La piété itinérante

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Aigle (VD), juillet-août 2021

PAR PATRICK MULAMBA | PHOTO : F. THEYTAZ

Oser croire en Dieu comme valeur essentielle de nos vies n’est pas un acte banal. Il suppose un enracinement dans un contexte de valeurs qui sous-tendent toute notre existence. L’on ne peut sauter cette étape ni en faire l’économie, sans compromettre la qualité de la relation que le « Tout Autre » vient établir avec l’homme dans la diversité de contextes et les itinéraires historiques de ce dernier.

Acte risqué, le fait de croire suppose un bouleversement de toutes nos échelles de valeurs et nos références vitales. Il en faut de l’audace pour dépasser la tentation du narcissisme culturel, et parfois cette tendance naturelle à vivre en autarcie, en prenant soin de garder un terrain conquis où le poids de l’habitude et le confort du statu quo nous empêchent de nous aventurer en terre inconnue, fermant la porte de nos vies à toute nouveauté et au mouvement. Le migrant, l’itinérant spirituel et le nomade sont souvent suspectés et perçus comme une menace, un danger pour la survie d’une foi qui ne s’interroge plus sur ce qui la fonde et la motive. Le risque à prendre est d’autant plus grand qu’il s’agit de nous laisser interpeller par des voix venues d’ailleurs, et pas toujours en phase avec nos canons d’interprétation du rapport intime au Transcendant, ni la façon de l’entretenir. Ce mouvement d’ouverture aux autres devrait s’inscrire dans une vraie dynamique d’échange qui est à l’origine de tout acte de « croire » authentique. Car la foi, de par son essence même, naît et s’épanouit à partir de l’écoute des « autres » comme témoins privilégiés et situés du donné révélé, une « Fides ex auditu ».

Il s’agit là, pour nos Eglises, d’un risque majeur qui devient un défi important pour notre foi et sa cohérence. Il faut absolument relever ce défi dans un monde devenu un « village global » où les discours du « tout sécuritaire », les intégrismes de tout bord, et les vents des nationalismes véhiculés par les extrémismes galopants, imprègnent et inondent la vie de nos sociétés.

Je crois que la vitalité et le dynamisme révolutionnaire de notre foi en Jésus résident dans ce mouvement d’échanges incessants de nos expériences de vie, dans le respect et l’acceptation de nos différences. Nos expressions diverses de la même foi feront de nous des « pèlerins » audacieux, humbles et lucides, en route pour la « montagne de Dieu ».

 

La Bible côté rire

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), juillet-août 2021

Sérieusement, c’était pour rire ! La quatrième soirée «Saveurs de Dieu», animée par le groupe de conteurs NaBi, a rassemblé jeudi 29 avril à l’église de la Colombière à Nyon une trentaine de paroissiens. Pour un voyage imagé à travers la Bible.

PAR GENEVIÈVE DE SIMONE-CORNET
PHOTOS : DR

Autour de l’autel, sur les marches, près de l’orgue, sept conteurs, hommes et femmes du groupe NaBi (narration biblique et « prophète » en hébreu) prenant la parole à tour de rôle pour raconter, avec leurs propres mots, des histoires de la Bible que nous avons tous dans un coin de notre mémoire : la soirée « Saveurs de Dieu » du 29 avril, sur le rire, a tout à la fois ravi et surpris les paroissiens venus tendre l’oreille. Et les a renvoyés, par le biais du spectacle « C’est pour rire », à leur propre lecture de la Bible à travers des mots inédits en lien avec leur vécu.

D’Abraham à Samson

« Au commencement se tenait la vieille. » De son ventre, elle fait naître un rire. Ce rire façonne le ciel et la terre, et de leur amour les astres. Et lorsqu’elle creuse, la vieille, elle fait jaillir l’eau qui donne vie aux arbres et aux animaux; avec elle et un peu de terre, elle façonne l’homme et la femme, que le vent anime de son souffle. Vous n’avez jamais entendu la création du monde racontée ainsi ? Pourquoi pas ? Surprenant ! Mais tellement beau ! Un conte qui vous met plein d’images dans les yeux et vous invite, comme « la vieille », à tricoter, vous aussi, votre propre histoire.

Mais déjà viennent, du fond des âges, Abraham et ses visiteurs, cette histoire d’hospitalité racontée en Genèse 18 que nous avons tous entendue. Une histoire de rire, aussi, face à l’annonce incroyable du Seigneur : Sara, une femme stérile, engendrera une descendance. Alors elle rit. L’avez-vous entendu, ce rire ? Eh bien, il a résonné durant toute l’histoire racontée par NaBi ce soir-là à la Colombière et il a gagné les spectateurs… devenus acteurs: et si le Seigneur m’annonçait quelque chose d’impossible à mes propres yeux, comment réagirais-je ?

Puis c’est au tour du petit Simon, juif, d’entrer en scène, avec tous ses copains, pour « jouer au prophète Elie », « héros national, le prophète des prophètes ». Suivi du prophète Balaam avec son ânesse qui n’en fait qu’à sa tête, « mais, dans cette histoire, allez savoir qui c’est l’âne ». Et du prophète Jonas, qui tente de se dérober à sa mission dans la grande ville de Ninive et qui, une fois que ses habitants sont convertis, est contrarié : décidément, il ne comprend plus Dieu ! « Un prophète est mal payé, il n’est pas écouté et en plus, l’Eternel change d’avis ! » Pour clore la première partie du spectacle, consacrée à l’Ancien Testament, l’histoire de Samson, avec force péripéties dessinant l’opposition entre le bien et le mal qui traverse toute la Bible.

Dépasser la loi

Puis les conteurs emmènent les spectateurs après la Résurrection, en compagnie du gardien de la prison où se trouvent les disciples. Inquiet, il peine à trouve le sommeil… et pour cause: disparus, les disciples, ces « illuminés qui rassemblaient les gens sur les places », et retrouvés à prêcher dans le Temple de Jérusalem. Cela lui rappelle rudement le tombeau vide… « Où va-t-on si les prisonniers s’échappent sans qu’on sache comment et si les morts ne restent plus tranquilles dans leurs tombes ? »

Retour, en fin de spectacle, à l’Ancien Testament avec l’histoire des sages-femmes Shifra et Poua qui, contre l’ordre de Pharaon, laissèrent en vie les bébés hébreux mâles. « Elles obéissent à une loi plus haute que celle de Pharaon. C’est ainsi qu’elles sont mères et sauveurs en Israël. » Et pour boucler la boucle, NaBi est revenu à Abraham… parce que lui aussi, « tombant le visage contre terre », il avait ri !

Narrer la Bible

NaBi propose une ou plusieurs narrations bibliques articulées autour d’un thème qu’il choisit ou en réponse à une invitation. Le groupe est né suite à un week-end de formation à la narration biblique avec Alix Noble qui rassemblait des personnes de diverses communautés protestantes de Fribourg en mars 2008. Puis Alix Noble a mis en contact Débora Kapp, pasteure réformée, et Olivier Fasel, pasteur évangélique. Un week-end de formation à la narration biblique a été proposé et un groupe de cinq personnes a poursuivi ce travail d’oralisation des récits bibliques.

NaBi a commencé en racontant une seule histoire à quatre ou cinq voix, chacun prenant en charge un épisode ; ensuite, sous une tente à FestiBible, fête œcuménique et bilingue autour de la Bible à Fribourg en 2010, les conteurs ont mis bout à bout leurs histoires préférées et formé une association qui s’est dotée de statuts en 2012. Puis le groupe a choisi ses récits dans un seul évangile : ainsi est né « Nectar de Marc » en 2013. S’y sont ajoutés une légère mise en scène et un accompagnement musical. Sont venus « Bouchées de Sagesse » en 2014, « Regards croisés sur la Résurrection » en 2017 et le Festival de Pâques à Fribourg en 2018. En 2020, « C’est pour rire ».

Œcuménique et dynamique

NaBi est à géométrie variable selon les disponibilités: il est composé de chrétiens, mais il serait heureux de pouvoir accueillir des membres d’autres religions. « Pour que la voix plurielle continue à se chercher, se décliner, résonner », dit Débora. Avec deux éléments importants : l’oralité et les textes bibliques. Ceux-ci demandent une attention soutenue pour, relève-t-elle, « ne pas nous encroûter dans une forme de prise de parole et ne pas être trop sûrs d’avoir compris un texte biblique ».

Le groupe est œcuménique « parce que, relève Danilo, la Bible est donnée à tous les chrétiens et ce regard pluriel enrichit notre lecture, puis notre compréhension et notre narration. C’est du joyeux choc de nos idées que naissent les projets que nous aimons présenter ». L’occasion, pour chacun, de « relire la Bible avec un regard renouvelé ».

Un défi ? « Conter hors les murs, au bistrot ou sur la place publique par exemple, avance Débora. En cheminant vers plus d’intériorité dans la mise en scène et en quittant le patois de Canaan pour se risquer à une langue moins connotée. »

Une communauté éphémère

La rencontre se fait avec le public dans la complicité et la surprise et il se forme, au moment de la narration, une communauté éphémère et intense « dans une Parole qui nous traverse et nous élève », constate Débora. « La dimension éphémère me plaît, car elle apparente nos spectacles à de l’art performatif, ajoute Olivier : dans le même lieu, une rencontre est opérée entre les artistes et le public présent corporellement. C’est une sorte d’incarnation incontournable, véritable nourriture de l’âme. »

Des projets ? Les évangiles de l’enfance en novembre en lien avec la prochaine brochure sur l’évangile selon saint Matthieu pour les équipes de l’Evangile à la maison. Et un spectacle autour d’Abraham.

 

En chemin…

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Sacré-Cœur, Ouchy-Lausanne (VD), juillet-août 2021

PAR MARC DONZÉ
PHOTO : MARIELLA HEINZMANN

« Mon père était un Araméen errant », disait-on d’Abraham, et aussi de Jacob, son petit-fils. Pour suivre les appels du Dieu unique et miséricordieux, Abraham entreprit un long voyage. Parti d’Ur, au bord du golfe Persique, il remonta toute la Mésopotamie, traversa le désert de Syrie pour arriver enfin dans la terre de Canaan, aux alentours de Jérusalem. Il dut même aller jusqu’en Egypte. Jacob aussi dut entreprendre la marche jusqu’aux bords du Nil.

« Marche en ma présence et sois droit. » C’était l’appel de Dieu et Abraham mit toute sa foi et toute son énergie pour le vivre.

Si Abraham est le père de tous les croyants, comme l’affirme saint Paul, le chrétien d’aujourd’hui ne doit-il pas être un homme en marche ? Le pape François y tient beaucoup. Il aime à parler d’une Eglise en sortie, d’une Eglise en campagne, d’une Eglise qui va vers les autres avec amour, respect, douceur et générosité. Une Eglise qui se referme sur elle-même, qui protège ses acquis, qui regarde le monde avec méfiance, voire avec mépris, ce n’est pas une Eglise digne d’Abraham, ni de Jésus-Christ.

La paroisse devrait être un point de départ pour « aller vers ». D’ailleurs, suivant l’étymologie, le mot « paroisse » signifie le lieu où l’on passe, un lieu de transit, une halte sur le chemin. Mais, à travers les âges, elle est souvent devenue le lieu où l’on s’installe, le lieu de la stabilité sociale et morale. « L’église au milieu du village », c’est peut-être bien… mais pour aller où, pour aller vers qui ?

Alors, la paroisse du Sacré-Cœur : un sympathique refuge ? ou un point de départ pour aller à la rencontre des hommes d’aujourd’hui, avec leurs soifs de justice, d’amour et d’infini ?

« Viens voir les comédiens, voir les musiciens, voir les magiciens, qui arrivent… », chantait Aznavour. Ils viennent en offrant des beautés et des rires. Et nous, marchant en présence du Seigneur, qu’allons-nous offrir ?

 

Le temps de l’ouverture

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), juillet-août 2021

PAR GENEVIÈVE DE SIMONE-CORNET
PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

L’été est à nos portes. Partira, partira pas ? Après plus d’un an de pandémie, des assouplissements. Enfin ! Et le vaccin, qui nous permettra, nous l’espérons, de reprendre rapidement une vie normale.

A l’église, dans nos célébrations, nous avons pris l’habitude de nous inscrire, de nous désinfecter les mains en entrant et de nous installer sur les places marquées pour garder la distance sanitaire – car nous ne devions pas être plus de cinquante. Nous nous sommes disciplinés. Rejoignant les absents grâce à la chaîne YouTube de l’Unité pastorale. Mais tous ne sont pas revenus, et le visage de la communauté a changé.

Aujourd’hui, nous pouvons être cent à l’église et nous pouvons chanter ! Un bol d’air bienvenu après toutes ces restrictions nécessaires. Nous retrouvons peu à peu notre rythme de croisière en paroisse, et que cela fait du bien !

Quelques timides apéritifs, mais pas encore de grands rassemblements fraternels et joyeux. Pas encore de verre à la buvette après la messe du dimanche – et cela manque à certains ! Car l’Eglise est d’abord communauté, bonheur d’être ensemble avec nos différences qui nous enrichissent. Cette dimension-là est à retrouver. Autrement, sans doute, car la pandémie est passée par là, modifiant nos comportements et nos habitudes. Elle nous a interpellés sur notre manière de prier, d’agir, de vivre la fraternité au quotidien. Ainsi, chacun revient fort de son expérience et de ses réflexions pour bâtir la communauté, laissant peut-être derrière lui des pratiques usées pour cheminer vers du neuf porteur de vie.

L’été nous dispersera encore, mais dehors, au grand air, à l’étranger ou sur les routes et les sentiers de notre pays. Profitons-en pour découvrir, rencontrer, partager, goûter la vie dans ce qu’elle a de simple et de bon, que la pandémie nous avait fait oublier. Relevons la tête, tendons nos mains pour donner, accueillir, entraîner, encourager. Et rencontrer Dieu : il est là, dans la nature, sur les sentiers de montagne ou sur la plage, dans le regard confiant de l’autre, dans les partages simples et vrais. Et si, sur le chemin de nos vacances, se dresse une église ou une chapelle, entrons et tenons-nous en silence quelques instants. Pour rendre grâce, mais aussi pour porter dans notre prière celles et ceux que meurtrit encore la pandémie et celles et ceux qui luttent encore pied à pied pour la faire reculer.

Essentielle solidarité, vivante fraternité. Plus que jamais. Nous sommes tous fragiles, exposés. Mais ce n’est qu’ensemble que nous nous en sortirons. Tous.

 

Pèlerinages à Fribourg

Les merveilles du cœur et des pierres à découvrir en famille

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), juillet-août 2021

PAR JEAN-MARIE MONNERAT | PHOTOS : PIXABAY, DR

Comment se lancer dans un pèlerinage aujourd’hui ? Les frontières entre les pays s’entrouvrent petit à petit, mais les différentes situations sanitaires, ou politiques, constituent autant de freins aux déplacements: difficile de partir à la découverte de la Terre Sainte, par exemple. Et si on se lançait dans la découverte d’un pèlerinage à Fribourg ou dans les environs, en profitant d’en faire bénéficier sa famille et ses amis ? Mais comment définir les critères d’un pèlerinage réussi ? Éléments de réponse avec l’abbé Philippe Blanc, curé de la cathédrale Saint-Nicolas et ancien président, pendant dix ans, de l’Association des directeurs de pèlerinages de France.

Un pèlerin est-il le frère d’un randonneur ? Tous deux marchent, tous deux aiment le plaisir de la découverte, tous deux apprécient la contemplation et l’amour de la nature. Mais le pèlerin se déplace aussi dans un processus qui donne du relief à la vie et engendre de chercher les réponses à un questionnement intérieur. On peut partir randonneur sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle et y arriver pèlerin ! Il convient de noter que le croyant marche en direction d’un lieu de dévotion, un lieu saint qui va l’aider à approfondir sa foi.

« Le pèlerinage n’est pas seulement une démarche culturelle, mais c’est surtout une démarche relationnelle. Le pèlerin part à la rencontre de quelqu’un. C’est une expérience de fraternité » explique Philippe Blanc. Autrefois, les croix, les oratoires et les chapelles balisaient les chemins, véritables panneaux indicateurs de l’époque. Le pèlerin cheminait d’une chapelle à l’autre en priant. Il exprimait ainsi sa motivation religieuse et son esprit de foi. C’est toujours le cas, mais il n’est pas nécessaire d’être catholique convaincu pour se mettre en route, preuve en est le succès phénoménal de Saint-Jacques-de-Compostelle, ou de la Via Francigena, jusqu’à Rome et de bien d’autres pèlerinages au long cours.

Le pèlerinage intègre donc une composante spirituelle et humaine. « Mais il faut partir sans a priori et accepter de se laisser surprendre. On peut prévoir tout un programme, mais c’est l’émerveillement qui va nous étonner et c’est ce que l’on va retenir du voyage » poursuit Philippe Blanc.

Un pèlerinage intègre donc une distance et une durée. Mais il n’est pas nécessaire de traverser moult pays et d’aligner les semaines d’efforts pour en découvrir les bienfaits, pour mieux se connaître, se redécouvrir soi-même et accepter l’expérience de la fraternité : je ne suis pas seul sur le chemin de la vie.

L’histoire de l’Église est une suite de pèlerinages. Abraham, Jésus, ou les pèlerins d’Emmaüs pour ne citer que trois exemples. Plus près de nous, le cardinal Journet effectuait chaque jour son pèlerinage à Notre-Dame de Bourguillon. Saint-Maurice et la chapelle Saint-Beat, tout près du pont de Berne, à l’entrée de la vallée du Gottéron, constituaient des lieux de dévotion prisés des catholiques. Outre Bourguillon, Notre-Dame des Marches, à Broc, est l’un des lieux de pèlerinage les plus connus et les plus prisés du canton. Chaque mois, un pèlerinage part de Fribourg pour Siviriez en priant Marguerite Bays. L’église de Siviriez, la maison de sainte Marguerite Bays, la chapelle de Notre-Dame du Bois ou l’abbaye de la Fille-Dieu constituent tout autant de buts pour les pèlerins. La chapelle de Notre-Dame de l’Épine, où les pèlerins se rendent à Berlens depuis le Moyen Âge pour implorer la Vierge de guérir leurs yeux malades et la chapelle de Notre-Dame de Tours, à Cousset, sont également des lieux de dévotion fort courus dans le canton. Cette dernière fait l’objet d’une jolie légende : comme on avait décidé de détruire la chapelle de Tours, on déplaça la statue de la Vierge dans l’église de Montagny. Or, le lendemain, la statue était revenue miraculeusement dans sa chapelle d’origine. La manœuvre se renouvela à plusieurs reprises et, de guerre lasse, on laissa finalement la statue dans sa chapelle d’origine, à Tours et la statue de la Vierge devint l’objet d’un pèlerinage.

Un chemin biblique d’une fontaine à l’autre

L’Office du tourisme de Fribourg propose un jeu découverte : le défi des fontaines. Onze fontaines, toutes plus belles les unes que les autres font partie de ce parcours. Pourquoi ne pas transformer cette découverte en pèlerinage en famille ? C’est également une manière originale de découvrir les trésors cachés de la ville, au détour des ruelles, des places ombragées et des églises. Un voyage dans le temps et dans l’espace qui pourrait se terminer, par exemple, à la fontaine de Notre-Dame du Rosaire, sur la place d’Affry qui domine le marché aux poissons ou à la fontaine de la Fidélité. Ce soldat vêtu du harnais de guerre de l’époque surveille la route de Berne, tout près de la chapelle Saint-Beat. Autre possibilité de but: la cathédrale Saint-Nicolas qui abrite les reliques de saint Pierre Canisius, saint Nicolas de Flüe et saint Nicolas de Myre, dans la chapelle de Saint-Sépulcre.

Vingt-cinq excursions

Dans son livre, l’abbé Jacques Rime propose vingt-cinq itinéraires à travers les sept districts du canton. Chaque itinéraire illustre un ou plusieurs aspects des riches rapports entre la foi et l’espace : les chapelles du terroir, la civilisation de la procession, les chemins de Compostelle, le christianisme et les points cardinaux, le christianisme et la montagne, la recherche du silence par les moines loin des villes, les lieux naturels dits sacrés… (un arbre, une source), la raison psychologique de l’attrait des grottes de Lourdes, les lieux mémoriels, les cloches et l’espace sonore, etc. De belles découvertes en perspective.
Pays de Fribourg, entre espace et sacré, vingt-cinq excursions
Jacques Rime, Cabédita

Communauté Yéniche en Suisse

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte-Claire (FR), juillet-août-septembre 2021

PAR JEAN-FÉLIX DAFFLON ET BERNARD AEBISCHER
PHOTO : VÉRONIQUE BADER

La communauté Yéniche en Suisse comprend environ 30’000 personnes, dont 3’000 sont restées nomades. Elle forme une minorité nationale reconnue en Suisse. La Confédération écrit dans son 4e rapport sur la Convention-cadre du Conseil de l’Europe pour la protection des minorités nationales: « Le 15 septembre 2016, le Conseiller fédéral et Chef du Département fédéral de l’intérieur Alain Berset, dans son discours d’ouverture de la fête traditionnelle Yéniche, Senti et Manouche, a exprimé que ces minorités suisses sont reconnues comme minorités nationales au sens de la Convention-cadre. » Il a aussi reconnu comme légitime la demande des Yéniches et Senti d’être nommés selon leurs propres dénominations et renonce au terme générique de « Gens du Voyage ». Il a ajouté qu’il ne s’agissait pas de jouer avec les mots, car c’est avec la langue que l’on crée la réalité.

De plus, la culture nomade des Yéniches est inscrite dans la liste des traditions vivantes de Suisse. La culture des Gens du Voyage fut également inscrite dans l’inventaire du patrimoine culturel immatériel des Pays-Bas et de la Belgique.

Origine : on trouve des traces qui indiquent la présence des Yéniches en Suisse dès le
XIe siècle. Leur langue est avant tout orale, mais d’autant plus colorée et vivante. De nos jours, de nombreux clans familiaux sont sur les routes les mois d’été, vivent et travaillent en caravanes.

Cette communauté est très croyante et beaucoup sont catholiques. Les moments forts du calendrier religieux sont importants pour elle. Ce sont les pèlerinages aux Saintes-Maries-de-la-Mer et à la Vierge noire d’Einsiedeln, considérée comme la Mère des Tsiganes. Les Yéniches se rendent en pèlerinage dans cette petite ville de Suisse Centrale et passent plusieurs jours à prier, chanter et exprimer leur foi.

Comme jamais, cette période de pandémie et surtout de confinement, a impacté ces familles déjà en situation précaire. Les plus démunies ont bénéficié d’actions spécialement organisées par la fondation Le Hérisson en relation avec La Chaîne du Bonheur.

 

Journée cantonale des servants de messe

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), juillet-août 2021

Samedi 12 juin, près de 300 servants de messe (enfants et adolescents) de tout le canton ont participé à un rallye biblique à travers la ville de Fribourg. Jeux, pique-nique, rencontres et célébration de la messe par Mgr Charles Morerod dans les jardins de la commanderie Saint-Jean. Retour en photos sur une journée mémorable.

PHOTOS : JOÃO CARITA

Les fiançailles

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), juillet-août 2021

Le mot « fiançailles » évoque pour beaucoup un rite désuet ou alors une demande en mariage romantique officialisée par une bague. Pourtant, ce temps de discernement est une étape qui mériterait d’être revalorisée dans le cheminement vers le mariage. Il s’agit d’une période déterminée durant laquelle les fiancés mûrissent leur projet commun tout en restant libres de s’engager ou non dans le mariage, c’est une voie pour faire grandir et mûrir l’amour dans un couple en approfondissant la connaissance mutuelle.

PAR ADELINE WERMELINGER | PHOTOS : PIXABAY, ISTOCK

À l’image de l’Alliance de Dieu avec son peuple (Osée 2, 16-25), le temps des fiançailles est un temps d’« apprivoisement » réciproque, où les futurs époux bâtissent et consolident la relation en apprenant la confiance, en prenant le temps de la formation et du discernement. Si l’engagement dans le mariage peut faire peur, une relation nécessite des étapes pour avancer. La célébration des fiançailles permet aux couples qui se posent la question du mariage de marquer concrètement leur désir, sans s’engager encore définitivement, mais en faisant déjà un pas de plus. L’Église catholique propose un rituel de bénédiction qui peut également se dérouler dans l’intimité des familles. C’est l’occasion de mettre son couple sous le regard de Dieu, de le remercier pour le chemin parcouru et de lui confier la suite.

Sans être un « pré-mariage », le temps des fiançailles pose les bases de cette vie nouvelle inaugurée par le mariage. La promesse de s’aimer pour la vie se prépare, elle ne peut être tenue que si les futurs époux savent à quoi ils s’engagent et le choisissent librement. Cela n’est possible que s’ils ont laissé ce désir mûrir en eux et entre eux. Quelqu’un pour qui la fidélité n’est pas une nécessité durant les fiançailles aura certainement de la peine à aimer exclusivement la même personne tout le reste de sa vie. Les fiançailles sont également un temps de découverte de l’engagement à venir. Il commence à être vécu durant cette période et prendra son sens plénier avec le sacrement du mariage.

Un sacramental

La célébration des fiançailles est un sacramental et non un sacrement comme le mariage. « Les sacramentaux ne confèrent pas la grâce de l’Esprit Saint à la manière des sacrements, mais par la prière de l’Église ils préparent à recevoir la grâce et disposent à y coopérer. » (Catéchisme de l’Église catholique – CEC 1670) Cette célébration, du fait de la prière des fiancés qui se mettent en chemin sous le regard du Christ, les « prépare à recevoir la grâce » du sacrement de mariage et les « dispose à y coopérer » par la préparation pratique et spirituelle et l’accompagnement dont ils bénéficient de et au sein de l’Église. Les deux parties que comprend la célébration vont dans ce sens. En premier lieu, la bénédiction comme signe sacré. La démarche des fiancés s’inscrit dans un projet commun, avec Dieu. Cela sera signifié par la lecture de la Parole de Dieu. Nous l’avons relevé, l’alliance de Dieu avec son peuple peut être mise en parallèle avec la démarche des fiançailles. Pour le peuple d’Israël, les années de « fiançailles » ont été un temps de bénédiction. La célébration des fiançailles s’inscrit donc dans la logique de l’Alliance que Dieu renouvelle avec son peuple à travers l’amour des fiancés. Dans un second temps, les fiancés feront monter vers Dieu leur action de grâce. Le temps des fiançailles est un temps joyeux ; cependant, les obstacles font partie du chemin.

Une formation humaine et spirituelle

Dans l’exhortation apostolique Amoris Laetitia, le pape François rappelle l’importance de la préparation au mariage en tant que formation humaine et spirituelle, pour « faire grandir l’amour réciproque » (AL,
n° 208) et « découvrir la valeur et la richesse du mariage » (AL, n° 205). C’est également un lieu de « nouvelle évangélisation » : l’amour qui unit les futurs époux reflète l’Amour de Dieu pour eux. Il s’agit certainement là d’un enjeu pastoral de notre temps, et l’année « Famille Amoris Laetitia » nous y rend attentifs. Cela implique un accompagnement des couples durant leur préparation au mariage mais aussi après la célébration et un investissement de la part de la communauté ecclésiale tout entière. Le temps des fiançailles renforce les liens entre les futurs époux, rend leur couple plus fort, leur donne de s’aimer davantage, les prépare au don total d’eux-mêmes qu’ils manifesteront dans les consentements, leur fait découvrir la beauté des sacrements – et en particulier de celui qui les unira – leur permet de vivre dans la joie, la tendresse et la sérénité leur préparation au mariage et de mettre leur cheminement entier sous le regard bienveillant de Dieu.

 

Amoris Laetitia, la joie de l’amour

Le 19 mars 2016, le Pape nous offrait Amoris Laetitia. Cinq ans plus tard, l’année de la famille voulue par François est une invitation à découvrir ou approfondir ce document qui rejoint de manière très concrète les couples et les familles au cœur de leur vécu.

Mercredi 22 septembre 2021, de 20h à 21h au Boulevard de Pérolles 38 à Fribourg.

Animation : Adeline Wermelinger et Bertrand Georges.

Renseignements : pastorale.desfamilles@cath-fr.ch, 026 426 34 84.

 

Une foi en mouvement

Souvent mal aimés, car méconnus, les Yéniches, Sinti et Manouches ont subi nombre de discriminations durant des siècles. En 2016, afin de vaincre les préjugés, le Conseil fédéral leur a promis d’être reconnus en tant que minorités nationales sous leurs appellations correctes et non plus en tant que « gens du voyage ». Mais la route reste longue pour cette population empreinte d’une piété hors du commun.

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS: VERA RÜTTIMAN, VERONIQUE BADER, DR, CIRIC

« Il est réellement présent avec nous tous les jours. C’est une lumière d’espoir qui nous fait avancer. » Vivre sans Dieu est impensable pour Patrick Birchler et la majorité des membres de sa communauté. Une constatation que partagent Christoph Al­-
brecht et sa collègue Aude Morisod, tous deux engagés dans l’Aumônerie catholique suisse des gens du voyage. Qui fut créée en 2003 par la Conférence des évêques suisses en tant que « paroisse non territoriale », afin de s’adapter au mode de vie des voyageurs. L’aumônerie propose des formations bibliques pour adultes, des parcours catéchétiques – selon leur culture, qui fait naturellement des liens –, offre une
présence sur les aires de stationnement, organise les traditionnels pèlerinages annuels et s’occupe de maintenir un lien vivant avec les paroisses sédentaires. « L’expérience de coexistence et d’accueil dans de nombreuses paroisses de Suisse est très positive », affirme Christoph Albrecht. Il note néanmoins que cette intégration dans la vie paroissiale reste très souvent associée aux liens d’amitié noués avec le prêtre du lieu.

L’étincelle divine

Luc de Raemy, prêtre à Payerne, en témoigne. « J’ai noué une amitié avec une famille yéniche lorsque j’étais jeune curé. C’était il y a vingt-cinq ans. Depuis, ils m’ont suivi dans chacune de mes affectations. Aujourd’hui, ils fréquentent la messe dominicale et m’appellent pour des sacrements ou des funérailles. » Mais ce n’est un secret pour personne, la relation entre la communauté yéniche de Suisse et l’Eglise demeure lestée d’un passif « douloureux et honteux », selon Christoph
Albrecht. Jusque dans les années 1970, les autorités ont tenté d’éradiquer la culture nomade, en utilisant massivement la violence et les placements forcés. « Retirés systématiquement de leurs familles (les enfants) étaient placés dans des institutions catholiques, des ordres […] qui travaillaient étroitement avec l’œuvre d’entraide des Enfants de la grand-route », mentionne la fondation « Assurer l’avenir des gens du voyage suisses ». Malgré cela, Patrick Birchler porte un tout autre regard sur ces événements. « L’Eglise est faite d’êtres humains. Ils sont fautifs, mais pas Dieu. L’Eglise reste ce qu’elle est. Il y a des moments où elle nous plaira et d’autres moins. Par contre, la foi restera la même. La confiance en Dieu persistera. Elle est l’étincelle qui brûle tout au long de votre vie et qui nous fait sentir que nous sommes accompagnés, quoi qu’il se passe. »

En chemin avec le Christ

En effet, pour Ludovic Nobel, prêtre et enseignant à l’Université de Fribourg, l’Eglise reste toujours perçue positivement. Lui-même originaire de la communauté yéniche, il réaffirme la centralité de la pratique de foi dans leur quotidien, avec toutefois quelques différences. « La spontanéité occupe une place prépondérante. Lors d’une demande de baptême, il est toujours sous-entendu que cela doit se faire rapidement. » Les signes et rituels revêtent aussi une grande importance. Luc de Raemy présume que cela tient au fait que la communauté a conservé les traditions qui avaient cours pour tous les catholiques, mais qui se sont perdues avec la sécularisation.

Vincent Roos, ancien prêtre de Versoix et actuel curé d’Ouchy, dont les contacts avec les gens du voyage étaient réguliers, avance une autre supposition. « Ces signes sont des balises sur la route. Ils constituent une stabilité dans un quotidien toujours en mouvement. » Il poursuit le fil de sa pensée : « Les horizons qui sont les leurs changent à tout instant. Avancer signifie aussi changer ses horizons. Ces itinérants sont proches de la marche dont parle Jésus. Ils sont dans le mouvement, dans cette dynamique de l’inattendu. Et qu’est-ce que la résurrection du Christ si ce n’est de l’inattendu ! Les voyageurs sont perpétuellement sur la route, et qui mieux que le Christ nous parle du chemin ? Il le personnifie même, en disant : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. » Je crois que nous avons bien des choses à apprendre d’eux. »

« Nous faisons partie de l’Eglise »
Une des préoccupations de la communauté des voyageurs concerne l’offre d’aires de séjour et de passage. Comme en témoignent les enquêtes réalisées par la fondation « Assurer l’avenir des gens du voyage suisses », le nombre de places s’est massivement réduit. Cela surtout en Suisse romande, en Suisse orientale et en Suisse italienne. Et Patrick Birchler ne manque pas de le souligner : « Nous faisons partie intégrante de l’Eglise et souhaitons trouver des emplacements stables. Cela nous permettrait d’y vivre et aussi de nous rassembler au nom de notre foi et de notre Eglise. » Déjà soutenu dans cette démarche par Mgr Lovey, évêque accompagnateur des gens du voyage au sein de la CES, le voyageur réitère son appel à la population : « Si des gens nous lisent et possèdent un terrain à louer avec un accès à l’eau et à l’électricité, ils peuvent prendre contact avec l’aumônerie. Cela nous serait d’une aide précieuse. » Une manière d’une part, d’aller à la rencontre de cette communauté et d’autre part, de leur donner les moyens de pérenniser leur culture.

Lexique terminologique
Yéniches, Sinti, Roms, Tsiganes, Manouches, Kalé, Gitans, voyageurs, sont autant de termes pour définir les personnes qui se rattachent à la grande famille « tsigane ».
Yéniche : ils constituent un groupe en soi parlant sa propre langue et vivent dans toute l’Europe, principalement en Allemagne, en Belgique, en Hollande, en Suisse, en Autriche et en France.
Sinti et Manouches : les Manouches (régions d’Europe francophones) et les Sinti (dans les régions germanophones et italophones) sont les descendants des Roms qui ont émigré en Europe centrale au XVe siècle.
Kalé et Gitans : présents en Espagne, au Portugal, dans le Sud et le Sud-Ouest de la France.
Roms : les Roms sont originaires d’Inde, qu’ils quittent au Xe siècle environ, puis ils émigrent principalement vers l’Europe. La langue romani a des racines sanskrites.
Tsiganes : terme générique désignant l’ensemble de ces familles de peuples.
Voyageurs : synonyme employé pour « gens du voyage ».

Qui sont les « gens du voyage » ?
En Suisse, la population d’origine yéniche est estimée à 35’000 personnes, dont la plupart sont sédentaires. Depuis la fin du XIXe siècle, les autorités, avec parfois la complicité de l’Eglise, ont tenté de réprimer leur mode de vie itinérant en les contraignant à se sédentariser. Ce n’est qu’en 1995 que la Suisse a reconnu les Yéniches, les Sinti et Manouches en tant que minorités nationales. Aujourd’hui, environ 5000 personnes ont conservé ce mode de vie itinérant. Cependant, le nomadisme joue un rôle identitaire essentiel pour ces communautés. La plupart de ceux qui se déplacent encore passent l’hiver sur une aire de séjour, leurs enfants vont à l’école du lieu et les familles sont enregistrées à la commune. Au retour de la belle saison, ils parcourent la Suisse pour rencontrer leurs clients. Les Yéniches, les Sinti et Manouches suisses exercent souvent des métiers traditionnels à titre indépendant. Toutefois, la fondation « Assurer l’avenir des gens du voyage suisses », souligne que la crise du coronavirus a affecté durement ces communautés : le manque de travail « ne leur permet plus de garantir suffisamment de revenus pour couvrir leurs frais courants ».

La famille dans tous ses états

Une approche biblique

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), juillet-août 2021

Ce que nous vivons dans nos familles nous met parfois dans tous nos états, nous agite, nous déplace, nous dépasse, nous fait souffrir. C’est alors que l’on peut s’ouvrir à l’inattendu, à l’autre, au Tout Autre.

PAR MONIQUE DORSAZ | PHOTOS : PIXABAY

Le terme « famille »

Dans la Bible, on ne trouve pas exactement le mot « famille ». On parle plutôt de maison, clan ou tribu. La famille biblique est une entité plus large que la famille nucléaire à laquelle nous pensons spontanément aujourd’hui. Dans les Écritures, la famille est une réalité concrète et ouverte qui évoque la cohabitation et la mise au monde.

Diversité des situations et états de vie

Dans la Bible on trouve beaucoup de diversité. Dieu intègre toutes sortes de situations familiales dans son projet. Les prophètes de l’Ancienne Alliance, ou même les ascendants de Jésus ne sont pas toujours dans une situation « normale » ou « idéale » : stérilité (Genèse 18), veuvage (Ezéchiel 24,
15-27), infidélité (Osée 1-3), manipulation (2e livre de Samuel 11), prostitution
(Josué 2) sont finalement des situations assez communes. Et c’est peut-être ce que l’on peut retenir en premier : la famille dans la Bible n’est pas un idéal, mais plutôt le réel de situations alambiquées, souffrantes, et en fait assez ordinaires. Justement, Dieu vient à la rencontre de ces réalités, il fait avec et se révèle au travers. Dieu assume nos plans B ! Souvent même c’est dans les épreuves que tout se joue, que Dieu se dit, se laisse rencontrer et peut agir.

Intérêt de la Bible pour la relation

homme-femme

Dès le début et jusqu’à la fin, la Bible s’intéresse de façon très particulière à la rencontre entre l’homme et la femme et à leur relation. « Dieu créa l’homme à son image, homme et femme il les créa » (Genèse 1, 27). Dieu dit encore : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul, je vais lui faire un secours, comme un vis-à-vis. » (Genèse 2, 18) Une rencontre homme-femme, c’est mystérieux : elle dit quelque chose de Dieu, comme témoigne saint Paul (Epître aux Éphésiens 5, 22-23). Ça c’est l’objectif, le plan d’ensemble. Reste que dans la réalité concrète des histoires des personnages bibliques, c’est moins évident : Abraham peine à reconnaître que Sara est sa femme (Genèse 12, 20), Jacob est fou amoureux de Rachel, mais se retrouve avec deux femmes (Genèse 9, 18ss), la femme de Potiphar tombe amoureuse de Joseph (Genèse 39, 7ss), Elqana aime sa femme qui est stérile (1er livre de Samuel 1, 5), Abigaïl est mariée avec un fou puis rencontre David (1er livre de Samuel 25, 3). David commet l’adultère avec Bethsabée (2e livre de Samuel 11, 2-4), Joseph le juste est invité à épouser une femme enceinte et la Samaritaine que Jésus rencontre et qui évangélise tout son village a déjà eu plusieurs maris… Dieu assume même les plans C !

Les parents et les enfants

Dans la Bible, on parle aussi volontiers de « fécondité ». C’est d’ailleurs la première Parole que Dieu adresse à l’homme et à la femme : « Fructifiez et multipliez-vous » (Genèse 1, 28). Mais quand on lit la suite, on voit que cela se passe difficilement. Les matriarches sont presque toutes stériles. Qu’y a-t-il à apprendre à travers toutes ces histoires de stérilité ? Peut-être que Dieu veut venir remplir nos incapacités humaines et leur donner une perspective que lui seul peut donner.

On voit aussi des parents qui luttent pour la vie de leur enfant. Hagar doit fuir au désert et pleure pour son fils Ismaël (Genèse 21). La Cananéenne lutte pour sa fille malade (Matthieu 15, 21-28), le Centurion pour son enfant-serviteur (Matthieu 8, 5-13). Jésus dira d’eux qu’ils ont une grande foi. Avoir la foi ce serait donc lutter pour la vie de l’autre et laisser Dieu en placer une ! La Bible nous montre comment les parents font tout pour leur enfant et aussi comment ils doivent les laisser aller. Nous trouvons à répétition la scène d’un père qui « envoie » son fils : Abraham renvoie Ismaël (Genèse 21, 10 ss), Isaac envoie Jacob (Genèse 28, 5), Jacob envoie Joseph (Genèse 37, 13), Jessé envoie David (1er livre de Samuel 17, 17).

La relation avec nos propres parents est aussi un défi ; Joseph, par exemple, va prendre soin du vieux Jacob pendant 17 ans
en Égypte (Genèse 37, 2 ; 47, 28). Ruth s’occupe de sa belle-mère et Tobie de son père âgé. Les parents, il faut aussi s’en détacher, ceci est affirmé depuis le texte de la création : « l’homme abandonnera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme » (Genèse 2, 24). Jésus lui-même aura des paroles difficiles par rapport aux personnes de sa famille et aux parents (Luc 14, 26). Quant à avoir des frères, on voit bien que là aussi, c’est parfois compliqué, et ce depuis le début avec Caïn et Abel, mais encore avec Isaac et Ismaël, Jacob et Esaü, Joseph et ses frères, David et ses frères,… Quant à Jésus, il pose la question de « qui sont mes frères ? » (Matthieu 12, 48)… et il nous dit ensuite que nous sommes tous frères (Matthieu 23, 8).

Dans la Bible, il y a un parti pris pour la réalité. Les relations homme-femme, les relations entre frères sont considérées dans leur complexité et dépeintes avec réalisme. On n’a pas peur d’évoquer ces réalités difficiles, c’est justement là que Dieu devra être convoqué. Dans les Évangiles, Jésus va au-devant des uns et se laisse aborder par les autres quelle que soit leur situation matrimoniale et familiale. Il offre un accueil inconditionnel aux personnes blessées par la vie. Dieu veut venir à notre rencontre pour nous sauver. Il vient là où l’on pourrait avoir envie qu’il ne vienne pas, ces lieux que l’on penserait indignes de Dieu. C’est justement là qu’il veut aussi nous rejoindre.

Les mêmes mots sont utilisés pour parler de Dieu

Si les mêmes mots sont utilisés pour dire la réalité des relations humaines, « père », « fils », « époux-épouse », « frères » et les réalités de Dieu, c’est parce que tout amour humain trouve en Dieu sa source et sa deuxième naissance. Les choses humaines sont habitées par ce qui se vit en Dieu. Celui qui écoute la Parole est amené à comprendre encore plus profondément ce que signifie être fils, être père, mère, épouse, etc.

– Que la relation parent-enfant soit belle ou difficile, elle nous ouvre à un autre Père qui veille sur nous.

– Les relations fraternelles ou de cousinage ne constituent pas le tout de notre vie, nous pouvons être amenés à découvrir des liens de fraternité plus forts que les liens du sang. C’est une réalité très présente dans le Nouveau Testament. Nous avons une multitude de « plus que frères ».

– Si nous accordons tant de prix aux « noces humaines », c’est parce qu’elles sont habitées par un projet plus grand. Elles s’intègrent dans le grand projet des noces de Dieu avec l’humanité. Jésus le célibataire s’est souvent présenté comme « l’époux », nous sommes faits pour entrer avec lui dans ces noces éternelles auxquelles tous sont largement invités : « Heureux les invités aux noces de l’agneau .» (Apocalypse 19, 9)

 

Une quête Dieu point zéro

Fini de fouiller ses poches à la recherche de pièces à glisser dans le panier de la quête. La paroisse Saint-François de Sales, à Genève, propose à ses ouailles de dégainer leurs smartphones durant la messe… pour faire un don. Depuis cette proposition innovante, le paiement sans contact est devenu « monnaie courante » !

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTO : DR

Pionnière en Suisse romande, la paroisse Saint-François de Sales s’est appuyée sur une application développée par une start-up française. L’application La Quête, disponible en version Androïd ou Iphone compte déjà soixante diocèses et plus de 12’000 paroisses à son actif. En Suisse, l’application intéresse d’autres paroisses mais demande plus de temps pour s’implanter qu’en France. A la différence de notre voisin, où la totalité des dons sont gérés par le diocèse, chaque Eglise romande doit faire une demande d’adhésion individuelle destinée à la récolte de ses propres dons.

Les paroissiens de Saint-François de Sales sont encouragés à sortir leurs téléphones durant la messe. Une hérésie ? Que nenni ! Le smartphone sert, depuis l’été 2018, une juste cause : la diversification des moyens de dons. Gregory de Foy, trésorier de la paroisse, en dresse d’ailleurs un bilan plutôt encourageant : « Les paroissiens ont réalisé que l’application est facile à installer et à utiliser. Nous sommes passés d’une quinzaine de familles qui l’utilisent de manière régulière à une trentaine. » Autre point positif, « nous avons aussi amorcé un réel dialogue avec les paroissiens sur l’état des finances de la paroisse », clarifie Gregory de Foy. Il ajoute, « parler d’argent reste souvent un tabou et cette application nous a donné l’opportunité d’aborder ce sujet ouvertement ». Aujourd’hui, outre la quête via smartphone, la paroisse propose aussi de faire des dons par le bais d’un module online permettant d’utiliser une carte de crédit. « Cette révolution numérique a vraiment facilité l’accès aux dons. En plus, les donateurs peuvent, comme avec le traditionnel panier, rester totalement anonymes », avance le trésorier de Saint-François de Sales. Pour ceux, au contraire, ne sollicitant pas l’anonymat, il est possible de déduire de la déclaration fiscale l’obole faite à la paroisse. « Cette nouveauté a donné une réelle impulsion à la récolte de dons. »

Des vacances ressourçantes?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), juillet-ao û t 2021

PAR L’ABBÉ ALEXIS MORARD, DOYEN
PHOTOS : PIXABAY, AM

Comment abordons-nous ces deuxièmes vacances d’été sous l’ère Covid? Avons-nous fait émerger une liberté qui s’épanouit en dépit des contraintes? Un philosophe romain, qui n’est autre que l’empereur Marc Aurèle, a des paroles de sagesse qui nous font redire que tout n’est pas dans la plage ou la balade : c’est un pèlerinage en direction du cœur qui nous ressourcera…

Nulle part l’homme ne trouve de retraite plus tranquille que dans sa propre âme.

« Ils se cherchent des retraites, chaumières rustiques, rivages des mers, montagnes : toi aussi, tu te livres d’habitude à un vif désir de pareils biens. Or, c’est là le fait d’un homme ignorant et inhabile, puisqu’il t’est permis, à l’heure que tu veux, de te retirer dans toi-même. Nulle part l’homme n’a de retraite plus tranquille, moins troublée par les affaires, que celle qu’il trouve dans son âme, particulièrement si l’on a en soi-même de ces choses dont la contemplation
suffit pour nous faire jouir à l’instant du calme parfait […]. Donne-toi donc sans cesse cette retraite, et, là, redeviens toi-même. Trouve-toi de ces maximes courtes, fondamentales, qui, au premier abord, suffiront à rendre la sérénité à ton âme et à te renvoyer en état de supporter avec résignation tout ce monde où tu feras retour. » *

Bel été !

* Marc Aurèle, Pensées, in Les Stoïciens, trad. E. Bréhier, Paris, La pléiade, Gallimard, 1962, IV.

Une année avec saint Joseph

Il y a quelques mois, le Pape a ouvert une année consacrée à saint Joseph, patron des familles et des travailleurs. Méconnu, ce grand saint est un soutien particulier pour traverser les périodes troublées.

PAR BÉNÉDICTE DROUIN-JOLLÈS | PHOTO : DR

Le Pape veut « dépoussiérer » saint Joseph ; sa décision de le remettre à l’honneur est le fruit d’une méditation mûrie pendant le premier confinement. Il nous la partage dans la lettre Patris corde. Beaucoup comme Mgr Alain de Raemy l’ont remarquée et saluée. « Comme toutes les lettres, elle pourra être lue et relue, ce ne sera pas du temps perdu, je n’ai jamais vu en si peu de pages un si grand condensé de sagesse chrétienne… Il est tout sauf compliqué, écrit aux jeunes l’évêque auxiliaire du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. »

Le pape François présente Joseph, un peu comme un grand-père livre ses trésors à ses enfants et petits-enfants. « Chaque malade, chaque pauvre, chaque père de famille soucieux, chaque époux inquiet est un enfant dont Joseph se préoccupe… » Il est tellement discret qu’on peut l’oublier. « Il nous rappelle que tous ceux qui sont apparemment en « deuxième ligne » jouent un rôle inégalé dans l’histoire du salut. » Joseph, père adoptif du fils de Dieu est aussi l’époux et protecteur de la Vierge Marie. Dommage d’aller vers l’un ou l’autre sans le rencontrer.

A une époque où la paternité est parfois difficile à assumer sereinement, le Pape propose celle de cet homme qui reçoit sa force et sa tendresse de Dieu. Malgré les contrariétés, il avance confiant et obéissant et les surmonte avec un « courage créatif ». A l’heure où les relations entre hommes et femmes sont parfois tourmentées, le Pape montre en exemple cet homme empreint de respect et de délicatesse, fidèle et présent malgré les difficultés. Tout comme Marie à l’annonciation, il croit à l’appel reçu de Dieu. Qu’il nous aide à avancer avec la même confiance au cœur de nos familles.

Le difficile chemin vers l’amour

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur de l’Entremont (VS), juillet-août 2021

Créé par amour pour aimer… Ces quelques mots tirés de la prière du pèlerin de la montagne résument tant l’origine que le but de chaque existence. Mais derrière la simplicité des mots se cache la complexité de la vie. Car l’amour a des concurrents, sérieux, innombrables et actifs. Entretien avec Mme Marylou Del Sordo Voutaz, aumônier à l’ERVEO d’Orsières, depuis 10 ans.

Par Michel Abbet | Photos : Annelyse Bérard, DR

Quelle est votre activité au sein de l’ERVEO ?

Je rencontre les jeunes tous les mardis sur le temps de midi. Ces échanges sont facultatifs. Les thèmes abordés sont l’amitié, apprendre à se connaître, du coup de foudre au grand amour, est-ce important de croire en Dieu, la mort, le spiritisme, les jeux vidéo, les addictions, les témoignages, etc. 

Des thèmes que vous proposez ?

Non, ce sont les jeunes qui me les demandent, et la sexualité est le sujet le plus récurrent. Je trouve ça normal, c’est à cet âge qu’on se pose beaucoup de questions. J’essaie de témoigner, quand je peux, que Dieu est le créateur de l’homme, donc de l’amour qui émane de l’homme.

Parler d’amour, c’est difficile…

Cela ne devrait pas, puisqu’il fait vivre le cœur de chacun. Dès son plus jeune âge, l’enfant se nourrit de l’amour de ses parents. Puis, progressivement, il est appelé à construire sa propre histoire d’amour.

Magnifique programme…

C’est sûr… si cette construction peut se dérouler dans de bonnes conditions. D’où le désir de donner au jeune des bases saines pour qu’il puisse faire son chemin de manière harmonieuse.

Qui dit chemin dit aussi durée…

Oui, l’amour se prépare, il a besoin d’une lente maturation pour s’épanouir. Laissons aux jeunes ce temps d’apprentissage si important.

Vous avez l’impression qu’ils n’ont plus ce temps ?

C’est plus qu’une impression, c’est une conviction et même une certitude.

Qu’est-ce qui vous fait penser cela ?

L’évolution de la technique a complètement modifié notre façon de vivre. Tout s’est accéléré. Il y a une satisfaction quasi immédiate des besoins. Si du point de vue matériel on peut y trouver des avantages, en amour c’est une tout autre question. L’amour a besoin de temps. De plus, il est exigeant et demande souvent des efforts. On est loin du plaisir tout de suite assouvi.

La technique a modifié les habitudes ?

Pas besoin de se cacher la face ni de prendre des chemins détournés. Cela fait longtemps que je côtoie les jeunes, j’ai pu me rendre compte que la transformation ne touche pas seulement leurs habitudes, mais aussi leur personnalité. Aujourd’hui, on donne presque un Natel à chaque jeune, alors qu’il n’est même pas encore adolescent. Et souvent, on le laisse se débrouiller, sans contrôler ce qu’il en fait. Avec ce qu’on trouve sur Internet, cela me semble irresponsable.

Vous n’exagérez pas un peu ?

Malheureusement non. Très tôt, les jeunes sont confrontés à la pornographie. Pour la construction de leur personnalité, ces images sont destructrices. De plus, elles créent très vite un sentiment d’addiction et une image perverse de l’amour. C’est exactement ce que recherchent les auteurs de ces films.

Qu’est-ce qu’il faudrait faire ?

Se révolter ! Ne pas accepter qu’on malmène ainsi notre jeunesse et l’ensemble des gens. La pornographie ne trouble pas seulement les jeunes, elle a un effet considérable aussi sur les adultes qui sont les plus grands consommateurs. 

Quel effet ?

D’abord, la pornographie réduit l’acte sexuel à un simple jouissance physique. C’est un mensonge. L’acte sexuel est le sommet d’une relation humaine, il exige une confiance et un amour absolus entre les deux partenaires. Ensuite, elle crée chez les individus une dépendance toujours plus forte. Toujours plus souvent, plus longtemps, plus violent, plus salace : ce sont les quatre règles du porno. La personne qui se laisse prendre va s’isoler toujours davantage et devenir dépendante de ces images : sa vie sociale et sa relation à l’autre vont s’en trouver très perturbées. Information importante : les filles sont autant touchées par ce phénomène que les garçons. 

Que faut-il faire pour lutter contre ce fléau ?

D’abord en parler : beaucoup, souvent, librement. Trop longtemps on a confondu intimité et silence. Aujourd’hui, il faut communiquer aussi sur le thème de l’amour, c’est une urgence. Avec ses enfants surtout ! Avant l’âge d’entrée au cycle, il est pratiquement certain que la plupart des élèves ont déjà vu des images pornographiques voire des films. Or, les professionnels sont unanimes : des images pornographiques vues avant l’adolescence sont assimilables à un viol visuel. Il faut les prémunir, les préparer, car pour eux, la première fois qu’ils verront ces images, ce sera comme une agression. Et c’est important qu’ils sachent que ce qu’ils ont vu ne correspond pas à la réalité. Formons-les. Les moyens existent. Utilisons-les ! 

Quelques mots avec M. Josué Lovey, directeur du CO d’Orsières

M. le directeur, quand on évoque la pornographie…

De plus en plus de jeunes y sont confrontés. Notre école, comme n’importe laquelle d’ailleurs, n’échappe pas aux problèmes de société. Nous devons en être conscients.

Alors…

Alors, il faut dire que les jeunes du CO dans leur ensemble vont bien. Mais la multiplication du temps sur les écrans mène à des dérives, dont celle que vous traitez dans cet article.

Ensuite…

Il est préférable de ne pas se focaliser sur ce seul aspect mais d’aborder la personne dans son ensemble. L’école met en place passablement d’activités  de prévention (ateliers SIPE, programme « Sortir ensemble et se respecter », cours sur les dangers liés à internet,…). A travers sa charte et la médiation par les pairs, notre école promeut des valeurs qui favorisent une vie commune agréable et un respect mutuel.

Ce qu’en disent les jeunes

Je trouve que le monde a évolué de façon négative. Tout le monde peut avoir accès à des vidéos ou photos pornographiques. Tout est livré au public, même les petits peuvent avoir accès, ce qui ne devrait pas se faire. Le porno ne respecte pas l’image des femmes ou de l’humain.

Je trouve cool de pouvoir parler à l’aumônerie de sujets que l’on n’aborde pas forcément à la maison et de pouvoir donner son avis. 

J’apprécie d’avoir une heure comme l’aumônerie où l’on peut parler de tout. Au sujet de la pornographie, c’est dommage qu’il y en ait tant, partout. Mais si ça fait plaisir aux gens, pourquoi pas, mais sans abus.

A l’aumônerie, on peut parler de tout, c’est bien. Pour moi, la pornographie est faite pour les garçons et pas pour les filles. 

Jeux, jeunes et humour – juillet-août 2021

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Dieu prend-il des vacances ?
Dieu, cotrairement à nous qui devons prendre des temps de repos, est disponible 24h sur 24 chaque jour de l’année.
Il ne prend pas de vacances et demeure tout le temps là au fond de ton cœur pour t’écouter. A chaque instant, tu peux donc lui confier tes joies et tes peines, le remercier pour ce que tu vis de beau et lui demander de t’aider dans les situations difficiles.

par Pascal Ortelli

Humour

Un monsieur passait deux fois par semaine la frontière franco-suisse en vélomoteur.
Interpellé par le douanier pendant près de vingt ans, notre gaillard avait toujours la même réponse : « Rien à déclarer ! » Le douanier avait tout contrôlé : les sacoches, l’intérieur de la fourche, les pneus, la chambre à air, le dessous de la selle.
En vain ! Parvenu à un jour de la retraite, le douanier demanda au frontalier, en lui promettant de ne pas l’amender : « Allez, dites-moi, qu’est-ce que vous faisiez passer en douce ? » « Des vélomoteurs ! »

par Calixte Dubosson

Via Jacobi: Fribourg – Payerne

Texte et photos par Pascal Ortelli

Le mythique chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle traverse la Suisse romande, de Fribourg à Genève. Au-delà des sentiers battus, la Via Jacobi regorge de curiosités. Chaque mois, L’Essentiel prend son bâton de pèlerin et en réalise un tronçon sous forme d’une balade familiale à faire sur la journée. Aujourd’hui, cap sur Payerne à la découverte d’une variante officielle entre aqueduc et château.

Départ depuis la gare de Fribourg, 6h aller simple, 23, 7 km

1. Sortez en direction de la gare de bus pour rejoindre les escaliers du Guintzet. A leur sommet, poursuivez en direction de l’hôpital cantonal jusqu’à Villars-Vert. Entrez dans le bois de Belle-Croix par la sortie sud-est du double rond-point.

2. Continuez dans le bois de Moncor puis prenez à gauche au triage forestier pour rejoindre Village Suisse et la forêt de Verdilloud. Un sentier raide vous conduit sur les crêtes forestières de Seedorf.

3. Rejoignez le village de Noréaz puis au milieu de la descente, prenez la route agricole à droite et descendez jusqu’aux Moulins-de-Prez dans le magnifique vallon de l’Arbogne. Vous y découvrirez peut-être les vestiges d’un ancien aqueduc romain.

4. L’arrivée à Montagny-les-Monts avec son imposante tour médiévale ne manque pas de souffle. Poursuivez le long de la route principale jusqu’à Cousset. Prenez sur votre droite jusqu’à la STEP où, après une courte montée, il vous sera facile de rejoindre le sanctuaire Notre-Dame de Tours

5. Suite à la décision de détruire la chapelle, on raconte que la statue de la Vierge de Tours déplacée à Montagny serait revenue miraculeusement et à plusieurs reprises à son emplacement d’origine.

6. Continuez en direction de Corcelles pour rejoindre Payerne en ne manquant pas de visiter la collégiale.

Le retour se fait aisément en train. Il est possible de réaliser cette étape à vélo en sortant du bois de Verdilloud par la gauche pour prendre la route de Seedorf et non les crêtes, moyennant un passage plus technique avant les Moulins-de-Prez.

Curiosité

La tour médiévale de Montagny pour son panorama.

Coup de cœur

La place de pique-nique au-dessus de Seedorf pour une grillade en famille.

En librairie – juillet-août 2021

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Si je n’annonce pas l’Evangile…
Odile Pruvot

« Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile ! » Depuis le soir même de leur mariage, il y a 25 ans, Mawa et son mari Tobie suivent à la lettre ces mots de saint Paul. Contre vents et marées, le week-end ou pendant leurs vacances, Tobie est juché sur sa caisse, Mawa distribuant des versets de la Bible dans les rues, sur la plage et autour d’eux. A travers un journal sincère et plein d’humour, Mawa partage les souvenirs d’une année d’évangélisation. Joies, difficultés, rencontres ou désillusions s’égrènent au fil des pages, livrant un portrait touchant des missionnaires des rues. Un livre délicat, profond et drôle, qui donne envie de se lancer sur les chemins et de rejoindre ces messagers du Christ au XXIe siècle.

Mame

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Les catholiques, c’est pas automatique
Jean-Pierre Denis

Que nous arrive-t-il ? Quel est le sens de cette pandémie ? Que reste-t-il de nos visions de la vie, du monde, de l’homme ? Où allons-nous ? Et où est passé Dieu dans tout ça ? Répondant du tac au tac à son contemporain dépressif ou dubitatif, Jean-Pierre Denis lui oppose les leçons de la Bible. Lui déniant de réduire la foi à un fidéisme ou à un fanatisme, il montre la fulgurante actualité de l’Evangile. Un dialogue enlevé, lumineux, frappant. Un essai ravageur d’humour et pétillant de profondeur. L’irrésistible appel à la lucidité d’une grande voix spirituelle d’aujourd’hui.

Cerf

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Les grands-parents, trésors irremplaçables
Guy Gilbert

Guy Gilbert, prêtre-éducateur, met en lumière la joie et l’utilité qu’il y a à être grands-parents dans la société actuelle. Il explique que ces personnes sont en pleine forme, pouvant ainsi mettre leur énergie au service de leurs petits-enfants et qu’elles ont tout le loisir de raconter l’histoire des familles ou des villages tout en prêtant une oreille attentive à leurs petits-enfants. Un livre fort sur l’utilité et la joie d’être grands-parents aujourd’hui. 

Philippe Rey

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L’Odyssée de saint Paul
Dominique Bar

Connaissant parfaitement les écritures, Saul veut défendre la doctrine juive contre les enseignements de ces illuminés qui se prétendent prophètes et messies, le pire étant bien sûr ce Jésus, crucifié il y a quelques années. Intransigeant, Saül participe aux persécutions des premiers chrétiens. C’est sur le chemin de Damas, où il devait purifier la ville des sectes chrétiennes que Saul est terrassé par le Christ. Toute son énergie et sa force de conviction vont être maintenant au service de l’annonce de l’Evangile. Cette BD entraîne le lecteur à la suite de l’apôtre des gentils, sur le chemin de Damas de la conversion aux routes de l’évangélisation.

Editions du Triomphe

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Lourdes autrement… aussi en Suisse !

PAR CHANTAL SALAMIN | PHOTOS : BERNARD HALLET

Toutes les infos sur pele-ete-lourdes.ch

Quand vous demandez à une personne qui revient d’un pèlerinage à Lourdes: « Alors, raconte ? », vous vous entendrez probablement répondre: « Lourdes cela ne se raconte pas, cela se vit ! Viens avec nous l’année prochaine. »

Alors que les trois derniers pèlerinages interdiocésains à Lourdes ont dû être annulés en 2020 et mai 2021, qu’un pèlerinage en juillet 2021 comme avant ne peut pas avoir lieu, la commission pastorale qui prépare les célébrations et veille à ce que l’esprit du Christ souffle dans le cœur des pèlerins a pris la décision de proposer « Lourdes autrement » : à Lourdes, en pérégrinant dans les différents cantons romands et même depuis chez soi !

Des rencontres en présence-ciel

S’il est impossible de raconter Lourdes, c’est qu’on y goûte déjà le ciel. L’été, toutes les générations se rencontrent autour des malades… avec eux nos visages s’illuminent.

Chaque « groupe » – enfants de 7 à 12 ans, ados de 12 à 15 ans et jeunes de 16 à 25 ans, familles avec des enfants en bas âge, hospitalier-ères, chanteur-ses, pèlerin-es, malades – vit des moments qui lui sont propres, de petits pèlerinages adaptés, et se retrouvent pour célébrer ensemble dans une grande famille qui chemine avec le Christ, Marie et Bernadette.

Un pèlerinage depuis chez soi

A l’heure où paraît cet article les inscriptions sont closes pour aller à Lourdes ou participer aux journées en Suisse.

Mais vous pouvez le vivre avec des amis, en famille, en visite à l’hôpital ou dans un home… grâce au carnet de route du pèlerin et à la diffusion des principales célébrations sur internet.

Les liens de téléchargement et de visionnage sont disponibles sur le site du pèlerinage pele-ete-lourdes.ch

Lourdes autrement… depuis là où vous serez, ne manquez pas l’occasion de faire découvrir
l’esprit de Lourdes en le vivant en famille et avec vos amis !

PASAJ de témoin

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), juillet-août 2021

Cet été, une page se tourne pour la Pastorale d’animation jeunesse (PASAJ) de Nyon-Terre Sainte. Après six ans en tant qu’animateur du groupe de jeunes, Stéphane Ernst passe le témoin à Charlotte Obez. Il avait succédé à Roberto De Col, aujourd’hui responsable cantonal de PASAJ. Témoignages.

Par Roberto De Col, Stéphane Ernst et Charlotte Obez
Photos : Audrey Boussat, Roberto De Col, Charlotte Obez et DR

Des amitiés pour la vie

Pour Roberto De Col, les jeunes d’aujourd’hui ont pour mission d’être la lumière du monde.

Par Roberto De Col

J’ai été animateur jeunesse dans l’Unité pastorale Nyon-Terre Sainte de septembre 2006 à août 2015. J’en garde des souvenirs incroyables. Parmi les plus mémorables, il y a la rencontre de Taizé à Genève, le Festi’Flash, les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) à Madrid, une aventure solidaire au Togo, un camp de marche en Islande, les rencontres de groupes de jeunes et la mise sur pied de dimanche 19h, la messe mensuelle des jeunes à la Colombière. Mais ce qui m’a le plus marqué, ce sont les relations humaines et les amitiés nouées pour la vie !

Le défi pour aujourd’hui ? Celui de toujours, mais plus d’actualité que jamais : « Etre la lumière du monde ». En ce temps d’incertitude, nous avons tous besoin de nous projeter vers l’avenir avec confiance. Les jeunes chrétiens, remplis d’espérance, ont un rôle central à jouer dans ce projet.

Des expériences inoubliables

C’est dans le cadre d’une reconversion professionnelle que Stéphane Ernst est devenu animateur jeunesse.

Par Stéphane Ernst

Après 23 ans dans l’univers de l’informatique bancaire, j’ai décidé d’effectuer un changement de cap drastique dans ma vie professionnelle. C’est ainsi qu’en 2014 j’ai vécu une année de discernement avec Roberto De Col à Nyon et avec le groupe de jeunes (dont Charlotte faisait déjà partie).

J’ai vécu durant toutes ces années des moments magnifiques. Certains m’ont particulièrement marqué : tout d’abord, le voyage à Cracovie (Pologne) pour les JMJ 2016, ma première grosse expérience en tant qu’animateur; dans la foulée, l’organisation des JMJ romandes en 2017 à la Colombière, une rencontre qui a attiré plus de 250 participants ! Nous avons repoussé nos limites sportives lors d’un pèlerinage sur le chemin de Compostelle en 2017 et d’un itinéraire à vélo de Delémont à Nyon, accompagnés en partie ou entièrement par notre évêque, Mgr Charles Morerod. Je garde enfin un souvenir indélébile du voyage incroyablement enrichissant que nous avons effectué en 2019 en Arménie avec une guide locale.

Durant ces années, j’ai rencontré des jeunes super motivés et motivants. Je suis reconnaissant à Dieu pour les richesses qui se vivent et qui sont encore à vivre !

Une vocation à explorer

Charlotte Obez souhaite se mettre au service de Dieu. Où et comment ? Elle va vivre une année de discernement.

Par Charlotte Obez 

Il y a quelques années, lors d’une retraite, une femme s’est approchée de moi pour me bénir. Elle a dit ces mots dans sa prière : « Seigneur, donne-lui la grâce de témoigner dans le monde et de rayonner auprès des jeunes ». Pendant de nombreuses années, cette phrase est restée dans un coin de ma tête sans prendre une véritable importance.

Le temps a passé et je n’ai cessé de grandir dans ma foi. Je me posais toujours la même question : « Quel projet Dieu a-t-il pour ma vie ? Quelle est ma vocation ? ».

Mon parcours m’a toujours orientée vers la jeunesse. J’ai d’abord souhaité être éducatrice de la petite enfance, puis pédiatre ou encore psychologue scolaire. J’ai finalement choisi l’enseignement et je termine ma formation cette année. Etant engagée dans le groupe de jeunes depuis presque dix ans et ayant pris part activement à la vie de notre Eglise toutes ces années, j’ai eu le sentiment que je devais faire davantage. Dieu m’a fait comprendre, de bien des manières, que je devais lui faire confiance et répondre à ses appels. J’ai alors eu la conviction que je devais consacrer une année à discerner ma vocation dans l’Eglise.

Par mon engagement auprès des jeunes, je souhaite que le groupe qui m’a accompagnée dans la foi continue de porter des projets qui nous rapprochent du Christ. Je veux permettre aux jeunes d’approfondir leur foi et de découvrir l’amour intense que Dieu porte à chacun d’entre nous. C’est un grand défi, mais je suis pleine d’enthousiasme et prête à le relever. Je me réjouis de vivre des moments intenses et enrichissants avec les jeunes.

PASAJ en bref

La Pastorale d’animation jeunesse (PASAJ) existe depuis 2002. Elle fêtera ses 20 ans lors des JMJ romandes à Lausanne les 7 et 8 mai 2022.

• PASAJ emploie une vingtaine d’agents pastoraux principalement répartis dans deux secteurs d’activité : la coordination et l’animation jeunesse dans les unités pastorales du canton de Vaud et l’aumônerie dans les gymnases, les écoles professionnelles, l’EPFL, les universités et l’Ecole hôtelière de Lausanne.

• PASAJ organise aussi divers événements qui rassemblent les jeunes au niveau cantonal : les JMJ (romandes, suisses ou internationales), des voyages à Taizé, les montées vers Pâques pour les jeunes de 13 à 25 ans.

Le groupe de pèlerins qui s’est rendu à Saint-Jacques-de-Compostelle tout sourire au départ de Porto.
Le groupe de jeunes à la découverte de Karahunj, un ancien site d’observation des astres en Arménie.
Une partie des bénévoles des JMJ 2017 portant un tee-shirt dont le logo a été réalisé par Charlotte (à gauche sur l’image).

Présence auprès des Gens du Voyage

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte Marguerite Bays (FR), juillet-août 2021

En Suisse, les Gens du Voyage font partie d’une longue tradition. Ils sont appelés Yéniches; l’analyse linguistique de leur langue montre une base de rotwelsch, dialecte germanophone parlé dans la région de Bâle – Aarau – Zurich au 11e siècle déjà (cf. Ch. Bader, Yéniches, les derniers nomades d’Europe, éd. l’Harmattan, 2007).
Cela prouve leur présence sur notre territoire déjà avant la création de la Confédération.

PAR CR ET AUDE MORISOD
PHOTOS : AUDE MORISOD

Aujourd’hui, une partie d’entre eux se sont sédentarisés, tandis que d’autres sont toujours nomades ou semi-nomades.

S’ils voyagent dans le pays, jusque dans la Glâne, c’est d’abord pour des raisons de travail. Leurs métiers varient : ils sont rémouleurs, brocanteurs, vanniers, merciers, récupérateurs de métaux, etc. Nous avons interviewé Aude Morisod qui les accompagne depuis de nombreuses années dans le cadre de l’Aumônerie catholique suisse des Gens du Voyage :

Pourriez-vous nous dire ce qui vous a motivée à ce type d’engagement ecclésial ?

J’ai commencé par être marraine de confirmation d’une femme yéniche de mon âge environ. C’était en 1995. Un chef de famille avait demandé la confirmation pour nombre de personnes de sa parenté, et le frère Jean-Bernard Dousse OP avait préparé le groupe à recevoir le sacrement. Tout de suite je me suis sentie bien parmi eux. Avec le frère Jean-Bernard et une Petite Sœur de Jésus qui avait vécu parmi les Nomades, nous avons commencé à les accompagner, mais d’emblée dans une réciprocité, c’est-à-dire que tout de suite il y a eu parmi les Yéniches des personnes engagées en Eglise : nous avons grandi ensemble « à hauteur du regard ».

Pourriez-vous nous dire quelque chose de leur identité ?

Les Yéniches sont des Tsiganes. Cependant ils sont d’origine européenne.

Ont-ils des traditions ?

Oui bien sûr, et très importantes, car elles soudent leur appartenance au groupe familial.

Ont-ils une appartenance identitaire au pays, ou font-ils partie de l’ensemble des Gens du Voyage présents en Europe ?

On peut dire les deux ! Dans le sens qu’ils se sentent pleinement suisses, à juste titre, si l’on considère leurs origines (voir plus haut). J’ai coutume de dire qu’ils furent suisses avant moi, dont le canton d’origine, le Valais, n’est entré qu’en 1815 dans la Confédération. Mais encore davantage, si l’on sait que les chants populaires de notre Suisse profonde ont été composés par des musiciens yéniches. Je songe par exemple à Grüezi wohl, Frau Stirnimann ! Et oui encore, d’autre part, ils revendiquent une appartenance à l’ensemble des familles tsiganes qui sont en Europe. Nous en faisons la belle expérience en participant aux CCIT (Comité catholique international tsigane), qui rassemblent des Rom, des Manouches, des Sinti, des Travellers, des Gitans, bref, différents Tsiganes de toute l’Europe, engagés en Eglise.

Pourriez-vous nous décrire leur situation civique aujourd’hui dans notre pays ?

Leurs conditions de vie se sont sans doute améliorées dans leur quotidien, mais cependant le grave problème est le manque drastique de places de stationnement. En Suisse, à peine 50% des besoins en places est couvert. Pour ce qui est du canton de Fribourg, une action est en cours auprès du Conseil d’Etat, plus spécialement auprès du Département de l’Aménagement du Territoire, pour obtenir une seconde place permanente pour l’hiver, car la place de la Pila sur la commune d’Hauterive ne suffit plus. Les familles s’agrandissent très vite, on se marie jeune chez les Yéniches. Les citoyens suisses doivent faire de la place, au sens propre comme au sens figuré, à leurs concitoyens nomades. C’est juste une attitude civique envers d’autres concitoyens.

Pourriez-vous nous décrire le ministère de l’Aumônerie au sein de ce groupe ?

Par membres de l’Aumônerie, nous entendons à la fois des Sédentaires, – dont notre aumônier national, le Père Christoph Albrecht SJ –, et aussi des Voyageurs, qui désormais assurent les catéchèses d’enfants, leur préparation aux sacrements de la première communion, ou qui accompagnent les adultes en leurs partages bibliques, selon leur culture. L’Aumônerie assure donc le lien à l’institution Eglise catholique, dans les deux sens : à la fois en permettant aux Voyageurs de se retrouver comme catholiques inclus dans la communauté ecclésiale, et, dans un sens réciproque, en ouvrant les autres catholiques à la culture yéniche, en se laissant renouveler, rafraîchir, en quelque sorte, par leur manière sans doute plus directe, plus immédiate, de considérer la religion, la relation à Dieu et aux autres. Nous avons tous à apprendre des autres en leur différence.

Auriez-vous un message à donner au peuple glânois en leur nom ?

Oui bien volontiers ! Quand vous rencontrerez des Yéniches, si c’est à l’intérieur de votre église, laissez-vous interpeller par leur sens inné du sacré, par leurs chants
si joyeux, par leurs familles qui rassemblent 4 ou 5 générations. Et si c’est à la porte de votre maison, parce qu’ils vous demanderaient un travail que vous pourriez leur offrir, ne le leur refusez pas, accueillez-les : en ce temps de pandémie, ils ont grand besoin de gagner leur vie. Merci pour eux !

 

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