La création, un spectacle permanent…

Bon nombre sont celles et ceux qui admirent la beauté d’un paysage, l’immortalise avec leur téléphone et la partage rapidement avec leurs proches. Perdue entre d’autres photos, la valeur du moment se dilue malheureusement au milieu de multiples clichés, devenus banals par leur nombre.
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L’Espérance envers et malgré tout

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Aigle (VD), janvier 2021

Par Jean-Marc Nemer | Photo: Sylvain Vauthier

Nous voici au début d’une nouvelle année. De quoi sera-t-elle faite ? Prenons le temps de rêver et, sur cette page blanche que nous offre 2021, écrivons nos souhaits les plus chers. Vœux de bonheur et de paix, d’amour et de santé – c’est ce que nous vous souhaitons. C’est ce que souhaite l’humanité entière. Pourtant, tant de personnes souffrent tout autour du globe ! Laissons-nous interpeller par nos frères et sœurs orientaux, qui nous offrent un beau témoignage d’espérance au milieu de leurs tribulations.

Parmi les chrétiens persécutés dans le monde, les plus connus sont ceux d’Orient, ceux-là même qui habitent la terre que le Christ a foulée il y a 2000 ans. Il semble pour beaucoup qu’ils appartiennent à un autre monde. C’est vrai en quelque sorte. Nombre d’Orientaux les considèrent comme des étrangers dans leurs propres terres. Nombre d’Occidentaux les considèrent simplement comme « ceux de l’Orient ». Des chrétiens d’ailleurs. Souvent incompris. Fréquemment aimés et soutenus.

Pourtant, ils sont sur cette terre d’Orient depuis la nuit des temps. En dépit des vicissitudes de la vie sociale, culturelle et politique à travers les siècles, ils tiennent bon. Ils ont pris l’habitude, après chaque calamité, chaque exode, chaque vague d’immigration forcée ou voulue, de continuer avec ceux qui restent. Le petit reste.

Qu’est-ce qui anime ce petit reste ? Leur fidélité au Christ. Mon confrère et ami en Christ, Mgr Traboulsi, vicaire général au diocèse Chaldéen de Beyrouth, nous le rappelle : « alors que toutes les portes sont closes… Voir et toucher l’humanité réelle de Jésus, son humanité crucifiée mais ressuscitée ; telle est l’admirable audace des chrétiens d’Orient » (voir pp. 7-9 L’espérance chrétienne au Moyen Orient).

Pour les chrétiens persécutés, il y a une seule « porte » de sortie : celle de la « foi » (Ac 14, 27) en un Christ mort et ressuscité pour tous. Conscients qu’ils sont en pèlerinage sur la terre, comme tous les humains, ils sont épris de liberté. Mais leur liberté émane du Christ. A travers Lui, de génération en génération, ils expérimentent la liberté : celle des enfants de Dieu. Leur liberté est intrinsèque à leur fidélité, à une foi qui est trois fois sainte. Cette liberté pour les frères de Jésus s’exprime en faveur de la solidarité intracommunautaire, mais aussi et surtout avec les déshérités. L’espérance des chrétiens provient de la miséricorde enseignée par le Christ : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés. » (Luc 6, 36-37a) Mais œuvrer à cette liberté fondée sur un Dieu miséricordieux et libérateur est, hélas pour beaucoup, une source de malheur qui pousse à leur persécution. Car l’amour vrai, l’amour qui se donne gratuitement et qui libère, est souvent mis à mal par l’inimitié qui sévit dans le monde. Pour comprendre pourquoi les chrétiens sont persécutés, écoutons Patrice de la Tour du Pin s’inspirant de la spiritualité christique orientale : « La lumière de Dieu veille ses germes, dans le Souffle de Dieu. Ils croissent et respirent, ils reproduisent la Parole et la transmettent. » Vivre par et à travers la Parole, la respirer et la transmettre, c’est là que résident le malheur et l’Espérance des Chrétiens persécutés.

Le Notre Père: sa transmission

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), janvier-février 2021

Par Pascal Gondrand | Photos: Unige, DR

Dans le cycle de cours publics de la faculté de théologie de l’Unige, Anne-Catherine Baudoin, maître d’enseignement et de recherche en Nouveau Testament et christianisme ancien, a proposé une lecture du Notre Père sous trois angles : la transmission, la traduction et la transposition. Voici un bref aperçu de sa vision de la transmission de cette prière aux premiers siècles de notre ère.Anne-Catherine Baudoin a tout d’abord rappelé le statut particulier du Notre Père qui est à la fois un passage biblique et une prière chrétienne. Le Notre Père préexiste aux Evangiles. Il est enseigné par Jésus à ses disciples qui le mettront ensuite par écrit. Aujourd’hui, il est connu et récité par les communautés chrétiennes indépendamment de sa position dans le Nouveau Testament. Lorsque l’on récite le Notre Père, on ne pense pas à son contexte dans Matthieu ou dans Luc. Le Notre Père appartient autant à la culture orale qu’à la culture écrite, à la vie liturgique et spirituelle, que la Bible.

On se souviendra de cette enluminure tirée de la Bible illustrée, œuvre des scribes du monastère Saint-Bertin de Saint-Omer (F), qui date de la fin du XIIe siècle (voir photo page 3). Jésus prend ses disciples au « lasso » avec le Notre Père et ceux-ci se laissent enlacer. Le Notre Père est à la fois un texte et une prière, un prière orale devenue écrite, et un fait cultuel. Dans le phylactère que tient Jésus « Pater Noster qui es in caelis, sanctificetur nomen tuum, adveniat regnum tuum », le texte est en latin. Alors que les Evangiles l’ont transmis en grec et que Jésus l’a probablement enseigné en araméen. 

Ce que nous appelons le Notre Père est une prière bien enracinée dans le judaïsme, qui en utilise les termes, les images et les notions. Avec notre regard rétrospectif, il est évident que les formulations présentes dans cette prière se sont transmises du judaïsme au christianisme. Sa première transmission est celle de Jésus à ses disciples. Dans l’évangile de Matthieu comme dans celui de Luc, la prière est présentée comme un enseignement explicitement transmis par Jésus. Le Notre Père est transmis comme une prière reçue du Seigneur, et l’on fait mémoire de cette transmission par Jésus. « La doctrine du Seigneur transmise aux nations par les douze apôtres », en grec la « didachè », est le plus ancien texte qui nous soit parvenu contenant les règles de vie des communautés chrétiennes. Y est inséré le Notre Père, entre les prescriptions sur le baptême et celles relatives à l’eucharistie, sans toutefois être mentionné comme appartenant à l’une ou à l’autre. Le Notre Père ressortit donc plutôt de la pratique individuelle comme, par exemple, le jeûne auquel il est associé. Cette prière est le plus long texte qui soit commun avec les évangiles de Luc et de Matthieu. La transmission du Notre Père se trouve ainsi en lien avec la pratique religieuse, comme le montre la « didachè », et parole de Jésus rapportée dans les Evangiles.

Transmettre, c’est aussi expliquer
Les premiers commentaires chrétiens de l’Ecriture datent de la deuxième moitié du IIIe siècle mais c’est vers 200 qu’est écrit le premier commentaire d’un passage des Evangiles. Il est fait par Tertullien dans son traité « Sur la prière ». Il est ainsi apparu un premier commentaire du Notre Père avant même que ceux – nombreux – des Evangiles soient établis. Le traité de Tertullien s’intitule « De oratione », soit en français « De l’oraison dominicale », mais, erreur de traduction, ce n’est pas la prière du dimanche. Retenons cependant que le traité de Tertullien n’est pas une réflexion théorique sur la prière mais rappelle que c’est le Seigneur qui a enseigné aux chrétiens cette nouvelle formule de prière. Le Notre Père a donc répondu à une exigence catéchétique. La quatrième demande, par exemple, a pour Tertullien un sens autant spirituel « Donnez-nous notre pain de chaque jour », le pain c’est le Christ, que littérale car « … l’interprétation littérale, d’ailleurs parfaitement d’accord avec la discipline, est aussi admissible ; elle nous ordonne de demander du pain… ». En filigrane on devine que dans sa brièveté et dans son apparente simplicité, le Notre Père est un texte complexe et les demandes qu’il contient peuvent être comprises de différentes manières. Tertullien va jusqu’à dire qu’il s’agit d’un « abrégé de l’Evangile ».

Cette prière, telle qu’elle apparaît dans les textes les plus anciens, est bien le fruit d’une transmission orale. Le Notre Père n’apparaît jamais comme un texte théorique. Retenons qu’au IIIe siècle, trois traités sur la prière sont des commentaires du Notre Père. Celui de Tertullien déjà cité, et ceux d’Origène d’Alexandrie, « Sur la prière » (v. 234-235), et de Cyprien de Carthage, « Sur la prière du Seigneur » (v. 250). A propos de ceux-ci, on pourrait se référer à Hilaire de Poitiers, dans son « Sur Matthieu », qui date des années 350. Au moment de commenter le Notre Père, l’auteur se défile en renvoyant son lecteur à Cyprien, « homme de sainte mémoire, qui nous a dispensés de l’obligation de faire un commentaire ». Et il déconseille de suivre le commentaire de Tertullien qui, à sons sens, a fini sa vie dans l’erreur, en dehors de la droite route de l’Eglise.

Voyons encore : si ce n’est dans les com­mentaires des Evangiles, où peut-on en trouver aux IVe et Ve siècles, soit à l’âge d’or de la patristique ? Dans les homélies, bien sûr ! Au IVe siècle, qu’il s’agisse de Cyrille de Jérusalem, dans ses « Catéchèses mystagogiques » (v. 350), en grec, ou de Am­-broise de Milan, dans « Sur les sacrements » (v. 380), en latin. 

Un incontournable : Augustin
Dans son commentaire du Sermon sur la montagne, il propose une mise en parallèle des sept dons du Saint-Esprit, des sept demandes du Notre Père, des sept degrés de la vie spirituelle et des sept Béatitudes – huit en fait, mais pour lui, la huitième renvoie au point de départ dont elle montre l’achèvement et la perfection. Son commentaire a tellement plu dans l’Antiquité tardive et au Moyen Age qu’il a été repris par la plupart des commentateurs carolingiens.

Il est possible qu’Augustin ait été à l’origine du développement d’une pratique particulière en Afrique, qui a pénétré à Rome au VIe siècle, avant de gagner toute l’Eglise d’Occident, à savoir que dans l’initiation chrétienne le Notre Père ne soit plus enseigné aux néophytes après le baptême mais que son explication et son apprentissage fassent partie des étapes de la préparation au baptême, avec la confession de foi.

Le Notre Père est donc perçu autant comme un passage de l’Ecriture, commenté dans le cadre d’une lecture des Evangiles, que comme un élément autonome. A ces titres, Anne-Catherine Baudoin a fait valoir que cette prière fait à la fois partie de la vie des fidèles et de la vie liturgique ainsi que du texte biblique.

Trésor iconographique de l’église des Cordeliers

Illustration 3: Détail retable ouvert, Nativité.
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), janvier-février 2021

Par Danièle Moulin | Détail de photos de Jean Mülhauser, Fribourg

Entrons aujourd’hui dans l’église du couvent des Cordeliers, traversons sa longue nef et arrêtons-nous dans le chœur pour y découvrir le retable du maître-autel, appelé également le « retable du Maître à l’œillet » considéré comme une des plus belles œuvres d’art suisses du XVe siècle.

Fribourg est, à cette période, une ville d’églises et de couvents. Ce n’est pas pour rien que certains la prénomment encore de nos jours « la petite Rome ». À cette période de l’Histoire, Fribourg jouit d’une grande prospérité économique et peut donc se permettre la construction de nombreux édifices religieux. Cet essor est dû en majeure partie à l’exportation de l’industrie de la draperie. C’est bel et bien le cas pour l’église du couvent des Cordeliers, qui abrite aujourd’hui encore un trésor artistique considérable, dont trois retables gothiques.

Quelle est donc la fonction d’un retable ?
À l’origine, le retable, du latin retro tabula, qui signifie « en arrière de la table d’autel », est un simple meuble de bois ou de pierre dont la fonction semble avant tout utilitaire ; on y dépose de petits objets liturgiques. Petit à petit, on place des images, des panneaux au-dessus de ce mobilier. La fonction du retable devient alors décorative – rien n’est trop beau pour Dieu et l’on n’hésite pas à recouvrir de feuilles d’or certaines parties – mais également didactique, à la manière d’un grand livre illustré instruisant le peuple chrétien. Un retable peut comporter un ou plusieurs volets repliables que l’on ouvre les jours de fêtes et les dimanches, et que l’on referme les jours « ordinaires ».  

Un retable à deux volets
Le retable du maître à l’œillet comporte deux volets. Fermé, il représente la scène de l’Annonciation. L’archange Gabriel semble tout juste arriver devant la Vierge, en témoignent les plis de son ample manteau, encore soulevé par l’air environnant. Au-dessus du visage de la Vierge, une colombe suivie d’un tout petit enfant sont transportés par des rayons émanant du ciel (illustration 2). Sur les deux panneaux extérieurs, deux saintes, Claire à gauche et Élisabeth de Hongrie sur la droite, toutes deux ayant appartenu à l’Ordre franciscain, à l’instar des Cordeliers. Ces deux saintes symbolisent l’amour de la pauvreté et la foi. En observant le paysage dans l’encadrure de la fenêtre droite, dans la « cellule » de sainte Élisabeth, apparaissent un homme et son chien, un chasseur, qui rappelle les plaisirs mondains desquels la princesse de Hongrie s’est détournée afin de consacrer pleinement sa vie à Dieu et aux œuvres de miséricorde (illustration 1).

Un fois ouvert, trois scènes s’offrent au fidèle : la Crucifixion au centre, la Nativité sur le panneau extérieur gauche, l’Adoration des Mages sur le volet droit. Entourant le Christ en croix, nous reconnaissons Marie et Jean, mais également d’autres saints : tout à droite l’évêque saint Louis de Toulouse, à ses côtés, saint François. À droite de saint Jean, saint Bernardin et saint Antoine de Padoue. Ici encore, tous ont appartenu à l’Ordre franciscain. La naissance du Christ et l’Épiphanie se font écho, les visages des protagonistes y sont davantage apaisés et reflètent la tendresse des scènes liées à celle de la toute petite enfance du Christ.

Deux œillets
Approchons-nous d’ailleurs de l’Enfant-Jésus déposé sur un drap blanc à même le sol et pour lequel un concert de mini-angelots est en cours (illustration 3). À gauche de la harpe sont déposés sur le sol deux œillets blanc et rouge ; deux autres œillets sont aussi représentés aux pieds de l’archange Gabriel au moment de l’Annonciation. Ces fleurs dépeintes au premier plan du retable sont considérées comme les signatures de l’artiste ; mais « toutefois, ces insignes, certainement de signification symbolique, se trouvent si souvent sur des peintures contemporaines qu’il pourrait s’agir d’un moyen d’identification, peut-être l’appartenance à une corporation ou à une confrérie ». 1

Cette œuvre monumentale (7 mètres de longueur sur plus de 2 mètres de hauteur) est donc le fruit du travail de différents peintres, en témoigne la différence de style dans la composition des panneaux. Ces artisans sont tous restés anonymes, mais proviennent sans doute d’un atelier soleurois. Le retable du Maître à l’œillet est également fortement influencé par la peinture des Pays-Bas. À cette période, des gravures commencent à circuler un peu partout en Europe et permettent aux artistes d’y puiser leur inspiration. 

1 Renaissance de l’église des Cordeliers, Pro Fribourg, nº 90-91. Trimestriel juin 1991, p. 34.

Illustration 1 : Détail du retable fermé, sainte Élisabeth de Hongrie, le chasseur et son chien.
Illustration 2 : Annonciation, détail.

Pour aller plus loin :
Renaissance de l’église des Cordeliers, Pro Fribourg, no 90-91. Trimestriel juin 1991.
P. M. Moullet, G. de Reynold, L. Schwob, A. Cingria, E. Dominique, Les retables de l’église des Cordeliers, Trois chefs-d’œuvre de l’art suisse à Fribourg, 1943, Zurich.

Saint Pierre, vitrail de Paul Monnier

Eglise du Sacré-Cœur, Lausanne

Par Amandine Beffa
Photo: Jean-Claude Gadmer

Avec son vitrail, Paul Monnier nous présente saint Pierre dans sa force (il porte les clefs), mais aussi dans ses faiblesses (le coq qui rappelle le reniement).

Nous avons parfois une image parfaite des saints. Et parmi tous ceux qui ont fait des choses remarquables et dont l’exemple nous semble inaccessible, saint Pierre tient une place particulière. Il s’agit tout de même de la personne à qui Jésus a dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » (Mt 16, 18-19)

Le vitrail de Paul Monnier nous invite toutefois à ne pas trop vite déclarer que la sainteté n’est pas pour nous. En effet, saint Pierre est peut-être représenté avec les clefs, mais aussi avec le coq. Bien sûr, Pierre est celui qui répond : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » (Mt 16, 16) lorsque Jésus demande qui les disciples disent-ils qu’il est. Mais, il est aussi celui qui le renie trois fois (Mt 26, 69-75). 

Ces deux épisodes font de l’apôtre notre compagnon de foi par excellence. Ils nous rappellent que Dieu fait avec ce que nous sommes : le vitrail représente un homme qui tient fermement les clefs dans ses mains, comme quelque chose qu’il protégera et ne laissera pas tomber, tout en ayant derrière lui un coq qui rappelle ses doutes et ses manques. 

La pierre sur laquelle l’Eglise est bâtie est la confession de foi de Pierre. Et lorsque l’on bâtit sur la foi, le vent et la pluie peuvent assurément s’abattre sur la maison, elle ne vacillera pas. L’apôtre a certes eu peur pour sa vie et a préféré prétendre ne pas connaître cet homme qui allait être condamné, mais c’est sa foi qui l’a ramené au Christ après la résurrection.

Et c’est là que Pierre est un exemple : être saint, ce n’est pas être parfait comme une statue d’albâtre. C’est avoir la foi comme GPS, c’est laisser cette foi recalculer notre itinéraire vers Dieu lorsque nous nous éloignons un peu trop.

Jésus est en chaque chrétien qui se lève

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), janvier-février 2021

Par Charlotte Obez | Photo: DR

Notre Unité pastorale (UP) recèle des personnes généreuses et engagées, qui méritent d’être connues. Parmi elles, Charlotte, 24 ans, qui témoigne de sa foi et de son investissement dans l’Eglise. Elle nous présente deux projets qu’elle vient de monter pour mettre du baume au cœur à tous les membres de l’UP durant la période de l’Avent.

Quand j’étais enfant et qu’on me demandait : « Tu crois en Dieu ? », je répondais « oui » avec courage, convaincue de son existence comme un rêve à défendre. J’allais à la messe à Noël, à Pâques, pour les fêtes. Je priais le Notre Père. C’était important. Je n’étais pas encore convertie. L’année de mes 13 ans, Jésus a touché mon cœur. J’ai compris qu’il était là, vraiment présent et vivant. Ma famille et moi avons pris ensemble le chemin de la foi. A partir de là nous avons lu, écouté et surtout vécu le message du Christ.

En 2011, j’ai fait ma confirmation. J’ai décidé de suivre le chemin que le Seigneur avait choisi pour moi et je me suis engagée quelques années plus tard dans le groupe de jeunes de Nyon. Voici sept ans que j’en fais partie et que j’espère en notre église. Durant toutes ces années, nous avons loué, adoré, ri, mangé, marché ensemble. Des amitiés se sont créées. Des moments de prière ont nourri ma foi. Aujourd’hui, je suis membre du Conseil de communauté, ce qui me permet de participer à l’organisation de la pastorale de la Colombière ; je chante à la messe animée par les jeunes une fois par mois le dimanche soir ; il m’arrive d’animer d’autres messes. Je bénis Dieu pour toutes ces grâces.

S’engager, c’est entendre l’appel de Dieu
Il y a quelques semaines, j’ai regardé le film « Le Seigneur des anneaux », adaptation cinématographique du célèbre livre éponyme de J. R. R. Tolkien. Une scène en particulier m’a marquée : « J’aurais souhaité que cela n’arrive pas en mon temps », dit Frodon. « Moi aussi », répond Gandalf, « comme tous ceux qui ont à vivre des temps pareils. Mais la décision ne leur appartient pas. Tout ce que nous avons à décider, c’est ce que nous devons faire du temps qui nous est imparti ».

Au-delà d’une simple réplique, ces quel­ques mots résument ce qu’est notre engagement de chrétiens. Nous avons un rôle à jouer dès le jour où nous rencontrons le Christ et que nous le choisissons. Que faisons-nous du temps qui nous est donné ? Que sommes-nous prêts à donner à Jésus, à son Eglise ? En ces jours où notre foi est mise à l’épreuve, ces questions se posent d’autant plus. Alors même qu’il nous devient difficile de vivre notre foi librement et de nous retrouver autour de l’autel, comment continuer à faire vivre notre communauté et à nous rassembler autour du Christ ?

En octobre dernier, l’annonce de l’annulation des messes a été une nouvelle déception pour moi. Le soir même, j’ai envoyé un message à notre curé modérateur. La semaine suivante, il m’a reçue chez lui pour que nous discutions. Je lui ai alors exposé quelques idées, convaincue de l’importance de proposer aux paroissiens plus de moyens de se rencontrer pour prier et partager leur foi. C’est ainsi que l’adoration à Crassier ainsi que les vidéos YouTube « Pour aller de l’Avent » ont été lancées.

La puissance de l’adoration
Un projet ne se porte pas seul. C’est donc avec l’aide du curé modérateur, l’abbé Jean-Claude Dunand, et de l’abbé Jean Geng qu’un temps d’adoration a été organisé à la chapelle de Crassier le samedi de 10h à 18h et diffusé à 15h en direct sur la chaîne YouTube de l’UP. Il était nécessaire qu’un paroissien soit là chaque heure pour veiller en présence du Saint-Sacrement. Lorsque certaines plages horaires étaient vides, ma famille, les prêtres et moi nous sommes organisés pour être présents. Jésus est resté au centre, présent en cette chapelle pour déverser ses grâces sur les personnes qui s’y arrêtaient.

Pour aller de l’Avent
Dans le même élan, l’idée d’un calendrier de l’Avent sous forme de vidéos postées quotidiennement sur la chaîne YouTube a germé au détour d’une conversation avec Stéphane Ernst et Jean-Claude. Nous voulions proposer aux fidèles un moyen de se rencontrer autrement, de partager leur foi et de faire Eglise ensemble.

Chaque vidéo est une porte ouverte sur notre vie de prière. Elle montre l’amour profond de notre Eglise pour Jésus, présent en toute chose simple et belle. J’ai été très touchée de voir l’engouement que le calendrier a provoqué. Je souhaite remercier tous les paroissiens qui ont pris part à ce projet en ouvrant une fenêtre sur leur vie de foi. Merci également à Stéphane Ernst qui a largement aidé à la réalisation de ce projet, par son travail de montage et les contacts qu’il a eu avec les participants.

Il est urgent que le peuple chrétien, le peuple des baptisés, se lève et s’engage. Il ne s’agit pas seulement de lever les yeux, mais de nous tourner entièrement vers le Seigneur et de lui donner nos vies. Faisons silence dans nos cœurs et demandons à Dieu quelle est sa volonté. Apprenons à discerner, à écouter la voix du Père. N’attendons pas. Il t’aime et il a un projet d’amour pour toi !

Conviés à adorer

« Nous devons retrouver le sens de l’adoration. Adorer, adorer Dieu, adorer Jésus, adorer l’Esprit. Le Père, le Fils et l’Esprit: adorer. En silence. La prière d’adoration est la prière qui nous fait reconnaître Dieu comme début et fin de toute l’histoire. Et cette prière est le feu vivant de l’Esprit qui donne force au témoignage et à la mission. »
Pape François

Au service de nos aînés

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), janvier-février 2021

Par Marlena Schouwey | Photo: DR

En ce temps inédit, notre nouveau curé et chanoine Philippe Blanc, l’équipe pastorale ainsi que de nombreuses personnes restent à votre service, certes dans des conditions très particulières. Voici quelques informations sur les initiatives actuelles.

Les aînés restent une population à risque, notamment dans les homes. Une belle initiative, inventive et créative permet de rester en étroite communion. Nous connaissons tous la situation de nos aînés durant ces derniers mois. Malgré les efforts du personnel soignant, la Covid-19 les amène dans une solitude de plus en plus grande.

À mi-octobre, la deuxième vague de la pandémie nous a empêchés les visites et célébrations dans les résidences pour personnes âgées. Nous n’avons pas voulu les laisser seules face à ce nouvel isolement. Cette fois, grâce à la créativité, nous pouvons célébrer la messe, nous pouvons apporter l’eucharistie…

Chaque institution cherche ses chemins. À la Résidence des Chênes, la messe célébrée les samedis matin dans l’institution a été déplacée à la chapelle de Schoenstatt située à côté de l’école de la Villa Thérèse. Avec un simple téléphone portable et un micro, elle est transmise en live via Facebook à la Résidence. Je remercie Anne Marty pour son hospitalité, la direction des Chênes et les animateurs pour l’organisation de cette transmission. 

Nos aînés peuvent communier
La distribution de l’eucharistie a été confiée aux soignants, qui seuls peuvent entrer dans les homes. À l’issue de la messe, l’eucharistie est portée devant la porte de l’institution et ensuite, avec une marche à suivre précise, elle est transmise à ceux qui se font ses serviteurs… souvent un peu malgré eux !

Les résidents reçoivent Jésus-Eucharistie avec une très grande joie et beaucoup d’émotion. Merci à ceux qui, durant ce temps difficile, construisent cette communion.

Un break chez les Ursulines

Par Myriam Bettens
Photos: Sœurs ursulines

L’accueil commence par le sourire.

Au bout de la ligne 5 des Transports publics fribourgeois se trouve un petit havre de paix. Les longs couloirs carrelés de l’école secondaire Sainte-Ursule ne résonnent plus des joyeux babillages des élèves depuis sa fermeture en 2018. Mais loin de se départir de leur devise : «Faire connaître et aimer Jésus-Christ et contribuer à la croissance humaine et spirituelle », les Ursulines ont trouvé comment faire revivre le lieu. 

Contribuer à la croissance humaine et spirituelle
L’enseignement étant le domaine de prédilection de ces sœurs apostoliques, il était donc tout naturel de louer les locaux à deux institutions contribuant à l’éducation et la formation. Le rez-de-chaussée accueille une entreprise sociale offrant à des personnes handicapées adultes des lieux de travail et de vie. Le premier étage, quant à lui, est dévolu à des classes qui permettent à des élèves présentant de graves difficultés comportementales de bénéficier temporairement d’un accompagnement personnalisé. Et c’est au dernier étage, le plus proche du ciel, que réside une petite communauté de sœurs. C’est aussi dans ce même lieu de vie qu’elles proposent depuis 2013, aux femmes qui le désirent, un break, ou plutôt un Break’Ursule !

Un rendez-vous avec le Christ
« Notre désir était de rester ouvertes aux besoins spirituels d’aujourd’hui », indique sœur Marie-Brigitte Seeholzer, supérieure générale des Sœurs de Sainte-Ursule. Elles invitent donc à venir vivre au sein de leur petite communauté « un temps de respiration et d’enracinement dans la vie spirituelle ». Elle précise encore que leur porte est ouverte à toute personne sans distinction religieuse. De tradition ignacienne, les sœurs apostoliques n’offrent pas uniquement « un break dans le quotidien », mais également un accompagnement individualisé et des outils pour la prière. Cela afin de permettre « de parler de sa vie, de l’articuler avec la recherche de Dieu et la vie spirituelle que l’on désire approfondir ou découvrir », complète sœur Marie-Brigitte. La parenthèse peut prendre la forme de quelques jours, comme de plusieurs mois. Deux jeunes femmes ont vécu neuf mois auprès des sœurs. Une manière pour elles de faire le point sur « leurs orientations de vie et de définir comment joindre la foi qui les habite avec le monde qui s’ouvre devant elles », relate la supérieure générale. Comme pour conclure l’entretien, sœur Marie-Brigitte relève un aspect qui la touche toujours beaucoup : « Les personnes de passage nous ont affirmé que ce break était devenu pour elles le lieu où le Christ leur avait donné rendez-vous. »

Œcuménisme dans nos campagnes

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), janvier-février 2021

Par Pierre Moser | Photo: DR

Loin de la ville et de ses tumultes. Une Genève différente, plus calme, plus résidentielle, moins stressée. Jussy, commune hors des sentiers battus, c’est le cas de le dire. Portrait bucolique que nos paroissiens d’Arve et Lac connaissent bien pour le vivre tous les jours. Et si on allait dire bonjour aux voisins protestants ? Ces voisins qui ont, en janvier déjà, préparé les rencontres œcuméniques de ce prochain Carême.

Au centre du village de Jussy, se tient, fièrement dressé, le temple de Jussy anciennement Sainte-Marie-Madeleine jusqu’à la Réforme. Classé par l’Office du patrimoine et des sites, ce bâtiment a été édifié à l’époque carolingienne sur l’emplacement d’une nécropole. Agrandi au XIe siècle et entre 1471 et 1482, il a été doté, vers 1577, d’un large clocher-porche 1.

Un des trésors de ce monument, car c’est le titre qu’il mérite, en est la charpente à élément mouluré, avec un plafond à couvre-joints peints de la fin du XVe début du XVIe siècle. Les clichés sont d’ailleurs explicites à ce sujet : cette charpente mérite à elle seule la classification comme élément du patrimoine genevois. 

Au chapitre des anecdotes, les six chapelles construites au XVe siècle ont été « recyclées » en prisons un siècle plus tard, à la Réforme. Elles ont vu passer des sorcières ainsi que leurs bourreaux. Pour les nostalgiques du temps passé, Calvin y a prêché. Et dans une rigueur toute d’époque : une amende sévère était imposée à tous ceux qui manquaient la sainte Cène.

Dans le cadre de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, une cérémonie œcuménique se tiendra le 20 janvier au temple de Jussy. 

Source : Office du patrimoine et des sites, Genève.

Chrétiens persécutés

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), janvier 2021

Par l’abbé Philippe Aymon | Photo: Foyer Dents-du-Midi

Père Clément Renirkens

« Le sang des martyrs est une semence de chrétiens » 

Le titre de cet article est de Tertullien (160 – 220), c’est une phrase qui a traversé les siècles et s’est révélée juste à travers le temps. Converti vers 193, Tertullien est bien au fait des persécutions. Il en parle en venant d’une époque où être chrétien était un choix qui distinguait le disciple du Christ des autres habitants de la cité, et le mettait en porte-à-faux avec l’Etat et l’empereur.

Mais le temps des martyrs ne s’arrête pas aux premiers siècles de l’Eglise. Le pape Jean-Paul II disait même qu’ils étaient plus nombreux au XXe siècle qu’au cours des dix-neuf précédents ! Le fascisme, le nazisme, le communisme et tant d’idéologies mortifères s’en sont pris aux chrétiens de toutes confessions, eux qui préféraient le Royaume des Cieux aux promesses des dictateurs qui persécutaient leur peuple pour faire advenir le bonheur ici-bas. 

Je me souviens de quelques rencontres. 

Avec Mgr Raymond-Marie Tchidimbo, évêque de Conakry, arrêté le 23 décembre 1970 sur l’ordre de Sékou Touré, et qui passa 8 ans au camp militaire de Boiro. 

Avec un prêtre français, un peu plus âgé que moi, qui se rendait en Chine comme homme d’affaires, afin de visiter l’Eglise du Silence et donner une formation aux chrétiens et aux séminaristes clandestins.

Enfin avec le fondateur du Foyer de Charité de Bex, le Père Clément Renirkens (1916-1999). Arrivé à Shanghaï en 1947, il est arrêté en 1953 et libéré en 1954 après les Accords de Genève. Son témoignage sur sa façon de vivre sa foi en prison est riche d’enseignement pour ceux qui ne peuvent assister à la messe chaque dimanche, comme dans certains pays de mission.

Ce sont des témoignages de vie qui inspirent respect et humilité. Respect pour tant de témoins fidèles, humilité dans ce que nous vivons aujourd’hui. Certaines réactions face aux mesures sanitaires liées à la Covid-19 laissent pantois : « discriminés », « victimes », « atteinte à la liberté de culte ». C’est non seulement faux, c’est surtout irrespectueux en pensant aux vrais martyrs ou aux témoins de la foi. Ne confondons pas persécutions et contrariétés. Mais rassurons-nous, quand l’Etat s’en prendra véritablement à nous, nous aurons vite fait de découvrir la différence…

Moteur de son combat: la foi

Socialiste convaincu, intellectuel engagé, à 86 ans, Jean Ziegler ne songe pas à prendre sa retraite. Il vient de publier Lesbos, la honte de l’Europe, une dénonciation de la tragédie vécue par les réfugiés en mer Egée. Au front pour défendre les causes qui lui tiennent à cœur, il dévoile le moteur de son infatigable combat: sa foi. 

Par Myriam Bettens
Photo: Jean-Claude Gadmer
A la page 48 de « Chemins d’espérance » vous écrivez : « Je crois à la résurrection. L’infini du temps et de l’univers nous constitue. »
Jean-Paul Sartre dit que « toute mort est un assassinat ». Je partage son point de vue. Nous vivons parallèlement le destin du corps et celui de la conscience. Le corps va naturellement vers la mort, alors que la conscience a un destin cumulatif et infini. La résurrection demeure une évidence, mais personne ne sait comment cela se produit. 

Quelle est la nature de Dieu selon vous ?
Dieu est amour infini ! D’ailleurs, si nous pouvons prodiguer de l’amour à d’autres, c’est qu’il vient bien de quelque part. Il est aussi providence, ce que nous comprenons facilement. Par contre, le mal, nous est totalement incompréhensible. Raison pour laquelle nous devons rester humble et accepter de ne pas tout comprendre.

Est-ce la croyance en Dieu qui vous guide ?
Mon rapport à Dieu est une relation singulière, personnelle. Il détermine ma vie. Nous sommes responsables de notre vie et de chacun de nos gestes. Nous avons la responsabilité de chaque instant que nous vivons.

Vous citez souvent Bernanos : « Dieu n’a pas d’autres mains que les nôtres. » Est-ce de cette responsabilité que vous parlez ?
Exactement ! Toutes les cinq secondes sur notre planète un enfant de moins de 10 ans meurt de faim, alors que la production agricole mondiale pourrait nourrir le double de l’humanité. Il n’y a aucune fatalité : un enfant qui meurt de faim au moment où nous parlons est assassiné, j’en suis aussi responsable.

Vous avez la foi, mais à la manière de Victor Hugo, vous détestez toutes les Eglises, aimez les hommes et croyez en Dieu.
Oui, je crois qu’il a profondément raison. Ernest Renan disait que « le Christ n’est pas venu sur terre pour s’emparer du pouvoir et de la richesse, mais pour les détruire ». Bien que le pape François soit un cadeau du ciel, le Vatican est un exemple d’absurdité. On y trouve des richesses indécentes, alors qu’une partie du monde meurt de faim. Une flagrante contradiction ! 

Etre « un bon » chrétien aujour­d’hui, cela signifie quoi ?
Les Evangiles constituent le texte le plus révolutionnaire jamais venu au monde. Notre actuel ordre cannibale du monde doit être combattu de toutes nos forces. Pour être dignes de la grâce de Dieu, nous devons détruire les structures d’inégalité et d’exploitation de l’homme par l’homme. Ce monde est fait de main d’hommes et peut être changé par les hommes. Le chapitre 25 de l’évangile de Matthieu est lumineux à cet égard : le Christ y affirme sa radicale identité avec les plus pauvres, avec les plus humiliés. Qui veut le suivre doit nourrir les affamés, aider les réfugiés, venir en aide aux écrasés.

D’une confession à l’autre

Deux étapes fondatrices de ce révolté datent de ses années gymnasiales. A cette époque, Jean Ziegler décide de rompre radicalement avec son milieu protestant (son père, calviniste thounois, était juge et colonel à l’armée), il refuse la prédestination calviniste, part à Paris et s’enrôle dans les jeunesses communistes. Le marxisme lui fournit les instruments pour comprendre le monde, mais ne répond pas à ses questions existentielles. C’est auprès du jésuite Michel Riquet qu’il trouvera des réponses. Cette période marque un tournant dans sa vie : il décide de se faire appeler Jean et non plus Hans, puis se convertit au catholicisme. L’autre rencontre se déroule en 1964, lorsqu’il sert de chauffeur à Ernesto Che Guevara lors de la Conférence de l’ONU sur le sucre à Genève. La dernière nuit, alors qu’il demande à suivre le comandante de la lutte révolutionnaire jusqu’à Cuba, le Che lui répond : « Ici, c’est le cerveau du monstre, c’est ici que tu es né, c’est ici que tu dois lutter. »

Biographie express

• Hans (Jean) Ziegler est né le 19 avril 1934 à Thoune. 

• En 1953 il part à Paris où il s’inscrit à l’Institut d’études politiques et à la Faculté de droit.

• De 1972 à 2002, il est professeur de sociologie à l’Université de Genève. 

• En 1967, il est élu conseiller national socialiste, charge à laquelle il sera réélu plusieurs fois.

• De 2000 à 2008, il est rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation.

• Depuis 2009, il est membre du comité consultatif du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, poste auquel il a été réélu en 2013, puis à nouveau en 2016.

• Il est l’auteur de plusieurs livres à succès traduits dans de nombreuses langues.

Veillée avec Bach

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), janvier-février 2021

Par Geneviève de Simone-Cornet | Photo: Danilo de Simone 

La deuxième veillée «Saveurs de Dieu», animée par l’abbé Philippe Matthey le 3 décembre à l’église de la Colombière et retransmise sur YouTube, a permis aux paroissiens de découvrir la musique de Jean-Sébastien Bach à travers son «Oratorio de Noël».Les paroissiens étaient conviés à «accueillir la grâce de la musique» à travers une méditation et une écoute commentée de l’«Oratorio de Noël» par un spécialiste, l’abbé Philippe Matthey, curé au Grand-Lancy (GE). Après quelques éléments biographiques sur Bach, il a donné des clés pour comprendre le pourquoi de sa musique et ce qu’elle est pour lui.

Né à Eisenach, en Allemagne, le 31 mars 1685, Jean-Sébastien Bach est le 8e enfant d’une famille de musiciens. Choriste, puis organiste et maître de chapelle, «il est né dans la musique et a appris en écoutant notamment les œuvres du compositeur allemand Dietrich Buxtehude», a dit l’abbé Matthey. Il s’est marié deux fois et a eu 13 enfants dont six ont survécu – il a donc été marqué par la mort.

Sa quête musicale était pour Bach «une recherche de raisons d’espérer», a poursuivi le conférencier. Il a beaucoup travaillé, composant des cantates, des Passions – seules celles selon saint Jean et selon saint Matthieu nous sont parvenues – et des oratorios dont celui de Noël. Marqué par la théologie de Martin Luther, qui plaçait la Parole de Dieu au centre de la liturgie, il a mis sa musique au service de cette Parole: c’était pour lui la meilleure façon de lui faire toucher le cœur de l’homme, de la communiquer aux croyants.

Une musique pleine de sens
Ce qu’il a fait dans l’«Oratorio de Noël», composé à Leipzig en 1734. Cette pièce, écrite pour être chantée à l’église pendant le temps de Noël, compte six cantates consacrées aux trois jours de fête de Noël, au Nouvel An, au premier dimanche de l’année et à l’Epiphanie.

Dans le second volet de son exposé, l’abbé Matthey a détaillé les différentes parties de cette œuvre en en faisant écouter des extraits aux paroissiens: l’occasion, pour chacun, d’entrer dans une musique pas toujours facile, mais pleine de sens.

La soirée s’est terminée par un morceau interprété à l’orgue par Olivier Borer, organiste de la Colombière. Rendez-vous jeudi 11 février à 20h pour une nouvelle soirée «Saveurs de Dieu».

Une année lumineuse

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), janvier-février 2021

Par Audrey Boussat | Photo: Darren Irwin

Les vœux de santé échangés pour 2021 n’auront jamais été aussi authentiques que ceux que nous avons exprimés cette année. A l’heure actuelle, nous avons tous conscience que la santé est un bien fragile, à protéger pour soi mais aussi pour autrui. Nos corps sont vulnérables et nous devons en prendre soin. Toutefois, je crois que nous passerions à côté d’un élément essentiel si nous résumions la santé à sa dimension physique. Cette année, nos esprits ont aussi été mis à l’épreuve. Apercevoir une lueur en cette sombre période d’incertitude ne s’est pas toujours avéré aisé.

Dans ces moments-là tout particulièrement, il est bon de se rappeler que le Seigneur est présent et qu’il veille sur nous. Il diffuse une lumière rassurante et encourageante auprès de celles et ceux qui se tournent vers lui. Mon arrière-grand-mère avait l’habitude de dire que les épreuves que nous avons à traverser ne sont pas plus lourdes que ce que nous pouvons endurer. Cette phrase réconfortante me pousse à aller de l’avant non pas à tâtons, mais avec assurance.

Nous sommes nombreux à espérer que 2021 sera différente de l’année qui l’a précédée. Que nous retrouverons nos anciennes habitudes et qu’il nous sera possible d’appliquer l’adage « plus on est de fous, plus on rit » sans restriction aucune. Rien n’est moins sûr. Et pourtant, même si elles se montrent timides, des bénédictions scintillent aussi en cette période inopinée. On nommera par exemple les élans de solidarité et les idées créatives nées justement de ce contexte particulier. A cet égard, j’aimerais souligner les qualités de mon amie Charlotte dont vous trouverez le témoignage en pages 4-5. C’est si inspirant d’avoir des amies rayonnantes !

Entrons donc avec confiance dans cette nouvelle année. Le Seigneur est notre phare et il illuminera toujours nos existences de sa grâce. Consolidons notre foi et continuons d’avancer avec ce flambeau de certitude qui saura éclairer nos vies et celles de nos familles et de nos amis. Laissons-nous éblouir par la grandeur de Dieu !

«J’étais prêt à mourir pour Jésus»

Par Bénédicte Drouin Jollès
Photo: DRDans ma carrière de journaliste certaines rencontres restent gravées.  Comment oublier le Père Jacques Mourad, moine syrien, otage de Daech pendant cinq mois ? A plusieurs reprises, la mort s’est approchée de lui. Alors que la lame d’un couteau presse sa gorge, ses ravisseurs lui demandent de renier Celui pour lequel il a donné sa vie. A chaque fois, il refuse jusqu’à ce qu’un musulman lui permette de s’évader. Il avoue : « J’étais prêt à mourir pour Jésus. » Le chapelet lui permet de tenir. Quelle leçon de courage et de foi pour nous chrétiens européens qui hésitons à témoigner de notre foi. J’ai eu honte, je me suis sentie toute petite… 

Et pourtant le Christ nous a prévenus, Il n’est pas venu apporter la paix, mais la division (Matthieu 10, 34-35). « Heureux les persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux. » La dernière des huit béatitudes entendue trop distraitement est pourtant d’actualité. Plus de 250 millions de chrétiens sont chaque jour inquiétés, chassés, torturés. Ils n’ont jamais été aussi nombreux. Et si nous nous en faisions des amis à écouter et à soutenir, par notre prière ou par nos dons ? Nos existences et nos communautés en sortiraient vivifiées.

Semaine de prière pour l’unité des chrétiens

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), janvier-février 2021

Par Karin Ducret | Photos: DR

La Semaine pour l’unité des chrétiens ou Semaine de prière pour l’unité des chrétiens est une manifestation œcuménique annuelle. Elle est délimitée par la fête de la Chaire de saint Pierre à Rome 1, qu’on célébrait historiquement le 18 janvier, et la fête de la Conversion de Paul 2 qu’on célèbre le 25 janvier. Elle convie les chrétiens et chrétiennes des différentes confessions à prier d’un même cœur pour demander la grâce de l’Unité. L’édition 2021 a été préparée par la communauté monastique de Grandchamp (voir aussi en page 11).

C’est en 1908, aux Etats-Unis, que cette prière a pris la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. Son « inventeur » est Paul Wattson, un prêtre épiscopalien qui venait de créer une communauté religieuse franciscaine au sein de l’Eglise anglicane américaine. L’unité des chrétiens, telle que Paul Wattson l’envisageait, signifiait en fait l’unité autour du Siège romain. Au milieu des années 1930, alors que la prière pour l’unité commençait à se répandre dans l’Eglise catholique et dans les communautés anglicanes favorables à une union avec Rome, c’est l’abbé Paul Couturier qui, à Lyon, lui a donné un nouvel élan : tout en gardant les mêmes dates, le prêtre lyonnais fait le choix de parler de Semaine de prière (une semaine de huit jours !), un vocabulaire perçu comme moins catholicisant ; et surtout, il lui assigne un nouvel objectif : prier pour l’unité « telle que le Christ la veut, par les moyens qu’Il voudra ». Soutenus par le métropolite Euloge, des orthodoxes participèrent à la Semaine en 1935.  Le mouvement de la Semaine de prière pour l’unité chrétienne prit alors rapidement une dimension interconfessionnelle et internationale. L’abbé lyonnais composa et envoya dans le monde entier ses fameux « tracts », qui donnaient un thème pour l’année, des textes bibliques et prières pour chaque jour de la Semaine, voire un chant composé pour l’occasion. Après la mort de l’abbé Couturier c’est le Père Michalon au sein du centre Unité Chrétienne qui reprit la tâche. Dès 1958, le matériel de la Semaine fut préparé en collaboration avec la commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Eglises. Après le Concile Vatican II, la Semaine de prière pour l’unité chrétienne est préparée chaque année par une commission internationale et interconfessionnelle qui émane à la fois du Conseil œcuménique des Eglises et du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. A partir d’un projet préparé par les Eglises d’un pays, cette commission choisit un thème pour l’année, sélectionne des textes de l’Ecriture et des formules de prière susceptibles de nourrir la prière individuelle et les célébrations, pour chacun des jours de la Semaine de l’unité. 

1 Cette fête désigne la charge apostolique de l’Apôtre et sa mission dans l’Eglise. Le Siège apostolique était ainsi célébré jadis le 18 janvier à Rome.
2 La conversion de Paul se réfère à l’un des événements de la vie de Paul de Tarse.

Une église en cours d’édification

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), janvier-février 2021

Par Jean-Claude Dunand

La construction de la nouvelle église de Gland est entamée. Un projet d’envergure
qui nécessite une bonne coordination entre les différents conseils et les bénévoles.
Trois personnes engagées dans cette aventure nous livrent leur témoignage.
Eglise en marche, Eglise Corps du Christ
L’église de Gland est un espace sacré, particulier, à construire, mais surtout à faire vivre. C’est en tout cas la volonté de la Commission de liturgie, constituée expressément pour le temps de la construction. Elle se compose de quelques membres de la communauté de Gland : Brigitte Besset, présidente du Conseil de communauté ; Françoise Merlo, Bernard Chevallay, président du groupe de pilotage et Jean-Luc Ménetrey membre du groupe de pilotage et musicien ; de Jean-Pierre Cap, membre de la Commission d’art sacré (CAS) de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud ; de Flavio Boscardin, architecte responsable des travaux, et de moi-même, Jean-Claude Dunand, curé de l’Unité pastorale Nyon-Terre Sainte.

Réflexions spirituelles et pratiques
Cette commission se rencontre régulièrement depuis décembre 2019. Elle travaille sur la signification d’une communauté Eglise du Christ pour choisir avec le plus de discernement possible l’aménagement intérieur du futur bâtiment. Bien que certaines réflexions et certains choix techniques soient guidés par la structure circulaire de l’édifice, la commission se concentre avant tout sur la façon de rendre ce lieu propice à la prière, à l’écoute de la Parole et au partage de l’eucharistie.

C’est en s’appuyant sur des textes bibliques, liturgiques et conciliaires, la réflexion de l’architecte français Jean-Marie Duthilleul (auteur d’« Espace et liturgie. Aménager les églises », Editions Mame-Desclée) et les recommandations de la CAS que la commission a évolué intellectuellement, mais surtout spirituellement, tout au long de l’année. Elle espère avoir fait des choix qui permettront à chaque membre de la communauté, aux visiteurs de passage et à chacun, dans la diversité de leurs goûts et de leur spiritualité, de se retrouver dans cette église à la maison, dans la maison du Seigneur. La commission a tenu compte des questions et propositions des paroissiens présents à la rencontre du 9 février 2020.

Un mobilier choisi avec soin
A cette étape de la construction, une mise au concours pour la création et la réalisation des éléments liturgiques principaux (notamment les fonts baptismaux, l’autel, l’ambon et le siège de la présidence) a été lancée auprès de quatre artistes. Chacun a reçu un dossier comportant des images de synthèse, des données techniques et un chemin de réflexion élaboré par la commission.

Les vitraux de la chapelle actuelle réapparaîtront dans le narthex. La croix et la statue de la Vierge ornant la chapelle actuelle seront des pièces maîtresses de la nouvelle église. Il est en effet primordial de s’inscrire dans la continuité du chemin de foi commencé par nos prédécesseurs.

Espérons que ce lieu deviendra un espace de prière et de rencontre intime avec Dieu ainsi qu’un lieu de rencontre fraternelle entre tous.

Dons via Twint

Vous souhaitez faire un don pour la construction de la nouvelle église catholique de Gland ? Désormais, vous avez la possibilité d’utiliser l’application Twint en numérisant le QR-Code. Votre don anonyme arrivera directement sur le compte de la communauté catholique Gland, Vich, Coinsins.

Vous trouverez ce QR-Code également affiché sur le tronc de bougies à l’intérieur de la  chapelle Saint-Jean-Baptiste à Gland.

Nous vous remercions de votre soutien.

Des nouvelles de la construction

Par Georges Grandjean, membre du groupe de pilotage et du Conseil de communauté

Les travaux ont débuté fin juin 2020 avec l’arrivée sur la parcelle de l’entreprise de terrassement. Après deux semaines, nous ne distinguions plus aucune trace de notre vigne et des mottes de terre dissimulaient notre chapelle aux regards des passants. Tout le terrain, clôturé et aplani, a été préparé pour les travaux.

Les vacances d’été terminées, l’entreprise de maçonnerie a pris le relais et nous avons vu apparaître les premiers murs. Mi-novembre, les ouvriers se sont occupés de la construction de la dalle de l’étage qui accueillera la nef, la sacristie, le local liturgique et le narthex. Le coffrage permet de bien distinguer la forme ronde de la future église ainsi que toutes les gaines techniques qui seront englouties dans le béton.

Du côté des finances
Avec les premiers coups de pioche, nous avons aussi dû honorer les premières factures. A ce jour, c’est un montant de près de 600’000 francs qui a été déboursé. Outre le financement des premiers travaux, il comprend aussi une part des honoraires du bureau d’architectes et des bureaux techniques, bien antérieurs au début de la construction. De nombreuses adjudications aux entreprises mandatées pour les étapes ultérieures (charpente, électricité, chauffage, ventilation, ferblanterie…) sont formalisées. Elles représentent près des deux tiers des coûts de construction. A la grande satisfaction des responsables, les montants respectent ceux du budget voté par l’assemblée générale extraordinaire de la paroisse.Pour plus d’informations : www.eglise-gland.ch
Questions ou suggestions : info@eglise-gland.ch
Pour un don : Postfinance 14-313151-5

Construire: un engagement et une joie

Par Brigitte Besset
Photos: Brigitte Besset et Georges Grandjean

Donner de son temps, de sa personne, être disponible ? En voilà une idée ! Faire du bénévolat est en effet contraire à la logique largement répandue qui veut que le temps soit de l’argent. Mais le bénévolat, c’est avant tout une offrande : c’est en tout cas ce que ressentent celles et ceux qui sont engagés dans ce projet de construction. Ils aiment donner, participer, innover, rencontrer, réfléchir, cheminer et partager leurs différents dons. Et ils sont beaucoup à s’impliquer depuis plus de dix ans déjà. Cela représente de nombreuses heures d’actions et de séances diverses, des heures que l’on ne compte plus tant l’engouement est grand dans le cœur de chacun.

Des bénévoles heureux de s’investir
Ces bénévoles sont membres du Conseil de communauté de Gland-Vich-Coinsins, du comité de pilotage et des différentes commissions qui en sont issues. Il y a aussi des paroissiens qui, n’appartenant pas à un de ces conseils, ont fait le choix de donner de leur temps pour ce projet ; et ceux qui œuvrent par leur prière incessante pour qu’il soit mené jusqu’au bout avec amour et respect, intérêt et complicité. Un tel investissement semble incroyable, mais ce n’est pas tous les jours qu’un tel événement a lieu ! D’autant que nous assistons actuellement à une désertion des églises.

Celles et ceux qui s’investissent dans ce projet s’engagent parce qu’ils sont confiants et heureux de pouvoir participer à l’édification d’une nouvelle église, lieu de rassemblement pour les années à venir. Ils sont portés par l’espérance d’une Eglise vivante, en renouvellement constant. Le chantier actuel, qui annonce le nouvel édifice, devient alors une œuvre exceptionnelle, grandiose, devant laquelle tout paroissien ou habitant de Gland peut s’extasier.

Un chantier rassembleur
La Parole de Dieu nous invite à « construire l’Eglise ensemble ». C’est une image biblique, celle de l’Eglise comme construction, édifice en chantier. Ce chantier, c’est ce que nous avons sous les yeux chaque fois que nous venons jusqu’à la chapelle pour nous recueillir ; il nous interpelle, nous interroge.

Une grande fête aurait dû réunir les paroissiens de la communauté de Gland-Vich-Coinsins, les paroissiens de l’UP, les membres de l’EP et des différents conseils et comités, les nombreux donateurs ainsi que les représentants des différents corps de métiers engagés dans la construction… La fête aurait pu être belle dimanche 8 novembre, mais la Covid-19, hélas, ne nous a pas permis de nous rassembler. Ce n’est que partie remise… au printemps, nous l’espérons !

Voir ce bâtiment sortir de terre et devenir toujours plus imposant est une joie immense et sans cesse renouvelée pour tous les paroissiens de notre communauté.

Marie, Mère de l’évangélisation

Vierge à l’enfant de l’église du Christ-Roi à Fribourg.

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), janvier-février 2021

Par l’abbé Alexis Morard | Photos: V. Benz, DR

Dans le prolongement de la solennité de sainte Marie, Mère de Dieu, que l’Église fête chaque 1er janvier, nous vous proposons de relire quelques extraits des dernières pages de l’exhortation apostolique La Joie de l’Évangile où le pape François nous parle d’un « style marial » dans l’activité évangélisatrice de l’Église.

De nombreux pèlerins viennent à Bourguillon déposer leur fardeaux auprès de Marie.

* Les numéros indiqués au début de certains paragraphes renvoient à l’exhortation apostolique. 

284. Avec l’Esprit Saint, il y a toujours Marie au milieu du peuple. Elle était avec les disciples pour l’invoquer (cf. Ac 1, 14), et elle a ainsi rendu possible l’explosion missionnaire advenue à la Pentecôte. Elle est la Mère de l’Église évangélisatrice et sans elle nous n’arrivons pas à comprendre pleinement l’esprit de la nouvelle évangélisation.

Le don de Jésus à son peuple
285. Sur la croix […], Jésus nous a laissé sa mère comme notre mère. C’est seulement après avoir fait cela que Jésus a pu sentir que « tout était achevé » (Jn 19, 28). Au pied de la croix, en cette grande heure de la nouvelle création, le Christ nous conduit à Marie. Il nous conduit à elle, car il ne veut pas que nous marchions sans une mère, et le peuple lit en cette image maternelle tous les mystères de l’Évangile. Il ne plaît pas au Seigneur que l’icône de la femme manque à l’Église. Elle, qui l’a engendré avec beaucoup de foi, accompagne aussi « le reste de ses enfants, ceux qui gardent les commandements de Dieu et possèdent le témoignage de Jésus » (Ap 12, 17). L’intime connexion entre Marie, l’Église et chaque fidèle, qui, chacun à sa manière, engendrent le Christ, a été exprimée de belle manière par le bienheureux Isaac de l’Étoile : « Dans les Saintes Écritures, divinement inspirées, ce qu’on entend généralement de l’Église, vierge et mère, s’entend en particulier de la Vierge Marie […] On peut pareillement dire que chaque âme fidèle est épouse du Verbe de Dieu, mère du Christ, fille et sœur, vierge et mère féconde […] Le Christ demeura durant neuf mois dans le sein de Marie ; il demeurera dans le tabernacle de la foi de l’Église jusqu’à la fin des siècles ; et, dans la connaissance et dans l’amour de l’âme fidèle, pour les siècles des siècles. » [212]

286. Marie est celle qui sait transformer une grotte pour des animaux en maison de Jésus, avec de pauvres langes et une montagne de tendresse. Elle est la petite servante du Père qui tressaille de joie dans la louange. Elle est l’amie toujours attentive pour que le vin ne manque pas dans notre vie. Elle est celle dont le cœur est transpercé par la lance, qui comprend toutes les peines. Comme mère de tous, elle est signe d’espérance pour les peuples qui souffrent les douleurs de l’enfantement jusqu’à ce que naisse la justice. Elle est la missionnaire qui se fait proche de nous pour nous accompagner dans la vie, ouvrant nos cœurs à la foi avec affection maternelle. Comme une vraie mère, elle marche avec nous, lutte avec nous, et répand sans cesse la proximité de l’amour de Dieu. (…)

L’Étoile de la nouvelle évangélisation
288. Il y a un style marial dans l’activité évangélisatrice de l’Église. Car, chaque fois que nous regardons Marie nous voulons croire en la force révolutionnaire de la tendresse et de l’affection. En elle, nous voyons que l’humilité et la tendresse ne sont pas les vertus des faibles, mais des forts, qui n’ont pas besoin de maltraiter les autres pour se sentir importants. En la regardant, nous découvrons que celle qui louait Dieu parce qu’« il a renversé les potentats de leurs trônes » et « a renvoyé les riches les mains vides » (Lc 1, 52.53) est la même qui nous donne de la chaleur maternelle dans notre quête de justice. C’est aussi elle qui « conservait avec soi toutes ces choses, les méditant en son cœur » (Lc 2, 19). Marie sait reconnaître les empreintes de l’Esprit de Dieu aussi bien dans les grands événements que dans ceux qui apparaissent imperceptibles. Elle contemple le mystère de Dieu dans le monde, dans l’histoire et dans la vie quotidienne de chacun de nous et de tous. Elle est aussi bien la femme orante et laborieuse à Nazareth que notre Notre Dame de la promptitude, celle qui part de son village pour aider les autres « en hâte » (cf. Lc 1, 39-45). Cette dynamique de justice et de tendresse, de contemplation et de marche vers les autres, est ce qui fait d’elle un modèle ecclésial pour l’évangélisation. Nous la supplions afin que, par sa prière maternelle, elle nous aide pour que l’Église devienne une maison pour beaucoup, une mère pour tous les peuples, et rende possible la naissance d’un monde nouveau. C’est le Ressuscité qui nous dit, avec une force qui nous comble d’une immense confiance et d’une espérance très ferme : « Voici, je fais l’univers nouveau » (Ap 21, 5). Avec Marie, avançons avec confiance vers cette promesse, et disons-lui : Vierge et Mère Marie,
toi qui, mue par l’Esprit,
as accueilli le Verbe de la vie
dans la profondeur de ta foi humble,
totalement abandonnée à l’Éternel,
aide-nous à dire notre « oui »
dans l’urgence, plus que jamais pressante,
de faire retentir la Bonne Nouvelle de Jésus. (…)

Étoile de la nouvelle évangélisation,
aide-nous à rayonner par le témoignage de la communion,
du service, de la foi ardente et généreuse,
de la justice et de l’amour pour les pauvres,
pour que la joie de l’Évangile
parvienne jusqu’aux confins de la terre
et qu’aucune périphérie ne soit privée de sa lumière.

Mère de l’Évangile vivant,
source de joie pour les petits,
prie pour nous.
Amen. Alléluia !

En librairie – janvier 2021

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

En mon âme et conscience
Philippe Barbarin

« Tout se dit, mais où est la vérité ? On a faussé tout ce que j’ai pu dire. On a interprété des faits en les détournant. On m’a traité de pédophile dans le métro, dans les rues, quand j’allais prendre le train. Je n’étais plus « audible ». J’étais coupable. Le temps est venu d’apporter mon témoignage. La vérité est nécessaire. Pour tous. » Tels sont les propos du cardinal Barbarin alors que le monde médiatique a réussi ce tour de force de transformer l’Affaire Preynat, cet abbé auteur d’innombrables abus sexuels sur les enfants, en l’Affaire Barbarin, coupable selon lui d’avoir tardé à écarter ce prêtre abuseur. « Méfiez-vous des journalistes, disait Bernard Cazeneuve, ils font des omelettes avec des œufs durs ! » Livre passionnant qui montre qu’insidieusement, on harcèle et persécute un évêque et, à travers lui, l’Eglise du Christ.

Edition du Plon

Acheter pour 34.30 CHFJe marcherai d’un cœur parfait
David Hennebelle

Dans ce roman, David Hennebelle revient sur la vie et la mort des moines de Tibhirine au cours de la décennie noire des années 1990. Ils partagent avec leurs voisins musulmans leurs valeurs spirituelles jusqu’à ce que les blessures béantes de l’Algérie ruinent cette harmonie. L’auteur raconte avec grâce le quotidien ardent de ces chrétiens venus accomplir leur quête d’absolu en pays musulman. Des années d’engagement et de dévotion célébrées dans une ode aux paradis perdus, une peinture lumineuse bientôt noircie par l’aveuglement des hommes.

Editions Autrement

Acheter pour 29.00 CHFDieu – Yahweh – Allâh
Collectif

Parmi les grandes religions du monde, il en est trois qui prônent la foi en un Dieu unique : le judaïsme, le christianisme et l’islam. Elles se sont développées comme les branches majestueuses d’un même arbre. Chacune possède ses propres règles, ses propres gestes, ses propres prières, ses propres fêtes, qu’il est souvent bien difficile de comprendre. Ce livre reprend plus d’une centaine de vraies questions posées par des enfants à propos de ces trois grandes religions. Pour connaître davantage sa religion et pour partir à la découverte de la vie des autres croyants.

Bayard Jeunesse

Acheter pour 29.20 CHFAvec les martyrs chrétiens d’aujourd’hui
Dominique Bar – Gaëtan Evrard

« Il y a davantage de martyrs aujourd’hui qu’aux premiers temps de l’Eglise. » Cette affirmation du pape François est confirmée par les faits quotidiens. « La croix se trouve toujours sur la route chrétienne » à travers le monde, quels que soient les continents. Si elle est visible surtout actuellement au Moyen-Orient et dans certains pays d’Afrique, les exactions, humiliations et persécutions à l’encontre des chrétiens s’intensifient dans tous les points du globe, en Asie, en Inde et même en Europe, dans l’indifférence de la plupart des médias. Une BD préfacée par Mgr Jeanbart, archevêque d’Alep, en Syrie.

Editions du Triomphe

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La voie des martyrs

Par Thierry Schelling
Photo: Ciric
La grande Eglise
François est revenu sur le thème à plusieurs reprises : entre membres des quelque 350 Eglises recensées auprès du Conseil œcuménique des Eglises à Genève, il y a déjà une réalisation de notre parfaite communion : les martyrs ! Des baptisés de tout âge sont torturés, persécutés, affamés, bafoués dans leurs droits humains, et finissent morts in odium fidei, par haine de leur foi. Peu importe leur appartenance ecclésiale, ils sont membres de la Grande Eglise au-delà des clivages théologiques et des rivalités de pouvoir… Et leur nombre est plus grand que les victimes de la Tétrarchie 1, semble-t-il. Mais le nombre importe-t-il dans le fond ?

La seule Eglise
On est en droit de se demander pour quelle avancée orthodoxes, anglicans, catholiques et protestants prient encore ensemble : nos Semaines de prière pour l’unité ont-elles encore un sens après 113 ans de récurrence 2 ? D’un côté, oui : accords et intercommunions ont inexorablement rapprochés protestants, catholiques-chrétiens et anglicans 3. Mais… avec Rome ? François, Benoît XVI, Jean-Paul II, Paul VI et même Jean XXIII ont tous eu recours à la rhétorique du « Comme j’aimerais que nous soyons un ! » Et ? 

La vraie Eglise
Alors l’épiscopat allemand veut quand même avancer raisonnablement, praktisch4… Pouvons-nous tous rester unis pour envisager encore et toujours un horizon commun plausible et concret ? Plus d’un siècle est passé tout de même…

1 Gouvernement romain de la fin du IIIe siècle connu pour sa persécution des minorités chrétiennes et manichéennes.
2 La première a été inaugurée en… 1908 !
3 Anglicans et catholiques-chrétiens interchangent leur ministre du culte ; luthériens et anglicans ont signé la Communion de Porvoo en 1994 déjà !
4 Cf. www.katholisch.de/aktuelles/themenseiten/der-synodale-weg-der-kirche-in-deutschland
Avant lui, les épiscopats anglican et catholique-romain de Grande-Bretagne ont publié un rapport intitulé Walking Together on the Way : Learning to Be the Church-Local, Regional, Universal en 2018 (cf. iarccum.org/doc/?d=721).

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