été habité pendant plus de deux siècles. Il a disparu dans l’aménagement de la zone pour la construction de la station d’épuration de la capitale.

Tout près se trouve l’ermitage du Palatinat, plus petit, creusé dans la roche que l’on peut apercevoir depuis le Grabensaal.
Suite à l’effondrement de la paroi, il n’est plus accessible qu’en bateau. Il se composait de deux pièces : le logement et la chapelle.

Deux autres ermitages ont été identitiés à Grandfey. La première grotte est accessible depuis le haut de la falaise et la seconde demande que l’on descende le sentier jusqu’au pont de Grandfey avant de revenir le long de la Sarine. Ces ermitages reprennent le concept de disposer d’une pièce pour vivre et d’un endroit pour prier.

À cette liste, il convient d’ajouter la grotte de Pérolles qui surplombe le lac artificiel, accessible depuis le sentier Ritter. Au fond de la grotte une banquette creusée dans la molasse suggère qu’elle servait de couche, mais le manque de documentation et l’érosion n’aident pas à comprendre la répartition de l’espace.

Enfin, le dernier ermitage répertorié se situe à Bourguillon. Contrairement aux autres qui surplombent la Sarine, celui-ci est au-dessus du Gottéron. Il a été habité à la fin du XVIIe siècle et durant une trentaine d’années seulement.

Prudence !

Pour trouver ces ermitages, le site internet de M. René Andrey est une source précieuse. Deux ermitages sont relativement faciles d’accès: celui du Lac de Pérolles et celui du haut de la falaise de Grandfey. Mais la prudence est toutefois de mise: bonnes chaussures, pas de vertige
et un temps sec sont des conditions nécessaires pour éviter les accidents. Le deuxième ermitage de Grandfey, accessible depuis le bas du pont de Grandfey et en longeant la Sarine, est facile au début et compliqué sur les dernières centaines de mètres. L’ermitage de Bourguillon est accessible depuis une propriété privée, tandis que celui du Palatinat nécessite un bateau.

Chemins de foi

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), mai – mi-juin 2021

Pour ce nouveau numéro de L’Essentiel consacré au thème de
la culture chrétienne, l’équipe de rédaction a souhaité donner
la parole à Solène et Aurore, deux jeunes confirmandes qui
ont été confirmées avec les autres adultes du diocèse le samedi 24 avril 2021, à l’église de Leytron par Mgr Jean-Marie Lovey.

PAR SOLÈNE, AURORE, JULIEN ET VÉRONIQUE DENIS

PHOTOS : JULIEN ET LAURENCE VOCAT

Je m’appelle Solène, j’ai 16 ans et j’habite le petit village de Branson à Fully depuis ma naissance. Je suis en 3e année au collège à Sion, en option anglais-italien, en filière bilingue allemand.

J’apporte une assez grande importance aux langues et je prends plaisir à les apprendre, car je pense qu’elles sont une des clés pour communiquer avec le monde. Je ne sais pas vraiment ce que je vais faire plus tard, mais une chose est sûre : je prévois d’être heureuse et épanouie dans ma vie future. Comme activité extrascolaire, je fais de la gymnastique. Pendant un entraînement, je m’évade, je transmets mes émotions à travers des mouvements et je libère mon esprit. C’est ce qui fait que j’aime tant ce sport : le fait de pouvoir communiquer sans parler.

J’ai un grand frère et une grande sœur : avec mes deux parents, ils m’apportent beaucoup d’amour au quotidien. Dans la vie de tous les jours, j’essaie d’apporter autant de joie et de bonheur que la foi m’en donne. Il y a évidemment des jours où je suis un peu moins heureuse, où je doute et je me remets en question, mais ça fait partie de ma vie d’adolescente et tout simplement de ma vie d’être vivant.

Après mon baptême, la catéchèse et ma première communion, je me suis arrêtée au bord du chemin. Aujourd’hui, je décide de continuer et de cheminer jusqu’à la confirmation grâce à ma meilleure amie qui m’a remis cette idée en tête. J’ai changé d’avis, car j’aimerais beaucoup pouvoir prendre quelqu’un sous mon aile, pouvoir guider une personne, la conseiller, la consoler… plusieurs nouveau-nés sont attendus dans ma famille et j’espère pouvoir faire le bonheur d’un d’entre eux.

A l’école, l’approche de la religion est, je trouve, un peu trop formelle. On ne voit pas la religion en elle-même, mais plutôt les événements qui la marquent et souvent ce sont des conflits, des guerres. On ne parle que rarement des bienfaits qu’elle procure ; comme ce qu’elle peut nous faire atteindre, elle peut nous guider, nous aider dans notre parcours ou à sortir d’un deuil, à trouver la paix, le bonheur et bien d’autres choses encore.

Je m’appelle Aurore Océane Angélique. J’habite ce magnifique petit village de Branson depuis mon enfance. Actuellement, je suis étudiante en 3e année au Collège des Creusets, en section économie et droit. J’aimerais devenir, dans le futur, ambassadrice. Pour cela, je vais faire la formation d’avocate, pour bien connaître les lois et qui sait, peut-être un petit stage à la Police cantonale afin de pouvoir devenir inspectrice à la police judiciaire ou prof. de droit.

J’aime m’évader dans la nature pour oublier les tracas de la vie et admirer les merveilles que Dieu a créées. Autant par leurs diversités, leurs couleurs, allant du minuscule insecte aux magnifiques chants des oiseaux où on oublie tout… On se sent bien… légère. On oublie le stress des examens, les rejets familiaux et les soucis de la vie courante.

Concernant la confirmation, si j’avais eu une année de plus, j’aurais suivi le cursus normal pour la préparation en primaire. Malheureusement, je faisais partie de la nouvelle réorganisation pour ce sacrement qui se préparait sur quatre années au lieu d’un an. Donc, j’avais renoncé. Je m’aperçois ce jour, que ce sacrement de la confirmation est essentiel pour accompagner ma future petite filleule sur le chemin de la vie, ainsi que pour mon éventuel futur mariage. Donc j’ai décidé de suivre la préparation pour le sacrement de la confirmation.

Il est vrai que parfois j’ai beaucoup d’incertitudes concernant toutes les religions : lorsqu’on les étudie, on constate qu’elles ont engendré des guerres, ce qui me bloque et me hérisse le poil concernant ces actes de barbarie, notamment actuellement les attentats. Pour moi la religion ne devrait pas être source de conflits, bien au contraire, on devrait tous s’aimer et s’accepter tels que nous sommes. Ce qui veut dire qu’il y a encore un très long chemin, lorsque nous voyons malgré toutes ces années de vie terrestre où cela perdure. Heureusement, j’ai toujours de l’espoir que cela s’améliore…

Voilà en gros mon parcours de vie, mes questionnements et injustices sur la vie courante et religieuse.

Julien, de confession protestante a souhaité entrer dans l’Eglise catholique. Déjà baptis (le baptême protestant est reconnu par l’Eglise catholique), Julien a reçu la confirmation et fait sa première communion, lors de la messe de Pâques à Fully, le dimanche 4 avril.

J’ai la foi depuis mon enfance. En quête d’une vie spirituelle renouvelée, je me sens attiré vers le catholicisme. L’Eglise catholique est l’Eglise originelle, fondée par le Seigneur et c’est aussi la religion de ma fille et de mon père.

Après plusieurs années de réflexion, j’ai envie et besoin de vivre ma foi au sein de l’Eglise catholique, de poursuivre un chemin me permettant d’être un homme meilleur, en suivant l’exemple du Christ.

Le parcours Alpha

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mai-juin 2021

Le parcours Alphalive, tout en s’adaptant à la situation sanitaire, a pu avoir lieu à Fribourg de septembre à décembre 2020. Trois participants reviennent sur ce parcours et sur ce que ce dernier leur a apporté.

PAR COSIMA FRIEDEN | PHOTOS : DR

Isabelle Reine

Vous considériez-vous chrétienne avant le parcours Alphalive?
Oui, mais pas profondément. J’étais en recherche. Je sentais que ça m’attirait, mais je ne savais pas comment l’aborder. J’ai trouvé que c’était un bon point de départ pour approfondir ma quête.

Qu’est-ce que le parcours vous a apporté?
Le parcours m’a apporté une structure dans ma foi. J’ai compris où je voulais aller. Le parcours m’a permis aussi d’ouvrir mon cœur, ce qui n’est pas facile. Je n’y suis pas encore complètement arrivée. Le parcours a également été le lieu de rencontres que je n’aurais pas eues sans cela. Je ne m’ouvre pas facilement, mais nous étions vraiment un chouette groupe.

Au départ je m’étais dit : «Je fais juste le parcours Alphalive et stop après. » Finalement, je n’ai pas envie de dire stop, parce que je me suis rendu compte que seule je n’y arrivais pas. J’ai besoin d’être entourée. L’encadrement durant le parcours et après le parcours est fantastique.

Nous sommes bien encadrés, on nous propose des choses, nous sommes libres de choisir de venir ou pas. Personnellement, j’ai besoin d’être encadrée, car je suis perdue si je suis seule. J’ai beaucoup appris sur la foi. Cela m’a permis de savoir où je voulais vraiment aller dans mon chemin. Je me cherche encore, mais je suis vraiment guidée et pour moi c’est très important.

J’ai trouvé particulièrement intéressant le fait qu’il y ait chaque semaine des thèmes et des intervenants différents. J’ai pris de nombreuses notes. Lors des discussions, nous sommes tout de suite mis très à l’aise.

On nous donne chaque semaine des sujets, chacun peut les approfondir pendant la semaine… Par exemple : « Qui est Jésus » ou « comment prier ». Ces thèmes m’ont permis d’approfondir divers sujets. J’ai repris la Bible, j’ai fait des recherches sur internet et réfléchi à la manière de prier. Est-ce que ma façon de faire était juste ou pas juste ?

Après avoir appris à connaître Jésus et lu la Bible, ce que je n’avais jamais fait, je me suis fait un plan d’une année. Comme nous avons parlé de plusieurs passages de la Bible auparavant, j’arrive mieux à appréhender cette lecture.

Jean Carrupt

Etiez-vous chrétien avant le parcours Alphalive?
Oui, j’étais chrétien.

Qu’est-ce que le parcours vous a apporté?
Ma génération, qui a beaucoup entendu parler de l’enfer et du purgatoire,
est rassurée par les explications de la miséricorde de Dieu, en toute humilité.
Il nous apporte la paix intérieure. Lors des repas pris en convivialité, nous nous faisons des amis. Les conférences nous permettent de réfléchir.

Après chaque dialogue permettant d’approfondir la foi, nous pouvons argumenter nos divers points de vue en parlant librement et simplement.

Que retenez-vous de cet enseignement?
Ce que j’ai retenu c’est le discernement : ce qui vient de Dieu et ce qui vient des hommes. En deux mots, essayer d’être un homme juste.

Voici quelques réflexions qui nous ont été proposées pendant le parcours :
le Christ est ressuscité pour nous sauver, la prière, mettre Jésus au centre
de notre vie, le Christ avance devant nous, mettons-nous à le suivre ainsi nous n’avons plus peur de rien. Je peux tout car c’est lui qui me rend fort.
Le Seigneur te donne toujours la possibilité de surmonter les épreuves.
En renonçant à l’amour de soi, nous trouvons l’amour de Dieu et la paix.
Nous avons également réfléchi sur la grâce de Dieu, le salut, la foi,
l’espérance, la charité, la miséricorde, le pardon, la solidarité, le bien et le mal, l’Esprit Saint, la lumière, les ténèbres, et la Bible.

Pour moi, le parcours Alphalive c’est le ciment entre les générations.
Grâce au parcours, ayant participé à la messe le jour de la fête de saint Joseph avec mes enfants, j’ai eu le plaisir d’avoir un dialogue fructueux avec mes petits-enfants qui font aussi partie d’un groupe dans la paroisse. Entre nous nous ne parlons pas de religion. Et puis tout à coup nous en avons parlé, parce que nous connaissions tous le Père Casimir. Le parcours permet d’approfondir la foi chrétienne par des dialogues en paroisse. Jamais on ne nous demande notre avis en ce qui concerne la religion. Pour nous c’est quelque chose de sacré, on l’applique et c’est tout. Ce parcours m’a apporté
la paix intérieure. Les dialogues nous obligeaient à parler un petit peu sur la religion et ça ne m’était jamais arrivé.

J’ai eu de la chance de faire ce parcours parce que ça m’a beaucoup aidé.
J’ai perdu ma femme l’an passé, j’ai eu un accident de voiture. J’étais perdu, déstabilisé, fâché avec tout le monde. J’ai compris qu’il fallait le pardon et
la paix.

Phu Si Nguyen

Etiez-vous chrétien avant le parcours Alphalive?
Non (il rit). On va plutôt dire que je bricole au niveau spirituel et religieux. J’essaye de tester ma propre foi au contact de diverses pensées et religions.
Je me considère plus comme… je pense que je ne me mettrais pas d’étiquette.

Comment êtes-vous arrivé dans le parcours?
À travers une rencontre et la promesse que je porterai de l’attention à l’invitation au parcours Alphalive. Cela correspondait aussi à l’époque à un besoin de sortir d’un certain isolement social, malgré le fait que je n’ai pas de sensibilité chrétienne à proprement parler. Je ne me sentais pas du tout concerné par la foi, mais plutôt par l’idée de partage et l’envie d’explorer la force de la foi d’autres personnes.

Qu’est-ce que le parcours vous a apporté?
Le simple fait que j’ai participé à 65% des réunions démontre que ça m’a apporté quelque chose, c’est certain. Sinon je ne serais jamais revenu ou
je serais juste venu aux premières rencontres. En plus, je suis surtout venu aux réunions « Covid » auxquelles ; pour des questions sanitaires, il n’y avait pas de repas. Par conséquent le repas n’était ni l’objectif, ni la première intention. C’était vraiment le fait de pouvoir rencontrer les gens, les écouter.
Certaines personnes m’ont touché par leurs confidences, leur sensibilité.
Cela m’a apporté du réconfort, la possibilité de partager, de mettre au défi
ou à l’épreuve mes pensées et ma foi. Ce fut aussi un enrichissement, ça c’est inévitable.

Lorsque vous dites que des personnes vous ont touché, vous parlez des personnes de votre groupe ou des intervenants ?

Le 80% des intervenants m’ont captivé par leur conviction, leur foi, leur capacité à partager. Leur douceur m’a beaucoup marqué parce qu’ils n’étaient pas dans le prosélytisme.

Les participants m’ont également touché par leurs doutes, leur fragilité.

Des fois on a souligné mon insensibilité au Christ. Personnellement, je parle davantage de relation à Dieu. Parfois certains voulaient remettre le cadre en place, mais je suis resté sur ma sensibilité… Je suis plus habité par une foi en Dieu ou en cette entité.

Aujourd’hui nous nous identifions souvent par des étiquettes et cela forme
des barrières. Tout groupe social a de la peine à s’ouvrir à d’autres parce que les codes ou les croyances, les pratiques ne sont pas les mêmes.
C’est aussi ça que j’ai voulu « transgresser » en acceptant cette invitation.

Qu’est-ce que le parcours Alphalive?

Les parcours Alphalive sont des soirées-rencontres étalées sur dix à douze semaines pour explorer la foi chrétienne. Chaque séance se déroule de la façon suivante : repas, exposé et discussion pour explorer les bases de la foi chrétienne, le tout dans un cadre ouvert, amical et détendu !

Retour sur la Montée vers Pâques

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mai-juin 2021

PAR PAUL SALLES | PHOTOS : CATH.CH/MAURICE PAGE ET FJ

Du 1er au 4 avril, a eu lieu à l’église Saint-Jean une Montée vers Pâques. Dans la limite des conditions d’accueil possibles cette année, les jeunes se sont rassemblés pour vivre ces jours saints. Ils ont été accompagnés par des catéchèses des frères dominicains, l’enthousiasme des séminaristes de notre diocèse et la paternelle vigilance de Mgr Alain de Raemy.

Un grand merci à tous pour votre participation !

 

Pour aller plus loin :

  1. https://www.cath.ch/newsf/montee-vers-paques-une-foi-qui-passe-par-les-pieds/
  2. En podcast : Émission « Coin de ciel » sur Radio Fribourg le 04.04.21

La culture chrétienne en recul

PAR CALIXTE DUBOSSON

PHOTOS : CIRIC, DR

L’histoire se passe il n’y a pas si longtemps, plus précisément le Mercredi des cendres. La présentatrice d’une chaîne de télévision française conclut son bulletin météo en lançant chaleureusement aux téléspectateurs : « … et bonne fête à toutes les Cendres. » Le jour de la Toussaint 2020, une journaliste de l’émission « Mise au Point » lance son sujet en ces termes : « En ce jour des morts… » Et au lieu d’un reportage sur des fidèles se rendant à la messe ou d’une enquête sur le processus de béatification dans l’Eglise catholique, on nous a servi ces perpétuels reportages sur les employés des pompes funèbres et sur la progression des incinérations par rapport aux inhumations. Dans mon village de Vernayaz, quand on demande aux enfants ce qu’est la Fête-Dieu, certains répondent sans hésiter : « Le tournoi de foot ! » En effet, la Fête-Dieu coïncide ici avec le traditionnel tournoi organisé par le FC du coin.

Des anecdotes comme celles-là, tout le monde, à commencer par les conservateurs de musée ou les professeurs de français ou d’histoire, pourrait en citer des quantités. Il y a aussi l’aspect de la culture biblique à prendre en considération. « Nul n’est prophète en son pays, tuer le veau gras, trouver son chemin de Damas, séparer le bon grain de l’ivraie » : toutes ces expressions tirées du vocabulaire biblique n’ont souvent plus d’écho chez les jeunes générations totalement étrangères à cette culture dans laquelle ils n’ont pas baigné. Et chacun s’accorde à déplorer l’ignorance religieuse contemporaine. Il faut donc se poser la question : comment en est-on arrivé là ?

Echec dans la transmission des valeurs

« Nous sommes chrétiens, au même titre que nous sommes allemands ou périgourdins. » Cette affirmation de Montaigne au XVIe siècle, qui la partagerait encore aujourd’hui dans une société dont il est convenu désormais que l’un de ses traits les plus caractéristiques est le pluralisme ? Comment se fait-il, nous disent des grands-parents, que nous ayons pu tout mettre en œuvre pour une éducation de la foi aussi intelligente que possible et que le résultat soit tellement médiocre, sinon négatif ?

Quand les enfants sont baptisés, presque tous sont inscrits au catéchisme pour pouvoir être admis à la communion, à la confirmation et, un jour, au mariage religieux ; et voici que, au lendemain de la communion ou de la confirmation, « on ne les voit plus », en ce sens qu’il n’en reste qu’une minorité dont la fidélité se marquera visiblement par l’assiduité à la messe dominicale. Un curé se plaignait à ses confrères de la présence persistante de chauve-souris dans son église. Il avait utilisé tous les moyens pour s’en débarrasser mais sans succès. Un de ses confrères lui a suggéré de les baptiser et de les confirmer, et c’est ainsi qu’il put résoudre son problème. Boutade humoristique qui traduit assez bien le sentiment général devant une catéchèse qui n’atteint pas son but.

La dynamique de la foi chrétienne commande de transmettre ce que nous avons reçu. Par deux fois, Paul emploie, comme en un couple indissociable, les verbes « recevoir » et « transmettre » : « Voici ce que j’ai reçu et ce que je vous ai transmis » ; « Je vous ai transmis ce que j’avais moi-même reçu. » (1 Co 11, 23 ; 15, 3) Telle est la logique, dès l’origine, de l’Eglise : le passage du témoin des uns aux autres. La foi n’a jamais été, et ne sera jamais, une expérience absolument autonome et solitaire.

Il semble bien dès lors que là se situe le vrai problème de la perte d’une grande partie de la culture chrétienne qui s’est longtemps nourrie de traditions et de façons de vivre bien ancrées socialement et que personne n’avait l’idée de remettre en question. Il se pourrait ainsi que l’Evangile ait été mis au second plan et qu’il n’ait pas pénétré le sens profond qui donnait à ces traditions et manifestations religieuses leur entière légitimité. Résultat : un abandon progressif de la pratique religieuse par une génération qui, à l’image de la société, se tourne vers un individualisme qui ne trouve plus sa place dans les phénomènes de masse qui étaient monnaie courante chez ses aînés.

Résurgence de pratiques individuelles

A cela s’ajoute un vaste courant de déchristianisation que pourrait illustrer ce débat qui a eu lieu dans le Parti démocrate-chrétien pour savoir s’il fallait abandonner le « C » et ainsi changer de nom pour devenir : « Le Centre ». Cela laisse à penser que « le christianisme est devenu un repoussoir dans un pays dont le drapeau est orné d’une croix – pour combien de temps encore ? », affirme Thibaut Kaeser dans l’Echo Magazine du 8 octobre 2020. « Reléguer le christianisme qui nous a tant façonnés, en avoir honte, voire l’effacer… C’est à ce défi que nous sommes confrontés. Il est monumental », poursuit notre interlocuteur.

Un autre défi qui attend la nouvelle évangélisation voulue par saint Jean-Paul II, c’est la résurgence de pratiques spirituelles individuelles. On voit ça et là naître un « culte de la nature » encouragé par les vagues vertes de la politique qui met au centre la lutte contre le réchauffement climatique, la défense et la protection de l’environnement. De plus en plus de personnes, dont des chrétiens, choisissent l’incinération et la dispersion des cendres dans la nature dans leur testament. Initiatives qui pourraient être comprises comme un acte d’athéisme puisque en disparaissant sans laisser de trace, ils revendiquent « un retour au néant ». Dieu n’est plus le Créateur et c’est la créature qui devient Dieu.

Comme la nature a horreur du vide, il faut bien remplacer les rites anciens par des rites modernes. « Voyez, monsieur le curé », me confiait un paroissien, même dans notre village à 90% chrétien, il y a maintenant une salle pour le yoga dont les responsables doivent refuser du monde, des expériences parents-enfants sous la dénomination de « Moments magiques », des ventes de pierres philosophales que l’on porte sur soi pour attirer les ondes positives ! »

Une lumière dans la nuit

La situation nouvelle, dans une société comme la nôtre, est celle d’une transmission qui est appelée à se faire explicitement en direction de jeunes ou d’adultes qui n’ont jamais rien reçu, soit qu’ils n’aient jamais été catéchisés, soit même qu’ils n’aient pas été baptisés ; ce qui est relativement différent du cas de ceux qui ont reçu une éducation chrétienne et qui ont délibérément choisi de penser et de vivre selon des représentations de l’existence étrangères à la foi en Jésus-Christ. Ces jeunes et ces adultes sans passé chrétien, ou même sans aucun passé religieux, comment peuvent-ils être rejoints par une démarche de transmission ? « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins. » (Evangelii nuntiandi, 1975, nº 41) Peut-être aussi, dans une ou deux générations, ceux et celles qui auront vécu sans notion précise de l’Evangile, le découvriront comme un trésor
et en deviendront les hérauts ? L’histoire nous le dira.

Patrimoine sacré

PAR AMANDINE BEFFA | PHOTOS : DR

Vous souvenez-vous de ce que vous faisiez le 15 avril 2019 en fin de journée?

L’espace d’une soirée, le monde entier retenait son souffle alors que Notre-Dame de Paris s’embrasait. Les médias ne faisaient pas dans la demi-mesure dans le choix des mots, et l’incendie d’une cathédrale apparaissait soudain comme un choc planétaire.

Cela peut sembler étonnant. Après tout, pour un non-croyant, qu’est-ce qu’une église si ce n’est un bâtiment appartenant à un passé désormais révolu ?

Et pourtant, guide bénévole depuis près de dix ans, je suis chaque été témoin du pouvoir de l’art. C’est qu’il y a dans la beauté quelque chose qui touche au plus profond. Quelque chose qui arrête le touriste pressé de visiter tout Paris en une journée ou qui captive l’adolescent embarqué malgré lui par ses parents.

Les Pères de l’Eglise, et certains papes après eux, parlaient de la voie de la beauté. A nous d’en retrouver le chemin pour rejoindre ceux que nos mots, parfois maladroits, ne convainquent pas toujours.

Le pilote des Ecoles de l’Arpille

Originaire de Martigny-Combe, Mathieu Moser (33 ans), époux de Jenny et père d’une petite Nina est, depuis la rentrée 2020-2021, le nouveau directeur des Ecoles de l’Arpille. Ce pool scolaire regroupe les centres scolaires de Bovernier, Martigny-Combe, Salvan, Trient et Finhaut. Mathieu a succédé à celui de qui il fut l’adjoint, Pierre-André Ramuz. Pour mieux le connaître, lui ainsi que les défis qui l’occupent, je lui laisse la parole…
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Ethique et cultures religieuses: l’apprentissage de la diversité

Martine Gross, de l’Eglise réformée évangélique du Valais, EREV et Nicole Berera, du Diocèse de Sion enseignent depuis de nombreuses années « l’Ethique et Cultures Religieuses » (ou ECR) dans les écoles de Martigny. Elles nous partagent ici leurs réflexions et leur expérience.
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